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LES FILMS LES PLUS POÉTIQUES – The Best Poetic Movies

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CINÉMA & POÉSIE

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The Best Poetic Movies
LES FILMS LES PLUS POÉTIQUES
DU MONDE

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1
ANDREÏ ROUBLEV
Андрей Рублёв

1969
Andreï Tarkovski
Avec Anatoli Solonitsyne, Ivan Lapikov, Nikolaï Grinko, Nikolaï Sergueïev

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2
AU HASARD BALTHAZAR

1966
Robert Bresson
Avec Anne Wiazemsky,  Pierre Klossowski

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3
UN CHIEN ANDALOU

1929
Luis Buñuel
Pierre Batcheff, Simone Mareuil

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4
UN CONDAMNÉ A MORT S’EST ÉCHAPPÉ

1956
Robert Bresson
Avec François Leterrier

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5
LES AILES DU DÉSIR
Der Himmel über Berlin
1987
Wim Wenders
Avec
Bruno Ganz, Solveig Dommartin, Otto Sander, Peter Falk

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METROPOLIS
1927
Fritz Lang
Avec Alfred Abel, Brigitte Helm, Gustav Fröhlich, Rudolf Klein-Jogge

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LE MÉPRIS
1963
Jean-Luc Godard
Avec Brigitte Bardot, Michel Piccoli, Jack Palance, Fritz Lang

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LE SEPTIÈME SCEAU
1957
Ingmar Bergman
Avec Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bengt Ekerot, Nils Poppe

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ONCLE BOONMEE
Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures
ลุงบุญมีระลึกชาติ

2010
Apichatpong Weerasethakul

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PARIS, TEXAS
1984
Wim Wenders
Avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell

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KWAÏDAN
怪談
1964
Masaki Kobayashi

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LA BELLE ET LA BÊTE
1946
Jean Cocteau
Avec Jean Marais, Josette Day

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LIMITE
1902
 Mário Peixoto
Avec Olga Breno, Taciana Rei, Raul Schnoor

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LES CONTES DE LA LUNE VAGUE APRÈS LA PLUIE
雨月物語
1953
Kenji Mizoguchi

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PEAU D’ÂNE
1970
Jaques Demy
Avec Catherine Deneuve, Delphine Seyrig, Jacques Perrin, Jean Marais, Micheline Presle

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LE SALON DE MUSIQUE
Jalsaghar
1958
Satyajit Ray

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IN THE MOOD FOR LOVE
花樣年華
2000
Wong Kar-Wei
Avec Tony Leung, Maggie Cheung

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LES FRAISES SAUVAGES
Smultronstället
1957
Ingmar Bergman
Avec Victor Sjöström, Bibi Andersson, Ingrid Thulin

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APRÈS LA PLUIE
雨 あがる
1999
Takashi Koizumi
Avec Akira Terao

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THÉRÈSE
1987
Alain Cavalier
Avec Catherine Mouchet

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LE SAMOURAÏ
1967
Jean-Pierre Melville
Avec Alain Delon, François Périer, Nathalie Delon, Cathy Rosier

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HANA-BI
はなび
1997
Takeshi Kitano
Avec Beat Takeshi, Kayoko Kishimoto, Ren Osugi, Susumu Terajima

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L’ÂGE D’OR
1930
Luis Buñuel
Avec Gaston Modot, Lya Lys

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YOYO
1965
Pierre Étaix
Avec Pierre Étaix, Claudine Auger, Luce Klein

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IN WEITER FERNE, SO NAH
Si loin, si proche !
1997
Wim Wenders
Avec Otto Sander, Bruno Ganz, Nastassja Kinski

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PICKPOCKET
1959
Robert Bresson
Avec Martin La Salle, Marika Green, Jean Pelegri

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MESHES OF THE AFTERNOON
1943
Maya Deren et Alexander Hammid

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ERASERHEAD
1977
David Lynch
Avec Jack Nance, Charlotte Stewart, Jeanne Bates, Jack Fisk


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LES VACANCES DE MONSIEUR HULOT
1951
Jacques Tati

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FINIS TERRAE
1929
Jean Epstein

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L’ENFANCE D’IVAN
Иваново детство
1962
Andreï Tarkovski
Avec Vladimir Bogomolov, Mikhaïl Papava

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2046
2004
Wong Kar-Wai
Avec Tony Leung Chiu-wai, Zhang Ziyi, Gong Li, Maggie Cheung

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HOLY MOTORS
2012
Leos Carax
Avec Denis Lavant, Édith Scob, Eva Mendes, Michel Piccoli, Kylie Minogue

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KORIDORIUS
Corridor
1995
Sharunas Bartas

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Сталкер
STALKER
1979
Andreï Tarkoski
Avec Alexandre Kaïdanovski, Anatoli Solonitsyne, Nikolaï Grinko

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SAYAT NOVA
La Couleur de la grenade 
Tsvet granata
1969
Sergueï Paradjanov
Avec Sofiko Tchiaoureli

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POST TENEBRAS LUX
2012
Carlos Reygadas

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ONLY LOVERS LEFT ALIVE
2014
Jim jarmush
Avec Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska, Anton Yelchin, John Hurt

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L’AN 01
1973
Jacques Doillon
(réalisation avec Alain Resnais et Jean Rouch)
Avec Daniel Auteuil, Josiane Balasko, François Béranger, Isabelle de Botton,
Romain Bouteille, Gérard Depardieu, Cabu, Antoine Carillon, François Cavanna, Professeur Choron, Christian Clavier ,Coluche…

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NOSTALGHIA
1983
Andreï Tarkovski
Avec Oleg Yankovski, Domiziana Giordano, Erland Josephson

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DOGVILLE
2003
Lars von Trier
Avec Nicole Kidman, Stellan Skarsgård, Harriet Andersson, Lauren Bacall

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TOUKI BOUKI
1973
Djibril Diop Mambety

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LES PARAPLUIES DE CHERBOURG
1964
Jacques Demy
Avec Catherine Deneuve, Nino Castelnuovo, Anne Vernon

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THEMROC
1973
Claude Faraldo
Avec Michel Piccoli, Béatrice Romand, Jeanne Herviale, Marilù Tolo, Francesca Romana Coluzzi, Romain Bouteille, Coluche, Patrick Dewaere, François Dyrek, Michel Fortin, Henri Guybet, Miou-Miou

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KONTROLL
2003
Nimród Antal
Avec Sándor Csányi, Zoltán Mucsi

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Солярис
SOLARIS
1972
Andreï Tarkovski
Avec Natalia Bondartchouk, Donatas Banionis

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THE WIND WILL CARRY US
باد ما را خواهد برد
Le vent nous emportera
1999
Abbas Kiarostami

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LE JOURNAL D’UN CURÉ DE CAMPAGNE
1951
Robert Bresson
Avec Claude Laydu, Adrien Borel, Rachel Berendt

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LE SACRIFICE
OFFRET
1986
Andreï Tarkovski
Avec Erland Josephson, Susan Fleetwood, Valérie Mairesse, Allan Edwall

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A LA VERTICALE DE L’ÉTÉ
Mùa hè chiều thẳng đứng
2000
Trần Anh Hùng

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LE CUIRASSE POTEMKINE
 Броненосец «Потёмкин
1925
Sergueï Eisenstein

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LES DEMOISELLES DE ROCHEFORT
1967
Jacques Demy
Avec Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Jacques Perrin, Gene Kelly, Danielle Darrieux

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BERLIN – SYMPHONIE D’UNE GRANDE VILLE
1927
Walther Ruttmann

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LE VOYAGE DANS LA LUNE
1902
Georges Méliès

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LES AMANTS DU PONT NEUF
1991
Leos Carax
Avec Juliette Binoche, Denis Lavant, Klaus Michael Grüber, Marie Trintignant

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LA TÊTE EN FRICHE
2010
Jean Becker

Gérard Depardieu, Gisèle Casadesus, Claire Maurier, Jacqueline Chazes, Maurane, François-Xavier Demaison, Anne Le Guernec, Jacqueline Chazes, Amandine Chauveau, Jacqueline Chazes, Sophie Guillemin, Florian Yven,Patrick Bouchitey, Régis Laspalès, Jean-François Stévenin

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LES FILMS POÉTIQUES

LE SERPENT AUX MILLE COUPURES – ERIC VALETTE ORCHESTRE L’HARMONIE DES SPHERES DU MAL

CINEMA FRANCAIS
Thriller

Eric Valette
LE SERPENT AUX MILLE COUPURES
(2017)
L’HARMONIE DES SPHERES DU MAL

 

 

Un homme s’affaire dans une vigne. Non loin de lui, un cyclomoteur. La nuit est là qui cache. Les gendarmes chassent. La mafia fait ses affaires. Un couple inquiet veille.

Éric Valette pose le décor de son dernier thriller un Sud-Ouest endormi aux portes de Toulouse. Il  adapte ici le roman policier de DOA, Dean On Arrival, paru en 2009, aux Editions Gallimard.

Tomer Sisley roule, marche et tire. C’est le solitaire qui, tel un aimant, attire les misères du monde et augmente en intensité la violence sournoise qui couve. Les groupes sociaux qui s’organisent dans le Serpent aux mille coupures ne glissent pas les uns à côté des autres. Ils ne s’entremêlent pas.  Les rencontres se font dans la douleur, la peur, la crainte, la soumission.  Tomer Sisley se glisse jusqu’à se nicher au cœur d’une ferme martyrisée par une partie de la population locale. Il se glisse dirait Baudelaire comme « un serpent qui danse Au bout d’un bâton. » Un serpent qui ne mord que si on l’attaque. C’est un homme poursuivi, dangereux, mais nous ne saurons pas ce qu’il nous cache. Éric Valette retrace la route de ce cavalier motorisé sur sa route dans sa chevauchée destructrice.

