Albert Aublet, Séléné, 1880 File source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Albert_Aublet_-_Selene.jpg
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Herrin, sag, was heißt das Flüstern? Maîtresse, dis-moi ce que signifie ce chuchotement ? Was bewegt dir leis die Lippen? Quels sont ces mouvements sur tes lèvres ? Lispelst immer vor dich hin, Murmures toujours Lieblicher als Weines Nippen! Plus suaves que le meilleur des vins ! Denkst du deinen Mundgeschwistern Penses-tu sur les deux lèvres de ta bouche Noch ein Pärchen herzuziehn? En attirer une autre paire ? « Ich will küssen! Küssen! sagt ich. » « Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. »
Schau! Im zweifelhaften Dunkel Regarde ! Dans cette incertaine obscurité Glühen blühend alle Zweige, La lueur éclatante sur toutes les branches, Nieder spielet Stern auf Stern, Etoile filante après étoile filante, Und smaragden durchs Gesträuche Et ces éclats d’émeraudes à travers les buissons Tausendfältiger Karfunkel; mille fois précieux ; Doch dein Geist ist allem fern. Mais ton esprit reste si loin de tout ça.
« Ich will küssen! Küssen! sagt ich. » « Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. » Dein Geliebter, fern, erprobet Ton amant, si loin, affligé Gleicherweis im Sauersüßen De même dans cette douce amertume, Fühlt ein unglückselges Glück, Ressent un malheureux bonheur ; Euch im Vollmond zu begrüßen, De vous saluer sous la pleine lune, Habt ihr heilig angelobet, Vous vous êtes promis, Dieses ist der Augenblick! C’est le moment !
« Ich will küssen! Küssen! sagt ich. » « Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. »
Dante GabrielRossetti, The Day Dream, 1880, Londres, Victoria and Albert Museum (source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dante_Gabriel_Rossetti_-_The_Day_Dream_-_Google_Art_Project.jpg)
« Mariana in the Moated Grange » (Shakespeare, Measure for Measure) (William Shakespeare, Mesure pour mesure)
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With blackest moss the flower-plots D’une mousse si noire, les parcelles de fleurs Were thickly crusted, one and all: Se recouvraient comme d’une croûte épaisse : The rusted nails fell from the knots Les clous rouillés tombaient des nœuds That held the pear to the gable-wall. Qui retenaient l’ensemble contre le mur de la baie. The broken sheds look’d sad and strange: Les remises délabrées semblaient si tristes et étranges, Unlifted was the clinking latch; Que fermait un vieux verrou cliquetant ; Weeded and worn the ancient thatch Fatiguée et usée l’ancienne chaume recouvrait Upon the lonely moated grange. La grange solitaire des douves. She only said, « My life is dreary, Elle dit seulement : « Ma vie est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte ! «
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Her tears fell with the dews at even; Ses larmes tombèrent dans la rosée du soir ; Her tears fell ere the dews were dried; Ses larmes coulèrent avant que les rosées ne sèchent ; She could not look on the sweet heaven, Elle ne pouvait plus regarder le doux ciel, Either at morn or eventide. Ni le matin ni le soir. After the flitting of the bats, Après le battement d’ailes des chauves-souris, When thickest dark did trance the sky, Quand l’obscurité la plus épaisse enveloppe tout à fait le ciel, She drew her casement-curtain by, Elle tira son rideau à battants, And glanced athwart the glooming flats. Et jeta un coup d’œil à travers les appartements sombres. She only said, « The night is dreary, Elle dit seulement : « La nuit est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte ! «
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Upon the middle of the night, Au cœur de la nuit, Waking she heard the night-fowl crow: En se réveillant, elle entendit le chant des oiseaux de nuit : The cock sung out an hour ere light: Le coq chanta une heure avant la première lueur : From the dark fen the oxen’s low De la sombre tourbière, le mugissement des bœufs Came to her: without hope of change, Parvint jusqu’à elle : sans espoir de changement, In sleep she seem’d to walk forlorn, Dans le sommeil, elle semblait marcher désespérée, Till cold winds woke the gray-eyed morn Jusqu’à ce que des vents froids réveillent le matin aux yeux gris About the lonely moated grange. Près de la grange solitaire des douves. She only said, « The day is dreary, Elle dit seulement : « La journée est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte ! «
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About a stone-cast from the wall À un jet de pierre du mur A sluice with blacken’d waters slept, Une écluse aux eaux noircies dormait, And o’er it many, round and small, Et tout au-dessus, rondes et petites, The cluster’d marish-mosses crept. Les mousses marécageuses en grappes glissaient. Hard by a poplar shook alway, Tout à côté, un peuplier toujours s’agitait, All silver-green with gnarled bark: Tout vert argenté avec son écorce noueuse : For leagues no other tree did mark Sur des lieux, aucun autre arbre ne marquait The level waste, the rounding gray. La vaste étendue, le gris environnant. She only said, « My life is dreary, Elle dit seulement : « Ma vie est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte !
