***** POÈME DE NIKOLOZ BARATASHVILI POÈME DE NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა POESIE GEORGIENNE ქართული პოეზია
***** POÈME DE NIKOLOZ BARATASHVILI POÈME DE NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა POESIE GEORGIENNE ქართული პოეზია
წარვედ წყალის პირს სევდიანი ფიქრთ გასართველად, Mes pas lourds m’avaient conduit vers les eaux fraîches, აქ ვეძიებდი ნაცნობს ადგილს განსასვენებლად; Ici, à la recherche d’un lieu pour me détendre.
ნაპოლეონმა გარდმოავლო თვალი ფრანციას, Napoléon tourna ses yeux vers la France, და თქვა: „აბაო ხელმწიფებამ რა შემიძინა?“ Et dit : « Mon règne, qu’a-t-il réalisé ?«
არ უკიჟინო, სატრფოო, შენსა მგოსანსა გულისთქმა: Ne blâme pas, aimée, la folle inspiration du poète : მოკვდავსა ენას არ ძალუძს უკვდავთა გრძნობათ გამოთქმა! Le langage d’un mortel ne peut éclairer les sentiments immortels !
მოვიდრეკ მუხლთა შენს საფლავს წინ, გმირო მხცოვანო, Je viens à ta tombe à genoux, mon cher héros, და ცრემლთ დავანთხევ შენს სახელზე, მეფევ ხმოვანო! Et mes larmes baignent ton nom, ô mon roi !
LA RIVIERE MTKVARI ჩინარი 1844
განმარტოებულს ფრიალოს კლდეზე სდგას ალვის ხისა ნორჩი ახალი, Sur la falaise se dresse le long peuplier, მრავალ-შტოვანი, მაგრილობელი, ჰაეროვანი, ტურფა, მაღალი. Dont les innombrables branches se balancent, aériennes.
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LE MONUMENT A NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი Boris Tsibadze TBILISSI 1976
En 1957, Boris Tsibadze participe au Festival international de la jeunesse et des étudiants de Moscou (« Portrait de la Vierge », Marbre, Galerie de tableaux de la Géorgie). Travaux : N. Baratashvili (Bronze, 1976, Tbilissi), Monuments de Pirosmanashvili (1961, pierre noire, musée Pirosmanashvili, Mirzaani) Vazha Pshavela (arbre, 1963, ministère de la Culture de Géorgie, Tbilissi) « Peace Guards » (1965, glossaire de la Géorgie)
В минуту жизни трудную, Dans les moments difficiles de la vie, Теснится ль в сердце грусть, Quand la tristesse écrase l’âme, Одну молитву чудную J’ai cette prière merveilleuse
***** POEME DE NIKOLOZ BARATASHVILI POEME DE NIKOLOZ BARATACHVILI LA BOUCLE D’OREILLE – 1839 LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა POESIE GEORGIENNE ქართული პოეზია
A Melodia e o Acompanhamento LA MELODIE ET L’ACCOMPAGNEMENT 23 avril 1869
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Théophile Gautier Un douzain de sonnets Una dozzina di sonetti Œuvres de Théophile Gautier — Opere di Théophile Gautier Poésies, Lemerre, 1890, Volume 2
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La beauté, dans la femme, est une mélodie
A beleza, na mulher, é uma melodia Dont la toilette n’est que l’accompagnement.
Cujos efeitos são apenas o acompanhamento. Vous avez la beauté. — Sur ce motif charmant,
Você tem beleza. – Neste motivo encantador, À chercher des accords votre goût s’étudie :
Ao procurar acordes, seu gosto é especialista:
*
Tantôt c’est un corsage à la coupe hardie Às vezes é um corpete com um corte ousado Qui s’applique au contour, comme un baiser d’amant ;
Que se aplica ao contorno, como o beijo de um amante; Tantôt une dentelle au feston écumant,
Às vezes, uma folha de renda espumante, Une fleur, un bijou qu’un reflet incendie.
Uma flor, uma jóia que um brilho vai queimar.
*
La gaze et le satin ont des soirs triomphants ;
Gaze e cetim têm noites triunfantes; D’autres fois une robe, avec deux plis de moire,
Outras vezes um vestido, com duas dobras de madrepérola, Aux épaules vous met deux ailes de victoire.
