акварель Aquarelle Aquarela 1851 Taras Shevchenko Шевченко Тарас Григорович
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Ти не лукавила зо мною,
Tu ne m’as jamais déçu, Você nunca me decepcionou, Ти другом, братом і сестрою
Tu as toujours été un ami, un frère et une sœur Você sempre foi um amigo, um irmão e uma irmã Сіромі стала. Ти взяла
Dans mon malheur. Tu m’as pris, Na minha desgraça. Você me levou Мене, маленького, за руку
Moi, petit, par la main Eu, pouco, pela mão І в школу хлопця одвела
Et tu m’as conduit jusqu’à l’école E você me levou para a escola До п’яного дяка в науку.
Où m’attendait, ivre, mon vieux barbacole. Onde estava esperando por mim, bêbado, meu mestre. — Учися, серденько, колись
– Apprends ! mon cher ami, – Aprenda! meu querido amigo З нас будуть люде, — ти сказала.
Demain, tout sera différent ! », me disais-tu. Amanhã tudo será diferente! « , Você me disse. А я й послухав, і учивсь,
Et j’ai écouté et j’ai appris, E eu escutei e aprendi, І вивчився. А ти збрехала.
Et j’ai étudié. Et tu m’as menti. E eu estudei. E você mentiu para mim. Які з нас люде? Та дарма!
Demain serait différent ? Peu importe ! Amanhã seria diferente? Não importa! Ми не лукавили з тобою,
Nous n’avons rien convoité ! Nós não cobiçamos! Ми просто йшли; у нас нема
Nous avons marché ; nous n’avons jamais Nós andamos; nós nunca tivemos Зерна неправди за собою.
Eu de mauvaises graines en nous. Sementes ruins em nós. Ходімо ж, доленько моя!
Allons, mon cher, allons ! Venha, minha querida, vamos embora! Мій друже вбогий, нелукавий!
Mon pauvre camarade infortuné ! Meu pobre companheiro infeliz! Ходімо дальше, дальше слава,
Avançons encore , la gloire est là-bas, devant, Vamos seguir em frente, a glória está lá, na frente, А слава — заповідь моя.
Et la gloire est mon commandement. E a glória é meu comando.
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[Між 18 березня та 22 листопада 1858 р
Entre le 18 mars et le 22 novembre Entre 18 de março e 22 de novembro de 1858]
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Taras Chevtchenko
Taras Shevchenko
Тарас Григорович Шевченко
Вірші Тараса Шевченка
TRADUCTION FRANCAISE & PORTUGAISE Tradução Francês e Português
JACKY LAVAUZELLE
Катерина олія, Catherine huile, 1842 – Catarina óleo, 1842- Тарас Григорович Шевченко Taras Chevtchenko Taras Shevchenko
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А ти, пречистая, святая,
Ô toi, pure et sainte, Você, puro e santo, Ти, сестро Феба молодая!
Toi, sœur de Phébus bien-aimée ! Você, amada irmã de Phoebus! Мене ти в пелену взяла
Tu m’as pris sur ta poitrine Você me pegou no seu peito І геть у поле однесла.
Et porté à travers champ. E transportado pelo campo. І на могилі серед поля,
Et sur une tombe tu m’as déposé E em um túmulo você me depositou Як тую волю на роздоллі,
Tel un thuya en pleine croissance, Como um thuja em pleno crescimento, Туманом сивим сповила.
D’un brouillard, tu m’as recouvert. De um nevoeiro, você me cobriu. І колихала, і співала,
Et tu m’as réveillé et tu as chanté E você me acordou e cantou І чари діяла… І я…
Et la magie a agi … Et moi… E a mágica agiu … E eu … О чарівниченько моя!
Ô mon enchanteresse ! Ó minha feiticeira! Мені ти всюди помагала,
Tu m’as secouru partout, Você me salvou em todos os lugares Мене ти всюди доглядала.
Tu as pris soin de moi toujours. Você cuidou de mim sempre. В степу, безлюдному степу,
Dans la steppe, la steppe désertique, Na estepe, o estepe do deserto, В далекій неволі,
Dans ma longue captivité, No meu longo cativeiro, Ти сіяла, пишалася,
Tu as illuminé fièrement Você tem orgulhosamente iluminado Як квіточка в полі!
