18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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L’INCONSCIENT O INCONSCIENTE _______________________________________
Arkhip Kouïndji, Архип Іванович Куїнджі,Архип Иванович Куинджи, La Cathédrale Saint-Isaac,1869
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O Espectro familiar que anda comigo, Le Spectre familier qui m’accompagne, Sem que pudesse ainda ver-lhe o rosto, Sans que je puisse voir son visage, Que umas vezes encaro com desgosto Parfois, je le considère avec répulsion E outras muitas ansioso espreito e sigo. Et souvent, impatient, je le guette et je le suis. * É um espectro mudo, grave, antigo, C’est un spectre silencieux, grave et ancien, Que parece a conversas mal disposto… Qui semble fuir les conversations … Ante esse vulto, ascético e composto Devant cette figure, ascétique et réservée Mil vezes abro a boca… e nada digo. Mille fois j’ouvre la bouche … mais je reste muet. * Só uma vez ousei interrogá-lo: Une seule fois j’ai osé le questionner : Quem és (lhe perguntei com grande abalo) Qui es-tu (ai-je demandé avec effroi), Fantasma a quem odeio e a quem amo? Fantôme que je déteste et que j’aime ?
* Teus irmãos (respondeu) os vãos humanos, Tes frères (répondit-il), les vains humains, Chamam-me Deus, ha mais de dez mil anos… M’appellent Dieu, depuis plus de dix mille ans … Mas eu por mim não sei como me chamo… Mais moi-même, je ne sais quel est mon nom …
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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LE CONVERTI O CONVERTIDO _______________________________________
Arkhip Kouïndji, Архип Куинджи, Reflets de soleil sur givre,1876-1890
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Entre os filhos dum século maldito Parmi les enfants d’un siècle maudit Tomei também lugar na ímpia mesa, J’ai aussi pris place à la table des impies, Onde, sob o folgar, geme a tristeza Où, sous le plaisir, la tristesse gémit Duma ânsia impotente de infinito. D’un désir impuissant d’infini. * Como os outros, cuspi no altar avito Comme les autres, j’ai craché sur l’autel Um rir feito de fel e de impureza… Un rire de fiel et d’impureté … Mas um dia abalou-se-me a firmeza, Mais un jour ma rudesse m’a ébranlé, Deu-me um rebate o coração contrito! Le cœur contrit m’a lancé une alarme ! * Erma, cheia de tédio e de quebranto, Aride, pleine d’ennui et brisée, Rompendo os diques ao represo pranto, Rompant les digues à ses larmes retenues, Virou-se para Deus minha alma triste! Ma triste âme s’est tournée vers Dieu ! * Amortalhei na Fé o pensamento, J’ai enveloppé ma pensée dans la Foi, E achei a paz na inércia e esquecimento… Et j’ai trouvé la paix dans l’inertie et l’oubli … Só me falta saber se Deus existe! J’ai juste besoin de savoir si Dieu existe !
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection, Livre de angústias e felicidades, Libre des angoisses et des félicités, Deixando pelo chão rosas e espinhos; Laissant roses et épines au sol ; * Poder viver em todas as idades; Être capable de vivre à tout âge ; Poder andar por todos os caminhos; Être capable de marcher dans tous les sens ; Indiferente ao bem e às falsidades, Indifférent au bien et au mensonge, Confundindo chacais e passarinhos; Confondre les chacals et les oiseaux; * Passear pela terra, e achar tristonho Se promener sur la terre et trouver triste Tudo que em torno se vê, nela espalhado; Tout ce est autour de vous, dispersé sur elle ; A vida olhar como através de um sonho; Regarder la vie comme à travers un rêve ;
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Chegar onde eu cheguei, subir à altura Atteindre le lieu où je suis, arriver à la hauteur Onde agora me encontro – é ter chegado Où je suis maintenant – c’est avoir trouvé Aos extremos da Paz e da Ventura! Les extrémités de la Paix et de la Fortune !