 « La balle cède devant le mot, parce que le mot s’élève dans l’harmonie des forces en présence et fait surgir une énergie que les puissances matérielles ne peuvent contenir… » (José Rizal). L’énergie est désormais celle du mal et des armes. Silence. Plus un mot. Aux armes !

Même avant son arrivée sur ces terres toulousaines, les hommes se battent et se font peur. Sa venue amènera un déchainement de violence. « Ce que le mal viole, ce n’est pas le bien, car le bien est inviolable ; on ne viole qu’un bien dégradé. » (Simone Weil – La Pesanteur et la Grâce). Et il y a bien longtemps que le bien n’est pas venu trainer ces guêtres dans nos contrées vinicoles et ailleurs.

Les groupes ne communiquent plus entre eux. Chacun observe ce que l’autre peut lui prendre. Le couple se voit dépossédé de son bétail, de sa tranquillité, les paysans sont dépossédés de leurs terres, la mafia de sa livraison, les gendarmes (avec Pascal Greggory livide, Stéphane Henon abasourdi) perdus dans la complexité du monde et effarés devant le pouvoir du mal…Cette survie n’est possible que par une solidarité, une loyauté. Il n’y a plus de contrat social. Le monde est KO.

Notre solitaire n’est ni bon ni mauvais. C’est un homme poursuivi qui se terre. Que le « soleil brille pour tout le monde » comme le souhaitait John Ford, restera un vœu pieu bien longtemps encore. Le bien se niche bien quelque part, mais si peu que sa lueur n’éclaire plus rien. Il n’y a plus de promesses, il ne reste que des doutes et des crises existentielles.








Dans ce premier Far Sud-Ouest, le monde vit dans la boue. Eric Valette filme la misère du monde. De ces groupes qui se fixent leurs règles et n’en font qu’à leur loyauté. Le reste ne vaut rien. Les paysans du sud-ouest ne se sont ni plus mauvais, ni plus bêtes que les autres, ils sont dépossédés de leurs traditions, de leurs terres et regardent arriver les nouveaux arrivants, les exotiques règlements de compte des mafias colombiennes, espagnoles, italiennes (Stéphane Debac, Terence Yin aux yeux bleus… ) Le monde n’est pas poétique. Ils ne comprennent plus rien et se défendent contre un pauvre agriculteur noir qui ne cherche qu’à survivre. Tomer Sisley erre tout autant et essaie de survivre comme les autres, comme les gendarmes, les paysans (Guillaume Destrem, Jean-Jacques Lelté), le barman (Gérald Laroche), le couple d’agriculteurs (Cédric Ido et Erika Sainte).

Le monde du Serpent aux mille coupures montrent ce monde libéralisé où les marchandises et les trafics, les mafias et les affaires gangrènent  l’ensemble de la société jusqu’aux paysans reculés qui semblaient encore protégés. C’est un monde en crise, déstructurant où se qui se passait à Bogota, à Palerme où à Naples, se retrouve dans les vignes de Moissac ou de Fronton. Le monde ancien a disparu recouvert d’une poussière de cocaïne et d’adrénaline. Où les narcotrafiquants ont tous les codes pour naviguer dans cette nouvelle société où les autochtones, eux, se retrouvent totalement déboussolés au milieu des corps mutilés, puzzlisés, celui de Clémence Bretécher ou celui de Guillaume Destrem, au milieu du corps social pulvérisé, façon puzzle aussi.

L’achèvement est à la mort et à la totale destruction. Notre homme seul renaît des cendres. Et nous le retrouvons au port de Sète, devant la mer et le large. Ce n’est qu’un retour au milieu du chaos du monde qui s’est perdu un instant au cœur des vignes et des ceps. Dans le silence, au cœur d’une harmonie des sphères du mal qui grossissent et flottent juste au-dessus de nos têtes. Comme nous retrouvons notre état de Nature, après avoir perdu notre état social et notre moralité. Les lois sont celles du milieu et du plus fort. Retour au droit divin du parrain et du clan qui n’est plus soumis à aucune contestation devant un Etat déboussolé et impuissant.








Dans cette nouvelle société primitive, la liberté commence là où commence la liberté et le corps des autres. Et s’il « faut accepter le mal qu’on nous fait comme un remède à celui que nous avons fait » (Simone Weil, La Pesanteur et la Grâce)…nous avons dû en faire de belles !

Jacky Lavauzelle

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BOLLYWOOD MOVIES Seventies Songs & Movie – Evolution 1970-1979

 BOLLYWOOD MOVIES Seventies
बॉलीवुड
Songs & Movie
गाने  – फ़िल्म
Les années 70 : 1970-1979 -Seventies

L’EVOLUTION DES CHANSONS INDIENNES DANS LE CINEMA DES ANNEES 70

1970

 Heer Raanjha हीर रांझा de Chetan Anand
Chanson Milo Na Tum To Hum

1971

Lakhon Mein Ek de S.S. Balan  ( S. Balasubramanian 1935–2014)
Chanda O Chanda – Lata Mangeshkar chanteuse – Aruna Irani et  Mehmood

1972

Ek Nazar de Babu Ram Ishara (Roshan Lal Sharma – 1934-2012)
Avec Amitabh Bachchan, Jaya Bhaduri, Nadira, Tarun Bose, Manmohan Krishna, Asit Sen, Dulari, Sudhir

Naag panchami  de Babubhai Mistri
Chanté par Kishore Kumar et Lata Mangeshkar
Avec Manher Desai, Vatsala Deshmukh, Sudarshan Dhir, Uma Dutt

1973

Black Mail de Vijay Anand
Avec Dharmendra, Raakhee, Mudan Puri, Shatrughan Sinha
« Pal Pal Dil Ke Paas Tum Rehti Ho » est chanté par Kishore Kumar

Jwar Bhata de Adurthi Subba Raoఆదుర్తి సుబ్బా రావు 1912 – 1975
Avec Saira Banu, Dharmendra, Sujit Kumar, Nazir Hussain, Jeevan, Sunder, Rajendra Nath, Shammi, Jashree T

1974

Ajanabee ( अजनबी, Etranger) de  Shakti Samanta শক্তি সামন্ত (1926-2009) Avec Rajesh Khanna and Zeenat Aman – Les chants par Prem Chopra, Asrani, Madan Puri, Yogeeta Bali, Asit Sen.
Les musiques du film par R.D. Burman.

1975

Sholay शोले  (Braises) de Ramesh Sippy
Avec Dharmendra, Amitabh Bachchan, Amjad Khan, Sanjeev Kumar, Hema Malini, Jaya Bhaduri, Satyendra Kapoor

1976

Sangram  de Harmesh Malhotra
Avec Shatrughan Sinha, Reena Roy, Danny Denzongpa

1977

Parvarish (Upbringing) de Manmohan Desai
Avec Shammi Kapoor, Amitabh Bachchan, Neetu Singh, Vinod Khanna, Shabana Azmi, Kader Khan, Amjad Khan, Tom Alter, Indrani Mukherjee

1978

Don (डॉन) de Chandra Barot
Avec Amithab Bachchan, Zeenat Aman, Pran, Iftekhar, Om Shivpuri, Pincho Kapoor

1979

Sabse Bada Zuari  -The Great Gambler- सबसे बड़ा जुआरी de Shakti Samanta শক্তি সামন্ত (1926-2009)
Avec Amitabh Bachchan, Zeenat Aman, Neetu Singh, Prem Chopra.

LES PLUS GRANDES PERFORMANCES D’ACTEUR – CINEMA

Performances d'acteur
LES PLUS GRANDES
PERFORMANCES
D’ACTEURS
the best performance of actors

1 TIM CURRY
The Rocky Horror Picture Show
Jim SHARMAN – 1975




2 Jack NICHOLSON
SHINING (Stanley KUBRICK -1980)

3 – AL PACINO
SCARFACE (Brian DE PALMA – 1983)

4 – Marlon BRANDO
APOCALYPSE NOW (Francis Ford Coppola)

5 Orson WELLES & Rita HAYWORTH
LA DAME DE SHANGHAI (Orson WELLES – 1947)

6 Uma THURMAN
KILL BILL (Quentin TARANTINO – 2003)

7 Mickey ROURKE
SIN CITY – Quentin TARANTINO & Robert RODRIGUEZ & Frank MILLER – 2005

8 Robert DE NIRO
RAGING BULL (Martin SCORSESE – 1980)

9 Leonardo DI CAPRIO
The Wolf of Wall Street – Le loup de Wall Street (2013)


 

10 Robert MITCHUM
LA NUIT DU CHASSEUR – The Night of the Hunter  (1955 – Charles LAUGHTON)

11 – Anthony PERKINS
PSYCHOSE (Alfred HITCHCOCK – 1960)

12 – Anthony HOPKINS
LE SILENCE DES AGNEAUX (THE SILENCE OF THE LAMBS – Jonathan DEMME – 1991)

13 Bruce LEE
LA FUREUR DU DRAGON (猛龍過江 – WAY OF THE DRAGON – Bruce LEE – 1972)

14 – Peter LORRE
M. LE MAUDIT  – M – Eine Stadt sucht einen Mörder – Fritz LANG – 1931 

