Na noite escreve um seu Cantar de Amigo La nuit, il écrivait ses Chansons d’Amis, O plantador de naus a haver, Le planteur de navires en devenir, E ouve um silencio murmuro comsigo: Et il écoutait le silence qui murmurait : É o rumor dos pinhaes que, como um trigo C’est la rumeur des pommes de pin qui, comme un blé…
né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette
LES ANÉMONES SONT MORTES
Paru dans le le magazine LISEZ-MOI N°89- 10 mai 1909
_________________
Oh ! le premier frisson du jour ! le sourire étonné, lointain, de l’aube qui va naître ! Oh ! le regard mince, à demi engrainé, de la vie qui s’éveille !
La terre dort ; engourdi dans la froide jonchée des feuilles mortes, le bois se tient là, tout raide avec ses cépées nues, comme ensorcelé par l’hiver. Arbres sans feuilles, rossignols sans voix ; la terre dort.
Pas d’autre commencement de vie d’une traînée de blanches anémones écloses d’hier au bord du bois et quelques touffes de verdure tendre, çà et là, dans le pré, comme si le jeune printemps – si jeune ! – avait, en jouant, posé, çà et là son pied sur l’herbe engourdie…
Ce n’est pas le jeune printemps, c’est une pastoure, un bouvier, qui viennent de folâtrer çà et là sur l’herbe.
Très calme, un peu lasse, elle s’appuie d’une épaule au fût mince d’un peuplier blanc, et, ainsi inclinée, la joue fraîche appliquée à la froideur de l’écorce, elle est comme un jeune arbre en croissance, avec sa joue duveteuse pareille au chaton blanc qui débourre, avec la grâce un peu raide de son corps allongé…
Si calme, si pure ! Ce qui lui monte de tendresse au cœur est aussi lent à venir, aussi frais, aussi inconscient que la sève en travail qui glisse sous l’écorce.
Lui, le bouvier, est debout devant elle, et, en manière d’offrande, il lui envoie au visage une poignée d’anémones cueillies au bord du bois. Oh ! le regard limpide qui rit à travers la retombée des fleurs blanches !
Pourquoi si vite en allée, hélas ! l’heure ingénue du premier printemps ? pourquoi si tôt passée, la blancheur des anémones ?
La pastoure et le bouvier sont maintenant au profond du bois, sous les feuilles. Elle est là dans l’ombre, la pastoure, languide et meurtrie comme une herbe trop mûre ; lui debout, le front levé, le regard luisant.
A brassées, dans le bois, il a cueilli pour la fleurir les genêts et chèvrefeuilles, et lentement, amoureusement, il les effeuille sur la robe, sur les épaules, sur le visage de son amie. Et la robe étincelle, toute rose et tout or, et la bouche sourit ; oh ! le sourire meurtri, oh ! le regard languide à travers la pluie dorée des genêts, la pluie rose des chèvrefeuilles !
Et, pendant qu’elle sourit, toute peinte et embaumée de fleurs, la pastoure, un regret lui vient, hélas ! un regret tardif ; elle pense aux anémones qui fleurissaient au bord des bois, aux blanches, aux virginales anémones.
Elle se penche, elle cherche autour d’elle, dans l’herbe ; et, pendant que ses mains cueillent, pour les laisser retomber aussitôt, les tiges mourantes, les pétales du fond du ravin, de l’ombre fraîche irrespirée, qui rempli les cépées humides, voici venir comme des soupirs modulés, des soupirs si frêles, si tendres !
On dirait des voix mystérieuses, des voix de cristal, qui, là-bas, dans l’ombre fraîche, irrespirée, conduisent un deuil, un deuil blanc…
Sonho que sou um cavaleiro andante. Je rêve que je suis un chevalier errant. Por desertos, por sóis, por noite escura, À travers les déserts, les soleils, la nuit sombre ;
**
DIALOGUE Diálogo
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet :
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection,
Só! – Ao ermita sozinho na montanha Seul ! – Au solitaire ermite sur la montagne, Visita-o Deus e dá-lhe confiança: Dieu lui rend visite et lui donne sa confiance :
Em vão lutamos. Como névoa baça, Nous luttons en vain. Comme un brouillard terne, A incerteza das coisas nos envolve. L’incertitude des choses nous entoure.