Nos ombros, desenha duas asas da vitória.
*
Mais de tous ces atours, ajustés ou bouffants,
Mas de todos esses enfeites, ajustados ou bufantes, Orchestre accompagnant votre grâce suprême,
Orquestra acompanhando sua suprema graça, Le cœur, comme d’un air, ne retient que le thème !
O coração, como de um ar, retém apenas o tema!
THEOPHILE GAUTIER
par Jules Barbey d’Aurevilly
Depuis longtemps M. Gautier est un de ces Inattaquables officiels. Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Madame George Sand ou de M. Victor Hugo. Pour ma part, je ne crois pas l’avoir beaucoup troublée, cette popularité tranquille. J’ai toujours rendu pleine justice à M. Théophile Gautier. Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres, une longue étude à ce talent savant et laborieux. Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée ! je n’en entendrai pas moins partir de toutes parts le cri du désarmement : pourquoi dire du mal de ce pauvre Gautier, qui est si bienveillant ? Et au nom de la bienveillance, qualité très-charmante mais nullement littéraire, je verrai s’élever contre moi une inviolabilité sur laquelle je ne comptais pas ! Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs, » mais qui ne l’admet pas en littérature. Eh bien ! franchement, je dis que pareille chose passe la permission. Je dis que, si on se permet de telles fins de non-recevoir dans l’examen des œuvres littéraires, nous n’avons plus le droit de rire du vers de Boileau :
Attaquer Chapelain ! Mais c’est un si bon homme !
et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera !
Jules Barbey d’Aurevilly
Les Œuvres et les Hommes
Amyot, éditeur, 1865
4ème partie- Les Romanciers
MELODIA E ACCOMPAGNAMENTO LA MELODIE ET L’ACCOMPAGNEMENT 23 avril 1869
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Théophile Gautier Un douzain de sonnets Una dozzina di sonetti Œuvres de Théophile Gautier — Opere di Théophile Gautier Poésies, Lemerre, 1890, Volume 2
********************
La beauté, dans la femme, est une mélodie
La bellezza, nella donna, è una melodia Dont la toilette n’est que l’accompagnement.
Il cui abbigliamento è solo l’accompagnamento. Vous avez la beauté. — Sur ce motif charmant,
Hai la bellezza. – Su questo bel motivo, À chercher des accords votre goût s’étudie :
Per cercare accordi, il tuo gusto è raffinato :
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Tantôt c’est un corsage à la coupe hardie
A volte è un corpetto con un taglio audace Qui s’applique au contour, comme un baiser d’amant ;
Che si applica al contorno, come il bacio di un amante; Tantôt une dentelle au feston écumant,
A volte un foglio di pizzo schiumoso, Une fleur, un bijou qu’un reflet incendie.
Un fiore, un gioiello infiammato seguente di un riflesso.
*
La gaze et le satin ont des soirs triomphants ;
Garza e raso hanno serate trionfanti; D’autres fois une robe, avec deux plis de moire,
Altre volte un vestito, con due pieghe di moiré, Aux épaules vous met deux ailes de victoire.
Sulle spalle, disegna due ali di vittoria.
*
Mais de tous ces atours, ajustés ou bouffants,
Ma di tutti questi ornamenti, aggiustati o bouffant, Orchestre accompagnant votre grâce suprême,
Orchestra che accompagna la tua suprema grazia, Le cœur, comme d’un air, ne retient que le thème !
Il cuore, come una canzone, conserva solo il tema!