Comme une fleur dans un champ ! Como uma flor em um campo! Із казарми нечистої
De mon odieuse caserne Dos meus quarteis odiosos Чистою, святою
Pur, saint Puro, santo Пташечкою вилетіла
L’oiseau s’est envolé O pássaro voou para longe І понадо мною
Et avec moi E comigo Полинула, заспівала
Tu es sorti et tu as chanté Você saiu e cantou Ти, золотокрила…
Toi, d’or … Você, ouro … Мов живущою водою
Comme de l’eau vive Como a água viva Душу окропила.
Tu as lavé mon âme. Você lavou minha alma. І я живу, і надо мною
Et je vis, et au-dessus de moi E eu vivo e acima de mim З своєю божою красою
De toute ta beauté divine Com toda sua beleza divina Гориш ти, зоренько моя,
Tu illumines, tendre Você ilumina, doce Моя порадонько святая!
Etoile magnifique ! Bela Estrela! Моя ти доле молодая!
Qui me guide depuis toujours ! Quem sempre me guiou Не покидай мене. Вночі,
Ne me quitte pas. La nuit Não me deixe. Noite І вдень, і ввечері, і рано
Le jour et le soir, et à l’aube Dia e noite e ao amanhecer Витай зо мною і учи,
Sois toujours à mes coté, dirige-moi, Que você está sempre ao meu lado, me direcione, Учи неложними устами
Apprends à mes lèvres Aprende aos meus lábios Сказати правду. Поможи
A ne dire que la vérité. Aide moi Para dizer a verdade. Me ajude Молитву діяти до краю.
Pour que ma prière arrive à destination. Para minha oração chegar ao seu destino. А як умру, моя святая!
Et si je meurs, mon saint ! E se eu morrer, meu santo! Моя ти мамо! положи
Ma mère ! Mettez Minha mãe! Por favor coloque Свого ти сина в домовину
Votre fils dans son petit cercueil Seu filho em seu pequeno caixão І хоть єдиную сльозину
Et qu’au moins une larme E que pelo menos uma lágrima В очах безсмертних покажи.
Sorte de tes yeux immortels. Sair de seus olhos imortais.
Нижній Новгород Nijni Novgorod Nizhny Novgorod
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Taras Chevtchenko
Taras Shevchenko
Тарас Григорович Шевченко
Вірші Тараса Шевченка
TRADUCTION FRANCAISE & PORTUGAISE Tradução Francês e Português
JACKY LAVAUZELLE
En arrivant à Luchon, je me rends chez P… Ils sont tous en course à Saint-Bertrand. Je m’installe à l’hôtel d’Angleterre. Aspect charmant et élégant de Luchon, comparé aux autres eaux des Pyrénées ; belles maisons, jolis hôtels. Monté à la montagne boisée au-dessus de l’établissement des bains. Des allées tracées qui montent en tout sens dans la forêt la relient aux jardins d’en bas. Charmante promenade, et par un beau soleil. Admiré la richesse et la luxuriance de cette végétation de montagnes. Il semble qu’on y sente le mouvement, la circulation de la vie universelle, la sève qui coule à travers toutes choses, la rie abondante, active, fraîche, riva voluptas. Le sol est couvert de plantes de toutes sortes, éclatantes de fraîcheur (comme les arbres dans Lucrèce, crescendi magnum certamen), de toulfes de fougère vigoureusement épanouies qui se mêlent et s’entrelacent ; et sous toute cette végétation, on entend sourdre et courir l’humidité fécondante qui l’entretient, on sent le ruissellement mystérieux et clair de la rosée éternelle que versent les cimes.
Après dîner, promenade à la tombée de la nuit sur la route de Castel-Viel. On entend résonner de l’autre côté de la vallée l’Angélus d’une petite église qui est au pied du rocher et qu’on distingue à peine dans l’obscurité du soir. Comme ce simple son est solennel ! Du sein de cette nature si grande et si belle, mais qui n’a conscience ni de sa grandeur ni de sa beauté, c’est une voix qui s’élève pour dire qu’il y a là une intelligence en un cœur qui la réfléchit, la comprend ; cette voix semble faible auprès de ces énormes montagnes, de cette large nature qui l’entoure ; et pourtant combien elle est plus grande qu’elle par sa faiblesse même ; car la nature, qui atteste la grandeur de Dieu, ne la comprend pas !
Toute la société rentre à dix heures. Causé pendant leur dîner.
