Archives par mot-clé : absence

POUR ELLE – ALEXANDRE POUCHKINE – К НЕЙ – 1817

**

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander
                                    TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

________________________________________________________

POUR ELLE
1817 
К НЕЙ

________________________________________________________

Constantin Korovine, Константин Алексеевич Коровин, Gourzouf, Гурзуф, 1914

**************

В печальной праздности я лиру забывал,
Dans ma triste oisiveté, j’en ai oublié ma lyre,
Воображение в мечтах не разгоралось,
L’imagination dans mes rêves s’est éteinte,
С дарами юности мой гений отлетал,
Avec les dons de la jeunesse, mon génie s’est envolé,
И сердце медленно хладело, закрывалось
Et le cœur s’est refroidit lentement, se refermant ;…


***********

L’ABSENCE – Poème d’Anna AKHMATOVA – Анна Ахматова – 1914 – Разлука

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est salamandre-1024x536.jpg.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato.jpg.

__________________________________
Poésie d’Anna Akhmatova
Поэзия Анны Ахматовой
__________________________________

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Akhmatova_by_Altman-1024x577.jpg.
Натан Исаевич Альтман,Natan Altman Портрет А. А. Ахматовой, Portrait d’Anna Akhmatova, 1914, Русский музей, Musée Russe, Saint-Pétersbourg, Санкт-Петербург

______________________

LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература

Русская поэзия

***************

Anna Akhmatova
Анна Ахматова

11 juin 1889 Odessa – 5 mars 1966 Moscou
11 июня 1889 Одесса – 5 марта 1966, Домодедово, Московская область, СССР

**************

____________________________________________

L’ABSENCE
1914
Разлука
____________________________________________

__________________________________
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
__________________________________


Вечерний и наклонный
Dans le soir, en descente
Передо мною путь.
Dévale le chemin devant moi…



Весна 1914, Петербург
Printemps 1914, Saint-Pétersbourg

Poésie d’Anna Akhmatova
Поэзия Анны Ахматовой
__________________________________

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Signature-2-1024x509.jpg.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Anna-Artgitato.jpg.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato.jpg.

OMBRE & LUMIÈRE – Poésie de LOPE DE VEGA – De la abrasada eclíptica que ignora

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.

Littérature espagnole
Literatura española
Poésie espagnole
Poesía española

************************
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
*************************

LOPE DE VEGA
Félix Lope de Vega y Carpio
Madrid 25 novembre 1562 – Madrid 27 août 1635

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est La-Poésie-de-Lope-de-Vega-849x1024.jpg.
BNE Biblioteca Nacional de España Biblitothèque Nationale d'Espagne Artgitato Madrid Lope de Vega
Lope de Vega, La Bibliothèque d’Espagne – Biblioteca de españa – Photo Jacky Lavauzelle
Phaéton foudroyé par Zeus, Jan Carel van Eyck (XVIIe siècle)

************

De la abrasada eclíptica que ignora
OMBRE & LUMIÈRE


************


De la abrasada eclíptica que ignora
De cette éclipse embrasée qu’ignore
intrépido corrió las líneas de oro
cet intrépide, courant sur des lignes dorées,
mozo infeliz, a quien el verde coro
serviteur malheureux, le chœur vert
vió sol, rayo tembló, difunto llora.
voit le soleil, la foudre trembler, les défunts pleurer…

*******************************************
LA POÉSIE de LOPE DE VEGA
LA POESIA DE LOPE DE VEGA

*******************************************

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Lope_de_Vega_firma.png.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.

