Archives par mot-clé : 博吉斯画廊

LE CARAVAGE Saint Jean Baptiste 施洗约翰 CARAVAGGIO San Giovanni Battista

ROME – ROMA – 罗马
Le Caravage Saint Jean Baptiste
Caravaggio San Giovanni Battista
施洗约翰
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome


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La Galerie Borghèse

LE CARAVAGE
Michelangelo Merisi da Caravaggio
米开朗基罗·梅里西·达·卡拉瓦乔
CARAVAGGIO
卡拉瓦乔
1571-1610

Le Caravage Caravaggio 1571 1610

San Giovanni Battista
saint Jean Baptiste
Jean le Baptiste
施洗约翰

Caravaggio Le Caravage Saint Jean Baptiste artgitato Galleria Borghese Galerie Borghese Rome Roma Caravaggio_Baptist_Galleria_Borghese,_Rome

D’AUTRES SAINT JEAN BAPTISTE DU CARAVAGE

Caravaggio_Baptist_Galleria_Nazionale_d'Arte_Antica,_Rome John the baptist, by Caravaggio (1571-1610), from Web Gallery of Art Caravaggio_Baptist_Nelson-Atkins_Museum_of_Art,_Kansas_City Caravaggio Baptist Nelson-Atkins Museum of Art, Kansas City Caravaggio-Baptist-Toledo John the Baptistby Caravaggio 1571-1610 painted about 1598. Toledo, Museo del Tesoro Catedralico

 

MICHEL-ANGE DE CARAVAGE

Michel-Ange Mérigi, connu sous le nom de Michel-Ange de Caravage, un des peintres les plus originaux de l’Italie, eut pendant longtemps une vogue prodigieuse : on peut le regarder comme l’inventeur d’une manière qui trouva de nombreux imitateurs. Ceux qui l’ont exactement suivie, et ceux qui, en l’imitant, ont conservé leur caractère propre, auront toujours moins de célébrité que lui. Très-fort dans quelques parties de la peinture, très-foible dans d’autres, il fut admiré de beaucoup de gens, et peu senti et déchiré par beaucoup d’autres.
Sur une surface plate donner aux objets la rondeur et la saillie qu’ils ont dans la nature, et offrir cette saillie de la manière la plus piquante que la nature puisse la présenter elle-même …
Jean-Joseph Taillasson
Observations sur quelques grands peintres
Teniers – Le Caravage

*****************
L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Le Caravage
*

Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337

Michel Ange de Caravage, (appellé communément Michel Ange Amérigi) naquit en 1569 au château de Caravage, situé dans le Milanes, & mourut en 1609. Ce peintre s’est rendu très-illustre par une maniere extrèmement forte, vraie, & d’un grand effet, de laquelle il est auteur. Il peignoit tout d’après nature, dans une chambre où la lumiere venoit de fort haut. Comme il a exactement suivi ses modeles, il en a imité les défauts & les beautés : car il n’avoit point d’autre idée que l’effet du naturel présent.

Son dessein étoit de mauvais goût ; il n’observoit ni perspective, ni dégradation ; ses attitudes sont sans choix, ses draperies mal jettées ; il n’a connu ni les graces, ni la noblesse ; il peignoit ses figures avec un teint livide, des yeux farouches, & des cheveux noirs. Cependant tout étoit ressenti ; il détachoit ses figures, & leur donnoit du relief par un savant artifice du clair-obscur, par un excellent goût de couleurs, par une grande vérité, par une force terrible, & par un pinceau moëlleux, qui ont rendu son nom extrèmement célebre.

Le caractere de ce peintre, semblable à ses ouvrages, s’est toûjours opposé à son bonheur. Il eut une affaire fâcheuse à Milan ; il en eut une autre à Rome avec le Josépin ; il insulta à Malte un chevalier de l’ordre ; en un mot il se fit des affaires avec tout le monde, fut misérable toute sa vie, & mourut sans secours sur un grand chemin. Il mangeoit seul à la taverne, où n’ayant pas un jour de quoi payer, il peignit l’enseigne du cabaret, qui fut vendue une somme considérable.

Ses desseins sont heurtés d’une grande maniere, la couleur y est rendue ; un goût bisarre, la nature imitée avec ses défauts, des contours irréguliers, & des draperies mal jettées, peuvent les caractériser.

Ses portraits sont très-bons. Le roi de France a celui du grand maître de Vignacourt que ce peintre fit à Malte. Il y a, je crois, un de ses tableaux aux Dominicains d’Anvers, que Rubens appelloit son maître. On vante singulierement un cupidon du Caravage, & son tableau de l’incrédulité de S. Thomas, qu’il a gravé lui-même. Mais que dirons-nous de son Prométhée attaché au rocher ? on ne peut regarder un moment cette peinture sans détourner la vûe, sans frissonner, sans ressentir une impression qui approche de celle que l’objet même auroit produite.

Le Caravage a fait pendant son séjour à Malte, pour l’église de ce lieu, la décollation de S. Jean. Le grand autel de l’église de S. Louis à Rome, est peint par le Caravage ; il a peint un Christ porté au sépulchre, dans l’église de sainte Marie in Vallicella. Tous ces morceaux ont un relief étonnant.

LE CARAVAGE SAINT JERÔME – GALERIE BORGHESE – CARAVAGGIO San Gerolamo 1606 – 卡拉瓦乔

ROME – ROMA – 罗马
Caravaggio San Gerolamo
卡拉瓦乔
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 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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LE CARAVAGE
Michelangelo Merisi da Caravaggio
米开朗基罗·梅里西·达·卡拉瓦乔
CARAVAGGIO
卡拉瓦乔
1571-1610

Le Caravage Caravaggio 1571 1610

SAN GEROLAMO
San Geronimo – San Girolamo
saint Jérôme
Jérôme de Stridon
(347-420)
圣杰罗拉莫
1605-1606
moine, traducteur de la Bible, docteur de l’Église et l’un des quatre pères de l’Église latine

Saint Jérôme Caravaggio san Gerolamo Galleria Borghese Galerie Borghèse artgitato

MICHEL-ANGE DE CARAVAGE

Michel-Ange Mérigi, connu sous le nom de Michel-Ange de Caravage, un des peintres les plus originaux de l’Italie, eut pendant longtemps une vogue prodigieuse : on peut le regarder comme l’inventeur d’une manière qui trouva de nombreux imitateurs. Ceux qui l’ont exactement suivie, et ceux qui, en l’imitant, ont conservé leur caractère propre, auront toujours moins de célébrité que lui. Très-fort dans quelques parties de la peinture, très-foible dans d’autres, il fut admiré de beaucoup de gens, et peu senti et déchiré par beaucoup d’autres.
Sur une surface plate donner aux objets la rondeur et la saillie qu’ils ont dans la nature, et offrir cette saillie de la manière la plus piquante que la nature puisse la présenter elle-même …
Jean-Joseph Taillasson
Observations sur quelques grands peintres
Teniers – Le Caravage

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Le Caravage
*

Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337

Michel Ange de Caravage, (appellé communément Michel Ange Amérigi) naquit en 1569 au château de Caravage, situé dans le Milanes, & mourut en 1609. Ce peintre s’est rendu très-illustre par une maniere extrèmement forte, vraie, & d’un grand effet, de laquelle il est auteur. Il peignoit tout d’après nature, dans une chambre où la lumiere venoit de fort haut. Comme il a exactement suivi ses modeles, il en a imité les défauts & les beautés : car il n’avoit point d’autre idée que l’effet du naturel présent.

Son dessein étoit de mauvais goût ; il n’observoit ni perspective, ni dégradation ; ses attitudes sont sans choix, ses draperies mal jettées ; il n’a connu ni les graces, ni la noblesse ; il peignoit ses figures avec un teint livide, des yeux farouches, & des cheveux noirs. Cependant tout étoit ressenti ; il détachoit ses figures, & leur donnoit du relief par un savant artifice du clair-obscur, par un excellent goût de couleurs, par une grande vérité, par une force terrible, & par un pinceau moëlleux, qui ont rendu son nom extrèmement célebre.

Le caractere de ce peintre, semblable à ses ouvrages, s’est toûjours opposé à son bonheur. Il eut une affaire fâcheuse à Milan ; il en eut une autre à Rome avec le Josépin ; il insulta à Malte un chevalier de l’ordre ; en un mot il se fit des affaires avec tout le monde, fut misérable toute sa vie, & mourut sans secours sur un grand chemin. Il mangeoit seul à la taverne, où n’ayant pas un jour de quoi payer, il peignit l’enseigne du cabaret, qui fut vendue une somme considérable.

Ses desseins sont heurtés d’une grande maniere, la couleur y est rendue ; un goût bisarre, la nature imitée avec ses défauts, des contours irréguliers, & des draperies mal jettées, peuvent les caractériser.

Ses portraits sont très-bons. Le roi de France a celui du grand maître de Vignacourt que ce peintre fit à Malte. Il y a, je crois, un de ses tableaux aux Dominicains d’Anvers, que Rubens appelloit son maître. On vante singulierement un cupidon du Caravage, & son tableau de l’incrédulité de S. Thomas, qu’il a gravé lui-même. Mais que dirons-nous de son Prométhée attaché au rocher ? on ne peut regarder un moment cette peinture sans détourner la vûe, sans frissonner, sans ressentir une impression qui approche de celle que l’objet même auroit produite.

