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LES SORCIÈRES – III – ERIK AXEL KARLFELDT – HÄXORNA- BURIAN, URIEL, BEHEMOT & ISACHARUM

Photo Jacky Lavauzelle
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Diktsamlingen Fridolins visor och andra dikter
karlfeldt dikter
Dikter av Erik Axel Karlfeldt

Traduction – Texte Bilingue
Erik Axel Karlfeldts dikter
Karlfeldt poet
Poesi
Poésie


LITTERATURE SUEDOISE
POESIE SUEDOISE

Svensk litteratur
svensk poesi –

Traduction Jacky Lavauzelle

Erik Axel Karlfeldt 1864 – 1931

översättning – Traduction

 

 

LES SORCIÈRES
HÄXORNA
III

Flore et Pomone
Flora och Pomona
(1906)

III.

*****************



Dansen går på grobladsplan.
La danse se déroule sur un plan verdoyant.
« Dansa mot, herr Burian!
  « Dansez donc, Monsieur Burian !
Du är den gamla ärkedraken,
  Vous êtes le vieux dragon de l’arche,
häxornas bålde storsultan.
  le grand sultan bien-aimé des sorcières.
Dig har jag vigt mitt levnadslopp,
  Je vous ai voué ma vie,
allt se’n jag stod i min mörka knopp.
  tout ce que j’ai vu comme sombre bourgeon.
Genom paltorna ser du mig naken:
  A travers mes hardes, vous, vous me voyez nue :
svart är min själ och svart min kropp. »
  le noir est mon âme et le noir est mon corps.« 

*


« Luften är full av djur i kväll,
« L’air est plein d’animaux ce soir,
full av eld, herr Uriel.
  plein de feu, Monsieur Uriel.
Mellan ugglevingarna brinna
  Brûle entre les ailes du hibou
 
vintergatsormens blanka fjäll.
la peau du serpent de la voie lactée.
Tag mig i famn och städ mig till din,
  Prenez-moi dans vos bras et que je sois vôtre,
dansa mig yr i din lustgård in.
  portez-moi dans le vertige de votre cour.
Jag är en ung och lågande kvinna,
  Je suis une femme jeune et humble,
 
röd är min själ och vitt mitt skinn. »
le rouge est mon âme et le blanc est ma peau. »

*


« Stolt är din dans på bullig fot,
« Fier est votre danse, fier vous me guidez,
studsande mjuk, herr Behemot.
  bondissant agilement, Monsieur Behemot.
 
Sluten hårt i scharlakansdräkten,
Engoncé fortement dans votre costume écarlate,
välver din kropp sina svällda klot.
  votre corps cambre ses formes gonflées.
Är jag dig värd, min ädle patron?
  Puis-je vous accueillir, mon noble maître?
Har du ett fetare tjänstehjon?
  Avez-vous de plus grasse servante ?
 
Dansar en digrare fru i släkten,
Avez-vous une femme plus grosse dans la famille,
vaggande fostret med tunga ron? »
  Berçant son fœtus sur de généreuses cuisses ? »

*


« Spel hör jag gå ur lönnliga rum.
« J’entends des sons sortir de salles retirées.
Dansa mig död, Isacharum!
  Danse avec moi, jusqu’à la mort, Isacharum !
 
Yngling, främling, du är min like,
Jeune homme, étranger, tu es mon égal,
smäktande, längtande, blek och stum.
  nostalgique, langoureux, pâle et muet.
Glömt har jag allt, den grå kaplan,
  Tout, j’ai tout oublié, l’aumônier gris,
 
graven i blom under sorgsen gran,
le tombeau en fleur sous l’épinette triste,
drömmer jag flyr till ett fjärran rike
  Je rêve de fuir vers un royaume lointain
 
bort med dig som en svartnande svan.« 
loin avec toi, comme un cygne à la queue noire. »


*********

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LES SORCIÈRES – II – ERIK AXEL KARLFELDT – HÄXORNA – LA FLÈCHE DU DÉMON

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Photo Jacky Lavauzelle

Diktsamlingen Fridolins visor och andra dikter
karlfeldt dikter
Dikter av Erik Axel Karlfeldt

Traduction – Texte Bilingue
Erik Axel Karlfeldts dikter
Karlfeldt poet
Poesi
Poésie


LITTERATURE SUEDOISE
POESIE SUEDOISE

Svensk litteratur
svensk poesi –

Traduction Jacky Lavauzelle

Erik Axel Karlfeldt 1864 – 1931

översättning – Traduction

 

LES SORCIÈRES
HÄXORNA
II

Flore et Pomone
Flora och Pomona
(1906)

II.

********************



Gå ej bland olvonträ och slån,
Ne pars pas parmi les oliveraies et les buissons,
då kvällens luft är ljum!
  quand l’air du soir est tiède !
Där dväljs en underbar demon
  Là, réside un merveilleux démon
 i trädens dunkla rum.
sous la sombre frondaison des arbres.
 Det är den gamle Liothans son,
C’est le fils du vieux Liothan,
benämnd Isacharum.
  qui se nomme Isacharum.