CHAQUE FOIS – Poème de Miguel Hernandez – Cada vez que paso – 1938/1941

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_hernandez.jpg.
Miguel Hernández
(30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante)
(Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_Hernandez_firma.svg_-1024x351.png.
Ramon Casas, Fatiguée, musée d’art de Dallas

***************

Cancionero y romancero de ausencias
CHANSONS & BALLADE SUR L’ABSENCE
(1938-1941)


******************
CADA VEZ QUE PASO
CHAQUE FOIS

******************

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

**********************

Cada vez que paso
Chaque fois que je fais un pas
bajo tu ventana,
sous ta fenêtre,
me azota el aroma
me vient le parfum
que aún flota en tu casa.
qui flotte encore dans ta maison…




****************

****************
POEMES DE MIGUEL HERNANDEZ
POEMAS DE MIGUEL HERNANDEZ

****************


**************************************
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.

ABSENCE Poème de Miguel Hernández – AUSENCIA

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_hernandez.jpg.
Miguel Hernández
(30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante)
(Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_Hernandez_firma.svg_-1024x351.png.
Isidre Nonell La Paloma – 1904
**********

Ausencia en todo veo:
Absence dans tout ce que je vois :
tus ojos la reflejan.
Tes yeux la reflètent.

Ausencia en todo escucho:
Absence dans tout ce que j'entends :
tu voz a tiempo suena.
ta voix dans le temps se perd.

Ausencia en todo aspiro:
Absence dans tout ce que j'aspire :
tu aliento huele a hierba.
ton souffle sent l'herbe.

Ausencia en todo toco:
Absence dans tout ce que je touche :
tu cuerpo se despuebla.
ton corps se vide.

Ausencia en todo pruebo:
Absence dans tout ce que je tente :
tu boca me destierra.
ta bouche m'abandonne.

Ausencia en todo siento:
Absence dans tout ce que je ressens:
ausencia, ausencia, ausencia.
absence, absence, absence.

*******

POEMES DE MIGUEL HERNANDEZ
POEMAS DE MIGUEL HERNANDEZ

********

La poésie de Miguel Hernández – Poemas de Miguel Hernández

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_hernandez.jpg.
Miguel Hernández
Miguel Hernández Gilabert
(30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante)
(Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Miguel_Hernandez_firma.svg_-1024x351.png.

***********************
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
***********************
« Los poetas somos viento del pueblo : nacemos para pasar soplados a través de sus poros y conducir sus ojos y sus sentimientos hacia las cumbres más hermosas. »
« Les poètes sont le vent du peuple : nous sommes nés pour passer à travers ses pores et pour diriger ses yeux et ses sentiments vers de plus beaux sommets. »
Miguel Hernández
******************

Recueil
El hombre acecha

L’HOMME TRAQUÉ
1938-1939

****

L’ULTIME CHANSON
Canción última

Hilma af Klint, Chaos, no 2, 1906

Pintada, no vacía:
Peinte, non vide :
pintada está mi casa
peinte est ma maison

***************

Recueil
El rayo que no cesa
(1934-1935)

*******
LE COUTEAU CARNIVORE
Un carnívoro cuchillo

Juan Gris – Compotier et nappe à carreaux (1917)
Musée Guggenheim

Un carnívoro cuchillo
Un couteau carnivore,
de ala dulce y homicida
aile douce et homicide,


***************

Recueil
LE VENT DU PEUPLE
VIENTO DEL PUEBLO
1936 – 1937

**
L’ENFANT LABOUREUR
EL NIÑO YUNTERO

Bartolomé Esteban Murillo, Le Jeune Mendiant, 1650, Musée du Louvre

Carne de yugo, ha nacido
Chair de joug, né
más humillado que bello,
plus humble que beau,


************

Recueil
POEMAS ÚLTIMOS
DERNIERS POÈMES
(1939-1941)

LE SABLE DU DÉSERT
Arena del desierto
1941

Jean-Léon Gérôme – Le Bain maure (1824)

Arena del desierto
Sable du désert
soy, desierto de sed.
Je suis, désert de soif.

*
L’OLIVIER
SONREÍR CON LA ALEGRE TRISTEZA DEL OLIVO

Ramón CasasFlores deshojadas – 1894

Sonreír con la alegre tristeza del olivo.
Sourire semblable à la tristesse joyeuse de l’olivier.
Esperar. No cansarse de esperar la alegría.
Attendre. Ne jamais se fatiguer d’attendre la joie
.