Le Caravage a fait pendant son séjour à Malte, pour l’église de ce lieu, la décollation de S. Jean. Le grand autel de l’église de S. Louis à Rome, est peint par le Caravage ; il a peint un Christ porté au sépulchre, dans l’église de sainte Marie in Vallicella. Tous ces morceaux ont un relief étonnant.

les plafonds de la Galerie Borghèse – I soffitti della Galleria Borghese – 贝佳斯画廊的天花板

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les plafonds de la Galerie Borghèse
贝佳斯画廊的天花板
i soffitti della Galleria Borghese

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (4)

 

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Pianoterra
Rez-de-chaussée
Salone d’ingresso
Hall d’entrée
volta di Mariano Rossi

realizzata dal Mariano Rossi
Réalisé par Mariano Rossi
(1731-1807)
Entre 1775 et 1779
tra il 1775 e il 1779

La fresque célèbre la civilisation romaine et les vertus héroïques
L’affresco celebra la civiltà romana e l’eroica virtù dell’onore

Au centre, Jupiter accueille Romulus dans l’Olympe
Romolo accolto nell’Olimpo da Giove

Intorno al motivo principale figurano Giustizia, Fedeltà, Onore, che trionfano grazie all’azione del Tempo sui vizi (Calunnia, Inganno e Falsità), la Fama di Roma e le sue vittorie
Autour du motif principal, nous retrouvons la Justice, la Fidélité, l’Honneur qui triomphent grâce à l’action du Temps, sur la Calomnie, la Tromperie et le Mensonge, la Gloire de Rome et ses victoires

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (10)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (20)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (24)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (25)

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   Pianoterra
Rez-de-chaussée
Sala 1 – Salle 1
Sala della Paolina
Salle Pauline

Vénus et Enée
Venere e Enea

Domenico de Angelis
(1735-1804)
1779

il Giudizio di Paride (Guerra di Troia)
le Jugement de Pâris (Guerre de Troie)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (13)

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Pianoterra
Rez-de-chaussée
Sala 4

Sala degli Imperatori
La Salle des Empereurs
architetto – architecte Antonio Asprucci
1723-1808

scene legate a divinità marine
scène liée aux divinités de la mer

1778 et 1779

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (7)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (8)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (19)

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Pianoterra
Rez-de-chaussée
Sala 6

Sala del Gladiatore
Salle du Gladiateur

Laurent Pécheux
(1729-1821)

Il Concilio degli dei
Le Conseil des dieux
(1777 -1783)
raffigurante Giove tra le divinità favorevoli e contrarie alla guerra di Troia
Jupiter entouré des divinités favorables et opposées à la guerre de Troie

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (28)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (9)

*****
Pianoterra
Rez-de-chaussée

Sala 7 – Salle 7
Sala Egizia
Salle Egyptienne

Al centro, il Fiume Nilo
Au centre, le fleuve Nil

Ci-dessous : Anubis à tête de chien
Sotto : Anubis con testa di cane

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (27)

***
Primo piano
Premier étage
Sala 9 
Sala di Didone
La Salle de Didon

il Suicidio di Didone
le Suicide de Didon

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (5)

« Une des plus curieuses études qu’ait faites M. Saint-Marc Girardin, c’est l’histoire poétique du suicide. Le suicide ancien, c’est Oreste ; le suicide moderne, c’est Werther. Oreste, Ajax, Didon, se tuent dans un accès de désespoir ; c’est le dernier excès de la passion. Leur suicide est imprévu ; ils n’en ont pas formé dès longtemps l’idée ; ils ne se sont pas arrangés pour mourir ; ils quittent la vie au moment où les dieux leur ont fait tant de douleur, qu’ils n’ont plus de force pour la soutenir. »
Chronique de la quinzaine — 31 mai 1842
Victor de Mars
Revue des Deux Mondes
4ème série, tome 30, 1842

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Primo piano
Premier étage
Sala 10
Sala di Ercole
Salle d’Hercule
(Ex Salle du Repos – Stanza del Sonno)

Christoph Unterberger
(1732-1798)
l’Apoteosi di Ercole
L’Apothéose d’Hercule

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (6)

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Primo piano
Premier étage
Sala 14 – Salle 14
Loggia di Lanfranco

Il Concilio degli Dei
Le Conseil des Dieux

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (1)

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Primo piano
Premier étage
Sala 15 – Salle 15
Sala dell’Aurora
Salle de l’Aurore

La decorazione da Domenico Corvi
(1721-1803) nel 1782
Décoration 1782 par Domenico Corvi

Allegoria dell’Aurora
Allégorie de l’Aurore
Allegoria del Crepuscoli dell’Alba
Allégorie du Crépuscule de l’Aube
Allegoria del Vespro
Allégorie des Vêpres

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (2)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (16)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (14)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (15)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (18)

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Primo piano
Premier étage
Sala 17 – Salle 17
Sala del Conte di Angers
Salle du Comte d’Angers

Giuseppe Cades
(1750-1799)
1787
Il riconoscimento di Gualtiero conte di Angers
La reconnaissance de Gaultier, comte d’Angers
(seconda giornata del Decameron di Boccaccio-
seconde journée du Décaméron de Boccace)

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (3)

 

Nouvelle VIII
Le comte d’Angers, faussement accusé, s’enfuit en exil et laisse ses deux enfants en Angleterre. Revenu incognito, il les trouve en bonne situation, va comme palefrenier à l’armée du roi de France, et reconnu innocent, est rétabli dans son premier état.

« L’empire romain étant passé des Français aux Allemands, une grandissime inimitié naquit entre les deux nations, et par suite une guerre acerbe et continuelle, à l’occasion de laquelle, tant pour la défense de son pays que pour l’offense reçue, le roi de France et l’un de ses fils, avec toutes les forces de leur royaume, et suivis d’autant de parents et d’amis qu’ils purent en rassembler, levèrent une très grande armée pour marcher contre les ennemis. Avant de partir, afin de ne point laisser leur royaume sans gouvernement, et comme ils tenaient le comte Gaultier d’Angers pour un gentilhomme sage et pour leur fidèle et dévoué serviteur, et qu’il leur paraissait, bien qu’ils le sussent très versé en l’art de la guerre, plus apte aux choses délicates qu’aux fatigues ils lui laissèrent en leur lieu et place tout le gouvernement du royaume de France, avec le titre de vicaire général ; puis ils se mirent en route. Gaultier se mit donc avec soin et grand ordre à l’office qui lui était confié, conférant toujours sur toutes choses avec la reine et la belle-fille de celle-ci ; et bien que ces dernières eussent été laissées sous sa juridiction, néanmoins, il les honorait comme ses Dames et comme ses supérieures« Ledit Gaultier, âgé d’environ quarante ans, était très beau de corps et aussi plaisant de manières qu’aucun autre gentilhomme. Il était en outre le plus charmant et le plus distingué chevalier qu’on connût à cette époque, et un de ceux qui prenaient le plus de soin de sa personne. Or, il advint que le roi de France et son fils étant à la guerre dont j’ai déjà parlé et la dame de Gaultier étant morte lui laissant un fils et une fille tout enfants, comme il fréquentait la cour des dames susdites et parlait souvent avec elles des besoins du royaume, la dame du fils du roi jeta les yeux sur lui, et voyant avec une grandissime affection sa personne et ses belles manières, s’enflamma vivement pour lui d’un amour secret. Se sentant jeune et fraîche, et le voyant, lui, sans femme, elle pensa qu’elle pourrait facilement satisfaire son désir ; et, songeant que la honte seule pourrait l’en empêcher, elle résolut de chasser cette honte et de lui manifester son amour. Un jour donc qu’elle était seule et que le moment lui parut propice, elle l’envoya chercher comme si elle avait à lui parler d’autres choses. Le comte dont la pensée était très loin de celle de la dame, vint à elle, sans aucun retard, et, selon son désir, s’assit sur un siège à côté d’elle dans une chambre où ils étaient seuls. Déjà le comte lui avait deux fois demandé le motif pour lequel elle l’avait fait venir, et elle se taisait, lorsqu’enfin poussée par l’amour, devenue toute rouge de honte, quasi pleurant et toute tremblante, elle se mit à parler ainsi avec des paroles brisées…

BOCCACE
Le Décaméron
1350-1354
Traduction par Francisque Reynard
G. Charpentier et Cie, Éditeurs, 1884 (pp. 58-148).

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Primo piano
Premier étage
Sala 20 – Salle 20
Sala di Psiche
Salle de Psyché

 Amore e Psiche
Amour et Psyché
l’intervento di Giove
L’intervention de Jupiter

i soffitti della Galleria Borghese les plafonds de la Galerie Borghese artgitato (4)

ÉROS

« D’un dieu plus fort que moi, c’est l’inflexible arrêt,
Ne gâtons pas du moins notre bonheur secret ;
Meure sous les baisers ta folle inquiétude !
A ton front délicat ma lèvre est-elle rude ?
Comprends-tu plus d’amour dans la voix d’un époux,
Plus de jeunesse ardente et des baisers plus doux ?
Reste ainsi ! Quand tes yeux auraient vu mon visage,
Mon cœur ne pourrait pas te donner davantage. »

PSYCHÉ
« Lorsqu’en serrant ta main, j’entends ta voix de près,
Que je sens de ton cœur les battements secrets,
Mon âme oublie encore, ivre de ton empire,
Cette ardeur de te voir, puisqu’elle te respire.
Mais quand seule je marche à travers la clarté
Qui sur le moindre oiseau verse tant de beauté ;
Quand je rêve à ces nuits, à nos baisers de flamme,
Sans avoir une image à parer dans mon âme ;
Lorsque je vois la terre et le ciel radieux :
Alors tout désir cède au désir de mes yeux. »

Victor de Laprade
PSYCHE
Livre Premier
Alphonse Lemerre, éditeur
Œuvres poétiques de Victor de Laprade, pp. 7-34

*****

 

 

 

Wolfgang HEIMBACH – UOMO CON LUCERNA – 1645/1650 – 沃尔夫冈·海姆巴赫 – L’HOMME A LA BOUGIE

ROME – ROMA – 罗马
WOLFGANG HEIMBACH
Uomo con lucerna
LA VILLA BORGHESE
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 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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WOLFGANG HEIMBACH
沃尔夫冈·海姆巴赫
1615-1678

 Wolfgang_Heimbac,_self-portrait auto portrait autoritratto 1666

UOMO CON LUCERNA
男子用蜡烛
L’Homme à la bougie
1645 – 1650

OLIO SU TELA
Huile sur toile
布面油画
45×35

Wolfgang Heimbach Uomo con Lucerna L'Homme à la lanterne artgitato Villa Borghese (1)

Uomo con lucerna

On commença par mettre de la nuit
Si comincia mettere la notte
Des pointes de nuit sur des taches de vie
Picchi di notte sui punti di vita
Et dans le cœur de la nuit un cachot
E nel cuore della notte una prigione
Au fond du cachot se nichait le malheur
Al fondo della prigione, la disgrazia
Et dans ce malheur entra une lumière
E in questa disgrazia, una luce è venuto
Une étincelle désolée pliée si petite
Un piegato così piccola scintilla dispiace
Et dans le mal qui nous usait si intense
L’homme à la bougie avançait
L’uomo con lucerna camminava
Une paume de clarté et des yeux
Palm chiaro e gli occhi
Deux yeux ouvrant les ténèbres
Due piccoli occhi persi nel buio
Un point de départ à nouveau
Nuovo Un punto di partenza
Niché dans l’esprit de la Galerie
Immerso nello spirito della Galleria
Tranquille dans le blanc
Tranquillo in bianco
De David, dans le blanc de la Vérité.
David, nel bianco della Verità.

