Archives par mot-clé : 1880

POÉSIE PORTUGAISE & BRÉSILIENNE ET LITTÉRATURE PORTUGAISE & BRÉSILIENNE

PORTUGAL & BRESIL

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Fernando Pessoa

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Traduction Jacky Lavauzelle
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Traductions Artgitato Français Portugais Latin Tchèque Allemand Espagnol

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POESIES PORTUGAISES
LITTERATURES PORTUGAISES
TEXTES PORTUGAIS & BRESILIENS

Tradução francesa de textos em português

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Luis de Camões

Vie & Œuvre de Luis de Camões
Vida e Obra de Luis de Camões
Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

Amazon.fr – LES LUSIADES: OS LUSIADAS – Camões, Luís de, LAVAUZELLE, JACKY – Livres

 

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Miguel Araujo

Le Mari des autres
Os Maridos das outras


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Susana Felix

Canção de Madrugar
Rua da Saudade  

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Pedro Abrunhosa

Será
Eu nao sei quem te perdeu – Je ne sais pas qui te perd
Beijo – Baiser
Momento
Pontes entre nos – Un Pont entre nous
Agarra-me esta noite – Retiens-moi cette nuit

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Brésil
Vicente de Carvalho

Poemas – Poèmes

Traduction Jacky Lavauzelle

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Brésil
 João da Cruz e Sousa

Poemas – Poèmes

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Almeida Garrett

Poésie

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Brésil
Cécilia MEIRELES

La Poésie de Cécilia Meireles – A poesia de Cecília Meireles
Cecilia Meireles a poesia de Cecilia Meireles la poésie de Cécilia Meireles Artgitato

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Brésil
Gonçalves DIAS

Mon Chant de Mort
Meu canto de morte

Meu canto de morte Mon Chant de Mort Gonçalves Dias Poemas Poèmes Artgitato Femme Tupi**

FLORBELA ESPANCA

POÉSIE – POESIA

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Brésil
Alphonsus de GUIMARAENS

A Poesia de Alphonsus de Guimaraens
La Poésie d’Alphonsus de Guimaraens

Alphonsus_de_Guimaraens_(facing_left)
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Brésil
MACHADO DE ASSIS
Joaquim Maria Machado de Assis

Œuvre

joaquim-maria-machado-de-assis-artgitato**

António Nobre

Obras – Œuvre

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Fernando Pessoa

Poesia e Prosa – Poésie & Prose
Fernando Pesso Literatura Português Poesia e Prosa Poésie et Prose Artgitato

 

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Brésil
Jorge Ben Jor

Chove Chuva
Il pleut des cordes

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Eça de Queiroz

O Mandarim – Le Mandarin (1880)

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ANTERO DE QUENTAL

Poésie

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Tradução francesa de textos em português
Traduction Portugais
Jacky Lavauzelle

 

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LU XUN Proses Poèmes & Analyses – 鲁迅 – 散文 诗

LITTERATURE CHINOISE
中国文学

LU XUN
鲁迅
散文 Prose
Poème 诗

1880-1936

 Traduction Jacky Lavauzelle

 Lu Xun Oeuvres Proses et Poésie Artgitato 2



texte bilingue

 

 

LU XUN
Proses et Poèmes
Analyses

Traduction Jacky Lavauzelle

PROSE

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La Véritable histoire de Ah Q
阿Q正传
1921-1922
 Chapitre I
第一章
Préface
 序
la véritable histoire de Ah Q Lu Xun Artgitato

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Analyse

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LU XUN
Chirurgien de l’âme

La médecine et la littérature empreintent parfois des chemins inattendus. En partie par son impuissance, voire par un certain charlatanisme, la médecine a longtemps décu et a poussé à prendre l’encrier. Passer de la plaies à la plume. Toucher les consciences semble plus efficace que de recoudre, de soigner les infections, de recoudre.  « La médecine peut guérir le corps, elle ne peut guérir le cœur » disait  Saint Paul de Tarse.

Lu Xun Chirugien de l'Âme Artgitato

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LU XUN
AU BANQUET DE LA DYNASTIE MING

Comme en France, cette fin de XVIIème en Chine est fleurissante. Nous sommes à la fin de la dynastie Ming. Même si c’est la technique de la porcelaine qui symbolise le mieux cette période, tous les arts, sans être totalement révolutionnaires, arrivent à une maturité certaine. Nous pensons à l’épopée, au XIVème siècle, des cent huit voleurs de Au bord de l’eau de Shi Nai’an, sortes de Robin des bois révoltés contre le pouvoir en place.

Lu Xun au banquet de la dynastie Ming Portrait de Yongle

***

 SOUS LA VOÛTE GLACEE DE LA MORT

Lu Xun écrit pour le présent. La postérité, il n’y pense pas. Tout au plus  il l’aborde comme quelque chose de tellement  loin. Ce n’est pas son but. Einstein disait que « celui qui ne peut plus éprouver ni étonnement ni surprise est pour ainsi dire mort : ses yeux sont éteints. »
Lu Xun a les yeux constamment ouverts. Ouverts sur son époque et ses contemporains.

Lu Xun Sous la voûte glacée de la mort Artgitato Le Monde illustré 1858 Supplice du lingtchi

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LuXun1930

LE MANDARIN Eça de Queiroz – O Mandarim – 1ère Partie – 3ème section

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português
Le Mandarin Eça de Queiroz

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

I

Première Partie

Traduction Jacky Lavauzelle

Le Mandarin Eça de Queiroz
Troisième Section

Eça de Queiroz Le Mandarin O Mandarim Artgitato L'enfance de Jupiter 1630 Jacob Jordaens Le Louvre
Jacob Jordaens
L’Enfance de Jupiter
1630
Musée du Louvre

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 Se o volume fosse de uma honesta edição Michel-Levy, de capa amarela, eu, que por fim não me achava perdido numa floresta de balada alemã, e podia da minha sacada ver branquejar à luz do gás o correame da patrulha
Si cela n’était qu’une simple édition Michel-Levy, à la couverture jaune, moi qui, enfin, n’étais pas perdu dans une forêt de ballade allemande, et qui pouvais, de mon balcon, voir briller la lumière des becs de gaz,
– teria simplesmente fechado o livro, e estava dissipada a alucinação nervosa.
– tout simplement, j’aurais fermé le livre, ce qui aurait dissipé cette hallucination nerveuse.
Mas aquele sombrio in-fólio parecia exalar magia;
Mais cette magie semblait sortir de ce sombre in-folio ;
cada letra afectava a inquietadora configuração desses sinais da velha cabala, que encerram um atributo fatídico;
chaque lettre affectait la configuration des signes inquiétants de l’ancienne cabale, qui enfermait un attribut fatidique ;
as vírgulas tinham o retorcido petulante de rabos de diabinhos, entrevistos numa alvura de luar;
les virgules avait les queues tordues de pétulants diablotins entrevus dans une blancheur lunaire ;
no ponto de interrogação final eu via o pavoroso gancho com que o Tentador vai fisgando as almas que adormeceram sem se refugiar na inviolável cidadela da Oração!…
dans le point d’interrogation final,  je voyais le terrible crochet du Tentateur qui transperçait les âmes endormies, celles qui ne s’étaient pas réfugiées dans la citadelle inviolable de la prière ! …
Uma influência sobrenatural apoderando-se de mim, arrebatava-me devagar para fora da realidade, do raciocínio:
Une influence surnaturelle me saisissant, je le saisit lentement hors de la réalité, le raisonnement
e no meu espírito foram-se formando duas visões – de um lado um mandarim decrépito, morrendo sem dor, longe, num quiosque chinês, a um ti-li-tim de campainha;
et mon esprit ont commencé à former deux visions- d’un côté un mandarin décrépit, mourant sans douleur loin de tous, dans un kiosque chinois, accompagné de sons de cloches ;
do outro toda uma montanha de ouro cintilando aos meus pés!
l’autre toute une montagne d’or miroitant à mes pieds!
Isto era tão nítido, que eu via os olhos oblíquos do velho personagem embaciarem-se, como cobertos de uma ténue camada de pó;
C’était si clair, je voyais les yeux bridés du vieillard se couvrir d’une sorte de fine couche de poussière;
e sentia o fino tinir de libras rolando juntas.
et j’entendais au final tinter les livres qui roulaient.
E imóvel, arrepiado, cravava os olhos ardentes na campainha, pousada pacatamente diante de mim sobre um dicionário francês
Et immobile, terrifié, mes yeux ne se détachaient plus de la cloche, cloche qui reposait paisiblement devant moi sur un dictionnaire français
– a campainha prevista, citada no mirífico in-fólio…
– la cloche qu’évoquait l’in-folio mirifique …

