LITTÉRATURE RUSSE POÉSIE RUSSE Русская литература Русская поэзия
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
Marina Tsvétaïeva – photo de Pierre Choumoff ( Пётр Ива́нович Шу́мов )
Marina Ivanovna Tsvetaïeva Марина Ивановна Цветаева poétesse russe русская поэтесса Moscou 26 septembre 1892 – Ielabouga 31 août 1941 26 сентября 1892, Москва — 31 августа 1941, Елабуга
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NON-SENS 1918 Мой день беспутен и нелеп ____________________________________________
Paul Signac, Portrait de Félix Fénéon, Museum of Modern Art,New York
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Мой день беспутен и нелеп: Ma journée est insensée et ridicule : У нищего прошу на хлеб, Je demande à un mendiant du pain, Богатому даю на бедность, Aux riches, je donne généreusement
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В иголку продеваю — луч, Dans le chas d’une aiguille – un rayon de lumière, Грабителю вручаю — ключ, Je donne ma clé – au voleur, Белилами румяню бледность. Je maquille de blanc mes joues.
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Мне нищий хлеба не даёт, Le mendiant ne me donne pas de pain Богатый денег не берёт, Le riche ne prend pas mon argent, Луч не вдевается в иголку, Le rayon ne rentre pas dans l’aiguille,
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Грабитель входит без ключа, Le voleur entre sans clé, А дура плачет в три ручья — L’idiote pleure dans ces trois ruisseaux – Над днём без славы и без толку. Au cours de sa journée sans gloire et vaine.
Una copla es una composición poética que, por lo general, consiste en cuatro versos (usualmente octosílabos). Une copla est une composition poétique composée généralement de quatre versets (généralement octosyllabique). La copla se retrouve dans de nombreuses chansons populaires espagnoles ainsi que dans la littérature de langue espagnole.
LITTÉRATURE ESPAGNOLE POÉSIE ESPAGNOLE LITERATURA ESPAÑOLA POESÍA ESPAÑOLA
Augusto Ferrán AUGUSTO FERRAN Y FORNIES poeta español Madrid 27 juillet 1835 – Madrid 2 avril 1880 Madrid, 27 de julio de 1835 – Madrid, 2 de abril de 1880 ******************
Le Greco, El Greco Vue de Tolède sous l’orage, 1596-1600, Metropolitan Museum of Art, New York
LA SOLEDAD LA SOLITUDE Recueil 1860 – 1861
I
Las fatigas que se cantan Les fatigues que l’on chante son las fatigas más grandes, sont les plus grandes fatigues, porque se cantan llorando car on chante en pleurant y las lágrimas no salen. sans que les larmes ne sortent.
II
Al ver en tu sepultura Voir sur ta tombe las siemprevivas tan frescas, ce feuillage persistant si frais, me acuerdo, madre del alma, me rappelle, mère de l’âme, que estás para siempre muerta. que tu es mort pour toujours.
III
Los mundos que me rodean Les mondes qui m’entourent son los que menos me extrañan: sont les moins étranges : el que me tiene asombrado celui qui m’a le plus étonné es el mundo de mi alma. reste le monde de mon âme.
IV
Los que la cuentan por años Nombreux depuis des années dicen que la vida es corta; disent que la vie est courte ; a mí me parece larga à moi, elles me semblent longues porque la cuento por horas. car je les compte pendant des heures.
VI
Pasé por un bosque y dije: J’ai traversé la forêt et dis : «aquí está la soledad…» « la voici la solitude... » y el eco me respondió et l’écho me répondit con voz muy ronca: «aquí está.» d’une voix enrouée : « la voici. »
Y me respondió «aquí está» et me répondant « la voici« y sentí como un temblor, j’ai ressenti un tremblement, al ver que la voz salía de voir que la voix qui sortait de mi propio corazón. de mon propre cœur venait.
VII
Dos males hay en el mundo Deux maux dans le monde que es necesario vencer: doivent être surmontés el amor de uno a sí mismo l’amour de soi y el rencor de la mujer. et la rancune de la femme.
IX
Yo me marché al campo santo Je suis allé au cimetière y a voces llamé a los muertos, et appelé les morts y para castigo mío et pour ma punition los vivos me respondieron. les vivants me répondirent.
XV
La muerte ya no me espanta; La mort ne me fait plus peur ; tendría más que temer j’aurais plus à craindre si en el cielo me dijeran: si le ciel me condamnait has de volver a nacer. à naître de nouveau.
