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ODE à la mort de Jean-Baptiste Rousseau (1670-1741)- Lefranc de Pompignan

Jean-Jacques Lefranc de Pompignan
(1709 à Montauban – 1784 à Pompignan)


ODE À
LA MORT DE
Jean-Baptiste ROUSSEAU
(poète et dramaturge français)

Portrait de Jean-Baptiste Rousseau
par Nicolas de Largillière

 
Quand le premier chantre du monde
Expira sur les bords glacés,
Où l’Ebre effrayé dans son onde
Reçut ses membres dispersés,
Le Thrace errant sur les montagnes,
Remplit les bois et les campagnes
Du cri perçant de ses douleurs :
Les champs de l’air en retentirent,
Et dans les antres qui gémirent,
Le lion répandit des pleurs.

La France a perdu son Orphée ;
Muses, dans ces moments de deuil,
Elevez le pompeux trophée
Que vous demande son cercueil :
Laissez par de nouveaux prodiges,
D’éclatants et dignes vestiges
D’un jour marqué par vos regrets.
Ainsi le tombeau de Virgile
Est couvert du laurier fertile
Qui par vos soins ne meurt jamais.

D’une brillante et triste vie
Rousseau quitte aujourd’hui les fers,
Et loin du ciel de sa patrie,
La mort termine ses revers.
D’où ses maux ont-ils pris leur source ?
Quelles épines dans sa course
Etouffaient les fleurs sous ses pas ?
Quels ennuis ! Quelle vie errante,
Et quelle foule renaissante
D’adversaires et de combats !

Vous, dont l’inimitié durable
L’accusa de ces chants affreux,
Qui méritaient, s’il fût coupable,
Un châtiment plus rigoureux ;
Dans le sanctuaire suprême,
Grâce à vos soins, par Thémis même
Son honneur est encore terni.
J’abandonne son innocence ;
Que veut de plus votre vengeance ?
Il fut malheureux et puni.

Jusques à quand, mortels farouches,
Vivrons-nous de haine et d’aigreur ?
Prêterons-nous toujours nos bouches
Au langage de la fureur ?
Implacable dans ma colère,
Je m’applaudis de la misère
De mon ennemi terrassé ;
Il se relève, je succombe,
Et moi-même à ses pieds je tombe
Frappé du trait que j’ai lancé.

Songeons que l’imposture habite
Parmi le peuple et chez les grands ;
Qu’il n’est dignité ni mérite
A l’abri de ses traits errants ;
Que la calomnie écoutée,
A la vertu persécutée
Porte souvent un coup mortel,
Et poursuit sans que rien l’étonne,
Le monarque sous la couronne,
Et le pontife sur l’autel.

Du sein des ombres éternelles
S’élevant au trône des dieux,
L’envie offusque de ses aîles
Tout éclat qui frappe ses yeux.
Quel ministre, quel capitaine,
Quel monarque vaincra sa haine,
Et les injustices du sort !
Le temps à peine les consomme ;
Et jamais le prix du grand homme
N’est bien connu qu’après sa mort.

Oui, la mort seule nous délivre
Des ennemis de nos vertus,
Et notre gloire ne peut vivre
Que lorsque nous ne vivons plus.
Le chantre d’Ulysse et d’Achille
Sans protecteur et sans asile,
Fut ignoré jusqu’au tombeau :
Il expire, le charme cesse,
Et tous les peuples de la Grèce
Entr’eux disputent son berceau.

Le Nil a vu sur ses rivages
De noirs habitants des déserts,
Insulter par leurs cris sauvages
L’astre éclatant de l’univers.
Crimes impuissants ! Fureurs bizarres !
Tandis que ces monstres barbares
Poussaient d’insolentes clameurs,
Le dieu poursuivant sa carrière,
Versait des torrents de lumière
Sur ses obscurs blasphémateurs.

Souveraine des chants lyriques,
Toi que Rousseau dans nos climats
Appela des jeux olympiques,
Qui semblaient seuls fixer tes pas ;
Par qui ta trompette éclatante
Secondant ta voix triomphante,
Formera-t-elle des concerts ?
Des héros, Muse magnanime,
Par quel organe assez sublime
Vas-tu parler à l’univers ?

Favoris, élèves dociles
De ce ministre d’Apollon,
Vous à qui ses conseils utiles
Ont ouvert le sacré vallon ;
Accourez, troupe désolée,
Déposez sur son mausolée
Votre lyre qu’il inspirait ;
La mort a frappé votre maître,
Et d’un souffle a fait disparaître
Le flambeau qui vous éclairait.

Et vous dont sa fière harmonie
Egala les superbes sons,
Qui reviviez dans ce génie
Formé par vos seules leçons ;
Mânes d’Alcé et de Pindare,
Que votre suffrage répare
La rigueur de son sort fatal.
Dans la nuit du séjour funèbre,
Consolez son ombre célèbre,
Et couronnez votre rival.

*****

JEAN-JACQUES LEFRANC DE POMPIGNAN
Élu en 1759 à l’Académie Française au fauteuil 8.


« Didon, tragédie qu’il donna à l’âge de vingt-cinq ans, fit concevoir des espérances qu’il n’a pas réalisées, car une petite comédie en vers libres représentée l’année suivante (1735) et quelques opéras qui n’ont pas été joués sont les seuls ouvrages qu’il ait composés ensuite pour la scène. Reçu à l’Académie française, Lefranc, dans son discours de réception, attaqua sans aucun ménagement tous les philosophes. Cette déclaration de guerre lancée contre ceux aux suffrages desquels il devait l’honneur de siéger à l’Académie lui fut fatale : pendant deux années on lui fit expier par les plus amers chagrins sa malencontreuse attaque : ce fut contre lui comme une conspiration générale. On ne se contenta pas de faire la satire du poète, on fit encore celle de l’homme et du chrétien. On le représenta comme un hypocrite qui s’affublait du manteau de la religion dans des vues d’intérêt purement humain. Lefranc, forcé de quitter Paris où il n’osait plus se présenter nulle part, alla ensevelir ses jours au fond d’une campagne ; il tomba dans un tel état de tristesse qu’il devint fou. Il était âgé de soixante-quinze ans lorsqu’il mourut. Dans ses odes et ses poésies sacrées se trouve de l’élévation, une hardiesse souvent poétique, et quelquefois même cette chaleur qui manque dans toutes ses autres compositions. La Harpe lui a rendu justice en disant que comme poète il méritait en plus d’un genre l’estime de postérité.
(Petits Poëtes Français depuis Malherbe jusqu’à nos jours –
Par Prosper Poitevin – Tome 1 – Paris –
Chez Firmin Didot Frères, fils et Cie, Libraires –
1870)

LA LYRE D’ORPHÉE – POÈME DE JULES LEMAÎTRE

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LITTÉRATURE FRANÇAISE

 

JULES LEMAÎTRE

 né le  à Vennecy et mort le  à Tavers

 

_______________

 

LES POÈMES
DE
JULES LEMAÎTRE

 

LA LYRE D’ORPHÉE

________________

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Jules Lemaître

LA LYRE D’ORPHÉE

Alphonse Lemerre, éditeur
 

Quand Orphée eut perdu sa maîtresse à jamais,
Il dit : « Je chanterai, pour épuiser ma peine,
Un thrène harmonieux sur celle que j’aimais
. »

Fuyant l’Hèbre fatal et sa rive inhumaine,
Au bois sombre, où parfois sonne un rugissement,
Il promenait les chants de la Lyre d’ébène.

Mais il sentait la plainte inégale au tourment.
Il cria : « L’Art est vain et ne saurait tout dire.
L’air qui vibre n’est rien, et la Muse nous ment.
 »

Il arracha d’un coup les trois fils de la Lyre,
Et, tandis qu’un suprême et déchirant accord
Éclate et dans le bois mélancolique expire,

Il se coucha sur l’herbe et souhaita la mort.

*

Était-ce une déesse ? était-ce un dieu ? Mystère.
Une forme éthérée, un clair fantôme bleu,
On ne sait d’où venu, descendit sur la terre.

Il abattit son vol auprès du demi-dieu
Et, déployant sur lui ses ailes blanchissantes,
Ouvrit le sein d’Orphée avec son doigt de feu.

Alors, pour remplacer les trois cordes absentes,
Il lui tira du cœur trois fibres, — et soudain
Au Luth silencieux les fixa frémissantes.

Réveillant le poète, il lui mit à la main
La merveilleuse Lyre aux fils rouges et tièdes,
Et dit : « Joue à présent, maître, et va ton chemin ! »

A sa voix se leva le prince des Aèdes,
Et son Luth animé, plein de souffles ardents,
Si douloureusement vibra sous ses doigts raides,

Que les tigres rayés et les lions grondants
Le suivaient attendris, et lui faisaient cortège,
Doux, avec des lambeaux de chair entre les dents.

Chœur monstrueux conduit par un divin Chorège !
Les grands pins, pour mieux voir l’étrange défilé,
En cadence inclinaient leurs fronts chargés de neige.

Les gouttes de son sang sur le Luth étoilé
Brillaient. Charmant sa peine au son des notes lentes,.
L’Aède, fils du Ciel, se sentit consolé :

Car tout son cœur chantait dans les cordes sanglantes.



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ORPHEE ET EURYDICE – Poème de Valéri BRIOUSSOV – Валерий Брюсов – ОРФИЯ И ЭВРИДИКА

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LITTÉRATURE RUSSE
POÉSIE RUSSE
Русская литература
Русская поэзия
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Poésie de Valéri Brioussov


Portrait de Valéri Brioussov par Mikhaïl Vroubel (1906)
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VALERI BRIOUSSOV
Валерий Яковлевич Брюсов

1er décembre 1873- 9 octobre 1924
1 декабря 1873 г. – 9 октября 1924 г.

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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ORPHEE ET EURYDICE
1904
ОРФИЯ И ЭВРИДИКА

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Jean-Baptiste Camille Corot, Orphée ramène Eurydice des Enfers

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Орфей
Orphée
Слышу, слышу шаг твой нежный,
J’entends, j’entends ton pas doux,
Шаг твой слышу за собой.
  J’entends ton pas.
Мы идем тропой мятежной,
  Nous marchons sur un chemin rebelle
  К жизни мертвенной тропой.
Un sombre chemin sinueux.

Эвридика
Eurydice
Ты — ведешь, мне — быть покорной,
Toi- Tu me conduis – je te suis,
Я должна идти, должна…
  Je dois marcher, je dois …
 Но на взорах — облак черный,
Mais sur mes yeux – un noir nuage,
Черной смерти пелена.
  Suaire de la sombre mort.

Орфей
Orphée
Выше! выше! все ступени,
Ci-dessus ! plus haut ! toutes ces étapes nous portent
  К звукам, к свету, к солнцу вновь!
Vers les sons, vers la lumière, vers le soleil !
Там со взоров стают тени,
  Là, les ombres vont s’évanouir !
  Там, где ждет моя любовь!
Là, où mon amour t’attend !

Эвридика
Eurydice
Я не смею, я не смею,
Je n’ose, je n’ose,
Мой супруг, мой друг, мой брат!
  Mon époux, mon ami, mon frère !
  Я лишь легкой тенью вею,
Je ne vois qu’une légère ombre,
  Ты лишь тень ведешь назад.
Une ombre qui t’accompagne.

Орфей
Orphée
Верь мне! верь мне! у порога
Crois-moi ! crois-moi ! sur le pas de la porte
  Встретишь ты, как я, весну!
Tu rencontreras, avec moi, le printemps !
Я, заклявший лирой — бога,
  Moi qui par ma lyre – venue de Dieu,
Песней жизнь в тебя вдохну!
Va t’insuffler la vie par mon chant !

Эвридика
Eurydice
Ах, что значат все напевы
Ah ! Que sont tous ces airs
 Знавшим тайну тишины!
Pour ceux qui ont connu le secret du silence !
Что весна, — кто видел севы
  Quel printemps – pour qui a vu
Асфоделевой страны!
 Le pré de l’Asphodèle !