*

Du hör hans gång i lundens fläkt,
Tu entends ses pas dans le bruissement du bosquet,
  som irrar skygg och vill
qui errent timides et hésitants
på mark av bruna höstlöv täckt
  sur le sol couvert des feuilles brunies de l’automne
i tinande april,
  à l’arrivée des douceurs d’avril,
och ångan av hans andedräkt
  et de la vapeur de son souffle,
  är mull som kvicknar till.
lors du réveil de la terre.

*


När korsmässmånen nyss var tänd
Quand la lune de la Sainte Croix s’alluma,
och göt sitt svaga stril,
  elle répandit sa faible lueur,
  då stod i skyn en båge spänd
quand un arc se tendit dans le ciel
och sköt en plötslig il.
  et apporta un vent glacial.
Då skalv du, frysande och bränd;
  Alors tu te mis à trembler, à grelotter et à brûler ;
det var demonens pil.
  c’était la flèche du démon.

*


Minns du en lilja, dystert grann,
Te souviens-tu d’un lis, à la sombre beauté,
i skuggan där du gick?
  dans cette ombre que tu parcourais ?
  Dess mörka eld ur kalken rann
Son feu sombre coulait de son vase
som en förtrollad drick.
  comme une boisson enchantée.
Ditt öga drack och sansen svann;
  Ton œil a bu et tes sens se sont égarés ;
  det var demonens blick.
c’était le regard du démon.

*


Vad vill han i din barndomslund?
Que veut-il dans ton bosquet d’enfance ?
Vi kom han dristelig
pourquoi es-t-il là, audacieux,
så när den vigda altarrund
  à tourner près du saint autel
  och lammens frälsta stig?
et du chemin du salut de l’Agneau ?
  Rys, jungfru, i din hjärtegrund:
Attention, jeune fille, au plus profond de ton être :
  han söker dig, han söker dig.
il te cherche, il te cherche.

*


Han följer dig i storm som gnyr
Il te suit dans la tempête dans un long gémissement
vid dina vägars brädd,
 tout autour de ton chemin,
han är den lösa hamn som flyr,
comme un fantôme qui vole,
  för dag och lärksång rädd,
dans la peur du chant de l’alouette au petit jour,
när ur en mardröm het och yr
  quand loin du cauchemar, chaude et étourdie,
du vaknar i din bädd.
  tu te réveilles dans ton lit.

*


Ty allt vad skumt det unga år,
Tout ce que ce jeune âge effrayant,
  det unga bröst bär gömt,
cache dans sa jeune poitrine,
 allt som slår ut med suck och tår,
tout ce qui sort en soupirs et en larmes,
av sol och himmel glömt,
  du soleil et du ciel oubliés,
allt trånsjukt liv i höstsjuk vår
  toute la vie nostalgique du printemps
är honom underdömt.
tout cela, est en son pouvoir.

*


Din fader står på vredens dag
Ton père, au jour de la colère
rättfärdig, stark och vis
  juste, fort et sage,
och dömer häxor med Guds lag
Juge les sorcières avec la loi de Dieu
från liv och paradis,
  de la vie et du paradis ;
gå, bikta vid hans fot och
  va, penche-toi à ses pieds et
tag hans tuktans hårda ris!
  attends son jugement !

*


Vik bort från slån och olvonträ
Pars loin des buissons et du bois d’olivier
  och snårens falska sång!
et de la fausse chanson des branchages !
Bland häckarna är saligt lä
  Parmi les haies, bénie, tu trouveras
på kyrkogårdens gång.
le sentier du cimetière.
  Bed vid din moders grav på knä,
Prie sur la tombe de ta mère, à genoux,
då Satan gör dig bång!
  si Satan te fait peur !


***************

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HEINRICH HEINE GEDICHTE -AVEC LE DIABLE – LE LIVRE DES CHANTS XXXV- Ich rief den Teufel und er kam

HEINRICH HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heinrich Heine Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


 

Ich rief den Teufel und er kam,
J’ai appelé le diable et il est venu,
Und ich sah ihn mit Verwund’rung an.
Et je l’ai regardé avec surprise.
Er ist nicht häßlich, und ist nicht lahm,
Il n’est ni laid ni boiteux,
Er ist ein lieber, scharmanter Mann,
C’est un bel homme gracieux,
Ein Mann in seinen besten Jahren,
Un homme dans la force de l’âge,
Verbindlich und höflich und welterfahren.
Poli, attentionné et sage.
Er ist ein gescheuter Diplomat,
C’est un habile diplomate,
Und spricht recht schön über Kirch’ und Staat.
Qui parle aussi bien de l’église que de l’État.
Blaß ist er etwas, doch ist es kein Wunder,
Certes, un peu pâle, mais rien étonnant,
Sanskritt und Hegel studiert er jetzunder.
Il étudie le sanskrit et Hegel actuellement.
Sein Lieblingspoet ist noch immer Fouqué.
Son poète préféré est encore La Motte-Fouqué.
Doch will er nicht mehr mit Kritik sich befassen,
Mais ne souhaitant plus participer aux critiques,
Die hat er jetzt gänzlich überlassen
Qu’il a abandonnées, il les a laissées
Der theuren Großmutter Hekate.
A sa chère grand-mère Hécate.
Er lobte mein juristisches Streben,
Il m’a loué mes poursuites dans les études juridiques,
Hat früher sich auch damit abgegeben.
Auxquelles il s’était intéressé jadis.
Er sagte meine Freundschaft sey
Il me dit combien mon amitié
Ihm nicht zu theuer, und nickte dabei,
Lui était chère, me saluant de la tête,
Und frug: ob wir uns früher nicht
Et me demanda : « ne nous sommes-nous pas rencontrés
Schon einmal gesehn bei’m span’schen Gesandten?
Déjà chez l’ambassadeur d’Espagne ? »
Und als ich recht besah sein Gesicht,
Et quand je regardai minutieusement son visage,
Fand ich in ihm einen alten Bekannten.
Je reconnus une vieille connaissance.


