DEUX PERSONNAGES DE LA COUR
Musée Guimet Dynastie Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts – Guimet
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
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Photos Artgitato
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Musée Guimet Dynastie Tang
Musée national des arts asiatiques – Guimet
National Museum of Asian Arts
亚洲艺术国家博物馆 – 集美
Национальный музей восточных искусств – Гиме
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LE MUSEE GUIMET DYNASTIE TANG
TREIZIEME DYNASTIE
吉梅博物馆巴黎
музей Гиме Париж
Musée Guimet Dynastie Tang
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Guimet DYNASTIE TANG
唐代艺术
CHINE DYNASTIE TANG
唐朝
618-690 & 705-907
Chine du Nord
中国北方
Chine de Nord
Deux Personnages de la Cour
Fin du VIIe siècle
公元七世纪
Terre cuite engobée et peinte
Collection Robert Rousset 1978
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FIN DU VIIe siècle
IMPERATRICE WU
[Ou-Heou 684-705]
UN REGNE CRUEL DE VINGT-ET-UN ANS
Cette princesse, aussi artificieuse qu’elle était cruelle, voulut se maintenir dans toute l’autorité que le défunt empereur avait eu la lâcheté de lui confier. Pour y réussir, elle chassa son fils, qui avait été déclaré héritier de la couronne, et lui donna une petite souveraineté dans la province de Hou quang. Elle mit à sa place son troisième fils, qui était fort jeune, et qui n’eut que le titre d’empereur. Elle commença d’abord par se défaire de tous ceux qu’elle soupçonnait de n’être pas dans ses intérêts, et dans un seul jour elle fit mourir quantité de seigneurs des premières familles de l’empire.
L’année quinzième de ce règne, il s’éleva une persécution contre la religion chrétienne, qui dura environ quinze ans. La même année le colao nommé Tié, eut le courage de presser vivement la reine en faveur de son fils, qui avait été nommé héritier de la couronne par Kao tsong, et qu’elle avait exilé depuis quatorze ans. La raison qu’il apporta, c’est qu’il était inouï qu’on mît dans la salle des ancêtres, un nom qui ne serait pas de la famille, et que les descendants ne voudraient jamais le reconnaître.
On rappela donc ce prince de son exil, et il demeura pendant sept ans dans le palais oriental jusqu’à la mort de Vou heou, qu’il monta sur le trône. C’est ce qui arriva l’année quarante-unième du cycle, que mourut cette princesse, âgée de quatre-vingt-un ans.
Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang
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SECOND EMPEREUR DE LA DYNASTIE TANG
TANG TAIZONG
Le restaurateur des sciences et des lettres
唐太宗
600-649
Règne de 629-649
Ce fut la vingt-quatrième année du cycle que Tai tsong gouverna l’empire ; il est regardé des Chinois comme un des plus grands empereurs que la Chine ait jamais eu. Ils louent surtout sa sagesse, le favorable accès que trouvaient auprès de sa personne tous ceux qui étaient capables de lui donner de sages conseils, ou qui étaient assez courageux pour l’avertir de ses défauts ; sa modération et sa frugalité, qui étaient si grandes, qu’il ne permit jamais qu’on servît plus de huit mets à sa table, et qu’il chassa presque toutes les concubines de son palais. Mais ce qu’il y a eu de plus heureux pour ce prince, c’est que sous son règne la religion chrétienne ait pénétré dans son empire, comme on le verra dans la suite.
Il fit venir de tous côtés les meilleurs livres, et il devint en quelque sorte le restaurateur des sciences par le soin qu’il prit de rétablir dans son palais une académie pour les lettres. On y comptait huit mille disciples, parmi lesquels il y avait plusieurs enfants des princes étrangers. Il leur donna d’habiles maîtres, et entre ceux-là il y en avait dix-huit des plus excellents, qui présidaient aux études, et qu’on appelait Che pa hio sseë.
