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L’ŒUVRE DE ANDRE MAUROIS

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LITTERATURE FRANCAISE
ANDRE MAUROIS

André Maurois
Émile Salomon Wilhelm Herzog

26 juillet 1885 Elbeuf – 9 octobre 1967 Neuilly-sur-Seine

 

L’ŒUVRE DE 
ANDRE MAUROIS

par Jacky Lavauzelle

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Claude Monet, La Promenade, La Femme à l’ombrelle, 1875

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LA FRAGMENTATION DU MOI
&
LA DERIVE DU TEMPS et DES ÊTRES

LES THEMES MAJEURS d’André Maurois

DE LA SOUDAINE JEUNESSE AUX SOLEILS DEFUNTS

UNE RECOMPOSITION DES TRAITS
ORIGINAUX DE MON MOI

UN PROUST CHIRURGIEN ET UN MAUROIS ARCHEOLOGUE

UN COMPOSITEUR MYSTERIEUX
QUI ORCHESTRE NOTRE EXISTENCE

NOS EMOTIONS LES PLUS FORTES
SONT-ELLES LES PLUS RESISTANTES ?

ET QUE MEUVENT NOS HUMEURS

UN MOI PRESENT ET UN MOI DISPARU

« NOUS RECONNAISSONS LEUR VERITE
PASSE A LA FORCE PRESENTE
DE LEURS EFFETS« 

CREER UN PASSE QUI NE FUT POINT

AU MOINS UN AIR DE VERITE,
JUSTE UN AIR

TIRER DE CHAQUE MOMENT
CE QU’IL PEUT CONTENIR D’INTENSITE

ANDRE MAUROIS
UNE CERTAINE IDEE DU MONDE

« ON SENT TOUT DE MÊME QU’ILS NE SONT PAS DE NOTRE MONDE« 

LES MALHEURS DE LA NAISSANCE

CE NE SONT PAS DES GENS
COMME NOUS

S’ELEVER DU SENTIMENT DE CASTE
AU SENTIMENT NATIONAL

ANDRE MAUROIS
OU LA MUSIQUE DANS LA NATURE

Le charme d’une musique rode, habille ou se jette sur les protagonistes dans l’œuvre d’André Maurois.

 » De la musique avant toute chose » 
(Verlaine, Art poétique)


« Prends l’éloquence et tords-lui son cou ! »

 » C’est des beaux yeux derrière des voiles »
(Verlaine, Art poétique)

ANDRE MAUROIS
LA LENTE DERIVE VERS LA MER

C’est le destin, maître de tout qui dirige le mouvement. Sans libération avec lassitude, oubli, parfois résignation attendue et sereine, toujours dans l’abandon de toute volonté : « The weariest river, répétait-elle souvent, la rivière la plus lasse, j’aime bien ça…C’est moi, Dickie, la rivière la plus lasse… Et je m’en vais tout doucement vers la mer. » (Climats)

LA FEMME CAMELEON

Une femme dans l’œuvre d’André Maurois n’a aucune personnalité, ou plutôt les a toutes ; elle a la personnalité de l’homme aimé, totalement. La femme se retrouve véritable caméléon.  Elle n’est, bien entendu, plus avec Maurois déjà ce qu’elle pouvait être du temps de Molière, par exemple. Les temps ont changé.

ANDRE MAUROIS
LE CHEVALIER & LA PRINCESSE

 A l’origine était l’amour parfait, un héros, fort et titanesque, et sa belle, fragile, douce et tendre, voire larmoyante.
Le héros, Cavalier d’or, magnifique, serait le défenseur, armé et bataillant contre tous les ennemis. Comme dans toute l’œuvre de Maurois, la belle serait là, à attendre ou prisonnière, point fixe, dans sa chambre, sa tour ou son château aimantant le cavalier errant et tournoyant, défendant dans des contrées interlopes, lointaines ou non, l’honneur de sa dame.

ANDRE MAUROIS
ET LA MUSIQUE DU SENTIMENT AMOUREUX

Une vie amoureuse et symphonique
où les thèmes s’entremêlent    

L’ŒUVRE
DE
ANDRE MAUROIS

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-6.jpg.