Орфей
Orphée
Вспомни, вспомни! луг зеленый,
Rappelle-toi, rappelle-toi ! la verte prairie,
 Радость песен, радость пляск!
La joie des chansons, la joie de danser !
Вспомни, в ночи — потаенный
  Rappelle-toi, dans la nuit – cachés
 Сладко-жгучий ужас ласк!
La douce brûlure de nos caresses !

Эвридика
Eurydice
Сердце — мертво, грудь — недвижна.
Le cœur est mort, la poitrine est immobile.
Что вручу объятью я?
  A qui vais-je donner mes baisers ?
Помню сны, — но непостижна,
  Je me souviens de rêves, mais insondable,
 Друг мой бедный, речь твоя.
Mon pauvre ami, est ta parole.

Орфей
Orphée
Ты не помнишь! ты забыла!
Tu ne te souviens pas ! tu as oublié !
 Ах, я помню каждый миг!
Ah, je me souviens de chaque instant !
Нет, не сможет и могила
  Non, ce n’est pas possible et comme la tombe
Затемнить во мне твой лик!
  Assombrit ton visage en moi !

Эвридика
Eurydice
Помню счастье, друг мой бедный,
Je me souviens du bonheur, mon pauvre ami
 И любовь, как тихий сон…
Et de l’amour comme d’un rêve tranquille …
 Но во тьме, во тьме бесследной
Mais dans l’obscurité, dans l’obscurité sans laisser de trace
 Бледный лик твой затемнен…
Comme ton pâle visage s’est assombri …

Орфей
Orphée
— Так смотри! — И смотрит дико,
– Alors regarde ! – quel supplice,
 Вспять, во мрак пустой, Орфей.
De quitter Orphée pour l’obscurité vide.
— Эвридика! Эвридика! —
  – Eurydice ! Eurydice ! –
Стонут отзвуки теней.
  Comme les échos des ombres gémissent.



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1903, 10 — 11 июня 1904
1903, 10-11 juin 1904

LES 200 PLUS BEAUX AIRS D’OPERA – AIRS & MUSIQUES D’OPERA & D’OPERETTES

MUSIQUE
OPERA

LES PLUS BEAUX AIRS D’OPERA

AIRS 
&
MUSIQUE D’OPERA

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Figaro

Gioachino Rossini
Il Barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville
Largo al factotum
(Dmitri Hvorostovsky – Dmitri Aleksandrovitch Khvorostovski ,Дмитрий Александрович Хворостовский )

Gioachino Rossini photographié par Nadar

*

Présentation de Don Juan lors de l’ouverture de l’Opéra de Vienne le 25 mai 1869


Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Madamina, il catalogo è questo
(Ferruccio Furlanetto)

*

Georg Friedrich Haendel
Rinaldo
Lascia ch’io pianga
(Julia Lezhneva)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Ouverture

*

Antonio Vivaldi
Agrippo
Se lento ancora il fulmine
(Cecilia Bartoli)

*

Richard Wagner
La Tétralogie
Die Walküre – La Walkyrie
Acte III
La chevauchée des Walkyries
(Braunschweig/2007)

Richard Wagner

*

Wolfgang Amadeus Mozart
La Flûte enchantée
Die Zauberflöte
Acte II – no 14 Aria
Air de la reine de la nuit
Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen
(Ana Durlovski)

Der Holle Rache kocht in meinem Herzen
(Joan Sutherland)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Pilgerchor
Chœur des pèlerins

(Festival Cruise Orchestra and Choir)

Georges Bizet
Carmen – Acte I
Habanera
L’amour est un oiseau rebelle
(Elina Garanca)

L’amour est un oiseau rebelle
(Nino Chikovani)

Nino Chikovani

*

Vincenzo Bellini
Norma (Acte I- Scène 1)
Casta Diva
(Maria Callas)

La Callas

*

Giovanni Battista Pergolesi
Adriano in Siria
Lieto cosi talvolta
(Simone Kermes)

*

Léo Delibes
Lakmé
Duo des fleurs
Viens Mallika… Sous le dôme épais

(Anna Netrebko,Elina Garanca)

*

Giuseppe Verdi
Rigoletto – Acte III
La Donna è Mobile
(Luciano Pavarotti)

**

György Ligeti
né en Roumanie à Diciosânmartin/Dicsőszentmárton (aujourd’hui Târnăveni) le 28 mai 1923 – mort le 12 juin 2006 à Vienne.

Le Grand Macabre
(opéra en deux actes)
(1974 et 1977)
Mysteries of the Macabre
( Gothenburg Symphony)
(Performance de Barbara Hannigan)

**

Affiche originale lors de sa création en 1786

Wolfgang Amadeus Mozart
Les Noces de Figaro, Le nozze di Figaro – Acte II
Voi que sapete
(Cecilia Bartoli)

*

Giuseppe Verdi
Nabucco – Acte III
Le chœur des esclaves
Va, pensiero
(Rome, 2011)

*

Charles Gounod
Faust
Le Veau est toujours debout
Boris Christoff

*

Gioachino Rossini
Il Barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville
Ouverture
(Orchester Niederösterreich)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Geliebter, komm!
(Grace Bumbry ,Wolfgang Windgassen)

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
Brindisi
Libiamo ne’ lieti calici
(Diana Damrau, Juan Diego Flórez)

*
Ludwig van Beethoven
Fidelio
Mir ist so wunderbar
(Lucia Popp, Gundula Janowitz, Manfred Jungwirth,Adolf Dallapozza)

*

Francesco Cavalli
Il Giasone – Jason
Delizie contente, che l’alma beate fermate
(Christophe Dumaux)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Les Noces de Figaro, Le nozze di Figaro – Acte I
Non piu andrai
(Bryn Terfel)

*

Antonio Vivaldi
L’Olimpiade
Gemo in un punto e fremo
Sara Mingardo

*

Gioachino Rossini
Guillaume Tell
Ouverture
(Basler Festival Orchester)

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
Addio del passato
(Sophie Gordeladze)

Sophie Gordeladze

*

Jules Massenet
Werther
Pourquoi me réveiller…
(Jonas Kaufmann)

*

Gioachino Rossini
La donna del lago
Fra il padre
(Julia Lezhneva)

*

Giuseppe Verdi
Rigoletto – Acte II
Sì, vendetta, tremenda
Leo Nucci ,Olga Peretyatko

*

Affiche américaine de La Fiancée vendue

Bedřich Smetana
Prodaná nevěsta
La Fiancée Vendue
Chœur d’ouverture
(Orchestre Symphonique et Chœur Joseph-François-Perrault)

*

Georg Friedrich Haendel
Giulio Cesare in Egitto
Jules César en Egypte
Va tacito e nascosto
(Lawrence Zazzo-Opéra Garnier)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Air d’entrée d’Elizabeth, Premier air d’Elizabeth
(Alexia Cousin)

*

Jacques Offenbach
Les contes d’ Hoffmann
Les oiseaux dans la charmille
(Patricia Janečková)

*

Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère
Le chœur des forgerons

*

John Adams
El Niño

*

Gioachino Rossini
La Cenerentola
Non piu mesta
(Cecilia Bartoli)

*

Giacomo Puccini
La Bohème
La Valse de Musette, Musetta’s Waltz
Quando me vo
(Anna Netrebko)
Quando men vo
(Ketevan Sikharulidze)

Ketevan Sikharulidze

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
Parigi, o cara
(Joan Sutherland, Luciano Pavarotti)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Acte 1, Scene 3
Là ci darem la mano
(Adam Plachetka, Kateřina Kněžíková)

*

Antonio Vivaldi
Bajazet
Anche il mar par che sommerga
(Patrizia Ciofi)

*

Leoš Janáček
Příhody lišky Bystroušky
La Petite renarde rusée
Acte 1 scene 1

*

Vincenzo Bellini
I Capuleti e i Montecchi – Les Capulet et les Montaigu
Oh! quante volte ti chiedo
Aida Garifullina,
Operalia

Vincenzo Bellini

*

Giacomo Puccini
Tosca
E lucevan le stelle
(Luciano Pavarotti)

*

Scène de l’orage dans Le Barbier de Séville, lithographie d’Alexandre-Evariste Fragonard de 1830

Gioachino Rossini
Il Barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville
Una voce poco fa
(Teresa Berganza)

*

Giacomo Puccini
Gianni Schicchi
O mio babbino caro
(Maria Callas)

*

Giuseppe Verdi
Rigoletto
Questa o quella
(Luciano Pavarotti)

*

Carl Maria von Weber
Der Freischütz
Walzer – Valse
(Staatskapelle Dresden · Sir Colin Davis)

*

Bedřich Smetana
Libuše
Aria
(Gabriela Beňačková)

*

Ludwig van Beethoven
Fidelio
Gut, Söhnchen, gut, hab’ich immer Mut
(Jessye Norman, Pamela Coburn, Kurt Moll)

*

Gaetano Donizetti
L’Elisir d’Amore – L’Elixir d’Amour
Una furtiva lagrima
Luciano Pavarotti

Couverture du livret publié aux Ed. Ricordi.

*

Giacomo Puccini
La Bohème
Sì, mi chiamano Mimi
(Fiamma Izzo d’Amico accompagnée par Luciano Pavarotti)

*

Philip Glass
Akhnaten
Acte 1 Scene I
Funérailles de Amenhotep III
Funeral of Amenhotep III
(1983)

*

Gioacchino Rossini
Il Barbiere di Siviglia
Le Barbier de Séville
La calunnia è un venticello
(Ruggero Raimondi)

*

Giacomo Puccini
Madame Butterfly
Un bel di vedremo
(Maria Callas)

*

Zakaria Paliachvili – ზაქარია ფალიაშვილი
Abesalom da Eteri, Absalon et Eteri

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Deh, vieni alla finestra
(Gerald Finley, Glyndebourne)

*

Antonín Dvořák
Roussalka – Rusalka
Op.114, B.203 / Acte 1
Měsíčku na nebi hlubokém,
(Anna Netrebko)
Měsíčku na nebi hlubokem
(Gabriela Beňačková)

*

Le Prince Levan Bakur Kvirikashvili , ლევანი : ბაკურ კვირიკაშვილი

Viktor Dolidze
ვიქტორ დოლიძე
ქეთო და კოტე
Keto et Kote
Ouverture

Keto (Marika Machitidze – მარიკა მაჩიტიძე) et Kote (Badri Adamia , ბადრი ადამია)

*

Antonio Vivaldi
La verità in cimento
Solo quella guancia bella
(Cecilia Bartoli, Ensemble Matheus)

*

‘La Malibran’ dans le rôle de Desdémone (Otello) peinte par François Bouchot, Musée de la vie romantique à Paris

Gioacchino Rossini
Otello
Ah! sì, per voi già sento
(Michael Spyres)

*

Alexandre Borodine
Александр Порфирьевич Бородин

Alexandre Borodine
Александр Порфирьевич Бородин

Prince Igor
Князь Игорь
Danses Polovtsiennes, Tańce Połowieckie

*

Giacomo Puccini
Turandot
Nessun dorma
(Luciano Pavarotti)

*


Antonio Vivaldi
Giustino
Vedro con mio diletto
(Jakub Józef Orliński)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Dich, Teure halle
Deborah Voigt

*

Wolfgang Amadeus Mozart
La Flûte enchantée
Die Zauberflöte
Papagena Papageno
(Detlef Roth, Gaële Le Roi)

*

Gioachino Rossini
Il Barbiere di Siviglia
Le Barbier de Séville
Dunque io son
(Teresa Berganza & Hermann Prey)

*

Antonio Vivaldi
Orlando Furioso
Sol da te
Philippe Jaroussky

*

Richard Wagner
Der Fliegende Holländer
Le Vaisseau fantôme
Steuermann! Laß die Wacht!

