8. September 1804 Ludwigsburg- 4. Juni 1875 Stuttgart 8 septembre 1804 – 4 juin 1875
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AUF EIN KIND A UN ENFANT _________________
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Auf ein Kind, A un enfant, das mir eine ausgerissene Haarlocke vorwies qui m’a montré une mèche de cheveux arrachée
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Mein Kind, in welchem Krieg hast du Mon enfant, dans quelle guerre as-tu Die gelben Haare lassen müssen? laissé tes cheveux dorés ? Ein Rosenzweig hat sie im Sprunge dir entrissen! Une branche d’un rosier t’a arrachée cette mèche sur la route !…
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TON BLEU REGARD FRÜH IM WAGEN _________________
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Es graut vom Morgenreif Comme il est gris ce matin In Dämmerung das Feld, Le champ au crépuscule, Da schon ein blasser Streif Et comme est pâle cette lumière Den fernen Ost erhellt; Qui illumine l’Orient au lointain ;…
8. September 1804 Ludwigsburg- 4. Juni 1875 Stuttgart 8 septembre 1804 – 4 juin 1875
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ISOLEMENT Verborgenheit _________________
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Laß, o Welt, o laß mich sein! Laisse, ô monde, ô laisse-moi ! Locket nicht mit Liebesgaben, Oublie sa vie amoureuse, Laßt dies Herz alleine haben Laisse à ce cœur solitaire Seine Wonne, seine Pein! Son bonheur, sa douleur !…
8. September 1804 Ludwigsburg- 4. Juni 1875 Stuttgart 8 septembre 1804 – 4 juin 1875
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ALITÉ Auf dem Krankenbette _________________
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Gleichwie ein Vogel am Fenster vorbei mit sonnebeglänztem Comme un oiseau qui passe près de la fenêtre avec les brillantes Flügel den blitzenden Schein wirft in ein schattig Gemach, Ailes que lui donne le soleil et projette dans une pièce ombragée sa lueur éclatante,…
3. Dezember. 3 décembre Wie ich letzthin meinen Schwestern die Selbstbiographie Mörikes vorlas, schon gut anfing, aber noch besser fortsetzte und schließlich, die Fingerspitzen aufeinander gelegt, mit meiner ruhig bleibenden Stimme innere Hindernisse bezwang, einen immer mehr sich ausbreitenden Ausblick meiner Stimme verschaffte und schließlich das ganze Zimmer rings um mich nichts anderes auf nehmen durfte als meine Stimme. Comment je lisais récemment l’autobiographie de Mörike à mes sœurs – j’ai bien commencé, mais j’ai continué encore mieux, et enfin, du bout des doigts, les uns sur les autres, je surmontais les obstacles intérieurs avec une voix ferme, je donnais à ma voix une ampleur en constante expansion et enfin toute la pièce tout autour de moi n’enregistrait rien d’autre que ma voix. Bis dann meine aus dem Geschäft zurückkehrenden Eltern läuteten. Jusqu’à ce que mes parents, revenus du travail, sonnassent à la porte. Vor dem Einschlafen das Gewicht der Fäuste an den leichten Armen auf meinem Leib gespürt. Avant de m’endormir, le poids de mes poings sur mes bras légers se ressentait sur mon corps.
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LA MUSE ET LE POETE MUSE UND DICHTER _________________
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« Krank nun vollends und matt! « Je suis malade ! maintenant, me voici totalement fatigué ! Und du, o Himmlische, willst mir Et toi, ô céleste, tu sembles Auch schon verstummen – o was deutet dies Schweigen mir an? Aussi vouloir te taire – que m’indique donc ce silence ?…
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POUR LA NOUVELLE ANNÉE CANTIQUE ZUM NEUEN JAHR KIRCHENGESANG _________________
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Wie heimlicher Weise Comme, secrètement, Ein Engelein leise Un petit ange doucement, Mit rosigen Füßen Avec ses pieds roses, Die Erde betritt, Se pose sur la terre, So nahte der Morgen. Le matin arrive….