********
Recueil
Cancionero y romancero de ausencias
CHANSONS & BALLADE SUR L’ABSENCE
(1938-1941)


*

ABSENCE
AUSENCIA

Isidre Nonell La Paloma – 1904

Ausencia en todo veo:
Absence dans tout ce que je vois :
tus ojos la reflejan.
Tes yeux la reflètent.

*

TRISTES GUERRAS
GUERRES TRISTES

Francisco de Goya, Tres de Mayo, 1814

Tristes guerras
Guerres tristes
si no es amor la empresa.
si l’amour n’est pas le but.

*

LA VEJEZ EN LOS PUEBLOS
LE CŒUR SANS MAÎTRE

Vincent van Gogh, Champ de blé aux corbeaux, 1890

La vejez en los pueblos.
La vieillesse dans les villages.
El corazón sin dueño.
Le cœur sans maître


*

TODAS LAS CAJAS SON OJOS
TOUTES LES MAISONS SONT DES YEUX

Vincent van Gogh, La Nuit étoilée, 1889, Museum of Modern Art, New York

Todas las casas son ojos
Toutes les maisons sont des yeux
que resplandecen y acechan.
qui brillent et se cachent.

*


CADA VEZ QUE PASO
CHAQUE FOIS

Ramon Casas, Fatiguée, musée d’art de Dallas

Cada vez que paso
Chaque fois que je fais un pas
bajo tu ventana,
sous ta fenêtre,

*

TRONCOS DE SOLEDAD
TRONCS DE SOLITUDE

Francisco Pradilla, Doña Juana, La Loca, Museo del Prado, 1877

Troncos de soledad,
Troncs de solitude,
barrancos de tristeza
ravins de tristesse

*

El corazón
LE CŒUR

Joaquín Sorolla y Bastida, Bañar a los niños,
Oviedo, Musée des Beaux-Arts des Asturies

El corazón es agua
Le cœur est de l’eau
que se acaricia y canta.
qui caresse et qui chante.


*

LA CANTIDAD DE MUNDOS
LA QUANTITE DE MONDES

Santiago Rusiñol, Cour bleue, Arenys de Munt

La cantidad de mundos
La quantité de mondes
que con los ojos abres,
qui s’ouvrent avec les yeux,

*

MENOS TU VIENTRE
TON VENTRE

Francisco de Goya, La Maja desnuda, 1790-1800

Menos tu vientre,
En dehors de ton ventre,
todo es confuso.
tout est confusion.

*

ENTUSIASMIO DEL ODIO
ENTHOUSIASME DE LA HAINE

Francisco de Goya, La Procession à l’ermitage Saint-Isidore,1819-1823 (détail)

Entusiasmo del odio,
Enthousiasme de la haine
ojos del mal querer.
volonté des yeux du mal.

*

EN EL FONDO DEL HOMBRE
LE FOND DE L’HOMME

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Juan_Sánchez_Cotán_001.jpg.
Juan Sánchez Cotán, Coing, chou, melon et concombre, Musée d’art de San Diego

En el fondo del hombre
Dans le fond de l’homme
agua removida.
l’eau s’agite.

*

TANTO RIO QUE VA AL MAR
TANT DE RIVIERES

Santiago Rusiñol, Glorieta al atardecer, 1913

Tanto río que va al mar
Tant de rivières vont à la mer
donde no hace falta el agua.
où vous n’avez pas besoin d’eau.

*

BOCAS DE IRA
BOUCHE COLERE

Isidre Nonell
Coucher de soleil
Al Atardecer, Sant Martí de Provençals ,1896


Bocas de ira.
Bouche de colère.
Ojos de acecho.
Yeux traqués.