Quando nós vamos ambos, de mãos dadas, Quand nous allions tous deux, main dans la main, Colher nos vales lírios e boninas, Récolter dans les vallées marguerites et lis,
Os que amei, onde estão? Idos, dispersos, Ceux que j’aimais, où sont-ils ? Disparus, dispersés, arrastados no giro dos tufões, entraînés par de violents typhons,
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet : —Que és tu, abysmo e jaula, aonde tudo « Qu’êtes-vous, abîmes et prisons, où tout Vive na dor e em lucta cega e brava? vit dans la douleur et dans la lutte aveugle et furieuse ? »
*
Sempre em trabalho, condemnada escrava. Toujours au travail, esclave condamné. Que fazes tu de grande e bom, comtudo? Que fais-tu de grand et de bien, après tout ? Resignada, és só lodo informe e rudo; Résigné, tu n’es que de la boue et du bruit informe ; Revoltosa, és só fogo e horrida lava… Dégoûtant, tu n’es seulement qu’une hideuse lave …
*
Mas a mim não ha alta e livre serra Mais il n’y a pas de haute montagne libre Que me possa igualar!.. amor, firmeza, Qui puisse m’égaler ! .. amour, fermeté, Sou eu só: sou a paz, tu és a guerra! Je suis seul : je suis la paix, tu es la guerre !
*
Sou o espirito, a luz!.. tu és tristeza, Je suis l’esprit, la lumière ! .. tu es la tristesse, Oh lodo escuro e vil!—Porêm a terra Ô vile boue noire ! – A cela la terre Respondeu: Cruz, eu sou a Natureza! Répondit : « Croix, je suis la Nature !«
Una copla es una composición poética que, por lo general, consiste en cuatro versos (usualmente octosílabos). Une copla est une composition poétique composée généralement de quatre versets (généralement octosyllabique). La copla se retrouve dans de nombreuses chansons populaires espagnoles ainsi que dans la littérature de langue espagnole.
LITTÉRATURE ESPAGNOLE POÉSIE ESPAGNOLE LITERATURA ESPAÑOLA POESÍA ESPAÑOLA
Augusto Ferrán AUGUSTO FERRAN Y FORNIES poeta español Madrid 27 juillet 1835 – Madrid 2 avril 1880 Madrid, 27 de julio de 1835 – Madrid, 2 de abril de 1880 ******************
LA SOLEDAD LA SOLITUDE Recueil 1860 – 1861
I
Las fatigas que se cantan Les fatigues que l’on chante son las fatigas más grandes, sont les plus grandes fatigues,..
II
Al ver en tu sepultura Voir sur ta tombe las siemprevivas tan frescas, ce feuillage persistant si frais,..
III
Los mundos que me rodean Les mondes qui m’entourent…
IV
Los que la cuentan por años Nombreux depuis des années..
VI
Pasé por un bosque y dije: J’ai traversé la forêt et dis : «aquí está la soledad…» « la voici la solitude... »…
VII
Dos males hay en el mundo Deux maux dans le monde que es necesario vencer:…
IX
Yo me marché al campo santo Je suis allé au cimetière y a voces llamé a los muertos, et appelé les morts..
XV
La muerte ya no me espanta; La mort ne me fait plus peur ; tendría más que temer j’aurais plus à craindre… .
XVI
Si mis ojos no te dicen Si mes yeux ne te disent pas …
XVIII
Yo no sé lo que yo tengo, Je ne sais ce que je veux..