 

*

Heinrich Heine Gedichte Friedrich de La Motte-FouquéFriedrich de La Motte-Fouqué
Friedrich Heinrich Karl de la Motte
1777-1843
Écrivain Romantique Allemand
En uniforme de hussard
vers 1815

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HEINRICH HEINE POEMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

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HEINRICH HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

LE MANDARIN Eça de Queiroz – O Mandarim – 1ère Partie – 3ème section

LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português
Le Mandarin Eça de Queiroz

Eça de Queiroz
(1845-1900)
Tradução – Traduction
texto bilingue

Eça de Queirós 1882 O Mandarim Le Mandarin

O Mandarim

(1880)

LE MANDARIN

I

Première Partie

Traduction Jacky Lavauzelle

Le Mandarin Eça de Queiroz
Troisième Section

Eça de Queiroz Le Mandarin O Mandarim Artgitato L'enfance de Jupiter 1630 Jacob Jordaens Le Louvre
Jacob Jordaens
L’Enfance de Jupiter
1630
Musée du Louvre

*****

 

 Se o volume fosse de uma honesta edição Michel-Levy, de capa amarela, eu, que por fim não me achava perdido numa floresta de balada alemã, e podia da minha sacada ver branquejar à luz do gás o correame da patrulha
Si cela n’était qu’une simple édition Michel-Levy, à la couverture jaune, moi qui, enfin, n’étais pas perdu dans une forêt de ballade allemande, et qui pouvais, de mon balcon, voir briller la lumière des becs de gaz,
– teria simplesmente fechado o livro, e estava dissipada a alucinação nervosa.
– tout simplement, j’aurais fermé le livre, ce qui aurait dissipé cette hallucination nerveuse.
Mas aquele sombrio in-fólio parecia exalar magia;
Mais cette magie semblait sortir de ce sombre in-folio ;
cada letra afectava a inquietadora configuração desses sinais da velha cabala, que encerram um atributo fatídico;
chaque lettre affectait la configuration des signes inquiétants de l’ancienne cabale, qui enfermait un attribut fatidique ;
as vírgulas tinham o retorcido petulante de rabos de diabinhos, entrevistos numa alvura de luar;
les virgules avait les queues tordues de pétulants diablotins entrevus dans une blancheur lunaire ;
no ponto de interrogação final eu via o pavoroso gancho com que o Tentador vai fisgando as almas que adormeceram sem se refugiar na inviolável cidadela da Oração!…
dans le point d’interrogation final,  je voyais le terrible crochet du Tentateur qui transperçait les âmes endormies, celles qui ne s’étaient pas réfugiées dans la citadelle inviolable de la prière ! …
Uma influência sobrenatural apoderando-se de mim, arrebatava-me devagar para fora da realidade, do raciocínio:
Une influence surnaturelle me saisissant, je le saisit lentement hors de la réalité, le raisonnement
e no meu espírito foram-se formando duas visões – de um lado um mandarim decrépito, morrendo sem dor, longe, num quiosque chinês, a um ti-li-tim de campainha;
et mon esprit ont commencé à former deux visions- d’un côté un mandarin décrépit, mourant sans douleur loin de tous, dans un kiosque chinois, accompagné de sons de cloches ;
do outro toda uma montanha de ouro cintilando aos meus pés!
l’autre toute une montagne d’or miroitant à mes pieds!
Isto era tão nítido, que eu via os olhos oblíquos do velho personagem embaciarem-se, como cobertos de uma ténue camada de pó;
C’était si clair, je voyais les yeux bridés du vieillard se couvrir d’une sorte de fine couche de poussière;
e sentia o fino tinir de libras rolando juntas.
et j’entendais au final tinter les livres qui roulaient.
E imóvel, arrepiado, cravava os olhos ardentes na campainha, pousada pacatamente diante de mim sobre um dicionário francês
Et immobile, terrifié, mes yeux ne se détachaient plus de la cloche, cloche qui reposait paisiblement devant moi sur un dictionnaire français
– a campainha prevista, citada no mirífico in-fólio…
– la cloche qu’évoquait l’in-folio mirifique …

 Foi então que, do outro lado da mesa, uma voz insinuante e metálica me disse, no silêncio:
Puis, de l’autre côté de la table, une voix métallique insinuante me dit dans le silence:

 – Vamos, Teodoro, meu amigo, estenda a mão, toque a campainha, seja um forte!
– Allez, Teodoro, mon ami, tendez la main, agitez la cloche, soyez fort !

