POEME EDGAR POE
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EDGAR POE
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A DREAM WITHIN A DREAM
UN RÊVE DANS UN RÊVE
* 1849 *
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Take this kiss upon the brow!
Tiens ce baiser sur le front !
And, in parting from you now,
Et, en te quittant à présent,
Thus much let me avow —
Laisse-moi t’avouer –
You are not wrong, who deem
Tu n’as pas tort, toi qui estime
That my days have been a dream;
Que mes jours n’ont été qu’un rêve ;
Yet if hope has flown away
Pourtant, si l’espoir s’est envolé
In a night, or in a day,
En une nuit, ou en un jour,
In a vision, or in none,
Dans une vision, ou dans aucune,
Is it therefore the less gone?
A-t-il pour autant disparu ?
All that we see or seem
Tout ce que nous voyons ou nous semblons
Is but a dream within a dream.
N’est qu’un rêve dans un rêve.
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I stand amid the roar
Je me tiens au milieu du rugissement
Of a surf-tormented shore,
D’un rivage tourmenté,
And I hold within my hand
Et je tiens dans ma main
Grains of the golden sand —
Des grains de sable doré-
How few! yet how they creep
Si peu ! Comme ils glissent
Through my fingers to the deep,
Entre mes doigts vers les profondeurs,
While I weep — while I weep!
Pendant que je pleure – pendant que je pleure !
O God! Can I not grasp
Ô mon Dieu ! Ne puis-je donc les saisir
Them with a tighter clasp?
Avec une plus grande fermeté ?
O God! can I not save
Ô mon Dieu ! Ne puis-je en sauver
One from the pitiless wave?
De l’onde impitoyable ?
Is all that we see or seem
Est-ce que tout ce que nous voyons ou semblons,
But a dream within a dream?
N’est qu’un rêve dans un rêve ?
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LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.