LA VOLUPTÉ – Poème de FLORBELA ESPANCA – Volúpia – 1931

Traduction Jacky Lavauzelle João da Cruz e Sousa
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LITTÉRATURE PORTUGAISE
POÉSIE PORTUGAISE
LITERATURA PORTUGUESA
POESIA PORTUGUESA


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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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Florbela Espanca
Flor Bela de Alma da Conceição
Poétesse portugaise
8 décembre 1894 – 8 décembre 1930
Vila Viçosa, 8 de dezembro de 1894 — Matosinhos, 8 de dezembro de 1930

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Volúpia
LA VOLUPTÉ

Amadeo de Souza-Cardoso, Tête, Cabeça, 1913

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Recueil – Coleção
 Charneca em Flor

1931
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No divino impudor da mocidade,
Dans l’impudeur divine de la jeunesse,
Nesse êxtase pagão que vence a sorte,
Dans cette extase païenne qui terrasse la fortune,…

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LA POÉSIE DE FLORBELA ESPANCA – POESIA DE FLORBELLA ESPANCA
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João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LES TROIS SOURCES d’ALEXANDRE POUCHKINE POEME 1827 -В степи мирской

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ALEXANDRE POUCHKINE POEME

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1827
 

Alexandre Pouchkine
русский поэт- Poète Russe
русская литература
Littérature Russe

poemes-de-alexandre-pouchkine-artgitatopushkin-alexander

ALEXANDRE POUCHKINE  1827
pushkin poems
стихотворение  – Poésie
 Пушкин 

 

 

POUCHKINE – Пу́шкин
Алекса́ндр Серге́евич Пу́шкин
1799-1837

[создатель современного русского литературного языка]

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

LA POESIE DE POUCHKINE

СТИХИ АЛЕКСАНДРА СЕРГЕЕВИЧА ПУШКИНА
Пушкин 


В степи мирской 
1827

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LES TROIS SOURCES
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В степи мирской, печальной и безбрежной,
Dans les steppes de ce monde banal, triste et sans bornes,
Таинственно пробились три ключа:
Mystérieusement trois sources ont apparu :
Ключ юности, ключ быстрый и мятежный,
La source de la jeunesse offre des eaux rapides et rebelles,…


Он слаще всех жар сердца утолит.
Qui étanche à jamais doucement les fusions du cœur.

18 июня 1827 г., Петербург
18 mai 1827 – Saint-Pétersbourg

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POUCHKINE
 1827  

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LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE

Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.

Léon Tolstoï
Qu’est-ce que l’art ?
Traduction par T. de Wyzewa.
 Perrin, 1918
pp. i-XII

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ALEXANDRE POUCHKINE POEME

A MES AMIS
1827
Пушкин

António Nobre O teu retrato TON PORTRAIT






António Nobre
 Porto 1867-Porto 1900

 




 

L’Œuvre de António Nobre

 

 TON PORTRAIT
 O teu retrato
António Nobre

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Deus fez a noite com o teu olhar,
Dieu a fait la nuit avec tes yeux,
 
Deus fez as ondas com os teus cabelos;
Dieu a fait les vagues avec tes cheveux ;
 Com a tua coragem fez castelos
Avec ton courage il a fait des châteaux
  Que pôs, como defesa, à beira-mar.
Qu’il a déposés face à la mer.

*

Com um sorriso teu, fez o luar
Avec un de tes sourire, a fait le clair de lune
 (Que é sorriso de noite, ao viandante)
(C’est le sourire de nuit, pour le voyageur)
 E eu que andava pelo mundo, errante,
Et je suis entré dans le monde, errant,
 Já não ando perdido em alto-mar!
Marchant, perdu en haute mer !

*

Do céu de Portugal fez a tua alma!
Du ciel du Portugal, il a fait ton âme !
 E ao ver-te sempre assim, tão pura e calma,
Et de te voir toujours ainsi, si pure si calme,
Da minha Noite, eu fiz a Claridade!
De ma nuit, j’ai fait la Clarté !

*

Ó meu anjo de luz e de esperança,
O mon ange de lumière et d’espoir,
 Será em ti afinal que descansa
Serait-ce en toi finalement que repose
  O triste fim da minha mocidade!
La triste fin de ma jeunesse !

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ALLA LUNA GIACOMO LEOPARDI A LA LUNE CANTI LES CHANTS XIV

Alla Luna Giacomo Leopardi

Traduction – Texte Bilingue
LITTERATURE ITALIENNE

 

Letteratura Italiana

giacomo-leopardi-poesie-poesia-artgitato-ferrazzi-casa-leopardi

ritratto A Ferrazzi
Portrait de Ferrazzi
casa Leopardi
Recanati
Via Giacomo Leopardi

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GIACOMO LEOPARDI
29 juin 1798 Recanati 14 juin 1837 Naples
Recanati 29 giugno 1798 –
Napoli 14 giugno 1837