Alfred Tonnellé Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858 1859 pp. 16-18 Luchon, jeudi, 8 juillet
Salardú Capitale du Naut Aran – Val d’Aran
Pyrénées – Пиренеи – 比利牛斯
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Photo Jacky Lavauzelle
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Salardú
Capitale du Naut Aran
L’église Sant Andreu
XIIIe siècle
Val d’Aran
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GAULE
LE VAL D’ARAN PASSAGE DES
BANDES CHASSEES D’ESPAGNE
Les Pyrénées naturellement commandèrent plus fortement leur attention. Ces montagnes avaient déjà l’aspect dénudé qui nous frappe aujourd’hui, et il n’en fallut pas davantage pour engendrer la légende d’un incendie allumé par des bergers qui aurait dévoré les forêts d’un bout à l’autre. Cela n’expliquait-il pas leur nom par le rapprochement avec le mot grec pyr, feu ? Mais outre qu’il est infiniment peu probable que le grec ait fourni aux Celtibères le nom de leurs montagnes, il semble que l’eau eut bien plus de part que le feu au déboisement de ces pentes ardues. Le buis et les eaux thermales des Pyrénées sont vantés par Pline. Leurs neiges et leurs lacs glacés ont été chantés par Lucain. Le passage le plus fréquenté depuis la plus haute antiquité fut celui qui faisait partie de la route de Barcelone à Narbonne, passant par Girone et le col de Pertus, Un autre donnait accès à la route de Saragosse (Cœsar-Augusta) à Oléron ; un troisième permettait d’aller de Pampelune à Dax par le Summum Pyrenœum (Roncevaux) et l’Imum Pyrenœum (Saint-Jean-Pied-de-Port). Les Romains changèrent ces sentiers de chèvres en belles routes. Mais il y avait indubitablement d’autres passages encore, entre autres celui du val d’Arran par où passèrent des bandes chassées d’Espagne qui fondèrent le « Lyon des Réunis, » Lugdunum convenarum, dont on ne soupçonnerait jamais le nom antique sous l’appellation moderne de Saint-Bertrand de Comminges. Les fleuves font aussi partie du capital permanent de la terre gauloise, bien que leurs embouchures, nous allons bientôt le voir, aient singulièrement changé d’aspect. Revue des Deux Mondes tome 34, 1879 Albert Réville La géographie de la Gaule
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AOÛT 1799
LA FUITE DES DERNIERS ROYALISTES PAR LE VAL D’ARAN
La veille, le général de brigade Aubugeois, sorti de Toulouse avec les troupes qui y étaient réunies, avait battu les insurgés à l’extrémité du faubourg Saint-Michel ; le 23 (10 août) il les battait de nouveau et, le 24 (11 août), après un nouveau succès, il entrait à l’Isle-Jourdain, coupant par là les communications entre les insurgés de la Haute-Garonne et ceux du Gers. Battus aussi dans l’Ariège où fut distribuée une proclamation de Souvorov aux Français, les insurgés l’étaient également à Beaumont-de-Lomagne, le 3 fructidor (20 août). Ce même jour, les insurgés concentrés en masse à Montréjeau étaient attaqués à la fois, du côté de Lannemezan, par un petit corps que l’administration centrale des Hautes-Pyrénées y avait judicieusement et rapidement réuni, et, du côté de Saint-Gaudens, par des troupes qui venaient de reprendre Saint-Martory où, quelques jours avant, les insurgés avaient obtenu un succès. Les royalistes furent complètement écrasés ; ceux qui purent échapper gagnèrent l’Espagne par Bagnères-de-Luchon et le val d’Aran. Ce fut la fin de l’insurrection dont les principaux chefs avaient été : Rougé de Paulo, Gallias, Lamothe-Vedel, Labarrère, d’Espouy, de Palaminy, de Sainte-Gemme, de Valcabrère (L’insurrection royaliste en l’an VII, par Lavigne). Quand le général Frégeville, envoyé le 26 thermidor (13 août) par le Directoire, arriva à Toulouse, tout était terminé grâce aux courageux efforts de quelques municipalités républicaines. Histoire socialiste Thermidor & Directoire (1794-1799) Chapitre XX Le 30 prairial an VII. — Insurrections royalistes. (Vendémiaire an VII à vendémiaire an VIII-septembre 1798 à octobre 1799.)
