***** POÈME DE NIKOLOZ BARATASHVILI POÈME DE NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა POESIE GEORGIENNE ქართული პოეზია
JE VEUX ÊTRE LE SOLEIL არ უკიჟინო, სატრფოო 1841 ___________________________
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არ უკიჟინო, სატრფოო, შენსა მგოსანსა გულისთქმა: Ne blâme pas, aimée, la folle inspiration du poète : მოკვდავსა ენას არ ძალუძს უკვდავთა გრძნობათ გამოთქმა! Le langage d’un mortel ne peut éclairer les sentiments immortels ! * მინდა მზე ვიყო, რომ სხივნი ჩემთ დღეთა გარსამოვავლო, Je veux être le soleil pour faire briller mes jours, საღამოს მისთვის შთავიდე, რომ დილა უფრო ვაცხოვლო. Le soir, partir, pour apporter la force de vivre au petit matin….
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***** POÈME DE NIKOLOZ BARATASHVILI POÈME DE NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი LITTERATURE GEORGIENNE ქართული ლიტერატურა POESIE GEORGIENNE ქართული პოეზია
წარვედ წყალის პირს სევდიანი ფიქრთ გასართველად, Mes pas lourds m’avaient conduit vers les eaux fraîches, აქ ვეძიებდი ნაცნობს ადგილს განსასვენებლად; Ici, à la recherche d’un lieu pour me détendre.
ნაპოლეონმა გარდმოავლო თვალი ფრანციას, Napoléon tourna ses yeux vers la France, და თქვა: „აბაო ხელმწიფებამ რა შემიძინა?“ Et dit : « Mon règne, qu’a-t-il réalisé ?«
არ უკიჟინო, სატრფოო, შენსა მგოსანსა გულისთქმა: Ne blâme pas, aimée, la folle inspiration du poète : მოკვდავსა ენას არ ძალუძს უკვდავთა გრძნობათ გამოთქმა! Le langage d’un mortel ne peut éclairer les sentiments immortels !
მოვიდრეკ მუხლთა შენს საფლავს წინ, გმირო მხცოვანო, Je viens à ta tombe à genoux, mon cher héros, და ცრემლთ დავანთხევ შენს სახელზე, მეფევ ხმოვანო! Et mes larmes baignent ton nom, ô mon roi !
LA RIVIERE MTKVARI ჩინარი 1844
განმარტოებულს ფრიალოს კლდეზე სდგას ალვის ხისა ნორჩი ახალი, Sur la falaise se dresse le long peuplier, მრავალ-შტოვანი, მაგრილობელი, ჰაეროვანი, ტურფა, მაღალი. Dont les innombrables branches se balancent, aériennes.
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LE MONUMENT A NIKOLOZ BARATACHVILI ნიკოლოზ ბარათაშვილი Boris Tsibadze TBILISSI 1976
En 1957, Boris Tsibadze participe au Festival international de la jeunesse et des étudiants de Moscou (« Portrait de la Vierge », Marbre, Galerie de tableaux de la Géorgie). Travaux : N. Baratashvili (Bronze, 1976, Tbilissi), Monuments de Pirosmanashvili (1961, pierre noire, musée Pirosmanashvili, Mirzaani) Vazha Pshavela (arbre, 1963, ministère de la Culture de Géorgie, Tbilissi) « Peace Guards » (1965, glossaire de la Géorgie)
Свежеет ветер, меркнет ночь, Le vent se rafraîchit, la nuit s’estompe, А море злей и злей бурлит, Et la mer écume d’une rage endiablée, И пена плещет на гранит — Et les vagues fracassent le calme granit – То прянет, то отхлынет прочь. Elles se dressent, puis s’éloignent.
Всё раздражительней бурун; Le vacarme du ressac s’accroît ; Его шипучая волна Sa vague effervescente Так тяжела и так плотна, Devient si lourd et si compacte Как будто в берег бьет чугун. Comme si la fonte frappait le rivage.