Poème de Jacky Lavauzelle

RUBENS SUZANNE ET LES VIEILLARDS SUSANNA E I Vecchioni 彼得·保罗·鲁本斯 1607 苏珊娜和长者

ROME – ROMA – 罗马
Rubens Suzanne et les vieillards
苏珊娜和长者
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 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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PIERRE PAUL RUBENS
PETER PAUL RUBENS
彼得·保罗·鲁本斯
PIETER PAUL RUBENS
1577-1640

SUZANNE ET LES VIEILLARDS
SUSANNE ET LES VIEILLARDS
苏珊娜和长者
SUSANNA E I VECCHIONI

olio su tela
huile sur toile
1607

Rubens Suzanne et les vieillards Suzanna e i vecchioni Galleria Borghese roma Galerie Borghese Rome artgitato 2

Vulgate
Biblia Sacra Vulgata (Stuttgartensia)
Vetus Testamentum
Livre de Daniel
13ème chapitre
De liberatione castae Susannae
De la libération de la chaste Suzanne
Histoire de Susanne
Passage deutérocanonique








  1. Il y avait un homme qui demeurait à Babylone, et son nom était Joakim.
  2. Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, d’une grande beauté et craignant Dieu ;
  3. car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse.
  4. Or Joakim était fort riche, et il avait un jardin près de sa maison, et les Juifs affluaient chez lui, parce qu’il était le plus honorable de tous.
  5. On avait établi juges cette année-là deux anciens d’entre le peuple, dont le Maître a dit : « L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui paraissaient régir le peuple. »
  6. Ils fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des différends se rendaient auprès d’eux.
  7. Vers le milieu du jour, lorsque le peuple s’était retiré, Susanne entrait dans le jardin de son mari et s’y promenait.
  8. Les deux vieillards la voyaient chaque jour y entrer et s’y promener, et ils conçurent pour elle une ardente passion.
  9. Ils pervertirent leur sens et détournèrent leurs yeux pour ne pas voir le ciel et ne pas se souvenir des justes jugements de Dieu.
  10. Ils étaient donc blessés d’amour pour elle, mais ils ne se communiquaient pas mutuellement leur souffrance,
  11. car ils avaient honte de révéler l’un à l’autre la passion qui leur faisait désirer d’être avec elle.
  12. Ils l’observaient chaque jour avec soin pour la voir, et ils se dirent l’un à l’autre :
  13. « Allons chez nous, c’est l’heure du dîner. » Et ils sortirent et se séparèrent.
  14. Mais étant revenus sur leurs pas, ils se rencontrèrent, et s’étant demandé le motif de leur retour, ils s’avouèrent leur passion ; puis ils convinrent entre eux du moment où ils pourraient la trouver seule.
  15. Comme ils épiaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra dans le jardin, comme elle l’avait fait la veille et l’avant-veille, sans autre compagnie que deux jeunes filles ; elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud.
  16. Il n’y avait là personne, sinon les deux vieillards, qui s’étaient cachés et qui l’épiaient.
  17. Elle dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de l’huile parfumée et des onguents, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. »
  18. Elles firent ce que Suzanne avait commandé et, ayant fermé la porte du jardin, elles sortirent par une porte de derrière, pour apporter ce qui leur avait été demandé ; elles ne savaient pas que les vieillards étaient cachés dans le jardin.
  19. Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent :
  20. « Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperçoit, et nous brûlons d’amour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous.
  21. Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. »
  22. Susanne soupira et dit : « Du tous côtés l’angoisse m’environne. Si je fais cela, c’est la mort pour moi, et si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains.
  23. Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans avoir fait le mal que de pécher en présence du Seigneur. »
  24. Alors Susanne jeta un grand cri, et les deux vieillards crièrent aussi contre elle.
  25. Et l’on d’eux courut ouvrir les portes du jardin.
  26. Quand les serviteurs de la maison entendirent les cris poussés dans le jardin, ils se précipitèrent par la porte de derrière pour voir ce qu’il y avait.
  27. Lorsque les vieillards se furent expliqués, les serviteurs eurent grande honte, parce qu’on n’avait jamais dit chose semblable de Susanne.
  28. Le lendemain, le peuple s’étant rassemblé chez Joakim, mari de Susanne, les deux vieillards y vinrent aussi, tout remplis de pensées méchantes contre elle, afin de la faire périr.
  29. Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher brillante, fille d’Helcias, femme de Joakim. » Et on envoya aussitôt.
  30. Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches.
  31. Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté.
  32. Comme elle était voilée, les juges méchants commandèrent qu’on lui ôtât son voile, pour se rassasier de sa beauté.
  33. Mais tous les siens et tous ceux qui la connaissaient versaient des larmes.
  34. Les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
  35. Elle, en pleurant, regarda vers le ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur.
  36. Les vieillards dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, après avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles.
  37. Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle.
  38. Nous étions dans un coin du jardin ; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie.
  39. Nous n’avons pu prendre le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé.
  40. Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. Voilà ce que nous attestons. »
  41. La foule les crut, parce que c’étaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.
  42. Alors Susanne s’écria à haute voix et dit : « Dieu éternel, qui connaissez ce qui est caché et qui savez toutes choses avant qu’elles n’arrivent,
  43. vous savez qu’ils ont rendu un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de ce qu’ils ont méchamment inventé contre moi. »
  44. Le Seigneur entendit sa voix.
  45. Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel.
  46. Il cria à haute voix : « Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! »
  47. Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : « Que signifie cette parole que tu dis-là ? »
  48. Daniel, se tenant au milieu d’eux, dit : Etes-vous donc insensés à ce point, enfants d’Israël, de faire mourir une fille d’Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ?
  49. Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »
  50. Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel :
  51. « Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse. » Daniel dit au peuple : « Séparez-les loin l’un de l’autre, et je les jugerai. »
  52. Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit : « Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,
  53. toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.
  54. Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenant ensemble. » Il répondit : « Sous un lentisque. »
  55. Daniel dit « Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin va te fendre par le milieu. »
  56. Après l’avoir renvoyé, il ordonna d’amener l’autre, et il lui dit « Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d’une femme t’a séduit et la passion a perverti ton cœur.
  57. C’est ainsi que vous en agissiez avec les filles d’Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité.
  58. Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s’entretenant ensemble. »
  59. Il dit : « Sous un chêne. » Daniel lui dit : « Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l’ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. »
  60. Alors toute l’assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
  61. Puis ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ;
  62. afin d’accomplir la loi de Moïse, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
  63. Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de déshonnête.
  64. Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.
  65. Le roi Astyage ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse reçut le royaume.