 Foi então que, do outro lado da mesa, uma voz insinuante e metálica me disse, no silêncio:
Puis, de l’autre côté de la table, une voix métallique insinuante me dit dans le silence:

 – Vamos, Teodoro, meu amigo, estenda a mão, toque a campainha, seja um forte!
– Allez, Teodoro, mon ami, tendez la main, agitez la cloche, soyez fort !

 O abat-jour verde da vela punha uma penumbra em redor.
Du vert abat-jour émanait une pénombre tout autour.
Ergui-o, a tremer.
Je le levai, tremblant.
E vi, muito pacificamente sentado, um indivíduo corpulento, todo vestido de preto, de chapéu alto, com as duas mãos calçadas de luvas negras gravemente apoiadas ao cabo de um guarda-chuva.
Et je vis, assis paisiblement, un homme corpulent, habillé tout en noir, chapeau haut de forme, avec les deux mains dans des gants noirs, gravement appuyé sur le pommeau d’un parapluie.
Não tinha nada de fantástico.
Il n’y avait là rien de fantastique.
Parecia tão contemporâneo, tão regular, tão classe média como se viesse da minha repartição…
Il semblait ordinaire, de la classe moyenne, comme s’il venait de mon service…

Toda a sua originalidade estava no rosto, sem barba, de linhas fortes e duras;
Tout son originalité était dans son visage, pas de barbe, des traits forts et durs ;
o nariz brusco, de um aquilino formidável, apresentava a expressão rapace e atacante de um bico de águia;
le nez brusque, d’un aquilin redoutable, lui donnait l’expression rapace et guerrière du bec d’aigle;
o corte dos lábios, muito firme, fazia-lhe como uma boca de bronze;
la coupe de ses lèvres, très ferme, lui faisait une bouche de bronze ;
os olhos, ao fixar-se, assemelhavam dois clarões de tiro, partindo subitamente de entre as sarças tenebrosas das sobrancelhas unidas;
les yeux, en vous fixant, ressemblaient à deux coups de feu, tout à coup tirés du feuillu ténébreux des sourcils réunis ;
era lívido – mas, aqui e além na pele, corriam-lhe raiações sanguíneas como num velho mármore fenício.
Il était livide – mais, ici et là, sur sa peau, couraient des ramifications de vaisseaux, tel un vieux marbre phénicien.

Veio-me à ideia de repente que tinha diante de mim o Diabo:
L’idée me vint soudain que j’avais devant moi le Diable :
mas logo todo o meu raciocínio se insurgiu resolutamente contra esta imaginação.
mais bientôt toute ma raison résolument protesta contre cette divagation.
Eu nunca acreditei no Diabo – como nunca acreditei em Deus.
Je ne croyais pas au Diable – comme je ne croyais pas en Dieu.
Jamais o disse alto, ou o escrevi nas gazetas, para não descontentar os poderes públicos, encarregados de manter o respeito por tais entidades:
Je ne l’ai jamais dit à haute voix, ou écrit dans les journaux, pour ne pas déplaire aux autorités en charge de maintenir le respect de ces entités :
mas que existam estes dois personagens, velhos como a Substância, rivais bonacheirões, fazendo-se mutuamente pirraças amáveis,
mais penser qu’il existe deux personnages, vieux comme la Matière, débonnaires rivaux, passant leur temps à se quereller aimablement,
– um de barbas nevadas e túnica azul, na toilette do antigo Jove, habitando os altos luminosos, entre uma corte mais complicada que a de Luís XIV;
– l’un doté d’une barbe blanche et d’une tunique bleue, dans la toilette de l’antique Zeus, habitant les lumières célestes, au milieu d’une cour plus compliquée que celle de Louis XIV ;
e o outro enfarruscado e manhoso, ornado de cornos, vivendo nas chamas inferiores, numa imitação burguesa do pitoresco Plutão
et l’autre, malin et sombre, orné de cornes, vivant dans les flammes inférieures, une imitation bourgeoise du pittoresque Pluton
– não acredito. Não, não acredito!
– je n’y crois pas. Non, je n’y crois pas !
Céu e Inferno são concepções sociais para uso da plebe
Le ciel et l’enfer sont des concepts sociaux pour l’utilisation du peuple
– e eu pertenço à classe média.
– et j’appartiennent à la classe moyenne.
Rezo, é verdade, a Nossa Senhora das Dores:
Je prie, il est vrai, à Notre-Dame des Douleurs:
porque, assim como pedi o favor do senhor doutor para passar no meu acto; 
car j’ai recherché les faveurs de mon professeur pour avoir mes diplômes ;
assim como, para obter os meus vinte mil réis, implorei a benevolência do senhor deputado; 
j’ai imploré la bienveillance de mon député pour gagner mes vingt mille reis ;
igualmente para me subtrair à tísica, à angina, à navalha de ponta, à febre que vem da sarjeta, à casca da laranja escorregadia onde se quebra a perna, a outros males públicos, necessito ter uma protecção extra-humana. 
également pour me soustraire à la phtisie, à l’angine de poitrine, à la lame du rasoir qui vient du trottoir, à l’écorce de l’orange glissante où je peux me casser une jambe, à bien d’autres malédictions publiques, je dois avoir une protection extra-humaine.
Ou pelo rapapé ou pelo incensador, o homem prudente deve ir fazendo assim uma série de sábias adulações, desde a Arcada até ao Paraíso.
Avec des encensoirs, l’homme sage doit pouvoir ainsi faire un certain nombre de sages adulations, de l’Arcada au Paradis.
Com um compadre no bairro, e uma comadre mística nas alturas
Avec un compère dans un quartier, et commère mystique dans un autre
– o destino do bacharel está seguro.
– le destin du bachelier est assuré.

Por isso, livre de torpes superstições, disse familiarmente ao indivíduo vestido de negro:
Donc, libre de superstitions grossières, je dis familièrement à cet individu fardé de noir :

– Então, realmente, aconselha-me que toque a campainha?
– Alors, vraiment, vous me conseillez de sonner la cloche ?

