Archives par mot-clé : 1809

MARIANA – Poème d’Alfred Tennyson – LA MOUCHE BLEUE

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-6.jpg.

*

Dante Gabriel Rossetti, The Day Dream, 1880, Londres, Victoria and Albert Museum                                                                (source: http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Dante_Gabriel_Rossetti_-_The_Day_Dream_-_Google_Art_Project.jpg)

 

 

LITTERATURE ANGLAISE
POESIE ANGLAISE
EPOQUE VICTORIENNE


Alfred Tennyson par Julia Margaret Cameron

Alfred Tennyson

6 août 1809 – 6 octobre 1892 

 

______________________________________
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
______________________________________

MARIANA
LA MOUCHE BLEUE

______________________________________

John Everett Millais, Mariana,1851

**********

« Mariana in the Moated Grange »
(Shakespeare, Measure for Measure)
(William Shakespeare, Mesure pour mesure)

***********



With blackest moss the flower-plots
D’une mousse si noire, les parcelles de fleurs
Were thickly crusted, one and all:
Se recouvraient comme d’une croûte épaisse :
The rusted nails fell from the knots
Les clous rouillés tombaient des nœuds
That held the pear to the gable-wall.
Qui retenaient l’ensemble contre le mur de la baie.
The broken sheds look’d sad and strange:
Les remises délabrées semblaient si tristes et étranges,
Unlifted was the clinking latch;
Que fermait un vieux verrou cliquetant ;
Weeded and worn the ancient thatch
Fatiguée et usée l’ancienne chaume recouvrait
Upon the lonely moated grange.
La grange solitaire des douves.
She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

Her tears fell with the dews at even;
Ses larmes tombèrent dans la rosée du soir ;
Her tears fell ere the dews were dried;
Ses larmes coulèrent avant que les rosées ne sèchent ;
She could not look on the sweet heaven,
Elle ne pouvait plus regarder le doux ciel,
Either at morn or eventide.
Ni le matin ni le soir.
After the flitting of the bats,
Après le battement d’ailes des chauves-souris,
When thickest dark did trance the sky,
Quand l’obscurité la plus épaisse enveloppe tout à fait le ciel,
She drew her casement-curtain by,
Elle tira son rideau à battants,
And glanced athwart the glooming flats.
Et jeta un coup d’œil à travers les appartements sombres.
She only said, « The night is dreary,
Elle dit seulement : « La nuit est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

Upon the middle of the night,
Au cœur de la nuit,
Waking she heard the night-fowl crow:
En se réveillant, elle entendit le chant des oiseaux de nuit :
The cock sung out an hour ere light:
Le coq chanta une heure avant la première lueur :
From the dark fen the oxen’s low
De la sombre tourbière, le mugissement des bœufs
Came to her: without hope of change,
Parvint jusqu’à elle : sans espoir de changement,
In sleep she seem’d to walk forlorn,
Dans le sommeil, elle semblait marcher désespérée,
Till cold winds woke the gray-eyed morn
Jusqu’à ce que des vents froids réveillent le matin aux yeux gris
About the lonely moated grange.
Près de la grange solitaire des douves.
She only said, « The day is dreary,
Elle dit seulement : « La journée est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

About a stone-cast from the wall
À un jet de pierre du mur
A sluice with blacken’d waters slept,
  Une écluse aux eaux noircies dormait,
 And o’er it many, round and small,
Et tout au-dessus, rondes et petites,
The cluster’d marish-mosses crept.
  Les mousses marécageuses en grappes glissaient.
Hard by a poplar shook alway,
 Tout à côté, un peuplier toujours s’agitait,
  All silver-green with gnarled bark:
Tout vert argenté avec son écorce noueuse :
  For leagues no other tree did mark
Sur des lieux, aucun autre arbre ne marquait
The level waste, the rounding gray.
  La vaste étendue, le gris environnant.
 She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte !

