Archives par mot-clé : gedichte

LE PREMIER AMOUR – Poème de GOETHE – Ach, wer bringt die schönen Tage

LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande

Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

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LE PREMIER AMOUR
Ach, wer bringt die schönen Tage

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Photo Ana Anuka Kipshidze

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Ach, wer bringt die schönen Tage,
Ah ! qui pourrait rapporter les beaux jours,
Jene Tage der ersten Liebe,
Ces jours du premier amour,
Ach, wer bringt nur eine Stunde
Ah ! qu’il n’apporte qu’une heure
Jener holden Zeit zurück!
De ce temps-là !

*

Einsam nähr ich meine Wunde,
Je nourris désormais ma blessure dans la solitude,
Und mit stets erneuter Klage
Et par des plaintes répétées
Traur ich ums verlorne Glück.
Je pleure le bonheur perdu.

*

Ach, wer bringt die schönen Tage,
Ah ! qui pourrait rapporter les beaux jours,
Jene holde Zeit zurück!
De ce temps-là !

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REFLET – Poème de GOETHE – ABGLANZ

LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande

Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

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REFLET
ABGLANZ

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Gyula Benczúr, 188, Narcisse

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Ein Spiegel, er ist mir geworden;
Un miroir est devenu mien ;
Ich sehe so gerne hinein,
J’aime regarder à l’intérieur,
Als hinge des Kaisers Orden
Comme si l’ordre de l’Empereur pendait
An mir mit Doppelschein;
A moi d’un double éclat ;
Nicht etwa selbstgefällig
Ce n’est pas par complaisance
Such ich mich überall;
Que je me cherche partout ;
Ich bin so gern gesellig,
J’aime la société,
Und das ist hier der Fall.
Et c’est le cas ici.

*


Wenn ich nun vorm Spiegel stehe
Quand je me tiens devant le miroir
Im stillen Witwerhaus,
Dans ma tranquille maison de veuf,
Gleich guckt, eh ich mich versehe,
Elle arrive sans prévenir
Das Liebchen mit heraus.
Ma bien aimée.
Schnell kehr ich mich um, und wieder
Je me retourne rapidement, et déjà
Verschwand sie, die ich sah;
Elle disparaît, celle que je venais de voir ;
Dann blick ich in meine Lieder,
Ensuite je regarde mes chansons
Gleich ist sie wieder da.
Et la voici à nouveau.

*


Die schreib ich immer schöner
Je les écris toujours plus joliment
Und mehr nach meinem Sinn,
Et plus selon mon esprit,
Trotz Krittler und Verhöhner,
Malgré les critiques et les moqueurs,
Zu täglichem Gewinn.
A mon profit quotidien.
Ihr Bild in reichen Schranken
Son image dans un environnement somptueux
Verherrlichet sich nur,
S’embellit encore,
In goldnen Rosenranken
En vrilles dorées
Und Rähmchen von Lasur.
Dans ce cadre azuré.


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NUIT DE PLEINE LUNE – Poème de Goethe – Vollmondnacht

Johann Heinrich Wilhelm Tischbein
Goethe dans la campagne romaine, 1786

LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande

Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

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VOLLMONDNACHT
NUIT DE PLEINE LUNE

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Albert Aublet, Séléné, 1880
File source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Albert_Aublet_-_Selene.jpg

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Herrin, sag, was heißt das Flüstern?
Maîtresse, dis-moi ce que signifie ce chuchotement ?
Was bewegt dir leis die Lippen?
Quels sont ces mouvements sur tes lèvres ?
Lispelst immer vor dich hin,
Murmures toujours
Lieblicher als Weines Nippen!
Plus suaves que le meilleur des vins !
Denkst du deinen Mundgeschwistern
Penses-tu sur les deux lèvres de ta bouche
Noch ein Pärchen herzuziehn?
En attirer une autre paire ?