*

cantate scénique
Carl Orff
Carmina Burana
O Fortuna
(Atlanta Symphony Orchestra and Chorus)

*

Ruggero Leoncavallo
Pagliacci
Vesti La Giubba
(Luciano Pavarotti)

*

Modeste Moussorgski
Boris Godounov
La Scène du Couronnement

*

Giacomo Puccini
Turandot
Tu, che di gel sei cinta
(Anna Netrebko)

*

Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère – Acte II
Stride la vampa -La flamme s’élève
(Anita Rachvelishvili)
Stride la vampa
(Nino Chikovani)

*

Gioachino Rossini
La Cenerentola
Nacqui all’affanno….Non più mesta
(Cecilia Bartoli)

*

Giuseppe Verdi
Aïda
Gia i sacerdoti
(Jon Vickers, Giulietta Simionato)

*

Johann Strauss II
Die Fledermaus
La Chauve-Souris
Klänge der Heimat, Csárdás
(Marika Machitidze)

*

Giacomo Puccini
Manon Lescaut
Donna non vidi mai
(Jonas Kaufmann, The Royal Opera)

*

Bedřich Smetana
Dalibor
Slyšels to příteli
(Tomáš Černý)

*

Giuseppe Verdi
Un Ballo in maschera
Un bal masqué
Re dell´abisso, affrettati
(Fedora Barbieri)

*

Giacomo Puccini
Tosca
Recondita armonia
(Placido Domingo)
Recondita armonia
(Valeriano Gamghebeli)

*

Modeste Moussorgski
Boris Godounov
La mort de Boris Godounov
(Boris Christoff, film, 1959)

Fédor Chaliapine dans Boris Godounov en 1912.

*

Richard Wagner
Lohengrin Acte III
La Marche Nuptiale
(direction Víctor Pablo Pérez)

*

Giuseppe Verdi
Nabucco
Cavatina di Abigaille
(Sophie Gordeladze)

Sophie Gordeladze

*

Georges Bizet
Carmen – Acte II
Toréador, en garde
L’Air du Toréador

(Laurent Naouri)

*

Antonio Vivaldi
Andromeda Liberata
Serenata Veneziana
Sérénade de Venise
Acte II – Scène 5
Sovvente il sole
Souvent le soleil

(Philippe Jaroussky)

Souvent le soleil resplendit dans le ciel,
Plus beau et agréable si un sombre nuage l’a d’abord assombri.
Et la mer calme, presque sans vagues,
On ne peut l’apercevoir que si une rude tempête l’a d’abord troublée.


*

Gaetano Donizetti (par Giuseppe Rillosi)

Gaetano Donizetti
Don Pasquale
Quel guardo il cavaliere
Anna Netrebko

*

Jacques Offenbach
Les Contes d’Hoffmann
Barcarolle
Belle nuit, ô nuit d’amour

(Anna Netrebko, Elīna Garanča)

*

Nicola Porpora
Polifemo
Alto Giove
(Simone Kermes)

*

Gioachino Rossini
Il Turco in Italia
Le Turc en Italie
Non si da follia maggiore
(Rusudan Barbakadze)

Rusudan Barbakadze

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
Un di, felice, eterea
(Ermonela Jaho, Alfredo Germont)

*

Jacques Offenbach
La Belle Hélène
Au Mont Ida, Trois Déesses
(Juan Diego Flórez)

*

Gioachino Rossini
Il Barbiere di Siviglia – Le Barbier de Séville
Ecco, ridente in cielo’
(Juan Diego Flórez, The Royal Opera)

*

Titta Ruffo dans le rôle de Rigoletto à Chicago en 1912

Giuseppe Verdi
Rigoletto – Acte I
Gualtier Maldè… Caro nome
(Nadine Sierra – Maschpark, Hannover, 2017)


*

John Adams
Nixon in China
The People Are the Heroes Now
News Has a Kind of Mystery

(2011, NY Met Opera)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Mi tradi quell’alma ingrata
(Kiri Te kanawa)

*

Giacomo Puccini
Manon Lescaut
Tra voi, Belle
(Luciano Pavarotti)

*
Claudio Monteverdi
L’incoronazione di Poppea
Le Couronnement de Poppée
Acte II – Scène 5
Or che Seneca è morto
Hor che Seneca è morto
(Philippe Jaroussky , Cyril Auvity)

*
Vincenzo Bellini
I Puritani – Les Puritains
Vien, diletto, e in ciel la luna
(Anna Netrebko)

Giovanni Battista Rubini dans le rôle d’Arturo – Les Puritains

*

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Пётр Ильич Чайковский

Piotr Ilitch Tchaïkovski
Пётр Ильич Чайковский

Пиковая дама
La Dame de Pique
Air de Pauline
(Elsa Roux Chamoux)

*

Georges Bizet
Carmen – Acte II
Les tringles des sistres tintaient
(Elīna Garanča)

*

Alexandre Benois, création du Rossignol en 1914.

Igor Stravinsky
Le Rossignol
Air du Rossignol
(Kate Royal)

*

Francesco Cavalli
Il Giasone
Lassa, che far degg’io
(Kristina Mkhitaryan)

Kristina Mkhitaryan

*

Bedřich Smetana

Bedřich Smetana
Hubička – Le Baiser
Hajej můj andílku
(Kateřina Kněžíková)

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
E strano
(Anna Netrebko)

*

Giacomo Puccini
Tosca
Vissi d’arte, vissi d’amore
(Angela Gheorghiu)

*

Johann Strauss II
Die Fledermaus
La Chauve-Souris
Mein Herr Marquis
(Patricia Janečková)

*

Charles Gounod
Roméo et Juliette
Je veux vivre
(Anna Netrebko)
Je veux vivre
(Marika Machitidze)

Marika Machitidze (Photo JL)

*

Jacques Offenbach
La Belle Hélène
Couplets des rois
Ces rois remplis de vaillance
Je suis le bouillant Achille
Je suis l’époux de la reine
Le roi barbu qui s’avance
(Création par André Barbe et Renaud Doucet à l’opéra de Hambourg)

Pars pour la Crête
(Felicity Lott, Yann Beuron, Michel Sénéchal, Laurent Naouri, François Le Roux)

*

Sergueï Rachmaninov
Алеко – Aleko
La Cavatine d’Aleko
Ves’ tabar spit

(Dmitri Hvorostovsky)

*

Gaetano Donizetti
Don Pasquale
Quel guardo il cavaliere
(Rosa Feola)

Représentation de Don Pasquale à Londres – 1843

*

Giuseppe Verdi
La Traviata
Lunge da lei
(Javier Camarena)

*

Gaetano Donizetti
Lucia di Lammermoor
Cruda, funesta smania
(Dmitri Hvorostovsky)

*

Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère
Il balen del suo sorriso… Qual suono!
(Dietrich Fischer-Dieskau)

*

Richard Wagner
Die Meistersinger von Nürnberg
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg
Morgenlich leuchtend
(Jonas Kaufmann)

*

Benjamin Britten
Le Tour d’Ecrou
The Turn of the screw
Malo, Malo…
(Thomas Parfitt)

*

Ludwig van Beethoven
Fidelio
Jetzt, Schätzchen, jetzt sind wir allein
(Marie McLaughlin, Neill Archer)

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Romance à l’étoile
Cavatine de Wolfram
O du mein holder Abendstern

(José van Dam)

*

Karol Szymanowski
Król Roger
La chanson de Roxana
(Georgia Jarman , Mariusz Kwiecień)

*

Richard Wagner
Der Ring des Nibelungen
L’Anneau du Nibelung
Siegfried, Acte 1
Nothung!
(Direction Daniel Barenboim)

*
Zacharia Paliashvili
აბესალომ და ეთერი
Abesalom da Eteri
აბესალომის და მურმანის დუეტი
Duo d’Absalom et Murman

(Zacharia Paliashvili Tbilissi Opera and Ballet State Symphony Orchestra dirigé par Irakli Cholokashvil)

*

Giuseppe Verdi
Nabucco
Dio di Giuda
(Renato Bruson)

*

Pietro Mascagni et ses librettistes Giovanni Targioni-Tozzetti (à gauche) et Guido Menasci (à droite)

*
Couverture de la 1re édition de L’Orfeo de Monteverdi
Venise, Ricciardo Amadino 1609

Claudio Monteverdi
L’Orfeo
L’Orfeo, favola in musica
Orphée, fable en musique 
Rosa del ciel, gemme del giorno
(Arianna Savall)

*

Samuel Barber
Vanessa
Must the winter come so soon
(Virginie Verrez)

*

Pietro Mascagni
Cavalleria Rusticana
Voi lo Sapete
(Giulietta Simionato)

Giulietta Simionato en 1955

*

Zakaria Paliachvili
ზაქარია ფალიაშვილი

Zakaria Paliachvili – ზაქარია ფალიაშვილი
Abesalom da Eteri, Absalon et Eteri
Air d’Abesalom da Eteri
(Mzia Davitashvili, მზია დავითაშვილი)

*

Jean-Baptiste Lully
Armide
Enfin, il est en ma puissance
(Stephanie d’Oustrac)

Renaud et Armide par Nicolas Poussin (1629).

*
Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère – Acte 1
Di tale amor che dirsi
Vainement d’un tel amour
(Anna Netrebko)

*

Thomas Adès
The Exterminating Angel
Intermezzo

*

Benjamin Britten
Le Tour d’Ecrou
The Turn of the screw
Theme & Scene 1,The Journey
(Jennifer Vyvyan,English Opera Group Orchestra)

*

Alexander Dargomyzhski peint par Konstantin Makovski

Alexandre Dargomyjski Alexander Dargomyzhski
Rusalka – Руса́лка
La Chanson de Natasha
Po kamushkam

(Yevgenia Smolenskaya,Евгения Смоленская)

*

Ludwig van Beethoven
Fidelio
O wär ich schon
(Barbara Bonney)

*

Richard Wagner
La Tétralogie
Götterdämmerung
Le Crépuscule des Dieux, Acte III
Marche funèbre de Siegfried

*

Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère
Tacea la notte placida
 La nuit silencieuse et paisible
(Maria callas)

*

Gioachino Rossini
Le Comte Ory
Vous que l’on dit sensible
(Pretty Yende)

*

Ettore Panizza
Aurora
Canción a la Bandera 1
(José Cura)

*

Zacharia Paliashvili
ზაქარია ფალიაშვილი

Daisi
დაისი
Ouverture

*

Ema Miřiovská
představitelka Lišáka, Národní divadlo Praha,
Théâtre National de Prague
1925

Leoš Janáček
Příhody lišky Bystroušky
La Petite Renarde rusée
Scène 5
Acte II
Scène de la rencontre amoureuse
Au clair de lune, un magnifique renard aborde la renarde

*

Antonio Vivaldi
Ottone in villa
Leggi almeno, tiranna infedele
(Cecilia Bartoli)

**

Bedřich Smetana
Dvě vdovy – Deux Veuves
Aria de Carolina
(Kateřina Kněžíková)

*

Antonio Vivaldi
Farnace
Gelido in ogni vena
(Cécilia Bartoli)

*

Camille Saint Saëns
Samson et Dalila
Mon cœur s’ouvre à ta voix
Mzia Nioradze

*

Richard Wagner
Lohengrin
In fernem Land
(Jonas Kaufmann)

*

Giuseppe Verdi
Nabucco – Acte I
Le Trio
Abigaïlle, Ismaël, Fenena

(Sophie Gordeladze, George Vincent Humphrey, Svetlana Kotina)

*

Richard Wagner
Der Fliegende Holländer
Le Vaisseau Fantôme
Overtüre – Ouverture

*

Giuseppe Verdi
Aïda
Celeste Aida
Andrea Bocelli

*

Modeste Moussorgski
Khovanchtchina, Хованщина
Air de Marfa « Khovanshchina » 9/23
(Irina Arkhipova)

Modeste Moussorgski
(1839-1881)

*

Vicent Lleó

Vicent Lleó i Balbastre
La corte de Faraón
La cour du Pharaon
Bebe, bebe mi señor
Dolores Cava

*

Jules Massenet
Le Mage
Ah ! parais ! parais, astre de mon ciel
(Rolando Villazón)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
La Flûte enchantée
Die Zauberflöte
In diesen heil’gen Hallen
(László Polgá)