Traduction Jacky Lavauzelle

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ALLA LUNA Giacomo Leopardi
CANTI XIV

A LA LUNE
LES CHANTS XIV

OEUVRE DE GIACOMO LEOPARDI

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alla-luna-giacomo-leopardi-a-la-lune-artgitato-caspar-david-friedrich-mondaufgang-uber-dem-meerCaspar David Friedrich
Le Lever de lune sur la mer
Mondaufgang am Meer
1821
Musée de l’Ermitage
Saint Pétersbourg

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ALLA LUNA GIACOMO LEOPARDI A LA LUNE

 O graziosa luna, io mi rammento
O belle lune, je me souviens
 Che, or volge l’anno, sovra questo colle
Que, l’année passée, sur cette colline
Io venia pien d’angoscia a rimirarti:
Plein d’angoisse, je venais te contempler :
 E tu pendevi allor su quella selva
Et tu pendais alors sur cette forêt
 Siccome or fai, che tutta la rischiari.
Eclairant tout, tout comme cette nuit.
 Ma nebuloso e tremulo dal pianto
Mais nébuleux et tremblant, par mes larmes
Che mi sorgea sul ciglio, alle mie luci
Qui assaillaient mes cils, à mes yeux
Il tuo volto apparia, che travagliosa
Ton visage m’apparaissait, car instable
  Era mia vita: ed è, nè cangia stile,
Était ma vie : et elle l’est, non ne change pas,
O mia diletta luna. E pur mi giova
O ma lune bien-aimée. O combien pur devrait
 La ricordanza, e il noverar l’etate
Être le souvenir et le décompte
  Del mio dolore. Oh come grato occorre
De ma douleur. Quelle joie accompagne
Nel tempo giovanil, quando ancor lungo
Ma jeunesse passée, quand, encore imposant,
 La speme e breve ha la memoria il corso,
Apparaît l’espoir et courte la mémoire,
Il rimembrar delle passate cose,
Que dure le souvenir des choses passées,
 Ancor che triste, e che l’affanno duri!
Même tristes, que dure mon tourment !

 

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ALFRED DE MUSSET GRAND LECTEUR DE GIACOMO LEOPARDI
DEUX ÂMES SOEURS

Outre les sonnets de Michel-Ange, Alfred relisait sans cesse, jusqu’à les savoir par cœur, les poésies de Giacomo Leopardi, dont les alternatives de sombre tristesse et de douce mélancolie répondaient à l’état présent de son esprit. Lorsqu’il frappait sur la couverture du volume, en disant : « Ce livre, si petit, vaut tout un poème épique, » il sentait que l’âme de Leopardi était sœur de la sienne. Les Italiens ont la tête trop vive pour aimer beaucoup la poésie du cœur. Il leur faut du fracas et de grands mots. Plus malheureux qu’Alfred de Musset, Leopardi n’a pas obtenu justice de ses compatriotes, même après sa mort. Alfred en était révolté. Il voulut d’abord écrire un article, pour la Revue des Deux-Mondes, sur cet homme qu’il considérait comme le premier poète de l’Italie moderne. Il avait même recueilli quelques renseignements biographiques, dans ce dessein ; mais, en y rêvant, il préféra payer en vers son tribut d’admiration et de sympathie au Sombre amant de la Mort. De là sortit le morceau intitulé Après une lecture, qui parut le 15 novembre 1842.
En faisant la part de son exagération naturelle et de son excessive sensibilité, il faut pourtant reconnaître que, dans cette fatale année 1842, les blessures ne furent pas épargnées à Alfred de Musset. Il se plaignait que, de tous les côtés à la fois, lui venaient des sujets de désenchantement, de tristesse et de dégoût. « Je ne vois plus, disait-il, que les revers de toutes les médailles. »

Paul de Musset
Biographie de Alfred de Musset
Troisième partie
1837-1842
Charpentier, 1888
pp. 185-284

THE SCHOLARS Yeats Poem Texte & Traduction du poème – Les Hommes d’Etude

William Butler Yeats
English literature
English poetry
Littérature Anglaise – Poésie Anglaise
 

YEATS
1865-1939

[The Wild Swans At Coole
1919]


THE SCHOLARS
poem
Les Hommes d’Etude
poème

The Scholars Yeats Traduction Artgitato & Texte Les hommes d'étude

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Bald heads forgetful of their sins,
Les têtes chauves oublieuses de leurs péchés,
Old, learned, respectable bald heads
Vieilles, savantes, têtes chauves respectables
Edit and annotate the lines
Éditent et annotent les lignes
That young men, tossing on their beds,
Que des jeunes hommes, jetant sur leurs lits,
 Rhymed out in love’s despair
Ont rimés dans les désespoirs de l’amour
To flatter beauty’s ignorant ear.
Pour flatter l’oreille ignorante de la beauté.