***************

Silbo de la llaga perfecta
SIFFLEMENT DE LA PLAIE PARFAITE

Arthur Dove, Nature Symbolized No.2, 1911, Institut d’art de Chicago

Abreme, amor, la puerta
Ouvre-moi, amour, la porte
de la llaga perfecta.
de la plaie parfaite.

*****

ELEGIA A RAMÓN SIJÉ
Élégie à Ramón Sijé

Francisco de Goya, Visión fantástica o Asmodea, Museo del Prado, Madrid

Yo quiero ser llorando el hortelano
Avec mes pleurs, je veux être le jardinier
de la tierra que ocupas y estercolas,
de la terre que tu foules et que tu fertilises


************************

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10-1.gif.

SAKNAD Ivar AASEN – Poème Norvégien – ABSENCE

Ivar AASEN
oversettelse
-traduction

Traduction – Texte Bilingue
SaknadIvar AASEN
Absence Ivar AASEN
Poésie

 


LITTERATURE NORVEGIENNE
norsk litteratur
POESIE NORVEGIENNE
norsk poesi

Ivar AASEN
1813-1896

norsk poet
poète norvégien

Traduction Jacky Lavauzelle

Saknad

ABSENCE

Eg veit so vel, det finst ein Skatt,
Je sais si bien qu’il se trouve un trésor,
som vel eg hava maatte ; 
qui est à ma portée ;
og ingen Mann det vilde skadt,
Et personne ne serait gêné,
um eg den Skatten aatte. 
si par exemple je le gaspillais.
Og fann eg den, var allting vel ;
Et ainsi tout irait bien ;
eg skulde vera rik og sæl.
Je serais riche et comblé.
Men aldri veit eg Grunnen,
Mais ce trésor
der han skal verda funnen.
jamais ne sera découvert.

*

Eg veit so vel, det finst ein Stad,
Je sais si bien qu’il se trouve une ville,
kann henda nær ved Sida,
peut-être toute proche,
der vist eg skulde verda glad
je pourrais être heureux
og gløyma burt all Kvida.
et oublier toutes mes peurs.
Og kom eg der, so fekk eg naa
Et si je la trouvais, alors je posséderais
den Ting, som mest eg sakna maa.
les choses qui me font le plus défaut.
Men det er heile Skaden :
Mais c’est regrettable :
eg finner aldri Staden.
Je n’irai jamais dans cette ville.

*

Eg veit so vel, det finst ein Barm
Je sais si bien qu’il existe un cœur
med same Kjensla inne,
qui possède le même sentiment,
med same Hug og same Harm
avec le même appétit et la même irritation
og same Von og Minne.
et les mêmes attentes et le même souvenir.
Og fann eg den, vardt allting rett,
Et si je le rencontrais, droit serait notre chemin,
og Livet skulde skrida lett.
et la vie s’écoulerait agréablement.
Men det er verst aa minnast :
Mais le pire est de rappeler ceci :
me skulo aldri finnast.
ce cœur, je ne le trouverai jamais.

 

**************************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
**************************

SAKNAD Ivar AASEN – Poème Norvégien
ABSENCE Ivar AASEN 

Absence Ivar AASEN
Ivar AASEN poesi
poésie de Ivar AASEN

 

 

 

 

LE PLUS DOUX POISON – Luis de Gongora Sonnet EN EL CRISTAL DE TU DIVINA MANO

Luis de Góngora Sonnet
Literatura
española – Littérature Espagnole
Siècle d’or espagnol -Siglo de Oro 

 

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Luis de Góngora y Argote
1561-1627

Sonetos – Sonnets

En el cristal de tu divina mano
1609

En el cristal de tu divina mano Luis de Góngora y Argote Artgitato Soneto Sonnet

 

Luis de Góngora Sonnet 

En el cristal de tu divina mano

Dans le cristal de ta divine main

En el cristal de tu divina mano  
Dans le cristal de ta divine main
de Amor bebí el dulcísimo veneno,
de l’Amour j’ai bu le plus doux poison,
néctar ardiente que me abrasa el seno,
ce nectar de feu qui brûle en moi,
y templar con la ausencia pensé en vano;
et j’ai pensé en vain que ton absence l’atténuerai ;…