13:1 et erat vir habitans in Babylone et nomen eius Ioachim
13:2 et accepit uxorem nomine Susannam filiam Chelciae pulchram nimis et timentem Dominum
13:3 parentes enim illius cum essent iusti erudierunt filiam suam secundum legem Mosi
13:4 erat autem Ioachim dives valde et erat ei pomerium vicinum domus suae et ad ipsum confluebant Iudaei eo quod esset honorabilior omnium
13:5 et constituti sunt duo senes iudices in anno illo de quibus locutus est Dominus quia egressa est iniquitas de Babylone a senibus iudicibus qui videbantur regere populum
13:6 isti frequentabant domum Ioachim et veniebant ad eos omnes qui habebant iudicia
13:7 cum autem populus revertisset per meridiem ingrediebatur Susanna et deambulabat in pomerio viri sui
13:8 et videbant eam senes cotidie ingredientem et deambulantem et exarserunt in concupiscentia eius
13:9 et everterunt sensum suum et declinaverunt oculos suos ut non viderent caelum neque recordarentur iudiciorum iustorum
13:10 erant ergo ambo vulnerati amore eius nec indicaverunt sibi vicissim dolorem suum
13:11 erubescebant enim indicare concupiscentiam suam volentes concumbere cum ea
13:12 et observabant cotidie sollicitius videre eam dixitque alter ad alterum
13:13 eamus domum quia prandii hora est et egressi recesserunt a se
13:14 cumque revertissent venerunt in unum et sciscitantes ab invicem causam confessi sunt concupiscentiam suam et tunc in commune statuerunt tempus quando eam possent invenire solam
13:15 factum est autem cum observarent diem aptum ingressa est aliquando sicut heri et nudius tertius cum duabus solis puellis voluitque lavari in pomerio aestus quippe erat
13:16 et non erat ibi quisquam praeter duos senes absconditos et contemplantes eam
13:17 dixit ergo puellis adferte mihi oleum et smegmata et ostia pomerii claudite ut lavem
13:18 et fecerunt sicut praeceperat clauseruntque ostia pomerii et egressae sunt per posticium ut adferrent quae iusserat nesciebantque senes intus esse absconditos
13:19 cum autem egressae essent puellae surrexerunt duo senes et adcurrerunt ad eam et dixerunt
13:20 ecce ostia pomerii clausa sunt et nemo nos videt et in concupiscentia tui sumus quam ob rem adsentire nobis et commiscere nobiscum
13:21 quod si nolueris dicemus testimonium contra te quod fuerit tecum iuvenis et ob hanc causam emiseris puellas a te
13:22 ingemuit Susanna et ait angustiae mihi undique si enim hoc egero mors mihi est si autem non egero non effugiam manus vestras
13:23 sed melius mihi est absque opere incidere in manus vestras quam peccare in conspectu Domini
13:24 et exclamavit voce magna Susanna exclamaverunt autem et senes adversus eam
13:25 et cucurrit unus et aperuit ostia pomerii
13:26 cum ergo audissent clamorem in pomerio famuli domus inruerunt per posticam ut viderent quidnam esset
13:27 postquam autem senes locuti sunt erubuerunt servi vehementer quia numquam dictus fuerat sermo huiuscemodi de Susanna et facta est dies crastina
13:28 cumque venisset populus ad virum eius Ioachim venerunt et duo presbyteri pleni iniqua cogitatione adversum Susannam ut interficerent eam
13:29 et dixerunt coram populo mittite ad Susannam filiam Chelciae uxorem Ioachim et statim miserunt
13:30 et venit cum parentibus et filiis et universis cognatis suis
13:31 porro Susanna erat delicata nimis et pulchra specie
13:32 at iniqui illi iusserunt ut discoperiretur erat enim cooperta ut vel sic satiarentur decore eius
13:33 flebant igitur sui et omnes qui noverant eam
13:34 consurgentes autem duo presbyteri in medio populi posuerunt manus super caput eius
13:35 quae flens suspexit ad caelum erat enim cor eius fiduciam habens in Domino
13:36 et dixerunt presbyteri cum deambularemus in pomerio soli ingressa est haec cum duabus puellis et clausit ostia pomerii et dimisit puellas
13:37 venitque ad eam adulescens qui erat absconditus et concubuit cum ea
13:38 porro nos cum essemus in angulo pomerii videntes iniquitatem cucurrimus ad eos et vidimus eos pariter commisceri
13:39 et illum quidem non quivimus conprehendere quia fortior nobis erat et apertis ostiis exilivit
13:40 hanc autem cum adprehendissemus interrogavimus quisnam esset adulescens et noluit indicare nobis huius rei testes sumus
13:41 credidit eis multitudo quasi senibus populi et iudicibus et condemnaverunt eam ad mortem
13:42 exclamavit autem voce magna Susanna et dixit Deus aeterne qui absconditorum es cognitor qui nosti omnia antequam fiant
13:43 tu scis quoniam falsum contra me tulerunt testimonium et ecce morior cum nihil horum fecerim quae isti malitiose conposuerunt adversum me
13:44 exaudivit autem Dominus vocem eius
13:45 cumque duceretur ad mortem suscitavit Deus spiritum sanctum pueri iunioris cuius nomen Danihel
13:46 et exclamavit voce magna mundus ego sum a sanguine huius
13:47 et conversus omnis populus ad eum dixit quis est sermo iste quem tu locutus es
13:48 qui cum staret in medio eorum ait sic fatui filii Israhel non iudicantes neque quod verum est cognoscentes condemnastis filiam Israhel
13:49 revertimini ad iudicium quia falsum testimonium locuti sunt adversum eam
13:50 reversus est ergo populus cum festinatione et dixerunt ei senes veni et sede in medio nostrum et indica nobis quia tibi dedit Deus honorem senectutis
13:51 et dixit ad eos Danihel separate illos ab invicem procul et diiudicabo eos
13:52 cum ergo divisi essent alter ab altero vocavit unum de eis et dixit ad eum inveterate dierum malorum nunc venerunt peccata tua quae operabaris prius
13:53 iudicans iudicia iniusta innocentes opprimens et dimittens noxios dicente Domino innocentem et iustum non interficies
13:54 nunc ergo si vidisti eam dic sub qua arbore videris eos loquentes sibi qui ait sub scino
13:55 dixit autem Danihel recte mentitus es in caput tuum ecce enim angelus Dei accepta sententia ab eo scindet te medium
13:56 et amoto eo iussit venire alium et dixit ei semen Chanaan et non Iuda species decepit te et concupiscentia subvertit cor tuum
13:57 sic faciebatis filiabus Israhel et illae timentes loquebantur vobis sed non filia Iuda sustinuit iniquitatem vestram
13:58 nunc ergo dic mihi sub qua arbore conprehenderis eos loquentes sibi qui ait sub prino
13:59 dixit autem ei Danihel recte mentitus es et tu in caput tuum manet enim angelus Dei gladium habens ut secet te medium et interficiat vos
13:60 exclamavit itaque omnis coetus voce magna et benedixerunt Deo qui salvat sperantes in se
13:61 et consurrexerunt adversum duos presbyteros convicerat enim eos Danihel ex ore suo falsum dixisse testimonium feceruntque eis sicuti male egerant adversum proximum
13:62 ut facerent secundum legem Mosi et interfecerunt eos et salvatus est sanguis innoxius in die illa
13:63 Chelcias autem et uxor eius laudaverunt Deum pro filia sua Susanna cum Ioachim marito eius et cognatis omnibus quia non esset inventa in ea res turpis
13:64 Danihel autem factus est magnus in conspectu populi a die illa et deinceps
13:65 et rex Astyages adpositus est ad patres suos et suscepit Cyrus Perses regnum eius

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Rubens
*

Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337 

Rubens (Pierre-Paul) originaire d’Anvers, d’une très-bonne famille, naquit à Cologne en 1577, & mourut à Anvers en 1640. C’est le restaurateur de l’école flamande, le Titien & le Raphael des Pays-bas. On connoît sa vie privée ; elle est illustre, mais nous la laissons à part.

Un goût dominant ayant porté Rubens à la Peinture, il le perfectionna en Italie, & y prit une maniere qui lui fut propre. Son génie vaste le rendit capable d’exécuter tout ce qui peut entrer dans la riche composition d’un tableau, par la connoissance qu’il avoit des Belles Lettres, de l’Histoire & de la Fable. Il inventoit facilement, & son imagination lui fournissoit plusieurs ordonnances également belles. Ses attitudes sont variées, & ses airs de têtes sont d’une beauté singuliere. Il y a dans ses idées une abondance, & dans ses expressions une vivacité surprenante. Son pinceau est moëlleux, ses touches faciles & legeres ; ses carnations fraîches, & ses draperies jettées avec art.

Il a traité supérieurement l’Histoire ; il a ouvert le bon chemin du coloris, n’ayant point trop agité ses teintes en les mêlant, de peur que venant à se corrompre par la grande fonte de couleurs, elles ne perdissent trop leur éclat. D’ailleurs la plûpart de ses ouvrages étant grands, & devant par conséquent être vus de loin, il a voulu y conserver le caractere des objets & la fraîcheur des carnations. Enfin on ne peut trop admirer son intelligence du clair-obscur, l’éclat, la force, l’harmonie & la vérité qui regnent dans ses compositions.

Si l’on considere la quantité étonnante de celles que cet homme célebre a exécutées, & dont on a divers catalogues, on ne sera pas surpris de trouver souvent des incorrections dans ses figures ; mais quoique la nature entraînât plus Rubens que l’antique, il ne faut pas croire qu’il ait été peu savant dans la partie du Dessein ; il a prouvé le contraire par divers morceaux dessinés d’un goût & d’une correction que les bons peintres de l’école romaine ne desavoueroient pas.

Ses ouvrages sont répandus par-tout, & la ville d’Anvers a mérité la curiosité des étrangers par les seuls tableaux de ce rare génie. On vante en particulier singulierement celui qu’elle possede du crucifiement de Notre Seigneur entre les deux larrons.

Dans ce chef-d’œuvre de l’art, le mauvais larron qui a eu sa jambe meurtrie par un coup de barre de fer dont le bourreau l’a frappé, se soûleve sur son gibet ; & par cet effort qu’a produit la douleur, il a forcé la tête du clou qui tenoit le pié attaché au poteau funeste : la tête du clou est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pié à-travers lequel elle a passé. Rubens qui savoit si-bien en imposer à l’œil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, & ce corps est encore la chair la plus vraie qu’ait peint ce grand coloriste. On voit de profil la tête du supplicié, & sa bouche, dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme ; ses yeux dont la prunelle est renversée, & dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres & tendues ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presque oüir les cris horribles qu’il jette. Reflex. sur la Peint. tome I.

Mais les peintures de la galerie du Luxembourg, qui ont paru gravées au commencement de ce siecle, & qui contiennent vingt-un grands tableaux & trois portraits en pié, ont porté la gloire de Rubens par tout le monde ; c’est aussi dans cet ouvrage qu’il a le plus développé son caractere & son génie. Personne n’ignore que ce riche & superbe portique, semblable à celui de Versailles, est rempli de beautés de dessein, de coloris, & d’élégance dans la composition. On ne reproche à l’auteur trop ingénieux, que le grand nombre de ses figures allégoriques, qui ne peuvent nous parler & nous intéresser ; on ne les devine point sans avoir à la main leur explication donnée par Félibien & par M. Moreau de Mautour. Or il est certain que le but de la Peinture n’est pas d’exercer notre imagination par des énigmes ; son but est de nous toucher & de nous émouvoir. Mon sentiment là-dessus, conforme à celui de l’abbé du Bos, est si vrai, que ce que l’on goûte généralement dans les galeries du Luxembourg & de Versailles, est uniquement l’expression des passions. « Telle est l’expression qui arrête les yeux de tous les spectateurs sur le visage de Marie de Medicis qui vient d’accoucher ; on y apperçoit distinctement la joie d’avoir mis au monde un dauphin, à-travers les marques sensibles de la douleur à laquelle Eve fut condamnée ».

Au reste M. de Piles, admirateur de Rubens, a donné sa vie, consultez-la.

 

LE PERUGIN – IL PERUGINO – 彼得羅·佩魯吉諾 – LA VIERGE A L’ENFANT – MADONNA COL BAMBINO DI PERUGINO- 圣母子 – Galleria Borghèse ROME ROMA

ROME – ROMA – 罗马
LE PERUGIN
MADONNA COL BAMBINO DI PERUGINO
LA VILLA BORGHESE
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Armoirie de Rome

 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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GALLERIA BORGHESE
博吉斯画廊
La Galerie Borghèse

Pietro di Cristoforo Vannucci
IL PERUGINO
LE PERUGIN
彼得羅·佩魯吉諾
1448-1523

Autoportrait Perugino Le Perugin

MADONNA COL BAMBINO
LA VIERGE ET L’ENFANT
圣母子

Primo Venticinquennio del secolo XVI
Premier quart du XVIe siècle

olio su tavola
huile sur toile
44cm x34 cm

Le Perugin Il Perugino Madonna col Bambino Galleria Borghese & National Gallery of Art Washington.

