18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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BEATRIZ _______________________________________
Henri Rousseau, Le Douanier Rousseau, Combat de tigre et buffle,1891
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Bandeirante a sonhar com pedrarias Bandeirante* rêvant de pierres, Com tesouros e minas fabulosas, De trésors et de mines fabuleuses, Do amor entrei, por ínvias e sombrias Par amour, je suis entré à travers les sombres Estradas, as florestas tenebrosas. Routes, et les forêts ténébreuses.
[* aventurier]
* Tive sonhos de louco, à Fernão Dias… J’ai fait des rêves fous, ô Fernão Dias Pais … Vi tesouros sem conta: entre as umbrosas J’ai vu d’innombrables trésors : dans d’épaisses Selvas, o outro encontrei, e o ônix, e as frias Jungles, où j’ai trouvé entre autres l’onyx, les froides Turquesas, e esmeraldas luminosas… Turquoise et les lumineuses émeraudes … * E por eles passei. Vivi sete anos Et je les ai parcourus. J’ai vécu sept ans Na floresta sem fim. Senti ressábios Dans ces forêts sans fin. J’ai ressenti des moments De amarguras, de dor, de desenganos. D’amertume, de douleur, de déceptions. * Mas voltei, afinal, vencendo escolhos, Mais je suis revenu, après tout, surmontant les obstacles, Com o rubi palpitante dos seus lábios Avec le rubis lancinant de tes lèvres E os dois grandes topázios dos seus olhos! Et les deux grandes topazes de tes yeux !
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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AD AMICOS AUX AMIS _______________________________________
Isaac Levitan, Исаак Ильич Левитан, Grandes eaux du printemps
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Em vão lutamos. Como névoa baça, Nous luttons en vain. Comme un brouillard terne, A incerteza das coisas nos envolve. L’incertitude des choses nous entoure. Nossa alma, em quanto cria, em quanto volve, Notre âme, dès qu’elle est créée, dès qu’elle se meut, Nas suas próprias redes se embaraça. Dans ses propres réseaux s’emmêle. * O pensamento, que mil planos traça, La pensée, qui trace tant de plans, É vapor que se esvae e se dissolve; Est une vapeur qui s’estompe et se dissout ; E a vontade ambiciosa, que resolve, Et la volonté ambitieuse, celle qui résout, Como onda entre rochedos se espedaça. Comme une vague entre les rochers se brise. * Filhos do Amor, nossa alma é como um hino Enfants de l’Amour, notre âme est comme un hymne À luz, à liberdade, ao bem fecundo, À la lumière, à la liberté, au bien fécond, Prece e clamor d’um presentir divino; Prière et clameur pour ce don divin ; * Mas n’um deserto só, árido e fundo, Mais dans un désert unique, aride et profond, Ecoam nossas vozes, que o Destino Nos voix font écho, que le Destin Paira mudo e impassível sobre o mundo. Plane muet et impassible sur le monde.
Valentin Serov, Валентин Александрович Серов, Ida Rubinstein, 1910
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Um dia, meu amor (e talvez cedo, Un jour, mon amour (et peut-être bientôt, Que já sinto estalar-me o coração!) Car je sens déjà mon cœur se briser !) Recordarás com dor e compaixão Tu te souviendras avec douleur et compassion As ternas juras que te fiz a medo… Des tendres serments que je t’ai fais … * Então, da casta alcova no segredo, Alors, dans le secret de l’alcôve, Da lamparina ao tremulo clarão, La lampe à la torche vacillante, Ante ti surgirei, espectro vão, Devant toi, j’apparaîtrai, vain spectre, Larva fugida ao sepulcral degredo… Larve fuyante vers l’exil sépulcral … * E tu, meu anjo, ao ver-me, entre gemidos Et toi, mon ange, quand tu me verras, entre gémissements E aflictos ais, estenderás os braços Et afflictions, tu tendras tes bras Tentando segurar-te aos meus vestidos… Essayant de te retenir à mes vêtements… * — «Ouve! espera!» — Mas eu, sem te escutar, – «Écoute ! attends ! » – Mais moi, sans t’écouter, Fugirei, como um sonho, aos teus abraços Je fuirai, comme un rêve, tes étreintes E como fumo sumir-me-hei no ar! Et comme une fumée, je disparaîtrai dans l’air !