XXI
De mirar con demasía A trop chercher…
XXII
Si me quieres como dices, Si tu me veux, comme tu le dis…
XXIII
No os extrañe, compañeros, Ne soyez pas surpris, mes amis, que siempre cante mis penas, que je chante toujours mes peines,…
XXIV
Hace ya muy largos años Depuis longtemps…
XXVI
Mirando al cielo juraste En regardant le ciel, tu as juré…
XXIX
Tu aliento es mi única vida, Ton souffle est ma seule vie,…
XXX
Del fuego que por tu gusto Du feu que pour toi …
XXXI
Pobre me acosté, y en sueños pauvre je me suis endormi et dans mes rêves …
XXXII
¿Cómo quieres que yo queme comment veux-tu que je brûle …
XXXIII
El pájaro que me diste, L’oiseau que tu m’as donné,…
XXXVI
Si os encontráis algún día Si un jour tu te trouves…
XXXVII
Sé que me voy a perder Je sais que je vais me perdre…
XXXXVIII
Tengo deudas en la tierra, J’ai des dettes sur terre, y deudas tengo en el cielo: et des dettes dans le ciel :…
XXXIX
En sueños te contemplaba Dans mes rêves, je t’ai contemplée dentro de la oscuridad, au cœur de l’obscurité, …
Todo comenzó a brillar, Tout a commencé à briller…
XLI
Antes piensa y después habla, Penser avant et parler après,…
XLII
Entre un rosal y una zarza Entre un rosier et un buisson…
XLIV
Cuando se llama a una puerta Quand on appelle à une porte…
LII
El querer es una hoguera La volonté est un feu de joie..
LIII
«Desde Granada a Sevilla, « De Grenade à Séville, …
LIX
¡Ay pobre de mí, que a fuerza Ah ! Pauvre de moi, qui à force…
LX
Ánimo, corazoncito, Courage, mon cœur,…
LVI
En el cielo hay una estrella Il y a dans le ciel une étoile…
LVII
Levántate si te caes, Relève-toi si tu tombes…
LIX
Por la noche pienso en ti, La nuit je pense à toi…
Vivirá en mí tu memoria, Ta mémoire vivra en moi, …
LX
Me desperté a media noche, Je me suis réveillé à minuit, …
LXI
Yo me asomé a un precipicio J’ai regardé un précipice…
LXII
Me han dicho que hay una flor, On m’a dit qu’il existait une fleur,…
LXIII
Las pestañas de tus ojos Les cils de tes yeux…
LXI
Yo no podría sufrir Je ne pourrais souffrir…
LXVI
Los cantares que yo canto Les chansons que je chante…
LXVII
No vayas tan a menudo Ne pars pas si souvent…
LXVIIII
Niño, moriste al nacer; Enfant, mort à la naissance ;…
LXX
Cada vez que sale el sol Chaque fois que le soleil se lève…
LXXIV
Te he vuelto a ver, y no creas Je t’ai revue et je ne crois pas…
LXXV
Sé que me vas a matar Je sais que tu vas me tuer… en vez de darme la vida:
LXXVI
Yo me he querido vengar Je voulais me venger …
LXXVIII
En lo profundo del mar Dans les profondeurs de la mer…
LXXXI
Escuchadme sin reparo; Ecoute bien ceci :…
LXXXII
Ni en la muerte he de encontrar Même dans la mort je ne trouve ….
LXXXIII
En verdad, dos son las cosas En vérité, deux choses …
LXXXV
Cuando el reloj da las horas, Quand l’horloge donne les heures, …
Y el pobre que anda despacio, Et le pauvre, qui lentement marche,…
XCI
Dices que hablo mal de ti, Tu dis que je parle mal de toi,…
XCIII
Morid contentos, vosotros Meurs heureux, toi…
XCVIII
Cuanto más pienso en las cosas, Plus je pense aux choses…
CV
Cuando te mueras te haré Quand tu mourras je te ferai …
CXVII
Ahora que me estás queriendo, Maintenant que tu m’aimes…
CXVIII
La noche oscura ya llega; La nuit noire arrive ;…
CXXV
A la luz de las estrellas A la lumière des étoiles …
CXXII
Tenía los labios rojos, Ses lèvres étaient rouges, …
CXXXI
Si yo pudiera arrancar Si je pouvais arracher …
CXXXIII
¡Ay de mí! Por más que busco Pauvre de moi ! Plus je cherche …
CXXXVIII
Guárdate del agua mansa, Méfiez-vous de l’eau douce,…
CXL
Caminando hacia la muerte En marchant vers la mort…
CXLII
Todo hombre que viene al mundo Tout homme qui vient au monde …
CXLIV dernier copla
Los que quedan en el puerto Ceux qui restent au port…
Miguel de Unamuno 29 septembre 1864 Bilbao – 31 décembre 1936 Salamanque, Salamanca
***************
AL NIÑO ENFERMO L’ENFANT MALADE ******
************************
Duerme, flor de mi vida, Sommeil, fleur de ma vie, duerme tranquilo, dors tranquille, que es del dolor el sueño que le rêve de la douleur soit tu único asilo. ton unique asile…
Nie Bóg stworzył przeszłość, i śmierć, i cierpienia,
Dieu n’a pas créé le passé, la mort et la souffrance, Lecz ów, co prawa rwie;
Qui sont l’œuvre du destructeur des lois ; Więc nieznośne mu dnie,
Des journées insupportables à vivre, Więc, czując złe, chciał odepchnąć spomnienia.