15 – Javier BARDEM
MAR ADENTRO
Alejandro AMENABAR – 2004

16- Jim CARREY
THE MASK
Chuck RUSSEL – 1994

17 Nathalie PORTMAN
BLACK SWAN
Darren ARONOFSKY – 2010


 18 – Charlie CHAPLIN
LA RUEE VERS L’OR – THE GOLD RUSH – Charlie CHAPLIN – 1921

19- Bette DAVIS & JOAN CRAWFORD
QU’EST-IL ARRIVE A BABY JANE ? – WHAT EVER HAPPENED TO BABY JANE
Robert ALDRICH – 1962

 20- MARLON BRANDO & AL PACINO
LE PARRAIN – THE GOD FATHER – Francis Ford Coppola – 1972

 21- AL PACINO
UN APRES-MIDI DE CHIEN – DOG DAY AFTERNOON
SIDNEY LUMET – 1976

 22- CHARLIE CHAPLIN
LE DICTATEUR (THE GREAT DICTATOR – Charlie CHAPLIN – 1940)

23 – Jean-Pierre LEAUD
LA MAMAN ET LA PUTAIN
Jean EUSTACHE – 1973

 24 – Tom HULCE
AMADEUS
Miloš FORMAN – 1984

25- Toshiro MIFUNE
LE GARDE DU CORPS – 用心棒
Akira KUROSAWA – 1961


26 – Jean-Louis BARRAULT
LES ENFANTS DU PARADIS
Marcel CARNE – 1945

27 – Dustin HOFFMAN
TOOTSIE
Sidney POLLACK – 1983

28 – Elizabeth TAYLOR & Paul NEWMAN
LA CHATTE SUR UN TOIT BRÛLANT – CAT ON A HOT TIN ROOF
Richard BROOKS – 1958

29- Klaus KINSKI
AGUIRRE, LA COLERE DES DIEUX – AGUIRRE DER ZORN GOTTES
Werner HERZOG – 1972

30- Robert DE NIRO
TAXI DRIVER
Martin SCORSESE – 1976

31- Marlon BRANDO
UN TRAMWAY NOMME DESIR – A STREET CAR NAMED DESIRE – Elia KAZAN – 1951

32- Jules BERRY
LES VISITEURS DU SOIR
Marcel CARNE – 1942


33 – Ricardo DARIN
LES NEUF REINES – NUEVE REINAS – Fabian BIELINSKY – 2000

34 – James DEAN
LA FUREUR DE VIVRE – REBELWITHOUT A CAUSE –  Nicholas RAY – 1955

35 – Bruno GANZ
LA CHUTE – Der UNTERGANG
Oliver Hirschbiegel – 2004

36 – Philip Seymour HOFFMAN
TRUMAN CAPOTE
Bennett MILLER – 2005 

37 Maggie CHEUNG & Tony LEUNG & Jet LI
HERO -英雄 -Zhang Yimou – 2002

38 – Michel SIMON
L’ATALANTE – Jean VIGO – 1934

39- Charles LAUGHTON
Témoin à charge (Witness for the Prosecution – Billy Wilder – 1957)

40 – Tony CURTIS & Jack LEMMON & Marylin MONROE
CERTAINS L’AIMENT CHAUD – SOME LIKE IT HOT – Billy WILDER – 1959

41- Louis de FUNES
LES AVENTURES DE RABBI JACOB – Gérard OURY – 1973

42 – Anatoli Alekseïevitch SOLONITSYNE
ANDREÏ ROUBLEV – Андрей Рублёв – Andreï TARKOVSKI – 1966

43- Klaus KINSKI
NOSFERATU, FANTÔME DE LA NUIT – PHANTOM DER NACHT
Werner HERZOG -1979

44 – Gregory PECK
LA MAISON DU DOCTEUR EDWARDES – SPELLBOUND – Alfred HITCHCOCK – 1945

45 – Mickey ROURKE
THE WRESTLER
DARREN ARONOFSKY – 2009

46 – Jeff BRIDGES & John GOODMAN
THE BIG LEBOWSKI
Joël & Ethan COEN – 1998


47 – Malcom McDOWELL
ORANGE MECANIQUE – A CLOCKWORK ORANGE – Stanley KUBRICK – 1971

48- Marion COTILLARD
LA MÔME – Olivier DAHAN – 2007 

49- Toshirō MIFUNE
BARBEROUSSE – 赤ひげ
Akira KUROSAWA – 1965

 50- Alain DELON
MONSIEUR KLEIN – Joseph LOSEY – 1976

 51- Markku PELTOLA
L’HOMME SANS PASSE – Mies vailla menneisyyttä – Aki KAURISMÄKI – 2002

52- BJÖRK
DANCER IN THE DARK
LARS VON TRIER – 2000

53- Victor SJÖSTRÖM
LES FRAISES SAUVAGES –  Smultronstället – Ingmar BERGMAN – 1957

54- R. Lee Ermey
FULL METAL JACKET
Stanley KUBRICK – 1987

55 – Montgomery CLIFT
TANT QU’IL Y AURA DES HOMMES – From Here to Eternity – Fred ZINNEMANN – 1953

56 – Alain DELON
LE SAMOURAÏ
Jean-Pierre MELVILLE – 1967

 57 – Vittorio GASSMAN & Alberto SORDI
LA GRANDE GUERRE – La Grande Guerra- Mario MONICELLI – 1959

58 – Will SMITH
ALI – Michael MANN – 2001

59 – Gary OLDMAN
DRACULA – BRAM STOCKER’S DRACULA – FRANCIS FORD COPPOLA – 1992

60 – Tom HANKS
SEUL AU MONDE – CAST AWAY – Robert ZEMECKIS – 2000

61- Katy BATES & James CAAN
MISERY – Bob REINER – 1990

62 – Emil JANNINGS
LE DERNIER DES HOMMES – DER LETZTE MANN – Friedrich Wilhelm MURNAU – 1925

63 – Holly HUNTER
LA LEçON DE PIANO – THE PIANO
Jane CAMPION – 1993

64 – Renée FALCONETTI
JEANNE D’ARC (1928 Jacques DREYER)

 

LES FRAISES SAUVAGES (Bergman) Vers la paix intérieure

Ingmar BERGMAN
LES FRAISES SAUVAGES
Smultronstället
1957

Les Fraises Sauvages Bergman Ingmar 1957 Artgitato
VERS LA PAIX INTERIEURE

Vers la réconciliation. Du froid et de l’immobile à la vie. Vers une renaissance. C’est le chemin que va prendre  Isak (Victor Sjöström). Isak nous prend avec lui et se transforme tout au long de la route qui va a Lund. Déjà, dans la Charrette Fantôme (1921), Victor Sjöström nous avait pris, comme réalisateur et comme acteur, dans sa charrette et Victor-David Holm avait changé aussi au côté de la Mort. « Âme prisonnière, sors de ta prison! »

  • DE LA SOUFFRANCE A LA PASSION

C’est un notable reconnu qui se présente à nous.

Comme Faust, il a « accumulé sur lui tous les trésors de l’esprit humain ».
Reconnu par ses pairs, sa vie s’achève. C’est l’heure du bilan.
Presque l’heure du testament à l’heure où l’Université de Lund s’apprête à fêter son jubilée.« Ce qui, au début, était un pénible gagne-pain, s’est transformé par la suite, peu-à-peu, en étude passionnée de la science » souligne-t-il d’abord dans son autoportrait.

C’est un être de solitude qui « a renoncé à toute vie prétendument social ». Dans ce grand bureau, vouté, courbé. Il a trouvé la vie et l’intérêt dans ses livres. Il a fait un choix. Il a renoncé à vivre une partie de sa vie. Il a laissé un pan de son existence en jachère et il va découvrir autour de lui des êtres morcelés. Le voyage qu’il fait avec sa bru aura pour lui l’effet d’une révolution intime. C’est un être qui va changer. Qui va se redresser. Qui va s’ouvrir et respirer.  Qui d’abord se voit et ne reconnaît plus ce bois mort sans âme.

Tel Ulysse, Isak va faire un beau voyage. L’Odyssée dura 10 ans, l’errance d’Enée 7 ans, Isak dispose de 14 heures. Il va donc falloir commencer très fort et durement. D’abord un rêve « étrange et très impressionnant » servira de révélateur ;  ensuite sa bru sera l’électrochoc.

  • « A L’AIDE ! »

Au premier rêve, il se fait peur. Ce lui-même qui lui tend la main, sorti du cercueil, est un autre. Le cercueil qui s’ouvre, c’est déjà le mort qui revit, qui refuse son état et demande de l’aide. C’est la main tendue du désespéré. Sa première décision sera la bonne. Prendre la voiture, ne pas prendre l’avion et faire le voyage. C’est déjà prendre le temps. Et pour un presque mort, prendre le temps, c’est déjà un peu le posséder, c’est se tourner vers la vie.

C’est ce que ne comprend pas sa gouvernante qui a pourtant tout organisé. Dès qu’il se lève, il ouvre les rideaux et voit le ciel et le soleil. Sa décision est prise. Il quitte la nuit. Il faut maintenant faire de ces « quatorze heures devant lui » les heures les plus importantes de la vie, amener de la folie, de la vie, dans son univers beaucoup trop sérieux, rangé, organisé.

La cloche lourde qui sonne à la première image donne le ton d’un temps déjà révolu. Le temps du glas. Dans son rêve, il est seul, même avec l’autre qui lui tourne le dos et qui a les yeux et la bouche closes. Les fenêtres et les portes sont cachées. Les aiguilles ont disparu des cadrans. Il n’existe plus. Il est mort. Il est dans le temps de la mort, « pour lui, un seul jour dure un siècle » (La Charrette magique). Il n’y a plus de temps, mais il y a un regard. Il suffit d’ouvrir aussi les yeux. Peut-être regarder différemment.
Puis, voici venu le temps de la renaissance.