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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AU DIEU INCONNU IGNOTO DEO _______________________________________
Mikhaïl Vroubel, Михаил Александрович Врубель, Séraphin à six ailes,Azraël, l’ange de la mort,1904, Musée russe
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Que beleza mortal se te assemelha, Quelle beauté mortelle te ressemble, Ó sonhada visão d’esta alma ardente, Ô vision rêvée de cette ardente âme, Que reflectes em mim teu brilho ingente, Reflétant en moi ton immense lumière, Lá como sobre o mar o sol se espelha? Comme sur la mer quand le soleil se reflète ?
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O mundo é grande — e esta ancia me aconselha Le monde est vaste- et cette inquiétude me conseille A buscar-te na terra: e eu, pobre crente, De te chercher sur terre : et moi, pauvre croyant, Pelo mundo procuro um Deus clemente, Je cherche à travers le monde un Dieu miséricordieux, Mas a ara só lhe encontro… nua e velha… Mais le seul autel que je trouve est … nu et vieux…
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Não é mortal o que eu em ti adoro. Ce n’est pas le mortel que j’aime en toi. Que és tu aqui? olhar de piedade, Qui es-tu ici ? un regard de piété, Gota de mel em taça de venenos… Une goutte de miel dans un bol de venin…
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Pura essencia das lagrimas que chóro La pure essence de larmes que je pleure E sonho dos meus sonhos! se és verdade, Et que je rêve de mes rêves ! si tu es la vérité, Descobre-te, visão, ao céo ao menos! Découvre-toi, ô vision, au moins devant le ciel !
Só! – Ao ermita sozinho na montanha Seul ! – Au solitaire ermite sur la montagne, Visita-o Deus e dá-lhe confiança: Dieu lui rend visite et lui donne sa confiance : No mar, o nauta, que o tufão balança, En mer, le marin, que berce le typhon, Espera um sopro amigo que o céu tenha … Attend un souffle amical du ciel …
* Só! – Mas quem se assentou em riba estranha, Seul ! – Mais celui qui se trouve en terre étrangère, Longe dos seus, lá tem inda a lembrança; Loin des siens, se rappelle d’eux par la mémoire ; E Deus deixa-lhe ao menos a esperança Et Dieu laisse au moins l’espoir Ao que à noite soluça em erma penha… La nuit, à celui qui sanglote au bord de la falaise…
* Só! – Não o é quem na dor, quem nos cansaços, Seul ! – Il ne l’est pas celui qui souffre, qui est fatigué, Tem um laço que o prenda a este fadário, S’il possède un lien qui le lie à ce destin, Uma crença, um desejo… e inda um cuidado… Une croyance, un désir… une inquiétude…
* Mas cruzar, com desdém, inertes braços, Mais traverser, avec dédain, bras inertes, Mas passar, entre turbas, solitário, Mais marcher, à travers la foule, solitaire, Isto é ser só, é ser abandonado! C’est être seul et abandonné !
********************* Alberto Teles de Utra Machado (São Pedro, Angra do Heroísmo, 24 janvier 1840 – Oeiras, Oeiras et São Julião da Barra, 12 janvier 1923) avocat, écrivain, publiciste et homme politique, diplômé en droit de l’Université de Coimbra en 1863.
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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L’INCONSCIENT O INCONSCIENTE _______________________________________
Arkhip Kouïndji, Архип Іванович Куїнджі,Архип Иванович Куинджи, La Cathédrale Saint-Isaac,1869
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O Espectro familiar que anda comigo, Le Spectre familier qui m’accompagne, Sem que pudesse ainda ver-lhe o rosto, Sans que je puisse voir son visage, Que umas vezes encaro com desgosto Parfois, je le considère avec répulsion E outras muitas ansioso espreito e sigo. Et souvent, impatient, je le guette et je le suis. * É um espectro mudo, grave, antigo, C’est un spectre silencieux, grave et ancien, Que parece a conversas mal disposto… Qui semble fuir les conversations … Ante esse vulto, ascético e composto Devant cette figure, ascétique et réservée Mil vezes abro a boca… e nada digo. Mille fois j’ouvre la bouche … mais je reste muet. * Só uma vez ousei interrogá-lo: Une seule fois j’ai osé le questionner : Quem és (lhe perguntei com grande abalo) Qui es-tu (ai-je demandé avec effroi), Fantasma a quem odeio e a quem amo? Fantôme que je déteste et que j’aime ?