Alors, il désira le mal, désirant cacher les souvenirs.
Acz nie byłże, jak dziecko, co wozem leci,
Mais n’était-il pas cet enfant dans cette voiture qui vole, Powiadając: „O, dąb
En disant : « Oh, un chêne Ucieka w lasu głąb!” Qui s’enfuit dans la forêt ! « Gdy dąb stoi, wóz z sobą unosi dzieci.
Mais quand le chêne se dresse, la voiture soulève l’enfant avec elle.
Przeszłość jest to dziś, tylko cokolwiek dalej:
Le passé c’est aujourd’hui, et c’est à peu près tout : Za kołami to wieś,
Derrière les roues, un village, Nie jakieś tam coś, gdzieś,
Ni quelque chose, ni quelque part, Gdzie nigdy ludzie nie bywali!…
Où personne ne fut jamais ! …
*************************
Complément ANALYSE
Se reporter à l’analyse du poème :
« Według Norwida świat jest niczym platońska jaskinia – składa się z pozorów i ukrytej pod pozorami prawdy. Podobnie w sposób dwoisty widział on czas…
Nie przypadkowo to dęby są symbolem czasu. Wielowiekowe drzewa kojarzą się ze stałością, niezmiennością. Dzieci z kolei są płoche, naiwne, łatwo ulegają pozorom.
…
Grzech popełniony przez człowieka, złamanie Boskich praw sprawiły, że poczuł „złe”. Ciążyło mu poczucie winy, świadomość popełnionego grzechu, dlatego chciał: „odepchnąć s p o m n i e n i a” i wymyślił przeszłość. Odsyłając swe winy w przeszłość, chciał je usunąć, skazać na zapomnienie i niebyt. Jak wynika z drugiej strofy, taki zabieg jest naiwny i dziecinny. »
« Selon Norwid, le monde est comme une caverne platonicienne – il se compose d’apparences et reste caché sous l’apparence de la vérité … Ce n’est pas un hasard si les chênes sont un symbole du temps. Des arbres centenaires sont associés à la stabilité, l’invariance. Les enfants, à leur tour, sont pauvres, naïfs et cèdent facilement aux apparences …. Le péché commis par l’homme, en brisant les lois de Dieu l’a fait se sentir « mauvais ». Il se sentait coupable, conscient du péché qu’il avait commis, et donc il voulait «repousser» et inventer le passé. En renvoyant ses fautes au passé, il a voulu les nier, les condamner à l’oubli et à la non-existence. Comme il ressort de la deuxième strophe, une telle procédure est naïve et puérile. »
« Il est un peuple, de nos jours, qui trouve dans l’alliance du patriotisme et de la religion le principe et comme la garantie de son existence. La compression étrangère n’a fait que l’affermir dans ce double culte. Sous cette douloureuse, mais féconde influence, s’est développée toute une poésie énergique et neuve, empreinte d’un mysticisme étrange, et qui puise ses inspirations dans ce qu’il y a de plus sacré, de plus vivace au cœur de l’homme. Ce peuple, c’est le peuple polonais. Depuis bien des années déjà, il travaille à la réédification de sa nationalité. Son courage est infatigable. S’il s’affaisse un moment sous le nombre, c’est pour se relever bientôt plus ardent à la lutte. Prêtres et vieillards, guerriers et poètes, tous marchent ici dans une même pensée, tous combattent et meurent sous un même drapeau. Héroïque infortune ! persévérance plus héroïque encore ! La Pologne est la Niobé des nations, mais c’est une Niobé qui ne connaît pas le désespoir. Ses victoires, ses crises intestines, ses déceptions sanglantes, rien n’a encore pu entamer sa robuste foi dans l’avenir. Du milieu des ruines qui l’entourent se dresse indestructible sa confiance en ses destinées, et sa littérature contemporaine, littérature active et militante, bulletin magnifique de ses défaites, est l’expression vivante de son martyre et de son espérance.