 Ele ergueu um pouco o chapéu, descobrindo a fronte estreita, enfeitada de uma gaforinha crespa e negrejante como a do fabuloso Alcides, e respondeu, palavra a palavra:
Il souleva légèrement son chapeau, découvrant un front étroit, que surplombait une chevelure crépue et noire comme le fabuleux Alcide, et dit, mot pour mot :
– Aqui está o seu caso, estimável Teodoro.
– C’est là qu’est votre problème, estimable Teodoro.
Vinte mil réis mensais são uma vergonha social!
Vingt mille reis mensuels sont une honte sociale !
Por outro lado, há sobre este globo coisas prodigiosas:
D’autre part, il y a sur ce globe des choses prodigieuses :
há vinhos de Borgonha, como por exemplo o Romanée-Conti de 58 e o Chambertin, de 61, que custam, cada garrafa, de dez a onze mil réis;
Il y a des vins de Bourgogne, comme le Romanée-Conti de 58 et le Chambertin de 61, qui coûte, par bouteille, de dix à onze mille reis;
e quem bebe o primeiro cálice, não hesitará, para beber o segundo, em assassinar seu pai…
et qui boit une première coupe, n’hésitera pas, pour en boire une seconde, à assassiner son père …
Fabricam-se em Paris e em Londres carruagens de tão suaves molas, de tão mimosos estofos, que é preferível percorrer nelas o Campo Grande, a viajar, como os antigos deuses, pelos céus, sobre os fofos coxins das nuvens…
Il se fabrique à Paris et à Londres des voitures avec des ressorts si doux, de si minutieux revêtements, que cela devient plus agréable d’aller de la sorte au Campo Grande que de voyager, comme les anciens dieux, par les cieux, sur des coussins moelleux de nuages …
Não farei à sua instrução a ofensa de o informar que se mobilam hoje casas, de um estilo e de um conforto, que são elas que realizam superiormente esse regalo fictício, chamado outrora a «bem-aventurança».
Je ne ferai pas offense à votre instruction en vous informant que le mobilier d’aujourd’hui de ces maisons abrite un tel style et un tel confort, que nous y trouvons ce que jadis nous appelions le «bonheur».
Não lhe falarei, Teodoro, de outros gozos terrestres:
Je ne vous parelerai pas, Teodoro, des autres jouissances terrestres :
como, por exemplo, o Teatro do Palais Royal, o baile Laborde, o Café Anglais…
comme, par exemple, le Théâtre du Palais Royal, la bal Laborde, le Café Anglais …
Só chamarei a sua atenção para este facto:
Il suffit de rappeler à votre attention ces faits :
existem seres que se chamam Mulheres
il y a des êtres qui s’appellent des femmes
– diferentes daqueles que conhece, e que se denominam Fêmeas. – différentes de celles que vous connaissez, et qui se nomment des Femelles.
Estes seres, Teodoro, no meu tempo, a páginas 3 da Bíblia, apenas usavam exteriormente uma folha de vinha.
Ces êtres, Teodoro, dans mon temps, à la page 3 de la Bible, se couvraient d’à peine une feuille de vigne.
Hoje, Teodoro, é toda uma sinfonia, todo um engenhoso e delicado poema de rendas, baptistes, cetins, flores, jóias, caxemiras, gazes e veludos…
Aujourd’hui, Teodoro, c’est une symphonie, tout un ingénieux et délicat poème de dentelles, de baptiste, de satins, de fleurs, de bijoux, de cachemires, de velours et de gazes …
Compreende a satisfação inenarrável que haverá, para os cinco dedos de um cristão, em percorrer, palpar estas maravilhas macias; Vous comprendrez la satisfaction indicible qu’il y a, pour les cinq doigts d’un chrétien à aller palper de si merveilleuses douceurs ;
– mas também percebe que não é com o troco de uma placa honesta de cinco tostões que se pagam as contas destes querubins…
– Mais aussi vous réalisez bien que ce n’est pas une simple pièce de cinq tastões que vous pourrez payer les factures de ces chérubins …
Mas elas possuem melhor, Teodoro:
Mais elles possèdent quelque chose de plus, Teodoro :
são os cabelos cor do ouro ou cor da treva, tendo assim nas suas tranças a aparência emblemática das duas grandes tentações humanas
elles ont des cheveux couleur d’or ou couleur des grandes obscurités, avec, dans leurs tresses, l’apparence emblématique de deux grandes tentations humaines
– a fome do metal precioso e o conhecimento do absoluto transcendente.
– l’appétit du métal précieux et de la connaissance de l’absolue transcendance.
E ainda têm mais:
Et elles ont encore plus:
são os braços cor de mármore, de uma frescura de lírio orvalhado;
elles possèdent des bras couleur de marbre, d’une fraîcheur de rosée ;
são os seios, sobre os quais o grande Praxíteles modelou a sua Taça, que é a linha mais pura e mais ideal da Antiguidade…
des seins, sur lesquels le grand Praxitèle a modelé sa Coupe, qui se trouve être la ligne la plus pure et la plus idéale de l’antiquité …
Os seios, outrora (na ideia desse ingénuo Ancião que os formou, que fabricou o mundo, e de quem uma inimizade secular me veda de pronunciar o nome),
Les seins, autrefois (dans l’idée de cet Ancien ingénu qui les a formés, qui a fait le monde, et dont l’inimitié séculaire m’interdit de prononcer le nom),
eram destinados à nutrição augusta da humanidade;
étaient destinées à l’auguste nutrition de l’humanité;
sossegue porém, Teodoro;
soyez tranquille, Teodoro;
hoje nenhuma mamã racional os expõe a essa função deterioradora e severa;
aujourd’hui aucune maman rationnelle ne les expose à cette fonction destructrice et sévère ;
servem só para resplandecer, aninhados em rendas, ao gás das soirées,
ils ne servent qu’à briller, nichés dans la dentelle, et les gazes des soirées,
– e para outros usos secretos.
– ainsi qu’à d’autres utilisations secrètes.
As conveniências impedem-me de prosseguir nesta exposição radiosa das belezas que constituem o fatal feminino
Les convenances m’empêchent de poursuivre cette exposition radieuse des beautés qui constituent l’éternel féminin
De resto as suas pupilas já rebrilham…
D’ailleurs déjà vos pupilles scintillent …
Ora todas estas coisas, Teodoro, estão para além, infinitamente para além dos seus vinte mil réis por mês…
Maintenant, toutes ces choses, Teodoro, sont au-delà, infiniment au-delà de vos vingt mille reis par mois …
Confesse, ao menos, que estas palavras têm o venerável selo da verdade!…
Avouez, au moins, que ces mots porte le vénérable sceau de la vérité! …

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Le Mandarin Eça de Queiroz

Jan Štursa EVE – EVA – 1909 – BRNO – Moravská galerie v Brně

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

—-
Sculptures Tchèques
Jan Štursa

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

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Moravská galerie v Brně
Galerie Morave de Brno

EVE – EVA
Jan Štursa
1880-1925

Jan_Stursa_1915 Jan Štursa 1880-1925 Jihlava 1915

Moravská galerie v Brně

Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (1) Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (2) Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (3)

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FIDELI FIDELIS

ÈVE

Jésus parle.

 Ômère ensevelie hors du premier jardin,
Vous n’avez plus connu ce climat de la grâce,
Et la vasque et la source et la haute terrasse,
Et le premier soleil sur le premier matin.