Pietro_Perugino madonna col Bambino Galleria Borghese Galerie Borghese artgitato Rome Roma

Encyclopédie méthodique – Beaux-Arts (1788)
1788 – Page _8
PIETRO VANUCCI dit LE PERUGIN





(1) Pietro Vanucci, dit Perugino, le Perugin, de l’école romaine. Il naquit à Perouse de parens très-pauvres en 1446, parvint à surpasser tous les artistes de son temps, & acquit de très-grandes richesses. Il travailla surtout pour les églises & pour les couvens. Son avarice étoit extrême, mais en même temps sa passion pour sa femme étoit si violente, qu’il ne lui savoit rien refuser, & portoit même jusqu’à la profusion les dépenses qu’il faisoit pour elle. La précaution qu’il avoit de porter toujours avec lui à la campagne la cassette qui renfermoit son or, fut un avertissement & un appat pour les voleurs qui la lui enlevèrent. La douleur qu’il éprouva de cette perte, ne lui permit pas d’y survivre longtemps il mourut en 1524 à l’âge de 78 ans, peu regretté de ses émules, dont son orgueil lui avoit fait autant d’ennemis.

 

Quoiqu’il conservât quelque chose de la roideur & de la sécheresse gothique, il mérite des éloges par la précision avec laquelle il imitoit la nature, par la simplicité qui caractérisoit ses ouvrages, par une certaine grace qu’il donnoit à ses figures. Il suffit à son éloge de dire qu’on trouve en lui le germe de quelques-unes des qualités qui le distinguèrent de Raphaël ; mais indépendamment des défauts qu’il tenoit de son temps, la nature ne lui avoit pas accordé le génie qu’elle a prodigué à son illustre élève. Sa couleur étoit assez bonne pour le siècle où il vivoit ; une grande pratique lui avoit donné de la facilité ; ses couleurs avoient de l’éclat, & son pinceau de la propreté. Trop peu de gradation dans les plans, trop d’uniformité dans les tons, prouvent qu’il connoissoit peu le clair-obscur & la perspective aёrienne. Ses tableaux sont d’un fini précieux : on ignoroit encore l’art d’imiter la nature par de savantes indications ; on la rendoit avec un scrupule qui avoit quelque chose de servile. C’étoit un défaut, mais il en résultoit une vertu ; celle de l’exactitude dont on s’est, dans la suite, trop écarté. Nous ne reprocherons pas au Pérugin d’avoir employé l’or dans les accessoires de ses ouvrages ; c’est un reproche qui appartient à son temps plutôt qu’à lui-même.



Le roi de France ne possède que quatre tableaux de ce maître, dont le plus grand & le plus capital n’a guère plus de quatre pieds. Il représente le Christ détaché de la Croix. La douleur de la Magdelaine est assez bien exprimée, la composition est simple, mais elle tient un peu du gothique.

Ce tableau a été gravé par le Comte de Caylus. On a aussi du même peintre un Christ au tonbeau, gravé par Claude Duflos.

Pietro_Perugino madonna col Bambino

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COMPARAISON ENTRE LE PERUGIN & RAPHAËL

Les nouvelles acquisitions du musée
GUSTAVE PLANCHE
REVUE DES DEUX MONDES
Tome 8 – 1850

Je sais bien qu’il y a en France comme en Allemagne, comme en Angleterre, comme en Italie, un grand nombre d’esprits qui prétendent posséder la vraie notion de l’art et qui préfèrent résolument le Pérugin au plus illustre de ses élèves, à Raphaël. Je sais que, pour ces esprits qui s’attribuent la pleine intelligence du sentiment religieux et de l’expression qu’il peut recevoir dans la peinture, les madones du Pérugin sont plus pures, plus recueillies, plus belles que la Madone à la chaise du palais Pitti, que la madone achetée, en 1518, par François Ier ; mais une pareille opinion ne soutient pas l’examen. C’est un engouement puéril qui ne mérite pas plus de respect que la passion d’une jeune fille pour une dentelle ou un ruban. Le Pérugin doit la meilleure partie de sa gloire aux œuvres de Raphaël, comme Domenico Ghirlandajo aux œuvres de Michel-Ange ; si Raphaël et Michel-Ange ne tenaient pas dans l’histoire de l’art une place si considérable, le Pérugin et Ghirlandajo jouiraient d’une popularité très modeste. Il y a deux manières d’estimer la valeur du Pérugin on peut l’envisager au point de vue de l’expression, au point de vue de la science. Si l’on veut chercher dans le Pérugin le sentiment religieux, il est impossible de ne pas reconnaître que Giotto et fra Angelico donnent à la foi chrétienne plus d’éloquence, plus de ferveur que le Pérugin. Veut-on chercher en lui la science ? A moins de fermer ses yeux à l’évidence, à moins d’oublier la forme vraie de la personne humaine, comment ne pas avouer qu’un intervalle immense sépare le Pérugin de Raphaël ? Oui, sans doute, le Pérugin en savait plus que Giotto, plus que fra Angelico ; c’est une vérité qui n’a pas besoin d’être démontrée : il n’est pas moins vrai, moins évident que Raphaël en savait infiniment plus que son maître. Quant à l’expression du sentiment religieux, le Pérugin, à mon avis, ne soutient pas mieux la comparaison avec Raphaël qu’avec Giotto. Je ne veux pas prendre au sérieux l’opinion proclamée à son de trompe il y a quelque vingt ans par les peintres néo chrétiens ; je ne veux pas perdre mon temps à réfuter les accusations de paganisme portées contre Raphaël ; ces accusations, qui ont pu obtenir quelque crédit parmi les personnes étrangères à l’histoire de la peinture, ne méritent pas les honneurs de la discussion. Raphaël, qui a consacré sa vie tout entière à l’expression de la beauté, n’a pas cru devoir négliger les conseils de l’art antique ; il a interrogé avidement les œuvres de la Grèce. Qui oserait le blâmer ? C’est au commerce assidu qu’il a entretenu avec l’antiquité que nous devons l’étonnante variété de ses œuvres. Est-il permis de comparer le Pérugin à Raphaël sous le rapport de la variété ? Les œuvres du Pérugin, dont plusieurs sans doute se recommandent par un mérite réel, semblent presque toujours reproduire un type invariable et constant. On dirait que l’auteur s’interdit l’invention comme une coupable pensée ; qu’il craindrait, en prêtant à la Vierge, à l’enfant Jésus, un visage nouveau, d’attirer sur sa tête le reproche d’hérésie. Les renseignemens que les biographes nous ont transmis, sans justifier cette conjecture, nous expliquent d’une façon très claire l’uniformité des œuvres du Pérugin. Nous savons en effet que le maître de Raphaël, très âpre au gain, reproduisait à l’infini ses compositions, et se copiait lui-même sans jamais se lasser. Il ne tenait pas tant au progrès de son art qu’au succès de son industrie ; il voulait tirer de ses moindres idées un profit permanent, et toutes les fois qu’il trouvait l’occasion de les reproduire, il la saisissait avec empressement. Il avait pour tous les épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testament des types déterminés, et prenait bien rarement le soin de les modifier. Faut-il s’étonner qu’en se copiant sans relâche il n’ait pas trouvé moyen de mettre une grande différence entre les œuvres de sa jeunesse et les œuvres de son âge mûr ? La main la plus habile, en promenant éternellement le pinceau sur les mêmes lignes, sur les mêmes contours, loin d’acquérir plus de dextérité, finit par s’habituer au lieu commun, et c’est en effet le défaut qu’on peut reprocher à bien des œuvres signées du nom de Pérugin. Mais je veux bien oublier que la galerie du Louvre possède déjà depuis long-temps des tableaux de ce maître ; je consens à croire qu’il était utile d’acquérir une œuvre nouvelle achevée par la même main : était-il nécessaire d’aller à La Haye pour enrichir le Musée du Louvre ? N’y a-t-il pas au musée de Lyon une toile du Pérugin cent fois préférable au tableau acquis par MM. Reiset et Villot ? Tout en tenant compte de la jalousie provinciale, n’était-il pas possible de décider le conseil municipal de Lyon à échanger cette toile admirable contre des œuvres d’un autre maître ?

RUBENS Deposizione nel Sepolcro – Le Saint-Sépulcre – La Mise au Tombeau – Sepoltura Borghese – 沉积在圣墓 – GALLERIA BORGHESE – 博吉斯画廊

ROME – ROMA – 罗马
沉积在圣墓
Rubens Deposizione nel Sepolcro
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Pianto sul Cristo Morto Pier Peter Paul Rubens 1602 artgitato Galleria Borghese

PIERRE PAUL RUBENS
PETER PAUL RUBENS
彼得·保罗·鲁本斯
PIETER PAUL RUBENS
1577-1640

Sepoltura Borghese
Compianto sul corpo di Cristo deposto
Lamentation sur le corps du Christ
1605 – 1606
Deposizione nel sepolcro
Déposition dans le sépulcre

沉积在圣墓

Tableau probablement élargi à la fin du XVIIIe siècle
Ampliato presumibilmente alla fine del XVIII secolo

Peinture Huile sur Toile
dipinto a olio su tela
180×137

 » Raphaël, Rubens ne cherchaient pas les idées ; elles venaient à eux d’elles-mêmes, et même en trop grand nombre. Le travail ne s’applique guère à les faire naître, mais à les rendre le mieux possible par l’exécution. »
15 février 1852
Journal d’Eugène Delacroix
Texte établi par Paul Flat, René Piot
Plon, 1893
Tome 2 Pages 82-83

 

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TERTULLIEN
De la Chair de Jésus-Christ
Traduction par  Antoine-Eugène Genoud
Œuvres complètes de Tertullien
Louis Vivès, 1852, Tome 1  – pp. 389-433

I. Ceux qui, cherchant à ébranler la foi à la résurrection, que l’on avait crue fermement jusqu’à ces modernes Sadducéens, prétendent que cette espérance n’appartient point à la chair, ont raison de mettre en question la chair de Jésus-Christ, et de soutenir ou qu’elle n’existe pas, ou qu’elle est tout autre chose que la chair de l’homme. Ils craignent que s’il est prouvé une fois que cette chair est semblable à la nôtre, il n’en sorte contre eux la présomption que cette chair, ressuscitée en Jésus-Christ, ressuscitera infailliblement dans les hommes. Il faut donc soutenir la réalité de la chair avec les mêmes arguments qui servent à la renverser. Examinons quelle est la substance corporelle du Seigneur. Quant à sa substance spirituelle, tout le monde est d’accord. Il ne s’agit que de sa chair. On dispute de sa vérité, de sa nature, de son existence, de son principe, de ses qualités. Sa réalité deviendra le gage de notre résurrection. Marcion, voulant nier la chair du Christ, a nié aussi sa naissance : ou, voulant nier sa naissance, a nié également sa chair, sans doute de peur que la naissance et la chair ne se rendissent témoignage dans leur mutuelle correspondance, puisqu’il n’y a point de naissance sans la chair, ni de chair sans la naissance ! Comme si, en vertu des droits que s’arroge l’hérésie, il n’avait pas pu, ou nier la naissance en admettant la chair, ainsi que l’a fait Apelles, son disciple, et depuis son déserteur ; ou bien, tout en confessant la chair et la naissance, leur donner une autre interprétation, avec Valentin, autre disciple et déserteur de Marcion. Mais qui a pu soutenir le premier, que la chair de Jésus-Christ était imaginaire, a bien pu supposer aussi que sa naissance n’était qu’un fantôme ; de même que la conception, la grossesse, l’enfantement d’une vierge, et successivement toute la vie de cet enfant, une chimère. Toutes ces circonstances auraient trompé les mêmes yeux et les mêmes sens qu’avait déjà fermés l’illusion de la chair.

