Tu voyais sous tes pas un gouffre se creuser Qu’élargissaient sans fin le doute et l’ironie. . . Et, penché sur cette ombre, en ta longue insomnie, Tu sentais un frisson mortel te traverser.
À l’abîme vorace, alors, sans balancer, Tu jetas ton grand cœur brisé, ta chair punie, Tu jetas ta raison, ta gloire et ton génie, Et la douceur de vivre et l’orgueil de penser.
Ayant de tes débris comblé le précipice, Ivre de ton sublime et sanglant sacrifice, Tu plantas une croix sur ce vaste tombeau.
Mais, sous l’entassement des ruines vivantes, L’abîme se rouvrait, et, prise d’épouvantes, La croix du Rédempteur tremblait comme un roseau.
Sonho que sou um cavaleiro andante. Je rêve que je suis un chevalier errant. Por desertos, por sóis, por noite escura, À travers les déserts, les soleils, la nuit sombre ;
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DIALOGUE Diálogo
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet :
Viver assim: sem ciúmes, sem saudades, Vivre ainsi : sans jalousie, sans envie, Sem amor, sem anseios, sem carinhos, Sans amour, sans désir, sans affection,
Só! – Ao ermita sozinho na montanha Seul ! – Au solitaire ermite sur la montagne, Visita-o Deus e dá-lhe confiança: Dieu lui rend visite et lui donne sa confiance :
Em vão lutamos. Como névoa baça, Nous luttons en vain. Comme un brouillard terne, A incerteza das coisas nos envolve. L’incertitude des choses nous entoure.
Quando nós vamos ambos, de mãos dadas, Quand nous allions tous deux, main dans la main, Colher nos vales lírios e boninas, Récolter dans les vallées marguerites et lis,
Os que amei, onde estão? Idos, dispersos, Ceux que j’aimais, où sont-ils ? Disparus, dispersés, arrastados no giro dos tufões, entraînés par de violents typhons,
A cruz dizia á terra onde assentava, La croix a dit à la terre où elle reposait, Ao valle obscuro, ao monte aspero e mudo: À la vallée obscure, au mont rude et muet : —Que és tu, abysmo e jaula, aonde tudo « Qu’êtes-vous, abîmes et prisons, où tout Vive na dor e em lucta cega e brava? vit dans la douleur et dans la lutte aveugle et furieuse ? »
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Sempre em trabalho, condemnada escrava. Toujours au travail, esclave condamné. Que fazes tu de grande e bom, comtudo? Que fais-tu de grand et de bien, après tout ? Resignada, és só lodo informe e rudo; Résigné, tu n’es que de la boue et du bruit informe ; Revoltosa, és só fogo e horrida lava… Dégoûtant, tu n’es seulement qu’une hideuse lave …
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Mas a mim não ha alta e livre serra Mais il n’y a pas de haute montagne libre Que me possa igualar!.. amor, firmeza, Qui puisse m’égaler ! .. amour, fermeté, Sou eu só: sou a paz, tu és a guerra! Je suis seul : je suis la paix, tu es la guerre !
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Sou o espirito, a luz!.. tu és tristeza, Je suis l’esprit, la lumière ! .. tu es la tristesse, Oh lodo escuro e vil!—Porêm a terra Ô vile boue noire ! – A cela la terre Respondeu: Cruz, eu sou a Natureza! Répondit : « Croix, je suis la Nature !«
Portrait de Joseph d’Arimathie Le Pérugin il Perugino
Now when the darkness came over the earth Joseph of Arimathea, having lighted a torch of pinewood, passed down from the hill into the valley.
Or, quand les ténèbres arrivèrent sur la terre, Joseph d’Arimathie, ayant allumé une torche de bois de pin, descendit de la colline dans la vallée. For he had business in his own home.
Car il avait des affaires à régler dans sa propre maison.
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And kneeling on the flint stones of the Valley of Desolation he saw a young man who was naked and weeping.
Et, agenouillé sur les pierres de silex de la Vallée de Désolation, il vit un jeune homme nu pleurant. His hair was the colour of honey, and his body was as a white flower, but he had wounded his body with thorns and on his hair had he set ashes as a crown.
Ses cheveux étaient couleur du miel, et son corps comme une fleur blanche, mais il avait blessé son corps avec des épines et sur ses cheveux avait mis les cendres comme une couronne.
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And he who had great possessions said to the young man who was naked and weeping,
Et celui qui avait de grandes possessions dit au jeune homme qui était nu et qui pleurait : `I do not wonder that your sorrow is so great, for surely He was a just man.’
« Je ne suis pas surpris que votre chagrin soit si grand, car Il était certainement un homme juste. »
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And the young man answered,
Et le jeune homme répondit : `It is not for Him that I am weeping, but for myself. « Ce n’est pas pour lui que je pleure, mais pour moi. I too have changed water into wine, and I have healed the leper and given sight to the blind. Moi aussi, j’ai changé l’eau en vin, et j’ai guéri le lépreux et donné la vue aux aveugles. I have walked upon the waters, and from the dwellers in the tombs I have cast out devils. J’ai marché sur les eaux, et des habitants des tombes, j’ai chassé les démons. have fed the hungry in the desert where there was no food, and I have raised the dead from their narrow houses, and at my bidding, and before a great multitude of people, a barren fig-tree withered away. J’ai nourri les affamés dans le désert où il n’y avait pas de nourriture, et j’ai ressuscité les morts de leurs maisons étroites, et à ma demande, et devant une grande multitude de gens, un figuier stérile a refleuri. IAll things that this man has done I have done also. Tout ce que cet homme a fait, je l’ai fait aussi. And yet they have not crucified me.’ Et pourtant ils ne m’ont pas crucifié. »
SELECTION ARTGITATO
CHANSON FRANCAISE
LE BON VIEUX CHANSON
PAROLES de Aimé RUFFIER (18xx-1912)
MUSIQUE de A FATTORINI
– LE BON VIEUX
1er COUPLET Moderato
Le bon vieux n’a plus qu’une jambe,
Plus qu’un bras et quatre-vingts ans,
Pourtant il est encore moins ingambe
Et moins triste que bien des gens ;
Car il porte sur sa poitrine
La croix gagnée au champ d’honneur,
C’est un brave de la marine,
Un de ceux qui n’ont jamais peur.
REFRAIN
Les gamins vont avec malice
Rôder près de sa jambe en bois,
Fais nous donc faire l’exercice
Lui demandent-ils quelques fois.
2ème COUPLET Et le bon vieux se met en quatre, Leur fait des fusils et des bâtons Et leur apprend l’art de se battre Au son des tambours et clairons ; Il leur parle de la revanche, Du pays que l’on reprendra, Et sa voix est si vibrante et franche Quand il leur dit : « qu’il le faudra !«
REFRAIN
Lorsque d’enfant vous serez homme,
Vous serez la force et l’espoir
Je serai mort, moi, mais en somme
J’aurai bien rempli mon devoir.
CODA Et les bambins sont tout moroses, Ils ont des larmes dans les yeux, En entendant toutes ces choses, Il pleure aussi le pauvre vieux !