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VAL D’ARAN
Un sentiment d’élévation et de paix sublime
« Je m’attarde, et m’assieds seul un quart d’heure au bas du sommet, au-dessus du val d’Aran, que couronnant encore les monts de la Catalogne. Lumière chaude et vaporeuse du Midi. Il faut un peu de solitude et de recueillement pour se pénétrer du sentiment d’élévation et de paix sublime qu’inspirent ces hauteurs. On ne voit plus que des sommets purs nageant dans l’éther, et tendant en haut pour s’y perdre dans la sérénité et la tranquillité ; les bas lieux de la terre ont disparu et sont oubliés. Puissent toutes les basses pensées, tous les soucis vulgaires, tout ce qui rattache et rabat notre vol vers l’udam humum disparaître avec eux ! Mais combien et des meilleurs les font monter avec eux jusqu’en ces hautes régions ! Combien de souillures et de vils désirs, ou de mesquines préoccupations d’âmes émoussées, ont promenez ; sans respect sur ces templessereins ! Mais ils n’en gardent pas la trace. Les souillures des hommes s’y fondent et s’y effacent plus vite que leur neige au soleil, et ils demeurent éternellement purs et frais, source éternelle de fraîcheur et de pureté à l’âme qui sait s’y isoler et s’y asseoir. »
Alfred Tonnellé Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858 1859 – pp. 67-78 Luchon. jeudi, 22 juillet. Course de Bacanère
Le mausolée de saint Bertrand peintures du XVIIe siècle
La cathédrale Notre-Dame
Photo Jacky Lavauzelle
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Saint-Bertrand-de-Comminges
圣·贝特朗·德科曼
Санкт-Бертран де Коменж
DES PAYSAGES FANTASTIQUES
VUS PAR MICHELET
Tout ce Midi, si beau, c’est néanmoins, comparé au Nord, un pays de ruines. Passez les paysages fantastiques de Saint-Bertrand de Comminges et de Foix, ces villes qu’on dirait jetées là par les fées ; passez notre petite Espagne de France, le Roussillon, ses vertes prairies, ses brebis noires, ses romances catalanes, si douces à recueillir le soir de la bouche des filles du pays. Descendez dans ce pierreux Languedoc, suivez-en les collines mal ombragées d’oliviers, au chant monotone de la cigale. Là, point de rivières navigables ; le canal des deux mers n’a pas suffi pour y suppléer ; mais force étangs salés, des terres salées aussi, où ne croit que le salicor ; d’innombrables sources thermales, du bitume et du baume, c’est une autre Judée. Il ne tenait qu’aux rabbins des écoles juives de Narbonne de se croire dans leur pays. Ils n’avaient pas même à regretter la lèpre asiatique ; nous en avons eu des exemples récents à Carcassonne. Jules Michelet Tableau de la France : géographie physique, politique et morale A. Lacroix et Cie, 1875 – pp. 32-35 La Gascogne. — La Navarre. — Les Basques
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Chemin vers la Ville Haute
le clocher-tour de la cathédrale
Le tombeau d’Hugues de Castillon
Evêque
1336-1352
Ex-voto
La Clôture et le Buffet d’Orgues
Le tombeau d’Hugues de Castillon
panneau droit du jubé
Saint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand de CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-CommingesSaint-Bertrand-de-Comminges
Saint-Bertrand-de-Comminges
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LE BUFFET D’ORGUE
de Saint-Bertrand-de-Comminges
Ici, l’instrument est porté par des encorbellements, la partie inférieure n’ayant guère que la largeur nécessaire aux claviers et aux registres. Cette disposition permettait à des musiciens, joueurs d’instruments ou chanteurs, de se placer dans la tribune autour de l’organiste, assis dans la petite chaire portée sur un cul-de-lampe ; et, sous ce rapport, elle mérite d’être signalée. Du reste, même système de menuiserie qu’à Perpignan et à Soliès. Ce sont les tuyaux qui commandent la forme de la boiserie, celle-ci les laissant apparents dans toute leur hauteur et suivant leur déclivité. Nous citerons encore les buffets d’orgues de la cathédrale de Strasbourg, des églises de Gonesse, de Moret près Fontainebleau, de Clamecy, de Saint-Bertrand de Comminges, de la cathédrale de Chartres, qui datent de la fin du XVe siècle et du XVIe. La menuiserie de tous ces buffets est soumise à l’instrument et ne fait que le couvrir ; les panneaux à jour ne remplissent que les vides existant entre l’extrémité supérieure de ces tuyaux et les plafonds, afin de permettre l’émission du son ; quant au mécanisme et aux porte-vent, ils sont complètement renfermés entre les panneaux pleins des soubassements.