Et les bondissements de la biche et du daim
Nouant et dénouant leur course fraternelle
Et courant et sautant et s’arrêtant soudain
Pour mieux commémorer leur vigueur éternelle,

Et pour bien mesurer leur force originelle
Et pour poser leurs pas sur ces moelleux tapis,
Et ces deux beaux coureurs sur soi-même tapis
Afin de saluer leur lenteur solennelle.Et les ravissements de la jeune gazelle
Laçant et délaçant sa course vagabonde,
Galopant et trottant et suspendant sa ronde
Afin de saluer sa race intemporelle.

Et les dépassements du bouc et du chevreuil
Mêlant et démêlant leur course audacieuse
Et dressés tout à coup sur quelque immense seuil
Afin de saluer la terre spacieuse.

Et tous ces filateurs et toutes ces fileuses
Mêlant et démêlant l’écheveau de leur course,
Et dans le sable d’or des vagues nébuleuses
Sept clous articulés découpaient la Grande Ourse.

Et tous ces inventeurs et toutes ces brodeuses
Du lacis de leurs pas découpaient des dentelles.
Et ces beaux arpenteurs parmi ces ravaudeuses
Dessinaient des glacis devant des citadelles.

Une création naissante et sans mémoire
Tournante et retournante aux courbes d’un même orbe.
Et la faîne et le gland et le coing et la sorbe
Plus juteux sous les dents que la prune et la poire.Vous n’avez plus connu la terre maternelle
Fomentant sur son sein les faciles épis,
Et la race pendue aux innombrables pis
D’une nature chaste ensemble que charnelle.

Vous n’avez plus connu ni la glèbe facile,
Ni le silence et l’ombre et cette lourde grappe,
Ni l’océan des blés et cette lourde nappe,
Et les jours de bonheur se suivant à la file.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine grasse,
Ni l’avoine et le seigle et leurs débordements,
Ni la vigne et la treille et leurs festonnements,
Et les jours de bonheur se suivant à la trace.

Vous n’avez plus connu ce limon qui s’encrasse
À force d’être épais et d’être nourrissant ;
Vous n’avez plus connu le pampre florissant,
Et la race des blés jaillis pour votre race.

Vous n’avez plus connu l’arbre chargé de pommes
Et pliant sous le faix dans la mûre saison ;
Vous n’avez plus connu devant votre maison
Les blés enfants jaillis pour les enfants des hommes.Ce qui depuis ce jour est devenu la fange
N’était encor qu’un lourd et plastique limon ;
Et la Sagesse même et le roi Salomon
N’eût point départagé l’homme d’avecque l’ange.

Ce qui depuis ce jour est devenu la somme
S’obtenait sans total et sans addition ;
Et la Sagesse assise au coteau de Sion
N’eût point dépareillé l’ange d’avecque l’homme.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine rase,
Ni le secret ravin aux pentes inclinées,
Ni le mouvant tableau des ombres déclinées.
Ni ces vallons plus pleins que le flanc d’un beau vase.

Vous n’avez plus connu les saisons couronnées
Dansant le même pas devant le même temps ;
Vous n’avez plus connu vers le même printemps
Le long balancement des saisons prosternées.

Vous n’avez plus connu les fleurs nouvelles-nées
Jaillissant des sommets en énormes cascades ;
Vous n’avez plus connu les profondes arcades,
Et du haut des cyprès les ombres décernées.Vous n’avez plus connu les naissantes années
Jaillissant comme un chœur du haut du jeune temps ;
Vous n’avez plus connu vers un jeune printemps
Le chaste enlacement des saisons alternées.

Vous n’avez plus connu les saisons discernées
Par un égal bonheur au creux d’un même temps ;
Vous n’avez plus connu vers un égal printemps
L’égal déroulement des saisons gouvernées.

Vous n’avez plus connu les saisons retournées
Vers un égal bonheur et vers le même temps ;
Vous n’avez plus connu vers le même printemps
Le souple enroulement des saisons détournées.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’une nacelle ;
Et le désistement et le retrait d’épaule
D’une saison périe encor que jouvencelle.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’un beau trois-mâts ;
Et le renoncement, l’effacement d’épaule
De la saison qui meurt au retour des frimas.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’un bâtiment ;
Et le détournement et la blancheur d’épaule
D’une saison qui meurt pour éternellement.

Ce qui depuis ce jour est devenu la boue
Était alors le suc de la féconde terre.
Et nul ne connaissait la peine héréditaire.
Et nul ne connaissait la houlette et la houe.

Ce qui depuis ce jour est devenu la mort
N’était qu’un naturel et tranquille départ.
Le bonheur écrasait l’homme de toute part.
Le jour de s’en aller était comme un beau port.

Charles Péguy
Ève
Cahiers de la Quinzaine
 Quatrième cahier de la Quinzième série, 1914
pp. —-395

PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA – LE CARRE DES MARTYRS ROME : Damiano Chiesa, Francesco Rismondo, Cesare Battisti, Nazario Sauro, Fabio Filzi

ROME – ROMA- 罗马
PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA
LA VILLA BORGHESE
贝佳斯别墅

 

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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Flag_of_Lazio


Les Bustes de la Villa Borghèse
I busti della villa Borghèse
PIAZZALE DEI MARTIRI
Le Carré des Martyrs

PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato

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Damiano Chiesa
1894-1916
Militaire & Patriote Italien
Militare & Patriota Italiano

 PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato Damiano Chiesa artgitato

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Francesco Rismondo
1885-1915
Patriote Italien
Patriota Italiano

PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato Franceso Rismondo

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Cesare Battisti
1875-1916
Journaliste & homme politique
Giornalista & politico
Révolutionnaire irrédentiste
Irredentista italiano
Il a consacré sa vie à sa région, le Trentin
Dedicò la vita alla causa della sua regione, il Trentino

PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato Cesare Battisti

 

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Nazario Sauro
1880-1916
Patriote Irredentiste Italien
Patriote Irredentista Italiano

Nazario_Sauro

PIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato Nazario Sauro

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Fabio Filzi
1884-1916
Patriote Irredentiste Italien
Patriota Irredentista Italiano

Fabio_FilziPIAZZALE DEI MARTIRI ROMA - LE CARRE DES MARTYRS ROME artgitato Fabio Filzi

L’Irrédentisme

FRANCIS CHARMES
Chronique de la quinzaine, histoire politique
14 juin 1903
LA REVUE DES DEUX MONDES
Tome 15 – 1903

« L’Italie vient de traverser une crise d’irrédentisme qui a éclaté subitement, et n’est peut-être pas encore tout à fait terminée. Elle n’en est pas loin toutefois. Le gouvernement devait prendre, et a pris effectivement des mesures pour en empêcher le développement. Si peu qu’elle ait duré, elle a suffi à jeter des lumières dans les profondeurs de l’opinion italienne. Ce mot est peut-être excessif. Nous ne savons pas au juste si l’irrédentisme est aujourd’hui chez nos voisins un sentiment vraiment profond ; mais il est à coup sûr très vif. On aurait tort de croire que le feu soit éteint ; il est seulement assoupi.
Malgré la révolution prodigieuse qui s’y est faite depuis moins de cinquante ans et qui a créé son unité, l’Italie ne regarde pas ses destinées comme accomplies. Tout le monde sait que certaines provinces autrichiennes sont considérées par elle comme lui appartenant. Ce sont : le Tyrol, que la géographie semble lui attribuer en effet, et Trieste où la majorité de la population est italienne. C’est donc à la fois au nom de la géographie et au nom de la race que l’Italie forme à l’endroit de ces parties du territoire autrichien comme une revendication secrète, mais qui se réveille à l’occasion, comme le fait l’a montré. »