XVI
Si mis ojos no te dicen Si mes yeux ne te disent pas todo lo que el pecho siente, tout ce que mon cœur ressent no es porque se están callados; ce n’est pas qu’ils se taisent ; es porque no los comprendes. c’est que tu ne les comprends pas.
XVIII
Yo no sé lo que yo tengo, Je ne sais ce que je veux ni sé lo que me hace falta, ni ce dont j’ai besoin, que siempre espero una cosa mais j’espère toujours une chose que no sé cómo se llama. sans savoir comme elle se nomme.
XXI
De mirar con demasía A trop chercher se me han cegado los ojos, je me suis aveuglé, y ahora que ciego me encuentro et maintenant que je suis aveugle es cuando lo veo todo. je vois tout.
Y ahora que lo veo todo, Et maintenant que je vois tout, estoy viendo de continuo je vois en permanence el mundo y sus desengaños le monde et ses déceptions pasar dentro de mí mismo. me pénétrer.
XXII
Si me quieres como dices, Si tu me veux, comme tu le dis ¿por qué te apartas de mí? pourquoi de moi tu te détournes ? agua que va río abajo, l’eau qui vient de la rivière en la mar viene a morir. dans la mer s’en va mourir.
XXIII
No os extrañe, compañeros, Ne soyez pas surpris, mes amis, que siempre cante mis penas, que je chante toujours mes peines, porque el mundo me ha enseñado car le monde m’a appris que las mías son las vuestras. que les miennes sont aussi les vôtres.
XXIV
Hace ya muy largos años Depuis longtemps que en todas partes te veo, partout je te vois, pero no tal como eres, non comme tu es, sino según mi deseo. mais selon mon désir.
XXVI
Mirando al cielo juraste En regardant le ciel, tu as juré no me engañarías nunca, de ne jamais me tromper y desde entonces el cielo et, depuis, le ciel sólo con verte se nubla. en te voyant s’obscurcit.
XXIX
Tu aliento es mi única vida, Ton souffle est ma seule vie, y son tus ojos mi luz; et tes yeux ma seule lumière ; mi alma está donde tu pecho, mon âme est dans ton cœur, mi patria donde estás tú. ma patrie, là où tu es.
XXX
Del fuego que por tu gusto Du feu que pour toi encendimos hace tiempo, nous avons allumé jadis, las cenizas sólo quedan, il ne reste que des cendres y en el corazón las llevo. et dans le cœur je les porte.
XXXI
Pobre me acosté, y en sueños pauvre je me suis endormi et dans mes rêves vi lleno de oro mi cuarto: j’ai vu une chambre remplie d’or : más pobre me levanté mais plus pauvre je me suis levé que antes de haberme acostado. qu’avant de me coucher.
XXXII
¿Cómo quieres que yo queme comment veux-tu que je brûle las prendas que me has devuelto, les vêtements que tu m’as rendu ? si el corazón me lo has dado si ton cœur me les a donnés tú misma cenizas hecho? il en a déjà fait des cendres.
XXXIII
El pájaro que me diste, L’oiseau que tu m’as donné, preso lo tengo en su jaula, je l’ai dans sa cage, y el pobre de día y noche et le pauvre, de jour comme de nuit, se muere, y por eso canta. se meurt, et c’est pour ça qu’il chante.
XXXVI
Si os encontráis algún día Si un jour tu te trouves dentro de la soledad, plongé dans la solitude no pidáis consuelo al mundo, ne demande pas au monde de consolation, porque él no os lo puede dar. car il ne pourra te la donner.
XXXVII
Sé que me voy a perder Je sais que je vais me perdre y ya sé que estoy perdido, et je sais que je suis perdu, y solamente me pesa et ce qui me pèse uniquement que no te pierdas conmigo. c’est que tu ne te perdes avec moi.
XXXXVIII
Tengo deudas en la tierra, J’ai des dettes sur terre, y deudas tengo en el cielo: et des dettes dans le ciel : pagaré allá con mi alma; je paierai la-bas avec mon âme ya pago aquí con mi cuerpo. et je paierai ici avec mon corps.
XXXIX
En sueños te contemplaba Dans mes rêves, je t’ai contemplée dentro de la oscuridad, au cœur de l’obscurité, y cuando abriste los ojos et quand tes yeux se sont ouverts todo comenzó a brillar. tout a commencé à briller.