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Buffet (d’orgues)
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LES STALLES DE SAINT-BERTRAND-DE-COMMINGES
Des stalles du XVIe siècle présentent encore quelque intérêt, entre autres celles des églises de Saint-Bertrand de Comminges (Haute-Garonne), de Montréal (Yonne) ; les beaux fragments déposés dans l’église impériale de Saint-Denis, et qui proviennent de la chapelle du château de Gaillon. Les dorsals de ces stalles sont revêtus d’ouvrages de marqueterie, et les accoudoirs, les patiences, les montants, appartiennent à la plus jolie sculpture du commencement de la renaissance. Dictionnaire raisonné de l’architecture française
du XIe au XVIe siècle Stalle
Vue de la Clôture
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Les animaux dans l’iconographie de
Saint-Bertrand-de-Comminges
L’ordre observé dans la vision de saint Jean se perd, et les quatre animaux ne sont plus là que comme la personnification admise par tous, des quatre évangélistes. On les retrouve aux angles des tours, comme à la tour Saint-Jacques-la-Boucherie de Paris,XVIe siècle ; dans les angles laissés par les encadrements qui circonscrivent les roses, dans les tympans des pignons, sur les contre-forts des façades, dans les clefs de voûtes, et même dans les chapiteaux des piliers de chœurs. Avant le XIIIe siècle, les quatre animaux sont ordinairement seuls ; mais, plus tard, ils accompagnent souvent les évangélistes qu’ils sont alors destinés à faire reconnaître. Cependant, nous citerons un exemple curieux de statues d’évangélistes de la fin du XIIe siècle, qui portent entre leurs bras les animaux symboliques. Ces quatre statues sont adossées à un pilier du cloître de Saint-Bertrand de Comminges. La décoration des édifices religieux et civils présente une variété infinie d’animaux fantastiques pendant la période du moyen âge. Les bestiaires des XIIe et XIIIe siècles attribuaient aux animaux réels ou fabuleux des qualités symboliques dont la tradition s’est longtemps conservée dans l’esprit des populations, grâce aux innombrables sculptures et peintures qui couvrent nos anciens monuments…
Animaux
Cloître de Saint-Bertrand-de-Comminges
Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle Animaux
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Une Balade dans le Comminges en juillet 1858
« Au jour, gros nuages gris. Saint-Gaudens, affreux petit bourg sur une éminence. On sent l’approche de la montagne ; la route devient montueuse et accidentée ; la vallée de la Garonne se resserre entre deux lignes de montagnes. Cette entrée est jolie, riante et fertile, avec un fond accidenté. On laisse Saint-Bertrand-de-Comminges à droite, ville antique avec une belle église et un cloître. Cierp, dernier relais avant Luchon, joli village assis sur les eaux écumantes du torrent, au confluent de la vallée de la Garenne, qu’on quitte ici, et de celle de la Pique. Après Saint-Béat, on entre dans la vallée de Luchon, bordée de montagnes aux pentes douces et arrondies. Luchon ne se voit pas de loin ; il est situé à l’entrée d’une vallée latérale au pied de la montagne de Cazaril. Arrivé à dix heures et demie. »
Alfred Tonnellé Trois mois dans les Pyrénées et dans le midi en 1858 1859 -pp. 9-15 Toulouse, mercredi, 7 juillet
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LE TRESOR DE
SAINT-BERTRAND-DU-COMMINGES
Souvent, sur les coffrets, étaient sculptées des chasses, des scènes tirées de romans en vogue, des inscriptions, etc. Il existe encore, dans le trésor de l’église de Saint-Bertrand de Comminges, un coffret de bois recouvert de plaques de cuivre jaune estampé, sur lesquelles sont figurés en relief des chevaliers, des dames, des animaux.