*********************

LUIS DE GONGORA SONNET

*****************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
*****************

L’INCOMPRIS (INCOMPRESO) : PAR-DESSUS LA MORT

LUIGI COMENCINI
L’INCOMPRIS – INCOMPRESO
1966

L'Incompris Incompreso Luigi Comencini 1966 Artgitato

PAR-DESSUS
LA MORT

La voiture noire qui pénètre dans la cour du château est lourde d’un secret. La caméra la contourne comme étrangère, apeurée pour en attraper, pour en comprendre des bribes. Être à l’affût. Quel est ce terrible mystère que gardent ces deux hommes à l’arrière. La caméra se rapproche et se fixe sur un homme, sir Duncombe,  Anthony Quayle. Sa femme vient de mourir. L’homme est abattu.

IL EST COMME SA MERE
Le silence doit être gardé afin de préserver, croit-il, ses enfants. « Ils ne sont au courant de rien. Il faudra pourtant que je le dise à Jonathan (Stefano Colagrande). Il peut comprendre et il doit savoir la vérité. Je ne sais comment je lui dirais, mais il faut que j’en trouve la force. Matthew (Simone Giannozzi),lui, nous essaierons de le distraire. Il est encore si jeune, il croit qu’elle est partie, qu’elle est en voyage… Matthew est un enfant si jeune, si délicat et si fragile, il a besoin de soins et de tendresse. Il est comme sa mère… » Mais celui qui montre sa fragilité, c‘est Duncombe lui-même, malgré son titre, malgré sa fonction de consul. Il pleure. Il est brisé et il comprend que la tâche qui lui incombe sera difficile, voire douloureuse. Comment dire l’indicible. Il l’a profondément aimée, lui aussi.

« Entendant des sanglots, je poussai cette porte
Les quatre enfants pleuraient et la mère était morte
Sur le grabat gisait le cadavre hagard ;
C’était déjà la tombe et déjà le fantôme.
 »

(Victor Hugo, Les Contemplations, XVII, Chose vue un jour de printemps)

ENTRE DEUX EAUX
Le film partira sur cette relation quadripartite entre le père, trop souvent absent par son travail, la mère, décédée précocement, et ses deux enfants, Jonathan et Matthew. Comencini par touches évoque les blessures, les fêlures, les attentes et les désirs. Il prend les yeux de l’enfant et de l’enfance. A cette hauteur où les rêves sont possibles et les désillusions aussi. Il prend la peau de Jonathan entre deux âges. Fort de ses envies et de ce bouillonnement. Faible de ne pas tout comprendre du monde des adultes. Il est entre deux eaux et, pour cela, se sent si bien pendu dans les airs au-dessus de l’étang.

L’ENFER, C’EST L’ABSENCE ETERNELLE
Comencini nous parle de l’absence de la mère. Cette origine qui n’est plus. Comment parler de ce qui nous lie, de ce qui englobe la famille et qui n’est plus ? « L’enfer c’est l’absence éternelle » (Victor Hugo, Hors de la terre).  Que dire de l’absence éternelle maternelle ? Tout s’écroule. Comment ne pas sombrer ? A quoi se raccrocher ? Une autre histoire reste à écrire. Le cadre est solide socialement. Les enfants ont tout : jeux, gouvernantes (dont la superbe Adriana Facchetti), l’argent, l’espace. Mais il manque l’essentiel : une véritable présence. Seulement une simple présence.

TROP GRAND ET TROP FROID
Car ici tout est grand, immense aux yeux d’enfants si jeunes,  et tout nous rappelle le passé, proche ou lointain. Florence, l’éternelle, le château, l’immensité des pièces et du jardin. Il manque la chaleur. Les pièces sont trop froides, comme le jardin trop soigné. Comment rendre le tout humain, vivable, chaleureux. Des gouvernantes se succèdent afin de rendre un peu d’une présence maternelle, sans succès.