 Pierre Peter Pieter Rubens_Deposition nel sepolcro - Déposition dans le sépulcre

Emile Verhaeren
Les Héros
Deman – 1808 Pages 67-73

Rubens

 

Ton art énorme est tel qu’un débordant jardin
— Feuillages d’or, buissons en sang, taillis de flamme —
D’où surgissent, d’entre les fleurs rouges, tes femmes
Tendant leur corps massif vers les désirs soudains

Et s’exaltant et se mêlant, larges et blondes,
Au cortège des Ægipans et des Sylvains
Et du compact Silène enflé d’ombre et de vin
Dont les pas inégaux battent le sol du monde.

Ô leurs bouquets de chair, leurs guirlandes de bras,
Leurs flancs fermes et clairs comme de grands fruits lisses
Et le pavois bombé des ventres et des cuisses
Et l’or torrentiel des crins sur leurs dos gras !

Que tu peignes les amazones des légendes
Ou les reines ou les saintes des paradis,
Toutes ont pris leur part de volupté, jadis,
Dans la balourde et formidable sarabande.

Le rut universel que la terre dardait
Du fond de ses forêts au vent du soir pâmées
À ses tisons rôdeurs les avait allumées
En ses taillis profonds ou ses antres secrets.

Et tes bourreaux et tes martyrs et ton Dieu même
Semblent fleuris de sang, et leurs muscles tordus
Sont des grappes de force à leurs gibets pendus
Sous un ouragan fou de pleurs et de blasphèmes.

Si bien que grossissant la vie, et l’ameutant
Du grand tumulte clair des couleurs et des lignes,
Tu fais ce que jamais tes émules insignes
N’avaient osé faire ou rêver, avant ton temps.

Oh ! le dompteur de joie épaisse, ardente et saine,
Oh ! l’ivrogne géant du colossal festin
Où circulaient les coupes d’or du vieux destin
Serrant en leurs parois toute l’ivresse humaine.

Ta bouche sensuelle et gourmande, d’un trait,
Avec un cri profond les a toutes vidées,
Et les œuvres naissaient du flux montant d’idées
Que ces vins éternels vers ton cerveau jetaient.

II

Tu es celui — le tard venu — parmi les maîtres
Qui d’une prompte main, mais d’un fervent regard,
D’abord demande à tous une fleur de leur art
Pour qu’en ton œuvre à toi tout l’art puisse apparaître.

Mais si tu prends, c’est pour donner plus largement :
Aux horizons pleins de roses que tu dévastes,
Lorsque tu t’es conquis enfin, ton geste vaste
Soudain, au lieu de fleurs, allume un firmament.

Les rois aiment ton goût de richesse ordonnée.
Tu l’imposes puissant, replet, fouillé, profond
Et Versailles le tord encor en ses plafonds
Où sont peintes, lauriers au front, les Destinées.

Il déborde, il perdure excessif et charmant ;
Il s’installe, parmi les bois et les terrasses,
Et les femmes de joie élégantes et grasses
En instruisent Watteau, au bras de leurs amants.

Et te voici parti vers les Londres funèbres.
En des palais obscurs dont a peur le soleil,
Pour y fixer cet art triomphal et vermeil
Comme une vigne d’or sur des murs de ténèbres.

Et quand tu t’en reviens vers ta vieille cité,
Le front déjà marqué par le destin suprême.
Nul ne peut plus douter que tu ne sois toi-même
L’infaillible ouvrier de ton éternité.

III

Alors la gloire entière est ton bien et ta proie,
Tu la domptes, tu la lèches et tu la mords ;
Jamais un tel amour n’a angoissé la mort
Ni tant de violence enfanté de la joie.

Tu rentres comme un roi en ta large maison,
Toute la Flandre est tienne, ainsi qu’est tien le monde ;
Tu lui prends pour l’aimer sa fille la plus blonde
Dont le nom est doré comme un flot de moisson.

Tu ressuscites tout : l’Empyrée et l’Abîme ;
Et les anges, pareils à des thyrses d’éclairs ;
Et les monstres aigus, rongeant des blocs de fer ;
Et tout au loin, là-bas, les Golgothas sublimes ;

Et l’Olympe et les Dieux, et la Vierge et les Saints ;
L’Idylle ou la bataille atroce et pantelante ;
Les eaux, le sol, les monts, les forêts violentes
Et la force tordue en chaque espoir humain.

Ton grand rêve exalté est comme un incendie
Où tes mains saisiraient des torches pour pinceaux
Et capteraient la vie immense en des réseaux
De feux enveloppants et de flammes brandies.

Que t’importe qu’aux horizons fous et hagards,
Tel autre nom, jadis fameux et clair, s’efface,
Pour toi, c’est à jamais que le temps et l’espace
Retentissent des bonds dont les troua ton art.

Conservateur fougueux de ta force première,
Rien ne te fut ruine, ou chute, ou désavœu ;
Toujours tu es resté trop sûrement un Dieu
Pour que la mort, un jour, éteigne ta lumière.

Et tu dors à Saint Jacque, au bruit des lourds bourdons ;
Et sur ta dalle unie ainsi qu’une palette,
Un vitrail criblé d’or et de soleil, projette
Encor des tons pareils à de rouges brandons.

*********************

L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Rubens
*

Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337 

Rubens (Pierre-Paul) originaire d’Anvers, d’une très-bonne famille, naquit à Cologne en 1577, & mourut à Anvers en 1640. C’est le restaurateur de l’école flamande, le Titien & le Raphael des Pays-bas. On connoît sa vie privée ; elle est illustre, mais nous la laissons à part.

Un goût dominant ayant porté Rubens à la Peinture, il le perfectionna en Italie, & y prit une maniere qui lui fut propre. Son génie vaste le rendit capable d’exécuter tout ce qui peut entrer dans la riche composition d’un tableau, par la connoissance qu’il avoit des Belles Lettres, de l’Histoire & de la Fable. Il inventoit facilement, & son imagination lui fournissoit plusieurs ordonnances également belles. Ses attitudes sont variées, & ses airs de têtes sont d’une beauté singuliere. Il y a dans ses idées une abondance, & dans ses expressions une vivacité surprenante. Son pinceau est moëlleux, ses touches faciles & legeres ; ses carnations fraîches, & ses draperies jettées avec art.

Il a traité supérieurement l’Histoire ; il a ouvert le bon chemin du coloris, n’ayant point trop agité ses teintes en les mêlant, de peur que venant à se corrompre par la grande fonte de couleurs, elles ne perdissent trop leur éclat. D’ailleurs la plûpart de ses ouvrages étant grands, & devant par conséquent être vus de loin, il a voulu y conserver le caractere des objets & la fraîcheur des carnations. Enfin on ne peut trop admirer son intelligence du clair-obscur, l’éclat, la force, l’harmonie & la vérité qui regnent dans ses compositions.

Si l’on considere la quantité étonnante de celles que cet homme célebre a exécutées, & dont on a divers catalogues, on ne sera pas surpris de trouver souvent des incorrections dans ses figures ; mais quoique la nature entraînât plus Rubens que l’antique, il ne faut pas croire qu’il ait été peu savant dans la partie du Dessein ; il a prouvé le contraire par divers morceaux dessinés d’un goût & d’une correction que les bons peintres de l’école romaine ne desavoueroient pas.

Ses ouvrages sont répandus par-tout, & la ville d’Anvers a mérité la curiosité des étrangers par les seuls tableaux de ce rare génie. On vante en particulier singulierement celui qu’elle possede du crucifiement de Notre Seigneur entre les deux larrons.

Dans ce chef-d’œuvre de l’art, le mauvais larron qui a eu sa jambe meurtrie par un coup de barre de fer dont le bourreau l’a frappé, se soûleve sur son gibet ; & par cet effort qu’a produit la douleur, il a forcé la tête du clou qui tenoit le pié attaché au poteau funeste : la tête du clou est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pié à-travers lequel elle a passé. Rubens qui savoit si-bien en imposer à l’œil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, & ce corps est encore la chair la plus vraie qu’ait peint ce grand coloriste. On voit de profil la tête du supplicié, & sa bouche, dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme ; ses yeux dont la prunelle est renversée, & dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres & tendues ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presque oüir les cris horribles qu’il jette. Reflex. sur la Peint. tome I.

Mais les peintures de la galerie du Luxembourg, qui ont paru gravées au commencement de ce siecle, & qui contiennent vingt-un grands tableaux & trois portraits en pié, ont porté la gloire de Rubens par tout le monde ; c’est aussi dans cet ouvrage qu’il a le plus développé son caractere & son génie. Personne n’ignore que ce riche & superbe portique, semblable à celui de Versailles, est rempli de beautés de dessein, de coloris, & d’élégance dans la composition. On ne reproche à l’auteur trop ingénieux, que le grand nombre de ses figures allégoriques, qui ne peuvent nous parler & nous intéresser ; on ne les devine point sans avoir à la main leur explication donnée par Félibien & par M. Moreau de Mautour. Or il est certain que le but de la Peinture n’est pas d’exercer notre imagination par des énigmes ; son but est de nous toucher & de nous émouvoir. Mon sentiment là-dessus, conforme à celui de l’abbé du Bos, est si vrai, que ce que l’on goûte généralement dans les galeries du Luxembourg & de Versailles, est uniquement l’expression des passions. « Telle est l’expression qui arrête les yeux de tous les spectateurs sur le visage de Marie de Medicis qui vient d’accoucher ; on y apperçoit distinctement la joie d’avoir mis au monde un dauphin, à-travers les marques sensibles de la douleur à laquelle Eve fut condamnée ».