Todo comenzó a brillar, Tout a commencé à briller y entonces te llamé yo: et puis quand je t’ai appelée cerraste al punto los ojos, tu as refermé les yeux, y la oscuridad volvió. et l’obscurité est revenue.
XLI
Antes piensa y después habla, Penser avant et parler après, y después de haber hablado, et après avoir parlé, vuelve a pensar lo que has dicho, repenser à ce que vous avez dit, y verás si es bueno o malo. vous verrez alors si cela est bien ou mal.
XLII
Entre un rosal y una zarza Entre un rosier et un buisson nació una flor amarilla, une fleur jaune est née, con tantas y tantas penas avec tant et tant de peine que se murió el mismo día. que le même jour elle mourut.
XLIV
Cuando se llama a una puerta Quand on appelle à une porte y ninguna voz responde, et que personne ne répond, es señal de que en la casa c’est le signe que dans cette maison son muy ricos o muy pobres. ils sont ou très riches ou très pauvres.
LII
El querer es una hoguera La volonté est un feu de joie que en nuestro pecho se enciende; qui incendie notre poitrine ; por eso cuando queremos ainsi quand nous voulons toda nuestra sangre hierve. tout notre sang rentre en ébullition.
LIII
«Desde Granada a Sevilla, « De Grenade à Séville, y desde Sevilla al cielo…» et de Séville au ciel… » pero no tú, desalmada; mais pas toi, sans cœur ; tú irás antes al infierno. tu iras avant en enfer.
LIX
¡Ay pobre de mí, que a fuerza Ah ! Pauvre de moi, qui à force de pensar en mis vecinos, de penser à mes voisins, me he salido de mi casa ai quitté ma maison olvidándome a mí mismo! en m’oubliant moi-même !
LX
Ánimo, corazoncito, Courage, mon cœur, vuelve a recobrar la vida, reviens à la vie, que aún te quedan en el mundo il te reste encore dans ce monde muchas penas escondidas. tant de péchés cachés.
Muchas penas escondidas, Tant de péchés cachés, y entre ellas ¡ay! la más negra: et parmi eux, ah ! le plus noir : la de hallarte día y noche te trouver jour et nuit a solas con tu conciencia seul avec ta conscience
LVI
En el cielo hay una estrella Il y a dans le ciel une étoile que corre hacia todas partes, qui court de toutes parts, mirando si hay en el mundo regardant s’il existe de par le monde dos corazones iguales. deux cœurs égaux.
LVII
Levántate si te caes, Relève-toi si tu tombes y antes de volver a andar mais avant de repârtir mira dónde te has caído regarde où tu es tombé y pon allí una señal. et mets-y un signal.
LIX
Por la noche pienso en ti, La nuit je pense à toi y en ti pienso a todas horas; et à toi je pense toutes les heures ; y mientras tanto yo viva, et tant que je vivrai, vivirá en mí tu memoria. ta mémoire vivra en moi.
Vivirá en mí tu memoria, Ta mémoire vivra en moi, a la vez triste y alegre, à la fois triste et joyeux, pues has sido mujer buena, tu as été si bonne, lo cual rara vez sucede. ce qui est si rare, ma foi.
LX
Me desperté a media noche, Je me suis réveillé à minuit, abrí los ojos, y al ver j’ai ouvert les yeux, et quand j’ai vu que tú estabas a mi lado, que tu étais à mes côtés volví a dormirme y soñé. je me suis rendormi et j’ai rêvé.
LXI
Yo me asomé a un precipicio J’ai regardé un précipice por ver lo que había dentro, pour y voir l’intérieur, y estaba tan negro el fondo, le fond était si noir que el sol me hizo daño luego. que le soleil plus tard m’a blessé.
LXII
Me han dicho que hay una flor, On m’a dit qu’il existait une fleur, de todas la más humilde: parmi toute la plus humble : flor que quisiera yo darte, cette fleur que je veux te donner, flor llamada «no me olvides.» cette fleur s’appelle : « ne m’oublie pas !«
LXIII
Las pestañas de tus ojos Les cils de tes yeux son más negras que la mora, sont plus noirs que les mûres, y entre pestaña y pestaña et entre tes cils una estrellita se asoma. une étoile apparaît.
LXI
Yo no podría sufrir Je ne pourrais souffrir tantas fatigas y penas, tant de fatigues et tant de peine si no tuviera presente si je ne gardais pas à l’esprit que la causa ha sido ella. qu’elle en était la cause.