« IL FAIT LOURD ! JE CROIS QU’ON VA AVOIR L’ORAGE ! » (Isak)

Quand sa bru, Marianne, parle de lui, il ne se reconnaît pas non plus. Les propos durs de sa bru le touche en plein cœur, il y voit l’étendue des désastres commis autour de lui : « d’abord tu es affreusement égoïste et à tes yeux personne ne compte. Tu ne crois qu’en toi. Tu n’écoutes aucun conseil. Mais bien sûr on ne le sait pas parce que tu poses en vieux monsieur courtois et que tu sais être gracieux et charmant. Mais au fond tu es un égoïste. C’est bien à tort qu’on te cite comme un ami de l’humanité souffrante… » A cela, il marmonne « Tu en es sûr ! Qu’ai-je ajouté d’autre ? J’ai dit ça ? »

Marianne, pourtant ne le déteste pas, elle le plaint.
Elle apparaît dure, presque méchante. Qui a-t-il bien pu tuer pour mériter ça ? En fait la mutation a déjà commencé. Un autre Victor est là, mais elle ne le voit pas encore.  Je pense à Gregor Samsa, dans La Métamorphose de Kafka, ce mélange de rêve, de réalité, de souffrance au son du temps de la pendulette. La transformation est là, mais pas visible d’emblée.
Petit à petit, se fait la découverte.

LE RÊVE BLANC :

  • « CE QUE TU ES JOLIE QUAND TU DEVIENS TOUTE ROSE DE COLERE » (Siegried)

L’entrée dans le rêve arrive le moment d’une première escale dans la maison de son enfance : «Peut-être étais-je quelque peu sentimental. Peut-être aussi étais-je fatigué et enclin à une mélancolique nostalgie. …  Je ne sais comment cela est arrivé, mais la claire réalité du jour a glissé vers les images plus claires encore des souvenirs. Et ces images se présentaient avec l’intensité d’évènements réels ».

Isak ne se remémore pas un moment du passé. Il vit un moment passé qu’il n’a jamais vécu. Comme un morceau du puzzle qui manque à sa vie.
Il se cache tel un voyeur comme pour ne pas troubler la scène. Il y a son frère et sa cousine Sara. Lui est absent de la scène. Il est touché. Viens le repas dans une blancheur extrême. Le blanc sur fond blanc, cheveux, nappe, coiffe, rideaux, habits, serviettes, verre de lait, bougies, papier, dos d’une œuvre d’art, assiette, coiffe, casquette…Nous sommes au paradis. Il y a des anges, de la musique et des rires. Et quand la tension monte, Charlotte et Sarah, se réfugient dans l’escalier sombre où les barreaux marron rayent l’écran.

  • « NON, HELAS ! C’EST ABRAHAM QUI ETAIT L’EPOUX DE SARAH » (Isak)

La fille qui le surprend dans ses pensées s’appelle aussi Sarah et ressemble en effet à sa cousine Sarah.
Elle aussi est avec deux garçons et ne semble pas pressée de choisir. Il la prend dans la voiture.
Et l’on passe à 5. C’est un peu de son passé qu’il ramène physiquement en ramenant la jeunesse en partance pour l’Italie. Les deux garçons, derrière, c’est Isak et Siegfried. Les temps se percutent, tels des atomes qui s’échauffent. Elle aime ce papy qui fait de l’ironie, « c’est fantastique ! ».

Un peu comme dans Faust, le professeur avait la gloire et la reconnaissance. Mais revivre en pleine jeunesse ! Sarah est là derrière lui, dans son rétroviseur.  Faust dit lui à Méphistophélès : « Laisse-moi jeter encore un regard rapide sur ce miroir ; cette image de femme était si belle ! »

  • « ELLE A SON HYSTERIE, J’AI MON CATHOLICISME » (Alman, le catholique)

Un accident est évité.
La voiture en face part dans le fossé, comme le couple qu’elle transporte. Le couple catholique-hystérique, elle, Berit, et lui, Alman, se haïssent mais sont toutefois inséparables. Alman, catholique immonde dans sa conduite, au rire et à l’attitude démonique.
Berit, l’hystérique, autrefois belle, supportant son mari jusqu’à la crise de nerfs. D’emblée la faute, c’est la femme. C’est elle la responsable : « C’est ma femme qui conduisait. Permettez aux assassins de se présenter. Et là-bas, c’est ma femme ! Approche ! Et demande pardon ! ». Elle, soumise, reconnaît  les accusations de son mari : « C’est ma faute entièrement. Je conduisais et j’allais donner une gifle à mon mari, quand le virage est arrivé. Ça nous apprendra. Dieu nous a punis, je suppose. Toi qui es catholique, tu dois savoir ça ! ».

Le couple s’est bâti sur cette opposition union de l’amour-haine, de la faute et du repentir.

  • « NOUS ON OUBLIE RIEN, VOUS SAVEZ DOCTEUR ! (le pompiste)

Les pompistes qui accueillent sont éternellement reconnaissants « au meilleur de tous les docteurs ! ».
Les gens se souviennent donc de son passage. Il n’est pas tout-à-fait oublié. Il a marqué le cœur des gens. Marianne n’est pas si loin qui entend aussi. Le plein d’essence est offert. « Allez donc parler aux gens de la ville ou des coteaux des environs, ils se souviennent tous de vous et de ce que vous avez fait pour eux. –J’aurai peut-être dû continuer à résider dans la région ? – Oh ça oui ! Vous auriez dû rester ! »
C’est déjà le retour de l’enfant prodigue.

  • « LE PLUS SAGE EN CE MONDE IMMENSE EST LE PLUS IVRE » (Victor Hugo)

La tension n’existe déjà plus dans le repas.
Déjà, après le pompiste, Marianne avait-elle pris le bras d’Isak, amicalement, tendrement. Maintenant, ils sont tous les cinq attablés. Le rire est là : « je ne pense pas qu’ils riaient seulement par politesse ». « Au cours du déjeuner qui fut très agréable, je me suis un peu animé. J’ai bu du vin pendant le déjeuner et du porto après le café ».
Ceux qui s’enflamment sont les deux jeunes garçons, le religieux et le rationaliste. Toutes ces disputes lui semblent vaines désormais, l’important, il le sait maintenant est ailleurs, et quand on le force à donner son avis soit il botte en touche, « je crois sage de ne rien dire », soit il commence un poème repris à deux autres voix, celles de Victor et de Marianne. « Je vois ses traces pour tout, je sais qu’il est présent, partout où la sève monte, où embaume une fleur et où s’incline le blé doré. Je le sens dans l’air léger, quand le souffle le caresse et que je respire avec délices et j’entends sa voix qui se mêle au chant de l’été ».

Nous sommes dans l’entente et l’unité. Les trois ne font qu’un. Plus de jeunesse, plus de vieillesse et de mort. L’unisson.

« PUIS-JE LA LUI DONNER, QUOIQU’ELLE N’AIT PAS D’AIGUILLE » (La mère d’Isak)

La mère est là, dans sa grande maison isolée, isolée aussi des gens et de sa famille. Seule, malgré dix enfants, vingt petits enfants.

« Personne ne vient jusqu’ici…Je sais que je suis une ennuyeuse vieille dame. J’ai aussi un autre défaut : je suis encore en vie». Elle n’est pas étonnée pourtant de voir Isak.
Elle lui montre une poupée, des vieilles photos, des livres de ses sœurs et de ses frères, de Siegried et aussi la montre de son père qu’elle souhaite offrir au fils de Siegried. Si Isak est ému, c’est le visage de Marianne qui se transforme. Sans dire un mot, elle la regarde terrorisée. Sa bouche se crispe.
Elle est effrayée par cette mort ambiante, que porte cette famille, de la grand-mère à son mari. Effrayée de voire qu’elle porte aussi cette mort en elle par l’enfant qu’elle attend.
Elle dira plus tard, la cause de son effroi : « En te voyant auprès de ta mère tout à l’heure, j’étais prise d’une terreur plus affreuse que je ne saurai le dire. En vous voyant, je me suis dit : elle est sa mère. C’est une vieille femme, glacée jusqu’à la moelle, plus terrifiante que la mort avec son air de cadavre ; et voilà à côté son fils. Et entre ces deux êtres il y a plusieurs années-lumière de  distance. Et le fils dit déjà qu’il est un mort en sursis. Et voici Evald en train de devenir un cadavre. Evald aussi glacé qu’eux. Alors je songeai à l’enfant que je porte dans mon sein. Et j’étais terrorisée, car j’ai pensé tout-à-coup que sur la route on ne rencontrait que la mort et la solitude. Cela conduit pourtant vers quelque chose ? »

  • « JE ME SUIS ENDORMI. ET AU COURS DE MON SOMMEIL, JE FUS POURSUIVI PAR DES RÊVES ET DES IMAGES QUI ME PARURENT TRES REELLES ET TRES HUMILIANTES » (Isak)

« Je ne puis nier que dans ces visions oniriques il y avait une force et un réalisme qui les imposaient à moi avec une intensité presqu’insoutenable ».
Le rêve s’ouvre et se ferme sur une nuée d’oiseau recouvrant l’écran de traits sombres et noirs. Nos messagers sont porteurs de mauvaises nouvelles. En fait, il s’agit de trois épreuves. A la première, il se retrouve devant Sarah. Elle lui montre son visage et lui parle de sa mort. « Voilà comment tu es ! Tu es un vieux bonhomme anxieux qui va bientôt mourir. Moi, j’ai toute une longue vie devant moi. Tu vois, à présent te voilà offensé » Elle le renvoie aussi à son ignorance. Toutes ces années passées à étudier.
Et pourquoi ? « Bien que tu saches tellement de choses, au fond tu ne sais rien ».