Au reste M. de Piles, admirateur de Rubens, a donné sa vie, consultez-la.

 

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NICOLAS CORDIER
Nicolo Cordieri da Lorena
Nicola Cordigheri
Il Franciosino
1567 – 1612

LA ZINGARELLA La Bohémienne Nicolas Cordier La Villa Borghese artgitato

LA ZINGARELLA
LA BOHEMIENNE
Entre 1607 et 1612

George Sand
CONSUELO
Chapitre XXXIII
Michel Lévy, 1856 Tome I, pp. 292-297

Pour la Zingarella, née sur les grands chemins, et perdue dans le monde, sans autre maître et sans autre protecteur que son propre génie, tant de soucis, d’activité et de contention d’esprit, à propos d’aussi misérables résultats que la conservation et l’entretien de certains objets et de certaines denrées, paraissait un emploi monstrueux de l’intelligence. Elle qui ne possédait rien, et ne désirait rien des richesses de la terre, elle souffrait de voir une belle âme s’atrophier volontairement dans l’occupation de posséder du blé, du vin, du bois, du chanvre, des animaux et des meubles. Si on lui eût offert tous ces biens convoités par la plupart des hommes, elle eût demandé, à la place, une minute de son ancien bonheur, ses haillons, son beau ciel, son pur amour et sa liberté sur les lagunes de Venise ; souvenir amer et précieux qui se peignait dans son cerveau sous les plus brillantes couleurs, à mesure qu’elle s’éloignait de ce riant horizon pour pénétrer dans la sphère glacée de ce qu’on appelle la vie positive.

LA ZINGARELLA La Bohémienne Nicolas Cordier La Villa Borghese artgitato

Charles Baudelaire
LES FLEURS DU MAL
SPLEEN ET IDEAL
Michel Lévy frères, 1868
Œuvres complètes, vol. I, p. 104

BOHÉMIENS EN VOYAGE

La tribu prophétique aux prunelles ardentes
Hier s’est mise en route, emportant ses petits
Sur son dos, ou livrant à leurs fiers appétits
Le trésor toujours prêt des mamelles pendantes.

Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurir le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L’empire familier des ténèbres futures.

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BERNINI
LE BERNIN

济安·贝尼尼
Gian Lorenzo Bernini
1598-1680

APOLLON ET DAPHNE
Apollo and Daphne
阿波罗和达芙妮
Apollo e Dafne
1622-1625

Marbre – Marmo statuario – marble – 大理石

Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (1)




Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (2) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (3) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (4) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (5) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (6) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (7) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (8)




Jean de La Fontaine
Daphné
Barbin et Thierry, 1682 (p. 132)

DAPHNÉ, ſe jetant à ſes genoux 
Faites-les arreſter.
Pouvez-vous bien me voir à vos pieds toute en larmes,
Sans vous laiſſer toucher le cœur ?

APOLLON
 Daphné, C’eſt contre vous que retournent ces armes.
La pitié redouble vos charmes ;
En combattant l’amour, elle le rend vainqueur.
Votre douleur vous nuit ; vous en eſtes plus belle.
Venez, venez eſtre immortelle :
Je l’obtiendrai du Sort, ou je jure vos yeux
Que les cieux
Regretteront noſtre préſence.
Zéphyrs, enlevez-la malgré ſa réſiſtance.




DAPHNÉ, s’enfuyant 
Ô dieux ! conſentez-vous à cette violence ?Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (9) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (10) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (11) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (12) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (13) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (14) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (15) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (16) Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (17)

 
OVIDE
Les Métamorphoses, livre I




Traduction par auteurs multiples.
Texte établi par Désiré Nisard, Firmin-Didot, 1850
pp. 251-268

Le premier objet de la tendresse d’Apollon fut Daphné, fille du fleuve Pénée. Cette passion ne fut point l’ouvrage de l’aveugle hasard, mais la vengeance de l’amour irrité : Le Dieu de Délos, dans l’orgueil de sa victoire, avait vu Cupidon qui tendait avec effort la corde de son arc : « Faible enfant, lui dit-il, que fais-tu de ces armes pesantes ? Ce carquois ne sied qu’à l’épaule du dieu qui peut porter des coups certains aux bêtes féroces comme à ses ennemis, et qui vient d’abattre, sous une grêle de traits, ce monstre dont le ventre, gonflé de tant de poisons, couvrait tant d’arpents de terre. Contente-toi d’allumer, avec ton flambeau, je ne sais quelles flammes amoureuses, et garde-toi bien de prétendre à mes triomphes ». Le fils de Vénus, répondit : « Apollon, rien n’échappe à tes traits, mais tu n’échapperas pas aux miens : autant tu l’emportes sur tous les animaux, autant ma gloire est au dessus de la tienne ». Il dit, et, frappant la terre de son aile rapide, il s’élève et s’arrête au sommet ombragé du Parnasse : il tire de son carquois deux flèches dont les effets sont bien différents ; l’une inspire l’amour, et l’autre le repousse : la première est dorée, sa pointe est aiguë et brillante, la seconde n’est armée que de plomb, et sa pointe est émoussée. C’est de ce dernier trait que le dieu atteint la fille de Pénée ; c’est de l’autre qu’il blesse Apollon et le perce jusqu’à la moelle des os. Apollon aime aussitôt, et Daphné hait jusqu’au nom de son amant ; émule de la chaste Diane, elle aime à s’égarer au fond des bois, à la poursuite des bêtes féroces, et à se parer de leurs dépouilles. Un seul bandeau rassemble négligemment ses cheveux épars. Mille amants lui ont offert leur hommage ; elle l’a rejeté, et pleine d’un dédain sauvage pour les hommes qu’elle ne connaît pas encore, elle parcourt les solitudes des forêts, heureuse d’ignorer et l’amour et l’hymen et ses nœuds. Souvent son père lui disait : « Ma fille, tu me dois un gendre ». Il lui répétait souvent : « Ma fille, tu me dois une postérité ». Mais Daphné, repoussant comme un crime la pensée d’allumer les flambeaux de l’hymen, rougissait, et la pudeur donnait un nouveau charme à sa beauté ; et suspendue au cou de son père qu’elle enlaçait de ses bras caressants : « Cher auteur de mes jours, disait-elle, permettez-moi de garder toujours ma virginité ; Jupiter accorda cette grâce à Diane ». Pénée cède aux désirs de sa fille. Inutile victoire ! tes grâces, ô Daphné, s’opposent à tes desseins, et ta beauté résiste à tes vœux. Cependant Phébus aime ; il a vu Daphné et veut s’unir à elle : il espère ce qu’il désire ; espérance vaine ! car son oracle le trompe lui-même. Comme on voit s’embraser le chaume léger après la moisson, comme la flamme consume une haie dont l’imprudent voyageur approche son flambeau, ou près de laquelle il le laisse aux premiers rayons du jour, ainsi s’embrase et se consume le cœur d’Apollon, ainsi il nourrit, en espérant, d’inutiles ardeurs. Il voit les cheveux de la nymphe flotter négligemment sur ses épaules. « Et que serait-ce, dit-il, si l’art les avait arrangés ? » Il voit ses yeux briller comme des astres : il voit sa bouche vermeille (c’est peu que de la voir) : il admire et ses doigts et ses mains, et ses bras plus que demi-nus ; et ce que le voile cache à ses yeux, son imagination l’embellit encore. Daphné fuit plus rapide que le vent, et c’est en vain qu’il cherche à la retenir par ses discours : « Nymphe du Pénée, je t’en conjure, arrête : ce n’est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête, nymphe, arrête ! la brebis fuit le loup, la biche le lion, et devant l’aigle s’envole la tremblante colombe ; chacun se dérobe à son ennemi. Mais c’est l’amour qui me précipite sur tes traces. Malheureux que je suis ! Prends garde de tomber ! Que ces épines cruelles ne blessent pas tes pieds délicats ! Que je ne sois pas pour toi une cause de douleur ! Les sentiers où tu cours sont rudes et difficiles : Ah ! de grâce, modère ta vitesse, ralentis ta fuite, et je ralentirai moi-même mon ardeur à te suivre. Connais du moins celui qui t’aime : ce n’est point un sauvage habitant des montagnes, ni un pâtre hideux préposé à la garde des bœufs et des brebis : imprudente, tu ne sais pas qui tu fuis, tu ne le sais pas, et c’est pour cela que tu fuis : Delphes, Claros, Ténédos et Patare obéissent à mes lois. Jupiter est mon père : ma bouche dévoile aux mortels l’avenir, le passé, le présent : ils me doivent l’art d’unir aux accents de ia lyre les accents de la voix. Mes flèches sont sûres de leurs coups : hélas ! il en est une plus sûre encore qui m’a percé le cœur. Je suis l’inventeur de la médecine ; le monde m’honore comme un dieu secourable, et la vertu des plantes est sans mystères pour moi ; mais en est-il quelqu’une qui guérisse de l’amour ? Mon art, utile à tous les hommes, est, hélas ! impuissant pour moi-même ! » Il parlait ; mais, emportée par l’effroi, la fille de Pénée précipite sa fuite, et laisse bien loin derrière elle Apollon et ses discours inachevés. Elle fuit, et le dieu lui trouve encore des charmes : le souffle des vents soulevait à plis légers sa robe entr’ouverte ; Zéphire faisait flotter en arrière ses cheveux épars, et sa grâce s’embellissait de sa légèreté. Las de perdre dans les airs de vaines prières, et se laissant emporter par l’amour sur les traces de Daphné, le jeune dieu les suit d’un pas plus rapide. Lorsqu’un chien gaulois découvre un lièvre dans la plaine, on les voit déployer une égale vitesse, l’un pour sa proie, l’autre pour son salut : le chien vole, comme attaché aux pas du lièvre ; il croit déjà le tenir, et le cou tendu, allongé, semble mordre sa trace ; le lièvre, incertain s’il est pris, évite la gueule béante de son ennemi, et il échappe à la dent déjà prête à le saisir. Tels on voit Apollon et Daphné : l’espérance le rend léger, la peur la précipite. Mais, soutenu sur les ailes de l’amour, le dieu semble voler ; il poursuit la nymphe sans relâche, et, penché sur la fugitive, il est si près de l’atteindre, que le souffle de son haleine effleure ses cheveux flottants. Trahie par ses forces, elle pâlit enfin, et, succombant à la fatigue d’une course aussi rapide, elle tourne ses regards vers les eaux du Pénée. « S’il est vrai, s’écrie-t-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi. Et toi, que j’ai rendue témoin du funeste pouvoir de mes charmes, terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis, en me changeant, cette beauté qui cause mon injure ». À peine elle achevait cette prière, que ses membres s’engourdissent ; une écorce légère enveloppe son sein délicat ; ses cheveux verdissent en feuillage, ses bras s’allongent en rameaux ; ses pieds, naguère si rapides, prennent racine et s’attachent à la terre ; la cime d’un arbre couronne sa tête ; il ne reste plus d’elle-même que l’éclat de sa beauté passée. Apollon l’aime encore, et, pressant de sa main le nouvel arbre, il sent, sous l’écorce naissante, palpiter le cœur de Daphné. Il embrasse, au lieu de ses membres, de jeunes rameaux, et couvre l’arbre de baisers, que l’arbre semble repousser encore : « Ah ! dit-il, puisque tu ne peux devenir l’épouse d’Apollon, sois son arbre du moins : que désormais ton feuillage couronne et mes cheveux et ma lyre et mon carquois. Tu seras l’ornement des guerriers du Latium, lorsqu’au milieu des chants de victoire et d’allégresse, le Capitole verra s’avancer leur cortège triomphal. Garde fidèle du palais des Césars, tu couvriras de tes rameaux tutélaires le chêne qui s’élève à la porte de cette auguste demeure ; et de même que ma longue chevelure, symbole de jeunesse, sera toujours respectée et du fer et des ans, je veux aussi parer ton feuillage d’un printemps éternel ». Il dit, et le laurier, inclinant ses jeunes rameaux, agita doucement sa cime : c’était le signe de tête de Daphné, sensible aux faveurs d’Apollon.