LXVI
Los cantares que yo canto Les chansons que je chante se los regalo a los vientos, je les donne au vent, y uno no más, uno solo, et une seule, pas plus, guardo hace tiempo en secreto. je la conserve secrètement.
Y aquí lo guardo en secreto, Je la garde ici en secret, para cantárselo a solas pour la chanter à celui al que me quiera explicar qui m’expliquera el por qué de muchas cosas. le pourquoi de tant de choses.
LXVII
No vayas tan a menudo Ne pars pas si souvent a buscar agua a la fuente, chercher de l’eau à la source, que si a la orilla resbalas car si par malheur tu glissais se enturbiará la corriente. le courant serait troublé.
LXVIIII
Niño, moriste al nacer; Enfant, mort à la naissance ; yo envidio el destino tuyo: j’envie ton destin : tú no sabes lo que hay tu ne sauras pas ce qu’il y a desde la cuna al sepulcro. du berceau à la tombe.
LXX
Cada vez que sale el sol Chaque fois que le soleil se lève me acuerdo de mis hermanos, je pense à mes frères, que sin pan y con fatigas qui sans pain et fatigués van a empezar su trabajo. partent à leur labeur.
Fatíganse en el trabajo Ils s’usent par leur labeur mientras el sol los alumbra, pendant que le soleil les brûle, y del trabajo descansan et du travail ils se reposent cuando se quedan a oscuras. quand dans l’obscurité ils se retrouvent.
LXXIV
Te he vuelto a ver, y no creas Je t’ai revue et je ne crois pas que el verte me ha sorprendido: avoir été surpris de te revoir : mis ojos ya no se asustan mes yeux ne craignent plus de ver lo que otros han visto. de voir ce que les autres ont vu
LXXV
Sé que me vas a matar Je sais que tu vas me tuer en vez de darme la vida: au lieu de me donner la vie : el morir nada me importa, mourir m’importe peu, pues te dejo el alma mía. car je te laisse mon âme.
LXXVI
Yo me he querido vengar Je voulais me venger de los que me hacen sufrir, de ceux qui m’ont fait souffrir, y me ha dicho mi conciencia mais ma conscience m’a dit que antes me vengue de mí. qu’avant je devais me venger de moi.
LXXVIII
En lo profundo del mar Dans les profondeurs de la mer hay un castillo encantado, se trouve un château enchanté, en el que no entran mujeres, dans lequel les femmes ne peuvent entrer, para que dure el encanto. pour que le charme dure.
LXXXI
Escuchadme sin reparo; Ecoute bien ceci : mis palabras son verdades: mes mots sont des vérités : nunca miréis con desprecio ne regarde jamais avec mépris al que mendiga en la calle. celui qui dans la rue mendie.
El que mendiga en la calle Celui qui mendie dans la rue es el más digno de lástima, est le plus digne de pitié, porque además de ser pobre car en plus d’être pauvre lo va diciendo en voz alta. il le dit à voix haute.
LXXXII
Ni en la muerte he de encontrar Même dans la mort je ne trouve la quietud que me hace falta; la quiétude que je cherche ; por eso, cuando me miro, c’est pour cela, quand je me regarde, tengo de mí mismo lástima. que j’ai pitié de moi.
LXXXIII
En verdad, dos son las cosas En vérité, deux choses que el mundo entero gobiernan: règnent dans le monde : el oro, por lo que vale, l’or, pour ce qu’il vaut, y el amor, por lo que cuesta. et l’amour, pour ce qu’il coûte.
LXXXV
Cuando el reloj da las horas, Quand l’horloge donne les heures, dice a todos sin reparo: elle dit à tous sans hésiter : al rico, que ande deprisa; au riche, de se hâter ; al pobre, que ande despacio. au pauvre, de marcher lentement.
Y el pobre que anda despacio, Et le pauvre, qui lentement marche, con sed y hambre en el camino, avec la soif et la faim sur la route, suele a veces llegar antes, généralement arrive avant, mucho antes que el más rico. bien avant le plus riche.
XCI
Dices que hablo mal de ti, Tu dis que je parle mal de toi, y esa noticia no es cierta; mais cela n’est pas vrai ; si quiero, puedo hablar mal, si je veux, je peux mal parler de toi, mas no lo hago por pereza. mais par paresse, je ne le fais.
