Dianae sumus in fide Nous qui sommes à Diane dévoués, puellae et pueri integri:
jeunes filles et chastes garçons : Dianam pueri integri
Garçons parfaits puellaeque canamus.
Et filles candides, chantons.
*
O Latonia, maximi
Ô fille de Latone magna progenies Iovis,
et du grand Jupiter, quam mater prope Deliam
à Délos, ta mère deposiuit olivam,
sous les oliviers te fit naître
*
montium domina ut fores
toi, souveraine des monts silvarumque virentium
et des vertes forêts, saltuumque reconditorum
des fourrés isolés amniumque sonantum:
aux échos des rivières ;
*
tu Lucina dolentibus
Toi nommée Juno Lucine Iuno dicta puerperis,
pendant les douleurs de l’enfantement, tu potens Trivia et notho es
puissante Trivia aux secrets envoûtements dicta lumine Luna.
dans la lumière de la Lune.
*
tu cursu, dea, menstruo
Toi, Déesse, dont par le mois metiens iter annuum,
le cours de l’an mesure, rustica agricolae bonis
et contente le laboureur tecta frugibus exples.
par de considérables moissons.
*
sis quocumque tibi placet
Qu’importe l’auguste nom sancta nomine, Romulique,
qui te nomme, à la descendance de Romulus, antique ut solita es, bona
Et comme depuis tous ces ans, accorde sospites ope gentem.
Ton aide et ton secours.
LA CANAILLE & LES DELICATS
par Ferdinand Brunetière
1882
On a voulu faire de Catulle, sans arguments bien solides, un poète aristocratique, un poète du grand monde, comme de sa Lesbie, sur des inductions plutôt que sur des preuves, ce que Brantôme appelait « une grande et honnête dame. » Je persiste à ne pas croire, pour ma part, que Lesbie fût la célèbre Clodia, mais je crois que bon nombre des fréquentations de Catulle furent parmi la bohème littéraire de Rome. Au surplus, la conciliation n’est pas si difficile. Ce que nous savons, en effet, c’est que, lorsque l’adolescent de Vérone arriva de sa province dans la capitale, il y subsistait, sous le raffinement de quelques habitudes, sous l’étalage du luxe et sous l’apparence de la civilisation, un grand fonds d’antique brutalité romaine. Si nous en pouvions douter, nous rapprendrions au moins de certaines épigrammes de Catulle lui-même, plus grossières que mordantes, et dont l’outrageuse crudité passe tout. C’est bien fait à M. Rostand de nous les avoir traduites. On ne peut pas juger d’un poète en commençant par faire exception de toute une partie de son œuvre, qui peut-être est celle que les contemporains en ont presque le plus goûtée. Là où Catulle est bon, il va jusqu’à l’exquis, et c’est bien de lui que l’on peut dire aussi justement que de personne qu’il est alors le mets des délicats ; mais là où il est grossier, il l’est sans mesure, et c’est bien encore de lui que l’on peut dire qu’il est le charme de la canaille. Or, à Rome, en ce temps-là, dans le sens littéraire de l’un et l’autre mot, la canaille et les délicats, c’était presque tout un. On ne distinguait pas encore, selon le mot d’Horace, la plaisanterie spirituelle de l’insolente rusticité. La curiosité de l’intelligence, vivement éveillée, capable de goûter les finesses de l’alexandrinisme, était en avance, pour ainsi dire, sur la rudesse des mœurs et la vulgarité des habitudes mondaines.
Quand on grattait ces soupeurs qui savaient apprécier les jolies bagatelles du poète, on retrouvait le paysan du Latium, qui s’égayait, au moment du vin, à faire le mouchoir. La raillerie, comme à la campagne, s’attaquait surtout aux défauts ou disgrâces physiques. Je sais bien que, jusque dans Horace, la grossièreté du vieux temps continuera de s’étaler, mais ce ne sera plus de la même manière naïvement impudente. Au temps de Catulle, la délicatesse n’avait pas encore passé de l’esprit dans les manières. Quand il s’élevait seulement un nuage sur les amours du poète et de sa Lesbie, le docte traducteur de Callimaque s’échappait en injures de corps de garde. Cette société très corrompue ne s’était pas encore assimilé la civilisation grecque. Elle s’essayait à la politesse, elle n’y touchait pas encore. Et sous son élégance toute superficielle, elle manquait étrangement de goût. — Il me paraît que, si l’on examinée quel moment de notre histoire la plupart de ces traits conviennent, on trouvera que c’est au XVIe siècle, dans le temps précis que le contact des mœurs italiennes opérait sur la cour des Valois le même effet qu’à Rome, sur les contemporains de César, le contact des mœurs de la Grèce.
