Poi che la vista angelica, serena, Car la vue angélique et sereine, per súbita partenza in gran dolore Par son prompt départ dans une si grande douleur lasciato à l’alma e ’n tenebroso horrore, a laissé mon âme et dans cet effroyable horreur,…
C’est le destin, maître de tout qui dirige le mouvement. Sans libération avec lassitude, oubli, parfois résignation attendue et sereine, toujours dans l’abandon de toute volonté : « The weariest river, répétait-elle souvent, la rivière la plus lasse, j’aime bien ça…C’est moi, Dickie, la rivière la plus lasse… Et je m’en vais tout doucement vers la mer. » (Climats) …
Une femme dans l’œuvre d’André Maurois n’a aucune personnalité, ou plutôt les a toutes ; elle a la personnalité de l’homme aimé, totalement. La femme se retrouve véritable caméléon. Elle n’est, bien entendu, plus avec Maurois déjà ce qu’elle pouvait être du temps de Molière, par exemple. Les temps ont changé. …
A l’origine était l’amour parfait, un héros, fort et titanesque, et sa belle, fragile, douce et tendre, voire larmoyante. Le héros, Cavalier d’or, magnifique, serait le défenseur, armé et bataillant contre tous les ennemis. Comme dans toute l’œuvre de Maurois, la belle serait là, à attendre ou prisonnière, point fixe, dans sa chambre, sa tour ou son château aimantant le cavalier errant et tournoyant, défendant dans des contrées interlopes, lointaines ou non, l’honneur de sa dame. …
18 avril 1842 – Ponta Delgada (Les Açores)- 11 septembre 1891 Ponta Delgada 18 de abril de 1842 – Ponta Delgada, 11 de setembro de 1891
______________________________________
Traduction Jacky Lavauzelle
_______________________________________
AVEC LES MORTS COM OS MORTOS _______________________________________
Ary Scheffer, Les ombres de Francesca da Rimini et de Paolo Malatesta apparaissent à Dante et à Virgile, Le Louvre, 1855
**********
Os que amei, onde estão? Idos, dispersos, Ceux que j’aimais, où sont-ils ? Disparus, dispersés, arrastados no giro dos tufões, entraînés par de violents typhons, Levados, como em sonho, entre visões, Pris, comme en un rêve, entre visions, Na fuga, no ruir dos universos… Fuites, dans l’effondrement des univers …
*
E eu mesmo, com os pés também imersos Et moi, avec mes pieds aussi emportés Na corrente e à mercê dos turbilhões, Dans le courant et à la merci des tourbillons, Só vejo espuma lívida, em cachões, Je ne vois que la blême écume, E entre ela, aqui e ali, vultos submersos… Et en elle, ici et là, des ombres immergées …
*
Mas se paro um momento, se consigo Mais si je m’arrête un instant, si je peux Fechar os olhos, sinto-os a meu lado Fermer les yeux, je les sens à mes côtés De novo, esses que amei vivem comigo, A nouveau, ceux que j’aimais vivent avec moi,
*
Vejo-os, ouço-os e ouvem-me também, Je les vois, je les entends et ils m’entendent aussi, Juntos no antigo amor, no amor sagrado, Ensemble dans cet ancien amour, dans cet amour sacré, Na comunhão ideal do eterno Bem. Dans la communion idéale du Bien éternel.