« Ich will küssen! Küssen! sagt ich. »

« Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. »

Schau! Im zweifelhaften Dunkel
Regarde ! Dans cette incertaine obscurité
Glühen blühend alle Zweige,
La lueur éclatante sur toutes les branches,
Nieder spielet Stern auf Stern,
Etoile filante après étoile filante,
Und smaragden durchs Gesträuche
Et ces éclats d’émeraudes à travers les buissons
Tausendfältiger Karfunkel;
mille fois précieux ;
Doch dein Geist ist allem fern.

Mais ton esprit reste si loin de tout ça.

« Ich will küssen! Küssen! sagt ich. »

« Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. »

Dein Geliebter, fern, erprobet
Ton amant, si loin, affligé
Gleicherweis im Sauersüßen
De même dans cette douce amertume,
Fühlt ein unglückselges Glück,
Ressent un malheureux bonheur ;
Euch im Vollmond zu begrüßen,
De vous saluer sous la pleine lune,
Habt ihr heilig angelobet,
Vous vous êtes promis,
Dieses ist der Augenblick!
C’est le moment !

« Ich will küssen! Küssen! sagt ich. »

« Je veux t’embrasser ! t’embrasser ! te dis-je. »


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MYSTERE MANIFESTE – Poème de GOETHE – Offenbar Geheimnis

Johann Heinrich Wilhelm Tischbein
Goethe dans la campagne romaine, 1786

LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande

Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

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Offenbar Geheimnis
MYSTERE MANIFESTE

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Divān de Hafez, Doublures à l’intérieur d’une copie du 19ème siècle


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Sie haben dich, heiliger Hafis,
Saint Hafez, ils t’ont
Die mystische Zunge genannt
Appelé la langue mystique
Und haben, die Wortgelehrten,
Mais, ces connaisseurs du mot,
Den Wert des Worts nicht erkannt.
N’en n’ont pas compris la valeur.

*

Mystisch heißest du ihnen,
Mystique, te nomment-ils,
Weil sie Närrisches bei dir denken
Car ils pensent de stupides choses à ton sujet
Und ihren unlautern Wein
Et leur vin impur
In deinem Namen verschenken.
Ils partagent en ton nom.

*

Du aber bist mystisch rein,
Mais tu es mystiquement pur,
Weil sie dich nicht verstehn,
Car ils ne te comprennent pas,
Der du, ohne fromm zu sein, selig bist!
Toi qui est heureux sans être pieux !
Das wollen sie dir nicht zugestehn.
Ils ne veulent pas te le permettre.



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GOETHE Prometheus – Prométhée -Poème bilingue 1772-1774

PROMETHEE – GOETHE


LITTERATURE ALLEMANDE
Goethe Traduction
Deutsch Poesie – Poésie Allemande


Traduction Jacky Lavauzelle

Johann Wolfgang von Goethe
1836 – 1870


Portrait de Joseph Karl Stieler – 1828

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Prometheus
PROMETHEE
Le Titan Προμηθεύς  « le Prévoyant »
1772-1774

**

Bedecke deinen Himmel, Zeus,
Couvre ton ciel, Zeus,
Mit Wolkendunst!
D’une brume de nuages !
Und übe, Knaben gleich,
Et comme les enfants cueillant
Der Disteln köpft,
Les têtes des chardons,
An Eichen dich und Bergeshöh’n!
Passe sur les chênes, les sommets !
Mußt mir meine Erde
Mais ma terre
Doch lassen steh’n,
Veille à ne pas toucher,
Und meine Hütte,
Tout comme ma cabane
Die du nicht gebaut,
Que tu n’as point construite,
Und meinen Herd,
Et mon poêle,
Um dessen Glut
Que ces braises
Du mich beneidest.
Tu m’envies.