 O abat-jour verde da vela punha uma penumbra em redor.
Du vert abat-jour émanait une pénombre tout autour.
Ergui-o, a tremer.
Je le levai, tremblant.
E vi, muito pacificamente sentado, um indivíduo corpulento, todo vestido de preto, de chapéu alto, com as duas mãos calçadas de luvas negras gravemente apoiadas ao cabo de um guarda-chuva.
Et je vis, assis paisiblement, un homme corpulent, habillé tout en noir, chapeau haut de forme, avec les deux mains dans des gants noirs, gravement appuyé sur le pommeau d’un parapluie.
Não tinha nada de fantástico.
Il n’y avait là rien de fantastique.
Parecia tão contemporâneo, tão regular, tão classe média como se viesse da minha repartição…
Il semblait ordinaire, de la classe moyenne, comme s’il venait de mon service…

Toda a sua originalidade estava no rosto, sem barba, de linhas fortes e duras;
Tout son originalité était dans son visage, pas de barbe, des traits forts et durs ;
o nariz brusco, de um aquilino formidável, apresentava a expressão rapace e atacante de um bico de águia;
le nez brusque, d’un aquilin redoutable, lui donnait l’expression rapace et guerrière du bec d’aigle;
o corte dos lábios, muito firme, fazia-lhe como uma boca de bronze;
la coupe de ses lèvres, très ferme, lui faisait une bouche de bronze ;
os olhos, ao fixar-se, assemelhavam dois clarões de tiro, partindo subitamente de entre as sarças tenebrosas das sobrancelhas unidas;
les yeux, en vous fixant, ressemblaient à deux coups de feu, tout à coup tirés du feuillu ténébreux des sourcils réunis ;
era lívido – mas, aqui e além na pele, corriam-lhe raiações sanguíneas como num velho mármore fenício.
Il était livide – mais, ici et là, sur sa peau, couraient des ramifications de vaisseaux, tel un vieux marbre phénicien.

Veio-me à ideia de repente que tinha diante de mim o Diabo:
L’idée me vint soudain que j’avais devant moi le Diable :
mas logo todo o meu raciocínio se insurgiu resolutamente contra esta imaginação.
mais bientôt toute ma raison résolument protesta contre cette divagation.
Eu nunca acreditei no Diabo – como nunca acreditei em Deus.
Je ne croyais pas au Diable – comme je ne croyais pas en Dieu.
Jamais o disse alto, ou o escrevi nas gazetas, para não descontentar os poderes públicos, encarregados de manter o respeito por tais entidades:
Je ne l’ai jamais dit à haute voix, ou écrit dans les journaux, pour ne pas déplaire aux autorités en charge de maintenir le respect de ces entités :
mas que existam estes dois personagens, velhos como a Substância, rivais bonacheirões, fazendo-se mutuamente pirraças amáveis,
mais penser qu’il existe deux personnages, vieux comme la Matière, débonnaires rivaux, passant leur temps à se quereller aimablement,
– um de barbas nevadas e túnica azul, na toilette do antigo Jove, habitando os altos luminosos, entre uma corte mais complicada que a de Luís XIV;
– l’un doté d’une barbe blanche et d’une tunique bleue, dans la toilette de l’antique Zeus, habitant les lumières célestes, au milieu d’une cour plus compliquée que celle de Louis XIV ;
e o outro enfarruscado e manhoso, ornado de cornos, vivendo nas chamas inferiores, numa imitação burguesa do pitoresco Plutão
et l’autre, malin et sombre, orné de cornes, vivant dans les flammes inférieures, une imitation bourgeoise du pittoresque Pluton
– não acredito. Não, não acredito!
– je n’y crois pas. Non, je n’y crois pas !
Céu e Inferno são concepções sociais para uso da plebe
Le ciel et l’enfer sont des concepts sociaux pour l’utilisation du peuple
– e eu pertenço à classe média.
– et j’appartiennent à la classe moyenne.
Rezo, é verdade, a Nossa Senhora das Dores:
Je prie, il est vrai, à Notre-Dame des Douleurs:
porque, assim como pedi o favor do senhor doutor para passar no meu acto; 
car j’ai recherché les faveurs de mon professeur pour avoir mes diplômes ;
assim como, para obter os meus vinte mil réis, implorei a benevolência do senhor deputado; 
j’ai imploré la bienveillance de mon député pour gagner mes vingt mille reis ;
igualmente para me subtrair à tísica, à angina, à navalha de ponta, à febre que vem da sarjeta, à casca da laranja escorregadia onde se quebra a perna, a outros males públicos, necessito ter uma protecção extra-humana. 
également pour me soustraire à la phtisie, à l’angine de poitrine, à la lame du rasoir qui vient du trottoir, à l’écorce de l’orange glissante où je peux me casser une jambe, à bien d’autres malédictions publiques, je dois avoir une protection extra-humaine.
Ou pelo rapapé ou pelo incensador, o homem prudente deve ir fazendo assim uma série de sábias adulações, desde a Arcada até ao Paraíso.
Avec des encensoirs, l’homme sage doit pouvoir ainsi faire un certain nombre de sages adulations, de l’Arcada au Paradis.
Com um compadre no bairro, e uma comadre mística nas alturas
Avec un compère dans un quartier, et commère mystique dans un autre
– o destino do bacharel está seguro.
– le destin du bachelier est assuré.

