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L’AUTRE HOMME – Poème de Kurt TUCHOLSKY – DER ANDRE MANN – 1930

LITTERATURE ALLEMANDE

Poèmes Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder

KURT TUCHOLSKY

9. Januar 1890 Berlin – 21. Dezember 1935 Göteborg
9 janvier 1890 – 21 décembre 1935

Traduction Jacky LAVAUZELLE 

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KURT TUCHOLSKY GEDICHTE

DER ANDRE MANN
L’AUTRE HOMME

1930
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Charles Meynier, Apollon du Belvédère sur fond de paysage, musée de la Révolution française & Gustave Caillebotte, L’homme à son bain, 1884

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Du lernst ihn in einer Gesellschaft kennen.
Tu le rencontres en société.
Er plaudert. Er ist zu dir nett.
Il pérore. Comme il est gentil avec toi.
Er kann dir alle Tenniscracks nennen.
Il connaît tout des arcanes du tennis.
Er sieht gut aus. Ohne Fett.
Comme il est intéressant. Comme il est affûté.
Er tanzt ausgezeichnet. Du siehst ihn dir an …
Comme il danse divinement. Tu l’admires …
Dann tritt zu euch beiden dein Mann.
Voilà ton mari qui arrive et qui se joint à vous.

*

Und du vergleichst sie in deinem Gemüte.
Et dans ta tête, tu les compares.
Dein Mann kommt nicht gut dabei weg.
Ton mari n’a pas l’avantage, visiblement.
Wie er schon dasteht — du liebe Güte!
Alors qu’il se tient là – bonté divine !
Und hinten am Hals der Speck!
Mais comme son cou est gras !
Und du denkst bei dir so: « Eigentlich …
Et tu penses alors ça : « En fait ...
Der da wäre ein Mann für mich. »
Celui-là serait bien un homme pour moi. « 

*

Ach, gnädige Frau! Hör auf einen wahren
Oh, madame ! Écoute un vrai
und guten alten Papa!
et vénérable vieux papa !
Hättst du den Neuen: in ein, zwei Jahren
Si tu sortais avec ce nouveau bellâtre : dans un an ou deux
ständest du ebenso da!
tu serais dans la même situation !
Dann kennst du seine Nuancen beim Kosen;
Alors, tu connaîtrais toutes les nuances de chacune de ses caresses ;
dann kennst du ihn in Unterhosen;
alors tu l’aurais vu en slip ;
dann wird er satt in deinem Besitze;
alors qu’il serait satisfait par ta possession ;
dann kennst du alle seine Witze.
Mais toi tu connaîtrais toutes ses blagues.
Dann siehst du ihn in Freude und Zorn,
Ensuite, tu l’aurais vu dans la joie et la colère
von oben und unten, von hinten und vorn …
de haut en bas, de tous côtés …
Glaub mir: wenn man uns näher kennt,
Crois-moi: si tu nous connaissais mieux, nous les hommes,
gibt sich das mit dem happy end.
tu oublierais la vision d’une fin heureuse.
Wir sind manchmal reizend, auf einer Feier …
Nous sommes parfois charmants, lors d’une fête …
und den Rest des Tages ganz wie Herr Meyer.
et le reste de la journée nous sommes comme tout un chacun.
Beurteil uns nie nach den besten Stunden.
Ne nous juge jamais dans nos meilleurs moments.

*

Und hast du einen Kerl gefunden,
Et si tu trouves un gars
mit dem man einigermaßen auskommen kann:
avec lequel tu penses pouvoir bien t’entendre :
dann bleib bei dem eigenen Mann!
il vaut mieux que tu restes avec ton propre mari !


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Unter dem Pseudonym Theobald Tiger
Sous le pseudonyme de Teobald Tiger
1930


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L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est salamandre-1024x536.jpg.

LES FENÊTRES – Poème de Cavafy – Τα Παράθυρα – Καβάφης

Poème de Cavafy
Gr
èce – Ελλάδα

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Traduction Jacky Lavauzelle*******

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Constantin Cavafy poèmes
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LITTERATURE GRECQUE
POESIE GRECQUE

Ελληνική λογοτεχνία
Ελληνική ποίηση

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Constantin Cavafy
Καβάφης
1863 – 1933

Traduction Jacky Lavauzelle

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Traduction Jacky Lavauzelle


LES POEMES GRECS

 LES FENÊTRES
Τα Παράθυρα

 

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Traduction Jacky Lavauzelle
Gustave Caillebotte, Jeune homme à la fenêtre, 1876, Collection Privée, New York

 

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Σ’ αυτές τες σκοτεινές κάμαρες, που περνώ
Dans ces pièces sombres, je passe
μέρες βαρυές, επάνω κάτω τριγυρνώ
des jours si lourds à la recherche
για  νά ‘βρω τα παράθυρα.— Όταν ανοίξει
de fenêtres – Une qui serait ouverte
ένα παράθυρο θά ‘ναι παρηγορία.—
une fenêtre qui ferait mon bonheur, une seulement.
Μα τα παράθυρα δεν βρίσκονται, ή δεν μπορώ
Mais les fenêtres ne sont pas là, ou bien est-ce moi
να τά ‘βρω. Και καλλίτερα ίσως να μην τα βρω.
qui ne les trouve pas. Et c’est peut-être mieux, ma foi.
Ίσως το φως θά ‘ναι μια νέα τυραννία.
La lumière serait peut-être mon nouveau tyran.
Ποιος ξέρει τι καινούρια πράγματα θα δείξει.
Qui sait les nouvelles choses qu’elle peut nous montrer.