*

Ich kenne nichts Ärmeres
Je ne connais rien de plus terrible
Unter der Sonn’ als euch Götter!
Sous le soleil, que vous les dieux !
Ihr nähret kümmerlich
Vous nourrissez misérablement
Von Opfersteuern
De sacrifices
Und Gebetshauch
Et du souffle des prières
Eure Majestät
Votre majesté,
Und darbtet, wären
Mais vous êtes affamés, tels des
Nicht Kinder und Bettler
Enfants et mendiants
Hoffnungsvolle Toren.
Remplis de vaines espérances.

*

Da ich ein Kind war,
Enfant,
Nicht wußte, wo aus, wo ein,
Ignorant,
Kehrt’ ich mein verirrtes Auge
Je tournais mon regard perdu
Zur Sonne, als wenn drüber wär
Vers le soleil, comme s’il existait au loin
Ein Ohr zu hören meine Klage,
Une oreille pour entendre ma douleur,
Ein Herz wie meins,
Un cœur comme le mien,
Sich des Bedrängten zu erbarmen.
S’apitoyant du sort des affligés.

*

Wer half mir
Qui m’a aidé
Wider der Titanen Übermut?
Contre la témérité des Titans ?
Wer rettete vom Tode mich,
Qui m’a sauvé de la mort,
Von Sklaverei?
De l’esclavage ?
Hast du’s nicht alles selbst vollendet,
N’as-tu pas tout réalisé toi-même,
Heilig glühend Herz?
Cœur sacré rougeoyant ?
Und glühtest, jung und gut,
Et radieux, jeune et bon,
Betrogen, Rettungsdank
Dans tes erreurs, porté des actions de grâce
Dem Schlafenden dadroben?
A la personne qui dort tout là-haut ?

*

Ich dich ehren? Wofür?
Que je t’honore ? Pourquoi ?
Hast du die Schmerzen gelindert
As-tu soulagé la douleur ?
Je des Beladenen?
Le fardeau ?
Hast du die Tränen gestillet
As-tu séché les larmes ?
Je des Geängsteten?
Atténué la peur ?
Hat nicht mich zum Manne geschmiedet
Ils m’ont forgé en homme :
Die allmächtige Zeit
Le Temps tout-puissant
Und das ewige Schicksal,
Et le Destin éternel,
Meine Herren und deine?
Mes maîtres à moi comme à toi ?

*

Wähntest du etwa,
Pensais-tu
Ich sollte das Leben hassen,
Que j’aurais dû détester la vie,
In Wüsten fliehn,
Me perdre dans les déserts,
Weil nicht alle Knabenmorgen-
Car de ces matins d’enfant
Blütenträume reiften?
Des rêves de fleurs n’ont pas mûris ?
Hier sitz’ ich, forme Menschen
Ici je suis assis, créant les hommes
Nach meinem Bilde,
A mon image,
Ein Geschlecht, das mir gleich sei,
Un genre qui est mon égal à moi,
Zu leiden, weinen,
Qui souffre et pleure,
Genießen und zu freuen sich,
Qui vit et se réjouit,
Und dein nicht zu achten,
Sans te respecter
Wie ich!
Comme moi !

Traduction française Jacky Lavauzelle


http://artgitato.com/traduction-allemand-jacky-lavauzelle-ubersetzung-deutsch-text/
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POEME DE NIKOLAUS LENAU – AUS ! DEHORS !

LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

 AUS !
DEHORS !
NIKOLAUS LENAU

NIKOLAUS LENAU
Poète Autrichien
Österreichische Dichter
1802-1850

 

 

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes


AUS !
DEHORS !

Nikolaus LENAU

**

Ob jeder Freude seh’ ich schweben
Alors que la joie flotte sereine
Den Geier bald, der sie bedroht:
Aussitôt les vautours bientôt menacent :
Was ich geliebt, gesucht im Leben,
Tout ce que j’ai aimé ou voulu dans la vie,
Es ist verloren oder todt.
Est soit perdu soit mort.

*

Fort riß der Tod in seinem Grimme
La mort déchire dans sa colère
Von meinem Glück die letzte Spur;
Les dernières traces de mes félicités ;
Das Menschenherz hat keine Stimme
Le cœur humain n’a pas de voix
Im finstern Rathe der Natur.
Dans le sombre conseil de la nature.