Por isso, livre de torpes superstições, disse familiarmente ao indivíduo vestido de negro:
Donc, libre de superstitions grossières, je dis familièrement à cet individu fardé de noir :

– Então, realmente, aconselha-me que toque a campainha?
– Alors, vraiment, vous me conseillez de sonner la cloche ?

 Ele ergueu um pouco o chapéu, descobrindo a fronte estreita, enfeitada de uma gaforinha crespa e negrejante como a do fabuloso Alcides, e respondeu, palavra a palavra:
Il souleva légèrement son chapeau, découvrant un front étroit, que surplombait une chevelure crépue et noire comme le fabuleux Alcide, et dit, mot pour mot :
– Aqui está o seu caso, estimável Teodoro.
– C’est là qu’est votre problème, estimable Teodoro.
Vinte mil réis mensais são uma vergonha social!
Vingt mille reis mensuels sont une honte sociale !
Por outro lado, há sobre este globo coisas prodigiosas:
D’autre part, il y a sur ce globe des choses prodigieuses :
há vinhos de Borgonha, como por exemplo o Romanée-Conti de 58 e o Chambertin, de 61, que custam, cada garrafa, de dez a onze mil réis;
Il y a des vins de Bourgogne, comme le Romanée-Conti de 58 et le Chambertin de 61, qui coûte, par bouteille, de dix à onze mille reis;
e quem bebe o primeiro cálice, não hesitará, para beber o segundo, em assassinar seu pai…
et qui boit une première coupe, n’hésitera pas, pour en boire une seconde, à assassiner son père …
Fabricam-se em Paris e em Londres carruagens de tão suaves molas, de tão mimosos estofos, que é preferível percorrer nelas o Campo Grande, a viajar, como os antigos deuses, pelos céus, sobre os fofos coxins das nuvens…
Il se fabrique à Paris et à Londres des voitures avec des ressorts si doux, de si minutieux revêtements, que cela devient plus agréable d’aller de la sorte au Campo Grande que de voyager, comme les anciens dieux, par les cieux, sur des coussins moelleux de nuages …
Não farei à sua instrução a ofensa de o informar que se mobilam hoje casas, de um estilo e de um conforto, que são elas que realizam superiormente esse regalo fictício, chamado outrora a «bem-aventurança».
Je ne ferai pas offense à votre instruction en vous informant que le mobilier d’aujourd’hui de ces maisons abrite un tel style et un tel confort, que nous y trouvons ce que jadis nous appelions le «bonheur».
Não lhe falarei, Teodoro, de outros gozos terrestres:
Je ne vous parelerai pas, Teodoro, des autres jouissances terrestres :
como, por exemplo, o Teatro do Palais Royal, o baile Laborde, o Café Anglais…
comme, par exemple, le Théâtre du Palais Royal, la bal Laborde, le Café Anglais …
Só chamarei a sua atenção para este facto:
Il suffit de rappeler à votre attention ces faits :
existem seres que se chamam Mulheres
il y a des êtres qui s’appellent des femmes
– diferentes daqueles que conhece, e que se denominam Fêmeas. – différentes de celles que vous connaissez, et qui se nomment des Femelles.
Estes seres, Teodoro, no meu tempo, a páginas 3 da Bíblia, apenas usavam exteriormente uma folha de vinha.
Ces êtres, Teodoro, dans mon temps, à la page 3 de la Bible, se couvraient d’à peine une feuille de vigne.
Hoje, Teodoro, é toda uma sinfonia, todo um engenhoso e delicado poema de rendas, baptistes, cetins, flores, jóias, caxemiras, gazes e veludos…
Aujourd’hui, Teodoro, c’est une symphonie, tout un ingénieux et délicat poème de dentelles, de baptiste, de satins, de fleurs, de bijoux, de cachemires, de velours et de gazes …
Compreende a satisfação inenarrável que haverá, para os cinco dedos de um cristão, em percorrer, palpar estas maravilhas macias; Vous comprendrez la satisfaction indicible qu’il y a, pour les cinq doigts d’un chrétien à aller palper de si merveilleuses douceurs ;
– mas também percebe que não é com o troco de uma placa honesta de cinco tostões que se pagam as contas destes querubins…
– Mais aussi vous réalisez bien que ce n’est pas une simple pièce de cinq tastões que vous pourrez payer les factures de ces chérubins …
Mas elas possuem melhor, Teodoro:
Mais elles possèdent quelque chose de plus, Teodoro :
são os cabelos cor do ouro ou cor da treva, tendo assim nas suas tranças a aparência emblemática das duas grandes tentações humanas
elles ont des cheveux couleur d’or ou couleur des grandes obscurités, avec, dans leurs tresses, l’apparence emblématique de deux grandes tentations humaines
– a fome do metal precioso e o conhecimento do absoluto transcendente.
– l’appétit du métal précieux et de la connaissance de l’absolue transcendance.
E ainda têm mais:
Et elles ont encore plus:
são os braços cor de mármore, de uma frescura de lírio orvalhado;
elles possèdent des bras couleur de marbre, d’une fraîcheur de rosée ;
são os seios, sobre os quais o grande Praxíteles modelou a sua Taça, que é a linha mais pura e mais ideal da Antiguidade…
des seins, sur lesquels le grand Praxitèle a modelé sa Coupe, qui se trouve être la ligne la plus pure et la plus idéale de l’antiquité …
Os seios, outrora (na ideia desse ingénuo Ancião que os formou, que fabricou o mundo, e de quem uma inimizade secular me veda de pronunciar o nome),
Les seins, autrefois (dans l’idée de cet Ancien ingénu qui les a formés, qui a fait le monde, et dont l’inimitié séculaire m’interdit de prononcer le nom),
eram destinados à nutrição augusta da humanidade;
étaient destinées à l’auguste nutrition de l’humanité;
sossegue porém, Teodoro;
soyez tranquille, Teodoro;
hoje nenhuma mamã racional os expõe a essa função deterioradora e severa;
aujourd’hui aucune maman rationnelle ne les expose à cette fonction destructrice et sévère ;
servem só para resplandecer, aninhados em rendas, ao gás das soirées,
ils ne servent qu’à briller, nichés dans la dentelle, et les gazes des soirées,
– e para outros usos secretos.
– ainsi qu’à d’autres utilisations secrètes.
As conveniências impedem-me de prosseguir nesta exposição radiosa das belezas que constituem o fatal feminino
Les convenances m’empêchent de poursuivre cette exposition radieuse des beautés qui constituent l’éternel féminin
De resto as suas pupilas já rebrilham…
D’ailleurs déjà vos pupilles scintillent …
Ora todas estas coisas, Teodoro, estão para além, infinitamente para além dos seus vinte mil réis por mês…
Maintenant, toutes ces choses, Teodoro, sont au-delà, infiniment au-delà de vos vingt mille reis par mois …
Confesse, ao menos, que estas palavras têm o venerável selo da verdade!…
Avouez, au moins, que ces mots porte le vénérable sceau de la vérité! …