THEOPHILE GAUTIER
par Jules Barbey d’Aurevilly
Depuis longtemps M. Gautier est un de ces Inattaquables officiels. Il jouit parmi les lettres d’une espèce de canonicat de popularité douce, car il ne s’y mêle rien de politique ni d’orageux, comme dans la popularité de Madame George Sand ou de M. Victor Hugo. Pour ma part, je ne crois pas l’avoir beaucoup troublée, cette popularité tranquille. J’ai toujours rendu pleine justice à M. Théophile Gautier. Quand il publia ses dernières poésies, — Émaux et Camées, — je consacrai, dans ce livre des Hommes et des Œuvres, une longue étude à ce talent savant et laborieux. Et cependant, si aujourd’hui, à propos d’un livre qu’il m’est impossible d’admirer, je veux prendre exactement la mesure de ce talent, et si j’ose introduire mes petites réserves sur des procédés d’exécution dont je connais la profondeur et la portée, dussé-je m’adresser aux esprits les plus connaisseurs, ayant au fond la conviction que la critique que je me permets est fondée ! je n’en entendrai pas moins partir de toutes parts le cri du désarmement : pourquoi dire du mal de ce pauvre Gautier, qui est si bienveillant ? Et au nom de la bienveillance, qualité très-charmante mais nullement littéraire, je verrai s’élever contre moi une inviolabilité sur laquelle je ne comptais pas ! Telle est la force du préjugé et encore plus des relations, chez un peuple qui croit peut-être toujours au mot de Lafayette : « L’insurrection est le plus saint des devoirs, » mais qui ne l’admet pas en littérature. Eh bien ! franchement, je dis que pareille chose passe la permission. Je dis que, si on se permet de telles fins de non-recevoir dans l’examen des œuvres littéraires, nous n’avons plus le droit de rire du vers de Boileau :
Attaquer Chapelain ! Mais c’est un si bon homme !
et qu’il est plus que temps, pour l’honneur de tous, d’en finir avec ce capitonnage dérisoire du même mot qu’on répète contre la Critique, surtout quand il s’agit d’un homme qui ne demande pas quartier, lui, et qui a bien assez de talent pour entendre une fois la vérité, — ce qui le changera !
Jules Barbey d’Aurevilly
Les Œuvres et les Hommes
Amyot, éditeur, 1865
4ème partie- Les Romanciers
In the greenest of our valleys
Dans la plus verte de nos vallées By good angels tenanted,
Par de bons anges loués, Once a fair and stately palace—
Il y avait un palais fier et majestueux Radiant palace—reared its head.
Qui dressait sa tête – Ô palais radieux ! In the monarch Thought’s dominion,
Possession du monarque de la Pensée, It stood there!
Là, il dominait ! Never seraph spread a pinion
Jamais séraphin ne répandit de plume Over fabric half so fair!
Sur une toile deux fois moins belle !
*
Banners yellow, glorious, golden,
Bannières jaunes, glorieuses, dorées, On its roof did float and flow
Sur son toit flottaient et coulaient (This—all this—was in the olden
(Ceci-tout cela – dans un autre temps Time long ago)
Il y a si longtemps) And every gentle air that dallied,
Et chaque air suave qui badinait, In that sweet day,
En cette douce journée, Along the ramparts plumed and pallid,
Le long des remparts blafards et empanachés, A wingèd odor went away.
Sur une odeur ailée repartait.
*
Wanderers in that happy valley, Les étrangers dans cette vallée heureuse, Through two luminous windows, saw
Par deux fenêtres lumineuses, Spirits moving musically
Des esprits se déplaçant musicalement, regardaient, To a lute’s well-tunèd law,
Sous la loi d’un luth bien accordé, Round about a throne where, sitting,
Autour d’un trône où, assis, Porphyrogene!
Porphyrogénète ! In state his glory well befitting,
Dans un état conforme à sa gloire, ainsi The ruler of the realm was seen.
Le souverain du royaume de tous était vu.
*
And all with pearl and ruby glowing
Perle et rubis se répandaient Was the fair palace door,
Sur la porte du majestueux palais, Through which came flowing, flowing, flowing
A travers laquelle coulait, coulait, coulait And sparkling evermore,
Et étincelant toujours, A troop of Echoes, whose sweet duty
Une troupe d’Echos, dont le doux devoir Was but to sing,
Se résumait à chanter, In voices of surpassing beauty,
Avec des voix d’une incomparable beauté, The wit and wisdom of their king.
L’esprit et la sagesse de leur roi.
*
But evil things, in robes of sorrow,
Mais des choses mauvaises, en robes de chagrin, Assailed the monarch’s high estate;
Assaillirent le grand pouvoir du monarque ; (Ah, let us mourn!—for never morrow
(Ah ! Pleurons ! Plus jamais Shall dawn upon him, desolate!)
Le jour ne viendra sur lui, désolé ! And round about his home the glory
Et autour de sa maison, la gloire That blushed and bloomed
Qui l’irradiait et le fleurissait Is but a dim-remembered story
N’est plus qu’une histoire ignorée Of the old time entombed.