All shuffle there; all cough in ink;
Tous traînent des pieds ; tous toussent de l’encre;
All wear the carpet with their shoes;
Tous altèrent le tapis avec leurs chaussures;
All think what other people think;
Tous gambergent ce que les autres gambergent;
All know the man their neighbour knows.
Tout le monde connaît l’homme que leur voisin connaît.
Lord, what would they say
Seigneur, que diraient-ils
Did their Catullus walk that way?
Si leur Catulle marchait de cette façon ?

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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 The Scholars Yeats

WHEN YOU ARE OLD Yeats Texte & Traduction Quand vous serez vieille

William Butler Yeats
English literature
English poetry
Littérature Anglaise – Poésie Anglaise
 

YEATS
1865-1939
The Rose[1893]

WHEN YOU ARE OLD ?
Quand vous serez vieille ?

When you are old Yeats Traduction Artgitato & Texte anglais Quand vous serez vieille

 

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When you are old and grey and full of sleep,
Quand vous serez vieille et grise et pleine de sommeil,
And nodding by the fire, take down this book,
Et hochant la tête devant le feu, prenez ce livre,
And slowly read, and dream of the soft look
Et lisez lentement, et laissez-vous rêver au doux regard
Your eyes had once, and of their shadows deep;
Que vos yeux avaient autrefois, et à leurs ombres profondes ;

How many loved your moments of glad grace,
Combien vous aimiez vos moments de grâce joyeuse,
And loved your beauty with love false or true,
Et aimiez votre beauté d’un amour vrai ou faux,
But one man loved the pilgrim soul in you,
Mais un homme, un seul, aima l’âme vagabonde qui est en vous,
And loved the sorrows of your changing face;
Et aima les chagrins de votre changeant visage ;

And bending down beside the glowing bars,
Et vous penchant vers le foyer incandescent,
Murmur, a little sadly, how Love fled
Murmurez, un peu tristement, comment l’amour a fui
And paced upon the mountains overhead
Escaladant les montagnes qui nous surplombent
And hid his face amid a crowd of stars.
Et cacha son visage au milieu d’une myriade d’étoiles.

 

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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 When you are old Yeats

THE COLD HEAVEN Yeats Texte & Traduction LE CIEL GLACE

William Butler Yeats
English literature
English poetry
Littérature Anglaise – Poésie Anglaise
 

YEATS
1865-1939
Responsibilities [1914]
THE COLD HEAVEN
Le Ciel Glacé

The Cold Heaven Yeats Traduction Artgitato & Texte anglais Le Ciel Glacé

 

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Suddenly I saw the cold and rook-delighting heaven
Soudain, je vis ce ciel froid où les corbeaux freux se délectent
That seemed as though ice burned and was but the more ice,  
Comme si la glace s’enflammait et devenait plus glaciale encore,
And thereupon imagination and heart were driven  
Et alors mon imagination et mon cœur furent transportés
So wild that every casual thought of that and this 
Avec une telle sauvagerie que chaque pensée futile de ceci et de cela
Vanished, and left but memories, that should be out of season  
Disparurent, ne conservant que des souvenirs, qui devaient être périmés
With the hot blood of youth, of love crossed long ago;  
Avec le sang chaud de la jeunesse, d’amours pénétrés il y a de cela fort longtemps;
And I took all the blame out of all sense and reason,  
Et je pris toute la punition sans sens ni raison,
Until I cried and trembled and rocked to and fro,  
Jusqu’à ce que je pleure et tremble et chancelle,
Riddled with light. Ah! when the ghost begins to quicken,  
Criblé de lumière. Ah! quand le fantôme commence à débouler,
Confusion of the death-bed over, is it sent   
Après la confusion du lit de mort, est-elle envoyée
Out naked on the roads, as the books say, and stricken   
Toute nue sur les routes, comme disent les livres, et dévastée
By the injustice of the skies for punishment?
Par l’injustice des cieux pour le châtiment ?

