Voglia mi sprona, Amor mi guida et scorge,
Envie m’éperonne, Amour me guide et me dirige, Piacer mi tira, Usanza mi trasporta,
Plaisir me tire, Coutume me transporte, Speranza mi lusinga et riconforta
Espérance me flatte et me réconforte…
Miguel Hernández (30 octobre 1910 Orihuela, province d’Alicante – 28 mars 1942 Alicante) (Orihuela, 30 de octubre de 1910-Alicante, 28 de marzo de 1942)
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Recueil El hombre acecha L’HOMME TRAQUÉ 1938-1939
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L’ULTIME CHANSON Canción última
****** TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
Hilma af Klint, Chaos, no 2, 1906
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Pintada, no vacía: Peinte, non vide : pintada está mi casa peinte est ma maison del color de las grandes au couleur des grandes pasiones y desgracias. passions et des grands malheurs…
Es reden und träumen die Menschen viel
Les gens parlent et rêvent toujours von bessern künftigen Tagen;
à des jours meilleurs ; nach einem glücklichen, goldenen Ziel
vers un but heureux et glorieux sieht man sie rennen und jagen.
vous les voyez courir et courir encore. Die Welt wird alt und wird wieder jung,
Le monde vieillit et rajeunit, doch der Mensch hofft immer Verbesserung.
mais l’homme espère toujours des jours plus beaux.
Die Hoffnung führt ihn ins Leben ein,
L’espérance l’accompagne toute sa vie : sie umflattert den fröhlichen Knaben, elle s’agite autour du garçon joyeux, den Jüngling locket ihr Zauberschein,
le jeune homme, lui, est attiré par sa magie, sie wird mit dem Greis nicht begraben;
enfin, elle ne sera pas enterrée avec le vieil homme ; denn beschließt er im Grabe den müden Lauf,
car, dans la tombe, il termine son parcours fatigué, noch am Grabe pflanzt er – die Hoffnung auf.
toujours sur la tombe, il plante… l’espérance.
Es ist kein leerer, schmeichelnder Wahn,
Ce n’est pas une illusion vide et flatteuse, erzeugt im Gehirne des Toren,
générée dans le cerveau de l’insensé, im Herzen kündet es laut sich an:
dans le cœur puissamment nous entendons une voix : zu was Besserm sind wir geboren.
Nous sommes nés pour quelque chose de mieux ! Und was die innere Stimme spricht,
Et ce que dit la voix intérieure das täuscht die hoffende Seele nicht.
ne trompe pas l’âme qui espère.
Freude, schöner Götterfunken, Joie,belleétincelledes dieux, Tochter aus Elisium, Fille d’Elysée, Wir betreten feuertrunken Nous entronsivres avec le feu
La poésie lyrique est l’une des joies les plus pures, et l’une des gloires littéraires les plus brillantes du peuple allemand. On n’a point vu se développer dans ce vaste pays d’Allemagne certains rameaux de la pensée humaine qui, dans d’autres contrées, ont porté tant de fleurs précieuses et tant de fruits vivifiants. L’Allemagne n’a point eu de Molière, point de Walter Scott ni de La Fontaine, et le drame, qui, dans les derniers temps, lui a donné une si grande illustration, le drame n’est apparu sur la scène allemande avec une réelle originalité et un véritable éclat, qu’après une longue suite d’obscurs tâtonnements, de froids essais, de fades imitations. Sa rapide durée, sa subite décadence, prouvent qu’il n’était point issu du génie de la nation allemande, mais de la pensée puissante de quelques hommes. Ce drame commence à Lessing et finit à Goethe. Après la mort de Schiller, après le silence de l’immortel auteur de Faust, les théâtres d’Allemagne sont retombés dans leur viduité première ; les œuvres de Werner, de Mullner, de Grillparzer ; les trop nombreuses productions de Raupach et le brillant début de M. Munch-Bellinghausen, ne lui ont donné qu’une lueur fugitive. Le désordre est entré dans les rangs de ces écrivains dramatiques que deux bannières illustres ralliaient, il y a vingt ans, autour d’un sentiment de création originale, d’une grande idée d’art. Dans leur vague incertitude, dans leurs désirs flottants et leur impuissance, ils en sont réduits maintenant à chercher une substance étrangère, à prendre, qui de-ci, qui de-là, une comédie du Théâtre-Français, un vaudeville de Boulevard, qu’ils revêtent de langues germaniques, et conduisent à la lisière sur le théâtre de Vienne ou de Berlin.