Как будто бог морской сейчас, Comme si le dieu de la mer maintenant Всесилен и неумолим, Omnipotent et implacable, Трезубцем пригрозя своим, Menaçant de son trident Готов воскликнуть: «Вот я вас!» S’exclamait : « Je vous suis ! »
*Антология русской поэзии Anthologie de la Poésie Russe *
LITTERATURE RUSSE русская литература
стихотворение – Poèmes
Traduction Jacky Lavauzelle
Vladislav Khodasevich Vladislav Khodassevitch
né le 16 mai 1886 Moscou – 14 juin 1939 Billancourt,
ПОЭЗИЯ ВЛАДИСЛАВА ХОДАССЕВИЧА
LA POÉSIE DE VLADISLAV KHODASSEVITCH
CHERCHEZ-MOI ! 1917-1918 Ищи меня
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Ищи меня в сквозном весеннем свете. Cherchez-moi dans la lumière du printemps. Я весь — как взмах неощутимых крыл, Je suis un vol d’ailes imperceptibles, Я звук, я вздох, я зайчик на паркете, Je suis un son, je suis un souffle, un léger rayon sur le sol, Я легче зайчика: он — вот, он есть, я был. Je suis plus léger encore : il était là, mais déjà s’en est allé.
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Но, вечный друг, меж нами нет разлуки! Mais, mon éternel ami, il n’y a nulle séparation entre nous ! Услышь, я здесь. Касаются меня Hé ! je suis là ! Elles me touchent Твои живые, трепетные руки, Tes mains vives et tremblantes, Простертые в текучий пламень дня. Puis s’étirent dans la fluide flamme du jour.
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Помедли так. Закрой, как бы случайно, Résiste ! Baisse tes paupières Глаза. Еще одно усилье для меня — Sur tes yeux. Un dernier effort, pour moi, И на концах дрожащих пальцев, тайно, Et que les extrémités de tes doigts tremblants, secrètement, Быть может, вспыхну кисточкой огня. Soient les pinceaux d’un feu qui m’enflamment.
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20 декабря 1917 – 3 января 1918 20 décembre 1917 — 3 janvier 1918
Люблю отчизну я, но странною любовью! J’aime ma patrie, mais d’un étrange amour ! Не победит её рассудок мой. Ma raison ne triomphera pas. Ни слава, купленная кровью, Ni sa gloire achetée dans le sang,
Pourtant, et malgré le sincère désir de la mort qu’elle a toujours laissé voir, Emily se sentait si nécessaire dans la maison qu’elle s’acharnait à vivre. On ne put obtenir qu’elle renonçât à une seule de ses occupations ordinaires. « Je n’ai jamais rien vu qui lui ressemblât, écrivait encore Charlotte. Plus forte qu’un homme, plus simple qu’un enfant. Le seul point affreux était que, pleine de sollicitude pour les autres, pour elle-même elle n’avait aucune pitié. De ses mains tremblantes, de ses jambes affaiblies, de ses pauvres yeux fatigués, elle exigeait le même service que quand elle était bien portante. Et c’était un supplice inexprimable d’être là auprès d’elle, d’assister à tout cela, et de ne rien oser lui dire. »
Le 18 décembre 1848, Emily, qui la veille encore avait pris froid dans une promenade sur les bruyères, s’obstina cependant à vouloir se lever. Elle commença à se peigner, assise près du feu. Le peigne tomba de ses mains ; elle essaya de se baisser pour le ramasser, mais elle était trop faible, elle ne put. Sa toilette finie, elle descendit au salon et se mit à un ouvrage de couture. Vers deux heures, elle était si pâle que ses sœurs la supplièrent d’aller se coucher. Elle refusa d’un signe de tête, fit un effort pour se lever, s’appuya sur le sofa, Elle était morte.
Le corps de cette chère jeune fille repose maintenant dans un caveau de l’église de Haworth, tout au sommet de cette colline qu’elle a si passionnément aimée. Son âme aussi, j’imagine, doit avoir obtenu la permission d’y demeurer à jamais, puisque tout autre séjour lui était impossible. Je crois bien même l’y avoir vue, dans la visite que j’ai faite à la petite église du village : c’était une âme pâle et douce, tout odorante du parfum des bruyères. Elle flottait devant moi ; mais quand je voulus l’approcher, je ne vis plus rien.
