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RUBENS Deposizione nel Sepolcro – Le Saint-Sépulcre – La Mise au Tombeau – Sepoltura Borghese – 沉积在圣墓 – GALLERIA BORGHESE – 博吉斯画廊

ROME – ROMA – 罗马
沉积在圣墓
Rubens Deposizione nel Sepolcro
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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GALLERIA BORGHESE
博吉斯画廊
La Galerie Borghèse

Pianto sul Cristo Morto Pier Peter Paul Rubens 1602 artgitato Galleria Borghese

PIERRE PAUL RUBENS
PETER PAUL RUBENS
彼得·保罗·鲁本斯
PIETER PAUL RUBENS
1577-1640

Sepoltura Borghese
Compianto sul corpo di Cristo deposto
Lamentation sur le corps du Christ
1605 – 1606
Deposizione nel sepolcro
Déposition dans le sépulcre

沉积在圣墓

Tableau probablement élargi à la fin du XVIIIe siècle
Ampliato presumibilmente alla fine del XVIII secolo

Peinture Huile sur Toile
dipinto a olio su tela
180×137

 » Raphaël, Rubens ne cherchaient pas les idées ; elles venaient à eux d’elles-mêmes, et même en trop grand nombre. Le travail ne s’applique guère à les faire naître, mais à les rendre le mieux possible par l’exécution. »
15 février 1852
Journal d’Eugène Delacroix
Texte établi par Paul Flat, René Piot
Plon, 1893
Tome 2 Pages 82-83

 

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TERTULLIEN
De la Chair de Jésus-Christ
Traduction par  Antoine-Eugène Genoud
Œuvres complètes de Tertullien
Louis Vivès, 1852, Tome 1  – pp. 389-433

I. Ceux qui, cherchant à ébranler la foi à la résurrection, que l’on avait crue fermement jusqu’à ces modernes Sadducéens, prétendent que cette espérance n’appartient point à la chair, ont raison de mettre en question la chair de Jésus-Christ, et de soutenir ou qu’elle n’existe pas, ou qu’elle est tout autre chose que la chair de l’homme. Ils craignent que s’il est prouvé une fois que cette chair est semblable à la nôtre, il n’en sorte contre eux la présomption que cette chair, ressuscitée en Jésus-Christ, ressuscitera infailliblement dans les hommes. Il faut donc soutenir la réalité de la chair avec les mêmes arguments qui servent à la renverser. Examinons quelle est la substance corporelle du Seigneur. Quant à sa substance spirituelle, tout le monde est d’accord. Il ne s’agit que de sa chair. On dispute de sa vérité, de sa nature, de son existence, de son principe, de ses qualités. Sa réalité deviendra le gage de notre résurrection. Marcion, voulant nier la chair du Christ, a nié aussi sa naissance : ou, voulant nier sa naissance, a nié également sa chair, sans doute de peur que la naissance et la chair ne se rendissent témoignage dans leur mutuelle correspondance, puisqu’il n’y a point de naissance sans la chair, ni de chair sans la naissance ! Comme si, en vertu des droits que s’arroge l’hérésie, il n’avait pas pu, ou nier la naissance en admettant la chair, ainsi que l’a fait Apelles, son disciple, et depuis son déserteur ; ou bien, tout en confessant la chair et la naissance, leur donner une autre interprétation, avec Valentin, autre disciple et déserteur de Marcion. Mais qui a pu soutenir le premier, que la chair de Jésus-Christ était imaginaire, a bien pu supposer aussi que sa naissance n’était qu’un fantôme ; de même que la conception, la grossesse, l’enfantement d’une vierge, et successivement toute la vie de cet enfant, une chimère. Toutes ces circonstances auraient trompé les mêmes yeux et les mêmes sens qu’avait déjà fermés l’illusion de la chair.

 Pierre Peter Pieter Rubens_Deposition nel sepolcro - Déposition dans le sépulcre

Emile Verhaeren
Les Héros
Deman – 1808 Pages 67-73

Rubens

 

Ton art énorme est tel qu’un débordant jardin
— Feuillages d’or, buissons en sang, taillis de flamme —
D’où surgissent, d’entre les fleurs rouges, tes femmes
Tendant leur corps massif vers les désirs soudains

Et s’exaltant et se mêlant, larges et blondes,
Au cortège des Ægipans et des Sylvains
Et du compact Silène enflé d’ombre et de vin
Dont les pas inégaux battent le sol du monde.