*

And ever when the moon was low,
Et quand la lune fut basse,
And the shrill winds were up and away,
  Et que les vents aigus vinrent de si haut et d’ailleurs,
 In the white curtain, to and fro,
Dans le rideau blanc, de long en large,
 She saw the gusty shadow sway.
Elle vit l’ombre en rafale se balancer.
But when the moon was very low
  Mais quand la lune fut au plus bas
  And wild winds bound within their cell,
Et que les vents sauvages furent engouffrés dans leur cellule,
The shadow of the poplar fell
  L’ombre du peuplier tomba
Upon her bed, across her brow.
  Sur son lit, sur son front.
She only said, « The night is dreary,
Elle dit seulement : « La nuit est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

All day within the dreamy house,
Toute la journée dans la maison de rêve,
    The doors upon their hinges creak’d;
Les portes sur leurs gonds grinçaient à l’envi ;
The blue fly sung in the pane; the mouse
  La mouche bleue chantait sur la vitre ; la souris
Behind the mouldering wainscot shriek’d,
  Derrière le lambris s’époumonait,
 Or from the crevice peer’d about.
Ou espionnait de la crevasse où elle se trouvait.
Old faces glimmer’d thro’ the doors
  De vieux visages scintillaient à travers les portes,
Old footsteps trod the upper floors,
  De vieux pas foulaient les étages du dessus,
  Old voices called her from without.
De vieilles voix l’appelaient de l’extérieur.
She only said, « My life is dreary,
Elle dit seulement : « Ma vie est triste,
He cometh not, » she said;
Il ne vient pas « , dit-elle ;
She said, « I am aweary, aweary,
Elle dit : « Je suis inquiète, si inquiète,
I would that I were dead! »
Je voudrais être morte ! « 

*

The sparrow’s chirrup on the roof,
Plus le gazouillement du moineau sur le toit,
 « The slow clock ticking, and the sound
Le tic-tac lent de l’horloge et le son
  Which to the wooing wind aloof
Que le vent produisait au loin
The poplar made, did all confound
  A travers le peuplier, se confondaient
Her sense; but most she loathed the hour
  Dans tous les sens, plus elle maudissait l’heure
When the thick-moted sunbeam lay
  Où le rayon du soleil gisait
  Athwart the chambers, and the day
A travers les chambres et maudissait le jour
Was sloping toward his western bower.

 Qui inondait la tonnelle, celle qui se trouve vers le soleil couchant.
Then said she, « I am very dreary,

Puis elle dit : « Je suis si triste,
He will not come, » she said;
Il ne viendra pas, » dit-elle ;
She wept, « I am aweary, aweary,

Elle pleura, « Je suis inquiète, si inquiète,
Oh God, that I were dead! »

Ô Dieu, comme je voudrais être morte ! « 



*******

LA POESIE D’EDGAR ALLAN POE

LA POESIE D’EDGAR ALLAN POE
LITTERATURE AMERICAINE

Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle*******

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Montage

EDGAR ALLAN POE
1809-1849




Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


****

*********




LA POESIE D’EDGAR ALLAN POE

*****

A DREAM WITHIN A DREAM
UN RÊVE DANS UN RÊVE 
1849

Take this kiss upon the brow!
Tiens ce baiser sur le front !
And, in parting from you now,
Et, en te quittant à présent,

Photo et traduction Jacky Lavauzelle

**

BRIDAL BALLAD
BALLADE NUPTIALE

The ring is on my hand,
L’anneau est à ma main,
  And the wreath is on my brow;
Et la couronne à mon front ;

Edgar Allan Poe Trad Jacky Lavauzelle

******

EULALIE
(1845)

I dwelt alone
Je demeurais seul
In a world of moan,
Dans un monde de gémissements,

Van Gogh Edgar Allan Poe Jacky Lavauzelle

**

THE HAPPIEST DAY
LE JOUR LE PLUS HEUREUX
1827

The happiest day – the happiest hour
Le jour le plus heureux – l’heure la plus heureuse
My sear’d and blighted heart hath known,
Mon coeur consumé et brisé l’a connue,

Tableau et Traduction Jacky Lavauzelle

**

THE HAUNTED PALACE
LE PALAIS HANTE
1839

In the greenest of our valleys
Dans la plus verte de nos vallées
By good angels tenanted,
Par de bons anges loués,

photo et traduction Jacky Lavauzelle

**

SILENCE
1838

There are some qualities—some incorporate things,
Il y a certaines qualités – certaines choses incorporelles,
That have a double life, which thus is made
Avec une double vie, qui est faite