Ferdinand Brunetière Revue littéraire À propos d’une traduction de Catulle Revue des Deux Mondes Troisième période Tome 54 – 1882
« La nature déhiscente n’était plus la Nature Un lieu abscons tout au plus Une misère impéritique La nature avait désormais Le cul à l’envers. » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Il doit y avoir quelque chose d’occulte au fond de tous, je crois décidément à quelque chose d’abscons, signifiant fermé et caché, qui habite le commun : car, sitôt cette masse jetée vers quelque trace que c’est une réalité, existant, par exemple, sur une feuille de papier, dans tel écrit — pas en soi — cela qui est obscur : elle s’agite, ouragan jaloux d’attribuer les ténèbres à quoi que ce soit, profusément, flagramment. »
Le Mystère dans les lettres – Stéphane Mallarmé -Divagations – Bibliothèque-Charpentier – Eugène Fasquelle, éditeur-
« Unis par le plus fort et le plus cher lien, Et d’ailleurs, possédant l’armure adamantine, Nous sourirons à tous et n’aurons peur de rien. »
Paul Verlaine – La Bonne chanson – Editions Vanier – -Œuvres complètes – Tome I
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Aigrefin
(brelandier – escroc -homme habile et rusé)
« D’un revers se détacha de la squalide L’aigrefin s’en alla plein d’hubris Avec l’inanité dans ses poches Et poussant un rot à faire vomir un crapeau » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Arlequin aussi, Cet aigrefin si Fantasque Aux costumes fous, Ses yeux luisants sous Son masque… »
Colombine – Paul Verlaine – Fêtes galantes – Œuvres Complètes – Tome 1 – Ed. Vanier – 1902
« Comme un aigrefin méditant ses crimes, Sans perdre un moment, j’apprête, en sournois, Un beau trébuchet fait avec des rimes ; Et j’attends, ― caché dans le fond des bois. » L’Oiseleur – Louis Brouilhet – Ed. Michel Lévy Frères –
« La belle n’était plus sylphide Ni belle ni nitide Le vent n’était plus zéphyr L’anoure n’était plus poney » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Les animaux, qui pour les zoologistes forment le sous-ordre des batraciens anoures, ont entre eux des traits de ressemblance si nombreux et si manifestes, que le peuple, bien longtemps avant les savants, avait pour eux des noms collectifs… » Les Pluies de crapauds – Désiré Roulin – La Revue des Deux Mondes -1835 – Tome IV
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Antédiluvien
(ancien)
« On attribue à Caïnan, fils d’Arphaxad, la conservation d’un traité d’Astronomie qu’il trouva gravé sur deux colonnes par les enfants de Seth, ouvrage antédiluvien qu’il transcrivit. » Collin de Plancy -Dictionnaire infernal Henri Plon –
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Brelandier
(aigrefin fréquentant les tripots)
« – Ce serait, lui répondit Mangogul, de tourner mon anneau sur la plus effrénée de ces brelandières, de questionner son bijou, de transmettre par cet organe un bon avis à tous ces maris imbéciles qui laissent risquer à leurs femmes l’honneur et la fortune de leur maison sur une carte ou sur un dé. » Denis Diderot – Les Bijoux indiscrets – Chapitre XII –Œuvres complètes de Diderot, Texte établi par J. Assézat et M. Tourneux, Garnier, IV – Paris
» depuis, dis-je, que cet orgueilleux eust mesuré la distance du ciel en terre, et qu’au lieu de voltiger sur les orbes célestes, il s’est veu garotté des liens eternels au lac caligineux des enfers, l’homme, son successeur aux siéges du paradis, a eu beaucoup à souffrir. Cet enragé, se voyant forclos de l’heritage qui luy appartenoit comme au fils aisné, et se voyant exilé et vagabond par le monde, n’a cessé de dresser des embuches à son cadet. »
Variétés historiques et littéraires -1624- Tome 1 – Examen sur l’inconnue et nouvelle caballe des frères de la Rozée-Croix
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Callipyge
(dame avec un imposant postérieur – une Vénus Callipyge)
« Dans les durs entrelacs d’une étrange thébaïde La brouette callipyge N’en demandait pas tant La dame clamait tant et tant De profondes objurgations N’étant pas une péronnelle de l’année En en voulant pour son compte » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Le corsage si bien rempli Qu’il bombe aux deux endroits, sans pli, Cotillon clair moulant énormes Le callipyge de ses formes. » Maurice Rollinat – Paysages et paysans – Editions Fasquelle –