*

Richard Wagner
Das Rheingold
L’Or du Rhin
Entrée des dieux dans le Valhalla
(NHK Symphony Orchestra, Paavo Järvi)

*

Benjamin Britten
Billy Budd
Billy enchaîné
(Jacques Imbrailo, Norwegian National Opera & Ballett)

*
Claudio Monteverdi
L’Orfeo
L’Orfeo, favola in musica
Orphée, fable en musique 
Mira ahora, vuelvo a ti

*
Bohuslav Martinů
La Passion grecque
H. 372, Acte IV, Scène 3
Whatever it May Be

*

Richard Wagner
Tannhäuser
Einzug der Gäste
Entrée des invités

(Choir of the Deutsche Oper Berlin)

*

Daniel-François-Esprit Auber – Manon Lescaut

Daniel-François-Esprit Auber
Manon Lescaut
C’est l’histoire amoureuse
(Elisabeth Vidal- Opéra-Comique)

*

Giacomo Puccini
Turandot
Signore, ascolta!
(Monserrat Caballe)

*

Leoš Janáček
Jenůfa -Acte II
Salve Regina
Mamičko, mám těžkou hlavu

(Gabriela Beňačková)

*

Luigi Boccherini
Clementina
Soy puntual
(Toni Marsol)
La comida está servida
(María Hinojosa)

*

Pierre-Alexandre Monsigny
Le roi et le fermier
Acte I Scène V
D’elle même et sans effort
(Ryan Brown)

*

Giuseppe Verdi
Aïda
Ritorna Vincitor
(Violeta Urmana)

*
Francesco Cavalli
Xerse (Xerxès)
Ombra mai fù
(Philippe Jaroussky)

*

Bedřich Smetana

Bedřich Smetana
Libuše
Acte III
Libušino proroctví
La prophétie de Libuše

(Eva Urbanová)

*

Sergueï Taneïev
 Сергей Иванович Танеев
Oresteïa
Ouverture
(Musical Trilogy)

*

Jules Massenet
Cendrillon
Ah ! nous sommes en sa présence !
(Stephanie Blythe, Kathleen Kim, Joyce DiDonato)

*

Ruggero Leoncavallo
Pagliacci
No, Pagliaccio non son
(Luciano Pavarotti)

*

Georges Bizet
Carmen – Acte II
Près des remparts de Séville
(Maria Callas & Nicolai Gedda)

La Sonnanbula – La soprano Jenny Lind (Amina)

Vincenzo Bellini
La Sonnambula – La Somnambule
Ah! Non credea mirarti
(Eglise Gutiérrez – Teatro Lirico of Cagliari – 2007)

Affiche historique de l’œuvre de 1835 avec Maria Malibran

*
Pierre-Alexandre Monsigny
Le déserteur
Air d’Alexis
Il m’eut été si doux de t’embrasser
(Pierre-Yves Pruvot)

*

Léo Delibes
Le Roi l’a dit – Acte II
Portons toujours des robes sombres
(Sumi Jo)

*

Benjamin Britten
Billy Budd
This is our moment
(Norwegian National Opera & Ballett)

*

Amilcare Ponchielli

Amilcare Ponchielli
La Gioconda
Cielo e mar
(Luciano Pavarotti)

*

Jules Massenet
Cendrillon
Acte II – Scène IV
DUET – DUO de l »ACTE II
Cendrillon, le Prince Charmant
Toi qui m’es apparue…    
Pour vous, je serai l’inconnue… 
(Rinat Shaham & Sophie Marilley)

* 

Thomas Adès
The Exterminating Angel
Over the sea, over the sea, where is the way ?
(Christine Rice)

*

Charles Gounod
Faust
Salut! demeure chaste et pure
(Juan Diego Flórez)

*

Benjamin Britten

Benjamin Britten
Death in Venice
La Mort à Venise
Ah, Serenissima !
(Teatro La Fenice – stagione 2007/ 2008)

*

Manuel Penella
El gato montés
Torero quiero ser
(Juan Diego Florez, Maria Katzarava)

*

Théâtre Lyrique19 mars 1864

Charles Gounod
Mireille
La brise est douce et parfumée
(Inva Mula & Charles Castronovo)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Dalla sua pace la mia dipende
(Piotr Beczała)

*

Jean-Philippe Rameau
Les Indes galantes
Régnez, plaisirs et jeux
(Sabine Devieilhe)

*

Alfredo Keil
Dona Branca
Duo amoureux (Acte II)
(Ausrine Stundyte,John Hudson)

*

Antonio Vivaldi
La verità in cimento
Tu m’offendi
Philippe Jaroussky

*

Gaetano Donizetti
Lucia di Lammermoor (Acte III- Scène 2)
Il dolce suono
(Anna Moffo – 1971)

La soprano Fanny Tacchinardi-Persiani dans Lucia di Lammermoor

*

Giuseppe Verdi
Rigoletto – Acte II
Duca, Duca

*

Daniel-François-Esprit Auber
La Muette de Portici
Amour sacré de la patrie
(Franz Kaisin & José Beckmans
Enregistrement Polydor 1930)

*

Adolphe Adam
Si j’étais roi
De vos nobles aïeux
(Sumi Jo)

*

Charles Gounod
Faust
L’Air des Bijoux
Les grands seigneurs…Que vois-je là…..Ah je ris.
(Maria Callas)

*

Wolfgang Amadeus Mozart
Don Giovanni
Batti, Batti o bel Masetto
(Lucia Popp)

*

Giuseppe Verdi
Rigoletto – Acte III
Un di se ben rammentomi… Bella figlia dell’amore
(Hei-Kyung Hong, Jennifer Larmore, Joseph Calleja, Gerard Kim)

*

Charles Gounod
Roméo et Juliette
Ballade de la reine Mab
(Michel Dens)

Théâtre Lyrique de Paris le 24 avril 1867

*

Pierre-Alexandre Monsigny
Le roi et le fermier
Acte I – final + entracte
Ah ! Richard. Ah ! Mon cher ami !
(William Sharp, Dominique Labelle , Yulia Van Doren)

*

Georg Friedrich Haendel
Serse
Ombra mai fu
(Sara Mingardo, Accademia degli Astrusi)

*

Tea Demurishvili

Georges Bizet
Carmen
Air des Cartes
J’ai bien lu…

Tea Demurishvili

*

Anton Rubinstein
Демон – Le Démon
Ja tot, katoramu vnimala
(Nicolai Ghiaurov – Николай Гяуров)

*

Philip Glass
Akhnaten
Hymne
(Akhnaten: Nicholas Tamagna)

*

Adolphe Adam
Si j’étais roi
Elle est princesse
(Philippe Do)

*

Camille Saint-Saëns
Etienne Marcel
Ah ! Laissez-moi, ma mère !
(Véronique Gens)

*

Giuseppe Verdi
Il Trovatore – Le Trouvère – Acte I
Deserto sulla terra
Désert sur la terre

(Franco Corelli)

*

 Peter Eötvös
Trois sœurs
Three sisters
Second Sequence
Andrei – No.20 Monológ Andreya
O, gde onó, kudá
(Albert Schagidullin,Orchestre de l’Opéra de Lyon, Kent Nagano)

*

Bohuslav Martinů
Hry o Marii
Ó Maria matko milosti plná
Ô Marie pleine de grâce

(Pavla Vykopalová)

*

 Lorenzo Ferrero 
Le Piccole Storie
Réveil et rêve du poète Helvius Cinna
( Teatro Comunale di Modena – 2007)

*

Daniel-François-Esprit Auber
La Muette de Portici
Act IV (Finale)
Honneur et gloire ! Célébrons ce héros
(Thomas Fulton, Orchestre Philharmonique de Monte Carlo, Monte-Carlo, 1996)

*

Georges Enesco
Oedipe
Je t’attendais
(Sarah Laulan)

*

Carl Maria von Weber
Der Freischütz
Overture – Ouverture

Le Freischütz en 1822

Carl Maria von Weber
Der Freischütz
Jägerchor – Chœur des Chasseurs

*

Jacques Offenbach
La Belle Hélène
Je suis gai , soyez gais
(Florian Laconi)

*

Richard Wagner
Die Meistersinger von Nürnberg
Les Maîtres chanteurs de Nuremberg
Overture – Ouverture
(Vienna Philharmonic Orchestra)

*

Adolphe Adam
Si j’étais roi
Ouverture
(BBC Philharmonic Orchestra – Yan Pascal Tortelier)


*******************

FERNANDO PESSOA : LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA (1922) Carta dirigida à revista Contemporânea

 O Carta dirigida à revista Contemporânea
Lettre à la Revue Contemporânea
Octobre 1922
17 Outubro 1922

Poème de Fernando Pessoa





Traduction – Texte Bilingue
tradução – texto bilíngüe

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE PORTUGAISE
POESIE PORTUGAISE

Literatura Português

FERNANDO PESSOA
1888-1935
Fernando Pesso Literatura Português Poesia e Prosa Poésie et Prose Artgitato

 





Prosa de Fernando Pessoa




Carta dirigida à revista Contemporânea
LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
17 Outubro 1922
17 octobre 1922

*****

Contemporânea -nº1 – Maio de 1922 – Sumário
Le sommaire du premier n° de Contemporânea de mai 1922
Capa do nº1 da Revista Orpheu, 1915
Couverture du premier n° de la Revue Orpheu de 1915




Álvaro de Campos***

Meu querido José Pacheco:
Mon cher José Pacheko*,

Venho escrever-lhe para o felicitar pela sua «Contemporânea» para lhe dizer que não tenho escrito nada e para por alguns embargos ao artigo do Fernando Pessoa.
Je vous écris ici pour vous féliciter de votre « Contemporânea », pour vous dire que je ne l’ai pas écrit et pour revenir sur l’article de Fernando Pessoa.

Quereria mandar-lhe também colaboração.
Je voulais aussi vous envoyer une collaboration.
Mas, como lhe disse, não escrevo.
Mais, comme je vous l’ai dit, je n’écris pas…

 

ÁLVARO DE CAMPOS

Newcastle-on-Tyne, 17 Outubro 1922.
Le 17 octobre 1922 – Newcaste-on-Tyne

********

LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
(1922)
Carta dirigida à revista Contemporânea 

NOTES
* José Pacheko ou José Pacheco, directeur de publication, architecte, graphiste, peintre (1885 — 1934)

** Contemporânea est une revue portugaise publiée entre 1922 et 1926 (Lisbonne – Lisboa). Directeur : José Pacheko.

*** Álvaro de Campos, (heteronímia)  hétéronyme de Fernando Pessoa, né à Tavira ou à Lisbonne, né le 13 ou le 15 de octobre 1890  et mort en 1935

****António Thomaz Botto (António Botto)  poète moderniste. Il est né à Concavada au Portugal le 17 août 1897 et mort le 16 mars 1959 à Rio de Janeiro au Brésil. Canções sont des poèmes composés par Botto et parus en 1920.