D’un ancien temps oublié.
*
And travellers, now, within that valley,
Et les voyageurs, désormais, dans cette vallée, Through the red-litten windows see
Par les fenêtres rougeâtre regardent Vast forms that move fantastically
De vastes formes qui se meuvent fantastiquement To a discordant melody;
Dans une mélodie discordante ; While, like a ghastly rapid river,
Alors que, comme une rapide rivière horrible, Through the pale door
À travers la pâle porte A hideous throng rush out forever,
Une foule hideuse se précipite pour toujours, And laugh—but smile no more.
Et rit, mais elle, ne sourit plus.
***************
LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
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L’accord de l’homme et du poète
L’ardeur même avec laquelle il se jette dans le grotesque pour l’amour du grotesque et dans l’horrible pour l’amour de l’horrible, me sert à vérifier la sincérité de son œuvre et l’accord de l’homme avec le poëte. — J’ai déjà remarqué que, chez plusieurs hommes, cette ardeur était souvent le résultat d’une vaste énergie vitale inoccupée, quelquefois d’une opiniâtre chasteté, et aussi d’une profonde sensibilité refoulée. La volupté surnaturelle que l’homme peut éprouver à voir couler son propre sang, les mouvements soudains, violents, inutiles, les grands cris jetés en l’air, sans que l’esprit ait commandé au gosier, sont des phénomènes à ranger dans le même ordre.
la phosphorescence de la pourriture et la senteur de l’orage
Au sein de cette littérature où l’air est raréfié, l’esprit peut éprouver cette vague angoisse, cette peur prompte aux larmes et ce malaise du cœur qui habitent les lieux immenses et singuliers. Mais l’admiration est la plus forte, et d’ailleurs l’art est si grand ! Les fonds et les accessoires y sont appropriés aux sentiments des personnages. Solitude de la nature ou agitation des villes, tout y est décrit nerveusement et fantastiquement. Comme notre Eugène Delacroix, qui a élevé son art à la hauteur de la grande poésie, Edgar Poe aime à agiter ses figures sur des fonds violâtres et verdâtres où se révèlent la phosphorescence de la pourriture et la senteur de l’orage. La nature dite inanimée participe de la nature des êtres vivants, et, comme eux, frissonne d’un frisson surnaturel et galvanique. L’espace est approfondi par l’opium ; l’opium y donne un sens magique à toutes les teintes, et fait vibrer tous les bruits avec une plus significative sonorité. Quelquefois, des échappées magnifiques, gorgées de lumière et de couleur, s’ouvrent soudainement dans ses paysages, et l’on voit apparaître au fond de leurs horizons des villes orientales et des architectures, vaporisées par la distance, où le soleil jette des pluies d’or.
Думи мої, думи мої,
Mes pensées, mes pensées Meus pensamentos, meus pensamentos Лихо мені з вами!
Combien vous me torturez ! Quanto você me tortura! Нащо стали на папері
Pourquoi vous alignez-vous sur ma page Por que você se alinha na minha página Сумними рядами?..
En lignes si tristes ? … Em linhas tão tristes? … Чом вас вітер не розвіяв
Pourquoi le vent ne vous a-t-il pas éparpillées Por que o vento não te dispersou В степу, як пилину?
Dans la steppe, comme de la vulgaire poussière ? Na estepe como poeira comum? Чом вас лихо не приспало,
Pourquoi ne vous êtes vous pas assoupies Por que você não adormeceu Як свою дитину?..
Comme l’enfant dans son berceau ? … Como a criança em seu berço? …
*
Бо вас лихо на світ на сміх породило,
Le malheur, moqueur, les a fait naître, A desgraça, rindo, deu à luz a eles, Поливали сльози… чом не затопили,
En les arrosant de larmes… Pourquoi ne vous ont-elles pas inondées, Tomando-as de lágrimas … Por que elas não te inundaram, Не винесли в море, не розмили в полі?…
Emportées vers la mer, enfouies dans la steppe ? Por que eles não te levaram para o mar ou foram enterrados nas estepes? Не питали б люде, що в мене болить,
Personne ne me demanderait ce qui me blesse Ninguém me perguntaria o que me machuca Не питали б, за що проклинаю долю,
Ni pourquoi je maudis mon sort, Nem por que eu amaldiçoo meu destino Чого нуджу світом? «Нічого робить»,—
Ni pourquoi j’erre dans le monde ? « Je m’en moque », Nem por que estou vagando no mundo? « Eu não me importo », Не сказали б на сміх…
Ils n’en parleraient plus ainsi en se moquant … Eles não falavam dessa maneira tirando sarro …
*
Квіти мої, діти!