Il établit pareillement une académie militaire, où l’on s’exerçait à tirer de l’arc et il assistait lui-même très souvent à ces exercices. C’est ce qui ne fut pas du goût des ministres, qui ne pouvaient approuver que l’empereur parût dans cette académie. Ils lui en représentèrent l’indécence, et le danger qu’il y avait pour sa personne. « Je me regarde dans mon empire, répondit Tai tsong, comme un père dans sa famille, et je porte dans mon sein tous mes sujets, comme s’ils étaient mes enfants : qu’aurais-je à craindre ? »
Cette affection pour les sujets, lui faisait dire qu’il voulait que son peuple eût abondamment tout ce qui était nécessaire à la vie. « Le salut de l’empire ajouta-t-il, dépend du peuple. Un empereur qui foule et épuise son peuple pour s’enrichir est semblable à un homme qui couperait sa chair en petits morceaux pour s’en remplir l’estomac : il se remplit, il est vrai, mais il faut qu’en peu de temps tout le corps périsse. Combien d’empereurs dont la cupidité a causé leur perte ! Que de dépenses pour la satisfaire ! Pour fournir à ces dépenses, que d’impôts dont on surcharge le pauvre peuple ! Le peuple étant vexé et opprimé, que devient l’empire ? N’est-il pas sur le penchant de sa ruine ? Et l’empire périssant, quel est le sort de l’empereur ? Ce sont ces réflexions ajouta-t-il, qui me servent de frein pour modérer mes désirs. »
Il avait défendu aux magistrats, sous peine de la vie, de recevoir des présents. Pour s’assurer de l’exécution de ses ordres, il fit tenter un mandarin par un homme qu’il aposta pour lui faire un présent : ce mandarin le reçut, et l’empereur en étant informé, le condamna à mort.
Sur quoi son colao lui dit : « Grand prince, votre arrêt est juste, et le mandarin mérite la mort : mais vous, qui lui avez tendu un piège pour le faire tomber dans la faute qu’il a commise, êtes-vous tout à fait innocent, et ne participez-vous pas à son crime ? » Cette remontrance eut son effet, et l’empereur pardonna au coupable.
L’année suivante un des plus grands mandarins de guerre, reçut pareillement un habit de soie, dont on lui fit présent. L’empereur, qui en fut averti, lui envoya aussitôt quantité d’étoffes de soie. Ceux de la cour qui en furent témoins, ne purent retenir leur indignation et s’écrièrent que ce mandarin méritait le châtiment porté par la loi, et non pas une récompense. « La confusion dont il sera couvert, répondit l’empereur, sera pour lui une peine plus sensible, que le plus cruel supplice : ces étoffes que je lui envoie, loin de l’honorer, lui reprocheront continuellement sa faute. »
Toutes les fois qu’on était menacé de disette, ou par la sécheresse, ou par des pluies trop abondantes, à l’exemple des anciens empereurs, il publiait un édit, par lequel il ordonnait qu’on l’avertît des fautes dans lesquelles il aurait pu tomber, afin qu’il pût s’en corriger, et apaiser le courroux du Ciel.
Il n’ajoutait aucune foi aux augures. Un jour que des cigognes faisant leur nid en sa présence, s’arrêtèrent, et battirent des ailes, ses courtisans lui en témoignèrent leur joie, sur ce que ce battement des ailes pronostiquait quelque bonheur auquel il ne s’attendait pas. L’empereur ayant souri à leur discours flatteur, Choui tsai te hien, dit-il, ce qui signifie : un présage heureux pour moi, c’est d’être environné de sages ; et à l’instant il fit abattre le nid.
La seconde année de son règne, les campagnes furent couvertes de sauterelles, qui, par le ravage qu’elles faisaient, menaçaient d’une grande famine. « Malheureux insectes, s’écria l’empereur avec un profond soupir, en ruinant les moissons, vous ôtez la vie à mon peuple ; ah ! j’aimerais beaucoup mieux que vous dévorassiez mes entrailles ; » et en disant ces paroles, il avala une sauterelle toute vive.
En lisant les livres de médecine, composés par l’empereur Hoang ti, il y trouva que quand on meurtrit ou qu’on blesse les épaules d’un homme, les parties nobles du dedans en sont offensées. Dès lors il fit une loi, qui ordonnait de ne plus donner la bastonnade sur le dos des coupables : mais plus bas, et de la manière qu’elle se pratique encore aujourd’hui dans tout l’empire.
Il avait coutume de dire, qu’un empereur est semblable à un architecte : quand un édifice est bien construit, et appuyé sur de solides fondements, si l’architecte s’avisait d’y faire de nouveaux changements, il l’exposerait à une ruine certaine. Il en est de même de l’empire : quand il est une fois bien établi, et gouverné par de sages lois, il faut bien se donner de garde d’y introduire aucune nouveauté.
« C’est un commun proverbe, dit-il une autre fois, qu’un empereur est craint de tout le monde, et qu’il n’a rien à craindre. Ce n’est pas là mon sentiment : je crains sans cesse, et la providence de l’empereur du Ciel, à qui rien n’échappe, et les yeux de mes sujets, qui sont continuellement attachés sur moi ; c’est pour cela que je veille à tout moment sur moi-même, pour ne rien faire qui ne soit conforme aux volontés du Ciel et aux désirs de mes peuples. »
Pour consoler son peuple dans un temps de sécheresse, il donna la liberté aux prisonniers, et accorda une amnistie générale, en ajoutant néanmoins que c’était une indulgence dont un prince devait user sobrement, de crainte que l’impunité des méchants ne fut préjudiciable aux gens de bien, et qu’il fallait arracher l’ivraie, de peur qu’elle ne nuisît au bon grain.