Sonho que sou um cavaleiro andante. Je rêve que je suis un chevalier errant. Por desertos, por sóis, por noite escura, À travers les déserts, les soleils, la nuit sombre ;
Maestro del Castello della Mantan, Godefroy de Bouillon
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DIALOGUE Diálogo
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet :
Le Gréco, Vue de Tolède sous l’orage,1596-1600, Metropolitan Museum of Art, New York
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection,
Só! – Ao ermita sozinho na montanha Seul ! – Au solitaire ermite sur la montagne, Visita-o Deus e dá-lhe confiança: Dieu lui rend visite et lui donne sa confiance :
Em vão lutamos. Como névoa baça, Nous luttons en vain. Comme un brouillard terne, A incerteza das coisas nos envolve. L’incertitude des choses nous entoure.
Quando nós vamos ambos, de mãos dadas, Quand nous allions tous deux, main dans la main, Colher nos vales lírios e boninas, Récolter dans les vallées marguerites et lis,
Caspar David Friedrich, Lever de lune sur la mer,1821, musée de l’Ermitage, Saint-Pétersbourg
Os que amei, onde estão? Idos, dispersos, Ceux que j’aimais, où sont-ils ? Disparus, dispersés, arrastados no giro dos tufões, entraînés par de violents typhons,
Ary Scheffer, Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, Le Louvre, 1855
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
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Traduction Jacky Lavauzelle
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LE PALAIS DE LA FORTUNE O Palácio da Ventura _______________________________________
Maestro del Castello della Mantan, Godefroy de Bouillon
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Sonho que sou um cavaleiro andante. Je rêve que je suis un chevalier errant. Por desertos, por sóis, por noite escura, À travers les déserts, les soleils, la nuit sombre ; Paladino do amor, busco anelante Défenseur de l’amour, je recherche intensément O palácio encantado da Ventura! Le palais enchanté de la Fortune ! * Mas já desmaio, exausto e vacilante, Mais je me suis déjà évanoui, épuisé et vacillant, Quebrada a espada já, rota a armadura… L’épée et l’armure déjà brisées… E eis que súbito o avisto, fulgurante Et voici, je le vois soudain, éblouissant Na sua pompa e aérea formosura! Dans sa splendeur et son aérienne beauté ! * Com grandes golpes bato à porta e brado: À grands coups, je frappe à la porte et je crie : Eu sou o Vagabundo, o Deserdado… Je suis le Vagabond, le Déshérité … Abri-vos, portas de ouro, ante meus ais! Ouvrez-vous, portes d’or, devant mes malheurs ! * Abrem-se as portas d’ouro com fragor… Les portes dorées enfin s’ouvrent … Mas dentro encontro só, cheio de dor, Mais à l’intérieur je trouve seulement, tant de douleur, Silêncio e escuridão – e nada mais! Tant de silence et d’obscurité – et rien de plus !
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet : —Que és tu, abysmo e jaula, aonde tudo « Qu’êtes-vous, abîmes et prisons, où tout Vive na dor e em lucta cega e brava? vit dans la douleur et dans la lutte aveugle et furieuse ? »
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Sempre em trabalho, condemnada escrava. Toujours au travail, esclave condamné. Que fazes tu de grande e bom, comtudo? Que fais-tu de grand et de bien, après tout ? Resignada, és só lodo informe e rudo; Résigné, tu n’es que de la boue et du bruit informe ; Revoltosa, és só fogo e horrida lava… Dégoûtant, tu n’es seulement qu’une hideuse lave …
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Mas a mim não ha alta e livre serra Mais il n’y a pas de haute montagne libre Que me possa igualar!.. amor, firmeza, Qui puisse m’égaler ! .. amour, fermeté, Sou eu só: sou a paz, tu és a guerra! Je suis seul : je suis la paix, tu es la guerre !
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Sou o espirito, a luz!.. tu és tristeza, Je suis l’esprit, la lumière ! .. tu es la tristesse, Oh lodo escuro e vil!—Porêm a terra Ô vile boue noire ! – A cela la terre Respondeu: Cruz, eu sou a Natureza! Répondit : « Croix, je suis la Nature !«