« c’est un livre qui a pour titre le Memorie d’un Contadino ; l’auteur est Mme Luigia Codemo-Gerstenbrandt. Un roman qui paraît à Venise, c’est déjà un attrait ; l’œuvre elle-même d’ailleurs laisse voir un talent ferme et gracieux, qui conduit avec aisance une fiction aux mille détours. « Tout est vrai, » dit l’auteur en commençant, et en effet il y a de la vérité dans ce récit, qui a pour premier mérite de n’être point la simple traduction ou l’imitation d’un roman français. C’est un contadin qui raconte sa propre histoire. Il s’appelle Domenico Narcisi... » Charles de MAZADE – Chronique de la quinzaine, histoire politique et littéraire – 14 décembre 1857 – Revue des Deux Mondes
Seconde période- Tome 12,
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Déhiscence
(séparation – libération)
« La nature déhiscente n’était plus la Nature Un lieu abscons tout au plus Une misère impéritique La nature avait désormais Le cul à l’envers. » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« — Jouant la partie, gratuitement soit pour un intérêt mineur : exposant notre Dame et Patronne à montrer sa déhiscence ou sa lacune, à l’égard de quelques rêves, comme la mesure à quoi tout se réduit. »
Le Mystère dans les lettres – Stéphane Mallarmé -Divagations – Bibliothèque-Charpentier – Eugène Fasquelle, éditeur-
« DESINENCE, s. f. (Gramm.) il est synonyme à terminaison, & ils se disent l’un & l’autre de la dernière syllabe d’un mot. »
Première Encyclopédie – Ed. Garnier -1777
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Dès potron-minet
(se lever tôt, à la Diane)
« car la tête est bonne, certes, meilleure que celle du freluquet sempiternellement penché sur un ruisseau, et, à poils, le chinois de paravent, la graine de propre à rien, à poils, dehors, dès potron-minet, à se regarder, va donc chochotte, les yeux, le nombril et toute la boutique, tant et si bien qu’il a fini par choir dans la flotte, d’où on l’a repêché mort et nu, plus nu que la main… » René Crevel – Êtes-vous fous ? – Gallimard,
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Diane
(tôt – se lever à la diane = se lever tôt, dès potron-minet)
« Le foutre vulnéraire girandole effaça les brûlures En entrant dans l’empyrée écuissée Diaprant les attributs de la douce alanguie en se lénifiant D’un revers se détacha de la squalide » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
» Il va même jusqu’à se demander si, comme beaucoup de savants le croyaient jadis, il n’y aurait pas au delà de la sphère des étoiles les plus éloignées, une région entièrement lumineuse, un ciel empyrée, et si les nébuleuses ne seraient pas cette région éclatante, vue à travers une ouverture, une brèche (chasm) de la sphère (probablement cristalline) du premier ciel mobile. » François Arago – Astronomie populaire (Arago) – Ed. Gide & J. Baudry – 1854 – Tome 1
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Etique
(rachitique- extrême maigreur)
« Ma secco è il pruno, e le stecchite piante Mais le prunier est sec et les arbres étiques di nere trame segnano il sereno, Des lignes noires seules soulignent cette sérénité, »
Novembre – Giovanni Pascoli – Trad. Jacky Lavauzelle
« Pauvre débris humain ! Spectre ratatiné ! À voir son corps étique et son visage glabre On dirait qu’elle vient d’une danse macabre, Poussive et lasse encor d’un sabbat effréné !… » La vieille Guitariste – Georges Rodenbach – La Mer élégante – Alphonse Lemerre, éditeur-
« Le foutre vulnéraire girandole effaça les brûlures En entrant dans l’empyrée écuissée Diaprant les attributs de la douce alanguie en se lénifiant D’un revers se détacha de la squalide » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Brune à la lèvre rose et couverte de fards, La fille, l’œil luisant comme une girandole, Sur la hanche roulant ainsi qu’une gondole, Hideusement s’en va sous les flots blafards. »
Rêve de Paul Valéry
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Hapax
(un unique exemplaire – original)
« Dans cette ocelle précautionneuse Un hapax unique et fondamental La belle tintinnabulait et brinquebalait D’un avant et d’un arrière » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
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Hâve
(blafard – livide – blême – amaigri)
« D’où émergent parfois quelques Arabes lents, Squalides et hautains avec des mines hâves, Si rares ? Vrais fétus « in gurgite vasto » »
John-Antoine Nau – Vers la Fée Viviane -Éd. de la Phalange –
« Bien des siècles depuis les siècles du Chaos, La flamme par torrents jaillit de ce cratère, Et le panache igné du volcan solitaire Flamba plus haut encor que les Chimborazos. »
José-Maria de Heredia – Les Trophées – Ed. Alphonse Lemerre –