Photo Jacky Lavauzelle

**

TO HELEN
A HELENE
1831

Helen, thy beauty is to me
Hélène, ta beauté est pour moi
Like those Nicéan barks of yore,
Ces barques Nicéennes d’autrefois,

To Helen Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle

**

TO ONE IN PARADISE
À QUELQU’UN AU PARADIS

Edgar Poe Poème Trad Jacky Lavauzelle
**

LA VALLEE DES TROUBLES
The Valley of Unrest

Poe trad Jacky Lavauzelle*****************************

POE PAR BAUDELAIRE

LES PERSONNAGES DE POE

Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.

**

L’accord de l’homme et du poète

L’ardeur même avec laquelle il se jette dans le grotesque pour l’amour du grotesque et dans l’horrible pour l’amour de l’horrible, me sert à vérifier la sincérité de son œuvre et l’accord de l’homme avec le poëte. — J’ai déjà remarqué que, chez plusieurs hommes, cette ardeur était souvent le résultat d’une vaste énergie vitale inoccupée, quelquefois d’une opiniâtre chasteté, et aussi d’une profonde sensibilité refoulée. La volupté surnaturelle que l’homme peut éprouver à voir couler son propre sang, les mouvements soudains, violents, inutiles, les grands cris jetés en l’air, sans que l’esprit ait commandé au gosier, sont des phénomènes à ranger dans le même ordre.

la phosphorescence de la pourriture et la senteur de l’orage

Au sein de cette littérature où l’air est raréfié, l’esprit peut éprouver cette vague angoisse, cette peur prompte aux larmes et ce malaise du cœur qui habitent les lieux immenses et singuliers. Mais l’admiration est la plus forte, et d’ailleurs l’art est si grand ! Les fonds et les accessoires y sont appropriés aux sentiments des personnages. Solitude de la nature ou agitation des villes, tout y est décrit nerveusement et fantastiquement. Comme notre Eugène Delacroix, qui a élevé son art à la hauteur de la grande poésie, Edgar Poe aime à agiter ses figures sur des fonds violâtres et verdâtres où se révèlent la phosphorescence de la pourriture et la senteur de l’orage. La nature dite inanimée participe de la nature des êtres vivants, et, comme eux, frissonne d’un frisson surnaturel et galvanique. L’espace est approfondi par l’opium ; l’opium y donne un sens magique à toutes les teintes, et fait vibrer tous les bruits avec une plus significative sonorité. Quelquefois, des échappées magnifiques, gorgées de lumière et de couleur, s’ouvrent soudainement dans ses paysages, et l’on voit apparaître au fond de leurs horizons des villes orientales et des architectures, vaporisées par la distance, où le soleil jette des pluies d’or.

Charles Baudelaire
Edgar Poe, sa vie et ses œuvres
1856
Histoires extraordinaires
Michel Lévy fr.

***************

LA POESIE D’EDGAR ALLAN POE

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Edgar Allan Poe

A HELENE – Poème d’Edgar Allan POE – TO HELEN (1831)

POEME D’EDGAR ALLAN POE
LITTERATURE AMERICAINE

Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle*******

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Montage

EDGAR ALLAN POE
1809-1849




Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


****

*********




TO HELEN
A HELENE
* 1831 *

 

*****

To Helen Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle

******

Helen, thy beauty is to me
Hélène, ta beauté est pour moi
Like those Nicéan barks of yore,
Ces barques Nicéennes d’autrefois,
That gently, o’er a perfumed sea,
Qui, doucement, sur une mer parfumée,
The weary, way-worn wanderer bore
Portaient le vagabond fatigué
To his own native shore.
Vers sa rive natale.

*

On desperate seas long wont to roam,
Par des mers désespérées, après avoir longtemps erré,
Thy hyacinth hair, thy classic face,
Tes cheveux de hyacinthe, ton visage classique,
Thy Naiad airs have brought me home
Tes airs de Naïade m’ont porté dans mon foyer
To the glory that was Greece,      
Pour la gloire de la Grèce antique,
And the grandeur that was Rome.
Et la grandeur de l’antique Rome.