Je me réjouis pourtant de la savoir là, et j’en vins à envier l’heureux destin qui lui était échu. Elle n’a point connu, comme sa sœur Charlotte, les fortes émotions de la renommée ; mais le désir de la renommée n’a été pour elle « qu’un rêve léger qui s’est évanoui avec le matin ». Et la voici en revanche qui possède un privilège plus rare, la fidèle amitié de cœurs pareils au sien. Je n’oublierai pas de quelle touchante manière son nom me fut révélé pour la première fois. C’était à Dresde, sur la terrasse de Brühl, un soir d’été, il y a quatre ou cinq ans. L’orchestre du Belvédère jouait des valses dans le lointain ; une odeur tranquille me venait des jardins, par delà le fleuve ; et la jeune Anglaise avec qui je causais voulut bien m’avouer que, entre tous les romans, celui qu’elle préférait était Wuthering Heights, d’Emily Brontë. Elle eut pour me faire cet aveu un gracieux sourire un peu gêné, et baissa la tête, toute rougissante, comme s’il s’était agi d’une confidence trop hardie. Mais bientôt elle reprit courage : elle me récita, j’en jurerais, le roman tout entier ; elle me peignit le caractère d’Emily Brontë ; elle me dit comment ses amies et elle s’étaient promis de garder toujours un culte exclusif à cette noble mémoire. Oui, plus de quarante ans après sa mort, Emily excite encore dans les âmes des jeunes filles de son pays de pieux enthousiasmes. Et tandis que sa sœur Charlotte et George Eliot et Mistress Browning entrent peu à peu dans l’oubli, tous les jours arrivent de nouvelles guirlandes au tombeau de cette Emily Brontë, qui « joignait à l’énergie d’un homme la simplicité d’un enfant ».
Préface de Théodore de Wyzewa
Pour sa traduction de UN AMANT
D’Emily Brontë
1892
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LES TROIS SOEURS BRONTË
par/by Branwell Brontë
From left to right: Anne, Emily and Charlotte
De gauche à droite : Anne, Emily et Charlotte
Riches I hold in light esteem, Les richesses, je les estime peu, And Love I laugh to scorn;
Et l’amour, je le méprise ; And lust of fame was but a dream,
Et la luxure de la gloire : un rêve, That vanished with the morn:
Disparu au petit matin :
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And if I pray, the only prayer Et si je prie, la seule prière That moves my lips for me
Qui meut mes lèvres Is, « Leave the heart that now I bear,
Est : « Laisse désormais le cœur que je porte, And give me liberty! » Et donne-moi la liberté! »
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Yes, as my swift days near their goal: Oui, alors que mes derniers jours arrivent : ‘Tis all that I implore;
C’est tout ce que je demande ; In life and death a chainless soul,
Dans la vie et dans la mort, une âme sans chaînes, With courage to endure.
Avec le courage de supporter.
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SUPPLEMENT
LES SOEURS BRONTË
VERS 1841
En 1841, Charlotte quitta de nouveau Haworth pour une position de gouvernante. Cette fois elle tomba dans une maison hospitalière et chez des maîtres bienveillants, mais elle s’aperçut bientôt que ce métier n’était décidément pas fait pour elle. La société des enfants ne convient pas aux personnes tristes et éprouvées par la douleur. Sa timidité lui créait une foule de petits obstacles. « Je ne sais comment faire pour réprimer la familiarité bruyante des enfans. J’éprouve une difficulté extrême à demander aux domestiques ou à ma maîtresse les choses qui me sont nécessaires, quelque besoin que j’en aie. J’ai moins de peine à supporter les plus grands embarras qu’à descendre à la cuisine pour prier qu’on m’en délivre. Je suis une folle, mais Dieu sait que je ne puis faire autrement. » Charlotte d’ailleurs à cette date avait l’esprit bien loin des occupations vulgaires auxquelles elle était assujettie. Dans sa tête commençaient à bouillonner confusément une foule de personnages, de paysages, d’aventures, qui cherchaient à se dégager de leurs limbes, et imploraient Charlotte de les faire venir au jour. Charlotte n’avait pas un instant à donner à l’imagination, qui devenait de plus en plus impérieuse. En outre, elle réfléchit que ce métier de gouvernante, avec des gages de 16 liv. (400 fr.) par an, n’était pas un avenir. Elle reprit le projet, déjà abandonné une fois, de tenir un pensionnat, Celui de miss Wooler était à vendre. Il lui avait été offert ; mais deux difficultés l’arrêtaient : il lui fallait un petit capital et deux années de travaux préparatoires dans l’étude du français et de l’allemand. Elle décida sa tante à risquer une petite somme qui devait être partagée entre les premiers frais d’établissement et les frais d’éducation supplémentaire qui lui était devenue indispensable. La tante consentit : Charlotte et Emilie partirent pour le continent et débarquèrent à Bruxelles, dans le pensionnat de M. Héger, où elles devaient compléter leur éducation.