L’année septième de son règne, il visita en personne les prisons publiques. Il y avait trois cent quatre-vingt-dix prisonniers, qui tous méritaient la mort : il leur fit ouvrir les prisons, avec ordre d’y revenir aussitôt après la récolte. Tous, sans qu’un seul y manquât, s’y rendirent au temps marqué.
L’empereur fut tellement surpris de leur fidélité à garder leur parole, la joie qu’il en eut, fut si grande, qu’il leur accorda à tous la vie et la liberté.
Les annales chinoises rapportent, que la huitième année de ce règne, on vit arriver à la Chine des ambassadeurs des nations éloignées, dont l’air, la figure, et les habillements étaient tout à fait étrangers aux Chinois, qui n’en avaient jamais vu de semblables ; que l’empereur même s’applaudit, de ce que sous son règne, des hommes qui avaient les cheveux blonds et les yeux bleus, eussent pénétré dans son empire. Il paraît certain que ces étrangers sont ceux, dont on lit les noms sur le monument de pierre trouvé en 1625 à Si ngan fou dans la province de Chen si. On y voit la croix, un abrégé de la loi chrétienne, les noms de soixante-douze prédicateurs de cette loi, gravés en caractères syriaques, et la date qui marque l’année huitième du règne de Tai tsong.
On conserve dans la bibliothèque du roi un vieux manuscrit arabe, où on lit que c’est en ce même temps qu’un patriarche catholique des Indes envoya à la Chine des prédicateurs de l’Évangile. On les reçut avec honneur dans la ville impériale, où ils furent introduits par Fan hiuen ling, colao de l’empire.
Ce fut vers ce temps-là que l’empereur fît choix de treize personnes les plus distinguées par leur mérite, et par leur intégrité, pour visiter toutes les parties de son empire ; et en les envoyant, il leur donna plein pouvoir d’exercer souverainement la justice, et de punir sévèrement les gouverneurs des villes, et les vicerois des provinces, dont la conduite serait répréhensible.
Il fut sensiblement affligé l’année dixième de son règne par la perte qu’il fit de l’impératrice nommée Tchang sun. C’était une princesse, qui joignait à une rare prudence, une capacité peu ordinaire aux personnes de son sexe. On a remarqué que tant qu’elle vécut, de cette multitude d’officiers qui servent dans le palais, il n’y en eut aucun qu’on ait puni avec sévérité, ce qui est presque sans exemple.
L’empereur s’étant lassé des avis fréquents et importuns que lui donnait son colao nommé Guei tching lui défendit de paraître en sa présence. L’impératrice, qui en fut informée, prit aussitôt ses plus riches parures, et alla trouver son mari. « Prince, lui dit-elle, j’ai souvent ouï dire que quand un empereur a de la sagesse et de la pénétration, ses sujets ont de la droiture, et ne craignent point de dire la vérité. Vous avez un colao d’un esprit droit et incapable de dissimuler ; c’est ce qui me fait juger quelle est votre sagesse, et combien elle mérite d’être applaudie ; et c’est pourquoi je viens vous en féliciter, et vous en témoigner ma joie. » Ce compliment apaisa l’empereur, et le ministre fut rétabli dans sa première faveur.
Cette princesse avait composé un livre divisé en trente chapitres, sur la manière dont on doit se gouverner dans l’appartement intérieur des femmes. L’empereur le tenant entre ses mains, et fondant en larmes : « Voilà, dit-il, des règlements qui devraient s’observer dans tous les siècles. Je sais, ajouta-t-il, que l’affliction où je suis, m’est venue du Ciel, et qu’il n’y a point de remède. Mais quand je pense à la perte que j’ai faite d’une compagne si fidèle et si accomplie, que je me vois privé pour toujours de ses sages conseils, m’est-il possible de retenir mes larmes ? » Il voulut laisser un monument éternel de sa douleur, et pour cela il lui fit élever un mausolée, beaucoup plus magnifique que celui qu’il avait ordonné pour son père, qui était mort l’année précédente.