Моей мечте люб кругозор пустынь, Mon rêve aime l’horizon des déserts, Она в степях блуждает вольной серной. Où il peut errer dans les steppes sans soufre…
____________________ Poème de Jacky Lavauzelle ____________________
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Ni tempérant, ni modéré Un vent innocent sans nuance se balançait et s’engouffrait Jusqu’aux deux parties de l’âme Renonçant Immense Nostalgique Dans les longs cheveux défaits de Phyllis Dans de longues lignes intenses Humides et douces Voluptueuses Triomphantes en un dernier long souffle Ondulaient les dunes sous la tente Le jour égalait la nuit Désormais L’heure les secondes Se valaient Dans les longues interstices des âmes Babylone se désolait Les Diadoques se réjouissaient Babylone s’effondrait dans le long silence du monde Oubliant jusqu’à la bataille de Gaugamèles Bucéphale avait quitté l’écurie Sans inquiéter personne Aristote déclamait que la sagesse est la forme la plus achevée du savoir Sans que personne ne l’écoute Justin et Quinte-Curce ne savaient plus quoi écrire Il ne se passait plus rien Le temps aurait pu se pendre Tout le monde s’en moquait Pseudo-Callisthène, Julius Valerius Tout comme Callisthène aussi Bucéphale s’est perdu dans le ciel de Perse Pris dans les raies de lumière Affolé par les abstractions de vie Alexandre s’en moquait Comme de sa première antilope Et les hennissements ne faisaient plus désormais que frémir les nuages La forêt aux pucelles s’est perdue dans les nimbes Ses chemins aux espoirs se sont envolés Alexandre s’en moquait Comme de son dernier tigre Les bêtes féroces se sont pendues dans des gueules Où les crocs aux crocs répondaient Plus féroces que les défenses des éléphants Les plus tranchantes Les lames de l’ennui ont décimé les lourds pachydermes Les femmes aquatiques ont fini par se noyer Ignorées Alexandre s’en moquait Les formes et les langueurs viennent et reviennent Se lient et se délient
Toutes choses tendent vers le bien Disait le Philosophe en recherche de rigueur Que nul ne trouvait Le bien je veux dire Les colonnes d’Hercule semblait se toucher Lassées d’attendre les bras et les armes Que nul ne trouvait Perdu dans les bras de Phyllis qui se perdaient dans ceux d’Alexandre Qui se perdaient ensuite dans les yeux de Phyllis A l’infini
Plus aucune chevauchée éclatée sur les merveilles de l’Inde Plus d’étalements débridés Plus aucune trace de ces merveilles, Les biens et les futurs se résumaient à Phyllis Qui s’attardait alanguie Les aventures et les gloires n’avaient plus cours Toutes les rigueurs s’effacent vers les cœurs Dans un cœur rassemblé et de Darius et de l’Inde Tu ne rêves plus, Alexandre, tu ne désires plus Plus les mêmes rêves, ni les mêmes désirs Porus semble si loin, les marécages aussi Sur des boucles couché, tes montagnes sont là Mais le grain des sables est devenu le grain de peau Sur des boucles enroulé, tes vagues sont là Plus flou que le sein qui t’aveugle. Plus fou que ces mains qui te parlent Tout seul tu penches vers ce bien Que personne ne peut plus t’enlever Que personne n’ose te confisquer Le Philosophe pèse le juste et l’injuste Et il reste encore le seul que le grand homme peut écouter Les arbres du soleil se sont couchés sous les feuilles perdues Le Philosophe se souvient de l’enchanteur Nectanebus Comme la belle Olympias Comme les rochers Comme les vagues Qui nettoient la mousse de ses écumes funestes Et le seul qu’Alexandre peut écouter se fait entendre Qui vient de coucher son cœur sur les langueurs des ombres Comme des vagues La lanterne se balançait au rythme des deux corps Les rochers abrupts de Phyllis Les vagues régulières d’Alexandre Mais Aristote le lendemain aborda L’homme le plus célèbre de toute cette célèbre Antiquité Son esprit n’était plus là Les affaires en sommeil Les invasions à l’arrêt Les possessions en péril Et Alexandre regardait le Philosophe Comme l’on regarde l’évidence Comme l’on écoute la vérité Le monde ne se résumait pas à Phyllis Que lui Surtout lui ne pouvait Ne devait S’abaisser dans cette volupté Même d’une épaisseur et d’une grandeur Plus grande que le grand océan
Alexandre acquiesça
Le soir suivant Phyllis a fait taire les airs Les lumières Et les ondes Quand de la tente elle est sortie La nuit s’est éclaircie Le jour s’est assombrie Et Aristote ne pensait plus Pendant qu’Alexandre sommeillait Il admirait cette lumière insolente Cette énergie inassouvie sur une crinière d’étoiles Se sentait amoureux par sa seule présence Son esprit oublié dans une terrible absence Phyllis s’est retournée et avec elle un long parfum Une lumière Et sur une ronde Dans sa tente elle est rentrée La nuit est redevenue la nuit Le jour a retrouvé ses rayons Mais Aristote ne pensait toujours pas Une étoile manquait dans le ciel Sans grâce désormais Mais Aristote est restait là Mais ne regardait plus le ciel Le jour suivant et tous les autres jours Alexandre passait devant le Philosophe absent Et se demandait quelle foudre s’était abattue sur lui Le touchait Le regardait Attendait Puis s’en alla à ses affaires qui recommençait
Quand Phyllis ressortie Elle prit la main de cette statue vivante En l’apportant sous sa tente A force de caresses le grand penseur Ses esprits retrouva Son instinct récupéra Il recommençait à parler Comme parle les jeunes enfants Quand Pyllis sourit Aristote babillait Il regarda la tente et mit un genou à terre Et Aristote sourit Phyllis caressa ses longues mèches Et Aristote souriait encore
Les jours suivants Aristote prenait les devants Devenait gai et entreprenant Comme si tous ces ans En un instant Avaient plongé dans un grand néant
Phyllis alors établit un accord Pour qu’il se livre corps et corps Sans aucun remord Pour un sublime rapport Que de cette union il deviendrait plus fort Jusqu’à ce que vienne la mort
Or
Il fallait pour cela devenir son Bucéphale Parcourir des contrées glaciales Caresser les aurores boréales Et venir se réchauffer à son sein pâle Et qu’elle deviendrait sa cavalière fatale Jusqu’à ce que se termine de plaisir le dernier râle
Aristote acquiesça
Et devient la risée de la cavalerie des Compagnons De la phalange et des porte-boucliers Et devint un Milésien Agissant comme un fieffé crétin Tant et si bien Qu’Alexandre lui donne à son tour la leçon En l’apercevant dans sa conduite indigne De son âge vénérable L’amour n’est-il pas l’arme la plus dangereuse au monde ?