Apollo and Daphne Apollon et Daphné Apollo e Dafne Galerie Borghese Galleria Borghese artgitato (18)

STEPHANE MALLARME
LES DIEUX ANTIQUES
J. Rothschild, éditeur, 1880
pp. 213-214

ARÉTHUSE, MYTHE GREC ET LATIN.
(Grec : Arèthouça.)

Aréthuse est une des Néréides, ou filles de Nérée ; elle tient vis-à-vis de Zeus la situation d’Hélios vis-à-vis de Phoïbos.



L’histoire qu’on raconte à son sujet est charmante. Le chasseur Alphée la poursuivit, comme Apollon, Daphné ; et, ainsi que Daphné, Aréthuse, pour échapper, se jeta dans le courant, les nymphes de la mer la portant jusqu’aux rives d’Ortygie. Alphée l’y suivit ; et poussée au désespoir, Aréthuse plongea dans la fontaine qui porte son nom. Alphée, impuissant à supporter cette perte, plongea aussi dans les eaux, au fond desquelles il obtint cet amour que la nymphe lui avait refusé pendant sa vie. Ce conte n’est pas sans quelque signification, ni sans rapport avec un autre. Voyez-y la séparation d’Héraclès et d’Iole, laquelle retrouve le dieu seulement quand ses labeurs sont finis. Le rivage où se rencontrent Aréthuse et Alphée est la terre des crépuscules du matin et du soir.

HERMAPHRODITE ENDORMI- ERMAFRODITO DORMIENTE – 雌雄同体- GALLERIA BORGHESE – GALLERIE BORGHESE- 博吉斯画廊

ROME – ROMA – 罗马
雌雄同体
LA VILLA BORGHESE
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HERMAPHRODITE ENDORMI
雌雄同体
Ermafrodito Dormiente

 

LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGHESE
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Ermafrodito dormiente con testa moderna
睡眠雌雄同体
Hermaphrodite dormant avec tête moderne
Colbre e cuscino di Andrea Bergondi
(post 1796)
Da originale bronzes di Policle
150 a.C. circa
150 avant J.-C. environ
Marmo di Paro
大理石
Marbre de Paros

 

HERMAPHRODITE DORMANT Ermafrodito dormiente artgitato Galleria Borghese Galerie Borghese 2

THEODORE DE BANVILLE
LES EXILES
Hermaphrodite

Dans les chemins foulés par la chasse maudite,
Un doux gazon fleuri caresse Hermaphrodite.
Tandis que, ralliant les meutes de la voix,
Artémis court auprès de ses guerrières, vois,
Le bel Être est assis auprès d’une fontaine.
Il tressaille à demi dans sa pose incertaine,
En écoutant au loin mourir le son du cor
D’ivoire. Quand le bruit cesse, il écoute encor.
Il songe tristement aux Nymphes et soupire,
Et, retenant un cri qui sur sa lèvre expire,
Se penche vers la source où dans un clair bassin
Son torse de jeune homme héroïque, et son sein
De vierge pâlissante au flot pur se reflète,
Et des pleurs font briller ses yeux de violette.

Mars 1858.

HERMAPHRODITE DORMANT Ermafrodito dormiente artgitato Galleria Borghese Galerie Borghese

AMOUR DE SALMACIS ET D’HERMAPHRODITE 

OVIDE
Les Métamorphoses, livre IV
Traduction par auteurs multiples.
Texte établi par Désiré Nisard , Firmin-Didot, 1850
pp. 306-324

Si tu l’as déjà choisie, qu’un doux larcin soit le prix de ma tendresse ; si ton choix n’est pas fait, puissé-je le fixer et partager avec toi la même couche ! » À ces mots, la Naïade se tait : l’enfant rougit ; il ignore ce que c’est que l’amour ; mais sa rougeur l’embellit encore. Elle rappelle les couleurs des fruits qui pendent aux rameaux du pommier abrité, ou celles de l’ivoire quand il est teint, ou la rougeur blanchâtre de la lune, lorsque l’airain, appelant en vain des secours, retentit dans les airs. La Nymphe implore au moins ces baisers que la sœur reçoit du frère, et déjà elle étendait les mains vers le cou d’albâtre du berger. « Cesse, ou je fuis, lui dit-il, et je te laisse seule en ces lieux ». Salmacis a frémi. « Etranger, sois libre et maître de cet asile », répondit-elle. À ces mots, elle feint de s’éloigner, et, reportant ses regards vers lui, elle se cache sous d’épaisses broussailles, fléchit le genou et s’arrête. L’enfant, avec toute l’ingénuité de son âge, persuadé qu’aucun œil ne l’observe en ces lieux solitaires, va et revient sur le gazon, plonge dans l’onde riante la plante de ses pieds, et les baigne jusqu’au talon. Bientôt, saisi par la douce tiédeur des eaux, il dépouille les voiles légers qui couvrent ses membres délicats. Salmacis tombe en extase ; la vue de tant de charmes allume dans son âme de brûlants désirs. Ses yeux étincellent, semblables aux rayons éclatants que reflète une glace ex posée aux feux du soleil. À peine peut-elle se contenir, à peine peut-elle différer son bonheur ; déjà elle brûle de voler dans ses bras, déjà elle ne maîtrise plus son délire. Le berger frappe légèrement son corps de ses mains, et s’élance dans les flots. Tandis que ses bras se déploient tour à tour, il apparaît à travers le cristal des eaux aussi brillant qu’une statue d’ivoire, ou que des lis d’une éclatante blancheur, placés sous le verre transparent. « Je triomphe, il est à moi », s’écrie la Naïade. Et, jetant au loin ses habits, elle s’élance au milieu des flots, saisit Hermaphrodite malgré sa résistance, lui ravit des baisers qu’il dispute, enlace ses bras dans les siens, presse sa poitrine rebelle, et peu à peu l’enveloppe tout entier de ses embrassements. Il lutte en vain pour se dérober à ses caresses ; elle l’enchaîne comme le serpent qui, emporté vers les cieux dans les serres du roi des oiseaux, embarrasse de ses anneaux et la tête et les pieds de son ennemi, qu’on dirait suspendu dans les airs, et replie sa queue autour de ses ailes étendues ; tel on voit le lierre s’entrelacer au tronc des grands arbres ; tel encore le polype saisit la proie qu’il a surprise au fond des eaux, et déploie ses mille bras pour l’envelopper. Le petit-fils d’Atlas résiste et refuse à la Nymphe le bonheur qu’elle attend ; elle le presse de tous ses membres ; et, s’attachant à lui par la plus vive étreinte : « Tu te débats en vain, cruel, s’écrie-t-elle, tu ne m’échapperas pas. Dieux, ordonnez que jamais rien ne puisse le séparer de moi, ni me séparer de lui ». Les dieux ont exaucé sa prière : leurs deux corps réunis n’en forment plus qu’un seul : comme on voit deux rameaux attachés l’un à l’autre croître sous la même écorce et grandir ensemble, ainsi la Nymphe et le berger, étroitement unis par leurs embrassements, ne sont plus deux corps distincts : sous une double forme, ils ne sont ni homme ni femme : ils semblent n’avoir aucun sexe et les avoir tous les deux. Voyant qu’au sein des eaux, où il est descendu homme, il est devenu moitié femme, et que ses membres ont perdu leur vigueur, Hermaphrodite lève ses mains au ciel, et s’écrie d’une voix qui n’a plus rien de mâle : « Accordez une grâce à votre fils, qui tire son nom de vous, ô mon père ! ô ma mère ! Que tout homme, après s’être baigné dans ces ondes, n’ait, quand il en sortira, que la moitié de son sexe : puissent-elles, en le touchant, détruire soudain sa vigueur ! » Les auteurs de ses jours furent sensibles à ce vœu : ils l’exaucèrent pour consoler leur fils de sa disgrâce, et répandirent sur ces eaux une essence inconnue ».