*

Ich will nicht länger thöricht haschen
Je ne veux plus être arraché
Nach trüber Fluten hellem Schaum,
Aux turpitudes des eaux écumantes,
Hab’ aus den Augen mir gewaschen
J’ai lavé mes yeux
Mit Thränen scharf den letzten Traum.
Avec les larmes vives de mon dernier rêve.

 NIKOLAUS LENAU

**

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NIKOLAUS LENAU
AUS !
DEHORS !

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(EXTRAIT)
LE MARTYRE D’UN POETE
d’ADOLPHE BOSSERT

 L’amour n’a point de paroles, parce qu’il est supérieur à toute pensée… O Sophie, il faut que tu m’aimes comme ton meilleur ouvrage. Mes joies et mes espérances, qui étaient mortes, se sont relevées en s’appuyant sur toi ; elles ont pris une vie nouvelle et plus belle. Tu es ma consolation, le foyer où je me réchauffe. Tu es ma révélation ; je te dois ma réconciliation avec ce monde-ci et ma paix dans l’autre. » Sa religion, déclare-t-il, est devenue inséparable de son amour. Il ne peut penser à Sophie sans penser à Dieu.
Il croit maintenant à un Dieu personnel. « Il est impossible que les forces rigides et insensibles de la nature produisent un être tel que toi. Tu es l’œuvre de prédilection d’un dieu personnel et aimant. » Il se sent uni avec Dieu dans un même sentiment : c’est le dernier degré de cette élévation mystique. « Je me suis réveillé cette nuit avec de délicieuses pensées pour toi. La volonté de Dieu sur nous m’est apparue tout d’un coup, claire comme le soleil. Notre amour n’est qu’une partie de son propre amour. » Et il ajoute mystérieusement : « Je t’expliquerai cela un jour. »

Le martyre d’un poète
Nicolas Lenau et Sophie Lœwenthal
Adolphe Bossert
Revue des Deux Mondes
Tome 37
1907

NIKOLAUS LENAU Poème DAS KREUZ LA CROIX 1841

LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Das KREUZ LA CROIX NIKOLAUS LENAU

NIKOLAUS LENAU
Poète Autrichien
Österreichische Dichter
1802-1850

 

 

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes


LA CROIX
Das Kreuz
1841
Nikolaus LENAU

 

**

 

Caspar David Friedrich
Das Kreuz im Gebirge
1812

**

Ich seh ein Kreuz dort ohne Heiland ragen,
Je distingue une croix là-bas sans son Sauveur,
Als hätte dieses kalte Herbsteswetter,
Comme si ce temps d’automne glacial,
Das stürmend von den Bäumen weht die Blätter,
En soufflant les feuilles dérobées aux arbres,
Das Gottesbild vom Stamme fortgetragen.
Y avait dérobé l’image de Dieu.
Soll ich dafür den Gram, in tausend Zügen
Dois-je m’effrayer de ces mille éclats
Rings ausgebreitet, in ein Bildnis kleiden?
Sur le sol répartis et recomposer une image ?
Soll die Natur ich und ihr Todesleiden
Dois-je clouer la nature et sa douleur
Dort an des Kreuzes leere Stätte fügen?
En lieu et place de mon Sauveur sur la croix  ?