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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Huye sin percibirse lento el día DE QUEVEDO Texte & Traduction Le jour fuit sans s’en apercevoir, lentement,

Francisco Gómez de Quevedo
Villegas y Santibáñez Cevallos
Literatura
española – Littérature Espagnole
Siècle d’or espagnol -Siglo de Oro 

 

 Francisco de Quevedo y Villegas
1580-1645

Sonetos Líricos

Huye sin percibirse, lento, el día,

Huye sin percibirse QuevedoTraduction Artgitato

 

Huye sin percibirse, lento, el día,
Le jour fuit sans s’en apercevoir, lentement,

 

Huye sin percibirse, lento, el día,
Le jour fuit sans s’en apercevoir, lentement,
y la hora secreta y recatada
et l’heure secrète et habile
con silencio se acerca, y, despreciada,  
silencieusement s’approche, et,  méprisante,
lleva tras sí la edad lozana mía.
attire à elle la verdeur qui est mienne…

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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André MAUROIS La Fragmentation du moi

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-6.jpg.

 André MAUROIS

André Maurois & La fragmentation du moi Artgitato
LA FRAGMENTATION DU MOI
&
LA DERIVE DU TEMPS et DES ÊTRES

1/ LES THEMES MAJEURS d’André Maurois

A l’image de Mme Fontanes qui a « démonté toutes les pièces du mécanisme intellectuel de son mari » (Les Roses de septembre),  nous tenterons de démonter et de remonter une partie des  rouages et des pièces de l’œuvre d’André Maurois.

Les thèmes majeurs dans l’œuvre de Maurois se dessinent évidemment : une fragmentation, une métamorphose, une dérive de l’être dans le temps, une description d’une société monadique, de castes, l’importance des femmes, de la nature ou encore l’importance de la musique, de la simple voix flûtée à la symphonie endiablée, dans de nombreux descriptifs, l’importance apportée aux paysages dans la structuration d’une pensée ou dans la naissance d’une émotion, dans l’amour de certains lieux qui reviennent en boucle : la Normandie, l’Angleterre ou l’Italie.

2/ DE LA SOUDAINE JEUNESSE AUX SOLEILS DEFUNTS

Un des thèmes revenant constamment dans son œuvre : le temps, la durée, la mémoire, en somme, l’être ou l’âme, le moi dans le temps, et sa transformation dans ce passé mystérieux.

Déjà la seule maîtrise de notre être présent semble complexe. Notre être présent, là, que nous voyons à travers le miroir, nous étonne, nous déstabilise et nous questionne. Nous rajeunissons, nous vieillissons parce que ce que nous vivons dans l’instant est gai ou douloureux. En une fulgurance, le temps se joue de nous : « Fontane, dans une glace accrochée au mur, aperçut leurs deux visages et fut frappé par la soudaine jeunesse du sien. Ses yeux brillaient  et un air de sérénité semblait effacer les deux plis profonds de sa bouche. » (Les Roses de septembre)

Pour que, peu de temps après, Fontane retrouve son âge réel, peut-être même encore un peu plus vieux, avachi, cassé, déformé et abattu par la foudre des sentiments qui retombe : « En remontant l’escalier du Granada, Fontane sentit soudain qu’il était de nouveau un vieil homme. Son humeur avait changé brusquement, comme ces places de village qu’a transfigurées, un instant l’éblouissement d’une fête et qui se retrouvent, après les dernières fusées, sombres et pauvres, parmi les carcasses des soleils défunts. Il éprouvait de l’humiliation, de la honte et de la fureur. « La même phrase ! pensait-il, et sur le même ton…Ah ! Comédienne !… » (Les Roses de septembre)

3/ UNE RECOMPOSITION DES TRAITS
ORIGINAUX DE MON MOI

Ce passé, ni imprévisible, ni aléatoire, puisque succession de moments vécus ou d’impressions, s’organise, se restructure et se recombine pour devenir autre, pour finir dans l’oubli, ou devenir obsessionnel. Cette recombinaison en tout cas bouleverse totalement notre moi, voire finalement le change, à devenir à terme un autre moi.

A chaque moment, nous penserons à Proust. Cette dissolution et cette recomposition rapide de l’être, comme dans un Amour de Swann : « il suffisait que…mon sommeil fût profond et détendît entièrement mon esprit ; alors celui-ci lâchait le plan du lieu où je m’étais endormi et, quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais pas au premier instant qui j’étais ; j’avais seulement…le sentiment de mon existence comme il peut frémir au fond d’un animal ; j’étais plus dénué que l’homme des cavernes ; mais alors le souvenir – non encore le lieu où j’étais, mais de quelques-uns de ceux que j’avais habités et où j’aurais pu être- venait à moi comme un secours d’en haut pour me tirer du néant d’où je n’aurais pu sortir tout seul ; je passais en une seconde par-dessus des siècles de civilisation, et l’image confusément entrevue de lampes à pétrole, puis de chemises à col rabattu, recomposaient peu à peu les traits originaux de mon moi»  (A la Recherche du temps perdu, I).