Ô leurs bouquets de chair, leurs guirlandes de bras,
Leurs flancs fermes et clairs comme de grands fruits lisses
Et le pavois bombé des ventres et des cuisses
Et l’or torrentiel des crins sur leurs dos gras !

Que tu peignes les amazones des légendes
Ou les reines ou les saintes des paradis,
Toutes ont pris leur part de volupté, jadis,
Dans la balourde et formidable sarabande.

Le rut universel que la terre dardait
Du fond de ses forêts au vent du soir pâmées
À ses tisons rôdeurs les avait allumées
En ses taillis profonds ou ses antres secrets.

Et tes bourreaux et tes martyrs et ton Dieu même
Semblent fleuris de sang, et leurs muscles tordus
Sont des grappes de force à leurs gibets pendus
Sous un ouragan fou de pleurs et de blasphèmes.

Si bien que grossissant la vie, et l’ameutant
Du grand tumulte clair des couleurs et des lignes,
Tu fais ce que jamais tes émules insignes
N’avaient osé faire ou rêver, avant ton temps.

Oh ! le dompteur de joie épaisse, ardente et saine,
Oh ! l’ivrogne géant du colossal festin
Où circulaient les coupes d’or du vieux destin
Serrant en leurs parois toute l’ivresse humaine.

Ta bouche sensuelle et gourmande, d’un trait,
Avec un cri profond les a toutes vidées,
Et les œuvres naissaient du flux montant d’idées
Que ces vins éternels vers ton cerveau jetaient.

II

Tu es celui — le tard venu — parmi les maîtres
Qui d’une prompte main, mais d’un fervent regard,
D’abord demande à tous une fleur de leur art
Pour qu’en ton œuvre à toi tout l’art puisse apparaître.

Mais si tu prends, c’est pour donner plus largement :
Aux horizons pleins de roses que tu dévastes,
Lorsque tu t’es conquis enfin, ton geste vaste
Soudain, au lieu de fleurs, allume un firmament.

Les rois aiment ton goût de richesse ordonnée.
Tu l’imposes puissant, replet, fouillé, profond
Et Versailles le tord encor en ses plafonds
Où sont peintes, lauriers au front, les Destinées.

Il déborde, il perdure excessif et charmant ;
Il s’installe, parmi les bois et les terrasses,
Et les femmes de joie élégantes et grasses
En instruisent Watteau, au bras de leurs amants.

Et te voici parti vers les Londres funèbres.
En des palais obscurs dont a peur le soleil,
Pour y fixer cet art triomphal et vermeil
Comme une vigne d’or sur des murs de ténèbres.

Et quand tu t’en reviens vers ta vieille cité,
Le front déjà marqué par le destin suprême.
Nul ne peut plus douter que tu ne sois toi-même
L’infaillible ouvrier de ton éternité.

III

Alors la gloire entière est ton bien et ta proie,
Tu la domptes, tu la lèches et tu la mords ;
Jamais un tel amour n’a angoissé la mort
Ni tant de violence enfanté de la joie.

Tu rentres comme un roi en ta large maison,
Toute la Flandre est tienne, ainsi qu’est tien le monde ;
Tu lui prends pour l’aimer sa fille la plus blonde
Dont le nom est doré comme un flot de moisson.

Tu ressuscites tout : l’Empyrée et l’Abîme ;
Et les anges, pareils à des thyrses d’éclairs ;
Et les monstres aigus, rongeant des blocs de fer ;
Et tout au loin, là-bas, les Golgothas sublimes ;

Et l’Olympe et les Dieux, et la Vierge et les Saints ;
L’Idylle ou la bataille atroce et pantelante ;
Les eaux, le sol, les monts, les forêts violentes
Et la force tordue en chaque espoir humain.

Ton grand rêve exalté est comme un incendie
Où tes mains saisiraient des torches pour pinceaux
Et capteraient la vie immense en des réseaux
De feux enveloppants et de flammes brandies.

Que t’importe qu’aux horizons fous et hagards,
Tel autre nom, jadis fameux et clair, s’efface,
Pour toi, c’est à jamais que le temps et l’espace
Retentissent des bonds dont les troua ton art.

Conservateur fougueux de ta force première,
Rien ne te fut ruine, ou chute, ou désavœu ;
Toujours tu es resté trop sûrement un Dieu
Pour que la mort, un jour, éteigne ta lumière.

Et tu dors à Saint Jacque, au bruit des lourds bourdons ;
Et sur ta dalle unie ainsi qu’une palette,
Un vitrail criblé d’or et de soleil, projette
Encor des tons pareils à de rouges brandons.