Dictionnaire raisonné du mobilier français de l’époque carlovingienne à la Renaissance Coffret
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le « Lyon des Réunis, »
Lugdunum convenarum
Les Pyrénées naturellement commandèrent plus fortement leur attention. Ces montagnes avaient déjà l’aspect dénudé qui nous frappe aujourd’hui, et il n’en fallut pas davantage pour engendrer la légende d’un incendie allumé par des bergers qui aurait dévoré les forêts d’un bout à l’autre. Cela n’expliquait-il pas leur nom par le rapprochement avec le mot grec pyr, feu ? Mais outre qu’il est infiniment peu probable que le grec ait fourni aux Celtibères le nom de leurs montagnes, il semble que l’eau eut bien plus de part que le feu au déboisement de ces pentes ardues. Le buis et les eaux thermales des Pyrénées sont vantés par Pline. Leurs neiges et leurs lacs glacés ont été chantés par Lucain. Le passage le plus fréquenté depuis la plus haute antiquité fut celui qui faisait partie de la route de Barcelone à Narbonne, passant par Girone et le col de Pertus, Un autre donnait accès à la route de Saragosse (Cœsar-Augusta) à Oléron ; un troisième permettait d’aller de Pampelune à Dax par le Summum Pyrenœum (Roncevaux) et l’Imum Pyrenœum (Saint-Jean-Pied-de-Port). Les Romains changèrent ces sentiers de chèvres en belles routes. Mais il y avait indubitablement d’autres passages encore, entre autres celui du val d’Arran par où passèrent des bandes chassées d’Espagne qui fondèrent le « Lyon des Réunis, » Lugdunum convenarum, dont on ne soupçonnerait jamais le nom antique sous l’appellation moderne de Saint-Bertrand de Comminges. Les fleuves font aussi partie du capital permanent de la terre gauloise, bien que leurs embouchures, nous allons bientôt le voir, aient singulièrement changé d’aspect. Revue des Deux Mondes tome 34, 1879 Albert Réville La géographie de la Gaule
« Le Prado est un boulevard planté d’arbres, orné de plusieurs rangées de chaises, et où la population de Madrid vient tous les jours se promener. L’espace choisi pour la promenade est compris entre la fontaine de Cybèle et la fontaine de Neptune, et s’appelle le salon du Prado. On donne aussi le nom de Paris à l’allée de chaises qui longe la route des voitures. Au printemps, on se promène avant dîner, vers six ou sept heures ; l’été, on dîne à six heures pour aller ensuite au Prado jusqu’à dix ou onze heures. De l’autre côté du Prado sont les jardins du Buen-Retiro ; pour y aller, on passe auprès d’un obélisque appelé le monument du 2 mai, élevé à la mémoire des hommes qui, le 2 mai 1808, donnèrent le premier signal de la guerre de l’indépendance. «
John Lemoinne Quelques Jours en Espagne Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858 pp. 423-445
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LE QUARTIER DU PRADO en 1847
« Il est un lieu à Madrid où, mieux qu’en aucune soirée, on peut voir vivre et se confondre la société espagnole : c’est le Prado, qui, lui seul, ferait la renommée d’une ville. Le Prado, par sa situation même, est une des plus belles promenades qu’on puisse imaginer ; il s’étend à l’est de Madrid, de la porte des Récollets à la porte d’Atocha, et est placé entre deux collines, comme pour ne perdre aucun rayon de soleil au printemps. D’un côté sont de superbes palais, tels que le Buen-Retiro, le Musée et le magnifique jardin botanique ; une partie de la ville se répand sur le flanc opposé et vient déboucher par les rues d’Alcala, San-Geronimo et Atocha, qui vont en s’élargissant et forment des issues grandioses. Tout le Prado est sillonné d’allées d’arbres au bout desquelles s’élèvent les gracieuses fontaines d’Apollon, de Cybèle et de Neptune. Le Prado est à Madrid ce que sont les Champs-Élysées à Paris. S’il y a moins de grandeur, il y a plus de grace peut-être. La mode, on le sait, est capricieuse et folle ; ce qui la dirige dans son choix, on ne le sait guère ; elle se plaît surtout, de nos jours, aux disparates. Eh bien ! la mode, depuis quelque temps à Madrid, veut qu’on se porte sur un des points du Prado les plus disgracieux, les plus dépourvus d’agrément, dans une allée qui conduit de la porte à l’église d’Atocha, et qui est enserrée entre un mur et un tertre qui s’effondre. «
Charles de Mazade Madrid et la société espagnole en 1847 Revue des Deux Mondes, Période Initiale tome 18, 1847 pp. 317-353
PLAZA DE CIBELES Place de Cybèle 西贝莱斯广场 Площадь Пласа-де-Сибелес
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LA FONTAINE DE CYBELE