Aux sources obscures de l’Être LE ROMANTISME AUX REFLETS D’INFINI
Texte Jacky Lavauzelle
*****
Huile sur papier 50×70
« Après des siècles de déchirement de l’âme, à l’heure de l’agonie des grandes religions établies, se dressant contre les faciles et déplorablement stériles philosophies de progrès, nées de la jobardise de l’homme émerveillé par ses petites découvertes, voici la réclamation de l’enfant sevré du lait maternel, l’appel de l’homme assoiffé, qui veut retourner aux sources obscures de l’Être : la protestation profonde du Romantisme. Là où certains ne voient que fatras sentimental, nous voyons, nous, l’un des plus grands retournements de l’esprit humain. Le plus sûr mérite à nos yeux du Romantisme, c’est d’avoir contraint l’homme à se tenir à l’extrême-pointe de lui-même. En ouvrant les portes des puissances de l’âme aux profondes inspirations du Rêve, de l’Amour et de la Mort, le Romantisme a rendu à l’homme sa noblesse primitive. « Quand je donne aux choses communes un sens auguste, aux réalités ordinaires un aspect mystérieux, aux objets connus, aux êtres finis un reflet d’infini, je les romantise » (Novalis). » Le Romantisme allemand Roger Gilbert-Lecomte Revue Comœdia n°54 du 4 juillet 1942
From love letters De lettres d’amour 150×110 huile sur toile
Keti Dandurovi marche ainsi constamment à l’extrême pointe de la réalité, toujours proche de l’infini. Elle marche un pied dans le néant et l’autre dans la passion. Entre le rouge et le noir. Un long et fragile balancement continu où les êtres se rencontrent et s’accrochent désespérément. Elle porte le plus vieux secret du monde et la plus lourde histoire des hommes. Elle plonge dans les failles quand le monde croit s’évader dans la technique et le divertissement. Elle plonge dans les failles, au creux de l’arbre que tout le monde croit mort mais qui ne fait que se poser un peu dans la folie du présent. Il lui faut une grande maîtrise pour ne pas plonger un peu plus dans les arcanes de l’infini et de ses rivières longues et pénétrantes et de ces arbres qui longent son entrée magistrale. Mais elle en revient avec le noir qu’un soleil fulgurant lui a dévoilé.
« une synthèse des deux états précédents et éclairer ainsi le devenir de l’humanité, célébrer à nouveau les épousailles mystiques de l’homme et de la nature, non plus dans l’innocence primitive, mais avec l’expérience douloureuse de l’enfantement de la conscience. » Roger Gilbert-Lecomte
« La Poésie est le réel absolu…Le sens de la poésie est proche parent de la divination et, d’une façon générale, du sens religieux, de l’intuition du voyant. » soulignait Novalis. La peinture de Keti Dandurovi est aussi essentiellement poétique. Elle écrit avec les plaies du monde, les absences et les manques. Elle écrit comme elle peint et peint comme elle souffre. Elle rentre dans ce monde où elle aperçoit la réalité augmentée, non fractionnée mais unifiée. Dans l’absolu de cette vision, elle se regarde en nous regardant. Elle peint comme un moine en transe peindrait son ultime icône, source et océan à la fois, l’alpha et l’oméga.
Farewell – Adieu Acrylique 150×150
» La seule liberté possible pour un homme lucide jusqu’à la voyance étant d’agir dans le sens du devenir du monde. » (Le Romantisme allemand Roger Gilbert-Lecomte) Aux premières lueurs de l’aube, Keti Dandurovi arrache peu à peu les secrets des mondes et nous les montre dans leur vérité nue. Les danses redoutables des morceaux de vie continuent devant nos yeux étonnés. Des restes de voyages que nous continuons alors. Nous les gardons longtemps comme les trésors qu’un explorateur du lointain a bien voulu nous laisser en témoignage.
JL
Keti Dandurovi dans son atelier
My depressed daughters Mes filles déprimées Huile sur toile 200×200Mistake Erreur 130×90
9. Januar 1890 Berlin – 21. Dezember 1935 Göteborg 9 janvier 1890 – 21 décembre 1935
Traduction Jacky LAVAUZELLE
______________________
KURT TUCHOLSKY GEDICHTE DER GRABEN LA TRANCHÉE
1926 _______________________
Bataille de la Somme (Tranchée de la Prince of Wales’ Division) – Photographie de John Warwick Brooke
********************
Mutter, wozu hast Du Deinen aufgezogen, Mère, pourquoi as-tu élevé ton fils, Hast Dich zwanzig Jahr’ um ihn gequält? Pourquoi t’es-tu tourmentée pendant vingt ans ? Wozu ist er Dir in Deinen Arm geflogen, Pourquoi s’est-il réfugié dans tes bras Und Du hast ihm leise was erzählt? Pendant que doucement tu le rassurais ? Bis sie ihn Dir weggenommen haben Jusqu’à ce qu’ils te le prennent Für den Graben, Mutter, für den Graben! Pour la tranchée, mère, pour la tranchée !