ELLE ETAIT COMME CA
La présence de la mère est partout pourtant. Mais elle s’estompe. Le temps fait son affaire, irrémédiablement. « –Tu ne t’en souviens pas ? (Jonathan) – Plus tellement, et maintenant moins qu’avant ! (Matthew) – Tu te rappelles bien le portrait d’elle qui était dans le salon ? – Oui ! – L’été, elle était comme ça. L’hiver, elle était plus pâle. Mais quand elle courait, elle avait les joues toutes rouges, et elle riait. – ça je me rappelle quand elle riait ! – Elle était toujours très gaie ; elle trichait quand elle jouait aux cartes avec papa… »

NE PAS TOMBER
Jonathan, lui a trouvé des précieuses reliques maternelles : Il reste un brin de voix sur un magnétophone conservé comme une relique, la chambre de la mère, véritable ventre maternelle, le tableau de la chambre, un papier de sa main dans l’armoire à pharmacie, « Andrea, Non toccare, la mamma. » Ce sont autant de galets qu’il pose pour retarder le grand oubli. Il s’accroche à eux comme il s’accroche à la branche. Pour ne pas tomber. Pour avancer.

 « A vingt ans, deuil et solitude !
Mes yeux, baissés par le gazon,
Perdirent la douce habitude
De voir ma mère à la maison.
Elle nous quitta pour la tombe ;
Et vous savez bien qu’aujourd’hui
Je cherche, en cette nuit qui tombe,
Un autre ange qui s’est enfui ! 
»

(Victor Hugo, Les Contemplations, Livre Quatrième, Trois ans après)

La nuit tombe sur Jonathan qui recherche cet autre ange. Il veut se rapprocher de ce père si statuaire et fort. Mais toutes ses tentatives se retournent contre lui. La raison à son jeune frère qui le colle comme une mère. Il n’a plus que lui. Quand Jonathan est puni par sa faute, il ne lui en veut pas. Il continue à le porter sur son dos, sur son vélo.

Incompris par son père, il imagine une nouvelle action qui le fera remonter dans son estime, une nouvelle preuve d’amour. A chaque fois, elles finiront en catastrophe. Il doit être plus responsable, mais ce n’est qu’un enfant. Il s’il se réfugie dans la chambre maternelle pour son moment d’intimité, il court vers l’étang afin de se prouver à lui-même qu’il existe. La branche qui se couche sur l’eau crante son évolution vers le statut d’homme. Pendu entre le ciel et l’eau, il avance sur son « audaciomètre ». Toujours un peu plus loin. Un craquement. Puis deux. Puis trois…Jusqu’à la chute que le poids de son jeune frère accélère. Au craquement de la branche celui des vertèbres, puis les certitudes de son père.

IL FAUT APPRENDRE A PERDRE
Il reconnaîtra ses erreurs. Derrière des airs de guerriers et de bagarreurs, Jonathan n’est pas un enfant fragile, c’est un enfant simplement. Il ne comprend pas l’injustice et l’incompréhension des grands. Comme dans le tournoi de judo, où la présence du père fait perdre l’enfant décontenancé. « – Tu m’avais dit que tu ne viendrais sans doute pas, alors je ne t’attendais plus, mais quand je t’ai vu dans la salle, j’étais surpris… – ça t’ennuie donc tellement d’avoir été vaincu ?…Il faut aussi apprendre à perdre. Tu prendras ta revanche une autre fois, quand je ne serai pas là pour te faire perdre. » Il est dérouté sans savoir comment faire le bien, comme le cadeau acheté à Florence qui tourne au drame ou le lavage de voiture où son jeune frère attrape froid.