********

NIKOLAUS LENAU

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(EXTRAIT)
LE MARTYRE D’UN POETE
d’ADOLPHE BOSSERT

 L’amour n’a point de paroles, parce qu’il est supérieur à toute pensée… O Sophie, il faut que tu m’aimes comme ton meilleur ouvrage. Mes joies et mes espérances, qui étaient mortes, se sont relevées en s’appuyant sur toi ; elles ont pris une vie nouvelle et plus belle. Tu es ma consolation, le foyer où je me réchauffe. Tu es ma révélation ; je te dois ma réconciliation avec ce monde-ci et ma paix dans l’autre. » Sa religion, déclare-t-il, est devenue inséparable de son amour. Il ne peut penser à Sophie sans penser à Dieu.
Il croit maintenant à un Dieu personnel. « Il est impossible que les forces rigides et insensibles de la nature produisent un être tel que toi. Tu es l’œuvre de prédilection d’un dieu personnel et aimant. » Il se sent uni avec Dieu dans un même sentiment : c’est le dernier degré de cette élévation mystique. « Je me suis réveillé cette nuit avec de délicieuses pensées pour toi. La volonté de Dieu sur nous m’est apparue tout d’un coup, claire comme le soleil. Notre amour n’est qu’une partie de son propre amour. » Et il ajoute mystérieusement : « Je t’expliquerai cela un jour. »

Le martyre d’un poète
Nicolas Lenau et Sophie Lœwenthal
Adolphe Bossert
Revue des Deux Mondes
Tome 37
1907

ANASTASIUS GRÜN Poème DIR ALLEIN ! A TOI SEULE !

LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Dir allein ! Anastasius Grün

Anastasius Grün
Anton Alexander Graf von Auersperg
Anton Alexander comte d’Auersperg
1806-1876

 

 

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes


A toi seule !
Dir Allein !
Anastasius Grün

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Möchte jedem gern die Stelle zeigen,
Je pourrais montrer à chacun le lieu,
Wo mein Herz so schwer verwundet worden;
Où mon cœur si grièvement a été blessé ;
Aber dir möcht’ ich mein Leid verschweigen,
Mais à toi, je cacherai mon chagrin,
Doch nur dir! denn du allein
Seulement à toi ! Car toi seule
  Hast den Dolch, der mich vermag zu morden.
Tiens la dague qui peut me faire disparaître.

*

Möchte keinem meine Leiden klagen,
Je préfère ne pas me plaindre de mes souffrances
Aber dir enthüllen alle Wunden,
Mais te révéler toutes ces blessures
Die gar tief mein Herz sich hat geschlagen;
Profondes dans mon cœur qui me tuent ;
Doch nur dir! denn du allein
Seulement à toi ! car toi seule
 Hast den Balsam, der mich macht gesunden.
As le baume pour me guérir.

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ANASTASIUS GRÜN

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SUR ANASTASIUS GRÜN

SAINT-RENE TAILLANDIER
1844

Avant cette émeute dont j’ai à m’occuper aujourd’hui, avant cet avènement hautain de la poésie politique, il y a eu, dans l’histoire de ces vingt dernières années, une tentative assez semblable. Un esprit d’opposition, plein de jeunesse, de nouveauté, et animé d’une légitime audace, s’est produit avec éclat dans des vers que l’Allemagne n’a pas oubliés.
UNE NOUVELLE DIRECTION, UN NOUVEAU MOUVEMENT
La poésie, la vraie poésie, offensée trop souvent par les prétentions orgueilleuses de la nouvelle école, était toujours respectée hautement par ce chaste écrivain, et jamais, au plus fort de sa colère et de ses véhémentes apostrophes, jamais il n’avait laissé s’altérer le noble langage auquel il confiait l’expression de sa pensée. M. Anastasius Grün, car c’est de lui que je parle, a véritablement ouvert la direction nouvelle, le nouveau mouvement poétique qui, depuis quelques années, a transformé les lettres allemandes ; mais il a toujours évité les écueils où plus d’un, parmi ceux qui l’ont suivi, ont donné tête baissée.
L’ECOLE DE SOUABE
La langue que parle M. Grün est toujours la belle langue poétique d’Uhland ; il se rattache à cette charmante école de Souabe, si vraiment nationale, si bien parée de toutes les grâces de la nature germanique ; seulement il y fait apparaître un élément nouveau. Tandis qu’Uhland chante la patrie, tandis qu’il vit sur un fonds d’idées générales, M. Grün introduit dans l’école de Souabe quelque chose de plus particulier, il descend aux applications directes, aux problèmes les plus rapprochés, aux questions de chaque jour, et il appelle Rollet un fripon. Les Promenades d’un poète viennois sont le premier témoignage de la poésie politique si accréditée en ce moment, et on peut dire qu’elles en sont demeurées le modèle. Sans doute il y a dans Uhland plus d’une pièce qui semble aussi appartenir à cette direction ; le poète qui a chanté le bon vieux droit avec tant d’amour, le doux chanteur qui a réveillé dans l’esprit de son peuple tous les bons instincts, qui y a entretenu comme une défense le souvenir des anciennes vertus, ce poète peut être nommé parmi ceux qui ont essayé de créer une poésie politique. Toutefois, chez Uhland, cette poésie n’existe pas encore, et de ce fonds d’idées plus général, M. Grün, le premier, a fait sortir la vive et libre audace qui tente aujourd’hui tant de jeunes écrivains. On a remarqué que Béranger étudiait beaucoup La Fontaine ; on a dit qu’il était facile de retrouver dans son style et dans sa pensée maintes traces de la fine et franche tradition gauloise. Eh bien ! le rapport qui existe entre le chantre du roi d’Yvetot et la muse insouciante et hardie qui osait écrire, sous Louis XIV :

