Questo nostro caduco et fragil bene, Voici notre caduc et fragile bien, ch’è vento et ombra, et à nome beltate, qui n’est que vent et ombre, son nom : beauté, non fu già mai se non in questa etate qui n’a jamais été, sauf désormais,…
Diktsamlingen Fridolins visor och andra dikter karlfeldt dikter Dikter av Erik Axel Karlfeldt
Traduction – Texte Bilingue Erik Axel Karlfeldts dikter Karlfeldt poet Poesi Poésie
LITTERATURE SUEDOISE POESIE SUEDOISE
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Svensklitteratur svensk poesi –
Traduction Jacky Lavauzelle
Erik Axel Karlfeldt 1864 – 1931
översättning – Traduction
LES SORCIÈRES HÄXORNA II
Flore et Pomone Flora och Pomona (1906)
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II.
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Gå ej bland olvonträ och slån, Ne pars pas parmi les oliveraies et les buissons, då kvällens luft är ljum! quand l’air du soir est tiède ! Där dväljs en underbar demon Là, réside un merveilleux démon i trädens dunkla rum. sous la sombre frondaison des arbres. Det är den gamle Liothans son, C’est le fils du vieux Liothan, benämnd Isacharum. qui se nomme Isacharum.
* Du hör hans gång i lundens fläkt, Tu entends ses pas dans le bruissement du bosquet, som irrar skygg och vill qui errent timides et hésitants på mark av bruna höstlöv täckt sur le sol couvert des feuilles brunies de l’automne i tinande april, à l’arrivée des douceurs d’avril, och ångan av hans andedräkt et de la vapeur de son souffle, är mull som kvicknar till. lors du réveil de la terre. * När korsmässmånen nyss var tänd Quand la lune de la Sainte Croix s’alluma, och göt sitt svaga stril, elle répandit sa faible lueur, då stod i skyn en båge spänd quand un arc se tendit dans le ciel och sköt en plötslig il. et apporta un vent glacial. Då skalv du, frysande och bränd; Alors tu te mis à trembler, à grelotter et à brûler ; det var demonens pil. c’était la flèche du démon. * Minns du en lilja, dystert grann, Te souviens-tu d’un lis, à la sombre beauté, i skuggan där du gick? dans cette ombre que tu parcourais ? Dess mörka eld ur kalken rann Son feu sombre coulait de son vase som en förtrollad drick. comme une boisson enchantée. Ditt öga drack och sansen svann; Ton œil a bu et tes sens se sont égarés ; det var demonens blick. c’était le regard du démon. * Vad vill han i din barndomslund? Que veut-il dans ton bosquet d’enfance ? Vi kom han dristelig pourquoi es-t-il là, audacieux, så när den vigda altarrund à tourner près du saint autel och lammens frälsta stig? et du chemin du salut de l’Agneau ? Rys, jungfru, i din hjärtegrund: Attention, jeune fille, au plus profond de ton être : han söker dig, han söker dig. il te cherche, il te cherche. * Han följer dig i storm som gnyr Il te suit dans la tempête dans un long gémissement vid dina vägars brädd, tout autour de ton chemin, han är den lösa hamn som flyr, comme un fantôme qui vole, för dag och lärksång rädd, dans la peur du chant de l’alouette au petit jour, när ur en mardröm het och yr quand loin du cauchemar, chaude et étourdie, du vaknar i din bädd. tu te réveilles dans ton lit. * Ty allt vad skumt det unga år, Tout ce que ce jeune âge effrayant, det unga bröst bär gömt, cache dans sa jeune poitrine, allt som slår ut med suck och tår, tout ce qui sort en soupirs et en larmes, av sol och himmel glömt, du soleil et du ciel oubliés, allt trånsjukt liv i höstsjuk vår toute la vie nostalgique du printemps är honom underdömt. tout cela, est en son pouvoir. * Din fader står på vredens dag Ton père, au jour de la colère rättfärdig, stark och vis juste, fort et sage, och dömer häxor med Guds lag Juge les sorcières avec la loi de Dieu från liv och paradis, de la vie et du paradis ; gå, bikta vid hans fot och va, penche-toi à ses pieds et tag hans tuktans hårda ris! attends son jugement ! * Vik bort från slån och olvonträ Pars loin des buissons et du bois d’olivier och snårens falska sång! et de la fausse chanson des branchages ! Bland häckarna är saligt lä Parmi les haies, bénie, tu trouveras på kyrkogårdens gång. le sentier du cimetière. Bed vid din moders grav på knä, Prie sur la tombe de ta mère, à genoux, då Satan gör dig bång! si Satan te fait peur !