PAR THEOPHILE GAUTIER
« En revanche, comme pour représenter l’époque moderne, des omnibus, attelés de six à huit mules maintenues au triple galop par une mousqueterie de coups de fouet, fendaient la foule, qui se rejetait, effarée, sous les arbres écimés et trapus dont est bordée la rue d’Alcala, à partir de la fontaine de Cybèle jusqu’à la porte triomphale élevée en l’honneur de Charles III. »
Théophile Gautier Militona (1847) Hachette, 1860 pp. 1-20 Premier Chapitre
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LES FONTAINES DE CYBELE ET DE NEPTUNE
EN 1858
« Le Prado est un boulevard planté d’arbres, orné de plusieurs rangées de chaises, et où la population de Madrid vient tous les jours se promener. L’espace choisi pour la promenade est compris entre la fontaine de Cybèle et la fontaine de Neptune, et s’appelle le salon du Prado. On donne aussi le nom de Paris à l’allée de chaises qui longe la route des voitures. Au printemps, on se promène avant dîner, vers six ou sept heures ; l’été, on dîne à six heures pour aller ensuite au Prado jusqu’à dix ou onze heures. De l’autre côté du Prado sont les jardins du Buen-Retiro ; pour y aller, on passe auprès d’un obélisque appelé le monument du 2 mai, élevé à la mémoire des hommes qui, le 2 mai 1808, donnèrent le premier signal de la guerre de l’indépendance. «
John Lemoinne Quelques Jours en Espagne Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858 pp. 423-445
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LE QUARTIER DU PRADO en 1847
« Il est un lieu à Madrid où, mieux qu’en aucune soirée, on peut voir vivre et se confondre la société espagnole : c’est le Prado, qui, lui seul, ferait la renommée d’une ville. Le Prado, par sa situation même, est une des plus belles promenades qu’on puisse imaginer ; il s’étend à l’est de Madrid, de la porte des Récollets à la porte d’Atocha, et est placé entre deux collines, comme pour ne perdre aucun rayon de soleil au printemps. D’un côté sont de superbes palais, tels que le Buen-Retiro, le Musée et le magnifique jardin botanique ; une partie de la ville se répand sur le flanc opposé et vient déboucher par les rues d’Alcala, San-Geronimo et Atocha, qui vont en s’élargissant et forment des issues grandioses. Tout le Prado est sillonné d’allées d’arbres au bout desquelles s’élèvent les gracieuses fontaines d’Apollon, de Cybèle et de Neptune. Le Prado est à Madrid ce que sont les Champs-Élysées à Paris. S’il y a moins de grandeur, il y a plus de grace peut-être. La mode, on le sait, est capricieuse et folle ; ce qui la dirige dans son choix, on ne le sait guère ; elle se plaît surtout, de nos jours, aux disparates. Eh bien ! la mode, depuis quelque temps à Madrid, veut qu’on se porte sur un des points du Prado les plus disgracieux, les plus dépourvus d’agrément, dans une allée qui conduit de la porte à l’église d’Atocha, et qui est enserrée entre un mur et un tertre qui s’effondre. «
Charles de Mazade Madrid et la société espagnole en 1847 Revue des Deux Mondes, Période Initiale tome 18, 1847 pp. 317-353
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CYBELE
Par L’Encyclopédie
CYBELE, s. f. (Myth.) divinité du Paganisme. On l’adora sous les noms d’Ops, Rhée, Vesta, la Bonne-déesse, la mere des Dieux, Dyndimene, la mere Idée, Bérécinthe, &c. Elle étoit fille du ciel & de la terre, & femme de Saturne. Elle fut appellée Cybele du mont Cybelus en Phrigie, où l’on racontoit qu’elle avoit été exposée après sa naissance, nourrie par des bêtes sauvages, & épousée par un patre, & où elle avoit un culte particulier. On la représentoit sur un char traîné par des lions, avec une tour sur la tête, une clé à la main, & un habit parsemé de fleurs. Elle aima Atys, qui eut tant de mépris pour cette bonne fortune, qu’il aima mieux se priver de ce dont il auroit eu besoin pour en bien profiter, que de céder à la poursuite de la bonne déesse. Il se fit cette belle opération sous un pin où il mourut, & qui lui fut consacré. La mere Idée fut envoyée de Pessinunte à Rome sous la forme d’une pierre brute, où elle fut introduite par Scipion Nasica, pour satisfaire aux livres sibyllins où les Romains avoient lû que l’expulsion des Carthaginois dépendoit de l’établissement de son culte en Italie ; ils ordonnoient encore que Cybele fût reçue à son arrivée par le plus honnête homme ; ce qui fixa le choix sur Nasica. Ses prêtres s’appellerent galli, dactyles, curetes, corybantes ; ils promenoient sa statue dans les rues, chantant, dansant, faisant