XCIII
Morid contentos, vosotros Meurs heureux, toi que tenéis por compañeras qui as pour compagnes dos madres que os acarician: deux mères qui te cajolent : la Humildad y la Pobreza. L’Humilité et la Pauvreté.
XCVIII
Cuanto más pienso en las cosas, Plus je pense aux choses mucho menos las comprendo; moins je les comprends ; por eso cuando te miro c’est pour cela quand je te regarde te estoy viendo y no lo creo. je te vois mais je ne pense pas.
CV
Cuando te mueras te haré Quand tu mourras je te ferai un cantar de muchas coplas, une chanson aux multiples coplas, para que aprendan los vivos pour que les vivants apprennent a respetar tu memoria. à respecter ta mémoire.
Y si alguno no creyera Si quelqu’un ne croit pas lo que en mi cantar yo ponga, à ce que je chante, le mandaré al otro mundo je l’enverrai dans l’autre monde para que allí te conozca. pour qu’il apprenne à te connaître.
CXVII
Ahora que me estás queriendo, Maintenant que tu m’aimes yo no te puedo querer: je ne t’aime plus : las cosas buenas no llegan les bonnes choses n’arrivent a tiempo ninguna vez. jamais à la bonne heure.
CXVIII
La noche oscura ya llega; La nuit noire arrive ; todo en el sueño descansa, tout dans le rêve repose, y tan sólo el corazón et seul le coeur dentro del pecho trabaja. dans la poitrine travaille.
CXXV
A la luz de las estrellas A la lumière des étoiles yo te vi, cara de cielo; je t’ai vue face au ciel ; por eso cuando te miro, depuis, quand je te regarde, de las estrellas me acuerdo. je me rappelle des étoiles.
CXXII
Tenía los labios rojos, Ses lèvres étaient rouges, tan rojos como la grana; d’un rouge écarlate ; labios ¡ay! que fueron hechos des lèvres, ah ! qui étaient faites para que alguien los besara. pour être embrassées.
Yo un día quise… la niña Un jour j’ai voulu… la fille al pie de un ciprés descansa: au pied d’un cyprès repose : un beso eterno la muerte la mort posa un éternel baiser puso en sus labios de grana. sur ses lèvres écarlates.
CXXXI
Si yo pudiera arrancar Si je pouvais arracher una estrellita del cielo, une petite étoile dans le ciel, te la pondría en la frente je te la mettrais sur ton front para verte desde lejos. pour te voir de loin.
CXXXIII
¡Ay de mí! Por más que busco Pauvre de moi ! Plus je cherche la soledad, no la encuentro; la solitude, moins je la trouve ; mientras yo la voy buscando, pendant que je la cherche mi sombra me va siguiendo. mon ombre me suit.
CXXXVIII
Guárdate del agua mansa, Méfiez-vous de l’eau douce, y guárdate de los hombres et méfiez-vous des hommes que, sin conocerte a ti, qui, sans vous connaître, a todo el mundo conocen. connaissent tout le monde.
CXL
Caminando hacia la muerte En marchant vers la mort me encontré con tu querer, j’ai trouvé ton amour, y por morir más a gusto et pour mourir plus heureux seguí el camino con él. j’ai continué le chemin avec lui.
CXLII
Todo hombre que viene al mundo Tout homme qui vient au monde trae un letrero en la frente, porte un signe sur le front, con letras de fuego escrito, avec des lettres de feu que dice: ¡reo de muerte! qui disent : condamné à mort !