UN PROUST CHIRURGIEN ET UN MAUROIS ARCHEOLOGUE

Dans Proust, le temps du changement est un temps court, celui d’une nuit, de la seconde. Proust opère en chirurgien. Maurois en observateur astronome, loin ; en regardant les grands bouleversements, tel un géologue. L’être, au fil du temps, se niche tout au long de sa vie écoulée, au fil d’un passé qui grandit, comme un arbre, cumulant ses cernes et ses anneaux ou comme une tortue portant  une carapace de plus en plus lourde, il souhaite parfois vouloir s’en débarrasser. Heureux sont les homards…

« Voyez-vous, mon ami, nous sécrétons, en cinquante ou soixante ans, une carapace d’obligations, d’engagements, de contraintes si lourde que nous ne pouvons vraiment plus la porter…Moi, j’en suis accablé…Les homards, eux, se réfugient de temps à autre dans un trou du rocher et font cuirasse neuve. Sans doute est-ce d’une métamorphose, ou d’une mue dont j’aurais besoin… » (Les Roses de septembre)

4/ UN COMPOSITEUR MYSTERIEUX
QUI ORCHESTRE NOTRE EXISTENCE

Les lignes, les cernes et les anneaux du temps ne sont, pour autant, ni linéaires ni égales dans leurs tailles. Les plus vieilles ne sont pas nécessairement les plus vite oubliées. Nos souvenirs et nos êtres sont entre les mains de ce « compositeur mystérieux qui orchestre notre existence »(Climats).

La densité du temps. Certaines secondes valent des années. Des existences se concentrent dans la force d’une émotion. Un temps qui se contracte ou se dilate, se remplit ou se vide comme une outre de tout ce qui l’entoure, comme le décrit Proust : « Une heure n’est pas une heure, c’est un vase rempli de parfums, de sons, de projets et de climats. Ce que nous appelons la réalité est un certain rapport entre ces sensations et ces souvenirs qui nous entourent simultanément » (A la Recherche du temps perdu, III) ou encore « les mesures du temps lui-même peuvent être pour certaines personnes accélérées ou ralenties. » (III). Amnésie, hypermnésie, paramnésie,… fausse mémoire, vraie reconnaissance, distraction de l’être, cheminement :

DES JOURS QUI VALENT DES ANNEES

« En ces quelques semaines, j’ai plus vécu là-bas qu’en ma vie toute entière. Comment mesurer la longueur d’un temps aboli sinon par la quantité d’images laissés par lui en notre esprit ? Chacun des jours passés avec Dolorès vaut, dans ma mémoire, une année. » (Les Roses de septembre). Comme si le plaisir se détournait du temps, s’en soustrayait. Ce passage nous rappelle celui de la Recherche : « c’était peut-être bien des fragments d’existence soustraite au temps, mais cette contemplation, quoique d’éternité, était fugitive. Et pourtant, je sentais que le plaisir qu’elle m’avait…donné dans ma vie était le seul qui fût fécond et véritable » (A la Recherche du temps perdu, III)

5/ NOS EMOTIONS LES PLUS FORTES
SONT-ELLES LES PLUS RESISTANTES ?

Nous sommes néanmoins aujourd’hui, la somme, plus ou moins,  des expériences de notre passé. Pour ne plus être, il suffirait d’oublier dans sa totalité ce temps, peut-être en s’enfonçant dans le bleu d’un verger.

« J’ai l’impression que si nous nous enfoncions dans ce verger bleuâtre, vous et moi, nous y oublierions le passé et ne reviendrions jamais sur terre. Le Léthé doit couler tout près d’ici. » (Les Roses de septembre)

D’abord le naître et l’être ; un être puis un autre lié à la défragmentation du précédent, et ensuite un être différent, un plus d’être, jusqu’au plus d’être du tout dans un dernier final. Quel est notre moi fondamental ? Qu’est ce qui fait que nous sommes toujours un peu le même ? Le jeune homme que nous étions et l’homme que nous sommes sont-ils encore un peu les mêmes ?