*
Junge, kannst Du noch an Vater denken? Fils, peux-tu te souvenir encore de ton père ? Vater nahm Dich oft auf seinen Arm, Ce père qui te prenait souvent dans ses bras Und er wollt’ Dir einen Groschen schenken, Et qui t’offrait un sou, Und er spielte mit Dir Räuber und Gendarm Et qui jouait au gendarme et au voleur avec toi Bis sie ihn Dir weggenommen haben Jusqu’à ce qu’ils te le prennent Für den Graben, Junge, für den Graben! Pour la tranchée, mon garçon, pour la tranchée !
*
Drüben die französischen Genossen Les camarades français là-bas lagen dicht bei Englands Arbeitsmann. étaient proches des ouvriers anglais. Alle haben sie ihr Blut vergossen, Ils ont tous versé leur sang und zerschossen ruht heut Mann bei Mann. et tiré sur d’autres hommes aujourd’hui. Alte Leute, Männer, mancher Knabe Des vieux et des hommes, des jeunes hommes in dem einen großen Massengrabe. dans une grande fosse commune.
*
Seid nicht stolz auf Orden und Geklunker! Ne soyez pas fier des médailles et des quincailleries ! Seid nicht stolz auf Narben und die Zeit! Ne soyez pas fier des cicatrices et de votre temps ! In die Gräben schickten euch die Junker, Les nobliaux vous ont envoyés dans les tranchées, Staatswahn und der Fabrikantenneid. Nourris par la folie de l’État et l’envie des fabricants. Ihr wart gut genug zum Fraß für Raben, Vous avez été assez bons pour nourrir les corbeaux, für das Grab, Kameraden, für den Graben! pour la tombe, camarades, pour la fosse !
*
Werft die Fahnen fort! Jetez les drapeaux ! Die Militärkapellen spielen auf zu euerm Todestanz. Les fanfares militaires jouent votre danse de la mort. Seid ihr hin: ein Kranz von Immortellen – Vous êtes là : une couronne d’immortelles – das ist dann der Dank des Vaterlands. ce sont les remerciements de la patrie.
*
Denkt an Todesröcheln und Gestöhne. Pensez aux affres et aux gémissements de la mort. Drüben stehen Väter, Mütter, Söhne, Là-bas, il y a des pères, des mères, des fils, schuften schwer, wie ihr, ums bißchen Leben. qui travaillent dur, comme vous, pour un peu de vie. Wollt ihr denen nicht die Hände geben? Ne voulez-vous pas leur serrer la main ? Reicht die Bruderhand als schönste aller Gaben La main fraternelle est le plus beau de tous les cadeaux übern Graben, Leute, übern Graben -! au-dessus des tranchées, camarades , au-dessus des tranchées !
************
1926
**************
Unter dem Pseudonym Theobald Tiger Sous le pseudonyme de Théobald Tiger
UNE SI COURTE ANNÉE Todo tras sí lo lleva el año breve
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
*****
Todo tras sí lo lleva el año breve Tout est emporté par la si courte année de la vida mortal, burlando el brío de notre vie mortelle, qui se moque de la verve al Acero valiente, al mármol frío, du brave acier, du marbre froid, que contra el tiempo su dureza atreve. qui, contre le temps, tente de braver leur dureté…
Tutto ’l dí piango; et poi la notte, quando
Tout le jour je pleure ; et puis la nuit, quand prendon riposo i miseri mortali,
les pauvres mortels se reposent, trovomi in pianto, et raddoppiansi i mali:
je me retrouve toujours à pleurer et mes maux sont d’autant amplifiés :…
PESANTEUR & TENDRESSE 1920 Сёстры тяжесть и нежность
_________________________________________________
*
***************
Сёстры тяжесть и нежность, одинаковы ваши приметы. Elles sont sœurs, la pesanteur et la tendresse, aux signes similaires. Медуницы и осы тяжёлую розу сосут. Les frêles mouches et les guêpes sucent la rose grasse…