« Tels des taureaux avant l’accouplement Pénétrant Et l’esprit immarcescible et la grâce nivéale N’en ayant que faire Du monde et des hommes » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Le bon démon déposa enfin la tendre mère sur le sommet du monde à la cime idéale, où tout ce qu’il y a de lumière divine et de beauté immarcescible, tout ce que l’infini peut contenir de Dieu, plane éternellement. »
La Mère – Giovanni Pascoli – Traduction Filippo Tommaso Marinetti
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Impéritie
(incapacité – inaptitude)
« Les lois Romaines voulaient que les médecins pussent être punis pour leur négligence ou pour leur impéritie. Dans ces cas, elles condamnaient à la déportation le médecin d’une condition un peu relevée, & à la mort celui qui était d’une condition plus basse. »
De l’Esprit des Lois – Montesquieu – Livre XXIV – Chapitre XIX -Ed Garnier – 1777
Inanité
(vide- inutile – sans aucune réalité – sans intérêt)
« D’un revers se détacha de la squalide L’aigrefin s’en alla plein d’hubris Avec l’inanité dans ses poches Et poussant un rot à faire vomir un crapeau » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Dans les yeux de l’Humanité La Douleur va mirer ses charmes. Tous nos rires, tous nos vacarmes Sanglotent leur inanité ! »
Les Larmes du monde – Maurice Rollinat – Les Névroses Fasquelle, 1917
« Incoercible élan d’un visage vers l’autre, Chaude haleine créant un humain paradis, Sainte présomption d’être ces deux apôtres Graves, dont l’un s’abreuve à ce que l’autre dit… » Anna de Noailles – Poème de l’amour – CLXX
« La belle n’était plus sylphide Ni belle ni nitide Le vent n’était plus zéphyr L’anoure n’était plus poney » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
» Ô Télèphe, ton front nitide, Comme Vesper ton œil étincelant Captent Rhodé, mûre pour Gnide : Glycère, moi, me brûle d’un feu lent. »
À TÉLÈPHE- XIX- Horace –Odes et Épodes et Chants séculaires – Traduction par M. le Comte de Séguier -A. Quantin –
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Nivéal
(en rapport avec la neige – qui évoque la neige)
« Tels des taureaux avant l’accouplement Pénétrant Et l’esprit immarcescible et la grâce nivéale N’en ayant que faire Du monde et des hommes » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Dans les durs entrelacs d’une étrange thébaïde La brouette callipyge N’en demandait pas tant La dame clamait tant et tant De profondes objurgations N’étant pas une péronnelle de l’année En en voulant pour son compte » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Il est vrai que, pour en juger, il avait un autre critérium que les malfaisants gobeurs du boniment anticlérical. Mais il voyait bien que, sur ce point, l’instinct obsidional de la haine avait été aussi discernant que la plus jalouse sollicitude. » Léon Bloy – Le Désespéré – Ed. A. Soirat –
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Ocelle
(tache colorée de forme arrondie)
« Dans cette ocelle précautionneuse Un hapax unique et fondamental La belle tintinnabulait et brinquebalait D’un avant et d’un arrière » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Il existoit deux malheureux, L’un perclus, l’autre aveugle, & pauvres tous les deux. Ils demandoient au Ciel de terminer leur vie » Jean-Pierre Claris de Florian – Fables de Florian – Louis Fauche-Borel – (Volume 9)
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Péronnelle
(jeune fille bavarde et écervelée)
« Dans les durs entrelacs d’une étrange thébaïde La brouette callipyge N’en demandait pas tant La dame clamait tant et tant De profondes objurgations N’étant pas une péronnelle de l’année En en voulant pour son compte » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
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Petrichor
(odeur de la terre qui, sèche, reçoit une forte pluie)
(timide – réservé – peureux- qui manque de courage)
« Ô cœur pusillanime, ô cœur confus et triste, Cœur de paresse, cœur de froideur, cœur d’ennui, Cœur mort comme une étoile éteinte dans la nuit, Vide comme un sépulcre où plus rien ne subsiste ! »
Lâcheté – Albert Lozeau – Le Miroir des jours (1912) -Montréal
« Diaprant les attributs de la douce alanguie en se lénifiant D’un revers se détacha de la squalide L’aigrefin s’en alla plein d’hubris » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Les Tritons font sonner leurs trompes en nageant ; Et de leurs bras la nymphe en vain se dégageant, Sent ses beaux seins piqués par leurs barbes squalides. » Albert Samain – Le Cortège d’Amphitrite – Œuvres de Albert Samain, Mercure de France, – Le Chariot d’or