*

Lo! in yon brilliant window-niche
Là ! Dans l’embrasure éclatante
How statue-like I see thee stand,
Je te vois telle une statue,
The agate lamp within thy hand!
Dans ta main, la lampe d’agate  !
Ah, Psyche, from the regions which
Ah ! Psyché, venue de régions
Are Holy-Land!
Qui sont Terre sainte !

*********************************

LES PERSONNAGES DE POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE

Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.

Charles Baudelaire
Edgar Poe, sa vie et ses œuvres
1856
Histoires extraordinaires
Michel Lévy fr.

***************

POEME D’EDGAR ALLAN POE

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Edgar Allan Poe

Bridal Ballad – BALLADE NUPTIALE Poème d’Edgar Allan Poe

POEME D’EDGAR ALLAN POE
LITTERATURE AMERICAINE

Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle*******

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Montage

EDGAR ALLAN POE
1809-1849

 




Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


****

*********




Bridal Ballad
BALLADE NUPTIALE

Poème Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle

*****

The ring is on my hand,
L’anneau est à ma main,
  And the wreath is on my brow;
Et la couronne à mon front ;
   Satin and jewels grand
Bijoux et satins
   Are all at my command,
Commandent à mes injonctions,
And I am happy now.
Et je suis heureuse désormais.

*

 And my lord he loves me well;
Et, mon seigneur, il m’aime bien en effet ;
 But, when first he breathed his vow,
Mais, quand il souffla son vœu,
  I felt my bosom swell-
Je sentis ma poitrine gonfler …
  For the words rang as a knell,
Ces mots sonnèrent comme un glas,
And the voice seemed his who fell
Et la voix ressemblait à celle qui tomba
In the battle down the dell,
Dans la bataille au bas de la vallée,
 And who is happy now.
Et qui est heureux désormais ?

*

 But he spoke to re-assure me,
Mais, pour me rassurer, il parla
 And he kissed my pallid brow,
Et, mon front si pâle, il embrassa
While a reverie came o’er me,
Tandis qu’une rêverie me vint,
  And to the church-yard bore me,
Au cimetière me transporta,
 And I sighed to him before me,
Et j’ai soupiré devant lui,
   Thinking him dead D’Elormie,
Pensant qu’il était mort D’Élormie,
  « Oh, I am happy now! »
« Oh ! je suis heureuse désormais ! »

*

 And thus the words were spoken,
Et ainsi les mots ont été prononcés,
And this the plighted vow,
Et ainsi, le vœu annoncé,
  And, though my faith be broken,
Et, bien que ma foi soit brisée,
 And, though my heart be broken,
Et, bien que mon coeur soit brisé,
  Here is a ring, as token
Voici une bague qui peut attester
 That I am happy now!
Que je suis heureuse désormais !

*

 Would God I could awaken!
Dieu ! que je puisse me réveiller!
For I dream I know not how!
Car je rêve, ne sachant comment !
And my soul is sorely shaken
Et mon âme en reste gravement ébranlée
  Lest an evil step be taken,-
De peur qu’un pas maléfique ne soit fait, –
   Lest the dead who is forsaken
De peur que le mort qui est abandonné
May not be happy now.
Ne soit pas heureux désormais.

***************

LES PERSONNAGES DE POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE

Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.

Charles Baudelaire
Edgar Poe, sa vie et ses œuvres
1856
Histoires extraordinaires
Michel Lévy fr.
*********************************

POEME D’EDGAR ALLAN POE

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Edgar Allan Poe

Sainte est la jeunesse ! LUDWIG UHLAND Heilig ist die Jugendzeit !

Poème de Ludwig Uhland
Heilig ist die Jugendzeit Ludwig Uhland

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes

Ludwig Uhland Gedichte Poèmes Artgitato

 

Ludwig Uhland
 1787-1862

 

Heilig ist die Jugendzeit !

Sainte est la jeunesse ! 

*
Heilig ist die Jugendzeit Sainte est la jeunesse Ludwig Uhland Artgitato saint-paul-de-mausole-amandiers

*

Heilig ist die Jugendzeit!
Sainte est la jeunesse !
Treten wir in Tempelhallen,
Entrons dans les salles du temple,
Wo in düsterer Einsamkeit
Où, dans la sombre solitude,
Dumpf die Tritte widerschallen!
Résonnent les pas !
Edler Geist des Ernstes
Un sérieux esprit grave,
Soll sich in Jünglingsseelen senken,
Que l’on croit moindre dans l’âme des jeunes,
Jede still und andachtsvoll
tranquillement et pieusement
Ihrer heilgen Kraft gedenken.
irradie par sa sainte puissance.