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And ever when the moon was low, Et quand la lune fut basse, And the shrill winds were up and away, Et que les vents aigus vinrent de si haut et d’ailleurs, In the white curtain, to and fro, Dans le rideau blanc, de long en large, She saw the gusty shadow sway. Elle vit l’ombre en rafale se balancer. But when the moon was very low Mais quand la lune fut au plus bas And wild winds bound within their cell, Et que les vents sauvages furent engouffrés dans leur cellule, The shadow of the poplar fell L’ombre du peuplier tomba Upon her bed, across her brow. Sur son lit, sur son front. She only said, « The night is dreary, Elle dit seulement : « La nuit est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte ! «
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All day within the dreamy house, Toute la journée dans la maison de rêve, The doors upon their hinges creak’d; Les portes sur leurs gonds grinçaient à l’envi ; The blue fly sung in the pane; the mouse La mouche bleue chantait sur la vitre ; la souris Behind the mouldering wainscot shriek’d, Derrière le lambris s’époumonait, Or from the crevice peer’d about. Ou espionnait de la crevasse où elle se trouvait. Old faces glimmer’d thro’ the doors De vieux visages scintillaient à travers les portes, Old footsteps trod the upper floors, De vieux pas foulaient les étages du dessus, Old voices called her from without. De vieilles voix l’appelaient de l’extérieur. She only said, « My life is dreary, Elle dit seulement : « Ma vie est triste, He cometh not, » she said; Il ne vient pas « , dit-elle ; She said, « I am aweary, aweary, Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète, I would that I were dead! » Je voudrais être morte ! «
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The sparrow’s chirrup on the roof, Plus le gazouillement du moineau sur le toit, « The slow clock ticking, and the sound Le tic-tac lent de l’horloge et le son Which to the wooing wind aloof Que le vent produisait au loin The poplar made, did all confound A travers le peuplier, se confondaient Her sense; but most she loathed the hour Dans tous les sens, plus elle maudissait l’heure When the thick-moted sunbeam lay Où le rayon du soleil gisait Athwart the chambers, and the day A travers les chambres et maudissait le jour Was sloping toward his western bower. Qui inondait la tonnelle, celle qui se trouve vers le soleil couchant. Then said she, « I am very dreary, Puis elle dit : « Je suis si triste, He will not come, » she said; Il ne viendra pas, » dit-elle ; She wept, « I am aweary, aweary, Elle pleura, « Je suis inquiète, si inquiète, Oh God, that I were dead! » Ô Dieu, comme je voudrais être morte ! «
Eu murmurei, com as faces abrasadas: Je murmurai, les joues rougies : — Têm. – Oui E a sua voz prosseguiu, paciente e suave: Et sa voix continua, patiente et douce : — Que me diz a cento e cinco, ou cento e seis mil contos? – Que dites-vous de cent cinq ou cent six millions ? Bem sei, é uma bagatela… Je sais, c’est une bagatelle … Mas enfim, constituem um começo; são uma ligeira habilitação pára conquistar a felicidade. Mais de toute façon, c’est un début ;un moyen pour atteindre le bonheur. Agora pondere estes factos: o Mandarim, esse Mandarim do fundo da China, está decrépito e está gotoso: como homem, como funcionário do Celeste Império, é mais inútil em Pequim e na humanidade, que um seixo na boca de um cão esfomeado. Considérez maintenant ces faits : le mandarin, ce mandarin du fond de la Chine, est décrépit et gras : en tant qu’homme, en tant qu’employé de l’empire Céleste, il est plus inutile à Pékin et à l’humanité, qu’un caillou dans la bouche d’un chien affamé. Mas a transformação