…
On ne s’explique bien cette toute-puissance que lorsqu’on se rend compte de l’action qu’a exercée de tout temps la poésie en Pologne. Nous ne nous arrêterons pas à cette poésie primitive de contes et de légendes, à cette littérature que Michiewicz a appelée fossile ou latente, « parce qu’elle est déposée tout entière dans l’ame du peuple et n’apparaît que rarement à la surface de la publicité. » Nous ne ferons que mentionner en passant le chant de Boga Rodzica,Dziwica (Vierge, mère de Dieu). Ce chant, que les soldats entonnaient avant les batailles et qui témoigne de l’alliance qui existait dès-lors entre l’esprit religieux et l’esprit militaire, est regardé comme le plus ancien monument de la langue polonaise. La véritable littérature pour la Pologne commence avec la renaissance des lettres en Europe. L’époque jagellonienne (1386-1572), appelée l’âge d’or de la poésie et de la science, voit naître alors de grands écrivains dans les trois frères Kochanowski, dont Jean porte à juste titre le nom de prince des poètes. Les deux autres, Nicolas et Pierre, ont laissé, le premier des poésies légères, le second la plus parfaite traduction qu’on ait en langue polonaise des poèmes de l’Arioste et du Tasse. Cette époque donne également naissance à Gornicki, l’historien publiciste, à Rey, le Montaigne de la Pologne, à Szymonowicz, et à quelques autres écrivains qui se distinguent surtout par l’élégance de la diction. Dès-lors, la langue se fixe dans toutes ses parties. Néanmoins c’est sous la dynastie élective des Waza (1587-1669) que la littérature polonaise devait rencontrer son plus glorieux représentant. Pierre Skarga, tribun religieux, sermonnaire politique, nous offre l’idéal du prêtre et du patriote. Ses ouvrages respirent une véhémente éloquence. Venu dans l’épanouissement d’un siècle de prospérité, il ne se laissa point éblouir ; son génie, au milieu des splendeurs du présent, prévoyait les malheurs qui, deux cents ans plus tard, devaient fondre sur la Pologne. Il sentait que la société était minée dans ses fondemens, et qu’elle perdait l’avenir en perdant les anciennes vertus. L’égoïsme et l’orgueil, en effet, avaient remplacé le dévouement et le sacrifice ; l’enthousiasme, cette ame de la nation, allait s’éteignant dans les coeurs. A ce spectacle, saisi de colère, de douleur, et comme pénétré de l’esprit de prophétie, Skarga se lève et annonce les désastres futurs ; il se lamente et maudit ; il exalte le patriotisme ; il rappelle le passé ; il parle de la patrie, non de cette patrie dont l’amour ne consiste que dans l’attachement au sol natal, mais de la patrie selon les idées slaves, de cette société idéale et fraternelle dont la divine pensée a été déposée dans le sein d’un peuple pour être un jour par lui fécondée et réalisée… »
Revue des Deux Mondes
Tome 15, 1846
A. L.
De la poésie polonaise
Cyprian Kamil Norwid
Dzieło Cyprian Kamil Norwid
Œuvre de Cyprian Kamil Norwid
„Rzeczywistym bądź! Co ci się wciąż o niebie troi,
« Sois vrai ! Ne pense pas au ciel, Podczas gdy grób prądami nieustannemi Alors que la tombe est là Kości twoich, prochów twych pożąda!» Qui attend tes os et tes cendres ! »
— Oh! tak! — Wszelako, gdziekolwiek człowiek stoi,
Oh! oui! – Cependant, partout où l’homme se tient, O wielekroć więcej niebios ogląda,
Plus de cieux s’offrent à lui, Niżeli ziemi.
Que de terre.