des contorsions, se déchiquetant le corps & escamotant des aumônes. C’étoit à son honneur qu’on célébroit la taurobolie. Voyez Taurobolie ; voyez aussi Corybantes, Dactyles, Curetes, &c. On lui sacrifioit tous les ans à Rome une truie, au nom des préteurs, par la main d’un de ses prêtres & d’une prêtresse de Vénus. On a prétendu que ses lions désignoient son empire sur les animaux qu’elle produit & nourrit ; sa couronne, les lieux habités dont la terre est couverte ; sa clé, les greniers où l’on renferme les semences après la récolte ; sa robe, les fleurs dont la terre s’émaille ; son mariage avec Saturne, la nécessité du tems pour la génération de toute chose. A la bonne heure. »
Diderot L’Encyclopédie, 1re éd. 1751 – Tome 4, p. 585
« Ce n’est pas que l’ordre soit difficile à garder. Placez-vous, par exemple, à la Puerta del Sol : elle vous mène à tout, elle est le confluent des principales rues : d’un côté la calle Mayor, de l’autre la rue d’Alcala, la carrera San-Geronimo, la Montera et les Carrelas. C’est dans ces limites qu’est concentrée l’activité de Madrid et ce qui s’y fait de commerce…
Puisque nous sommes revenus à la Puerta del Sol, allons-nous-en du côté du Prado. Vous pouvez, si vous voulez, prendre une voiture. Les petits coupés sont assez bien tenus, ils coûtent un franc la course ; quand ils sont libres, ils arborent un petit carton sur lequel il y a écrit : se alquila, à louer ; mais naturellement on ne peut bien flâner qu’à pied. Vous pouvez prendre indifféremment la rue d’Alcala ou la carrera San-Geronimo ; toutes deux vous mènent au Prado. «
John Lemoinne Quelques Jours en Espagne Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858 pp. 423-445
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LA RUE D’ALCALA EN 1847
« D’autres ont été simplement rasés ; on y a établi des marchés, on y a formé des places. Il en est enfin qui ont été livrés à l’industrie particulière et que l’industrie a utilisés à son profit. Ces changements ne donnent-ils pas un tout autre aspect à une ville ? Il est certain que Madrid possède en ce moment des quartiers qui s’embellissent chaque jour et qui peuvent rivaliser avec les quartiers les plus renommés des autres capitales : telle est la rue d’Alcala, qui s’étend du Prado à la porte du Soleil, et forme, avec la rue Mayor, qui lui succède, la principale artère de Madrid. Imaginez parallèlement à la rue d’Alcala la rue San-Geronimo, la belle et vaste rue d’Atocha, toutes deux conduisant au Prado, qui les couronne, et vous pourrez prendre une idée de la partie remarquable de la ville. Là est le mouvement, là est la vie ; c’est le beau côté de la médaille. Si vous voulez connaître le revers, vous n’avez qu’à aller fouiller un instant le quartier de Lavapiès, dont les pauvres maisons cachent des existences plus pauvres encore, et où la misère espagnole s’étale dans toute sa nudité. »
Charles de Mazade Madrid et la société espagnole en 1847 Revue des Deux Mondes, Période Initiale, tome 18
1847-pp. 317-353
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LA RUE D’ALCALA PAR THEOPHILE GAUTIER
« La calle del Caballero de Gracia franchie, il déboucha dans cette magnifique rue d’Alcala, qui s’élargit en descendant vers la porte de la ville, ainsi qu’un fleuve approchant de la mer, comme si elle se grossissait des affluents qui s’y dégorgent. »
Théophile Gautier Militona -1847 Hachette, 1860 -pp. 1-20 Premier Chapitre
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LA CALLE DE ALCALA
DANS LE VOYAGE EN ESPAGNE
DE THEOPHILE GAUTIER
1859
« Le lundi, jour de taureaux, dia de toros, est un jour férié ; personne ne travaille, toute la ville est en rumeur ; ceux qui n’ont pas encore pris leurs billets marchent à grands pas vers la calle de Carretas, où est situé le bureau de location, dans l’espoir de trouver quelque place vacante ; car, disposition qu’on ne saurait trop louer, cet énorme amphithéâtre est entièrement numéroté et divisé en stalles, usage que l’on devrait bien imiter dans les théâtres de France. La calle de Alcala, qui est l’artère où viennent se dégorger les rues populeuses de la ville, est pleine de piétons, de cavaliers et de voitures ; c’est pour cette solennité que sortent de leurs remises poudreuses les calesines et les carrioles les plus baroques et les plus extravagantes, et que se produisent au jour les attelages les plus fantastiques, les mules les plus phénoménales. »
Théophile Gautier Voyage en Espagne charpentier, 1859 – pp. 71-88 Chapitre VII