EDGAR ALLAN POE POEME
LITTERATURE AMERICAINE
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EDGAR ALLAN POE
1809-1849
Traduction – Translation
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
French and English text
texte bilingue français-anglais
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EDGAR ALLAN POE POEME
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The Happiest Day
LE JOUR LE PLUS HEUREUX
*1827*
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The happiest day – the happiest hour
Le jour le plus heureux – l’heure la plus heureuse
My sear’d and blighted heart hath known,
Mon coeur consumé et brisé l’a connue,
The highest hope of pride and power,
Le plus grand espoir de fierté et de pouvoir,
I feel hath flown.
Je sens qu’il s’est envolé.
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Of power! said I? yes! such I ween;
De puissance ! dis-je ? Oui ! tel je le vois ;
But they have vanish’d long, alas!
Mais disparu depuis longtemps, hélas !
The visions of my youth have been-
Les visions de ma jeunesse ont été …
But let them pass.
Mais laissez-les passer.
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And, pride, what have I now with thee?
Et, fierté, qu’ai-je maintenant avec toi ?
Another brow may even inherit
Un autre front peut même hériter
The venom thou hast pour’d on me
Du venin que tu as versé en moi
Be still, my spirit!
Calme-toi, mon esprit !
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The happiest day – the happiest hour
Le jour le plus heureux – l’heure la plus heureuse –
Mine eyes shall see – have ever seen,
Que mes yeux verront – ont déjà vu –
The brightest glance of pride and power,
Le plus brillant regard de fierté et de puissance,
I feel- have been:
Je le sens – il a existé :
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But were that hope of pride and power
Mais si cet espoir de fierté et de pouvoir
Now offer’d with the pain
Maintenant devait s’offrir avec la douleur
Even then I felt — that brightest hour
Qu’alors je ressentais – cette heure la plus brillante
I would not live again:
Je ne voudrais plus la revivre :
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For on its wing was dark alloy,
Car sur son aile en sombre alliage,
And, as it flutter’d — fell
Alors qu’elle volait- tomba
An essence — powerful to destroy
Une essence – puissante à détruire
A soul that knew it well.
Une âme qui la connaissait.
W. H. P.
[William Henry Leonard Poe – Frère d’Edgar]
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LES PERSONNAGES D’EDGAR POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE
Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.
1856
Michel Lévy fr.