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Fiume, l’Adriatique et les rapports franco-italiens
LA REVUE DES DEUX MONDES
Tome 1 – 1921

« C’est qu’en avril 1915 il n’existait en Italie ni mouvement d’opinion, ni tradition politique en faveur de l’annexion de Fiume. Aucun Italien n’en parlait et très rares devaient être ceux qui y pensaient. Trente et Trieste résumaient pour la masse l’irrédentisme national. Le nom de Fiume n’avait à aucun degré la même signification, n’exerçait nullement le même pouvoir d’attraction. Au-dessus de la foule, une élite étendait sans doute son irrédentisme aux peuplements italiens de la rive orientale de l’Adriatique ; entendait, en même temps que la voix du sang, celle des souvenirs historiques, qui lui parlaient de l’empire de Venise et même de l’Empire romain ; faisait enfin entrer en ligne de compte des considérations politiques, stratégiques et économiques. Mais c’était là un irrédentisme principalement intellectuel. Les noms de Fiume et de Dalmatie n’étaient évocateurs d’italianité et de domination ancienne qu’à l’esprit d’un petit nombre d’Italiens. Économiquement, Trieste paraissait une aubaine suffisante à satisfaire les plus difficiles. Stratégiquement, le port commercial de Fiume ne présentait aucun intérêt ; Pola et Vallona semblaient devoir, avec Tarente, assurer la maîtrise de l’Adriatique : la possession ou la simple neutralisation du littoral et des îles dalmates achèveraient de garantir la sécurité de la côte italienne. Politiquement, personne ne s’attendait à l’entière dislocation de l’Empire austro-hongrois ; et laisser un débouché sur l’Adriatique à la Croatie, province de la Hongrie ou partie d’une monarchie trialiste, paraissait une concession logique et dépourvue d’inconvénient. Tel est l’état d’esprit qui a été celui des négociateurs italiens de la Convention de Londres, d’où est résultée la rédaction même de l’acte, et qui leur a permis d’avoir, en le signant, la conscience en repos. La plus exigeante des consciences italiennes s’en fût satisfaite alors comme celle de ces grands Italiens, les Sonnino, les Salandra. »

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FRANCESCO CRISPI (1819-1901), TRIPLE ALLIANCE ET IRREDENTISME

CHARLES DE MAZADE
CHRONIQUE DE LA QUINZAINE
HISTOIRE POLITIQUE ET LITTERAIRE
14 OCTOBRE 1890
LA REVUE DES DEUX MONDES
TOME 1
« M. Crispi, en habile homme, a surpris un peu son monde ; il a prononcé un discours qui est tout à la fois une déclaration de guerre à tout ce qui est révolutionnaire, à l’irrédentisme, c’est-à-dire à la revendication des terres italiennes séparées encore du royaume, — et une profession de foi en faveur de la monarchie, surtout en faveur de la triple alliance. La guerre à l’irrédentisme, la monarchie, la triple alliance, tout cela se tient ! Sans doute, il y a longtemps déjà que M. Crispi a rompu ses vieux liens républicains, qu’il n’a point hésité à déclarer que la monarchie était la plus sûre gardienne, la seule garantie de l’unité italienne ; il n’avait pas à renouveler sa profession de foi. Il y a moins longtemps, il faut l’avouer, qu’il s’est décidé contre l’irrédentisme ; sa conversion est même d’une date assez récente, et en vérité il n’est rien de tel que d’avoir été un fougueux irrédentiste pour exécuter d’anciens amis devenus gênants, M. Crispi a fait son exécution avec dextérité, sans regarder derrière lui. Il a désavoué l’irrédentisme parce qu’il ne pouvait pas faire autrement, sans rompre avec l’Autriche, — et le premier objet qu’il se proposait était justement l’apologie de la triple alliance. »

 

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Piazzale dei Martiri Roma

LE MANDARIN – Eça de Queiroz – O Mandarim – 1ère Partie – 2nde section

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

I

Première Partie

Traduction Jacky Lavauzelle

Seconde Section

 

Ainda assim, eu não me considerava sombriamente um «pária».
Pourtant, je ne me considérais pas sinistrement comme un « paria ».
A vida humilde tem doçuras: é grato, numa manhã de sol alegre, com o guardanapo ao pescoço, diante do bife de grelha, desdobrar o «Diário de Notícias»;
La vie humble possède une certaine douceur : l’on est reconnaissant, d’un gai matin ensoleillé, d’une serviette autour de son cou, face à un steak grillé, en dépliant le « Diário de Notícias »;
pelas tardes de Verão, nos bancos gratuitos do Passeio, gozam-se suavidades de idílio;
par des après-midi d’été, au Passeio, sur des bancs gratuits, s’amuser de douceurs idylliques ;
é saboroso à noite no Martinho, sorvendo aos goles um café, ouvir os verbosos injuriar a pátria…
et savourer le soir au Martinho, en sirotant par petites gorgées son café, en écoutant injurier son pays …

 Depois, nunca fui excessivamente infeliz – porque não tenho imaginação:
Enfin, je n’ai jamais été trop malheureux – grâce à mon imagination :
não me consumia, rondando e almejando em torno de paraísos fictícios, nascidos da minha própria alma desejosa como nuvens da evaporação de um lago;
je ne me consumais pas, en tournant et en voulant atteindre des paradis fictifs, nés de ma propre âme jalouse comme des nuages le seraient de l’​​évaporation d’un lac ;
não suspirava, olhando as lúcidas estrelas, por um amor à Romeu ou por uma glória social à Camors.
je ne soupirais pas, regardant briller les étoiles, avec des amours à la Roméo ou une gloire sociale à la Camors.
Sou um positivo.
Je suis positif.
Só aspirava ao racional, ao tangível, ao que já fora alcançado por outros no meu bairro, ao que é acessível ao bacharel.
Seulement j’aspirais au rationnel, au tangible, à ce qui avait été réalisé par d’autres dans mon quartier, et accessible à un bachelier.
E ia-me resignando, como quem a uma table d’hôte mastiga a bucha de pão seco à espera que lhe chegue o prato rico da charlotte russe.
Et je me résignais,  comme celui qui, à une table d’hôte, mâche un quignon de pain sec dans l’attente d’un riche plat de charlotte russe.
As felicidades haviam de vir:
Les bonheurs allaient venir :
e para as apressar eu fazia tudo o que devia como português e como constitucional:
et pour que cela s’accélère, je faisais tout ce que je devais en honnête portugais et en juste constitutionnel :
– pedia-as todas as noites a Nossa Senhora das Dores, e comprava décimos da lotaria.
– je les demandais tous les soirs à Notre-Dame des Douleurs, et j’achetais des billets à la loterie des dixièmes.