Les deux sœurs transportèrent avec elles sur le continent les aiguillons de souffrance qui les avaient blessées sans relâche, et sentirent plus vivement leurs piqûres au milieu d’un monde étranger. Leur timidité était telle qu’une dame anglaise, qui les invitait de temps à autre à venir chez elle, cessa de le faire, parce qu’elle s’aperçut que ces invitations leur causaient plus de peine que de plaisir. Emilie prononçait à peine quelques monosyllabes : quant à Charlotte, elle causait quelquefois éloquemment, lorsqu’elle était en veine de sociabilité ; mais avant de se décider, elle avait l’habitude de se détourner sur sa chaise de manière à cacher son visage à son interlocuteur. Toutes les gaucheries de la solitude étaient désormais inséparables de leur personne. Les deux sœurs vécurent à peu près exclusivement dans la société l’une de l’autre ; elles avaient à Bruxelles deux amies d’enfance, l’une d’elles mourut bientôt. Ces deux écolières, dont l’une avait vingt-six ans et l’autre vingt, n’avaient dans leur exil qu’une pensée : apprendre bien vite ce qu’il leur était nécessaire de savoir et quitter ce monde maudit. Le continent leur faisait horreur. Tout autour d’elles était si différent de leur manière de vivre et de sentir. Elles flairaient des corruptions qui leur étaient inconnues. Jamais Scythe ou Germain antique n’a été plus scandalisé de la corruption de la Grèce et de Rome que ces deux petites sauvages du Yorkshire ne le furent des mœurs et du culte qu’elles avaient sous les yeux. Les impressions de Charlotte sont loin d’être favorables au continent en général, au peuple belge et à la religion catholique en particulier ; mais elles sont curieuses, et nous en transcrivons quelques-unes en lui en laissant toute la responsabilité.
« Si l’on doit juger du caractère national des Belges par le caractère de la plupart des jeunes filles de l’école, c’est un caractère singulièrement froid, égoïste, bête et inférieur. Elles sont très indociles, et donnent beaucoup de peine à leurs maîtresses. Leurs principes sont pourris au cœur. Nous les évitons, ce qui n’est pas difficile, car nous avons sur notre front la marque réprouvée du protestantisme et de l’anglicisme. On parle du danger auquel les protestants s’exposent en allant vivre dans les pays catholiques, où ils courent risque de perdre leur foi. Le conseil que je donnerai à tous les protestants assez assotés pour se faire catholiques est d’aller sur le continent, d’assister soigneusement à la messe pendant quelque temps, d’en bien noter les momeries, ainsi que l’aspect idiot et mercenaire de tous les prêtres, et puis, s’ils sont disposés à voir autre chose dans le papisme qu’un système de pauvres mensonges bien puérils, qu’ils se fassent papistes, et grand bien leur en advienne ! Je considère le méthodisme, le quakerisme et les opinions extrêmes de la haute et de la basse église comme des folies, mais le catholicisme romain surpasse tout cela. En même temps permettez-moi de vous dire qu’il y a quelques catholiques qui sont aussi religieux que peuvent l’être des chrétiens pour qui la Bible est un livre scellé, et qui valent mieux que beaucoup de protestants. »
Émile Montégut
critique français (1825 – 1895)
Miss Brontë, sa Vie et ses Œuvres
I. — La Vie anglaise, la Famille et la Jeunesse de Miss Brontë
Revue des Deux Mondes
2e, tome 10, 1857