 

********

CAMOES OS LUSIADAS III-2 LES LUSIADES

Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-2 LES LUSIADES III-2
LITTERATURE PORTUGAISE

Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

 

Obra Poética

(1556)

LES LUSIADES III-2

OS LUSIADAS III-2

A Epopeia Portuguesa

 

CHANT III
Canto Terceiro

Traduction Jacky Lavauzelle

verso  2
Strophe 2

III-2

Image illustrative de l'article Vasco de Gama

Vasco de Gama

Vasco da Gama signature almirante.svg

 

******

Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-2
LES LUSIADES III-2

 *****

Põe tu, Ninfa, em efeito meu desejo,
Peux-tu, ô Nymphe, exaucer mon désir,
  Como merece a gente Lusitana;
Comme le mérite le peuple lusitanien ;…

 

Vasco de Gama par Gregorio Lopes

*********************
Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-2 LES LUSIADES III-2

Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
*********************

White_Fawn_Drawing Faon Diane

LA VIE DE LUIS DE CAMOES
par Charles Magnin

( Extrait )
Par En cherchant à montrer la différence qui sépare la vie aventureuse et active des écrivains portugais, notamment celle de Camoens, de la vie casanière et posée de la plupart de nos gens de lettres, je ne prétends pas élever par-là les œuvres des uns, ni déprimer les productions des autres. Je n’en crois pas les élégies de Camoens plus touchantes parce qu’elles sont datées d’Afrique, de la Chine et de l’Inde ; je n’en estime pas Polyeucte et Cinna moins admirables, parce que le grand Corneille n’a guère fait de plus longues pérégrinations que le voyage de Paris à Rouen. Je ne conseille à personne de louer un cabinet d’étude à Macao ; mais je crois que, généralement, si les ouvrages écrits au milieu des traverses et au feu des périls ne sont pas plus beaux, les vies de leurs auteurs sont plus belles. Indépendamment de la variété des aventures, on y trouve plus d’enseignements. J’admire et j’honore infiniment La Fontaine et Molière, mais j’honore et j’admire encore plus, comme hommes, Cervantès et Camoens. A mérite de rédaction égal, une histoire littéraire du Portugal serait un meilleur et plus beau livre qu’une histoire littéraire de notre dix-septième ou dix-huitième siècle. C’est une chose bonne et sainte que la lecture de ces vies d’épreuves, que ces passions douloureuses des hommes de génie, Je ne sache rien de plus capable de retremper le cœur. C’est pour cela que dans ce temps de souffrances oisives, de désappointements frivoles, de molles contrariétés et de petites douleurs, j’ai cru bon d’écrire l’étude suivante sur la vie de Luiz de Camoens.
….

OS LUSIADAS III-2
Luís Vaz de Camões Les Lusiades

CAMOES OS LUSIADAS III-1 LES LUSIADES

Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-1 LES LUSIADES III-1
LITTERATURE PORTUGAISE

Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]

Tradução – Traduction
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

 

Obra Poética

(1556)

LES LUSIADES III-1

OS LUSIADAS III-1

A Epopeia Portuguesa

 

CHANT III
Canto Terceiro

Traduction Jacky Lavauzelle

verso  1
Strophe 1

III-1

Image illustrative de l'article Vasco de Gama

Vasco de Gama

Vasco da Gama signature almirante.svg

 

******

Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-1
LES LUSIADES III-1

 *****

Agora tu, Calíope, me ensina
Maintenant, toi, Calliope, enseigne-moi
O que contou ao Rei o ilustre Gama:
Ce que conta au Roi l’illustre Gama :…

 

*********************
Luís Vaz de Camões Les Lusiades
OS LUSIADAS III-1 LES LUSIADES III-1

Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
*********************

White_Fawn_Drawing Faon Diane

LA VIE DE LUIS DE CAMOES
par Charles Magnin

( Extrait )
Par En cherchant à montrer la différence qui sépare la vie aventureuse et active des écrivains portugais, notamment celle de Camoens, de la vie casanière et posée de la plupart de nos gens de lettres, je ne prétends pas élever par-là les œuvres des uns, ni déprimer les productions des autres. Je n’en crois pas les élégies de Camoens plus touchantes parce qu’elles sont datées d’Afrique, de la Chine et de l’Inde ; je n’en estime pas Polyeucte et Cinna moins admirables, parce que le grand Corneille n’a guère fait de plus longues pérégrinations que le voyage de Paris à Rouen. Je ne conseille à personne de louer un cabinet d’étude à Macao ; mais je crois que, généralement, si les ouvrages écrits au milieu des traverses et au feu des périls ne sont pas plus beaux, les vies de leurs auteurs sont plus belles. Indépendamment de la variété des aventures, on y trouve plus d’enseignements. J’admire et j’honore infiniment La Fontaine et Molière, mais j’honore et j’admire encore plus, comme hommes, Cervantès et Camoens. A mérite de rédaction égal, une histoire littéraire du Portugal serait un meilleur et plus beau livre qu’une histoire littéraire de notre dix-septième ou dix-huitième siècle. C’est une chose bonne et sainte que la lecture de ces vies d’épreuves, que ces passions douloureuses des hommes de génie, Je ne sache rien de plus capable de retremper le cœur. C’est pour cela que dans ce temps de souffrances oisives, de désappointements frivoles, de molles contrariétés et de petites douleurs, j’ai cru bon d’écrire l’étude suivante sur la vie de Luiz de Camoens.
….

OS LUSIADAS III-1
Luís Vaz de Camões Les Lusiades

LA MAXIME GERMAIN NOUVEAU POEME

LA MAXIME GERMAIN NOUVEAU
LITTERATURE FRANCAISE
SYMBOLISME

germain-nouveau-poemes-poesie-artgitato

Germain Nouveau

31 juillet 1851 Pourrières (Var) – 4 avril 1920 Pourrières

——–


POEMES
VALENTINES ET AUTRES VERS

LA POESIE DE
GERMAIN NOUVEAU
LA MAXIME

Valentines et autres vers

Texte établi par Ernest Delahaye
Albert Messein, 1922
*

LA MAXIME

La Rochefoucauld dit, Madame,
Qu’on ne doit pas parler de soi,
Ni ?… ni ?… de ?… de ?… sa ?… sa ?… sa femme.
Alors, ma conduite est infâme,
Voyez, je ne fais que ça, moi.

Je me moque de sa maxime.
Comme un fœtus dans un bocal,
J’enferme mon « moi » dans ma rime,
Ce bon « moi » dont me fait un crime
Le sévère Blaise Pascal.

Or, ce ne serait rien encore,
On excuse un… maudit travers ;
Mais j’enferme Toi que j’adore
Sur l’autel que mon souffle dore
Au Temple bâti par mes vers ;

Sous les plafonds de mon Poëme,
Sur mes tapis égyptiens,
Dans des flots d’encens, moi qui T’aime,
Je me couche auprès de Toi-même
Comme auprès du Sphinx des Anciens ;

Tel qu’un Faust prenant pour fétiche
L’un des coins brodés de tes bas,
Je Te suis dans chaque hémistiche
Où Tu bondis comme une biche,
La Biche-Femme des Sabbats ;

Comme pour la Sibylle à Cumes,
Mon quatrain Te sert de trépied,
Où, dans un vacarme d’enclumes,
Je m’abattrai, couvert d’écumes,
Pour baiser le bout de ton pied ;

À chaque endroit de la césure,
D’un bout de rythme à l’autre bout,
Tu règnes avec grâce et sûre
De remplir toute la mesure,
Assise, couchée, ou debout.

Eh, bien ! j’ai tort, je le confesse :
On doit, jaloux de sa maison,
N’en parler pas plus qu’à la messe ;
Maxime pleine de sagesse !
J’ai tort, sans doute… et j’ai raison.

Si ma raison est peu touchante,
C’est que mon tort n’est qu’apparent :
Je ne parle pas, moi, je chante ;
Comme aux jours d’Orphée ou du Dante,
Je chante, c’est bien différent.

Je ne parle pas, moi, Madame.
Vous voyez que je n’ai pas tort,
Je ne parle pas de ma femme,
Je la chante et je clame, clame,
Je clame haut, sans crier fort.

Je clame et vous chante à voix haute.
Qu’il plaise aux cœurs de m’épier,
Lequel pourra me prendre en faute ?
Je ne compte pas sans mon hôte,
J’écris « ne vends » sur ce papier.

J’écris à peine, je crayonne.
Je le répète encor plus haut,
Je chante et votre Ame rayonne.
Comme les lyres, je résonne,
Oui… d’après La Rochefoucauld.

Ah ! Monsieur !… le duc que vous êtes,
Dont la France peut se vanter,
Fait très bien tout ce que vous faites ;
Il dit aux femmes des poëtes :
« Libre aux vôtres de vous chanter !

Dès qu’il ne s’agit plus de prose,
Qu’il ne s’agit plus des humains,
Au Mont où croît le Laurier-Rose,
Qu’on chante l’une ou l’autre chose,
Pour moi, je m’en lave les mains. »

Donc, sans épater les usages,
Je ferai, Madame, sur Vous
Dix volumes de six cents pages,
Que je destine… pas aux sages,
Tous moins amoureux que les fous.

Pour terminer, une remarque,
(Si j’ose descendre à ce ton,
Madame), après, je me rembarque,
Et je vais relire Plutarque
Dans le quartier du Panthéon :

Sans la poésie et sa flamme,
(Que Vous avez, bien entendu)
Aucun mortel, je le proclame,
N’aurait jamais connu votre âme,
Rose du Paradis Perdu ;

Oui, personne, dans les Deux-Mondes,
N’aurait jamais rien su de Toi,
Sans ces… marionnettes rondes,
Les Vers bruns et les Rimes blondes,
Mais, oui, Madame, excepté moi.

*

LA MAXIME GERMAIN NOUVEAU

Polyphème Apel·les Fenosa Le CYCLOPE de BARBEROUSSE – Dole- Jura

Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 5

Polyphème Apel·les Fenosa
Le Cyclope de Barberousse Jura Dole
——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Polyphème Apel·les Fenosa
LE CYCLOPE
PLACE BARBEROUSSE
DOLE
Jura

 

Apel·les Fenosa i Florensa
1899-1988
Sculpteur Espagnol
Catalan sculptor

 

1949 Polyphème
Installé à Dole en 1972

Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 11 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 10 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 9 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 8 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 7 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 6 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 1 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 2 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 3 Polyphème Apel·les Fenosa Dole Place Barberousse Artgitato Ulysse 4