« Or l’homme que vous rencontrez dix ans, vingt ans plus tard, est celui d’un temps M’, M’’ ; il n’y a plus en commun, avec l’auteur de votre livre bien-aimé, que des souvenirs d’enfance, et encore… » (Les Roses de septembre)

« Nos émotions les plus fortes meurent, ne trouvez-vous pas ? Et on regarde la femme qu’on était il y a trois ans avec la même curiosité et la même indifférence que si elle était une autre. » (Climats)

« Peut-être parce que je suis devenue, pour ma fille, trop différente de la femme que font renaître ces souvenirs… » (L’Instinct du bonheur)

6/ ET QUE MEUVENT NOS HUMEURS

Des êtres morcelés en puzzles irréguliers, donc inconstants et changeants, et infidèles. L’être qui parle qui pense n’est fidèle qu’à cet être là, le temps du présent. Comme le disait Montaigne : « Chaque jour nouvelle fantaisie et se meuvent nos humeurs avec les mouvements du temps »

« Je ne comprends pas du tout qu’elle importance à la fidélité, avait-elle dit avec une diction martelée qui donnait toujours à ces idées un air abstrait et métallique. Il faut vivre dans le présent. Ce qui est important, c’est de tirer de chaque moment ce qu’il peut contenir d’intensité. On y arrive que de trois manières : par le pouvoir, le danger ou par le désir » (Climats)

7/ UN MOI PRESENT ET UN MOI DISPARU

En fait, cette métamorphose engendre des actions qui ne sont, peut-être, plus les nôtres et donc rend possible le pardon de l’autre pour ses actions répréhensibles.
Tout devient possible. « Supposez que demain, je chasse théâtralement de Preyssac Valentine que j’aime et qui m’aime, Valentine qui peut-être, il y a vingt ans, a été coupable et imprudente, mais qui n’est plus la même femme, qui se souvient à peine de ses actions de ce temps-là et de leurs causes réelles… » (L’Instinct du bonheur)

« L’homme qui regrette n’est plus l’homme qui a été coupable. Et ce n’est certes pas moi qui reprocherai à votre Moi présent et purifié les erreurs de votre Moi disparu. » (Ariel ou la vie de Shelley)

Le passé n’est plus. Il n’est déjà plus réel. Sans être encore un rien du tout. Il se réveille, comme dans la madeleine proustienne, où parfois-même se révèle dans une profondeur encore insoupçonné. Il suffit parfois de rencontrer un espace familier, une odeur particulière ; il nous renverra immédiatement dans un autre temps oublié, en rendant présent ce qui est, pour l’heure absent. Comment s’opère ce choix dans notre cerveau entre les images et les impressions qui resteront et les autres. Pourquoi des périodes entières meurent pour renaître et souvent meurent à jamais dans un total oubli. Rappelons-nous l’image proustienne des portes : « si nos souvenirs sont bien à nous, c’est à la façon de ces propriétés qui ont des petites portes cachées que nous-mêmes souvent ne connaissons pas. » (A la Recherche du temps perdu)

« Pourquoi certaines images demeurent-elles pour nous aussi nettes qu’au moment de la vision, alors que d’autres en apparence plus importantes, s’estompent puis s’effacent si vite ?» (Climats).

« Voyez mon cas : oui, il y a eu dans ma vie une affreuse tragédie, mais parce qu’elle est toujours restée muette, elle est maintenant comme étrangère…Et il faudrait la réveiller ? Commencer entre Valentine et moi, un dialogue douloureux qui ne finirait plus qu’avec notre mort ? » (L’Instinct du bonheur)

8/ « NOUS RECONNAISSONS LEUR VERITE
PASSE A LA FORCE PRESENTE
DE LEURS EFFETS« 

Il n’y a pas, nous le savons bien, une chronologie des événements. Un autre ordonnancement s’opère, mystérieux, magique.

« Les souvenirs de l’enfance ne sont pas, comme ceux de l’âge mûr, classés dans le cadre du temps. Ce sont des images isolées, de tous côtés entourées d’oubli, et le personnage qui nous y représente est si différent de nous-mêmes que beaucoup d’entre elles nous paraissent étrangères à notre vie. Mais d’autres ont laissé sur notre caractère des traces à ce point ineffaçables que nous reconnaissons leur vérité passée à la force présente de leurs effets. » (Le Cercle de Famille).

Cette jeunesse nous paraissais interminablement longue et monotone, souvent ennuyeuse ; et pourtant, il ne reste que quelques images, quelques photographies, rochers dans un océan immense informe.