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Le Mandarin Eça de Queiroz

FAUST de GOETHE – PROLOG IM HIMMEL – PROLOGUE AU CIEL

Goethe par Joseph Karl Stieler, 1828

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Prolog im Himmel
Prologue au Ciel
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Johann Wolfgang
von Goethe

 Faust Goethe Eine Tragödie Argitato Théâtre Prolog im Himmel Prologue au ciel

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Traduction Jacky Lavauzelle 
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Faust par Wilhelm Hensel.

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Der Herr. Die himmlischen Heerscharen.
Nachher Mephistopheles.
Le Seigneur, les Phalanges célestes. Puis Méphistophélès.

  

Die drei Erzengel
treten vor
ils s’avancent
.

 

RAPHAEL

Die Sonne tönt, nach alter Weise,

Le Soleil résonne, selon la vieille tradition,

In Brudersphären Wettgesang,

Dans la multitude des chants des sphères harmonieuses,

Und ihre vorgeschriebne Reise

Et le voyage, comme il est prescrit,

Vollendet sie mit Donnergang.   

Se termine dans le fracas du tonnerre.

Ihr Anblick gibt den Engeln Stärke,

Sa vue donne aux Anges la force,

Wenn keiner Sie ergründen mag ;

Quand bien même il reste à jamais insondable ;

Die unbegreiflich hohen Werke

Les œuvres sublimes et incompréhensibles,

Sind herrlich wie am ersten Tag.

Sont belles comme au premier jour.

 

GABRIEL

Und schnell und unbegreiflich schnelle

Et rapidement, avec une vitesse inouïe,

Dreht sich umher der Erde Pracht ;

Tourne autour de la splendeur de la terre ;

Es wechselt Paradieseshelle

Il fait se succéder la lumière paradisiaque

Mit tiefer, schauervoller Nacht.

A la profondeur et au frisson de la nuit.

Es schäumt das Meer in breiten Flüssen

Il écume la mer dans les flots puissants

Am tiefen Grund der Felsen auf,

Sur la base profonde des roches,

Und Fels und Meer wird fortgerissen

Et les rocs et la mer sont balayés

Im ewig schnellem Sphärenlauf.

Dans la course éternelle et folle des sphères.

 

MICHEL

Und Stürme brausen um die Wette

Et la tempête gronde autour de l’orage qui,

Vom Meer aufs Land, vom Land aufs Meer,

De la mer à la terre, de la terre à la mer,

Und bilden wütend eine Kette

forme dans cette chaîne colérique

Der tiefsten Wirkung rings umher.

Des profonds et insondables effets.

Da flammt ein blitzendes Verheeren

Les flammes de la foudroyante dévastation

Dem Pfade vor des Donnerschlags.