« D’où émergent parfois quelques Arabes lents, Squalides et hautains avec des mines hâves, Si rares ? Vrais fétus « in gurgite vasto » »
John-Antoine Nau – Vers la Fée Viviane -Éd. de la Phalange –
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Sybarite
(Efféminé)
Cinaede Thalle, mollior cuniculi capillo
Sybarite Tellus, plus mou que la poil du lapin vel anseris medullula vel imula oricilla
Plus flottant que le duvet de l’oie, que le lobe de l’oreille Catullus – Catulle – XXV – Trad. Jacky Lavauzelle
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Sylphide
(femme svelte et agile)
« La belle n’était plus sylphide Ni belle ni nitide Le vent n’était plus zéphyr L’anoure n’était plus poney » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Vous épurez l’azur des cieux : J’en crois ma sylphide et ses charmes. Sylphes légers, soyez mes dieux. »
Pierre-Jean de Béranger – Œuvres complètes de Béranger –
H. Fournier-
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Thébaïde
(lieu isolé et sauvage)
« Dans les durs entrelacs d’une étrange thébaïde La brouette callipyge N’en demandait pas tant La dame clamait tant et tant De profondes objurgations N’étant pas une péronnelle de l’année En en voulant pour son compte » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
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Tintinnabuler
(faire des sons de clochettes, de timbales, produire des sons aigus)
« Dans cette ocelle précautionneuse Un hapax unique et fondamental La belle tintinnabulait et brinquebalait D’un avant et d’un arrière » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Autour, partout, de-ci, de-là, les filles se hâtaient, inquiètes de trouver un souper et le reste. Des sots faisaient semblant de rire. Ici, une bohémienne faisait tintinnabuler sur ses hanches, en un roulement lascif de danse du ventre, une ceinture de sequins. » Félicien Champsaur – Pierrot et sa Conscience – Ed. Dentu –
« Le foutre vulnéraire girandole effaça les brûlures En entrant dans l’empyrée écuissée Diaprant les attributs de la douce alanguie en se lénifiant D’un revers se détacha de la squalide » Complexité Sucrée – Jacky Lavauzelle
« Les feuilles de sanicle entrent dans l’eau vulnéraire, le baume vulnéraire & le baume oppodeltoch, & son suc dans l’emplâtre oppodeltoch. »
Gabriel François Venel – Première Encyclopédie – 1751 – Tome 14
Luís Vaz de Camões Les Lusiades OS LUSIADAS II-113 LES LUSIADES II-113
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« Queimou o sagrado templo de Diana, « A Éphèse, il a brûlé le temple sacré de Diane, Do subtil Tesifónio fabricado, Construit par le subtil Ctésiphon,..
Vasco de Gama par Gregorio Lopes
********************* Luís Vaz de Camões Les Lusiades OS LUSIADAS II-113 LES LUSIADES II-113
( Extrait ) Par En cherchant à montrer la différence qui sépare la vie aventureuse et active des écrivains portugais, notamment celle de Camoens, de la vie casanière et posée de la plupart de nos gens de lettres, je ne prétends pas élever par-là les œuvres des uns, ni déprimer les productions des autres. Je n’en crois pas les élégies de Camoens plus touchantes parce qu’elles sont datées d’Afrique, de la Chine et de l’Inde ; je n’en estime pas Polyeucte et Cinna moins admirables, parce que le grand Corneille n’a guère fait de plus longues pérégrinations que le voyage de Paris à Rouen. Je ne conseille à personne de louer un cabinet d’étude à Macao ; mais je crois que, généralement, si les ouvrages écrits au milieu des traverses et au feu des périls ne sont pas plus beaux, les vies de leurs auteurs sont plus belles. Indépendamment de la variété des aventures, on y trouve plus d’enseignements. J’admire et j’honore infiniment La Fontaine et Molière, mais j’honore et j’admire encore plus, comme hommes, Cervantès et Camoens. A mérite de rédaction égal, une histoire littéraire du Portugal serait un meilleur et plus beau livre qu’une histoire littéraire de notre dix-septième ou dix-huitième siècle. C’est une chose bonne et sainte que la lecture de ces vies d’épreuves, que ces passions douloureuses des hommes de génie, Je ne sache rien de plus capable de retremper le cœur. C’est pour cela que dans ce temps de souffrances oisives, de désappointements frivoles, de molles contrariétés et de petites douleurs, j’ai cru bon d’écrire l’étude suivante sur la vie de Luiz de Camoens. ….
