EDGAR ALLAN POE POEME
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EDGAR ALLAN POE POEME
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The Haunted Palace
LE PALAIS HANTE
*1839*
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In the greenest of our valleys
Dans la plus verte de nos vallées
By good angels tenanted,
Par de bons anges loués,
Once a fair and stately palace—
Il y avait un palais fier et majestueux
Radiant palace—reared its head.
Qui dressait sa tête – Ô palais radieux !
In the monarch Thought’s dominion,
Possession du monarque de la Pensée,
It stood there!
Là, il dominait !
Never seraph spread a pinion
Jamais séraphin ne répandit de plume
Over fabric half so fair!
Sur une toile deux fois moins belle !
*
Banners yellow, glorious, golden,
Bannières jaunes, glorieuses, dorées,
On its roof did float and flow
Sur son toit flottaient et coulaient
(This—all this—was in the olden
(Ceci-tout cela – dans un autre temps
Time long ago)
Il y a si longtemps)
And every gentle air that dallied,
Et chaque air suave qui badinait,
In that sweet day,
En cette douce journée,
Along the ramparts plumed and pallid,
Le long des remparts blafards et empanachés,
A wingèd odor went away.
Sur une odeur ailée repartait.
*
Wanderers in that happy valley,
Les étrangers dans cette vallée heureuse,
Through two luminous windows, saw
Par deux fenêtres lumineuses,
Spirits moving musically
Des esprits se déplaçant musicalement, regardaient,
To a lute’s well-tunèd law,
Sous la loi d’un luth bien accordé,
Round about a throne where, sitting,
Autour d’un trône où, assis,
Porphyrogene!
Porphyrogénète !
In state his glory well befitting,
Dans un état conforme à sa gloire, ainsi
The ruler of the realm was seen.
Le souverain du royaume de tous était vu.
*
And all with pearl and ruby glowing
Perle et rubis se répandaient
Was the fair palace door,
Sur la porte du majestueux palais,
Through which came flowing, flowing, flowing
A travers laquelle coulait, coulait, coulait
And sparkling evermore,
Et étincelant toujours,
A troop of Echoes, whose sweet duty
Une troupe d’Echos, dont le doux devoir
Was but to sing,
Se résumait à chanter,
In voices of surpassing beauty,
Avec des voix d’une incomparable beauté,
The wit and wisdom of their king.
L’esprit et la sagesse de leur roi.
*
But evil things, in robes of sorrow,
Mais des choses mauvaises, en robes de chagrin,
Assailed the monarch’s high estate;
Assaillirent le grand pouvoir du monarque ;
(Ah, let us mourn!—for never morrow
(Ah ! Pleurons ! Plus jamais
Shall dawn upon him, desolate!)
Le jour ne viendra sur lui, désolé !
And round about his home the glory
Et autour de sa maison, la gloire
That blushed and bloomed
Qui l’irradiait et le fleurissait
Is but a dim-remembered story
N’est plus qu’une histoire ignorée
Of the old time entombed.
D’un ancien temps oublié.
*
And travellers, now, within that valley,
Et les voyageurs, désormais, dans cette vallée,
Through the red-litten windows see
Par les fenêtres rougeâtre regardent
Vast forms that move fantastically
De vastes formes qui se meuvent fantastiquement
To a discordant melody;
Dans une mélodie discordante ;
While, like a ghastly rapid river,
Alors que, comme une rapide rivière horrible,
Through the pale door
À travers la pâle porte
A hideous throng rush out forever,
Une foule hideuse se précipite pour toujours,
And laugh—but smile no more.
Et rit, mais elle, ne sourit plus.
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LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.