Suivent le chemin qu’ouvre l’éclat du tonnerre.

Doch deine Boten, Herr, verehren

Pourtant, vos messagers, Seigneur, vénèrent

Das sanfte Wandeln deines Tags.

Les douces variations de ton jour.

ZU DREI
Les trois ensemble

Der Anblick gibt den Engeln Stärke,

Ta vue donne aux Anges la force,

Da keiner dich ergründen mag,

Que personne ne peut sonder,

Und alle deine hohen Werke

Et toutes tes hautes œuvres

Sind herrlich wie am ersten Tag.

Sont belles comme au premier jour.

MEPHISTOPHELES

Da du, o Herr, dich einmal wieder nahst

Parce que, Seigneur, tu t’approches une fois de plus

Und fragst, wie alles sich bei uns befinde,

Et demandes comment tout se déroule,

Und du mich sonst gewöhnlich gerne sahst,

Et que d’ailleurs tu me vois volontiers,

So siehst du mich auch unter dem Gesinde.

Donc, me voici parmi tes serviteurs.

Verzeih, ich kann nicht hohe Worte machen,

Pardonne-moi, je ne peux pas faire de grands discours,

Und wenn mich auch der ganze Kreis verhöhnt;

Même si je dois-être moqué par tous,

Mein Pathos brächte dich gewiß zum Lachen,

Mon pathos sûrement te ferait rire,

Hätt’st du dir nicht das Lachen abgewöhnt.

Si seulement tu n’avais pas renoncé au rire,

Von Sonn’ und Welten weiß ich nichts zu sagen,

Des soleils et des mondes, je ne connais rien,

 

Ich sehe nur, wie sich die Menschen plagen.

Je vois  seulement, comment les gens se tourmentent.

 

Der kleine Gott der Welt bleibt stets von gleichem Schlag,

 

Le petit dieu du monde reste toujours de la même espèce,

Und ist so wunderlich als wie am ersten Tag.

Et fantasque comme au premier jour.

Ein wenig besser würd er leben,

Il vivrait un peu mieux,

Hättst du ihm nicht den Schein des Himmelslichts gegeben ;

Si tu ne lui avais pas donné un peu de la lumière du ciel ;

Er nennt’s Vernunft und braucht’s allein,

Il appelle cela la raison et ne l’utilise

Nur tierischer als jedes Tier zu sein.

Seulement que pour être plus bestial que chaque animal.

Er scheint mir, mit Verlaub von euer Gnaden,

Il ressemble, avec tout le respect dû à Votre Grâce,

Wie eine der langbeinigen Zikaden,

A une de ces cigales à longues pattes,

Die immer fliegt und fliegend springt

Qui toujours vole et saute en volant

Und gleich im Gras ihr altes Liedchen singt ;

Et aussitôt dans l’herbe chante une vieille chansonnette ;

Und läg er nur noch immer in dem Grase!

Et si seulement, s’il restait pour toujours dans cette herbe !

In jeden Quark begräbt er seine Nase.

Mais dans chaque crotte, il fourre son nez !

DER HERR
Le Seigneur

Hast du mir weiter nichts zu sagen?

N’as-tu rien d’autre à me dire ?

Kommst du nur immer anzuklagen?

Ne viens-tu pas seulement, comme toujours, m’accuser ?

Ist auf der Erde ewig dir nichts recht?

Sur la terre, jamais, ne trouveras-tu rien de bon?

 

MEPHISTOPHELES

Nein Herr! ich find es dort, wie immer, herzlich schlecht.

Non, Seigneur ! Je n’y trouve, comme toujours, sincèrement que du mauvais !

Die Menschen dauern mich in ihren Jammertagen,

Les gens m’attristent, leur misère est si grande,

Ich mag sogar die armen selbst nicht plagen.

Je n’ai même plus de plaisir à châtier ces pauvres malheureux.

DER HERR
Le Seigneur

Kennst du den Faust?

Connais-tu Faust ?

MEPHISTOPHELES

Den Doktor?

Le docteur ?

DER HERR
Le Seigneur

Meinen Knecht !

Mon serviteur !

 

MEPHISTOPHELES

Fürwahr ! er dient Euch auf besondre Weise.

En vérité ! Il vous sert de la plus singulière manière !

Nicht irdisch ist des Toren Trank noch Speise.

Le fou ne boit ou ne mange rien de comestible.

Ihn treibt die Gärung in die Ferne,

Il est entraîné par cette fermentation spirituelle dans les hauteurs,

Er ist sich seiner Tollheit halb bewußt ;

Il est à moitié conscient de sa folie ;

Vom Himmel fordert er die schönsten Sterne

Du ciel qu’il appelle, il demande les plus belles étoiles

Und von der Erde jede höchste Lust,

Et à la terre, des plaisirs suprêmes,

Und alle Näh und alle Ferne

Et tout ce qui est proche et tout ce qui est lointain,

Befriedigt nicht die tiefbewegte Brust.

Ne pas satisfait plus ce cœur exigeant.