da Substância existe: garanto-lha eu, que sei o segredo das coisas… Mais la transformation de la Substance existe : je vous assure que je connais le secret des choses … Porque a terra é assim: recolhe aqui um homem apodrecido, e restitui-o além ao conjunto das formas como vegetal viçoso. Parce que la terre est comme ça : elle recueille ici un homme pourri, et le transforme en un légume luxuriant. Bem pode ser que ele, inútil como mandarim no Império do Meio, vá ser útil noutra terra como rosa perfumada ou saboroso repolho. Il se pourrait bien que ce mandarin, inutile comme mandarin dans l’Empire du Milieu, soit utile dans un autre pays comme la rose parfumée ou le chou savoureux. Matar, meu filho, é quase sempre equilibrar as necessidades universais. Tuer, mon fils, en somme, équilibre presque toujours les besoins universels. É eliminar aqui a excrescência para ir além suprir a falta. Il s’agit d’éliminer ici l’excroissance pour là-bas combler un manque. Penetre-se destas sólidas filosofias. Pénétrez-vous de ces solides philosophies. Uma pobre costureira de Londres anseia por ver florir, na sua trapeira, um vaso cheio de terra negra: uma flor consolaria aquela deserdada; mas na disposição dos seres, infelizmente, nesse momento, a Substância que lá devia ser rosa é aqui na Baixa homem de Estado… Une pauvre couturière londonienne aspire à voir fleurir un vase plein de terre noire dans sa chambre : une fleur réconforterait celle qui est déshéritée ;mais dans la disposition des êtres, malheureusement, à ce moment-là, la Substance qui aurait dû être rose se trouve ici dans la Baixa un homme d’Etat … Vem então o fadista de navalha aberta, e fende o estadista; o enxurro leva lhe os intestinos; enterram-no, com tipóias atrás; a matéria começa a desorganizar-se, mistura-se à vasta evolução dos átomos – e o supérfluo homem de governo vai alegrar, sob a forma de amor-perfeito, a água-furtada da loura costureira. Puis vient le brigand avec une lame de rasoir, et frappe cet homme d’État ;sortent les intestins ;ils l’enterrent, avec toute une escorte derrière-lui ;la matière commence à se décomposer, se mêle à la vaste évolution des atomes – et l’homme de gouvernement superflu acclamera, sous forme de pensée, le triste appartement de la blonde couturière. O assassino é um filantropo! Le tueur est un philanthrope ! Deixe-me resumir, Teodoro: a morte desse velho Mandarim idiota traz-lhe à algibeira alguns milhares de contos. Permettez-moi de résumer, Theodoro : la mort de ce stupide vieux mandarin vous apporte quelques millions. Pode desde esse momento dar pontapés nos poderes públicos: medite na intensidade deste gozo! A partir de ce moment, vous pouvez renvoyer au diable les pouvoirs publics : méditez sur l’intensité de cette jouissance ! – É desde logo citado nos jornais: reveja-se nesse máximo da glória humana! – Vous êtes alors immédiatement cité dans les journaux : vous serez à l’apogée de la gloire humaine ! E agora note: é só agarrar a campainha, e fazer ti-li-tim. Et maintenant remarquez : saisissez simplement la cloche et faites du bruit avec. Eu não sou um bárbaro: compreendo a repugnância de um gentleman em assassinar um contemporâneo: o espirrar do sangue suja vergonhosamente os punhos, e é repulsivo o agonizar de um corpo humano. Je ne suis pas un barbare : je comprends le dégoût d’un gentleman pour le meurtre d’un contemporain : les éclaboussures de sang souillent honteusement ses poings, et l’agonie d’un corps humain est répugnante. Mas aqui, nenhum desses espectáculos torpes… Mais ici, aucun de ces spectacles sordides… É como quem chama um criado… C’est comme quelqu’un qui appelle un serviteur … E são cento e cinco ou cento e seis mil contos; não me lembro, mas tenho-o nos