No entanto procurava distrair-me.
Cependant, je cherchais toutefois à me distraire.
E como as circunvoluções do meu cérebro me não habilitavam a compor odes, à maneira de tantos outros ao meu lado que se desforravam assim do tédio da profissão;
Et comme les circonvolutions de mon cerveau ne me donnaient pas les moyens de composer des odes, à la manière de tant d’autres à mes côtés, atténuant l’ennui de la profession ;
como o meu ordenado, paga a casa e o tabaco, me não permitia um vício
que mon salaire, payé la maison et le tabac, ne me permettait nullement d’assouvir des vices
– tinha tomado o hábito discreto de comprar na Feira da Ladra antigos volumes desirmanados, e à noite, no meu quarto, repastava-me dessas leituras curiosas.
 j’avais pris l’habitude discrète d’acheter au marché aux puces de vieux volumes dépareillés, et le soir, dans ma chambre, je me contentais de ces curieuses lectures.
Eram sempre obras de títulos ponderosos:
C’étaient toujours des œuvres avec des titres pompeux :
«Galera da Inocência», «Espelho Milagroso», «Tristeza dos Mal-Deserdados»…
« La Galère de l’Innocence», «Le Miroir miraculeux« , « Tristesse des déshérités »
O tipo venerando, o papel amarelado com picadas de traça, a grave encadernação freirática, a fitinha verde marcando a página- encantavam-me!
L’aspect vénérable, le papier jauni avec des traces de morsures de vers, les graves reliures, le petit ruban vert comme marque-pages m’enchantaient !
Depois, aqueles dizeres ingénuos em letra gorda davam uma pacificação a todo o meu ser, sensação comparável à paz penetrante de uma velha cerca de mosteiro, na quebrada de um vale, por um fim suave de tarde, ouvindo o correr da água triste…
Ensuite, les écrits naïfs en gras donnaient la paix à tout mon être, comme si je pénétrais la paix d’un ancien monastère clôturé, oublié dans une vallée, pendant une douce fin de soirée, écoutant l’eau qui coule tristement ...

Uma noite, há anos, eu começara a ler, num desses in-fólios vetustos, um capítulo intitulado «Brecha das Almas»;
Une nuit, autrefois, je commençais à lire dans un de ces in-folio vétuste, un chapitre intitulé «Brèche des âmes »;
e ia caindo numa sonolência grata, quando este período singular se me destacou do tom neutro e apagado da página, com o relevo de uma medalha de ouro nova brilhando sobre um tapete escuro:
et je suis tombé dans une somnolence, quand une période singulière me réveilla par rapport au ton neutre de la page avec le scintillement d’une médaille d’or brillant sur un tapis sombre :
copio textualmente:
je copie textuellement :

«No fundo da China existe um mandarim mais rico que todos os reis de que a fábula ou a história contam.
« Au plus profond de la Chine, il est un riche mandarin plus riche que tous les rois des contes ou tous les rois historiques.
« Dele nada conheces, nem o nome, nem o semblante, nem a seda de que se veste.
De cet homme tu ne connais ni visage, ni la soie qui le vêt.
Para que tu herdes os seus cabedais infindáveis, basta que toques essa campainha, posta a teu lado, sobre um livro.
Pour que tu puisses hériter de ses bienfaits sans fin, tu dois juste toucher cette cloche, posée à tes côtés, sur un livre.
Ele soltará apenas um suspiro, nesses confins da Mongólia.
Il  lâchera alors un soupir, aux extrémités de la Mongolie.
Será então um cadáver:
Ensuite, ce ne sera plus qu’un cadavre:
e tu verás a teus pés mais ouro do que pode sonhar a ambição de um avaro.
et tu verras alors à tes pieds plus d’or que ne peut en rêver la cupidité d’un avare.
Tu, que me lês e és um homem mortal, tocarás tu a campainha?»
Toi qui me lis et qui est un homme mortel, toucheras-tu à la cloche ?

Estaquei, assombrado, diante da página aberta:
Je m’immobilisai, hanté, devant la page ouverte :
aquela interrogação «homem mortal, tocarás tu a campainha?»
Cette interrogation «homme mortel, toucheras-tu la cloche ?»
parecia-me faceta, picaresca, e todavia perturbava-me prodigiosamente.
me semblait facétieuse, picaresque, et pourtant me dérangeait prodigieusement.
Quis ler mais;
Je voulais en savoir plus ;
mas as linhas fugiam, ondeando como cobras assustadas, e no vazio que deixavam, de uma lividez de pergaminho, lá ficava, rebrilhando em negro, a interpelação estranha
mais les lignes ont fui, ondulant comme des serpents effrayés, et du vide qu’elles laissèrent d’une pâleur de parchemin, il restait, en noir brillant, le questionnement étrange
– «tocarás tu a campainha?»
– « toucheras-tu à la cloche ?« 

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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Portugal
Eça de Queiroz

LE MANDARIN – Eça de Queiroz – O Mandarim – Tables des Matières – Sommaire – Índice

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue
Índice – Table des Matières

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

Índice

Sommaire – Table des Matières

Traduction Jacky Lavauzelle

Prólogo – Prologue

1º Amigo
Le Premier Ami
(bebendo conhaque e soda, debaixo de árvores, num terraço, à beira-d’água)
 (il boit du cognac avec du soda, sous les arbres, sur une terrasse qui se trouve au bord de l’eau)
Camarada, por estes calores do Estio que embotam a ponta da sagacidade, repousemos do áspero estudo da Realidade humana…
Camarade, par ces chaleurs d’été qui émoussent la pointe de l’esprit, reposons-nous de cette étude âpre de la réalité humaine

1er chapitre

1ère Section

Eu chamo-me Teodoro – e fui amanuense do Ministério do Reino.
Mon nom est Teodoro et je suis secrétaire au Ministère de l’Intérieur.
Nesse tempo vivia eu à Travessa da Conceição nº 106, na casa de hóspedes da D. Augusta, a esplêndida D. Augusta, viúva do major Marques.
A cette époque, je vivais à Travessa da Conceição, au numéro 106, dans la maison d’hôtes de Dona Augusta, la splendide Dona Augusta, la veuve du major Marques.

****

2nde Section

Ainda assim, eu não me considerava sombriamente um «pária».
Pourtant, je ne me considérais pas sinistrement comme un « paria ».
A vida humilde tem doçuras: é grato, numa manhã de sol alegre, com o guardanapo ao pescoço, diante do bife de grelha, desdobrar o «Diário de Notícias»;
La vie humble possède une certaine douceur : l’on est reconnaissant, d’un gai matin ensoleillé, d’une serviette autour de son cou, face à un steak grillé, en dépliant le « Diário de Notícias »;

***

3ème Section

 Se o volume fosse de uma honesta edição Michel-Levy, de capa amarela, eu, que por fim não me achava perdido numa floresta de balada alemã, e podia da minha sacada ver branquejar à luz do gás o correame da patrulha
Si cela n’était qu’une simple édition Michel-Levy, à la couverture jaune, moi qui, enfin, n’étais pas perdu dans une forêt de ballade allemande, et que je pouvais, de mon balcon, voir briller la lumière des becs de gaz

Eça de Queiroz Le Mandarin O Mandarim Artgitato L'enfance de Jupiter 1630 Jacob Jordaens Le Louvre

***

4ème Section


Eu murmurei, com as faces abrasadas:
Je murmurai, les joues rougies :
— Têm.
– Oui
E a sua voz prosseguiu, paciente e suave:
Et sa voix continua, patiente et douce :

*****

2ème chapitre

*****

3ème chapitre

*****

4ème chapitre

*****

5ème chapitre

*****

6ème chapitre

*****

7ème chapitre

*****

8ème chapitre

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Traduction Jacky Lavauzelle
Artgitato
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Portugal
Eça de Queiroz

 

LE MANDARIN – Eça de Queiroz – O Mandarim – 1ère Partie – 1ère section

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

I-1

Première Partie

Traduction Jacky Lavauzelle

Première Section

Eu chamo-me Teodoro – e fui amanuense do Ministério do Reino.
Mon nom est Teodoro et je suis secrétaire au Ministère de l’Intérieur.