CXLIV dernier copla
Los que quedan en el puerto Ceux qui restent au port cuando la nave se va, quand part le navire, dicen, al ver que se aleja: disent, le voyant s’éloigner : ¡quién sabe si volverá! « qui sait s’il reviendra !«
Y los que van en la nave Et ceux qui se trouvent sur le navire dicen, mirando hacia atrás: disent, en regardant derrière eux : ¡Quién sabe, cuando volvamos, « Qui sait, quand nous reviendrons, si se habrán marchado ya! s’ils ne seront déjà partis !«
Miguel Hernández (30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante) (Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
Miguel Hernández Miguel Hernández Gilabert (30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante) (Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
*********************** TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE *********************** « Los poetas somos viento del pueblo : nacemos para pasar soplados a través de sus poros y conducir sus ojos y sus sentimientos hacia las cumbres más hermosas. » « Les poètes sont le vent du peuple : nous sommes nés pour passer à travers ses pores et pour diriger ses yeux et ses sentiments vers de plus beaux sommets. » Miguel Hernández ******************
Gustave Caillebotte, Jeune homme à la fenêtre, 1876, Collection Privée, New York
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Σ’ αυτές τες σκοτεινές κάμαρες, που περνώ
Dans ces pièces sombres, je passe μέρες βαρυές, επάνω κάτω τριγυρνώ
des jours si lourds à la recherche για νά ‘βρω τα παράθυρα.— Όταν ανοίξει
de fenêtres – Une qui serait ouverte ένα παράθυρο θά ‘ναι παρηγορία.—
une fenêtre qui ferait mon bonheur, une seulement. Μα τα παράθυρα δεν βρίσκονται, ή δεν μπορώ
Mais les fenêtres ne sont pas là, ou bien est-ce moi να τά ‘βρω. Και καλλίτερα ίσως να μην τα βρω.
qui ne les trouve pas. Et c’est peut-être mieux, ma foi. Ίσως το φως θά ‘ναι μια νέα τυραννία.
La lumière serait peut-être mon nouveau tyran. Ποιος ξέρει τι καινούρια πράγματα θα δείξει.
Qui sait les nouvelles choses qu’elle peut nous montrer.
Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.
…
Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…
Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844
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Καβάφης
Constantin Cavafy Έλληνα ποιητή
Poème de Cavafy
Illustrations Edvard Much Le Cri 1893 Musée Munch Oslo Frans Hals Le Jeune Ramp et sa belle 1623, Metropolitan Museum of Art New York
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The Prophet Joy and Sorrow
Joie et Tristesse
Khalil Gibran
Le Prophète VIII
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Then a woman said, « Speak to us of Joy and Sorrow. »
Puis une femme demanda : « Parle-nous de la Joie et de la Tristesse. »
And he answered:
Et il répondit :
Your joy is your sorrow unmasked.
Votre joie est votre tristesse démasquée.
And the selfsame well from which your laughter rises was oftentimes filled with your tears.
Et le même puits d’où viennent vos rires a été souvent rempli de vos larmes.
And how else can it be?
Et comment peut-il en être différemment ?
The deeper that sorrow carves into your being, the more joy you can contain.
Plus profondément la douleur creuse dans votre être, plus de joie vous pouvez contenir.
Is not the cup that holds your wine the very cup that was burned in the potter’s oven?
La coupe que contient votre vin n’est-elle pas la même qui a été brûlée dans le four du potier?
And is not the lute that soothes your spirit, the very wood that was hollowed with knives?
Et le luth qui apaise votre esprit ne vient-il pas du même bois sculpté avec des couteaux?
When you are joyous, look deep into your heart and you shall find it is only that which has given you sorrow that is giving you joy.
Lorsque vous êtes joyeux, regardez profondément dans votre cœur et vous trouverez que c’est seulement ce qui vous a donné la douleur qui vous donne la joie.
When you are sorrowful look again in your heart, and you shall see that in truth you are weeping for that which has been your delight.
Lorsque vous avez le regard douloureux, plongez-vous à nouveau dans votre coeur, et vous verrez qu’en vérité vous pleurez pour ce qui fut votre plus grand plaisir.
Some of you say, « Joy is greater than sorrow, » and others say, « Nay, sorrow is the greater. »
Certains d’entre vous disent : «La joie est plus grande que la douleur», et d’autres disent: «Non, la douleur est la plus grande. »
But I say unto you, they are inseparable.
Mais je vous le dis, elles sont inséparables.
Together they come, and when one sits alone with you at your board, remember that the other is asleep upon your bed.
Ensemble, elles viennent, et quand l’une d’elles est assise, seule à vos côtés, rappelez-vous que l’autre est endormie dans votre lit.
Verily you are suspended like scales between your sorrow and your joy.
En vérité, vous êtes suspendus comme une balance entre votre tristesse et votre joie.
Only when you are empty are you at standstill and balanced.
Seulement quand vous êtes vide que vous êtes à l’arrêt et à l’équilibre.
When the treasure-keeper lifts you to weigh his gold and his silver, needs must your joy or your sorrow rise or fall.
Lorsque le gardien du trésor vous soulève pour peser son or et son argent, votre joie ou votre douleur monte ou descend.
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The Prophet Joy and Sorrow
Joie et Tristesse
Khalil Gibran
Le Prophète VIII