meus apontamentos… Et il y a cent cinq ou cent six millions ; Je ne m’en souviens pas, mais je l’ai dans mes notes … O Teodoro não duvida de mim. Théodoro ne doutez pas de moi. Sou um cavalheiro: – provei-o, quando, fazendo a guerra a um tirano na primeira insurreição da justiça, me vi precipitado de alturas que nem Vossa Senhoria concebe… Je suis un gentleman : – Je l’ai prouvé, quand, faisant la guerre à un tyran lors de la première insurrection de la justice, je me suis retrouvé précipité des hauteurs que même Votre Seigneurie ne peut concevoir … Um trambolhão considerável, meu caro senhor! Grandes desgostos! Une chute considérable, mon cher monsieur ! Et de sérieux problèmes ! O que me consola é que o outro está também muito abalado: porque, meu Amigo, quando um Jeová tem apenas contra si um Satanás, tira-se bem de dificuldades mandando carregar mais uma legião de arcanjos; mas quando o inimigo é um homem, armado de uma pena de pato e de um caderno de papel branco – está perdido… Ce qui me console, c’est que l’autre est aussi très ébranlé : parce que, mon ami, lorsqu’un Jéhovah n’a qu’un seul Satan contre lui, il s’en sort bien en envoyant contre lui une légion d’archanges ; mais quand l’ennemi est un homme, armé d’une plume d’oie et d’un cahier en papier blanc – il est perdu … Enfim são seis mil contos. Bref, c’est cent six millions. Vamos, Teodoro, ai tem a campainha, seja um homem. Allez, Teodoro, voici la clochette, soyez un homme !
— Что ж нового? «Ей-богу, ничего».
– Quoi de neuf ? « Par Dieu, rien. » — Эй, не хитри: ты верно что-то знаешь. « Hé, quoi ! tu sais que quelque chose ! » Не стыдно ли, от друга своего, N’est-ce pas dommage mon ami ?…
LITTÉRATURE RUSSE POÉSIE RUSSE Русская литература Русская поэзия
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
Marina Tsvétaïeva – photo de Pierre Choumoff ( Пётр Ива́нович Шу́мов )
Marina Ivanovna Tsvetaïeva Марина Ивановна Цветаева poétesse russe русская поэтесса Moscou 26 septembre 1892 – Ielabouga 31 août 1941 26 сентября 1892, Москва — 31 августа 1941, Елабуга
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AU CLAIR DE LUNE 1916 Соперница, а я к тебе приду ____________________________________________
Arkhip Kouïndji, Архип Иванович Куинджи, Clair de lune sur le Dniepr, Місячна ніч на Дніпрі, 1880
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Соперница, а я к тебе приду Rivale, je viendrai à toi Когда-нибудь, такою ночью лунной, Un jour, par une nuit au clair de lune, Когда лягушки воют на пруду Quand les grenouilles font vibrer l’étang…
SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
vers 1172 – vers 1216
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TBILISSI
MONUMENT SHOTA RUSTAVELI
ბრინჯაო
BRONZE
1965
SCULPTEUR მოქანდაკე
mokandake
Merab Berdzenishvili
მერაბ ბერძენიშვილი
დ. 10 ივნისი, 1929, თბილისი — გ. 17 სექტემბერი, 2016, სტამბოლი, თურქეთი
Né le 10 juin 1929 Tbilissi – 17 septembre 2016 Istanbul (Turquie)
Plaque sous le monument Shota Rustaveli de Tbilissi
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Extrait de
Le Chevalier à la peau de panthèreვეფხისტყაოსანი
de Shota Rustaveli
(Fin XIIe – Début XIIIe siècle)
De Mihály Zichy, Shota Rustavéli présente son poème à la reine Tamar, vers 1880
1
რომელმან შექმნა სამყარო ძალითა მით ძლიერითა,
romelman shekmna samq’aro dzalita mit dzlierita,
Celui qui a créé le monde avec le pouvoir de la volonté, ზეგარდმო არსნი სულითა ყვნა ზეცით მონაბერითა,
zegardmo arsni sulita q’vna zetsit monaberita,
Qui a répandu la sagesse l’Esprit céleste, ჩვენ, კაცთა, მოგვცა ქვეყანა, გვაქვს უთვალავი ფერითა,
chven, k’atsta, mogvtsa kveq’ana, gvakvs utvalavi perita,
Donna aux humains un monde aux innombrables couleurs, მისგან არს ყოვლი ხელმწიფე სახითა მის მიერითა.