OS LUSIADAS II-113 Luís Vaz de Camões Les Lusiades
La civilisation tout entière des Roumains continua cependant à subir une influence française, qui se mélangeait de plus en plus heureusement au propre fonds national, plein d’originalité et de vigueur. Si le plus grand poète de cette génération, Michel Eminescu, n’a rien de français dans ses morceaux lyriques si profondément vibrants ni dans ses envolées philosophiques — il a traduit cependant du français sa pièce Laïs, — si la seule note populaire distingue les nouvelles du grand conteur Jean Creanga et de Jean Slavici, le principal dramaturge de l’époque, Jean L. Caragiale, fut, jusque vers la fin de sa vie, un lecteur passionné des modèles français, auxquels il emprunta sa délicate analyse psychologique, son inimitable sens de la précision et de la mesure.
Histoire des relations entre la France et les Roumains
La guerre de Crimée et la fondation de l’Etat roumain
APOLLON Daphné, C’eſt contre vous que retournent ces armes. La pitié redouble vos charmes ; En combattant l’amour, elle le rend vainqueur. Votre douleur vous nuit ; vous en eſtes plus belle. Venez, venez eſtre immortelle : Je l’obtiendrai du Sort, ou je jure vos yeux Que les cieux Regretteront noſtre préſence. Zéphyrs, enlevez-la malgré ſa réſiſtance.
DAPHNÉ, s’enfuyant Ô dieux ! conſentez-vous à cette violence ?
OVIDE Les Métamorphoses, livre I
Traduction par auteurs multiples. Texte établi par Désiré Nisard, Firmin-Didot, 1850 pp. 251-268
Le premier objet de la tendresse d’Apollon fut Daphné, fille du fleuve Pénée. Cette passion ne fut point l’ouvrage de l’aveugle hasard, mais la vengeance de l’amour irrité : Le Dieu de Délos, dans l’orgueil de sa victoire, avait vu Cupidon qui tendait avec effort la corde de son arc : « Faible enfant, lui dit-il, que fais-tu de ces armes pesantes ? Ce carquois ne sied qu’à l’épaule du dieu qui peut porter des coups certains aux bêtes féroces comme à ses ennemis, et qui vient d’abattre, sous une grêle de traits, ce monstre dont le ventre, gonflé de tant de poisons, couvrait tant d’arpents de terre. Contente-toi d’allumer, avec ton flambeau, je ne sais quelles flammes amoureuses, et garde-toi bien de prétendre à mes triomphes ». Le fils de Vénus, répondit : « Apollon, rien n’échappe à tes traits, mais tu n’échapperas pas aux miens : autant tu l’emportes sur tous les animaux, autant ma gloire est au dessus de la tienne ». Il dit, et, frappant la terre de son aile rapide, il s’élève et s’arrête au sommet ombragé du Parnasse : il tire de son carquois deux flèches dont les effets sont bien différents ; l’une inspire l’amour, et l’autre le repousse : la première est dorée, sa pointe est aiguë et brillante, la seconde n’est armée que de plomb, et sa pointe est émoussée. C’est de ce dernier trait que le dieu atteint la fille de Pénée ; c’est de l’autre qu’il blesse Apollon et le perce jusqu’à la moelle des os. Apollon aime aussitôt, et Daphné hait jusqu’au nom de son amant ; émule de la chaste Diane, elle aime à s’égarer au fond des bois, à la poursuite des bêtes féroces, et à se parer de leurs dépouilles. Un seul bandeau rassemble négligemment ses cheveux épars. Mille amants lui ont offert leur hommage ; elle l’a rejeté, et pleine d’un dédain sauvage pour les hommes qu’elle ne connaît pas encore, elle parcourt les solitudes des forêts, heureuse d’ignorer et l’amour et l’hymen et ses nœuds. Souvent son père lui disait : « Ma fille, tu me dois un gendre ». Il lui répétait souvent : « Ma fille, tu me dois une postérité ». Mais Daphné, repoussant comme un crime la pensée d’allumer les flambeaux de l’hymen, rougissait, et la pudeur donnait un nouveau charme à sa beauté ; et suspendue au cou de son père qu’elle enlaçait de ses bras caressants : « Cher auteur de mes jours, disait-elle, permettez-moi de garder toujours ma virginité ; Jupiter accorda cette grâce à Diane ». Pénée cède aux désirs de sa fille. Inutile victoire ! tes grâces, ô Daphné, s’opposent à tes desseins, et ta beauté résiste à tes vœux. Cependant Phébus aime ; il a vu Daphné et veut s’unir à elle : il espère ce qu’il désire ; espérance vaine ! car son oracle le trompe lui-même. Comme on voit s’embraser le chaume léger après la moisson, comme la flamme consume une haie dont l’imprudent voyageur approche son flambeau, ou près de laquelle il le laisse aux premiers rayons du jour, ainsi s’embrase et se consume le cœur d’Apollon, ainsi il nourrit, en espérant, d’inutiles ardeurs. Il voit les cheveux de la nymphe flotter négligemment sur ses épaules. « Et que serait-ce, dit-il, si l’art les avait arrangés ? » Il voit ses yeux briller comme des astres : il voit sa bouche vermeille (c’est peu que de la voir) : il admire et ses doigts et ses mains, et ses bras plus que demi-nus ; et ce que le voile cache à ses yeux, son imagination l’embellit encore. Daphné fuit plus rapide que le vent, et c’est en vain qu’il cherche à la retenir par ses discours : « Nymphe du Pénée, je t’en conjure, arrête : ce n’est pas un ennemi qui te poursuit. Arrête, nymphe, arrête ! la brebis fuit le loup, la biche le lion, et devant l’aigle s’envole la tremblante colombe ; chacun se dérobe à son ennemi. Mais c’est l’amour qui me précipite sur tes traces. Malheureux que je suis ! Prends garde de tomber ! Que ces épines cruelles ne blessent pas tes pieds délicats ! Que je ne sois pas pour toi une cause de douleur ! Les sentiers où tu cours sont rudes et difficiles : Ah ! de grâce, modère ta vitesse, ralentis ta fuite, et je ralentirai moi-même mon ardeur à te suivre. Connais du moins celui qui t’aime : ce n’est point un sauvage habitant des montagnes, ni un pâtre hideux préposé à la garde des bœufs et des brebis : imprudente, tu ne sais pas qui tu fuis, tu ne le sais pas, et c’est pour cela que tu fuis : Delphes, Claros, Ténédos et Patare obéissent à mes lois. Jupiter est mon père : ma bouche dévoile aux mortels l’avenir, le passé, le présent : ils me doivent l’art d’unir aux accents de ia lyre les accents de la voix. Mes flèches sont sûres de leurs coups : hélas ! il en est une plus sûre encore qui m’a percé le cœur. Je suis l’inventeur de la médecine ; le monde m’honore comme un dieu secourable, et la vertu des plantes est sans mystères pour moi ; mais en est-il quelqu’une qui guérisse de l’amour ? Mon art, utile à tous les hommes, est, hélas ! impuissant pour moi-même ! » Il parlait ; mais, emportée par l’effroi, la fille de Pénée précipite sa fuite, et laisse bien loin derrière elle Apollon et ses discours inachevés. Elle fuit, et le dieu lui trouve encore des charmes : le souffle des vents soulevait à plis légers sa robe entr’ouverte ; Zéphire faisait flotter en arrière ses cheveux épars, et sa grâce s’embellissait de sa légèreté. Las de perdre dans les airs de vaines prières, et se laissant emporter par l’amour sur les traces de Daphné, le jeune dieu les suit d’un pas plus rapide. Lorsqu’un chien gaulois découvre un lièvre dans la plaine, on les voit déployer une égale vitesse, l’un pour sa proie, l’autre pour son salut : le chien vole, comme attaché aux pas du lièvre ; il croit déjà le tenir, et le cou tendu, allongé, semble mordre sa trace ; le lièvre, incertain s’il est pris, évite la gueule béante de son ennemi, et il échappe à la dent déjà prête à le saisir. Tels on voit Apollon et Daphné : l’espérance le rend léger, la peur la précipite. Mais, soutenu sur les ailes de l’amour, le dieu semble voler ; il poursuit la nymphe sans relâche, et, penché sur la fugitive, il est si près de l’atteindre, que le souffle de son haleine effleure ses cheveux flottants. Trahie par ses forces, elle pâlit enfin, et, succombant à la fatigue d’une course aussi rapide, elle