  • « VOUS ÊTES COUPABLE DE CULPABILITE » (Alman)

Le chemin de croix continue. Il passe par la crucifixion. Par le jugement. Il s’approche d’une maison. L’encadrement de la fenêtre en croix lui fait face et le clou sur le côté lui blesse la main au sang. C’est ALman qui l’accueille dans cette partie du rêve et devient son examinateur. Il ouvre une porte de salle de classe fermée alors que les élèves attendent déjà à l’intérieur. Ils ne sont donc que des choses. Ils ne bougent ni ne parlent. Un habillage de classe. Lui ne sait plus rien, ne voit plus rien. Ne sais même plus lire. Ne connais même plus le devoir essentiel de tout docteur : « – Le devoir essentiel d’un médecin c’est de demander pardon ! – C’est vrai. J’aurai dû m’en souvenir ». Il ne comprend pas son accusation et lui demande « est-ce une grave accusation ? – Hélas, oui ! » . L’auscultation sera un échec aussi.
Il trouve sa femme morte et celle-ci par aussitôt dans un éclat de rire. Le jugement final tombe : « Vous êtes un incompétent ! »

  • « C’EST A VOTRE FEMME QUE NOUS DEVONS LES ACCUSATIONS ! VOUS N’AVEZ PAS LE CHOIX. VENEZ ! » (Alman)

Au milieu d’une maison brûlée, Isaac voit la scène entre sa femme et un homme.
Certainement le vrai père de son fils. Sa femme se fait séduire et violenter par un homme fruste et animal.
Tout l’inverse d’Isak. Il n’a pas certainement pas compris les désirs secrets de sa femme. Mais cette femme lui semble si distante si étrangère qu’il la regarde presqu’indifféremment. Son « fils » si semblable à lui ne l’a t-il pas façonné plus à son image que cette mère-là. Les rires sataniques de son épouse prise violemment par les cheveux, tout en continuant à rire, ne le troublent pas. « Cette scène s’est déroulée le 2 mai à cet endroit, et vous avez vu, entendu tout ce que ces deux êtres disaient et faisaient ».
Elle ira tout raconter à Isak, pour le faire réagir, elle le dit à son amant repu.
Elle sait ce qu’elle dira et sait aussi ce qu’il répondra : « j’ai à ton égard une infinie pitié. Tu n’as pas à me demander pardon, je n’ai rien à te pardonner.
Il ajoute qu’il comprend tout parfaitement. Il a l’air vraiment très chagriné que tout ça est de sa faute. Mais au fond, c’est son moindre souci » Au fond, dans ses yeux, il comprend l’erreur d’avoir choisi cet être pour l’accompagner dans la vie. Les deux amants partent du bois chacun de son côté.
Ce passage fait penser à celui que l’on trouve dans l’Amour Conjugal d’Alberto Moravia, sorti en 1949, soit 8 ans avant Les Fraises sauvages. Le même regard voyeur.
La même inaction, telle une statue, du mari.

Et l’animalité du couple dans ses ébats.

« Cette fois, je compris tout et je fus saisi en même temps d’un grand froid et d’une grande stupeur de n’avoir pas compris plus tôt…J’aurais voulu ne pas regarder, au moins par respect de moi-même ; au contraire j’ouvrais les yeux tout grands avec avidité…La bouche entrouverte en un rictus moitié de dégoût, moitié de désir, les yeux exorbités, le menton en avant… »

DANS DES CONTORSIONS SPASMODIQUES

« …Et tout son corps confirmait la grimace en une contorsion violente qui ressemblait à une sorte de danse. Puis, je ne sais comment, elle lui tourna le dos et il la saisit par les coudes et elle se contorsionna de nouveau, l’échine contre lui, renversée dans ses bras et cependant lui refusant toujours sa bouche. Je remarquai que, même dans ces contorsions spasmodiques, elle se tenait sur la pointe des pieds et cela me suggéra encore l’idée d’une danse…Je compris soudain que ces jambes étaient celles d’une ballerine, blanches, musclées et maigres, avec des pieds tendus et posés sur la pointe des orteils. Elle renversait le buste et tendait son ventre en avant contre le ventre de son compagnon, lui, demeurant immobile, et cherchant à la redresser et à l’embrasser… »

UNE DANSE SANS MUSIQUE

« …La lune les éclairait tous les deux et ils semblaient véritablement poursuivre une espèce de danse, lui, droit et immobile, elle tournant autour de lui, une danse sans musique et sans règles mais n’obéissant pas moins à son rythme enragé…Je regrettai presque de les voir disparaître »(Chapitres XII et XIII).
Les deux scènes sont installées dans un décor naturel où l’homme et la femme retrouvent des sensations primaires. Le voyeur est glacé dans son immobilité. Le plaisir qu’a sa partenaire par procuration devient presque son plaisir. Isak, le studieux, a aussi été délaissé par Sara pour Siegried, plus fantasque et drôle. Isak n’apparaît pas déçu, certain que la vraie femme de sa vie n’était autre que Sara.

  • « LE CHÂTIMENT SERA COMME TOUJOURS
    LA SOLITUDE » (Alman)

« En effet, tout ici n’est que silence. Et le châtiment, quel sera-t-il ? – Le même que de coutume, la solitude comme toujours –Et il n’y a aucune chance de grâce ? »

  • « J’AI L’IMPRESSION QUE JE VEUX DIRE UNE CHOSE QUE JE ME REFUSE A ENTENDRE QUAND JE SUIS REVEILLE : QUE JE SUIS MORT BIEN QUE JE SOIS VIVANT » (Isak)

Marianne attend un enfant qu’Evald ne souhaite pas. Deux principes s’affrontent. Le principe actif de la vie, de la création et un autre passif, « immobile », de la mort. Un principe mâle et un principe femelle.

Le film est basé sur des confrontations, des rappels, des comparaisons. Les plans, les idées ou les paroles. Souvent les idées  s’enchaînent, s’enchevêtrent. Les propos de la mort d’Isak renvoient au dialogue entre son fils Evald et Marianne. « Est-ce que tu sais qu’Evald m’a déclaré la même chose en parlant de lui ? » Elle lui déclare sa grossesse et le souhait de garder cet enfant. Evald est catégorique : « Il est déjà absurde de vivre. Il est encore plus absurde de repeupler la terre ». Devant l’accusation de Marianne, Evald reconnaît qu’il est lâche : « oui, c’est vrai, cette chienne de vie me donne la nausée et je ne veux pas prendre une responsabilité qui me forcera à vivre un jour de plus que je ne le veux… Toi, tu as un besoin infernal d’être vivante, de vivre, d’exister dans la vie, de créer de la vie…Moi, j’ai besoin d’être mort, immobile pour l’éternité ».

  • « AU MILIEU DE LA CEREMONIE, JE ME SURPRIS A REPENSER A TOUS LES ELEMENTS DE CETTE EXTRAORDINAIRE JOURNEE » (Isak)

Il est ému par l’hommage et les fleurs des jeunes, il prend  la valise des mains de la gouvernante. Il est attentif aux paroles qu’échangent Evald et Marianne.
Lors du défilé du jubilée, sorte d’enterrement triste et ennuyeux, il est le seul à se faire distraire et à sourire.
Il a compris. « C’est à ce moment que j’essayais de reconstituer et de noter tout ce qui m’était arrivé. Il me semblait entrevoir une certaine logique, une étrange causalité dans les fils embrouillés des évènements et des coïncidences ».
Il fait des excuses à sa gouvernante, qui, étonnée, lui demande même s’il n’est pas souffrant.
Et veut même la tutoyer. Sara, la jeune fille de la voiture, lui déclare une flamme inattendue, de la pelouse.

Il est devenu Juliette et elle Roméo : « tu as compris que c’est toi que j’aime. Je t’aime aujourd’hui et je t’aimerai demain. Je t’aimerai tous les jours ». Evald semble se réconcilier avec sa femme « je lui ai demandé de rester avec moi ».
Les baisers que lui donne Marianne sont doux et tendres, une main lui caresse les cheveux : « j’ai été heureux de t’avoir avec moi – J’en ai été ravie – Tu sais, je t’aime bien Marianne –Et je t’aime bien aussi, père ».

Il retrouve son père au bord de l’eau. Tout est apaisé. Comme David dans la Charrette magique, il a profité de son sursis. Il a écouté les conseils de la mort, il a fait grandir son âme :

« SEIGNEUR, QUE TON ÂME GRANDISSE AVANT D’ÊTRE EMPORTEE »

Jacky Lavauzelle

MILLION DOLLAR BABY – LA BOXE AU COEUR

 Clint Eastwood
MILLION DOLLAR BABY
2004

Million Dollar Baby Artgitato Eastwood

 La Boxe au cœur

« Personne ne t’a-t-il dit que ces yeux audacieux, Ces doux yeux audacieux, Ces doux yeux, devraient être mieux avisés ? Ou avertie du désespoir que connaissent Les papillons qui se brûlent les ailes ? J’aurais pu t’avertir ; mais tu es jeune, Ainsi nous parlons une langue différente. Ô, tu prendras tout ce qui s’offre, Et rêveras que le monde est tout amitié ; Tu souffriras comme ta mère a souffert, Et sera brisée, comme elle, pour finir ; Mais je suis vieux, tu es jeune, Et je parle une langue barbare » (Yeats, Deux ans plus tard)

LA BOXE, C’EST CONTRE NATURE,
TOUT MARCHE A L’ENVERS !