misgan ars q’ovli khelmts’ipe sakhita mis mierita.
Il est celui qui détient le pouvoir suprême sur toute autre autorité.
2
ჰე, ღმერთო ერთო, შენ შეჰქმენ სახე ყოვლისა ტანისა,
he, ghmerto erto, shen shehkmen sakhe q’ovlisa t’anisa,
Ô, mon Dieu, toi qui as créé à ton image toutes choses, შენ დამიფარე, ძლევა მეც დათრგუნვად მე სატანისა,
shen damipare, dzleva mets datrgunvad me sat’anisa,
protège-moi en éloignant Satan მომეც მიჯნურთა სურვილი, სიკვდიდმდე გასატანისა,
momets mijnurta survili, sik’vdidmde gasat’anisa,
Inonde-moi de cet amour qui perdure au-delà de la mort, ცოდვათა შესუბუქება, მუნ თანა წასატანისა.
tsodvata shesubukeba, mun tana ts’asat’anisa.
et absous mes péchés, en te conduisant près de moi.
3
ვის ჰშვენის, – ლომსა, – ხმარება შუბისა, ფარ-შიმშერისა,
vis hshvenis, – lomsa, – khmareba shubisa, par-shimsherisa,
Guerriers porteurs de lance, lion rugissant, soleil levant, – მეფისა მზის თამარისა, ღაწვ-ბადახშ, თმა-გიშერისა, –
– mepisa mzis tamarisa, ghats’v-badakhsh, tma-gisherisa, –
-gardiens de la reine Tamar aux longs cheveux éclatants, – მას, არა ვიცი, შევჰკადრო შესხმა ხოტბისა, შე, რისა?
mas, ara vitsi, shevhk’adro sheskhma khot’bisa, she, risa?
Comment être digne de toi et porter ton message ? მისთა მჭვრეტელთა ყანდისა მირთმა ხამს მართ, მი, შერისა.
mista mch’vret’elta q’andisa mirtma khams mart, mi, sherisa.
La plus grande joie vient d’une si douce voie.
4
თამარს ვაქებდეთ მეფესა სისხლისა ცრემლ-დათხეული,
tamars vakebdet mepesa siskhlisa tsreml-datkheuli,
La grande Tamar règne aussi sur mes larmes, ვთქვენი ქებანი ვისნი მე არ-ავად გამორჩეული.
vtkveni kebani visni me ar-avad gamorcheuli.
Même si je ne suis pas le meilleur, je veux lui rendre hommage. მელნად ვიხმარე გიშრის ტბა და კალმად მე ნა რხეული,
melnad vikhmare gishris t’ba da k’almad me na rkheuli,
Mon encrier est ce doux lac doux et que ma plume ვინცა ისმინოს, დაესვას ლახვარი გულსა ხეული.
vintsa isminos, daesvas lakhvari gulsa kheuli.
soit cette lance qui touche en plein cœur.
5
მიბრძანეს მათად საქებრად თქმა ლექსებისა ტკბილისა,
mibrdzanes matad sakebrad tkma leksebisa t’k’bilisa,
On me demande des poèmes en son honneur, ქება წარბთა და წამწამთა, თმათა და ბაგე-კბილისა,
keba ts’arbta da ts’amts’amta, tmata da bage-k’bilisa,
de louer ses paupières et ses cils, ses cheveux et sa bouche, ბროლ-ბადახშისა თლილისა, მის მიჯრით მიწყობილისა.
brol-badakhshisa tlilisa, mis mijrit mits’q’obilisa.