tourne ses regards vers les eaux du Pénée. « S’il est vrai, s’écrie-t-elle, que les fleuves participent à la puissance des dieux, ô mon père, secourez-moi. Et toi, que j’ai rendue témoin du funeste pouvoir de mes charmes, terre, ouvre-moi ton sein, ou détruis, en me changeant, cette beauté qui cause mon injure ». À peine elle achevait cette prière, que ses membres s’engourdissent ; une écorce légère enveloppe son sein délicat ; ses cheveux verdissent en feuillage, ses bras s’allongent en rameaux ; ses pieds, naguère si rapides, prennent racine et s’attachent à la terre ; la cime d’un arbre couronne sa tête ; il ne reste plus d’elle-même que l’éclat de sa beauté passée. Apollon l’aime encore, et, pressant de sa main le nouvel arbre, il sent, sous l’écorce naissante, palpiter le cœur de Daphné. Il embrasse, au lieu de ses membres, de jeunes rameaux, et couvre l’arbre de baisers, que l’arbre semble repousser encore : « Ah ! dit-il, puisque tu ne peux devenir l’épouse d’Apollon, sois son arbre du moins : que désormais ton feuillage couronne et mes cheveux et ma lyre et mon carquois. Tu seras l’ornement des guerriers du Latium, lorsqu’au milieu des chants de victoire et d’allégresse, le Capitole verra s’avancer leur cortège triomphal. Garde fidèle du palais des Césars, tu couvriras de tes rameaux tutélaires le chêne qui s’élève à la porte de cette auguste demeure ; et de même que ma longue chevelure, symbole de jeunesse, sera toujours respectée et du fer et des ans, je veux aussi parer ton feuillage d’un printemps éternel ». Il dit, et le laurier, inclinant ses jeunes rameaux, agita doucement sa cime : c’était le signe de tête de Daphné, sensible aux faveurs d’Apollon.
STEPHANE MALLARME LES DIEUX ANTIQUES J. Rothschild, éditeur, 1880 pp. 213-214
ARÉTHUSE, MYTHE GREC ET LATIN. (Grec : Arèthouça.)
Aréthuse est une des Néréides, ou filles de Nérée ; elle tient vis-à-vis de Zeus la situation d’Hélios vis-à-vis de Phoïbos.
L’histoire qu’on raconte à son sujet est charmante. Le chasseur Alphée la poursuivit, comme Apollon, Daphné ; et, ainsi que Daphné, Aréthuse, pour échapper, se jeta dans le courant, les nymphes de la mer la portant jusqu’aux rives d’Ortygie. Alphée l’y suivit ; et poussée au désespoir, Aréthuse plongea dans la fontaine qui porte son nom. Alphée, impuissant à supporter cette perte, plongea aussi dans les eaux, au fond desquelles il obtint cet amour que la nymphe lui avait refusé pendant sa vie. Ce conte n’est pas sans quelque signification, ni sans rapport avec un autre. Voyez-y la séparation d’Héraclès et d’Iole, laquelle retrouve le dieu seulement quand ses labeurs sont finis. Le rivage où se rencontrent Aréthuse et Alphée est la terre des crépuscules du matin et du soir.
Non al suo amante piú Dïana piacque, Pas plus à son amantDiane ne plut, quando per tal ventura tutta ignuda quand, comme aventure, toute nue la vide in mezzo de le gelide acque, il la vitaumilieu del’eau glacée,…
Luis de Camões Tradução – Traduction textobilingue
OS LUSIADAS
Obra Poética
(1556)
LES LUSIADES
A Epopeia Portuguesa
CHANT I Canto Primeiro
Traduction Jacky Lavauzelle
verso 26 Strophe 26
I-26
« Deixo, Deuses, atrás a fama antiga, «Je laisse, dieux, derrière l’antique gloire, Que co’a gente de Rómulo alcançaram, Qu’avec le peuple deRomulusil eût, Quando com Viriato, na inimiga…
Diane chasseresse et ses nymphes Pierre Paul Rubens Madrid
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Ce cauți unde bate luna Que fais-tu là où la lune Pe-un alb izvor tremurător laisse un rayon fragile sur l’onde Și unde păsările-ntr-una Etoù les oiseaux Se-ntrec cu glas ciripitor? A grands cris gazouillent ? N-auzi cum frunzele-n poiană Entends-tu les feuilles…
********************** Traduction Jacky Lavauzelle ARTGITATO
********************** România – textul în limba română
Mihai Eminescu