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Rubens
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Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337 

Rubens (Pierre-Paul) originaire d’Anvers, d’une très-bonne famille, naquit à Cologne en 1577, & mourut à Anvers en 1640. C’est le restaurateur de l’école flamande, le Titien & le Raphael des Pays-bas. On connoît sa vie privée ; elle est illustre, mais nous la laissons à part.

Un goût dominant ayant porté Rubens à la Peinture, il le perfectionna en Italie, & y prit une maniere qui lui fut propre. Son génie vaste le rendit capable d’exécuter tout ce qui peut entrer dans la riche composition d’un tableau, par la connoissance qu’il avoit des Belles Lettres, de l’Histoire & de la Fable. Il inventoit facilement, & son imagination lui fournissoit plusieurs ordonnances également belles. Ses attitudes sont variées, & ses airs de têtes sont d’une beauté singuliere. Il y a dans ses idées une abondance, & dans ses expressions une vivacité surprenante. Son pinceau est moëlleux, ses touches faciles & legeres ; ses carnations fraîches, & ses draperies jettées avec art.

Il a traité supérieurement l’Histoire ; il a ouvert le bon chemin du coloris, n’ayant point trop agité ses teintes en les mêlant, de peur que venant à se corrompre par la grande fonte de couleurs, elles ne perdissent trop leur éclat. D’ailleurs la plûpart de ses ouvrages étant grands, & devant par conséquent être vus de loin, il a voulu y conserver le caractere des objets & la fraîcheur des carnations. Enfin on ne peut trop admirer son intelligence du clair-obscur, l’éclat, la force, l’harmonie & la vérité qui regnent dans ses compositions.

Si l’on considere la quantité étonnante de celles que cet homme célebre a exécutées, & dont on a divers catalogues, on ne sera pas surpris de trouver souvent des incorrections dans ses figures ; mais quoique la nature entraînât plus Rubens que l’antique, il ne faut pas croire qu’il ait été peu savant dans la partie du Dessein ; il a prouvé le contraire par divers morceaux dessinés d’un goût & d’une correction que les bons peintres de l’école romaine ne desavoueroient pas.

Ses ouvrages sont répandus par-tout, & la ville d’Anvers a mérité la curiosité des étrangers par les seuls tableaux de ce rare génie. On vante en particulier singulierement celui qu’elle possede du crucifiement de Notre Seigneur entre les deux larrons.

Dans ce chef-d’œuvre de l’art, le mauvais larron qui a eu sa jambe meurtrie par un coup de barre de fer dont le bourreau l’a frappé, se soûleve sur son gibet ; & par cet effort qu’a produit la douleur, il a forcé la tête du clou qui tenoit le pié attaché au poteau funeste : la tête du clou est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pié à-travers lequel elle a passé. Rubens qui savoit si-bien en imposer à l’œil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, & ce corps est encore la chair la plus vraie qu’ait peint ce grand coloriste. On voit de profil la tête du supplicié, & sa bouche, dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme ; ses yeux dont la prunelle est renversée, & dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres & tendues ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presque oüir les cris horribles qu’il jette. Reflex. sur la Peint. tome I.

Mais les peintures de la galerie du Luxembourg, qui ont paru gravées au commencement de ce siecle, & qui contiennent vingt-un grands tableaux & trois portraits en pié, ont porté la gloire de Rubens par tout le monde ; c’est aussi dans cet ouvrage qu’il a le plus développé son caractere & son génie. Personne n’ignore que ce riche & superbe portique, semblable à celui de Versailles, est rempli de beautés de dessein, de coloris, & d’élégance dans la composition. On ne reproche à l’auteur trop ingénieux, que le grand nombre de ses figures allégoriques, qui ne peuvent nous parler & nous intéresser ; on ne les devine point sans avoir à la main leur explication donnée par Félibien & par M. Moreau de Mautour. Or il est certain que le but de la Peinture n’est pas d’exercer notre imagination par des énigmes ; son but est de nous toucher & de nous émouvoir. Mon sentiment là-dessus, conforme à celui de l’abbé du Bos, est si vrai, que ce que l’on goûte généralement dans les galeries du Luxembourg & de Versailles, est uniquement l’expression des passions. « Telle est l’expression qui arrête les yeux de tous les spectateurs sur le visage de Marie de Medicis qui vient d’accoucher ; on y apperçoit distinctement la joie d’avoir mis au monde un dauphin, à-travers les marques sensibles de la douleur à laquelle Eve fut condamnée ».

Au reste M. de Piles, admirateur de Rubens, a donné sa vie, consultez-la.