8. September 1804 Ludwigsburg- 4. Juni 1875 Stuttgart 8 septembre 1804 – 4 juin 1875
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AN EINE SÄNGERIN A UNE CANTATRICE _________________
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Soll auf der Jungfrau Mund die begeisterte Rede verpönt sein, Si le discours enthousiaste est mal vu dans la bouche d’une jeune fille, Ist euch des tiefern Gefühls volles Bekenntnis versagt: Si l’on vous refuse la pleine confession d’un sentiment profond : O wie preis ich die Sängerin drum, die, unter der Muse Ô, comme je loue la cantatrice qui, sous la muse Schutz, mir den lieblichen Grund ihres Gemütes enthüllt! Protectrice, me révèle le beau fond de votre esprit ! Niemand ärgert sich mehr, ja entzückt steht selbst der Philister, Personne ne s’en offusque, même le philistin est ravi, Fühlt, in des Schönen Gestalt, ewige Mächte sich nah. Ressentant, sous la forme de la beauté, la présence des forces éternelles.
Due gran nemiche inseme erano agiunte, Deux grandes ennemies ensemble se sont associées, Bellezza et Honestà, con pace tanta Beauté et honnêteté, avec tant de paix che mai rebellïon l’anima santa que pas une seule rébellion cette âme sainte*…
Voglia mi sprona, Amor mi guida et scorge,
Envie m’éperonne, Amour me guide et me dirige, Piacer mi tira, Usanza mi trasporta,
Plaisir me tire, Coutume me transporte, Speranza mi lusinga et riconforta
Espérance me flatte et me réconforte…
LES DÉSIRS D’UNE FEMME SI EL PADRE UNIVERSAL DE CUANTO VEO
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Si el padre universal de cuanto veo Si le père universel de tout ce que je vois en la naturaleza nuestra humana, dans la nature de notre humanité, despreció la sentencia soberana, a méprisé la loi souveraine, obedeciendo un femenil deseo; la laissant soumise aux désirs d’une femme ;
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si un rey David y un nazareno hebreo, si un roi David et un hébreu nazaréen, a Bersabé y a Dálida tirana, à Bethsabée, tout comme à la cruelle Dalida, la fuerza y la vitoria rinde llana, ont cédé et la force et la victoire aisément, que no pudo el león ni el filisteo, plus vite que le lion ou le philistin,
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¿en qué valor mis ojos se fiaron, en quoi donc mes yeux peuvent-ils se fier, y presumió mi ingenio saber tanto et en quoi alors mon esprit présumé pense pouvoir connaître que no le hiciera tu hermosura agravio? quand ta beauté, mon aimée, se joue si bien de moi ?
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Pues con fuerza, virtud y ciencia erraron Car avec force, vertu et science se sont tant égarés Adán el primer hombre, David santo, Adam le premier homme, David le saint, Sansón el fuerte y Salomón el sabio. Samson le fort et Salomon le sage.
Las hebras de oro puro que la frente Les brins d’or pur, ton front cercan en ricas vueltas, do el tirano les abrite en abondantes volutes, le tyran señor teje los lazos con su mano, Seigneur y tisse les liens de sa main, y arde en la dulce luz resplandeciente; et brûle en la douce lumière rougeoyante ; …
A Melodia e o Acompanhamento LA MELODIE ET L’ACCOMPAGNEMENT 23 avril 1869
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Théophile Gautier Un douzain de sonnets Una dozzina di sonetti Œuvres de Théophile Gautier — Opere di Théophile Gautier Poésies, Lemerre, 1890, Volume 2
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La beauté, dans la femme, est une mélodie
A beleza, na mulher, é uma melodia Dont la toilette n’est que l’accompagnement.