Le Cyclope

Le Cyclope, dont on ignore également la date, mais qui vaut infiniment mieux dans son genre que le Rhésus dans le sien, mérite de nous arrêter un instant, puisqu’il est le seul de tous les drames satyriques qui nous ait été conservé.
C’est l’aventure d’Ulysse dans la caverne de Polyphème. Mais Euripide a égayé la légende fournie par le neuvième chant de l’Odyssée, en y introduisant l’élément indispensable à tout drame satyrique, à savoir les satyres. Les satyres, avec Silène leur père, sont tombés entre les mains de Polyphème, tandis qu’ils couraient sur les mers à la recherche de Bacchus, qu’avaient enlevé des pirates. Polyphème en a fait ses esclaves. Ils sont occupés à paître ses troupeaux, à bien tenir en ordre son habitation ; et l’on voit, au début de la pièce, le vieux Silène armé d’un râteau de fer, et s’apprêtant à nettoyer l’antre ou plutôt l’étable du cyclope. Ulysse, aidé de ses compagnons, les délivre de leur captivité, par les mêmes moyens dont il se sert dans l’Odyssée.
Polyphème est bien tel que l’a peint Homère ; mais à ses traits connus Euripide a ajouté une sorte de jovialité grossière, qui ne lui messied point. Avant même de s’être enivré, et avant d’avoir aperçu Ulysse, il ne dédaigne pas de plaisanter avec les satyres : « Mon dîner est-il prêt ? — Oui. Pourvu seulement que ton gosier le soit aussi. — Les cratères sont-ils pleins de lait ? — Oui ; en boire, si tu veux, tout un tonneau. — De lait de brebis ou de vache, ou de lait mélangé ? — A ton choix ; seulement ne m’avale pas moi-même. — Je n’ai garde ; vous me feriez périr, une fois dans mon ventre, par vos sauts et vos gambades. » Un peu plus tard, dans ses réponses au fils de Laërte, qui demande la vie pour lui et les siens, il expose avec une verve bouffonne les principes de sa philosophie d’anthropophage, et il va jusqu’à l’impiété et à l’ordure, quand il se compare à Jupiter et qu’il exprime à sa manière l’estime qu’il fait du bruit de la foudre. Mais, après qu’il a bu, il se déride tout à fait ; et le terrible personnage dépasse de beaucoup les bornes de cette plaisanterie décente que permettait, suivant Horace, la gaieté du drame satyrique.
Silène, voleur, ivrogne et menteur, au demeurant aimable compagnon, et qui se signale, pendant le festin du cyclope, par plus d’une espièglerie, n’est pas dessiné non plus conformément au type quelque peu sévère que préfère Horace, et qu’avaient sans doute réalisé Sophocle ou Eschyle.
Les satyres n’ont pas les défauts de leur père ; ils en ont un autre, qui n’est pas fort noble non plus, mais qui les rend plus divertissants encore que Silène : ils sont poltrons à merveille. Il faut les voir et les entendre au moment décisif, après qu’ils ont promis à Ulysse de le seconder dans son entreprise, quand le tison est prêt, et qu’Ulysse les appelle à l’œuvre :
« ULYSSE. Silence, au nom des dieux, satyres ! Ne bougez ; fermez bien votre bouche. Je défends qu’on souffle, ou qu’on cligne de l’œil, ou qu’on crache : gardons d’éveiller le monstre, jusqu’à ce que le feu ait eu raison de l’œil du cyclope.
LE CHOEUR. Nous faisons silence, et nous renfonçons notre haleine dans nos gosiers.
ULYSSE. Allons, maintenant, entrez dans la caverne, et mettez la main au tison. Il est bien et dûment enflammé.
LE CHOEUR. Est-ce que tu ne régleras pas quels sont ceux qui doivent saisir les premiers la poutre brûlante et crever l’œil du cyclope ? car nous voulons avoir part à l’aventure.
1er DEMI-CHŒUR. Quant à nous, la porte est trop loin pour que nous poussions d’ici le feu dans cet œil. —
2e DEMI-CHŒUR. Et nous, nous voilà tout à l’instant devenus boiteux. —
1er DEMI-CHŒUR. C’est le même accident que j’éprouve aussi. Debout sur nos pieds, nos nerfs nous tiraillent je ne sais pourquoi. —
2e DEMI-CHŒUR. Vraiment ? —
1er DEMI-CHŒUR. Et nos yeux sont pleins de poussière ou de cendre, venue je ne sais d’où. »
Ulysse gourmande leur lâcheté : ils répondent en invoquant l’intérêt de leur peau ; ils disent connaître un chant d’Orphée, qui suffira d’ailleurs à l’affaire, et qui mettra seul le tison en branle. Ulysse les quitte, et court dans la caverne. Alors ils retrouvent toute la bravoure de leurs paroles, et ils encouragent, par de vives exhortations, ceux qui font pour eux la besogne. Ils s’amusent ensuite du cyclope aveuglé, et ils tirent bon parti de l’équivoque inventée par Ulysse. Le nom de Personne fournit une scène d’un comique fort gai, que complète le tableau des tâtonnements du cyclope et de ses fureurs impuissantes.
Je ne prétends pas mettre cette bluette dramatique au rang des chefs-d’œuvre. Mais la marche de la pièce est vive, les caractères nettement esquissés, la diction pleine d’entrain. C’est une lecture fort agréable, et qui n’exige aucun de ces efforts auxquels nous sommes réduits à nous condamner pour pénétrer le sens des vers d’Aristophane, trop souvent impénétrable à notre ignorance. Ce n’est pas tout à fait de la comédie ; c’est encore moins de la tragédie, malgré les noms des personnages : c’est un je ne sais quoi qui n’est ni sans mérite ni sans charme.
Revenons aux tragédies.

Alexis Pierron
Histoire de la littérature grecque
Librairie Hachette et Cie, 1875 pp. 292-310
Chapitre XX – Euripide

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L’ODYSSEE
LE NEUVIEME CHANT
CHANT IX

RÉCITS D’ULYSSE PREMIER RÉCIT LA CYCLOPÉE

L’ingénieux Ulysse aussitôt répondit :
« Monarque Alcinoüs, entre tous vénérable,
Certe il est beau d’ouïr ce chanteur érudit
Qu’aux habitants du ciel sa voix rend comparable.
Rien, j’ose l’affirmer, n’est doux comme de voir
Un peuple réuni que la gaîté possède,
Des convives royaux écoutant un aède,
Tous assis au banquet qu’on eut soin de pourvoir
De pain, de mets choisis, cependant qu’au cratère
L’échanson puise un vin qui passe aux gobelets.
Oui, de tous les plaisirs c’est le plus salutaire.
Mais ton cœur sur mes maux veut des récits complets,
Afin que je m’afflige et pleure davantage.
Par où donc commencer, par quel détail finir,
Lorsque tant de malheurs m’échurent en partage ?
Sachez d’abord mon nom, pour vous en souvenir,
Et pour que, si j’échappe encore au jour funèbre,
Je vous accueille aussi, malgré l’éloignement.
Je suis le Laërtide Ulysse, si célèbre

Par ses ruses ; ma gloire atteint le firmament.
J’habite la fameuse Ithaque, où se profile
Le Nérite élevé, ceint d’arbres murmureux.
Autour, et se touchant, on distingue mainte île,
Dulichium, Samé, Zacynthe aux bois nombreux.
Ithaque, la plus basse en la mer orageuse,
Gît au Nord, et ses sœurs vers l’Aube et le Soleil ;
Âpre, mais de garçons nourrice courageuse,
Elle garde à mes yeux un charme sans pareil.
Dans sa grotte isolée, adorable déesse,
Calypso m’arrêta, m’offrant sa douce main.
En son palais d’Éa, Circé l’enchanteresse
Me retint à son tour, désirant notre hymen.
Mais nulle ne fléchit mon cœur dans ma poitrine ;
Car rien ne vaut pour l’homme et patrie et parents,
Quand même, loin des siens, sur des bords différents,
Il jouirait en paix d’une maison divine.
Maintenant écoutez les rudes contre-temps
Qu’au sortir d’Ilion Jupiter me prépare.

Le vent me met d’abord chez les Cicons d’Ismare ;
Là j’emporte la ville, occis les habitants.
Nous prenons leurs trésors, leurs épouses timides ;
Le partage se fait, chacun a son butin.
J’exhorte mes soldats à s’éloigner rapides,
Mais sans persuader leur contingent mutin.
Ils boivent follement, et le long du rivage
Égorgent mille agneaux, force bœufs alourdis.
Or des Cicons fuitifs appellent au carnage
D’autres Cicons voisins, plus nombreux, plus hardis,
Gens de l’intérieur habiles à défaire,
En selle ou même à pied, des corps de combattants.

Ils viennent dès l’aurore, épais comme au printemps
Les feuilles et les fleurs ; mais Zeus, déjà contraire,
Pour accroître nos maux contre nous se raidit.
Vers nos vaisseaux légers ils portent la bataille ;
Du javelot d’airain des deux parts on s’assaille.
Tant que le matin dure et que le jour grandit,
Nous contenons le choc en dépit de la masse.
Mais lorsque du soleil décline le flambeau,
Les Cicons triomphants des Grecs domptent l’audace.
Six braves bien guêtrés ont péri par bateau ;
Le reste heureusement échappe aux défilades.

Nous reprenons la mer, charmés de vivre encor,
Mais tristes du trépas de nos bons camarades.
Pourtant aux fins voiliers nous ne rendons l’essor
Qu’après avoir trois fois appelé chaque frère
Dans la plaine tombé sous le fer des Cicons.
Soudain Zeus de Borée excite la colère,
Déchaîne un ouragan, de nuages profonds
Couvre la terre et l’eau ; puis du ciel la nuit tombe.
Nos bâtiments surpris s’égarent, les autans
Déchirent toute voile en lambeaux palpitants ;
Dans la cale on les met, de peur qu’on ne succombe,
Et vers le continent on manœuvre d’entrain.
Là deux jours et deux nuits nous restons sur la plage,
Brisés par la fatigue, accablés de chagrin.
Mais, au troisième éclat de l’Aube au doux visage,
Les mâts étant dressés, nos ailes se rouvrant,
On repart ; le zéphyr, les nochers sont nos guides.
Sauf, je crois pour mon sol quitter ces champs liquides,
Quand, au cap Maléen, la vague, le courant
Et Borée en courroux m’écartent de Cythère.

Neuf jours je vogue en proie à ce rude souffleur;
Le dixième venu, nous abordons la terre
Des Lotophages, qui subsistent d’une fleur.
Vite de débarquer, de puiser de l’eau fraîche ;
Près des nefs mes compains font ensuite un repas.
De boire et de manger lorsque nous sommes las,
Je choisis deux guerriers qu’en avant je dépêche,
Sous l’ordre d’un héraut, afin de découvrir
Quelle espèce de peuple enferment ces parages.
Ils courent se mêler aux hommes Lotophages ;
Ceux-ci loin de songer à les faire mourir,
Leur offrent du lotus l’étrange régalade.
À peine ont-ils goûté de ce fruit merveilleux,
Voilà mes éclaireurs du retour oublieux,
Tout prêts à demeurer parmi cette peuplade
Pour cueillir son trésor et vivre sans guignons.
À bord, malgré leurs cris, ma vigueur les ramène,
Et je les fais lier au mât d’une carène ;
Puis j’ordonne au restant de mes chers compagnons
De remonter de suite à nos promptes galères,
Crainte de s’oublier en mangeant du lotus.
À leurs bancs aussitôt mes suivants sont rendus ;
Ensemble ils tordent l’eau sous leurs rames céléres.

De nouveau nous allons, le cœur très soucieux,
Et nous touchons le sol des Cyclopes superbes.
Libres, se confiant à la grâce des dieux,
Leurs mains ne hersent pas, ne sèment jamais d’herbes.
Tout sans grains ni labeur pour leur table fleurit,
Les orges, le froment, et la vigne qui porte
Des grappes de raisin qu’en pleuvant Zeus mûrit.
Ils n’ont point d’agoras, de lois d’aucune sorte ;

Mais ils vivent épars sur la crête des monts,
Dans le creux des rochers : maître en sa grotte obscure,
Chacun régit les siens et des autres n’a cure.

Une îlette se dresse en face des limons
Du port cyclopéen ; ni proche, ni distante.
Boisée, elle nourrit d’innombrables chevreaux
Sauvages ; car du pied nul ne les épouvante :
Les chasseurs coutumiers de périlleux travaux,
À travers bois et rocs, ignorent ces retraites.
Point de pâtre en leur sein, point d’ouvreur de sillons ;
La terre sans culture est vide de colons
Et ne sert qu’au brouter des bêlantes chevrettes.
Les Cyclopes n’ont pas de navires rougis,
N’ont pas de charpentiers qui sachent leur construire
De solides bateaux, propres à les conduire,
Pour leurs besoins communs, vers les humains logis,
Comme tant de mortels qu’à se voir l’eau provoque ;
Ils manquent d’ouvriers pour enrichir l’îlot.
Sol propice, il rendrait des fruits à toute époque.
Une molle prairie au bord du vaste flot
Se déroule, et la vigne y pousserait durable.
D’un facile labour, l’humus, chaque saison,
Donnerait, étant gras, des épis à foison.
Le port n’exige pas d’amarre secourable ;
Sans le soutien de l’ancre et des câbles jetés,
Les marins peuvent là faire un séjour placide,
Au gré de leur désir, jusqu’aux vents souhaités.
Dans le fond de la rade une source limpide
Jaillit d’un antre frais d’aunes environné.
Un dieu vers cet abri, pendant une nuit sombre,
Dirige mes rameurs : rien ne perçait dans l’ombre ;

Le brouillard étreignait la flotte, et Séléné,
Au lieu de resplendir, se couvrait de nuages.
Personne alors ne voit l’îlette de ses yeux,
Ni les lames roulant à l’assaut des rivages,
Avant que nos vaisseaux atterrissent joyeux.
Tout navire au mouillage, on range la voilure,
Puis on descend au bord de l’humide séjour;
Et nous nous endormons, en attendant le jour.

Dés que reparaît l’Aube à la rose figure,
Nous circulons dans l’île avec ravissement.
Les Nymphes de l’endroit, filles du Porte-égide,
Font lever des chevreaux bons pour notre aliment.
Sur l’heure arcs recourbés, épieux au bois solide,
Viennent de chaque barque et travaillent, brandis
Par trois groupes ; un dieu nous fournit mainte proie.
Douze nefs me suivaient : à chacune on octroie
Neuf de ces animaux ; la mienne en reçoit dix.
On passe tout le jour, jusqu’au soir incolore,
À savourer des mets de vin pur arrosés ;
Car nos vins n’étaient pas tout à fait épuisés.
Il en restait beaucoup dans telle et telle amphore
Soustraite par ma bande aux murs saints des Cicons.
Mais l’on voit s’allumer les feux du bord Cyclope ;
Nous entendons bêler ses chèvres, ses moutons.
Le soleil s’est couché, la nuit nous enveloppe ;
Derechef nous donnons sur le sable épaissi.