Notre ennemi c’est notre maître,
Je vous le dis en bon français ;

ce même rapport est celui qui, toute proportion gardée, unit M. Grün à Uhland. Je tiens à établir nettement cette idée : si M. Anastasius Grün a conservé, selon moi, une supériorité incontestable sur ses jeunes et ardents successeurs, c’est en grande partie à cette position littéraire qu’il en est redevable. Cette filiation poétique, ces relations avec l’école d’Uhland et de Justin Kerner, l’ont préservé de bien des écarts. En conduisant sa muse dans les routes périlleuses, il a pris soin que ses pieds ne fussent pas déchirés par les ronces et qu’elle gardât toujours son chaste vêtement.
UNE CHASTETE D’IDEAL, UN RESPECT RELIGIEUX DE LA FORME
Peut-être même a-t-il poussé trop loin la tendresse de ses scrupules ; il a redoublé d’attention et de vigilance, il a surveillé sa pensée et son langage avec une pudeur inquiète, tant il apercevait les périls de la carrière où il s’engageait ! On lui a reproché, et avec raison, une certaine afféterie, un soin trop minutieux des parures de la muse ; mais la langue souvent un peu grossière de ses successeurs est venue justifier ses craintes et absoudre ses fautes. Une grande chasteté d’idéal, un respect religieux de la forme, n’étaient pas un grand mal pour celui qui ouvrait une route où les erreurs contraires sont si fréquentes. M. Grün prenait ses précautions avec une louable intention d’artiste. J’oserais le comparer à l’auteur de Stello pour ce soin exquis et pur, et je m’assure que M. de Vigny, s’il eût hasardé sa muse dans cette direction dangereuse, n’aurait pas eu pour elle moins de respect et de sollicitude. Ce souci de M. Grün s’explique très bien et par son amour de l’art, par son attachement filial à l’école d’Uhland, et aussi peut-être par un sentiment élevé qui est propre à sa nature et au nom qu’il porte.
LES HARDIESSES DU LIBRE PENSEUR PROTEGEES PAR CETTE FORME PURE
On sait, en effet, qu’Anastasius Grün est un pseudonyme, et que le poète chaste et hardi qui a donné à l’Allemagne la poésie politique est un gentilhomme autrichien, M. le comte d’Auersperg. Le succès des Promenades d’un poète viennois fut immense. L’audace inattendue des idées saisit énergiquement les âmes ; en même temps, comme il y avait là un sentiment exquis de l’art, comme ce n’étaient point des dissertations rimées, mais bien de la vraie poésie, toutes les hardiesses du libre penseur, protégées par cette forme pure, pénétrèrent partout avec une merveilleuse promptitude. Je ne crains pas d’affirmer que la publication de ce livre fut un événement pour l’Allemagne. On eut beau le proscrire et le défendre, le coup était porté ; l’expérience avait réussi ; la muse allemande, si dédaigneuse autrefois du monde réel, savait désormais qu’elle pouvait se hasarder dans les rues de la ville, et quitter l’empyrée pour la terre.

