EDGAR POE POEME
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EDGAR POE POEME
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SILENCE
*1838*
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There are some qualities—some incorporate things,
Il y a certaines qualités – certaines choses incorporelles,
That have a double life, which thus is made
Avec une double vie, qui est faite
A type of that twin entity which springs
D’une double entité qui jaillit
From matter and light, evinced in solid and shade.
De la matière et de la lumière, manifestée dans le solide et l’ombre.
There is a two-fold Silence—sea and shore—
Il y a un double Silence – mer et rive –
Body and soul. One dwells in lonely places,
Corps et âme. L’un se trouve dans des lieux solitaires,
Newly with grass o’ergrown; some solemn graces,
Juste recouverts d’herbes récentes ; quelques grâces solennelles,
Some human memories and tearful lore,
Quelques souvenirs humains et des connaissances larmoyantes,
Render him terrorless: his name’s “No More.”
Lui enlèvent la peur : son nom est « Non Plus« .
He is the corporate Silence: dread him not!
C’est le corps du Silence : ne le crains pas !
No power hath he of evil in himself;
Aucun pouvoir en lui n’est mauvais ;
But should some urgent fate (untimely lot!)
Mais si un destin urgent (lot prématuré !)
Bring thee to meet his shadow (nameless elf,
Te porte à la rencontre de son ombre (elfe sans nom,
That haunteth the lone regions where hath trod
Qui hante les régions solitaires où n’a marché
No foot of man,) commend thyself to God!
Aucun pied humain), recommande-toi à Dieu !
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LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.