Mes fleurs, mes enfants ! Minhas flores, meus filhos! Нащо ж вас кохав я, нащо доглядав?
Pourquoi vous avoir aimées, pourquoi vous avoir élevées ? Por que você ama, por que você se levantou? Чи заплаче серце одно на всім світі,
Y a-t-il un cœur dans le monde entier Existe um coração no mundo inteiro? Як я з вами плакав?.. Може, і вгадав…
Pour vous pleurer ainsi ? .. Peut-être ai-je deviné … Chorar tanto assim? .. Talvez eu tenha adivinhado … Може, найдеться дівоче
Peut-être y a-t-il une fille, Talvez haja uma garota Серце, карі очі,
Cœur tendre, yeux bruns, Coração mole, olhos castanhos, Що заплачуть на сі думи,—
Qui pleure sur ces pensées, Quem chora sobre esses pensamentos? Я більше не хочу.
Moi, je ne veux plus ! Eu não quero mais! Одну сльозу з очей карих —
Une larme des yeux noirs de cette demoiselle, Uma lágrima dos olhos negros desta jovem І пан над панами!
Et le seigneur des seigneurs, je deviendrais ! E o senhor dos senhores eu me tornaria! Думи мої, думи мої,
Mes pensées, mes pensées Meus pensamentos, meus pensamentos Лихо мені з вами!
Combien vous me torturez ! Quanto você me tortura!
*
За карії оченята,
Pour les beaux yeux malicieux За чорнії брови
Sous de noirs sourcils Серце рвалося, сміялось,
Mon cœur s’est emporté, léger, Виливало мову,
Il a chanté la langue, Виливало, як уміло,
Il a chanté, habilement, За темнії ночі,
L’obscurité de la nuit, За вишневий сад зелений,
Les verts cerisiers sombres du verger, За ласки дівочі…
Les douces caresses de la jeune fille… За степи та за могили,
Les steppes et les monticules funéraires, Що на Україні,
Par l’Ukraine, Серце мліло, не хотіло
Mon cœur ne voulait plus Співать на чужині…
Chanter dans un autre pays…
(…)
*
Думи мої, думи мої,
Mes pensées, mes pensées Meus pensamentos, meus pensamentos Квіти мої, діти!
Mes fleurs, mes enfants! Minhas flores, meus filhos! Виростав вас, доглядав вас,—
Je vous ai éduquées en prenant soin de vous, Educando-se e cuidando de si mesmo, Де ж мені вас діти?
Et maintenant ? E agora? В Україну ідіть, діти!
Partez en Ukraine, mes enfants ! Vá para a Ucrânia, meus filhos! В нашу Україну,
Dans notre Ukraine, Na nossa Ucrânia, Попідтинню, сиротами,
Comme des orphelins, à travers les chemins de traverse, Como órfãos, А я — тут загину.
Et moi, moi je vais mourir ici. E eu vou morrer aqui. Там найдете щире серце
Vous trouverez là-bas un cœur sincère Você vai encontrar lá um coração sincero І слово ласкаве,
Et de tendres mots E palavras carinhosas Там найдете щиру правду,
Là, vous trouverez la pure vérité, Lá você encontrará a pura verdade, А ще, може, й славу…
Et aussi, peut-être, la gloire … E também, talvez, glória …
*
Привітай же, моя ненько, Accepte, ma tendre Aceite ,meu doce Моя Україно, Ma chère Ukraine, Minha querida Ucrânia, Моїх діток нерозумних, Mes innocents enfants Minhas crianças inocentes Як свою дитину.
Comme si c’était les tiens. Como se fosse seu.
1839, С.-Петербург
1839 – Saint-Pétersbourg 1839 – São Petersburgo
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Taras Chevtchenko
Taras Shevchenko
Тарас Григорович Шевченко
Вірші Тараса Шевченка
TRADUCTION FRANCAISE & PORTUGAISE Tradução Francês e Português
JACKY LAVAUZELLE