*

Gehn wir ins Gefild hervor,
Sortons dans la prairie,
Das sich stolz dem Himmel zeiget, 
Qu’illumine un ciel fier,
Der so feierlich empor
Qui solennellement
Überm Erdenfrühling steiget!
Favorise les moissons !
Eine Welt voll Fruchtbarkeit
Un monde de la fertilité
Wird aus dieser Blüte brechen.
Éclate de ses multiples fleurs.
Heilig ist die Frühlingszeit,
Saint est le temps du printemps,
Soll an Jüglingsseelen sprechen!
Qui parle à l’âme de la jeunesse !

*

Fasset die Pokale nur!  
Que d’honneurs!
Seht ihr nicht so purpurn blinken  
Ne voyez-vous pas briller le pourpre
Blut der üppigen Natur?  
Sang de la nature luxuriante ?
Laßt uns hohen Mutes trinken!  
Buvons avec entrain !
Daß sich eine Feuerkraft  
Que la force de ce feu
Selig in der andern fühle.  
Soit bénie.
Heilig ist der Rebensaft,  
Saint est le jus du raisin,
Ist des Jugendschwungs Gespiele.
Qui accompagne la jeunesse.

*

Seht das holde Mädchen hier! 
Voyez la jolie fille d’ici !
Sie entfaltet sich im Spiele; 
Qui persévère dans les jeux ;
Eine Welt erblüht in ihr
Un monde épanoui dans sa
Zarter, himmlischer Gefühle. 
Tendreté de célestes sentiments.
Sie gedeit im Sonnenschein, 
Se développe dans les rayons du soleil,
Unsre Kraft in Sturm und Regen.
Notre force contre le vent et la pluie.
Heilig soll das Mädchen sein, 
Sainte soit la jeune fille,
Denn wir reifen uns entgegen!
Qui mûrit nos rencontres !

*

Darum geht in Tempel ein, 
Rentrez donc dans le temple,
Edeln Ernst in euch zu saugen; 
Qui nous comble de sérieux ;
Stärkt im Frühling euch und Wein,
Renforce au printemps, vous et le vin,
Sonnet euch an schönen Augen! 
A la clarté des beaux yeux !
Jugend, Frühling, Festpokal, 
Jeunesse, printemps, coupelles,
Mädchen in der holden Blüte,
Filles en fleurs,
Heilig sein sie allzumal 
Saints sont-ils tous
Unserem ernsteren Gemüte!
Nos esprits sérieux !

 

 

 

J’avais un bon camarade LUDWIG UHLAND 1809 Ich hatt’ einen Kameraden

Poème de Ludwig Uhland
Ich hatt’ einen Kameraden Ludwig Uhland

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes

Ludwig Uhland Gedichte Poèmes Artgitato

 

Ludwig Uhland
 1787-1862

 

Ich hatt’ einen Kameraden

J’AVAIS UN BON CAMARADE

1809

Ich hatt' einen Kameraden J'avais un bon camarade Ludwig Uhland 1809 Artgitato

Mélodie de Friedrich Silcher en 1825
Melodie – Nach Friedrich Silcher 1825
Originalversion Ludwig Uhland
Texte original Ludwig Uhland

*

Ich hatt’ einen Kameraden,
J’avais un camarade,
Einen bessern findst du nicht.
Le meilleur que l’on puisse trouver.
Die Trommel schlug zum Streite,
Le tambour nous a appelés pour nous battre,
  Er ging an meiner Seite
Il marchait à mes côtés
Im gleichen Schritt und Tritt.
Dans le même pas.
  Im gleichen Schritt und Tritt.
Dans le même pas.

*

 Eine Kugel kam geflogen:
Une balle a sifflé
Gilt’s mir oder gilt es dir ?
Pour moi ou pour toi ?
Ihn hat es weggerissen,
Elle le cueillit,
  Er liegt mir vor den Füssen
Qui tombe à mes pieds
  Als wär’s ein Stück von mir.
Comme si c’était un morceau de moi.
Als wär’s ein Stück von mir.
Comme si c’était un morceau de moi.