LONGTEMPS LE SEUL REPRESENTANT DE LA POESIE POLITIQUE
Pendant longtemps M. Anastasius Grün fut le seul représentant de la poésie politique. Il y a quatre ans seulement qu’une jeune et active phalange s’est formée tout à coup, les uns pleins de gaieté, les autres plus sévères, ceux-ci agitant leurs grelots, ceux-là sonnant des fanfares. Les bruits de guerre que provoqua le traité du 15 juillet 1840, et l’hostilité passagère ranimée un instant entre la France et l’Allemagne, en furent la première occasion. Tant que M. Grün avait été seul, comme la direction de sa pensée était le produit d’une réflexion austère, d’une étude calme et désintéressée, l’art sérieux l’avait adoptée sans réserve. Au contraire, la poésie, chez les écrivains dont je vais parler, se ressentira de la commotion brusque et rapide d’où elle est née. Lors même qu’ils n’auraient pas renié insolemment leur habile devancier, il eût été facile de voir qu’ils ne suivaient pas la même route, et que bien des différences littéraires les séparaient. Ils n’ont d’ailleurs voulu nous laisser aucun doute à cet égard, et M. Grün a été plus d’une fois traité par eux avec un incroyable dédain. C’est donc une chose bien entendue : nos nouveau-venus ne relèvent que d’eux-mêmes ; ils sont seuls responsables de leurs œuvres ; soit, nous ne demandons pas mieux si l’arrogance de leur début et le talent même dont ils ont fait preuve nous autorisent à les juger avec une entière franchise…

Saint-René Taillandier
LA POESIE ET LES POETES DEMOCRATIQUES
De la littérature politique en Allemagne
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 6
1844

POEME DE HÖLDERLIN Die Aussicht La Perspective

LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Poème de Hölderlin
Die Aussicht
La Perspective

Friedrich Hölderlin
1770-1843

 

Traduction Jacky Lavauzelle

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die Gedichte
Les Poèmes
Стихи Фридриха Гельдерлина
荷尔德林诗
Friedrich_hoelderlin


Friedrich Hölderlin

Die Aussicht
La Perspective
Poème de Hölderlin

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 Die Aussicht

 

If geht in die Ferne der Menschen wohnend Leben,
Si vous allez loin de la grouillante vie des hommes,
Wo Ferne in sterben Šich erglänzt Zeit der Reben sterben,
Où au loin luit la vigueur des vignes,
Ist auch dabei von Sommers Gefilde leer,
Reposent aussi les champs vides de l’été,
Der Wald Erscheint mit Seinem dunklen Bilde.
La forêt apparaît alors avec sa sombre image.
Dass sterben Natur ergänzt das Bild der Zeiten,
Si la nature anéantit l’image des temps,
Dass sterben verweilt, sie schnell vorübergleiten,
Qui résistent et rapidement glissent,
Ist aus Vollkommenheit, Höhe des Himmels glänzet
C’est par perfection, la hauteur du ciel resplendit
Dann den Menschen, Bäume Wie Blut umkränzet.
Sur les hommes, arbres couronnés de sang.