Lorsque a reparu l’Aube à la face pourprine,
Je réunis mes gens et les harangue ainsi :
« Demeurez à présent, chère troupe marine ;
Moi, je vais sur ma nef, suivi de mes guerriers,

Reconnaître là-bas ces nouveaux insulaires,
Savoir s’ils sont méchants, injustes et colères,
Ou bien religieux, partant hospitaliers. »
Alors me rembarquant, j’ordonne à mon élite
D’accourir au tillac, de larguer le câbleau ;
Mes hommes à leurs bancs se réinstallent vite,
Et de l’active rame ensemble ils frappent l’eau.

Quand nous avons atteint cette rive assez proche,
Nous voyons près des flots, à ses confins derniers,
Une caverne haute et noire de lauriers.
Chèvres, brebis en foule ont leur parc sous sa roche.
La cour ronde a pour murs d’immenses blocs pierreux,
Entremêlés de pins, d’ormeaux à vaste cime.
Là réside un pasteur, de stature altissime,
Qui paît seul son bétail, des autres dédaigneux,
Et dans l’isolement pratique l’injustice.
C’est un monstre effroyable ; il ne ressemble pas
Au commun des mortels, mais au mont qui hérisse
Son cône chevelu sur des sommets plus bas.

J’invite les garçons de mon cher équipage
À garder le bateau près du bord écumeux,
Et je pars, emmenant douze hommes de courage.
J’emportais dans une outre un vin noir et fameux
Dont m’avait honoré Maron, le fils d’Évanthe,
Pontife d’Apollon, d’Ismare citoyen.
Lui, sa femme et son fils, nous les avions d’entente
Protégés par respect, car il était gardien
Du saint bois de Phœbus. J’en reçus des dons rares :
Sept talents d’or massif, d’un travail souverain ;
Ensuite un bol d’argent ; finalement sa main

Avait puisé pour nous, au sein de douze jarres,
Un vin pur, généreux, céleste. En sa maison
Nul ne le connaissait, ni servant ni servante
Seuls y touchaient Maron, sa femme et l’intendante.
Quand on devait goûter cette riche boisson,
Dans vingt mesures d’eau l’on en noyait un verre ;
Et du cratère alors montaient mille fumets,
Si divins que de boire on ne s’abstenait guère.
À l’outre de nectar j’avais joint force mets,
En un sac ; car mon cœur pressentait la rencontre
D’un homme possédant un biceps indompté,
Rebelle au frein des lois, plein de férocité.

À l’antre nous voici : le géant ne se montre ;
Il menait ses troupeaux tondre l’émail des prés.
Nous entrons, et nos yeux admirent toute chose :
Fromages dans l’osier, étables où repose
L’agneau, puis le chevreau, tous pourtant séparés,
Les vieux au premier rang, les jeunes à la suite,
Plus loin les nouveau-nés ; d’abondant petit-lait,
Vase à traire ou bassin, l’argile ruisselait.
Mes compagnons d’abord m’excitent à la fuite,
Quelques fromages pris et le bétail chassé
En hâte hors des parcs vers l’agile trirème,
Qui nous eût ramenés dans notre rade même :
Je méprise l’avis, quoiqu’il fût très sensé.
Je veux voir le Cyclope, et ses dons, les surprendre.
Las ! comme ce doucet doit nous gratifier !

Nous allumons du feu, puis de sacrifier,
D’écorner maint fromage, enfin, assis, d’attendre
Son retour du pâtis. Il arrive portant,

Pour cuire son repas, une énorme broussaille ;
Il la décharge au seuil, et la grotte en tressaille.
Au fond, épouvantés, nous fuyons à l’instant.
Le pasteur pousse alors ses troupeaux gras dans l’antre,
Les femelles du moins, pour les traire, empêchant
Que nul mâle au bercail, bouc ou bélier, ne rentre.
Puis à l’entrée il roule un bloc effarouchant,
Masse que vingt-deux chars à la quadruple roue
Ne pourraient déplacer en leurs efforts subits :
Tel est le bloc fermant qu’à sa porte il échoue.
Bientôt assis, il trait ses chèvres, ses brebis,
Comme il convient, et rend leurs petits aux nourrices.
Ensuite il fait cailler la moitié du lait blanc,
Le dépose et l’entasse au milieu des éclisses,
Versant l’autre moitié dans maint vase au gros flanc,
Pour le prendre et le boire à son souper tranquille.
Après avoir fini cette œuvre en un moment,
Il allume un grand feu, nous voit, et vivement :
« Étrangers, nommez-vous ! qui vous pousse en mon île ?
Est-ce une affaire ? ou bien errez-vous, comme font
Ces pillards qui, sur mer jouant leur existence,
Écument un pays, le ruinent à fond ? »

Il dit, et nous sentons une frayeur intense,
À cette voix terrible, à cet air monstrueux.
Cependant je réponds, raffermissant mon âme :
« Nous sommes des Grégeois revenant de Pergame ;
Égarés sur les flots par l’air tempétueux,
Nous cherchions nos rochers et trouvons d’autres croupes ;
Sans doute c’était là de Zeus la volonté.
Nous nous glorifions d’appartenir aux troupes
D’Atride Agamemnon, ce chef partout vanté ;

Car il prit d’altiers murs, une contrée entière.
Maintenant à tes pieds nous venons en amis,
Et réclamons de toi la table hospitalière,
Ou quelque doux présent, suivant l’usage admis.
Homme bon, pense au ciel, exauce ma supplique :
Zeus qui guide les pas du timide étranger,
Zeus, ce dieu xénien, ne tarde à les venger. »

Je dis, et le barbare en ces termes réplique :
« Guerrier, tu perds la tête ou tu viens de très loin,
Toi qui parles d’aimer, de craindre un ciel rigide.
Un cyclope se rit du Maître de l’égide
Et des dieux immortels : il les dompte au besoin.
Je ne t’épargnerai ni toi ni ton escorte
Pour fuir les traits de Zeus, si mon cœur n’y consent.
Mais conte où tu laissas ton bateau valissant.
Est-ce loin ? Près d’ici ? Ce détail-là m’importe. »

Il voulait m’éprouver, mais je sais plus d’un tour ;
Aussi je lui réponds ces mots pleins d’artifice :
« Neptune ébranle-sol, à l’extrême contour
De votre île, a rompu mon flottant édifice
Sur les écueils d’un cap ; la mer a ses débris.
Intact, avec mes gens, d’échapper j’eus la chance. »

J’ai dit, et lui se tait dans un cruel mépris ;
Mais sur mes compagnons, bras tendus, il s’élance,
En saisit deux, les choque, ainsi que d’humbles faons,
Contre terre ; en bouillie éclate leur cervelle.
Il les coupe en morceaux, les mange pêle-mêle.
Comme un lion sorti des déserts étouffants,
Il baffre tout, les chairs, les os moelleux, les tripes.

À ce spectacle affreux, nous levons en pleurant
Les mains vers Jupiter ; le désespoir nous prend.
Lorsque de corps humains ce monstre aux vastes lippes
S’est bourré l’estomac, il boit des flots de lait,
Puis parmi ses moutons pesamment il s’allonge.
Dans mon cœur magnanime au même instant je songe
À dégainer mon glaive, à le frapper d’un trait,
En le tâtant d’abord, au point juste où le foie
Se joint au diaphragme : un penser me retient.
De la mort nous étions par avance la proie ;
Jamais du lourd rocher qui dedans nous maintient
Tous nos bras n’auraient pu déranger la barrière.
Donc il faut jusqu’à l’Aube attendre en gémissant.

Quand elle teint les cieux de sa rose lumière,
Il rallume un grand feu, trait son bétail puissant,
Rend aux seins nourriciers leur jeunette phalange.
Après avoir fini promptement ces travaux,
Derechef il saisit deux des miens et les mange.
Son repas fait, il chasse au dehors ses troupeaux,
En déplaçant le bloc sans peine ; mais de suite
Il le remet, tout comme un couvercle au carquois.
Le Cyclope, à grand bruit, pousse sa herde instruite
Vers les monts ; moi, je reste à rêver des exploits,
Désirant me venger, si m’exauce Minerve.
Or, voyez le parti que j’adopte soudain.
Le pâtre dans un coin avait mis en réserve
Un tronc vert d’olivier pour s’en faire un gourdin,
Une fois desséché ; nous comparions sa taille
À celle du grand mât d’un vaisseau de transport
Qui, de vingt avirons, aux flots livre bataille :
Tels étaient sûrement son volume et son port.

J’en coupe sans tarder la longueur d’une brasse
Et la livre à mes gens afin de l’amincir.
Ils vont la polissant ; moi, j’affile tenace
Un des bouts, qu’au feu vif après je fais durcir.
J’enfouis prudemment cette partie insigne
Sous les tas de fumier dont s’encombre le lieu ;
Ensuite je prescris que le sort nous désigne
Ceux qui devront m’aider à planter notre pieu
Dans l’œil du monstre, quand le vaincra le doux somme.
Les quatre élus au sort sont ceux-là justement
Qu’avec moi j’aurais pris ; je suis le cinquième homme.
Au soir rentrent le maître et son bétail gourmand.
Le géant pousse au fond toute la bande grasse,
Et dans la cour ne laisse aucun sujet pelu,
Soit qu’il ait des soupçons, soit qu’un dieu l’ait voulu ;
Puis soulevant le bloc, il le remet en place.
Bientôt assis, il trait ses chèvres, ses brebis,
Comme il convient, et rend les agneaux à leurs mères.
Sitôt qu’il a mis fin à ces préliminaires,
Il saisit, mange encor deux des miens ébaubis.
Moi, tenant de vin pur une écuelle pleine,
Au Cyclope je vais, et dis à ce bourreau :
« Tiens donc, Cyclope, et bois sur cette chair humaine.
Pour savoir quel bon vin contenait mon vaisseau.
Je t’en rapporterais, si par miséricorde
Tu me laissais partir ; mais ta rage est sans frein.
Ô fou ! comment veux-tu que désormais t’aborde
Un des nombreux mortels, puisque ainsi bat ton sein ?