Cujos efeitos são apenas o acompanhamento. Vous avez la beauté. — Sur ce motif charmant,
Você tem beleza. – Neste motivo encantador, À chercher des accords votre goût s’étudie :
Ao procurar acordes, seu gosto é especialista:
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Tantôt c’est un corsage à la coupe hardie Às vezes é um corpete com um corte ousado Qui s’applique au contour, comme un baiser d’amant ;
Que se aplica ao contorno, como o beijo de um amante; Tantôt une dentelle au feston écumant,
Às vezes, uma folha de renda espumante, Une fleur, un bijou qu’un reflet incendie.
Uma flor, uma jóia que um brilho vai queimar.
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La gaze et le satin ont des soirs triomphants ;
Gaze e cetim têm noites triunfantes; D’autres fois une robe, avec deux plis de moire,
Outras vezes um vestido, com duas dobras de madrepérola, Aux épaules vous met deux ailes de victoire.
Nos ombros, desenha duas asas da vitória.
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Mais de tous ces atours, ajustés ou bouffants,
Mas de todos esses enfeites, ajustados ou bufantes, Orchestre accompagnant votre grâce suprême,
Orquestra acompanhando sua suprema graça, Le cœur, comme d’un air, ne retient que le thème !
O coração, como de um ar, retém apenas o tema!
THEOPHILE GAUTIER
par Jules Barbey d’Aurevilly
Depuis longtemps M. Gautier est un de ces Inattaquables officiels. Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Madame George Sand ou de M. Victor Hugo. Pour ma part, je ne crois pas l’avoir beaucoup troublée, cette popularité tranquille. J’ai toujours rendu pleine justice à M. Théophile Gautier. Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres, une longue étude à ce talent savant et laborieux. Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée ! je n’en entendrai pas moins partir de toutes parts le cri du désarmement : pourquoi dire du mal de ce pauvre Gautier, qui est si bienveillant ? Et au nom de la bienveillance, qualité très-charmante mais nullement littéraire, je verrai s’élever contre moi une inviolabilité sur laquelle je ne comptais pas ! Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs, » mais qui ne l’admet pas en littérature. Eh bien ! franchement, je dis que pareille chose passe la permission. Je dis que, si on se permet de telles fins de non-recevoir dans l’examen des œuvres littéraires, nous n’avons plus le droit de rire du vers de Boileau :
Attaquer Chapelain ! Mais c’est un si bon homme !
et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera !
Jules Barbey d’Aurevilly
Les Œuvres et les Hommes
Amyot, éditeur, 1865
4ème partie- Les Romanciers
MELODIA E ACCOMPAGNAMENTO LA MELODIE ET L’ACCOMPAGNEMENT 23 avril 1869
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Théophile Gautier Un douzain de sonnets Una dozzina di sonetti Œuvres de Théophile Gautier — Opere di Théophile Gautier Poésies, Lemerre, 1890, Volume 2
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La beauté, dans la femme, est une mélodie
La bellezza, nella donna, è una melodia Dont la toilette n’est que l’accompagnement.
Il cui abbigliamento è solo l’accompagnamento. Vous avez la beauté. — Sur ce motif charmant,
Hai la bellezza. – Su questo bel motivo, À chercher des accords votre goût s’étudie :
Per cercare accordi, il tuo gusto è raffinato :
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Tantôt c’est un corsage à la coupe hardie
A volte è un corpetto con un taglio audace Qui s’applique au contour, comme un baiser d’amant ;
Che si applica al contorno, come il bacio di un amante; Tantôt une dentelle au feston écumant,
A volte un foglio di pizzo schiumoso, Une fleur, un bijou qu’un reflet incendie.
Un fiore, un gioiello infiammato seguente di un riflesso.
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La gaze et le satin ont des soirs triomphants ;
Garza e raso hanno serate trionfanti; D’autres fois une robe, avec deux plis de moire,
Altre volte un vestito, con due pieghe di moiré, Aux épaules vous met deux ailes de victoire.
Sulle spalle, disegna due ali di vittoria.
