Il s’agit du premier roman « pataquès », avec une narration sous influence qui peut se transformer en roman quand la nuit seulement le permet. L’intérieur et l’extérieur sont des protagonistes, comme la nuit, l’air, le chat du voisin, Satan, le sable, le temps, le poisson-rouge… Le roman pataquès n’est pas un livre ouvert (ni fermé), il est entrouvert comme une voiture accidenté après les manipulations d’usage des anges. »
… « J’ai brûlé tant de matins tristes que des ombres sont venues…Avant, j’admirais les étendues des légèretés des lieux. Avant les lèvres s’appelaient des lèvres et les fleurs se nommaient des fleurs. Maintenant les fleurs envahissent le dernier coin de mon monde où jamais aucun pas ne passe.
Quand nait la pluie, le thé servi attend froid sur la table froide. La belle se contemple et mêle son âme aux choses les plus laides qui soient. La toison à foison dans les fonds des tréfonds s’enfonce, mais les fleurs sont là qui poussent dans mes membres…Les gouttes pendues à sa jambe tendue se pendent après s’être pendues dix fois… toujours quand vient la nuit…Des fleurs ! encore des fleurs ! Les lanternes se fanent aussi vite que le cri qui dans le fond s’attarde. Les lumières rendues à un ciel fendu se rendent toujours les premières à l’ennemi ! Toujours !… »
« Je ne suis pas bien dans la présence du désordre des boutiques des centres villes…la vache des fronts de mer se perd tout le temps hors de son champ et je ne la comprends plus. Elle est malade, la vache, de ne plus voir son train, les sabots plantés dans la boue. J’y pense tout le temps. Je roule jusqu’à la plage, mais j’ai laissé passer tant de nuits difficiles… dans le train, les nuits. Malades aussi les nuits, comme sont malades les plages et les coquillages… Je n’ai jamais digéré les coquillages et les bulots ! Je n’ai jamais digéré la nuit et les étoiles, ni les poissons volants qui glacent les cormorans affairés dans leur pêche quotidienne… demain, j’achèterai une chèvre rose ! … Où tu vas chercher des trucs pareils, me crie Paul ! …Arrête de rêver ! ….Minuit repassera demain. Ce soir, il est pris ! Bonne chance !… J’ai décidé de ne plus jamais lire…ce qu’il y a de plus beau, dans un livre, ce sont les traces d’usure sur la couverture… lire, c’est tomber dans le vide, sans que personne ne vous donne la main… L’auteur restera toujours un traître… La main que l’auteur te tend est toujours une ruse ou un piège…la main de ton pire ennemi… en tout cas, cela n’obère rien de bon… Il te laisse à l’orée de la nuit, sans que tu ne puisses plus pénétrer dans la nuit, ni revenir dans la vie ! Avec un livre, tu restes toujours dans cet entre-deux, qui n’est rien! Même pas le simple vide… »