Un jour se trouvant avec son colao sur une éminence, d’où l’on apercevait ce mausolée, et le lui ayant fait remarquer, le colao fit semblant de ne pas l’apercevoir. « Prince, lui dit-il, je croyais que vous me montriez le sépulcre de votre père ; car pour celui de votre épouse, il y a longtemps que je l’ai vu. »
A ce discours, le prince ne put s’empêcher de pleurer, et touché du secret reproche que lui faisait son ministre, il fit abattre le mausolée. Tant il est vrai que parmi les Chinois la piété filiale l’emporte sur l’amour conjugal.
L’année onzième de son règne, il admit dans le palais une jeune fille de quatorze ans, nommée Vou chi, qui était d’une rare beauté, et qui brillait encore davantage par les agréments de son esprit. C’est cette fille qu’on verra dans la suite usurper la souveraine puissance, et gouverner tyranniquement l’empire.
L’année douzième l’empereur permit de publier la loi chrétienne dans son empire ; il accorda même un emplacement dans la ville impériale, pour y élever un temple au vrai Dieu.
Guei tching, colao de l’empire, mourut l’année 17e extrêmement regretté de l’empereur. Ce prince écrivit lui-même son éloge, et le fit graver sur son tombeau. Ensuite se tournant vers ses courtisans : « Nous avons, dit-il, trois sortes de miroirs, l’un est d’acier qui sert aux dames à orner leur tête et à se parer. Le second que j’appelle ainsi sont les anciens livres où on lit la naissance, le progrès et la décadence des empires. Enfin le troisième, ce sont les hommes mêmes : pour peu qu’on étudie leurs actions, on voit ce qu’il faut éviter et ce qu’il faut pratiquer. J’avais ce dernier miroir dans la personne de mon colao, et malheureusement je l’ai perdu, sans que j’espère en retrouver un semblable. »
Une autre fois qu’il entretenait ses courtisans : « Un prince, leur dit-il, n’a qu’un cœur, et ce cœur est continuellement assiégé par ceux qui l’environnent. Il y en a qui l’attaquent par l’amour de la vaine gloire qu’ils s’efforcent de lui inspirer ; d’autres par la mollesse et les délices ; quelques-uns par les caresses et la flatterie ; quelques autres ont recours à la ruse et au mensonge pour le surprendre ; et toutes ces machines qu’ils font jouer, n’ont d’autre but que de s’insinuer dans les bonnes grâces du prince, de gagner sa faveur, et de s’élever aux charges et aux dignités de l’empire. Pour peu qu’un prince cesse de veiller sur son cœur, que n’a-t-il pas à craindre ? »
L’année vingt-unième il épousa la fille de son colao, nommée Sin hoei, et lui donna le titre de sage. Cette princesse était célèbre par la beauté de son génie, et par son habileté dans les sciences chinoises. On raconte qu’à cinq mois elle commença à parler ; qu’à quatre ans elle avait appris par cœur les livres de Confucius ; et qu’à huit ans elle faisait des compositions savantes sur toutes sortes de sujets. Ce qu’il y a de certain, c’est qu’elle ne quittait pas les livres, et qu’elle employait presque tout son temps à la lecture.
L’empereur se disposait à envoyer une armée formidable pour réduire les Coréens, qui s’étaient révoltés : mais sa mort étant survenue, cette expédition fut différée à un autre temps.
On aurait peine à croire l’attention et le soin que prenait ce prince de l’éducation de ses enfants. Tout ce qui se présentait à ses yeux, servait de matière à ses instructions. Si par exemple il mangeait du riz, il leur faisait sentir combien ce riz avait coûté de sueurs et de fatigues aux pauvres laboureurs. Un jour qu’il se promenait avec eux sur l’eau : « Vous le voyez, mes enfants, leur disait-il, c’est l’eau qui porte cette barque, et qui peut en même temps la submerger. Songez que le peuple ressemble à cette eau, et l’empereur à cette barque. »
Un an avant sa mort, il donna à celui de ses enfants qu’il avait déclaré son héritier, les douze avis suivants, qui étaient exprimés en vingt-quatre caractères. « Rendez vous le maître de votre cœur et de ses mouvements. N’élevez aux charges et aux dignités que des gens de mérite. Faites venir les sages à votre cour. Veillez sur la conduite des magistrats. Chassez loin de votre présence les langues médisantes. Soyez ennemi de tout faste. Vivez avec économie. Que vos récompenses et vos châtiments soient proportionnés au mérite ou à la faute de celui que vous récompensez, ou que vous punissez. Ayez un soin particulier de faire fleurir l’agriculture, l’art militaire, les lois, et les sciences. Cherchez dans les anciens empereurs des modèles sur lesquels vous vous formiez au gouvernement ; car je ne mérite pas que vous jetiez les yeux sur moi, j’ai fait trop de fautes depuis que je gouverne l’empire. Visez toujours à ce qu’il y a de plus parfait, sans quoi vous n’atteindrez jamais à ce juste milieu en quoi consiste la vertu. Enfin prenez garde que l’éclat de votre rang ne vous enfle d’orgueil, ou ne vous amollisse par les délices d’une vie voluptueuse, car si cela était vous perdriez l’empire, et vous vous perdriez vous-même. »
Tai tsong mourut la quarante-sixième année du cycle à la cinquante-troisième année de son âge, et l’année suivante son fils Kao tsong fut reconnu empereur.
