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JAMES SHIRLEY : TO A LADY UPON A LOOKING-GLASS SENT – LE MIROIR

LITTERATURE ANGLAISE

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JAMES SHIRLEY
Londres, septembre 1596 – Londres, octobre 1666

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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LES POEMES
DE JAMES SHIRLEY

James Shirley’s poems

La Femme au miroir
Donna allo specchio
Le Titien
vers 1515
Musée du Louvre

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To a Lady upon a looking-glass sent
LE MIROIR

When this crystal shall present
Quand ce miroir présentera
Your beauty to your eye,
Votre beauté à vos yeux,
Think that lovely face was meant
Pensez que ce si délicat visage délicat est conçu
To dress another by.
Pour en revêtir une autre.

 



 For not to make them proud,
Ce n’est pas pour les rendre fières,
These glasses are allowed
Que de tels miroirs sont alloués
To those are fair,
A celles qui sont ravissantes,
But to compare
Mais pour que soient comparées
The inward beauty with the outward grace,
La beauté intérieure avec la grâce extérieure,
And make them fair in soul as well as face.
Pour que l’âme et le visage simultanément soient beaux.




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LE DERNIER DRAMATURGE DE LA GRANDE EPOQUE

par Émile Montégut

Un autre de ses-protégés fut James Shirley, le dernier dramaturge de la grande époque et l’auteur à la mode des divertissements de la cour sous Charles Ier. Shirley avait dédié à Newcastle un de ses meilleurs drames, le Traître, dont le sujet, par parenthèse, est le même que celui du Lorenzaccio, d’Alfred de Musset, et la petite préface par laquelle il lui adressa son drame indique, à ne pas s’y tromper, que la générosité du grand seigneur avait de beaucoup précédé la dédicace. Anthony Wood, cité par M. Edmond Gosse, dans une substantielle préface dont il a l’ait précéder un choix récemment publié des œuvres de Shirley, nous apprend que cette générosité avait été assez loin pour que Shirley, qui était d’ailleurs ardent royaliste, crût devoir s’enrôler dans l’armée de son patron. Il fit donc sous Newcastle les premières campagnes de la guerre civile, et le suivit après Marston-Moor sur le continent, d’où il revint furtivement en Angleterre quelques années après, lorsqu’il fut évident que la cause du roi était définitivement perdue.
Shirley n’était pas le seul poète dramatique que Newcastle eût enrôlé dans son armée. Dans la liste donnée par la duchesse des officiers composant l’état-major de son mari, je relève le nom de son lieutenant général d’artillerie, sir William Davenant, le poète lauréat de l’époque.

Émile Montégut
Curiosités historiques et littéraires
La Duchesse et le Duc de Newcastle
Revue des Deux Mondes
Troisième période, tome 100
1890

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JAMES SHIRLEY

SIR WALTER RALEIGH (1596) The Nymph’s Reply to the Shepherd LA REPONSE DE LA NYMPHE AU BERGER

LITTERATURE ANGLAISE

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SIR WALTER RALEIGH
1552/1554-29 octobre 1618

 

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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LES POEMES
DE SIR WALTER RALEIGH

Sir Walter Raleigh’s poems

The Nymph’s Reply to the Shepherd
La Réponse de la Nymphe au Berger
1596

 

 




If all the world and love were young,
Si tout le monde et l’amour étaient jeunes,
 
And truth in every shepherd’s tongue,
Et la vérité dans la langue de chaque berger,
These pretty pleasures might me move
Ces plaisirs délicats pourraient me décider
To live with thee and be thy love.
A vivre avec toi et être ton amant.

*

Time drives the flocks from field to fold
Le temps conduit les troupeaux du champ à l’étable
When Rivers rage and Rocks grow cold,
Quand monte l’eau des Rivières et se glacent les Rochers,
And Philomel becometh dumb;
Et Philomèle devient muette ;
The rest complains of cares to come.
Les autres se plaignent des soucis à venir.

*

The flowers do fade, and wanton fields
Les fleurs se fanent et les champs capricieux
To wayward winter reckoning yields;
Se livrent aux désirs de l’hiver ;
 A honey tongue, a heart of gall,
Une langue de miel, un cœur de fiel,
  Is fancy’s spring, but sorrow’s fall.
C’est printemps fantaisiste, c’est le chagrin de l’automne.




*

Thy gowns, thy shoes, thy beds of roses,
Tes robes, tes chaussures, tes lits de roses,
Thy cap, thy kirtle, and thy posies
Ton chapeau, ton jupon et ton petit bouquet de fleurs
 Soon break, soon wither, soon forgotten:
Seront bientôt jaunis, bientôt flétris, bientôt oubliés :
In folly ripe, in reason rotten.
Mûrs en frasques, par la raison pourris.




*

Thy belt of straw and Ivy buds,
Ta ceinture de paille et tes bourgeons de lierre,
Thy coral clasps and amber studs,
Tes attaches de corail et tes boutons ambrés,
 All these in me no means can move
Tout cela ne m’empêchera nullement
 To come to thee and be thy love.
De venir à toi et d’être ton amant.

*

But could youth last and love still breed,
Mais que vive la jeunesse et que persiste l’amour,
Had joys no date nor age no need,
Que la joie soit sans limite et l’âge sans besoin ;
Then these delights my mind might move
Alors ces délices pourraient m’encourager
To live with thee and be thy love.
A vivre avec toi et être ton amant.