« Quand je relis mon journal de jeune fille, j’ai l’impression de voler dans un avion très lent au-dessus d’un désert d’ennui. Il me semblait que je n’en finirais jamais d’avoir quinze ans, seize ans, dix-sept ans. « (Climats)

9/ CREER UN PASSE QUI NE FUT POINT

L’être du passé n’est plus, n’est pas, l’être présent. Rien n’interdit alors de faire de cet être, un être inventé, changeant, au gré des désirs et de notre volonté, ou d’une cristallisation amoureuse : « – Comme je suis bien ! dit-elle…Il me semble que je t’ai toujours connu…-L’amour, dit-il, créé, comme par magie, les souvenirs d’un passé merveilleux qui ne fut point. »(les Roses de septembre)

 « Je vous ai dit qu’elle vivait surtout dans l’instant présent. Elle inventait le passé et l’avenir au moment où elle en avait besoin puis oubliait ce qu’elle avait inventé. Si elle avait cherché à tromper, elle se serait efforcée de coordonner ses propos, de leur donner au moins un air de vérité ; et je n’ai jamais vu qu’elle s’en donnât la peine. Elle se contredisait dans la même phrase » (Climats)

Invention ou failles dans la mémoire, les failles sont parfois si nombreuses, que l’être sans trouve chamboulé. Qu’est ce qui est vrai ? Quelles sont les images, les sensations que nous possédons vraiment en les ayant vécus totalement. Quelle part pour le rêve ?

« Oublier le passé…Que cela paraît difficile, impossible, et que c’est facile si le décor de la vie change entièrement !…A partir de 1919, nous sommes venus vivre dans ce pays, où notre histoire était ignorée. Je vous assure que souvent, au cours de ces dernières années, je mes suis demandé si cette histoire était vraie. Qu’étais Martin-Buissière ? Un fantôme, le souvenir d’un rêve. » (L’Instinct du bonheur)

10/ AU MOINS UN AIR DE VERITE,
JUSTE UN AIR

Cette lecture de notre mémoire n’est, bien entendu, pas nécessairement mytho-maniaque, mais en tout cas elle permet aussi d’éviter le vulgaire, le commun  donc l’ennui :

« Elle disait : « Qu’est-ce que c’est que la vie ? Quarante années que nous passons sur une goutte de boue. Et vous voudriez qu’on perdît une seule minute à s’ennuyer inutilement » (Climats)

« Je vous ai dit qu’elle vivait surtout dans l’instant présent. Elle inventait le passé et l’avenir au moment où elle en avait besoin puis oubliait ce qu’elle avait inventé. Si elle avait cherché à tromper, elle se serait efforcée de coordonner ses propos, de leur donner au moins un air de vérité ; et je n’ai jamais vu qu’elle s’en donnât la peine. Elle se contredisait dans la même phrase » (Climats)

Tout s’opère, se mélange, le vrai, l’avoué, le passé décoré, les images qui s’imposent, et partent aussi rapidement, dans des rythmes différents. Mais au final, tout va si vite.  

«En marchant, je vois passer ma vie, comme les personnages des films. Elle me semble une toute petite chose. Je pense que ma vraie jeunesse, celle où l’on croit encore à la réalité d’un univers féérique, est finie. Comme cela a été vite. » (Le Cercle de Famille).

« -Ah ! Monsieur Schmitt, vous autres incrédules, vous êtes comme les éphémères qui dansent au soleil et ne pensent pas qu’ils seront morts le soir ». (Le Cercle de Famille)

11/TIRER DE CHAQUE MOMENT
CE QU’IL PEUT CONTENIR D’INTENSITE

Une  possibilité pour stopper ces mouvements virevoltants du temps c’est s’ancrer très fort dans l’immédiateté du présent, sans imagination, ni création, presque dans une vie animale. 

« Ce jour-là, pour Odile, la vie c’était une tasse de thé, des toasts bien beurrés, de la crème fraîche, c’est peut-être que les uns vivent surtout dans le passé et les autres seulement dans la minute présente » (Climats)

 « Je ne comprends pas du tout qu’elle importance à la fidélité, avait-elle dit avec une diction martelée qui donnait toujours à ces idées un air abstrait et métallique. Il faut vivre dans le présent. Ce qui est important, c’est de tirer de chaque moment ce qu’il peut contenir d’intensité. On y arrive que de trois manières : par le pouvoir, le danger ou par le désir » (Climats)

L’être dans cette dérive du temps, de fait tout en se défaisant. Comme une petite pièce de notre présent qui pourrait à elle-seule transformer radicalement l’ensemble de notre être sur lequel elle se pose. Nous voguons dans le mystère des choses et,

O mysterio das cousas, onde esta elle ?
Onde esta elle que nao aparece
Pelo menos a mostrar-nos que é misterio?
(Fernando Pessoa, Poèmes de Alberto Caeiro, XXXIX)

Jacky Lavauzelle

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