Le seul qui le comprend vraiment est l’oncle William (John Sharp) ; Derrière une apparente rigueur, il lit toute la complexité du jeune enfant et son désarroi. Jonathan aime profondément son père, il l’idéalise, à remplir des feuilles du seul mot de papa. La caméra passe du regard de cet oncle, qui « n’aime pas les enfants », et pour qui « le droit de cuite de chacun est sacré ! », ours mal léché, à Jonathan qui déambule dans le cimetière en connaissant l’histoire de chacun,  « tu es comme chez toi ici ». Jonathan est un enfant perdu qui cherche un maître, à la recherche de repère et de sens.

Sir Duncombe reste dans son passé, intelligent mais qui ne comprend pas les pierres que Jonathan pose sur sa route : « des bleuets encore ! Je ne comprends pas qui peut les apporter ! » Il reste dans ce passé qui le tourmente sans voir que ses enfants sont là qui l’attendent. 

Notre diplomate le comprend mais un peu tard, « j’ai commis une erreur et maintenant il me juge ! » L’audaciomètre a cédé. Le dos aussi. La vie va se retirer malgré la présence des meilleurs spécialistes. Ces premiers mots sont pour Matthew. Il tient avant tout à rassurer son père. « Je savais que c’était très dangereux. C’est une façon pour moi de me calmer les nerfs. » L’audaciomètre a rompu mais un pont s’est créé entre eux deux.

T’AIDER, AU MOINS UNE FOIS
« Je sais bien que tu n’aimes que Matthew. Toi, tu ne me prends jamais dans tes bras. » Lâche-t-il à son père abasourdi. Il veut profiter des dernières minutes avec son fils et ensemble finir la rédaction dont parle Jonathan dans le délire de la fièvre. Finir et faire ensemble quelque chose jusqu’au bout. La musique s’arrête. Les mains se tiennent. Il faut rattraper le temps perdu. « J’aurai voulu t’aider Johnny, au moins une fois. »

« Pour moi, sans aucun doute, mon meilleur ami est mon père. Bien entendu, il est beaucoup plus âgé que moi, mais ça n’a réellement aucune importance. Il est très grand et il a une force énorme ; il peut facilement me soulever d’une seule main et il parle couramment plusieurs langues. Non seulement, il est mon père, mais mon ami aussi. Notre amitié a pour base une quantité de choses. Par exemple, nous jouons fréquemment tous les deux et nous n’avons pas de secret l’un pour l’autre. Lorsque ce qui m’arrive est un peu triste, il le voit et le comprend sans que j’aie eu à parler. Alors il me sert contre lui, et il me dit tendrement : … » a commencé Jonathan.

IL A FALLU TROP DE TEMPS
Et le père de continuer, avec l’accord de Jonathan : « il me sert contre lui et me dit alors : pardonne-moi, Johnny chéri, car tu sais ce n’est pas vrai que ton père t’a toujours compris. La douleur l’aveuglait à tel point qu’il n’a pas su voir que tu souffrais, et peut-être encore plus que lui. C’est bien cela ? Hein ! Il a fallu trop de temps à ton père pour le comprendre, bien trop de temps. Et cela c’est triste et impardonnable. Mais désormais nous allons être de vrais amis, parce que c’est ton père qui te le demande et il est fier de le demander, car tu es le fils que chaque père, que chaque père aimerait avoir. ».

                « Soudain l’enfant bénie, ange au regard de femme,
Dont je tenais la main et qui tenait mon âme,
Me parla, douce voix,
Et me montrant l’eau sombre et la vie âpre et brune,
Et deux points lumineux qui tremblaient sur la dune :
– Père, dit-elle, vois,
Vois donc, là-bas, où l’ombre aux flancs des coteaux rampe,
Ces feux jumeaux briller comme une double lampe
Qui remuerait au vent !
Quels sont ces deux foyers qu’au loin la brume voile ?
– L’un est un feu de pâtre et l’autre est une étoile ;
Deux mondes, mon enfant ! »
                (Victor Hugo, Les Contemplations, Les Luttes et les Rêves, XXX Magnitudo Parvi)

 Jacky Lavauzelle