* Teus irmãos (respondeu) os vãos humanos, Tes frères (répondit-il), les vains humains, Chamam-me Deus, ha mais de dez mil anos… M’appellent Dieu, depuis plus de dix mille ans … Mas eu por mim não sei como me chamo… Mais moi-même, je ne sais quel est mon nom …
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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LE CONVERTI O CONVERTIDO _______________________________________
Arkhip Kouïndji, Архип Куинджи, Reflets de soleil sur givre,1876-1890
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Entre os filhos dum século maldito Parmi les enfants d’un siècle maudit Tomei também lugar na ímpia mesa, J’ai aussi pris place à la table des impies, Onde, sob o folgar, geme a tristeza Où, sous le plaisir, la tristesse gémit Duma ânsia impotente de infinito. D’un désir impuissant d’infini. * Como os outros, cuspi no altar avito Comme les autres, j’ai craché sur l’autel Um rir feito de fel e de impureza… Un rire de fiel et d’impureté … Mas um dia abalou-se-me a firmeza, Mais un jour ma rudesse m’a ébranlé, Deu-me um rebate o coração contrito! Le cœur contrit m’a lancé une alarme ! * Erma, cheia de tédio e de quebranto, Aride, pleine d’ennui et brisée, Rompendo os diques ao represo pranto, Rompant les digues à ses larmes retenues, Virou-se para Deus minha alma triste! Ma triste âme s’est tournée vers Dieu ! * Amortalhei na Fé o pensamento, J’ai enveloppé ma pensée dans la Foi, E achei a paz na inércia e esquecimento… Et j’ai trouvé la paix dans l’inertie et l’oubli … Só me falta saber se Deus existe! J’ai juste besoin de savoir si Dieu existe !
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection, Livre de angústias e felicidades, Libre des angoisses et des félicités, Deixando pelo chão rosas e espinhos; Laissant roses et épines au sol ; * Poder viver em todas as idades; Être capable de vivre à tout âge ; Poder andar por todos os caminhos; Être capable de marcher dans tous les sens ; Indiferente ao bem e às falsidades, Indifférent au bien et au mensonge, Confundindo chacais e passarinhos; Confondre les chacals et les oiseaux; * Passear pela terra, e achar tristonho Se promener sur la terre et trouver triste Tudo que em torno se vê, nela espalhado; Tout ce est autour de vous, dispersé sur elle ; A vida olhar como através de um sonho; Regarder la vie comme à travers un rêve ;
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Chegar onde eu cheguei, subir à altura Atteindre le lieu où je suis, arriver à la hauteur Onde agora me encontro – é ter chegado Où je suis maintenant – c’est avoir trouvé Aos extremos da Paz e da Ventura! Les extrémités de la Paix et de la Fortune !
Sonho que sou um cavaleiro andante. Je rêve que je suis un chevalier errant. Por desertos, por sóis, por noite escura, À travers les déserts, les soleils, la nuit sombre ;
Maestro del Castello della Mantan, Godefroy de Bouillon
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DIALOGUE Diálogo
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet :
Le Gréco, Vue de Tolède sous l’orage,1596-1600, Metropolitan Museum of Art, New York
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection,
Só! – Ao ermita sozinho na montanha Seul ! – Au solitaire ermite sur la montagne, Visita-o Deus e dá-lhe confiança: Dieu lui rend visite et lui donne sa confiance :
Em vão lutamos. Como névoa baça, Nous luttons en vain. Comme un brouillard terne, A incerteza das coisas nos envolve. L’incertitude des choses nous entoure.
Quando nós vamos ambos, de mãos dadas, Quand nous allions tous deux, main dans la main, Colher nos vales lírios e boninas, Récolter dans les vallées marguerites et lis,
Caspar David Friedrich, Lever de lune sur la mer,1821, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Os que amei, onde estão? Idos, dispersos, Ceux que j’aimais, où sont-ils ? Disparus, dispersés, arrastados no giro dos tufões, entraînés par de violents typhons,
Ary Scheffer, Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, Le Louvre, 1855