Nesse tempo vivia eu à Travessa da Conceição nº 106, na casa de hóspedes da D. Augusta, a esplêndida D. Augusta, viúva do major Marques.
A cette époque, je vivais à Travessa da Conceição, au numéro 106, dans la maison d’hôtes de Dona Augusta, la splendide Dona Augusta, la veuve du major Marques.
Tinha dois companheiros:
J’avais deux compagnons :
o Cabrita, empregado na Administração do Bairro Central, esguio e amarelo como uma tocha de enterro;
Cabrita, employé dans l’Administration du District Central, mince et jaunâtre comme une torche funéraire ;
e o possante, o exuberante tenente Couceiro, grande tocador de viola francesa.
et le puissant, l’exubérant lieutenant Couceiro, grand joueur de viole française.

A minha existência era bem equilibrada e suave.
Mon existence était bien équilibrée et lisse.
Toda a semana, de mangas de lustrina à carteira da minha repartição, ia lançando, numa formosa letra cursiva, sobre o papel «Tojal» do Estado, estas frases fáceis:
Toute la semaine, avec mes manches de lustrine à mon bureau, je dessinais d’une belle écriture ronde sur un papier de type « Tojal» de l’État, les phrases simples suivantes :
«Il.mo e Ex.mo Sr. – Tenho a honra de comunicar a V. Ex.a… Tenho a honra de passar às mãos de V. Ex.a, Il.mo e Ex.mo Sr…»
« Monsieur, j’ai l’honneur de vous communiquer … j’ai l’honneur de vous transmettre »

Aos domingos repousava:
Je me reposais les dimanches :
instalava-me então no canapé da sala de jantar, de cachimbo nos dentes, e admirava a D. Augusta, que, em dias de missa, costumava limpar com clara de ovo a caspa do tenente Couceiro.
Je m’installais dans le canapé de la salle à manger, la pipe aux dents, et j’admirais Dona Augusta, qui, les jours de messe, attaquait les pellicules du lieutenant Couceiro à l’aide du blanc d’œuf.
Esta hora, sobretudo no Verão, era deliciosa:
Cette heure, surtout en été, était délicieuse :
pelas janelas meio cerradas penetrava o bafa da soalheira, algum repique distante dos sinos da Conceição Nova e o arrulhar das rolas na varanda; 
les fenêtres à demi-fermées laissaient pénétrer le soleil, parfois le carillon lointain des cloches de la Nouvelle Conception et le roucoulement des colombes sur la véranda ;
a monótona sussurração das moscas balançava-se sobre a velha cambraia, antigo véu nupcial da Madame Marques, que cobria agora no aparador os pratos de cerejas bicais;
le sourd et monotone murmure des mouches se balançait sur ce qui avait été un jour le voile du mariage de Madame Marques, et qui couvrait désormais les plats décorés de cerises ;
pouco a pouco o tenente, envolvido, num lençol como um ídolo no seu manto, ia adormecendo, sob a fricção mole das carinhosas mãos da D. Augusta;
peu à peu le lieutenant, enveloppé dans un drap comme une idole dans son voile, faisait sa sieste sous les doux massages des mains aimantes de Dona Augusta ;

e ela, arrebitando o dedo mínimo branquinho e papudo, sulcava-lhe as repas lustrosas com o pentezinho dos bichos…
et elle, dressant le petit doigt blanc et pulpeux, peignait sa frange brillante avec un peigne fin
Eu então, enternecido, dizia à deleitosa senhora:
Je dis à la charmante dame, tout adouci :

— Ai D. Augusta, que anjo que é!
– Ah ! Dona Augusta, un ange, voilà ce que vous êtes !

Ela ria; chamava-me enguiço!
Elle riait en m’appelant freluquet !
Eu sorria, sem me escandalizar.
Je sourissans me sentir offensé.
«Enguiço» era com efeito o nome que me davam na casa – por eu ser magro, entrar sempre as portas com o pé direito, tremer de ratos, ter à cabeceira da cama uma litografia de Nossa Senhora das Dores que pertencera à mamã, e corcovar.
« Freluquet » était en fait le nom que l’on me donnait dans la maison parce que j’étais mince, que je franchissais la porte du pied droit, que j’avais la frousse des rats, que j’avais à la tête de mon lit une lithographie de Notre-Dame des Douleurs qui avait appartenu à maman, et que j’étais bossu.
Infelizmente corcovo – do muito que verguei n espinhaço, na Universidade, recuando como uma pega assustada diante dos senhores lentes;
Malheureusement bossu m’étant courbé si souvent à l’Université, me retirant en reculant devant les maîtres ;
na repartição, dobrando a fronte ao pó perante os meus directores-gerais.
et devant mes chefs jusqu’à toucher la poussière avec mon front.
Esta atitude de resto convém ao bacharel;
Cette attitude du reste convient bien aux bacheliers ;
ela mantém a disciplina num Estado bem organizado;
elle maintient la discipline dans un état bien organisé ;
e a mim garantia-me a tranquilidade dos domingos, o uso de alguma roupa branca, e vinte mil réis mensais.
et elle me garantissait la tranquillité dominicale, en utilisant un peu de linge blanc, et vingt mille reis de revenu mensuel.

Não posso negar, porém, que nesse tempo eu era ambicioso – como o reconheciam sagazmente a Madame Marques e o lépido Couceiro.
Je ne peux pas nier cependant que, à ce moment, j’étais un jeune homme ambitieux – comme le reconnaissaient malignement Madame Marques et l’enjoué Couceiro.
Não que me revolvesse o peito o apetite heróico de dirigir, do alto de um trono, vastos rebanhos humanos;
Non pas que je  désirais diriger avec un appétit héroïque, du haut d’un trône, de vastes troupeaux humains ;
não que a minha louca alma jamais aspirasse a rodar pela Baixa em trem da Companhia, seguida de um correio choutando; 
Ni même que mon âme folle n’était aspirée à parcourir la Baixa de Lisbonne en livrée, escorté par un cavalier ;
– mas pungia-me o desejo de poder jantar no Hotel Central com champanhe, apertar a mão mimosa de viscondessas, e, pelo menos duas vezes por semana, adormecer, num êxtase mudo, sobre o seio fresco de Vénus.
– Mais moi j’avais le désir d’être en mesure de dîner à l’Hôtel Central au champagne, de baiser les mains douces de vicomtesses, et au moins deux fois par semaine, de dormir dans une extase silencieuse sur la poitrine fraîche de Vénus.
Oh ! moços que vos dirigíeis vivamente a S. Carlos, atabafados em paletós caros onde alvejava a gravata de soirée! 
O, vous, les jeunes hommes, vous vous dirigiez vivement à San  Carlos, emballés de costumes coûteux où la cravate de soirée ressortait !
Oh! tipóias, apinhadas de andaluzas, batendo galhardamente para os touros 
O, voitures, pleines d’andalouses, attirées vaillamment par les taureaux
– quantas vezes me fizestes suspirar!
– combien de fois n’avez-vous soupiré !
Porque a certeza de que os meus vinte mil réis por mês e o meu jeito encolhido de enguiço, me excluíam para sempre dessas alegrias sociais, vinha-me então ferir o peito 
Car la certitude que mes vingt mille reis par mois et ma timidité, m’ont à toujours exclu de ces joies sociales, est ensuite venue me blesser à la poitrine
  – como uma frecha que se crava num tronco, e fica muito tempo vibrando!
– comme une flèche qui se plante dans un tronc et qui longtemps vibre !  