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Καβάφης
Traduction Jacky Lavauzelle

ARTGITATO
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LA POESIE GRECQUE EN GRECE 

Le langage est ce qu’il y a en Grèce de plus antique. C’est un grand charme pour celui qui a voué un culte à l’antiquité grecque d’entendre parler grec autour de lui, de reconnaître dans les conversations d’un guide ou d’un marinier tel mot qu’il n’avait jusque-là rencontré que dans Homère. Il semble alors qu’on est réellement transporté dans la Grèce antique ; on est tenté de dire aux passans, comme Philoctète à ses compatriotes retrouvés dans Lemnos : je veux vous entendre, et de s’écrier comme lui, ô langage bien aimé ! Mais, pour se livrer à ce transport, il faudrait, dira-t-on, que ce langage fût celui des anciens Hellènes, et non pas un dérivé imparfait que défigure une prononciation bizarre. A cela on peut répondre : Quant à la prononciation, il n’y a pas de raison pour que les descendans de Périclès adoptent le système qu’un savant Hollandais a imaginé au XVIe siècle. Du reste la question est délicate et ne saurait être traitée ici. Qu’il suffise d’affirmer que plusieurs règles de prononciation, adoptées par les Grecs modernes, remontent à la plus haute antiquité, et que l’on trouve déjà dans le second siècle de notre ère des exemples de l’iotacisme, c’est-à-dire de ê, ei, oi, prononcés i, bien que l’iotacisme ne paraisse avoir été définitivement et complètement constituée qu’au Xe ou XIe siècle.

Dans le langage populaire de certaines parties de la Grèce, on retrouve quelques vestiges des dialectes qui y furent parlé autrefois. En général, les anciens dialectes grecs ont péri par suite de la conquête, qui les a éteints avec la vie locale des pays subjugués. Cependant ils n’ont pas disparu entièrement ; on retrouve des traces assez nombreuses du dialecte œolien dans la Béotie et la Phocide, et dans un canton montagneux du Péloponèse, la Tzaconie, le dialecte dorien s’est merveilleusement conservé un certain nombre de mots grecs oubliés par le temps ont été remplacés dans l’usage par une autre expression : ainsi, trecho, courir, au lieu de dremo ; au lieu d’artos, pain, psomi. Eh bien ! il arrive que le vieux mot grec oublié se retrouve dans un coin de la Grèce, par exemple dremo dans les villages du Parnasse…

Jean-Jacques Ampère
La poésie grecques en Grèce
Seconde Partie
Revue des Deux Mondes, tome 7, 1844

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Καβάφης
Constantin Cavafy
Έλληνα ποιητή
Poème de Cavafy

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working citation The Prophet WORK KHALIL GIBRAN CITATION LE TRAVAIL

working citation
The Prophet

WORK Le Travail- Le Prophète VII
KHALIL GIBRAN
Littérature Libanaise
Lebanese literature
le-prophete-khalil-gibran-fred-holland-day-1898Photographie de Fred Holland Day
1898

 





جبران خليل جبران
Gibran Khalil Gibran
1883–1931
le-prophete-khalil-gibran-the-prophete-n

Traduction Jacky Lavauzelle

Working Citation

THE PROPHET VII
WORK
LE TRAVAIL
 

1923




working citation
The Prophet
Work
Khalil Gibran
Le Prophète VII
Le Travail

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the-prophet-khalil-gibran-le-prophete-artgitato-gustave-caillebotte-the-floor-planers-les-raboteurs-de-parquet

Gustave Caillebotte  The Floor Planers Les Raboteurs de parquet – 1875 – Musée d’Orsay – Paris

Working Citation

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WORK THE PROPHET

working citation

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Then a ploughman said, « Speak to us of Work. »
Puis le laboureur dit : « Parle-nous du Travail. »

And he answered, saying:
Et il répondit en disant :

You work that you may keep pace with the earth and the soul of the earth.
Vous travaillez pour pouvoir suivre le rythme avec la terre et avec  l’âme de la terre.

For to be idle is to become a stranger unto the seasons, and to step out of life’s procession, that marches in majesty and proud submission towards the infinite.
Être inactif c’est devenir un étranger aux saisons, et de s’éloigner de la procession de la vie, qui marche dans une soumission majestueuse et qui marche fière vers l’infini.

When you work you are a flute through whose heart the whispering of the hours turns to music.
Lorsque vous travaillez, vous êtes une flute à travers laquelle le cœur change en musique le chuchotement des heures .

Which of you would be a reed, dumb and silent, when all else sings together in unison?
Lequel d’entre vous serait un roseau, muet et silencieux, quand tout le reste chante à l’unisson ?