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LA LOGIQUE DES PASSIONS

Les passions du XVIe siècle sont marquées vivement chez Raleigh. C’est ce qui le rend si intéressant pour nous. Il réunit l’esprit d’aventure, le génie de l’intrigue, le courage guerrier, la liberté du style, la ferveur protestante, l’animosité politique, le luxe italien, l’avidité britannique, et la violence comme l’audace gasconnes ; âme singulière, au sein de laquelle luttent les vices et les grandeurs nés de ces sources diverses, mensonge, fierté, bassesse, magnanimité, cruauté, fourberie, héroïsme. L’antithèse des rhéteurs est impuissante à dire les contrastes d’une telle vie : elle a pour caractère l’excès dans toutes les directions ; sublimité dans le péril, avilissement dans le succès ; rien de modéré, rien d’égal ; aujourd’hui le rôle d’un martyr et demain celui d’un laquais. On ne peut l’expliquer que par la logique des passions, non par celle de la raison.

Philarète Chasles (1798 – 1873)
Walter Raleigh
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 23, 1840

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Raleigh désira tout et fut tout

Il était né dans un temps qui fomentait l’ardeur vague de l’ambition, laissant tout espérer à la témérité, et enivrant de magnifiques promesses les âmes violentes. Nous savons aujourd’hui, fils du XIXe siècle, ce qu’une époque peut contenir de désirs immodérés, d’espérances sans terme et de désirs immodérés, d’espérances sans terme et de désirs insatiables. Raleigh désira être et fut tout ; plus d’une fois il atteignit le succès, et sa renommée incomplète demeura comme suspendue entre tous ces genres de gloire. On l’a vu tout commencer, ne rien accomplir ; de succès en succès n’aboutir qu’à des avortements, et devoir son véritable triomphe à sa prison, lorsque cette ardeur fixée se concentra dans des pensées sévères, et valut à Raleigh la gloire littéraire, celle qui protège encore avec le plus de certitude et de magnificence une renommée équivoque.

Philarète Chasles (1798 – 1873)
Walter Raleigh
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 23, 1840

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SIR WALTER RALEIGH

LES POEMES DE SIR WALTER RALEIGH – SIR WALTER RALEIGH’S POEMS

LITTERATURE ANGLAISE

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SIR WALTER RALEIGH
1552/1554-29 octobre 1618

 

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


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LES POEMES DE SIR WALTER RALEIGH

Sir Walter Raleigh’s poems

 

Three things there be that prosper up apace
Trois Choses qui rapidement prospèrent

Three things there be that prosper up apace
Il y a trois choses qui rapidement prospèrent
And flourish, whilst they grow asunder far,
Et s’épanouissent, tant qu’elles croissent loin des deux autres,

 


What is our life?
Qu’est-ce que notre vie ?

What is our life? A play of passion,
Qu’est-ce que notre vie ? Un jeu de passion,
Our mirth the music of division,
Notre joie, la musique de rupture,

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The Nymph’s Reply to the Shepherd
La Réponse de la Nymphe au Berger
1596

If all the world and love were young,
Si tout le monde et l’amour étaient jeunes,
 
And truth in every shepherd’s tongue,
Et la vérité dans la langue de chaque berger,

 


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Like Hermit poor in pensive place obscure
 Comme un pauvre ermite dans un contemplatif lieu obscur
Before 1593
Avant 1593

Like hermit poor in pensive place obscure 
Comme un pauvre ermite dans un contemplatif lieu obscur
I mean to spend my days of endless doubt, 
Je veux passer mes jours avec des doutes sans fin,

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UN HOMME HORS NORME

ARTICLE DE
Philarète Chasles (1798 – 1873)

L’attitude du personnage répond à l’originalité de ses traits ; cet homme semble provoquer le monde, et vous diriez qu’il méprise d’avance ce qu’il a fait et ce qu’il va faire.
C’est en effet l’image corporelle et le type extérieur de l’âme la plus excessive dont les annales modernes aient conservé la trace. Walter Raleigh a tout osé, tout envahi, tout manqué. Les trente biographes qui se sont emparés de cette matière brûlante ont voulu la réduire aux proportions ordinaires, effort inutile : la bizarre création de Dieu leur échappe ; une vie de contradictions gigantesques, lutte de Titan contre le possible et l’impossible, désaccord entre la force humaine et la force des choses ; Campbell, Tytler, Birch, Cayley, Shirley, Naunton, même le docteur Southey, sans compter Prince, Fuller, Wood, Aubery, et l’allemand Totze, n’ont point fait comprendre Raleigh ; eux-mêmes ne l’avaient pas compris. Un article récent de la Revue d’Edimbourg, dont l’auteur a discuté avec la conscience d’un juge plusieurs circonstances relatives à la vie de Raleigh, ne nous satisfait pas davantage. C’est donc un sujet neuf, plein de fécondité, que l’étude de cet homme. Il renferme tout un siècle. Chez lui, les penchants de ce siècle bouillonnent, s’exagèrent, s’extravasent et débordent, sans jamais se régler ou s’accorder. Ame confuse, comme l’a très bien dit Hume, et confusément grande.

Philarète Chasles (1798 – 1873)
Walter Raleigh
Revue des Deux Mondes
Période Initiale
Tome 23, 1840








SIR WALTER RALEIGH