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Mais de tous ces atours, ajustés ou bouffants,
Ma di tutti questi ornamenti, aggiustati o bouffant, Orchestre accompagnant votre grâce suprême,
Orchestra che accompagna la tua suprema grazia, Le cœur, comme d’un air, ne retient que le thème !
Il cuore, come una canzone, conserva solo il tema!
THEOPHILE GAUTIER
par Jules Barbey d’Aurevilly
Depuis longtemps M. Gautier est un de ces Inattaquables officiels. Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Madame George Sand ou de M. Victor Hugo. Pour ma part, je ne crois pas l’avoir beaucoup troublée, cette popularité tranquille. J’ai toujours rendu pleine justice à M. Théophile Gautier. Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres, une longue étude à ce talent savant et laborieux. Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée ! je n’en entendrai pas moins partir de toutes parts le cri du désarmement : pourquoi dire du mal de ce pauvre Gautier, qui est si bienveillant ? Et au nom de la bienveillance, qualité très-charmante mais nullement littéraire, je verrai s’élever contre moi une inviolabilité sur laquelle je ne comptais pas ! Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs, » mais qui ne l’admet pas en littérature. Eh bien ! franchement, je dis que pareille chose passe la permission. Je dis que, si on se permet de telles fins de non-recevoir dans l’examen des œuvres littéraires, nous n’avons plus le droit de rire du vers de Boileau :
Attaquer Chapelain ! Mais c’est un si bon homme !
et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera !
Jules Barbey d’Aurevilly
Les Œuvres et les Hommes
Amyot, éditeur, 1865
4ème partie- Les Romanciers
JAMES SHIRLEY
Londres, septembre 1596 – Londres, octobre 1666
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and Englishtext texte bilingue français-anglais
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LES POEMES
DE JAMES SHIRLEY
James Shirley’s poems
La Femme au miroir Donna allo specchio Le Titien vers 1515 Musée du Louvre
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To a Lady upon a looking-glass sent
LE MIROIR
When this crystal shall present Quand ce miroir présentera Your beauty to your eye,
Votre beauté à vos yeux, Think that lovely face was meant
Pensez que ce si délicat visage délicat est conçu To dress another by.
Pour en revêtir une autre.
For not to make them proud,
Ce n’est pas pour les rendre fières, These glasses are allowed
Que de tels miroirs sont alloués To those are fair,
A celles qui sont ravissantes, But to compare
Mais pour que soient comparées The inward beauty with the outward grace,
La beauté intérieure avec la grâce extérieure, And make them fair in soul as well as face.
Pour que l’âme et le visage simultanément soient beaux.
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LE DERNIER DRAMATURGE DE LA GRANDE EPOQUE
par Émile Montégut
Un autre de ses-protégés fut James Shirley, le dernier dramaturge de la grande époque et l’auteur à la mode des divertissements de la cour sous Charles Ier. Shirley avait dédié à Newcastle un de ses meilleurs drames, le Traître, dont le sujet, par parenthèse, est le même que celui du Lorenzaccio, d’Alfred de Musset, et la petite préface par laquelle il lui adressa son drame indique, à ne pas s’y tromper, que la générosité du grand seigneur avait de beaucoup précédé la dédicace. Anthony Wood, cité par M. Edmond Gosse, dans une substantielle préface dont il a l’ait précéder un choix récemment publié des œuvres de Shirley, nous apprend que cette générosité avait été assez loin pour que Shirley, qui était d’ailleurs ardent royaliste, crût devoir s’enrôler dans l’armée de son patron. Il fit donc sous Newcastle les premières campagnes de la guerre civile, et le suivit après Marston-Moor sur le continent, d’où il revint furtivement en Angleterre quelques années après, lorsqu’il fut évident que la cause du roi était définitivement perdue.
Shirley n’était pas le seul poète dramatique que Newcastle eût enrôlé dans son armée. Dans la liste donnée par la duchesse des officiers composant l’état-major de son mari, je relève le nom de son lieutenant général d’artillerie, sir William Davenant, le poète lauréat de l’époque.
Émile Montégut
Curiosités historiques et littéraires
La Duchesse et le Duc de Newcastle
Revue des Deux Mondes
Troisième période, tome 100
1890