Always you have been told that work is a curse and labour a misfortune.
Toujours on vous a dit que le travail est une malédiction et le labeur un malheur.

But I say to you that when you work you fulfil a part of earth’s furthest dream, assigned to you when that dream was born,
Mais je vous dis que lorsque vous travaillez vous remplissez une partie d’un rêve lointain de la terre, à vous assigné lorsque ce rêve est né,

And in keeping yourself with labour you are in truth loving life,
Et c’est en vous gardant au travail que vous êtes dans l’aimable vérité de la vie,

And to love life through labour is to be intimate with life’s inmost secret.
Et à aimer la vie par le travail c’est devenir intime avec le secret le plus fondamental de la vie.

But if you in your pain call birth an affliction and the support of the flesh a curse written upon your brow, then I answer that naught but the sweat of your brow shall wash away that which is written.
Mais si vous voyez votre naissance, dans votre peine, telle une affliction et le poids de la chair telle une malédiction écrite sur votre front, alors je réponds que rien d’autre que la sueur de votre front ne pourra laver ce qui y est écrit.

You have been told also life is darkness, and in your weariness you echo what was said by the weary.
On vous a dit aussi : « la vie est obscurité« , et dans votre lassitude vous faites écho à ce qui a été dit par lassitude.

And I say that life is indeed darkness save when there is urge,
Et je dis que la vie est en effet obscurité, sauf quand il y a envie,

And all urge is blind save when there is knowledge,
Et toute envie est aveugle sauf quand il y a la connaissance,

And all knowledge is vain save when there is work,
Et toute connaissance est vaine sauf quand il y a du travail,

And all work is empty save when there is love;
Et tout le travail est vide, sauf quand il y a l’amour ;

And when you work with love you bind yourself to yourself, and to one another, and to God.
Et quand vous travaillez avec amour vous vous liez à vous-même et aux autres, et à Dieu.

And what is it to work with love?
Et que veut donc dire travailler avec amour ?

It is to weave the cloth with threads drawn from your heart, even as if your beloved were to wear that cloth.
C’est tisser la toile avec des fils tirés de votre cœur, comme si votre bien-aimé devait porter ce tissu.

It is to build a house with affection, even as if your beloved were to dwell in that house.
C’est de construire une maison avec affection, comme si votre bien-aimé devait habiter dans cette maison.

It is to sow seeds with tenderness and reap the harvest with joy, even as if your beloved were to eat the fruit.
C’est semer les graines avec tendresse et récolter la moisson avec joie, comme si votre bien-aimé devait en manger le fruit.

It is to charge all things you fashion with a breath of your own spirit,
C’est charger toutes les choses que vous réalisez avec un souffle de votre propre esprit,

And to know that all the blessed dead are standing about you and watching.
Et savoir que tous les morts bienheureux sont debout à vos côtés et vous regardent.

Often have I heard you say, as if speaking in sleep, « he who works in marble, and finds the shape of his own soul in the stone, is a nobler than he who ploughs the soil.
J’ai souvent entendu dire, comme si  vous parliez en dormant, « celui qui travaille dans le marbre, et trouve la forme de son âme dans la pierre, est un plus noble que celui qui laboure le sol.

And he who seizes the rainbow to lay it on a cloth in the likeness of man, is more than he who makes the sandals for our feet. »
Et celui qui saisit l’arc en ciel pour le poser sur un chiffon à la ressemblance de l’homme, est plus grand que celui qui réalise les sandales pour nos pieds. « 

But I say, not in sleep but in the over-wakefulness of noontide, that the wind speaks not more sweetly to the giant oaks than to the least of all the blades of grass;
Mais je dis, non pas en dormant, mais en étant totalement éveillé en plein midi, que le vent ne parle pas plus doucement aux chênes géants qu’au moindre brin d’herbe ;

And he alone is great who turns the voice of the wind into a song made sweeter by his own loving.
Et lui seul est grand celui qui a changé la voix du vent en une chanson plus douce par son propre amour.

Work is love made visible.
Le travail est l’amour devenu visible.

And if you cannot work with love but only with distaste, it is better that you should leave your work and sit at the gate of the temple and take alms of those who work with joy.
Et si vous ne pouvez pas travailler avec amour mais seulement avec dégoût, il est préférable que vous quittiez votre travail et que vous vous asseyiez à la porte du temple et receviez l’aumône de ceux qui travaillent avec joie.

For if you bake bread with indifference, you bake a bitter bread that feeds but half man’s hunger.
Car si vous faites cuire du pain avec indifférence, vous faites cuire un pain amer qui ne nourrit que la moitié de la faim d’un homme.

And if you grudge the crushing of the grapes, your grudge distils a poison in the wine.
Et si vous écrasez des raisins sans joie, votre rancune distille alors un poison dans le vin.

And if you sing though as angels, and love not the singing, you muffle man’s ears to the voices of the day and the voices of the night.
Et si vous chantez comme les anges, mais que vous n’aimiez pas le chant, vous voilez aux oreilles de l’homme les voix du jour et les voix de la nuit.

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The Prophet
working citation