Le mouvement le plus sûr n’est pas nécessairement droit devant. En boxe plus qu’ailleurs. Il faut tout oublier, se mettre d’abord à nu, puis ensuite apprendre au plus profond les règles fondamentales. C’est le rôle de l’entraîneur Frankie Dunn (Clint Eastwood). Et Dunn à l’envers donne Nud, Nude, Nu.

IL FAUT DECAPER JUSQU’A L’OS

La nudité va plus loin que le vernis, elle va profond, jusqu’à l’os. Il faut que tout se vide. Pour qu’enfin l’être se remplisse.  « Pour fabriquer un boxeur, il faut décaper jusqu’à l’os. Il ne suffit de leur dire d’oublier tout ce que l’on a appris. Il faut les épuiser jusqu’à ce qu’ils n’écoutent plus que toi, qu’ils n’entendent plus que toi, qu’ils ne fassent plus que ce que tu leur dis. Rien d’autre. Leur expliquer comment garder leur équilibre et faire perdre le sien à l’adversaire. Comment faire partir l’impulsion d’un orteil et fléchir les genoux. Comment continuer à se battre en reculant pour décourager l’autre de te poursuivre, et ainsi de suite, et, quand on a tout vu, on recommence encore et encore, jusqu’à ce qu’ils croient qu’ils ont ça dans le sang ».

« A NOUS QUI SOMMES VIEILLES, VIEILLES ET GAIES, O SI VIEILLES » (Yeats, L’Île du lac d’Innisfree)

Le personnage de Frankie prend à contrepied l’image que chacun se fait d’un entraîneur un peu mafieux. Si la carapace est dure, le cœur est tendre. « Ils trouvèrent un vieil homme qui y courait…il avait l’œil vif d’un écureuil » (Yeats, Baile et Aillinn). Il ne tardera pas à prendre sous son aile l’oiseau mazouté par la vie qu’est Hilary Swank (Maggie Fitzgerald). Il apprend le gaëlique pour lire le poète irlandais dans le texte. Il est soigneur et poète. Il soigne les plaies du corps et tente de comprendre comment se referment celles de l’âme. D’où son incessant questionnement auprès du curé. « Je chevauchai le long des plaines du rivage, où tout est nu et gris » (Yeats, Le voyage d’Usheen).

TU EXPRIMES TES EMOTIONS, C’EST BIEN !

Frankie et Eddie ‘Scrap’ (Morgan Freeman) sont les deux vieux amis qui vivent leurs souvenirs et leurs regrets aussi ? « Vieux arbres brisés par la tempête, Qui projettent leurs ombres sur le chemin et le pont » (Yeats, En souvenir du Commandant Robert Gregory). Ils se connaissent par cœur et au travers du cœur : « Tu fais des progrès à ce que je vois. Tu exprimes tes émotions, c’est bien ! »

« CE QUE JE TE DEMANDE CE N’EST PAS DE COGNER DUR,
C’EST DE COGNER JUSTE ! »

Une fois nu, le travail peut commencer. Marcher et respirer. Apprendre à se tenir. Comme un nouveau-né. Il lui faut ensuite quatre à cinq ans pour que celui-ci marche et parle et puisse commencer à vivre, à se défendre, à argumenter. Il faut quatre ans aussi pour faire un véritable boxeur. Hilary doit réapprendre à frapper, à bouger, à tenir son menton, son buste.

TE FAIRE PERDRE L’EQUILIBRE

A tourner, à avancer et reculer, à savoir prendre pour donner. « Dis-toi que ce n’est pas un sac. Il faut d’abord que tu t’imagines que c’est un homme et qu’il bouge sans arrêt. Il te tourne autour et puis, il s’éloigne de toi. Il ne faut pas que tu essaies de frapper quand il vient vers toi, parce que le résultat, c’est qu’il va te repousser et que les coups ne porteront pas, il va les amortir et te faire perdre l’équilibre. Donc tu ne le perds pas des yeux, tu lui tournes autour. La tête bien mobile. Toujours une épaule bien en arrière, toujours prête à lui balancer une bonne frappe, le menton bien rentré… »

AU LIEU DE FUIR LA DOULEUR, TU VAS LA CHERCHER !

Ensuite, connaître ses limites. « S’il y a de la magie dans la boxe, c’est la magie du combat livré au-delà de ses propres limites, au-delà des côtes fêlées, des reins brisés, des rétines décollées. La magie qui fait qu’on prend tous les risques pour un rêve qu’on est seul à connaître».

« S’IL N’Y AVAIT POINT DE JOIE SUR TERRE, RIEN NE CHANGERAIT ET NE NAÎTRAIT PLUS » (Yeats, Les Voyages d’Usheen)

« Elle avait grandi avec une certitude : elle ne valait rien ! ». La frappe et la rage de Hilary montre à chaque pas l’étendue de la faille. Le cratère est immense, et les dons de Frankie ne pourront pas complètement le gommer. C’est un petit chat perdu dans notre monde.

C’EST QU’EN BOXANT QUE JE ME SENS BIEN !

« J’enterre une année de plus à entasser des piles d’assiettes et des steaks. Et je fais ça depuis l’âge de treize ans… A côté de ça, mon frère est en prison, ma sœur a perdu son bébé et elle arnaque les services sociaux en leur faisant croire qu’elle l’élève. Mon père est décédé et ma mère pèse cent vingt kilos. Alors, si j’étais réaliste, je retournerais vivre là-bas, j’achèterais une caravane d’occase, une friteuse, de la bière, du beurre de cacahouète. Mon problème, c’est qu’en boxant que je me sens bien. Alors, si je suis trop vieille, j’aurais tout raté ! » Il lui reste toute sa fierté et son courage, sa rage. Elle fonce dès le début du combat. Elle broie ses adversaires. Les émiette. Une extrême force et pourtant si fragile…

« Mais certaines blessures sont trop profondes, trop près de l’os. On a beau faire, elles ne s’arrêteront jamais de saigner »

Jacky Lavauzelle

LES ENFANTS DU PARADIS de Marcel CARNE : LA FRAGILITE DU DEVOILEMENT INTERIEUR

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Marcel CARNE

LES ENFANTS DU PARADIS

1945

 

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LA
FRAGILITÉ
DU DÉVOILEMENT 
INTÉRIEUR

Jacky Lavauzelle

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  • VOUS Y PENSEREZ LE JOUR ET VOUS EN RÊVEREZ LA NUIT !

La caméra qui suit la foule sur le boulevard du crime, passe les haltérophiles, les funambules et les singes.
C’est la vie grouillante et populeuse qui se touche, qui s’entrechoque. La caméra s’arrête au porte du rideau, là où le voile cache. Les gens y rentrent les uns après les autres. Nous sommes dans un espace religieux. Le calme précède le spectacle. Il prépare notre vision à l’unique, au surnaturel. La beauté n’est pas un bien commun. On y va en pèlerinage. « Quand vous l’aurez vu, vous y penserez le jour, vous en rêverez la nuit…On ne paie qu’en sortant ». Les gens paieront, c’est sûr. Ils oublieront leur pingrerie. Assommés encore de tant de beauté.
Quelque chose brillera plus dans le cœur que quelques pièces de monnaie dans la poche.

  • LA VERITE JUSQU’AUX EPAULES

La vérité n’est pas dans la rue, la vérité est ailleurs.
Dans la rue, il n’y a que des moments de vérité. Quant à la vérité de la beauté, elle est dans son bain. La vérité n’est pas entière. Mais qui pourrait supporter toute la vérité, rien que la vérité.  « Le puits ? N’en parlons plus ! C’est fini ! La clientèle devenait trop difficile. Vous comprenez, la vérité jusqu’aux épaules, ils étaient déçus (Garance-Arletty) – Bien sûr, les braves gens davantage. Rien que la vérité, toute la vérité, comme je les comprends ! Le costume vous allez à ravir ! (Pierre-François Lacenaire – Marcel Herrand) – Peut-être, mais c’est toujours le même ! – Quelle modestie et quelle pudeur ! – Oh ! Ce n’est pas ça, mais ils sont vraiment trop laids ! – Oh c’est vrai qu’ils sont trop laids ! ».

  • LA BEAUTE, UNE INSULTE A LA LAIDEUR DU MONDE

La vérité et la beauté, dans le même sac, fermé jusqu’à bonne hauteur.
Le comte Édouard de Montray (Louis Salou) ne dira rien d’autre. Le dévoilement, c’est ce qu’on permet aux autres de voir, ce qu’on leur donne à voir du plus profond de notre être et que l’on a enfoui là, tout au fond de nous-mêmes. L’autre, ne peut en saisir qu’une infime partie. Trop lui donner à voir, c’est risquer l’incompréhension, voire la peur et donc la haine. Le Comte de Montray le sait bien, qui s’entoure des plus belles femmes aux parures étincelantes :   « Vous êtes trop belle pour qu’on vous aime vraiment. La beauté est une exception. Une insulte au monde qui est laid. Rarement les hommes aiment la beauté. Ils la pourchassent, simplement pour ne plus y penser, pour l’effacer, pour l’oublier».

  • PUBLIC, JE VOUS AIME !

Parfois, le petit plus de ce que l’on montre peut être l’origine d’une grande faille ou d’un gigantesque désordre. C’est le « Baptiste ! » crié une fois, rien qu’une, en intensité, au théâtre des funambules par Nathalie (Maria Casarès). Quand Baptiste se montre gai, c’est parce qu’il est trop plein de cet amour qui le subjugue, qui l’inonde à le noyer. Alors, il sourit. Il «brille ». Parfois, le petit plus qu’on donne permet à celui qui donne et à celui qui reçoit de retrouver de la sérénité : (Frédéric Lemaître-Pierre Brasseur) « Quand je joue, je suis éperdument amoureux et quand le rideau tombe, le public s’en va avec mon amour. Vous comprenez, je lui en fais cadeau au public, de mon amour. Il est bien content et moi aussi. Je redeviens sage, calme, libre. Tranquille comme Baptiste ». On lui donne en pâture quelques miettes.