*

*

Will mir die Hand noch reichen,
Vers moi, il me  tend la main,
Derweil ich eben lad’.
Mais je dois avancer.
  « Kann dir die Hand nicht geben,
« Je ne peux te donner la main,
Bleibst du im ew’gen Leben
  Repose dans la vie éternelle
 Mein guter Kamerad !
Mon bon camarade!
 Mein guter Kamerad ! »
  Mon bon camarade!  

*

La Poésie de Ludwig Uhland – Die Gedichte von Ludwig Uhland

Ludwig Uhland

Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes

Ludwig Uhland Gedichte Poèmes Artgitato

 

Ludwig Uhland
 1787-1862

 

LES POEMES DE LUDWIG UHLAND

Die Gedichte von Ludwig Uhland

**
Die Kapelle
La Chapelle

21. September 1805
21 septembre 1805

Droben stehet die Kapelle,
Là-haut se trouve la chapelle,
Schauet still ins Tal hinab.
Contemplant tranquillement la vallée.
Die Kapelle La Chapelle Ludwig Uhlland Artgitato Vincent van Gogh L'Eglise d'Auvers sur Oise
**

Heilig ist die Jugendzeit !
Sainte est la jeunesse !

Heilig ist die Jugendzeit!
Sainte est la jeunesse !
Treten wir in Tempelhallen,
Entrons dans les salles du temple,

Heilig ist die Jugendzeit Sainte est la jeunesse Ludwig Uhland Artgitato saint-paul-de-mausole-amandiers

**

Ich hatt’ einen Kameraden
J’avais un bon camarade
1809

Ich hatt’ einen Kameraden,
J’avais un camarade,
Einen bessern findst du nicht.
Le meilleur que l’on puisse trouver.

Ich hatt' einen Kameraden J'avais un bon camarade Ludwig Uhland 1809 Artgitato

**

LIED EINES ARMEN
CHANSON D’UN PAUVRE

Ich bin so gar ein armer Mann
Je ne suis qu’un pauvre homme
Und gehe ganz allein.
Et vais, tout seul.

Picasso Pablo (dit), Ruiz Picasso Pablo (1881-1973). Paris, musÈe Picasso. MP4.

**

Sterbeklänge (1)
Le Glas (1)

Das Ständchen
La Sérénade

Was wecken aus dem Schlummer mich
Qui me sort du sommeil
Für süße Klänge doch?
Par de si doux sons ?

La Sérénade Poème de Ludwig Uhland Das Ständchen Artgitato L'homme blessé de Gustave Courbet

****
Sterbeklänge (2)
Le Glas (2)

Die Orgel
L’Orgue

»Noch einmal spielt die Orgel mir,
« Une fois encore jouez-moi de l’orge,
   Mein alter Nachbarsmann!
Mon vieux voisin !

L'Orgue Poème de LUDWIG ULHAND - Die Orgel Artgitato Titien Venus et Le Joueur D orgue

****
Sterbeklänge (3)
Le Glas (3)

Die Drossel
La Grive

»Ich will ja nicht zum Garten gehn,
«Je ne veux plus sortir du jardin,
Will liegen sommerlang,
 Tant que durera l’été,

DIE DROSSEL LA GRIVE Ludwig Uhland Artgitato SNYDERS Frans Un Concert d'oiseaux sur un arbre

