né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette
GIBOULÉES
Paru dans le magazine LISEZ-MOI N°15- 10 avril 1906
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Isaac Levitan , Исаак Ильич Левитан , Nénuphars, 1895
Pluie et soleil. Des nuages courent, légers, d’une blancheur de ouate ; ils s’épaississent peu à peu, se gonflent, alentis, lourds de chaleur. Puis, ils crèvent.
Une averse pour rire, un coup d’arrosoir à fines gouttelettes sur les feuilles, sur les fleurs nouvellement nées. Trois gouttes, et c’est fini ; aussi prompte que l’éclaboussure de l’hirondelle ricochant de l’aile au fil de l’eau, l’averse a disparu.
La pluie s’en est allée, les diamants restent.
Dans l’allée de la vigne, sous les voûtes des pêchers et des pruniers en fleurs, c’est, semé en l’air, jeté au fin bout des branches, tout le joli scintillement des rivières adamantines, la flambée des grenats et des rubis tressés en guirlandes sur la robe blanche du printemps.
Les joailleries s’éteignent brusquement. Sur le rire étincelant du soleil, c’est, de nouveau, le rideau tiré d’un nuage. L’air franchit, le vent souffle. Autre giboulée. De la neige, cette fois. Oh ! pas bien méchante ! des flocons espacés qui, dans la bouffée de la bise, se mêlent aux pétales tombés des amandiers en fleurs.
Et, déjà, la neige ne coule plus. C’est, maintenant, une pincée de grésil, une averse blanche qui tambourine à roulements légers ; telle une musique pour un ballet de fées.
Tout est blanc une minute. Comme une jonchée de perles dans le jardin des légendes, le givre se tasse aux plis de l’herbe, aux creux des sillons.
Une minute. Et le décor a changé. C’est le soleil, c’est la chaleur, un bien-être où les plantes se dilatent, où les papillons éclosent. Neigeux comme la fleur des pruniers, soufrés comme la fleur du saule, les papillons festonnent, hésitent en l’air, naïfs et frileux, étonnés de vivre…
Les papillons festonnent ; les lézards, en des fuites brusques ; une couleuvre glisse dans l’herbe sèche, le long d’un talus ; des ébats de grenouilles troublent l’eau épaisse, irisée qui tiédit au bord de la source.
La chaleur monte.
Une odeur fade de pourriture végétale se lève des fossés vaseux, des ruisseaux obstrués de feuilles et de branches.
La chaleur monte ; l’orage menace ; le ciel encore une fois s’obscurcit. C’est, d’abord, une buée grise, laiteuse, comme de la sève en suspension ; puis, la tache s’épaissit, tourne au noir bleuté, livide, les fleurs paraissent encore plus blanches.
Près de moi, à l’entrée d’un champ de blé, un prunier s’étale, vêtu de blanc jusqu’au bout des branches. Fragile et paisible en ses habits de triomphe, il sourit sous la menace.
Le vent se lève. Brutal, il couche devant lui les jeunes blés, balance l’éventail fleuri des ormeaux. Il approche, et, tout à coup, arrachées ensemble, les fleurs trop mûres du prunier s’envolent, effrayées, s’éparpillent à terre.
L’arbre est tout noir, maintenant.
Et une tristesse me vient à penser que c’est fini, que la plus jeune saison de l’année, la plus charmante, est déjà close.
John Coltrane Quartet Wise One (Tenor Saxophone: John Coltrane, Piano: McCoy Tyner, Upright Bass: Jimmy Garrison, Drums: Elvin Jones, Composer: John Coltrane)
Michel Petrucciani Take the a Train (Michel Petrucciani (piano), Anthony Jackson (bass), Steve Gadd (drums), Stefano Di Battista (saxophone), Flavio Boltro (trumpet), Denis Leloup (trombone)) (Nice Jazz Festival 1998)
Médéric Collignon King Crimson Part 2 & King Crimson Part 3 (Médéric Collignon, Fred Chiffoleau, Franck Woeste, Philippe Gleizes, QDS, Anne Lepape, Youri Bessières, Olivier Bartissol, Valentin Ceccaldi)
Sophie Alour Exil(s) La chaussée des géants Sophie Alour (saxophone, flûte, compositions); Mohamed Abozékry (oud) ; Donald Kontamanou (batterie); Philippe Aerts (contrebasse); Damien Argentieri (piano) ; Wassim Halal (derbouka, bendir)
Le Sacre du Tympan Fred Pallem SoundtraX – Plurabella’s Walk Fred Pallem (Guitare basse) Vincent Taeger (Batterie) Vincent Taurelle (Claviers) Ludovic Bruni (Guitares) Rémi Sciuto (Claviers, flûte, saxophones, ocarina) Fabrice Martinez (Trompette) Michel Feugère (Trompette) François Bonhomme (Cor) Daniel Zimmermann (Trombone) Lionel Ségui (Trombone Basse)
Sophie Alour (Avec Dédé Céccarrelli, Stephane Belmondo, Glenn Ferris, Rhoda Scott, Alain Jean-Marie, David El Malek, Sylvain Romano, Laurent Coq, Sandro Zérafa, Arrangements François Theberge) Time for Love