скифы блок текст – Александр Блок – Les Scythes – Poème d’Alexandre BLOK 1918

ARTGITATO
BLOK poems
скифы блок текст
Скифы Александр блок стихи

русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

Alexandre Blok
Алекса́ндр Алекса́ндрович Блок

 

BLOK- Блок
1880-1921

 


скифы
стихотворение
Les Scythes
poème

 29 и 30 января 1918
29 & 30 janvier 1918

Мильоны – вас. Нас – тьмы, и тьмы, и тьмы.
Des millions : vous êtes. Nous nous sommes les ténèbres, les ténèbres, et encore les ténèbres !
Попробуйте, сразитесь с нами!
Essayez et vous verrez !
Да, скифы – мы! Да, азиаты – мы,
Oui, les Scythes nous sommes ! Oui, nous sommes les Asiatiques !
С раскосыми и жадными очами!
Avec les yeux bridés et inassouvis !

*

Для вас – века, для нас – единый час.
Pour vous : les siècles, pour nous : une heure seulement.
Мы, как послушные холопы,
Nous, comme des esclaves obéissants,
Держали щит меж двух враждебных рас
Ayant tenu un bouclier entre deux races hostiles
 Монголов и Европы!
Celles des Mongols et l’Europe !

*

Века, века ваш старый горн ковал
A travers les âges, tous les âges, de votre antique forge
 И заглушал грома, лавины,
Plus sonore que le tonnerre de l’avalanche,
И дикой сказкой был для вас провал
Ce fut un sauvage conte que les chutes
И Лиссабона, и Мессины!
De Lisbonne et de Messine!

*

Вы сотни лет глядели на Восток
Vous avez regardé des centaines d’années vers l’Est
  Копя и плавя наши перлы,
Emmagasinant et de fondant nos bijoux,
И вы, глумясь, считали только срок,
Et vous, moqueur, comptiez les jours,
Когда наставить пушек жерла!
Pour nos gaver par vos canons!

*

Вот – срок настал. Крылами бьет беда,
Maintenant le terme est venu. La mauvaise fortune bat ses ailes
И каждый день обиды множит,
Et chaque jour, nos rancunes s’accroissent,
И день придет – не будет и следа
Et un jour viendra il n’y aura même plus de trace
  От ваших Пестумов, быть может!
De vos temples grecs [Paestum], peut-être!

*

О, старый мир! Пока ты не погиб,
Ô vieux monde ! Jusqu’à ce que tu meures,
Пока томишься мукой сладкой,
Alors que tu languis encore,
Остановись, премудрый, как Эдип,
Arrête-toi, sage, comme Œdipe,
Пред Сфинксом с древнею загадкой!
Devant l’ancienne énigme du Sphinx !

*

Россия – Сфинкс. Ликуя и скорбя,
La Russie : le Sphinx. Joyeuse et endeuillée,
И обливаясь черной кровью,
Et baignée dans le sang noir,
Она глядит, глядит, глядит в тебя
Elle regarde, regarde, te regarde
И с ненавистью, и с любовью!…
Et avec de la haine et avec de l’amour !

*

Да, так любить, как любит наша кровь,
Oui, elle aime comme notre sang peut aimer,
Никто из вас давно не любит!
Comme aucun d’entre vous n’a aimé !
Забыли вы, что в мире есть любовь,
Vous avez oublié que l’amour est dans le monde,
Которая и жжет, и губит!
Avec ses brûlures, et ses destructions !

*

Мы любим все – и жар холодных числ,
Nous aimons tout la chaleur des nombres froids,
И дар божественных видений,
Le don de visions divines,
Нам внятно всё – и острый галльский смысл,
Nous comprenons clairement tout – le fort sens gaulois
И сумрачный германский гений…
Et le sombre génie allemand

*

Мы помним всё – парижских улиц ад,
Nous nous souvenons de tout : l’enfer des rues parisiennes,
И венецьянские прохлады,
Et la fraîcheur de Venise
Лимонных рощ далекий аромат,
Les arômes lointains des citronniers
И Кельна дымные громады…
Et les tours enfumées de Cologne ...

*

Мы любим плоть – и вкус ее, и цвет,
Nous aimons la chair et son goût et sa couleur,
И душный, смертный плоти запах…
l’odeur de la chair mortelle et étouffante
Виновны ль мы, коль хрустнет ваш скелет
Est-ce notre faute si votre squelette craque
В тяжелых, нежных наших лапах?
Sous nos lourdes et délicates pattes ?

*

Привыкли мы, хватая под уздцы
Lorsque nous tirons sur nos rênes
  Играющих коней ретивых,
chevaux fougueux, nous jouons
Ломать коням тяжелые крестцы,
à les briser d’un coup de croupe,
И усмирять рабынь строптивых…
Et domptons les tenaces filles désobéissantes

*

Придите к нам! От ужасов войны
Venez à nous ! Des horreurs de la guerre
Придите в мирные обьятья!
Rejoignez notre paisible étreinte !
Пока не поздно – старый меч в ножны,
Il n’est pas trop tard : rengainez votre vieille épée,
Товарищи! Мы станем – братья!
Camarades ! Nous serons frères !

*

А если нет – нам нечего терять,
Et sinon : nous avons rien à perdre,
И нам доступно вероломство!
Car nous aussi pouvons trahir !
Века, века вас будет проклинать
Durant des siècles et des siècles, vous serez maudits
Больное позднее потомство!
Ainsi que vos progénitures :  malades elles aussi !

*

Мы широко по дебрям и лесам
Nous serons dans les bois et les fourrés
 Перед Европою пригожей
Face à la belle Europe
Расступимся! Мы обернемся к вам
Essaimez ! Nous nous tournerons vers vous
Своею азиатской рожей!
Avec nos muselières asiatiques !

*

Идите все, идите на Урал!
Venez tous, venez à l’Oural !
Мы очищаем место бою
Nous dégagerons un champ de bataille
Стальных машин, где дышит интеграл,
Machines d’acier à la respiration froide,
С монгольской дикою ордою!
Horde sauvage des Mongols !

*

Но сами мы – отныне вам не щит,
Mais nous, nous maintenant, nous ne serons plus votre bouclier,
Отныне в бой не вступим сами,
Maintenant, nous entrons dans la bataille,
Мы поглядим, как смертный бой кипит,
Nous verrons la rage des mortelles batailles
Своими узкими глазами.
Avec nos yeux étroits.

*

Не сдвинемся, когда свирепый гунн
Mais nous ne nous lèverons pas quand un féroce Hun
  В карманах трупов будет шарить,
Dépouillera les poches des cadavres,
Жечь города, и в церковь гнать табун,
Brûlera la ville et conduira le bétail dans vos églises,
И мясо белых братьев жарить!…
Et fera frire la viande des frères blancs !

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В последний раз – опомнись, старый мир!
Une dernière fois  reprenez la raison, vieux monde !
На братский пир труда и мира,
A la fête fraternelle du travail et de la paix,
В последний раз на светлый братский пир
Une dernière fois à la lumineuse fête fraternelle
Сзывает варварская лира!
Ma lyre barbare t’appelle !

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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скифы Александр Блок  1918
Les Scythes Alexandre Blok 1918