****************

GOGOL A LA VILLA BORGHESE – Николай Гоголь -GOGOL ROME – GOGOL VILLA BORGHESE – MONUMENTO A NICOLAJ GOGOL

ROME – ROMA
Nicolas Vassiliévitch Gogol
Gogol Rome
Nicolas Gogol Villa Borghese

LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

——-

Flag_of_Lazio

Nikolai Gogol par F Moller 1840 Otto Friedrich von Möller Tretyakov gallery


La Villa Borghèse
Villa Borghèse

Nicolas GOGOL
1809-1852

MONUMENTO A NICOLAJ GOGOL

Николай Васильевич Гоголь

Nikolaï Gogol
Микола Васильович Гоголь

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato 2

« Cette vie consacrée à la contemplation de la nature, des antiquités, des œuvres de l’art, éveilla en lui, plus vif que jamais, le désir d’approfondir l’histoire de l’Italie, la connaissance fragmentaire qu’il en avait lui faisant paraître le présent incomplet. Il se rua donc avidement sur les archives, les chroniques, les mémoires. Il pouvait maintenant les lire non plus comme un Italien casanier qui se donne corps et âme à la lecture et, pressé par la foule des personnages et des épisodes, distingue mal l’ensemble des événements, cet ensemble qu’il était donné au prince de contempler comme d’une fenêtre du Vatican. Son séjour hors d’Italie, face au bruit et à l’agitation des nations agissantes, avait accentué la portée et l’acuité de son coup d’œil et lui permettait maintenant un contrôle sévère de toutes les déductions des historiens. Plus il lisait, plus il admirait – et cela en toute impartialité – le lustre et la grandeur de l’Italie d’autrefois. »

Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato 3

« Plus le prince poursuivait ses investigations, plus la fertilité de cette superbe époque le stupéfiait. « Où donc ont-ils trouvé le temps de produire tous ces chefs d’œuvre ? » s’exclamait-il. Ce côté admirable de Rome s’amplifiait tous les jours devant ses yeux. Les galeries se succédaient sans fin ; ici, cette église conservait une merveille de la peinture ; là, sur cette muraille qui s’effritait, une fresque à demi effacée captivait encore le regard ; plus loin, au-dessus de ces marbres, de ces colonnes, dépouilles d’anciens temples païens, resplendissait un plafond d’une immarcescible fraîcheur. Le prince ressemblait à un chercheur d’or qui découvre un gisement sous une couche de terre fort ordinaire. Et combien le sentiment de plénitude, de sérénité qu’il éprouvait en regagnant son palais différait du tumulte d’impressions qui l’assaillait à Paris quand il rentrait chez lui exténué, recru, impuissant le plus souvent à mettre de l’ordre dans ce chaos ! »

Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault

Nikolai Gogol Nicolas Gogol Rome Roma Villa Borghese artgitato

« Il traversa ensuite les Apennins, toujours dans une excellente disposition d’esprit et quand, après six jours de voyage, il vit onduler au loin la célèbre coupole, une foule de sentiments l’assaillirent qu’il eût été bien impuissant à exprimer. Il contemplait avidement chaque colline, chaque pli de terrain. Enfin, après avoir franchi le Ponte Molle et les portes de la ville, la belle adorable qu’est la Piazza del Popolo lui ouvrit ses bras sous les regards du Monte Pincio, de ses terrasses, de ses escaliers, de ses statues, de ses promeneurs. Dieu, que son cœur battit fort ! Cependant le vetturino l’entraînait dans ce Corso où, jadis, il flânait avec son abbé, alors qu’innocent, ingénu, il savait pour tout potage que la langue latine est la mère de la langue italienne…
« Ce n’est pas une femme, c’est la lueur fulgurante de la foudre », s’allait-il répétant, en ajoutant chaque fois non sans orgueil : « C’est une Romaine ; pareille femme ne peut naître qu’à Rome. Il me faut à tout prix la revoir, sinon pour l’aimer du moins pour la contempler à loisir, sinon pour l’embrasser du moins pour repaître mon regard de ses yeux, de ses bras, de ses doigts, de sa chevelure flamboyante. Il en doit être ainsi, la nature l’exige. La beauté parfaite s’incarne à seule fin que chacun puisse la voir et en conserver à jamais l’idée dans son cœur. Si cette femme n’était point le comble de la perfection, elle aurait le droit d’appartenir à un seul homme, de se laisser entraîner par lui loin de tous yeux humains. Mais une beauté accomplie doit se laisser voir à tous. Un architecte dissimule-t-il le plus beau des temples au fond d’une ruelle ? Non, il l’édifie sur une grande place où chacun peut l’admirer sous toutes ses faces. Allume-t-on une lampe pour la mettre sous le boisseau ? a dit le divin Maître.  »
Nicolas Vassiliévitch GOGOL
Rome
Traduction par Henri Mongault