  • APPARITION ! DISPARITION !

Ce qui se cache, bouillonne, vit à tout rompre. Comme Garance, volcanique, comme le théâtre des funambules où les deux familles s’affrontent jusqu’à se battre devant son public. On se cache et l’on montre, même quand on ne montre rien d’autre que la vie, la vie du public. Le directeur des Funambules (énorme Marcel Pérès) : « La comédie ? La comédie ? Mais mon pauvre ami, vous vous trompez de théâtre ! Ici, on ne joue pas ! Nous n’avons pas le droit de jouer la comédie! Nous devons entrer sur scène en marchant sur les mains. Et pourquoi ? Parce qu’on nous aime ! Et pourquoi ? Parce qu’on nous craint ! Si on jouait la comédie, ici, ils n’auraient plus qu’à mettre la clé sous la porte, les autres, les grands, les nobles théâtres. Chez eux, le public s’ennuie à crever ! Leurs pièces de musée, leurs tragédies, leurs péplums. Ils s’égosillent sans bouger. Tandis qu’ici, aux Funambules, c’est vivant, ça saute, ça remue! La vie quoi ! Apparition. Disparition. Exactement comme dans la vie. Pan ! La savate ! Comme dans la vie ! Et quel public ! Il est pauvre, bien sûr, mais il est en or mon public. Tenez ! Regardez-les ! Là-haut au paradis ! »

  • ME LAISSER SEUL AVEC MOI-MÊME. QUELLE INCONSEQUENCE !

Comme Lacenaire…Lacenaire qui se cache des autres. Ecrivain public le jour et malfrat la nuit. Lui, se cache en lui, là où les autres ont voulu qu’il se cache : « Quand j’étais enfant, j’étais déjà plus lucide, plus intelligent que les autres. Ils ne me l’ont pas pardonné !  Ils voulaient que je sois comme eux. Levez la tête Pierre-François ! Regardez-moi ! Baissez les yeux ! Et ils m’ont meublé l’esprit de force avec de vieux livres. Tant de poussière dans une tête d’enfant…Ma mère, qui préférait mon imbécile de frère, et mon directeur de conscience me répétaient sans cesse : ‘Vous êtes trop fier, mon cher. Il faut rentrer en vous-même’. Alors, je suis rentré en moi-même. Je n’ai jamais pu en sortir. Les imprudents ! Me laisser seul avec moi-même ! Et ils me défendaient les mauvaises fréquentations. Quelle inconséquence ! N’aimer personne. Être seul. N’être aimé de personne. Être livre ! »

  • QUAND J’ETAIS MALHEUREUX, JE RÊVAIS

L’autre dans sa globalité est monstrueux. Laid et haineux. Il se contente de l’apparence du bonheur ou de la beauté, d’un rayon ou deux. Baptiste l’a compris : « Ce n’est pas triste un enterrement ! Il suffit qu’il y ait un peu de soleil et tout le monde est content ».  Le masque est donc nécessaire pour vivre son intériorité pleinement. C’est celui du mime qu’a pris Baptiste pour affronter ou résister au monde, la face blanche et immobile, pour ne rien laisser paraître de son visage, juste singer l’autre, qui rit en se voyant : « Quand j’étais malheureux, je dormais, je rêvais. Les gens n’aiment pas qu’on rêve. Ils vous cognent dessus, histoire de vous réveiller un peu. Heureusement, j’avais le sommeil dur. Je leur échappais en dormant. J’espérais, j’attendais. C’est peut-être vous que j’attendais ! »

  • NOS PETITES LUEURS VACILLANTES

L’autre, c’est nous, aussi. Il n’est pas irrécupérable. « Regardez ! Les petites lueurs ! Les petites lumières de Ménilmontant. Les gens s’endorment et s’éveillent. Ils ont chacun cette lueur qui s’allume et qui s’éteint. C’est peu de chose tout ça ». C’est peu, mais l’on a que ça, pour espérer. C’est peu et c’est toujours mieux que rien. Mais dès qu’elles s’éteignent, ces lueurs, chacun remet son masque. Tout le monde possède un sac, un masque ou un voile. Il ne cache pas toujours la vérité ou la beauté, mais souvent des déchirures de l’enfance, profondes et lointaines, comme Lacenaire ou Baptiste. A travers des identités multiples, comme Jéricho (Pierre Renoir) « à cause de la trompette, dit Le Jugement dernier, dit Jupiter, dit La Méduse, dit Marchand de sable,… ». A travers la cécité comme l’aveugle qui cache sa vision dans la rue et la retrouve au troquet.

 Jacky Lavauzelle

HANA-BI (Kitano) …au bord de la mort

Takeshi KITANO
北野 武
HANA-BI
はなび
1997

Hana Bi Kitano Takeshi Artgitato
Une lumière
au bord de la mort

 LA RENAISSANCE DE NISHI

Une étrange solitude pèse sur Les êtres. Qu’ils soient flics ou yakusa. La solitude est aussi sur la ville. Nishi (Takeshi Kitano) perd sa fille. Il va perdre sa femme. Son ami est perdu ; sur un fauteuil roulant, lui aussi lui parle de solitude. Il comprend, il l’écoute : « même quand on est mari et femme, chacun ne pense qu’à soi. Quand je suis revenu chez moi, ma femme et ma fille m’avaient tourné le dos. La lumière n’était même pas allumée. Elles m’ont juste dit adieu ! Je n’étais plus qu’une épave. Elles sont parties sans hésiter. En fait, c’est peut-être mieux comme ça. Mais je n’ai rien à faire. Ma mère m’a dit de me trouver un passe-temps. Elle voudrait m’inscrire à un club de poésie. A croire qu’elle se moque de moi. Je n’ai rien fait d’autre que bosser. Comme j’habite au bord de la mer, je pourrais essayer de peindre. Mais, je n’ai jamais rien peint, je ne sais pas par où commencer. Et puis, le matériel coûte cher. Mais, t’en fais pas ! Tu y es pour rien ! Je vais m’acheter un béret d’artiste. »
 Il va commencer par la fin et se laisser submerger par la mer, le fauteuil ensablé. Nous commençons aussi par la fin. Mais tout s’emboite comme les casse-tête fait tout au long du film. Hana-bi est composé sous cette forme et non celle du puzzle. Dans le puzzle, chaque pièce a une place et une seule. Unique. Tout est pré déterminé. Le casse-tête se réfléchit en fonction d’un objectif, d’un but. Et chaque pièce vivra dans plusieurs figures, pleinement. Chaque pièce a plusieurs vies, comme Nishi.

L’être lui-même est un casse-tête. En fonction de son rapport à la vie, il se donnera, ou non, un destin différent.

L’être ne redevient humain, chez Kitano, qu’après une catastrophe. Comme ceux qui, après avoir touché la mort dans un grave accident, se mettent à dévorer la vie. En face de la mort, Nishi redécouvre la sienne et retrouve sa femme dans d’intenses moments, entre jeux et partages. Il redevient lui-même. Il se retrouve enfant, jouant aux casse-tête, au cerf-volant, aux feux d’artifice, à faire sonner la cloche, qu’on venait d’interdire à un garçon quelques secondes auparavant. Son ami, lui, découvre la peinture. Un colis de tubes, un béret ; une peinture naïve et pointilliste qui illumine l’écran. Des yeux-fleurs, des têtes-fleurs. Des fleurs et des mots sur la neige : « Neige », « Lumière », « Suicide ». Rouge sur blanc. Parfois, trop de vie si vite…

Ces collègues policiers sont, comme nous, témoins de cette renaissance et s’en émerveille : « Sa femme n’en a plus pour très longtemps. Mais, en un sens, il est plus heureux que moi !». Ou à la fin, le constat net : « je ne saurai jamais vivre comme ça! »

Sa femme, dans cette spirale de bonheur, oublie sa souffrance. Un sourire trône sur ses lèvres. Plus que la vie, il s’agit d’un fluide, d’une énergie. Pourquoi des fleurs séchées ne pourraient-elles donc pas repartir aussi ? « Pourquoi vous leur donnez de l’eau ? Elles sont fanées ! Dites donc, ça ne sert à rien d’arroser des fleurs mortes ! Ton mec t’a plaquée et ça t’a rendue zinzin ! » Malheureusement son « mec », c’est Nishi qui clôturera rapidement cette discussion.

Deux phrases. « Merci ! » « Merci pour tout ! »…

…Deux balles. La musique s’arrête. Revient le bruit des vagues.

本当にありがとうございます

Jacky Lavauzelle

LA METAMORPHOSE DES CLOPORTES

Pierre Granier-Deferre
LA METAMORPHOSE DES CLOPORTES
(1965)

La Métamorphose des cloportes Granier Deferre 1965 Artgitato Le Rappel des vieilles amitiés

LE RAPPEL DES VIEILLES AMITIES

 LA METAMORPHOSE DES CLOPORTES – L’amitié, ça eût payé, mais ça paye plus ! A quoi bon ? Quand tu n’as pas besoin, les amis s’agglutinent, se massent, se ruent, te couvrent de baisers, de bons mots, de trucs pas trop cher, quand même ! Tu fais une fête ? pas de problèmes ! Tu invites au restaurant ? Ok, ça marche ! Tu payes une tournée ? Pourquoi pas, j’ai cinq minutes. Bien volontiers !