Je dis ; il prend la coupe et boit ; ce fin breuvage
L’égaie, il m’en demande une seconde fois :
« Verse encor de bon cœur, et dis-moi sans ambage

Ton nom, pour que je t’offre un don des plus courtois.
Pour le Cyclope aussi ce doux sol entrecroise
De beaux ceps que mûrit l’arrosage divin ;
Mais ton jus semble fait de nectar et d’ambroise. »

Dans sa coupe aussitôt je rajoute du vin ;
Trois fois je la remplis, trois fois le sot la vide.
Dès que mon vin de flamme a troublé sa raison,
Je lui lâche ces mots d’une douceur perfide :
« Cyclope, tu t’enquiers de mon illustre nom ?
Eh bien, à ta promesse en retour sois fidèle.
Je me nomme Personne, oui Personne vraiment ;
Père et mère, et compains, chacun ainsi m’appelle. »

Le glouton me riposte impitoyablement :
« Après ses compagnons je mangerai Personne,
Les autres avant lui ; ce sera mon cadeau. »

Il dit, et se renverse, et tombe, et s’abandonne,
Son gigantesque cou penché ; d’un lourd bandeau
Le sommeil l’enténèbre ; en masse on le voit rendre
Du vin, d’horribles chairs; puis il rote ivre-mort.
Je glisse alors le pieu sous une chaude cendre
Jusqu’à ce qu’il soit rouge, et j’encourage fort
Mes quatre aides, craignant que l’un d’eux ne recule.
Quand le bois d’olivier menace, quoique vert,
De s’allumer, qu’autour une flammette ondule,
Du feu je le retire, et mes preux de concert
M’entourent : un démon les vigorise encore.
Empoignant l’arme aiguë, au plein de l’œil baissé
Ils l’enfoncent, et moi, sur mes orteils dressé,
Je la tournoie. Ainsi, quand l’artisan perfore

Un madrier, sous lui d’autres mains font mouvoir
La tarière creusante avec un cuir agile.
De même nous tournions dans l’orbite fragile
Ce tison embrasé d’où ruisselle un sang noir.
La prunelle en feu brûle et sourcils et paupières ;
Les racines de l’œil pétillent bruyamment,
Comme lorsque en l’eau froide un forgeur véhément
Fait siffler une hache ou des lames guerrières,
Procédé qui fournit les fers les mieux trempés.
Ainsi l’œil du colosse autour du bois crépite.
Il lance un hurlement dont les airs sont frappés ;
Nous de fuir, pris de peur. Cependant de l’orbite
Ses mains ôtent le pal souillé d’amas sanguins ;
Puis, outré de fureur, au loin il le rejette.
Il appelle à grands cris les Cyclopes voisins
Qui sur les caps venteux ont leur roche secrète.
Leur foule à son appel accourt de tous côtés,
Et, debout prés du seuil, l’interroge anxieuse :
« Polyphème, pourquoi ces longs cris répétés ?
Pourquoi nous réveiller pendant la nuit joyeuse ?
T’aurait-on, malgré toi, dérobé ton troupeau ?
Quelqu’un t’occirait-il par ruse ou violence ? »

La brute leur répond, du sein de son caveau :
« Personne, ô mes amis ! par dol, non par vaillance. »

Les Cyclopes alors, sans plus ample discours :
« Puisque dans ton abri personne ne t’afflige,
Accepte résigné les maux que Zeus inflige ;
De Neptune, ton père, invoque le secours. »

Ils disent, s’en vont tous, et je me réconforte

Au succès de mon nom, de mon tour des meilleurs.
L’aveuglé, soupirant et rongé de douleurs,
En marchant à tâtons va débloquer la porte.
À l’entrée il s’assied, les deux bras étendus,
Pour happer tel de nous qui fuirait joint aux bêtes,
Tellement il croyait mes esprits confondus.
Je cherche cependant quelles mesures nettes
Pourront nous affranchir d’un trépas redouté.
Je combine des plans, des trucs de toute espèce ;
Notre vie en dépend, un grand péril nous presse.
Or, sachez le parti qu’à la fin j’adoptai.

Des béliers étaient là, d’une rondeur sensible,
Beaux, grands, et que recouvre une épaisse toison.
Je les lie en silence avec l’osier flexible
Où dormait ce géant, type de trahison.
Je les mets trois par trois ; le central porte un homme ;
Les deux autres devront protéger en flanquant.
Donc pour un guerrier seul trois animaux de somme.
Restait un gros bélier, de tous le plus marquant ;
Au dos je le saisis, me roule sous son ventre,
Et m’accrochant des mains à son manteau fourré,
Dans un calme absolu d’aguet je me concentre.
Nous attendons ainsi le jour, d’un cœur navré.

Quand l’Aurore effeuilla ses roses matinières,
Les béliers diligents coururent aux paissons.
Dans l’étable bêlaient leurs femmes routinières,
Le sein dur et pendant. Agité de frissons,
Le Cyclope tâtait les houleuses échines
Du bétail mâle ; mais l’ahuri ne sent pas
Mes compagnons blottis sous de sombres poitrines.

Enfin le grand bélier après tous vient au pas,
Chargé de son lainage et de mon être habile.
Polyphème lui dit, l’ayant bien caressé :
« Cher bélier, pourquoi donc, toi le vieux chef de file,
Venir en queue ? Avant, loin d’être devancé,
Le premier tu savais brouter la fleur champêtre ;
Des fleuves le premier tu sondais le courant,
Et le premier rentrais au bercail attirant.
Aujourd’hui te voilà le dernier. De ton maître
Regretterais-tu l’œil ? Un méchant l’a crevé,
Aidé d’affreux soldats, me domptant par l’ivresse.
C’est Personne ; il n’est pas certe encore sauvé.
Ah ! si, doué de sens, d’une parole expresse,
Tu me disais quel coin à mes coups le soustrait,
Écrasée aussitôt, sa cervelle brouillonne
Irait joncher le sol ! cela mitigerait
Les maux que m’a causés l’exécrable Personne. »

À ces mots au dehors il lâche le bélier.
Parvenus loin de l’antre et de la cour ovine,
Je reprends terre, et cours mes compains délier.
Lestement nous poussons, par sentier et ravine,
Le troupeau bon marcheur jusqu’au navire ancré.
Nous revoir sains et saufs pour ma troupe a des charmes,
Mais luctueusement chaque mort est pleuré.
Moi, fronçant les sourcils, j’interromps toutes larmes,
Et prescris d’embarquer en hâte les captifs
À la belle toison, puis de repasser l’onde.
Mes rameurs vont s’asseoir à leurs bancs respectifs ;
D’un aviron rapide ils creusent l’eau profonde.

Lorsque du large encor peut s’entendre ma voix,

Je darde au vil pasteur cette railleuse insulte :
« Cyclope tu n’as point, dans ta demeure occulte,
Mangé violemment les amis d’un pantois.
Le châtiment devait t’atteindre, misérable
Qui de tes suppliants t’es fait le dévoreur.
C’est pourquoi Jupiter, tout l’Olympe, t’accable. »

L’apostrophe ironique augmente sa fureur.
D’une haute montagne il arrache la crête
Et la lance en avant du bleuâtre vaisseau ;
Peu s’en faut qu’à la proue elle n’ôte un morceau.
La mer bouillonne au choc de la masse concrète ;
Le flot en refluant remporte notre nef
Vers la côte inondée, au rivage l’affale.
Prenant à pleines mains une pique navale,
Du bord je la repousse et somme, d’un ton bref,
Mes robustes nageurs d’accélérer leurs rames,
Afin de réchapper ; ils redoublent d’élans.

Quand nous sommes deux fois aussi loin sur les lames,
Je veux recommencer mes adieux virulents.
Tous m’adjurent en chœur de garder le silence :
« Téméraire, pourquoi courroucer ce cruel ?
Déjà, nous ramenant aux profondeurs de l’anse,
Son roc nous menaça d’un trépas mutuel.
S’il entend de nouveau des cris, une parole,
Il brisera nos fronts, notre mince plancher,
Sous d’autres blocs précis, telle est leur parabole. »

Ces prudentes raisons ne sauraient me toucher,
Et je recrie au monstre en ma rage frondeuse :
« Cyclope, si quelqu’un de ce monde animé

Te demande d’où vient ta cécité hideuse,
Dis-lui que t’aveugla l’assiégeur consommé,
Ulysse, roi d’Ithaque, engendré par Laërte. »

Le sauvage en hognant a soudain reparti :
« Grands dieux ! l’oracle ancien n’avait donc pas menti.
Chez nous fut un devin à la pensée alerte,
Télème Eurymidés, dont l’art fit notre orgueil,
Et qui mourut prophète au milieu des Cyclopes.
Tout devait arriver d’après ses horoscopes,
La main d’Ulysse un jour devait m’extirper l’œil !
Mais quoi ! je m’attendais toujours à voir paraître
Un homme grand et beau, de force revêtu ;
Et voilà qu’un vilain, un nabot, un fétu,
M’enlève la lumière à l’aide d’un vin traître.
Ulysse, viens ici, mon offrande t’attend.
J’inviterai Neptune à choyer ton navire ;
Je suis son tendre fils, il se plaît à le dire.
Seul il me guérira, si son cœur le prétend,
Et non pas ceux d’en haut ou l’humaine science. »

Je lui riposte alors d’un formidable ton :
« Puisse-je, t’arrachant et l’âme et l’existence,
Te faire voltiger aux gouffres de Pluton,
Aussi vrai que ton dieu ne te rendra la vue ! »

Je dis ; lui de prier son divin géniteur,
En élevant les mains vers l’astrale étendue :
« Écoute-moi, Neptune, ô noir agitateur !
Si je naquis de toi, si tu te dis mon père,
Fais qu’Ulysse jamais, ce foudre ithacéen
Par Laërte engendré, ne retourne en sa terre.

Mais si le sort là-bas le ramène à dessein,
S’il lui rend ses amis, son paternel empire,
Qu’il rentre tard et mal, sans un seul partisan,
Sur un pont mercenaire, et que son deuil soit pire ! »

Tel gronde son souhait qu’exauça le Tyran.
Notre ennemi soulève une plus vaste pierre,
La balance, et sur nous l’envoie à tour de bras.
De la poupe azurée elle frise l’arrière ;
Le timon a failli voler en mille éclats.
La mer se gonfle au choc de la masse compacte,
Mais cette fois nous pousse et nous laisse à bon port.

De retour dans l’îlette où ma flottille intacte
Stationnait toujours, tandis qu’au long du bord
La troupe gémissait lasse et désespérée,
Notre nef sur le sable achève ses trajets,
Et nous-mêmes foulons la grève désirée.
Du Cyclope on débarque ensuite les sujets ;
On en fait plusieurs lots, chacun a part égale.
Des bons distributeurs, moi, je reçois en plus
Le grand bélier ; ma main le tue et le régale
À Zeus, l’altier Kronide aux décrets absolus.
Je brûle les fémurs ; mais le dieu n’y prend garde :
Il ne songe qu’à perdre, en ses ressentiments,
Mes braves compagnons, mes fermes bâtiments.
Nous passons tout le jour, jusqu’à l’heure blafarde,
À savourer des mets de vin pur arrosés.
Quand le soleil s’éteint et que règnent les ombres,
Nous nous endormons tous auprès des vagues sombres.
Mais lorsque reparaît l’Aurore aux doigts rosés,
Stimulant mes marins, vite je leur ordonne

De monter aux tillacs, de larguer les câblots.
À leurs bancs vont s’asseoir les zélés matelots,
Et sous les avirons l’onde écume et résonne.

Nous reprenons la mer, heureux d’être sauvés,
Mais tout bas regrettant nos amis enlevés. »

L’Odyssée
Traduction Séguier
9

L’APOTHEOSE (sonnet) Poème de Gabriele d’ANNUNZIO – Poesia & traduzione – L’APOTEOSI (sonetto)

Gabriele D’Annunzio
prince de Montenevoso

Traduction – Texte Bilingue
Poesia e traduzione

LITTERATURE ITALIENNE

 Gabriele d'Annunzio Traduction Artgitato Proses et Poèmes Italiens

Letteratura Italiana

Gabriele D’Annunzio
1863-1938

Traduction Jacky Lavauzelle

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L’APOTHEOSE (sonnet)

L’apoteosi (sonetto)

L. van Beethoven, op. 26.

 

Funebre sotto il cielo jacintèo
Funèbre sous le ciel jacinthe
 passa la teoria lungo la sponda
passe la théorie longeant le bord
del Fiume che travolse già ne l’onda
de la Rivière où a navigué déjà dans ses flots
mitica il mozzo capo d’un Orfeo.
mythiques la tête coupée d’un Orphée.

*

Alto con lento gesto il Corifeo
Dans une mouvement lent, le Coriphée
guida i lenti inni a cui par che risponda
Conduit les hymnes lents à qui semble répondre
presso e lungi la selva gemebonda
au loin la forêt gémissante
dei lauri folti come su ’l Peneo.
des lauriers, épaisse comme celle de Pénée.

*

Poi tace il coro. Sorge una sovrana
Puis se tait le chœur. Monte une souveraine
voce e attinge tal ciel che dal regale
voix et atteint ce ciel où, de son royal
carro si china a beverla anche Febo;
char, s’incline également Phébus pour la boire ;

*

mentre nel sommo Azzurro transumana
pendant que du sommet de l’Azur transhume
rapito su pe ’l turbine vocale
enlevé par les tourbillons des voix
il visibile spirto de l’Efebo.
l’esprit visible de l’Ephèbe.

Gabriele d'Annunzio Gustave Moreau Jeune fille thrace portant la tête d'Orphée 1865 musée d'Orsay

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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