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Alvin Queen Trio (Alvin Queen, Peter Washington, Dado Moroni) Estate
Marcus Miller Run for Cover (Marcus Miller – bass, Dean Brown – guitar, Patches Stewart – trumpet, Everette Harp – saxophone, Philippe Saisse – keyboards, Steve Thornton – percussion, Poogie Bell – Drums)
Steve Coleman & Five Elements (Steve Coleman – alto sax/ Jonathan Finlayson – trompette /Anthony Tidd – bass / Sean Rickman – drums) Ascending Numeration
Dizzy Gillespie, Roy Eldridge, Teddy Buckner ,Bill Coleman (Martial Solal au piano & Arvell Shaw contrebasse & James Charles Heard, J. C. Heard à la batterie) Trumpet Battle
James Charles Heard J. C. Heard (photo : William P. Gottlieb)
Coleman Hawkins Buck Clayton (tp); Coleman Hawkins, Illinois Jacquet, Lester Young (ts); Kenny Kersey (p); Al McKibbon (b); J.C. Heard (d) I Can’t Get Started
DER HERBST HÖLDERLIN
LITTERATURE ALLEMANDE DeutschLiteratur
Friedrich Hölderlin
1770-1843
Traduction Jacky Lavauzelle
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DER HERBST
L’AUTOMNE
Die Sagen, die der Erde sich entfernen, Leslégendes, celles qui de la Terre s’éloignent, Vom Geiste, der gewesen ist und wiederkehret, Del’espritqui a été etqui est de retour, Sie kehren zu der Menschheit sich, und vieles lernen Reviennent vers l’humainet nous apprennent beaucoup Wir aus der Zeit, die eilends sich verzehret. Sur le Temps, lui-même si rapidement dévoré.
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Die Bilder der Vergangenheit sind nicht verlassen Les imagesdu passéne quittent plus Von der Natur, als wie die Tag’ verblassen La Nature, par elle les jours se terminent Im hohen Sommer, kehrt der Herbst zur Erde nieder, En plein été, l’automne alors retourne à la terre, Der Geist der Schauer findet sich am Himmel wieder. L’espritdes averses occupe à nouveau le ciel.
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In kurzer Zeit hat vieles sich geendet, En peu de tempsbeaucoup de choses se terminent, Der Landmann, der am Pfluge sich gezeiget, Lepaysan, quiregarde sa charrue, Er siehet, wie das Jahr sich frohem Ende neiget, Voit commentl’année finira joyeusement, In solchen Bildern ist des Menschen Tag vollendet. Dans cesimagesde l’homme se termine le jour.
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Der Erde Rund mit Felsen ausgezieret
La Terre ronde avec des rochers décorés Ist wie die Wolke nicht, die Abends sich verlieret,
non pas avec les nuages mais avec le soir qui se perd, Es zeiget sich mit einem goldnen Tage, et qui annonce une journée radieuse, Und die Vollkommenheit ist ohne Klage. Etla perfection estsansaction.
******************** Traduction Jacky Lavauzelle ARTGITATO
******************* Der Herbst Hölderlin
DER MENSCH HÖLDERLIN
LITTERATURE ALLEMANDE DeutschLiteratur
Friedrich Hölderlin
1770-1843
Traduction Jacky Lavauzelle
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DER MENSCH
L’HOMME
Juli 1842 Juillet 1842
Wenn aus sich lebt der Mensch und wenn sein Rest sich zeiget, Quand homme vit en autarcie et quand son reste apparaît, So ist’s, als wenn ein Tag sich Tagen unterscheidet, C’est comme si un jour se différenciait des autres jours, Daß ausgezeichnet sich der Mensch zum Reste neiget, Que l’homme affablese prosterne devantce qui perdure, Von der Natur getrennt und unbeneidet. Séparé de la natureet sans jamais être envié.
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Als wie allein ist er im andern weiten Leben, En tant que tel, il est seul dansl’autre immense vie, Wo rings der Frühling grünt, der Sommer freundlich weilet Oùautour le printemps reverdit, où l’agréable été musarde Bis daß das Jahr im Herbst hinunter eilet, Jusqu’àce que l’année vers l’automne se précipite, Und immerdar die Wolken uns umschweben. Etcontinuellement les nuagesplanentautour de nous.
********************* Traduction Jacky Lavauzelle ARTGITATO
********************* Der Mensch Hölderlin
Sacros, altos, dorados capiteles,
Sacrés, élevés, capitaux dorés que a las nubes borráis sus arreboles,
qu’aux nuages dérobent la lumière, Febo os teme por más lucientes soles,
Phébus vous craint pour des soleils pleins de brillances, y el cielo por gigantes más crüeles.
et le ciel pour des géants terriblement cruels….