Jean-Baptiste Du Halde
Description de la Chine
Scheuerleer, 1736
Tome Premier, pp. 392-411
Treizième Dynastie : Tang
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LA DYNASTIE TANG
PAR ELISEE RECLUS
« Les Tang régnèrent de 619 à 906; leur plus illustre représentant fut Taï-Tsang, 627−650, qui recula les limites de l’empire jusqu’à la Caspienne et aux solitudes glacées du Nord, conquit la Corée et menaça l’Inde. De 907 à 960, cinq dynasties se succédèrent au milieu de bouleversements auxquels se mêlèrent les Khitan de la Terre des herbes ; puis la régularité des successions fut rétablie par les Sung, 960−1280, restreints, depuis 1127, aux provinces méridionales de la Chine. »
Élisée Reclus
L’Homme et la Terre
Librairie universelle, 1905
Tome quatrième – pp. 161-212
Livre Troisième
TURCS, TARTARES, MONGOLS ET CHINOIS
NOTICE HISTORIQUE
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Musée Guimet Dynastie Tang
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LE MUSEE GUIMET EN 1894
« Il m’a été donné de parcourir plusieurs fois au musée Guimet les salles silencieuses où s’entassèrent les trésors de l’Inde, de la Chine et du Japon afin de commémorer en plein Paris les légendes du plus grand d’entre les hommes, de celui qui, autant que le Christ, illumina Tolstoï, et qui triomphe aujourd’hui dans les âmes intellectuelles et curieuses autant peut-être qu’a Bénarès, il y a plus de deux mille ans. La raison de cette victoire du Bouddhisme au fond de nos intelligences blasées de notre époque, M. Guimet l’a découverte, je crois, en nous racontant dans ses Promenades Japonaises ce que lui avoua un vieux prêtre de là-bas : « Le Bouddhisme accepte dans les autres croyances tout ce qui est grand, moral et bon, car le bien est toujours inspiré par le sacré cœur de Bouddha. Nous trouvons souvent chez les autres plus de vérités que nous n’en apportons, mais tout ce qui est bien émane du sacré cœur de Bouddha, » — salutaire tolérance, qu’ignorèrent toujours les sectes despotiques d’Occident.
J’ai visité d’abord M. de Milloué, le conservateur du musée Guimet, rue Mazarine, dans son logis tranquille et laborieux.
— Mon Dieu, m’a-t-il avoué, je ne crois pas beaucoup au sérieux des bouddhistes parisiens. Je crois au bouddhisme qui nous vient des terres autochtones ; en ce moment, nous avons la chance inespérée de posséder chez nous un des plus remarquables pontifes de cette religion, M. Horiou-Toki, bouddhiste ésotérique. Vous l’avez vu officier au musée Guimet. Qu’il fut supérieure en gravité et en science aux deux autres prêtres qui le précédèrent, de cette secte Sin-Siou, qu’un prince de la famille impériale déforma, selon ses goûts, en supprimant l’abstinence de la viande et le célibat ! M. Horiou-Toki, qui nous arrive du Congrès de Chicago, travaille pour le musée Guimet à l’explication dos quatre cents gestes, « ésotériques », c’est-à-dire inexpliqués pour les profanes, gestes qu’il accomplit pendant son office sous cette sorte de chasuble qui le voile. Je ne veux vous parler que d’un seul. Grâce à ce geste invisible, le Bouddha descend dans son prêtre. De même que l’hostie, aux paroles du sacrificateur catholique, devient le corps de Jésus-Christ, — à cette prière muette, le prêtre bouddhique devient une sorte de dieu, et il peut, par sa volonté ardente, faire communier tous les assistants à sa divinité… Bien plus, les vrais croyants aperçoivent, à ce moment, sur le front de l’officiant, cinq flammes de couleurs différentes qui sont son âme délivrée… »
Jules Bois
Les Petites Religions de Paris
Léon Chailley, 1894 -pp. 45-57
I -LE BOUDDHISME ORTHODOXE
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