Mit Untertänigkeit
Respectueusement
d. 24 Mai 1748.
Scardanelli

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Poème de Hölderlin

der Sarg HEINE INTERMEZZO LYRIQUE LXVI LE CERCUEIL

der Sarg Heine
Lyrisches Intermezzo

INTERMEZZO LYRIQUE
Heinrich Heine

der Sarg Heine

INTERMEZZO LYRIQUE HEINE
Lyrisches Intermezzo
LITTERATURE ALLEMANDE
intermezzo-lyrique-heine-artgitato-lyrisches-intermezzo-heine-willem-van-aelst-bloemenstilleven-met-horloge



Christian Johann Heinrich Heine
der Sarg Heine
LE CERCUEIL




der-sarg-heine-artgitato-gaspar-david_friedrich-graveyard-under-snow-museum-der-bildenden-kunste Caspar_David_Friedrich
Friedhof im Schnee
1826

Cimetière sous la neige
Graveyard under Snow
Museum der bildenden Künste
Leipzig

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1823

INTERMEZZO LYRIQUE
Lyrisches Intermezzo
der Sarg HEINE

Die alten, bösen Lieder,
Les vieilles et vilaines chansons,
Die Träume schlimm und arg,
Les nocifs et mauvais rêves,
Die laßt uns jetzt begraben,
Nous devons les ensevelir maintenant,
 Holt einen großen Sarg.
Dans un grand cercueil.

*

Hinein leg’ ich gar manches,
J’y mettrai tant de choses,
Doch sag’ ich noch nicht was;
Mais je ne dis pas tout encore ;
 Der Sarg muß seyn noch größer
Le cercueil doit être plus large encore
Wie’s Heidelberger Faß.
Que ne l’est la tonne de Heidelberg.

*

*

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LXVI

der Sarg Heine

Heinrich Heine
INTERMEZZO LYRIQUE
Lyrisches Intermezzo

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Lyrisches Intermezzo

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LA POESIE DE HEINRICH HEINE

A ce point de vue, Heine est traité en privilégié. Les Allemands peuvent bien maudire le pamphlétaire, ils savent par cœur les vers du poète. Éditeurs, biographes, critiques d’outre-Rhin lui ont consacré d’importans travaux. Chez nous, seul entre les poètes allemands, il bénéficie de ce privilège d’avoir un public. Je ne nie pas que nous n’ayons pour quelques autres, et pour Goethe par exemple, un juste respect. Nous admirons Gœthe, nous ne l’aimons pas. Au contraire, l’auteur de l’Intermezzo est pour quelques Français de France un de ces écrivains qui sont tout près du cœur. Cela tient à plusieurs raisons parmi lesquelles il en est d’extérieures. Heine a vécu pendant de longues années parmi nous ; il parlait notre langue, quoique avec un fort accent ; il l’écrivait, quoique d’une façon très incorrecte ; il nous a loués, quoique avec bien de l’impertinence ; il a été mêlé à notre société ; il a été en rapports avec nos écrivains, nos artistes et même nos hommes politiques. Nous nous sommes habitués à le considérer comme un des nôtres, et sa plaisanterie, fortement tudesque, passe encore pour avoir été une des formes authentiques de l’esprit parisien. Notre sympathie pour Heine se fonde d’ailleurs sur des motifs plus valables. Il a quelques-unes des qualités qui nous sont chères : son style est clair ; ses compositions sont courtes. Nous aimons ces lieds dont quelques-uns durent le temps d’un soupir, l’espace d’un sanglot. Leur pur éclat nous semble celui de la goutte de rosée que le soleil taille en diamant, ou d’une larme qui brille dans un sourire. C’est par eux que le meilleur de la sentimentalité allemande est parvenu jusqu’à nous. Ou, pour parler plus exactement, la poésie de Heine représente une nuance particulière de sensibilité, qu’il a créée et que nous avons accueillie. Aussi doit-elle avoir sa place dans une histoire de la poésie lyrique en France. De même qu’il y a une «critique allemande » de l’œuvre de Heine, il convient qu’il y en ait parallèlement une «critique française ».

René Doumic
Revue littéraire
La poésie de Henri Heine d’après un livre récent
Revue des Deux Mondes
4e période
tome 140
1897
pp. 457-468

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INTERMEZZO LYRIQUE
Lyrisches Intermezzo
LXVI
der Sarg Heine
Poésie HEINRICH HEINE