 

DER HERR
Le Seigneur

Wenn er mir auch nur verworren dient,

S’il me sert ainsi, même dans la confusion,

So werd ich ihn bald in die Klarheit führen.

Je le conduirais vers la lumière.

Weiß doch der Gärtner, wenn das Bäumchen grünt,

Il sait, le jardinier, quand l’arbre devient vert,

Das Blüt und Frucht die künft’gen Jahre zieren.

Que les fleurs et les fruits l’orneront dès les prochaines années.

MEPHISTOPHELES

Was wettet Ihr? den sollt Ihr noch verlieren!

Qu’est-ce que vous pariez ? Vous le perdrez !

Wenn Ihr mir die Erlaubnis gebt,

Si vous me donnez la permission,

Ihn meine Straße sacht zu führen.

De le guider doucement sur ma route.

DER HERR
Le Seigneur

Solang er auf der Erde lebt,

Tant qu’il vivra sur la terre,

So lange sei dir’s nicht verboten,

Rien ne t’interdit d’essayer tout ce temps,

Es irrt der Mensch so lang er strebt.

L’homme erre tant qu’il est dans sa quête.

MEPHISTOPHELES

Da dank ich Euch; denn mit den Toten

Je te remercie ! Car avec les morts

Hab ich mich niemals gern befangen.

Je n’ai jamais eu d’attraits.

Am meisten lieb ich mir die vollen, frischen Wangen.

J’aime par-dessus tout les joues  pleines et fraîches.

Für einem Leichnam bin ich nicht zu Haus ;

Pour un cadavre, je ne suis pas à la maison ;

Mir geht es wie der Katze mit der Maus.

Pour moi, il y va comme du chat avec la souris.

DER HERR
Le Seigneur

Nun gut, es sei dir überlassen!

Bien !  Je te le laisse !

Zieh diesen Geist von seinem Urquell ab,

Détourne cet esprit de sa source,

Und führ ihn, kannst du ihn erfassen,

Et si tu le saisis, conduis-le avec toi,

Auf deinem Wege mit herab,

Sur ton chemin vers les abîmes,

Und steh beschämt, wenn du bekennen mußt :

Mais honte à toi, s’il te faut avouer

Ein guter Mensch, in seinem dunklen Drange,

Qu’un homme bon, dans sa sombre impulsion,

Ist sich des rechten Weges wohl bewußt.

Reste bien conscient de la bonne voie à suivre !

 

MEPHISTOPHELES

Schon gut ! nur dauert es nicht lange.

Bien ! seulement il ne faudra pas longtemps !

Mir ist für meine Wette gar nicht bange.

Je n’ai pas de crainte pour mon pari.

Wenn ich zu meinem Zweck gelange,

Si j’arrive à mon but,

Erlaubt Ihr mir Triumph aus voller Brust.

Vous permettrez que je triomphe à pleins poumons.

Staub soll er fressen, und mit Lust,

La poussière, il la dévorera, et avec délectation,

Wie meine Muhme, die berühmte Schlange.

Comme mon cousin, le fameux Serpent.

 DER HERR
Le Seigneur

Du darfst auch da nur frei erscheinen ;

Tu pourras aussi apparaître à ta guise ;

Ich habe deinesgleichen nie gehaßt.

Je n’ai jamais haï tes pareils.

Von allen Geistern, die verneinen,

De tous les esprits qui s’opposent,

Ist mir der Schalk am wenigsten zur Last.

C’est pour moi le Malin qui m’est le moins à charge.

Des Menschen Tätigkeit kann allzu leicht erschlaffen,

L’activité d’un homme peut trop facilement se distendre,

Er liebt sich bald die unbedingte Ruh ;

Il aime le repos inconditionnellement ;

Drum geb ich gern ihm den Gesellen zu,

Je vais donc, volontiers, lui envoyer ce compagnon,

Der reizt und wirkt und muß als Teufel schaffen.

Afin de l’irriter et de l’influer et que le Diable le besogne.

Doch ihr, die echten Göttersöhne,

Mais vous, les vrais fils de Dieu,

Erfreut euch der lebendig reichen Schöne !

Réjouissez-vous de la richesse de la beauté vivante !

Das Werdende, das ewig wirkt und lebt,

Que ce qui advient, soit éternellement agissant et vivant,

Umfass’ euch mit der Liebe holden Schranken,

Et vous prenne dans les douces limites de l’amour,

Und was in schwankender Erscheinung schwebt,

Et ce qui est fluctuant et fuyant,

Befestigt mit dauernden Gedanken!

Se fixe en pensées durables !

 

(Der Himmel schließt, die Erzengel verteilen sich.
Le Ciel se referme, les archanges se dispersent)

MEPHISTOPHELES
(allein – seul)

 

Von Zeit zu Zeit seh ich den Alten gern,

De temps en temps, je vois le vieil homme avec plaisir,

Und hüte mich, mit ihm zu brechen.

Et me garde, avec lui, de rompre les liens.

Es ist gar hübsch von einem großen Herrn,

C’est vraiment agréable, venant d’un aussi grand seigneur,

So menschlich mit dem Teufel selbst zu sprechen.

De parler humainement avec le Diable lui-même.

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