« Il est un peuple, de nos jours, qui trouve dans l’alliance du patriotisme et de la religion le principe et comme la garantie de son existence. La compression étrangère n’a fait que l’affermir dans ce double culte. Sous cette douloureuse, mais féconde influence, s’est développée toute une poésie énergique et neuve, empreinte d’un mysticisme étrange, et qui puise ses inspirations dans ce qu’il y a de plus sacré, de plus vivace au cœur de l’homme. Ce peuple, c’est le peuple polonais. Depuis bien des années déjà, il travaille à la réédification de sa nationalité. Son courage est infatigable. S’il s’affaisse un moment sous le nombre, c’est pour se relever bientôt plus ardent à la lutte. Prêtres et vieillards, guerriers et poètes, tous marchent ici dans une même pensée, tous combattent et meurent sous un même drapeau. Héroïque infortune ! persévérance plus héroïque encore ! La Pologne est la Niobé des nations, mais c’est une Niobé qui ne connaît pas le désespoir. Ses victoires, ses crises intestines, ses déceptions sanglantes, rien n’a encore pu entamer sa robuste foi dans l’avenir. Du milieu des ruines qui l’entourent se dresse indestructible sa confiance en ses destinées, et sa littérature contemporaine, littérature active et militante, bulletin magnifique de ses défaites, est l’expression vivante de son martyre et de son espérance.
…
On ne s’explique bien cette toute-puissance que lorsqu’on se rend compte de l’action qu’a exercée de tout temps la poésie en Pologne. Nous ne nous arrêterons pas à cette poésie primitive de contes et de légendes, à cette littérature que Michiewicz a appelée fossile ou latente, « parce qu’elle est déposée tout entière dans l’ame du peuple et n’apparaît que rarement à la surface de la publicité. » Nous ne ferons que mentionner en passant le chant de Boga Rodzica,Dziwica (Vierge, mère de Dieu). Ce chant, que les soldats entonnaient avant les batailles et qui témoigne de l’alliance qui existait dès-lors entre l’esprit religieux et l’esprit militaire, est regardé comme le plus ancien monument de la langue polonaise. La véritable littérature pour la Pologne commence avec la renaissance des lettres en Europe. L’époque jagellonienne (1386-1572), appelée l’âge d’or de la poésie et de la science, voit naître alors de grands écrivains dans les trois frères Kochanowski, dont Jean porte à juste titre le nom de prince des poètes. Les deux autres, Nicolas et Pierre, ont laissé, le premier des poésies légères, le second la plus parfaite traduction qu’on ait en langue polonaise des poèmes de l’Arioste et du Tasse. Cette époque donne également naissance à Gornicki, l’historien publiciste, à Rey, le Montaigne de la Pologne, à Szymonowicz, et à quelques autres écrivains qui se distinguent surtout par l’élégance de la diction. Dès-lors, la langue se fixe dans toutes ses parties. Néanmoins c’est sous la dynastie élective des Waza (1587-1669) que la littérature polonaise devait rencontrer son plus glorieux représentant. Pierre Skarga, tribun religieux, sermonnaire politique, nous offre l’idéal du prêtre et du patriote. Ses ouvrages respirent une véhémente éloquence. Venu dans l’épanouissement d’un siècle de prospérité, il ne se laissa point éblouir ; son génie, au milieu des splendeurs du présent, prévoyait les malheurs qui, deux cents ans plus tard, devaient fondre sur la Pologne. Il sentait que la société était minée dans ses fondemens, et qu’elle perdait l’avenir en perdant les anciennes vertus. L’égoïsme et l’orgueil, en effet, avaient remplacé le dévouement et le sacrifice ; l’enthousiasme, cette ame de la nation, allait s’éteignant dans les coeurs. A ce spectacle, saisi de colère, de douleur, et comme pénétré de l’esprit de prophétie, Skarga se lève et annonce les désastres futurs ; il se lamente et maudit ; il exalte le patriotisme ; il rappelle le passé ; il parle de la patrie, non de cette patrie dont l’amour ne consiste que dans l’attachement au sol natal, mais de la patrie selon les idées slaves, de cette société idéale et fraternelle dont la divine pensée a été déposée dans le sein d’un peuple pour être un jour par lui fécondée et réalisée… »
Revue des Deux Mondes
Tome 15, 1846
A. L.
De la poésie polonaise
Cyprian Kamil Norwid
Dzieło Cyprian Kamil Norwid
Œuvre de Cyprian Kamil Norwid