La splendeur de ses dents et l’éclat de son sourire. გასტეხს ქვასაცა მაგარსა გრდემლი ტყვიისა ლბილისა.
gast’ekhs kvasatsa magarsa grdemli t’q’viisa lbilisa.
Une tige flexible peut briser bien des pierres.
6
აწ ენა მინდა გამოთქმად, გული და ხელოვანება, –
ats’ ena minda gamotkmad, guli da khelovaneba, –
Je veux exprimer la langue, le cœur et l’art, – ძალი მომეც და შეწევნა შენგნით მაქვს, მივსცე გონება;
dzali momets da shets’evna shengnit makvs, mivstse goneba;
Donne-moi de Ta force et insuffle-moi Ton esprit; მით შევეწივნეთ ტარიელს, ტურფადცა უნდა ხსენება,
mit shevets’ivnet t’ariels, t’urpadtsa unda khseneba,
Louons le beauté de Tariel par les cieux et les océans, მათ სამთა გმირთა მნათობთა სჭირს ერთმანერთის მონება.
mat samta gmirta mnatobta sch’irs ertmanertis moneba.
Les trois seigneurs à l’amitié éternelle.
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თბილისის ქანდაკებები
Sculptures Tbilissi
MONUMENT SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
TBILISSI
PHOTO JACKY LAVAUZELLE
SHOTA RUSTAVELI
შოთა რუსთაველი
vers 1172 – vers 1216
Glass was the Street – in Tinsel Peril De verre était la rue – dans un Aventureux Crissement Tree and Traveller stood.
Arbre et Voyageur debout se tenaient…
Arkhip Kouïndji
Куїнджі Архип Іванович Архип Иванович Куинджи
1842-1910
LA PEINTURE D’ARKHIP KOUÏNDJI
LA SENTINELLE DES RÊVES
poème de Jacky Lavauzelle
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Эльбрус. Лунная ночь L’Elbrouz (1890—1895)
La mort a fait son lit
Ce matin
Sans lumières
J’ai vu l’Elbrouz apparaître
disparaître
Le mont comme un baiser recevait la mort
Il est temps de partir
A la recherche des neiges
En quête de couleurs et de rien
Une ombre m’a suivi ce matin
Je ne lui demandais rien
Un matin
Dans la ville
Frappé dans un cœur vide
Au seuil de la ville
Je quittais à galop
Les bruits sourds de ces pâles couleurs
Qui partout nous frappent
Un matin
La valise à la main
Jeté dans le silence des routes
Tristement je vais
Une voix inconnue et paisible vide les rêves
A la sortie de la ville
Le pont de la Moskova si fin On entend et les vagues et les vies
Des deux rives de la ville
En attendant l’orage du monde
En attendant la lune n’est plus
Sans lutte dans le bas du ciel aux portes du cœur
Elle est partie
Moscou au loin brillait
Un nouveau désert dans le monde
Moscou résigné s’effaçait
A chaque seconde une éternité de plus
Le ciel est devenu noir
jusqu’aux os
Le vert saisit son moment de grâce
Les muses en cercle s’affairent
L’enfer dans l’attente ne se voit plus
La lune a-t-elle été ?