Mais depuis les plus anciens temps, l’Allemagne, avec sa nature tendre, rêveuse, idéale, a senti s’éveiller en elle le sentiment mélodieux de la poésie lyrique. Les vieux guerriers chantaient en allant au combat ; les Minnesinger ont répandu à travers les sombres mœurs du moyen âge les trésors de l’inspiration la plus suave, et les délicieux accents d’une pensée d’amour unie à la religion par un lien mystique. Les Meistersanger conservaient la même inspiration, et ils n’en altérèrent le charme primitif qu’en se trompant eux-mêmes sur certains effets de style et certains raffinements de forme. C’est par la poésie lyrique que la première école silésienne se signala au XVIIe siècle ; c’est par la poésie lyrique que Bürger, Holly et leurs jeunes amis de Goettingue ramenèrent les beaux esprits de leur temps à une tendance littéraire plus juste, à un langage plus simple et plus vrai. Enfin, c’est par la poésie lyrique que les principaux écrivains de l’époque actuelle, Novalis, Uhland, Ruckert, se sont fait une renommée qui de l’Allemagne s’est promptement répandue dans les autres contrées. À travers les tempêtes qui ont agité l’Europe, les événements politiques qui en ont changé la face, au milieu des questions vitales dont le monde poursuivait chaque jour la solution, l’Allemagne est apparue comme le scalde scandinave, qui ne pouvait en prenant l’épée abandonner sa harpe. Elle n’a pas cessé un instant de rêver, et pas un instant de chanter. Klopstock saluait par une ode l’aurore de notre révolution, et Théodore Korner, après avoir suivi tout le jour son escadron de chasseurs sur le champ de bataille, composait le soir au bivouac la chanson du lendemain. Il faut avoir visité les diverses contrées de l’Allemagne, pour savoir tout ce qu’il y a là d’instinct musical et de sentiment lyrique. Dès qu’on a passé la frontière, il semble qu’on entre dans une région fabuleuse où les hommes gazouillent et chantent comme des oiseaux. L’ouvrier chante en s’en allant le sac sur l’épaule, de ville en ville, gagner ses titres de maîtrise ; l’étudiant chante en cheminant sur la route de son Université ; l’humble famille bourgeoise qui, le dimanche, va se reposer des fatigues de la semaine sous le feuillage d’un Lustgarten, ne rentre guère dans sa demeure sans entonner aussi quelque chanson d’Uhland mise en musique par Strauss ; et dans les salons du grand monde, on serait bien étonné de passer une soirée sans cahiers de musique et sans piano. Il y a en Allemagne des chants pour toutes les fêtes et toutes les circonstances solennelles de la vie, pour toutes les classes de la société, toutes les corporations, tous les métiers, et chaque jour en augmente encore le nombre. Là, pas un site pittoresque qui n’ait été célébré plusieurs fois par les poëtes, pas une ruine des bords du Danube qui n’ait sa légende populaire, pas un château de la Thuringe, des bords du Rhin, de la Silésie, dont le nom ne se retrouve dans plusieurs recueils littéraires, dont l’histoire, réelle ou fictive, n’ait été racontée dans mainte et mainte strophe.
Ces chants de l’Allemagne n’ont point en général la vive et émouvante gaieté de ceux de la France, ni le caractère humoristique de ceux de l’Angleterre. Il en est peu qui n’allient à l’élan le plus joyeux une réflexion philosophique, une pensée religieuse. On y trouve d’ailleurs, même dans les plus vulgaires, un indice de vague rêverie, un sentiment de la nature qui ne se révèlent point dans les nôtres. L’ouvrier allemand ne se contente point de célébrer en vers plus ou moins corrects l’amour et le vin, il chante souvent avec une douce et naïve mélancolie la verdure des champs, la fraîcheur des bois ; et il y a telles de ces chansons d’artisan, de ces Burschenlieds qui retentissent chaque jour dans les plus obscurs cabarets et que l’on pourrait citer comme de petites odes harmonieuses, et remarquables par une pensée exquise.
Il est clair cependant que dans cette quantité de poésies lyriques qui inondent l’Allemagne, il y a un nombre infini de chansonnettes qui ne peuvent être considérées que comme des motifs de composition musicale, ou comme la pâle expression d’une pensée banale. C’est à la critique à chercher, au milieu de tant de productions, ce qui mérite d’être conservé et classé parmi les véritables œuvres d’art. Dans ces œuvres choisies, on distinguera les poésies lyriques de Schiller. L’homme de génie a mis là les qualités que l’on aime à retrouver dans ses drames, sa tendresse de cœur, ses grandes idées sociales, sa philosophie religieuse. Quand il n’aurait point écrit Marie Stuart, Guillaume Tell, Wallenstein, son petit volume d’élégies, de ballades, suffirait pour lui assurer une belle place parmi les poëtes de notre époque. Nous avons publié, en tête de la traduction de son théâtre, une notice biographique qui nous dispense de revenir sur les divers incidents de la vie de ce grand écrivain. Nous essaierons ici de rechercher les premières traces de ses compositions lyriques, et d’indiquer les différentes phases que sa pensée a suivies, le cercle qu’elle a parcouru, jusqu’à ce qu’elle arrivât à sa dernière manifestation, à son dernier développement, interrompu, brisé par une mort prématurée.
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Xavier Marmier
Préface
Poésies de Schiller
Charpentier
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Portrait de Friedrich Schiller par Anton Graff – 1785
LITTERATURE ALLEMANDE Poèmes de Friedrich Schiller
O recado que trazem é de amigos, Le messagequ’ils apportentest amical, Mas debaixo o veneno vem coberto; Mais dessous lepoisoncouve ; Que os pensamentos eram de inimigos,…
Quanto piú m’avicino al giorno extremo Plus j’avance vers ce jour extrême che l’umana miseria suol far breve, où l’humaine misère n’a plus cours, piú veggio il tempo andar veloce et leve, plus je voisle temps aller viteetse faire léger,…