FAUT PAS S’Y FIER, J’AI DES GROS OS !

C’est Charles Aznavour qui se dévoue pour aller voir le Lino . Bien assis, bien reconnu, avec sa poulette, à manger des huitres, à regarder d’autres poulettes picorer du blé aux vieux coqs assis et avachis en cercle, la crête bourgeoise et un peu flasque. On le cherche le Lino. On a besoin de lui. Pas chaud d’abord, il se laisse tenter. C’est normal, c’est un tendre. C’est un sensible, une fleur dans un corps gros comme ça. « Faut pas vous y fier, j’ai des gros os, mais ils sont friables ; j’ai pas de force ! »

ANQUETIL S’EN MÊLE

Pendant ce temps, « Anquetil remporte le Tour de France »…

Et c’est au rythme des Tour de France remportés par le Grand Jacques, que Lino file ses années. Le problème, c’est que Jacques, il en a remporté cinq de Tour de France ! Alors, c’est gentil, mais les nerfs de Lino commence à peloter, que le gilet il est déjà fait pour l’hiver, du genre suédois.

Alors pendant que les nerfs se mettent à démanger, Lino se rappelle ses vieilles amitiés, de celles un peu timides qui s’échappent au premier courant d’air.

Pendant ce temps, « l’homme essaie de la dernière attache : l’apesanteur »…

JE LUI REDUIS LA TRANCHE, JE LE MINIATURISE ?
JE LE DISSOUS

Alors, Lino fait le tour de ses potes, l’un après l’autre. Pas consciencieux, ils ont oublié les petits colis par la Poste et Lino, lui, c’est des choses auxquelles il est attaché. C’est bête, mais un petit geste par ci, par là, ça fait toujours du bien au moral. C’est donc normal qu’il baisse son moral. Ce n’est pas grave. Lino, il pense bien à eux quand même. C’est pour compenser. Et il compense. « Pas un mot, pas un colis, pas un mandat, rien ! C’est drôle quand vous êtes en forme : ils sont toujours là. Ça s’appelle des amis et dès que le temps se couvre, ils disparaissent sous les portes et dans le trou des murs, fuyants, furtifs, des cafards, des cloportes! Mais dès que je suis dehors, Monsieur Tonton, je lui réduis la tranche, je le miniaturise, je le dissous…Dans deux ans, la quille, je fonce et je l’emplâtre. Je lui mets la tête en bas, je lui fais vomir ses friandises et j’envoie sa nana se faire bronzer à Dakar. L’Arthur, c’est simple, je lui fais bouffer son passe-montagne. Je le plonge dans l’eau glacé et j’attends que ça gonfle. Quant à Edmond, mon ami Edmond, j’sais pas encore ce que je lui ferai, mais j’veux que ça fasse date ! Jacques Clément, 1589 ! Ravaillac, 1610 ! François Damien, 1757 ! Edmond Claude, 1965 ! »

L’ÂME D’UN MAÎTRE-NAGEUR ?

Alors quand on annonce qu’il est enfin libre, libre, libre, libre, on croit entendre le prisonnier crier : «Je ne suis pas un numéro, je suis un homme libre ! ». Et pendant que la caméra passe les grilles de la prison, des hommes s’apprêtent à faire la planche longtemps sur la Seine.

Malgré sa tendance à l’idéalisation, Lino ne se sent pas encore l’âme de devenir maître-nageur…

 

Jacky Lavauzelle

 

LA FEMME AU GARDENIA (F. Lang) – La Chasse des prédateurs est ouverte

Fritz LANG

LA FEMME AU GARDENIA
(The Blue Gardenia – 1953)

La Femme au gardénia The Blue Gardenia Fritz Lang Artgitato
La Chasse des prédateurs est ouverte !

  Le loup est là, le loup est là, mais l’oiseau ne le voit pas.
Le loup observe dès le début, attablé et scrutateur devant toutes ces opératrices attablées comme dans un poulailler, occupées  à pailler et à caqueter.

UN LOUP DANS LE POULAILLER

Elles sont en rang, de dos, à remuer légèrement, juste ce qu’il faut, travaillant comme dans une ruche,  et le loup, Harry (Raymond Burr),  s’amuse avec ces crayons et ses dessins pour mieux les croquer, au sens premier comme au figuré. Il les surveille sous toutes les coutures pour savoir laquelle sera sa prochaine victime, son prochain plat. Laquelle tombera dans ses filets. Laquelle donnera le blanc-seing : leur numéro de téléphone. Un pied posé dans leur intimité.

Norah (Anne Baxter), passe à côté de ce prédateur. Sa colocataire, pourtant, la met en garde.

SEULE AU COEUR DES COMMUNICATIONS DE LOS ANGELES

Elle s’en moque, elle a la tête ailleurs. Elle se laissera prendre toutefois la main. Norah est amoureuse, totalement. Elle sera donc sauvée. Norah, est une de ces standardistes du central téléphonique de l’interurbain de Los Angeles, qui passe sa vie à mettre en relation des hommes et des femmes. A faciliter des contacts. A permettre les rencontres. Sauf que Norah, ce soir, restera seule. Plus que seule dans quelques heures.

GRANITE 1466

Abandonnée, désespérée. Elle se retrouvera seule devant la photo de son Prince parti sauver le monde libre, entourée de deux locataires qui attendent elles aussi de tomber sur la perle rare. Un seul numéro, le Granite 1466, pour trois âmes seules. Une lettre, un abandon et des larmes. Un coup de fil qui tombe. Elle accepte l’invitation. Bien entendu, elle ne souhaite que se changer les idées. L’agneau se prépare à son propre sacrifice. Ravie.

DES PÊCHEURS DE PERLES POLYNESIENNES AU CHASSEUR D’ÂMES EGAREES

Il a préparé le piège. Le repas est commandé, ainsi que les Pêcheurs de Perles Polynésienne, « vous ne lésinerez pas sur le rhum.» Table 14, côté corail.

Il pensait recevoir Crystal, la colocataire, mais c’est Norah qui se présente. Ça ne le trouble pas. Peu importe. Une proie reste une proie, et l’animal a faim. Elle aussi  a faim, mais elle ne sait pas qu’elle s’apprête à  être dévorée. Les boissons sont servies enroulées d’une poésie romantique appropriée. Le filet se resserre. « La croix du Sud reflétée dans les coraux. De belles naïades se baignant dans une cascade. » Il lui annonce pourtant la couleur. Mais elle en rit. Elle a tort. Il s’amuse même à lui dire que c’est elle qui le saoule. « J’aurai été navré que vous ayez bu un verre de trop ».  « C’est le problème avec les hommes modernes, c’est que vous ne tenez pas l’alcool. »

IL FAUT QU’UNE FILLE SOUHAITE SON ANNIVERSAIRE !

Quand il lui attrape la main, c’est d’abord en riant. Elle ne le sent pas encore, mais ce sont ses crocs qui se sont refermés. « Il faut qu’une fille fête le jour de son anniversaire ! » Harry n’est pas contre. Loin de là. Il sait qu’il sera de la fête.

MEILLEURS VOEUX POUR TON FUTUR !

Nat King Cole enroule de sa voix suave et fleurie les amoureux qui se retrouvent au Blue Gardenia. Parmi eux, ce couple mal assorti. Les fragrances du gardénia bleu déjà enivrent l’innocente Norah comme ces cocktails polynésiens fortement charpentés de rhum. Petit oiseau désappointée à la suite de sa rupture avec son soldat, loin là-bas, dans une Corée où il a trouvé refuge auprès d’une infirmière à Tokyo. « Meilleurs vœux pour ton futur ». Elle se livre, comme pour rattraper son retard, comme soulagée de pouvoir plaire encore, à l’avide appétit d’Harry le dessinateur. A l’instant même où la proie se livre, l’œil du fauve s’entrouvre exorbitant, démesuré, comme si à lui seul, il allait la dévorer. A ce moment-là, il avale la chanson, Nat King Cole, le restaurant tout entier, jusqu’à la caméra.

 « Gardénia Bleu
Nous voilà seuls tous les deux
Et je suis si désolé
Qu’elle nous ait rejetés
Comme toi, Gardénia
J’ai été dans son cœur et ses pensées
Quand mes larmes ont séché
Où pouvaient-elles aller ?
Que puis-je dire de plus
L’amour s’est épanoui comme une fleur
Mais ses pétales sont se sont répandus
Gardénia bleu
Happés par une brise passagère
Je les conserve dans mon livre
De souvenirs éphémères.
Je n’ai vécu qu’une heure
 »

« La soirée commence maintenant. »

IDEALEMENT ! VRAIMENT ?

La caméra glisse sur l’un puis sur l’autre, comme s’entoure le velouté incandescent du crooner autour des tourtereaux. Elle trouve la soirée magnifique. Elle a réussi à oublier sa rupture. Elle trouve la soirée merveilleuse. Alcool, poème, lagunes, crooner, décapotable. « Idéalement »

Norah a tant attendu, tant espéré de son chevalier. Non contente de se faire inviter à sa table, comme pour être cannibalisée, elle se laisse conduire dans la tanière du grand fauve, qui continue à la saouler un peu plus, jusque dans ce dernier café. Le disque qu’il trouve doit marquer le début de leur relation et elle, s’installe dans le canapé. Le disque doit  continuer le faux rêve du restaurant. L’alcool doit gommer les craintes, jusqu’à l’ultime danse pour atteindre le tant attendu relâchement et le dernier abandon face à la bête.  

 « Bon anniversaire Norah »

Jacky Lavauzelle