ARKHIP KOUÏNDJI Після дощу – После дождя Après la pluie 1879
Une corde se tend dans la chair du ciel
Des tonnes de cantiques
Et le mal se dénoue sur les lacs et les êtres
Les choses sont dans l’ordre
Et la maison et le ciel et les arbres
Le noir encore dévore
Un soleil s’étend et la clairière s’enchante
Au bord des morts
Qui s’aiment encore
Comme ces bleus sont trompeurs
Pourquoi la terre ne gronde-t-elle plus
Le blanc et le noir s’affrontent
ça se sent
Le vent balaye les premiers réveils et le premier bruit
ça s’entend
La visite des anges et le retour du jour
La planète semble avoir changé de mains
vraiment
La lune signe encore sa place éternelle
Sur le monde en béquilles
Qui prend l’eau
vainement
Le noir est au-dessus et en-dedans
Une vague rivière semble serpenter
Et la lune…
Elle souffle siffle ou se sauve
La noir ou la folie
Tout s’éteint
Une ombre encore se promène
Derrière la mort
Et la lune
Вечір на Україні
Вечер на Украине Nuit en Ukraine 1878
S’aspergent les feux et les fleuves de feuilles
Pas une couleur ne s’étale et toutes glissent
Le point du temps se met à table et s’endort
La nature a vécu
En oubliant ses luttes
Plus de vœux de salut plus de vie en attente
Se délasse et se traîne un rêve
Puis un autre
Puis un autre
Encore
Le noir est superflu
Une chose simple
Indivisible
Le noir s’est pendu
Les couleurs ne peuvent plus partir
Derrière le soleil
Au loin
On l’a jeté à la mer
Avec le noir avec la nuit
Avec les faubourgs et les passants
Le noir n’est plus
«Осінь», до Automne 1890
L’infini s’est montré pour se faire oublier
Et des pages et des clartés se sont perdues
Sans bruit
Un drame a marché
Ne l’entendez-vous bramer
Là le troupeau des hivers a bousculé la paix
Et du gris au noir c’est le noir qui dévore
Tout étouffe sans un bruit sans un seul
Et des peuples et des vies à jamais disparus
Le noir en force
Revient
Плями місячного сяйва у лісі. Зима
Пятна лунного света в лесу. Зима Clair de lune dans une forêt, en hiver
Du gris du blanc au blanc du bleu
Se donne et se jette du haut des falaises
Qui s’arrêtent dans la fuite
J’entends un cri qui monte du rivage
Dans le blanc qui s’efface
Le ciel n’est jamais si tendre
Les dieux se jouent de nous
Sur l’instant
Dans le blanc qui revient
Un salut nous répond
Sur la pierre qui se casse
Une réponse se livre
Des pas dans la neige
Une femme une flamme
Un duvet sur le cœur des neiges
Un duvet sourd
Avide
Le bleu semble vaincre
Les vieillards sont couchés
Le jour a faim
Du haut de la falaise
Le jour dévore tout
стрімчак – утес Falaise 1898-1908
Au-delà
Une route se dessine
Sans rien
Sans appel
Une ombre nous prend la main
Pour une visite lascive
Des rois sont passés par ici
Je crois
La route s’achève
Affamés debout
Encore
Un sentiment rêvé
Est-ce la lueur au loin
Près du but
Au-dessus des taches de fleurs
Le point entre et ne veut plus sortir
J’ai perdu mon ombre
Je crois
ліс – Forêt – лес
1887
Le bleu
Plus menaçant encore
Un bateau nous attend
Qui répond à nos premiers désirs
C’est là que les âmes s’échangent
Venues du fond de la mer
La mer est dans le ciel
C’est là qu’elles se vengent aussi
Et la terre s’est oubliée
Le bleu nage
Dans des restes d’Enfer
Le bleu se noie
Nous ne le reverrons plus
Исаакиевский собор Ісаакіївський собор La Cathédrale Saint-Isaac 1869
La terre ne nous fait plus peur
Le regard se promène
Dans l’ordre des lumières
Les couleurs n’en peuvent plus
De tant toucher de ténèbres
Les odeurs sont de retour
Pleines de moisis et de pourritures passagères
La terre ne nous fait plus peur
Dans le vert éternel
Tout s’est arrêté
Tombe une écorce des peupliers en ligne
Tombe un cri Tombe un instant
Que personne ne peut entendre
Les peupliers – Берёзовая роща -1901 – Березовий гай
Des pierres comme des os
Nul ici n’échappe
Les rêves sont trop fins et nous pensons courir
Qu’importe le temps
Qu’importe l’océan
Qu’importe le désir
Les nuages sont trop grands
Des lames dans le ciel
Nous tailladerons en pièces
Des flammes et des orages
Se sont-ils perdus
Au loin
Qui y a-t-il
Au loin
Un point plus loin que l’horizon
парусник в море- Voilier en mer – парусник в море (1876-1890)