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PHILIPPE IV Roi d’Espagne -Monumento a Filippo IV di Spagna – 西班牙菲利普四世 – Филипп IV Испании- Plaza de Oriente Madrid Мадрид – 马德里 – Place de l’Orient

Madrid – Мадрид – 马德里
Monumento a Filippo IV
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photos Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


PLAZA DE ORIENTE
La place de l’Orient
Плаза-де-Ориенте

Philippe IV Philip_IV_of_Spain_-_Velázquez
MONUMENTO A FILIPPO IV

Philippe IV
roi d’Espagne
Filippo IV di Spagna
Filippo IV d’Asburgo
西班牙菲利普四世
Филипп IV Испании
1605-1665

Rey 1621-1665
Roi de 1621 à 1665
Король 1621-1665
王1621年至1665年

 

Philippe IV Philip_IV_of_Spain_-_Velázquez_1644

Philippe IV Philip_IV_of_Spain Plaza de Oriente Place de l'Orient Artgitato 6 Philippe IV Philip_IV_of_Spain Plaza de Oriente Place de l'Orient Artgitato 4 Philippe IV Philip_IV_of_Spain Plaza de Oriente Place de l'Orient Artgitato 3 Philippe IV Philip_IV_of_Spain Plaza de Oriente Place de l'Orient Artgitato 2

« Par une fatalité singulière, ce temps funeste à Ibrahim l’était à tous les rois. Le trône de l’empire d’Allemagne était ébranlé par la fameuse guerre de trente ans. La guerre civile désolait la France, et forçait la mère de Louis XIV à fuir de sa capitale avec ses enfants. Charles Ier, à Londres, était condamné à mort par ses sujets. Philippe IV, roi d’Espagne, après avoir perdu presque toutes ses possessions en Asie, avait perdu encore le Portugal. Le commencement du XVIIe siècle était le temps des usurpateurs presque d’un bout du monde à l’autre. Cromwell subjuguait l’Angleterre, l’Écosse, et l’Irlande. « 

Voltaire
Essai sur les mœurs et l’esprit des nations
Éd. Garnier – Tome 13
CHAPITRE CXCI.
De l’empire ottoman au xviie siècle. Siége de Candie. Faux messie.

Philippe IV Philip_IV_of_Spain Plaza de Oriente Place de l'Orient Artgitato 1

« Au nom de Dieu le Créateur. A tous présens et à venir, soit notoire, que comme une longue et sanglante guerre auroit depuis plusieurs années, fait souffrir de grands travaux et oppressions aux peuples, Royaumes, Pays et Estats qui sont soubmis à l’obéissance de Tres-hauts, Tres-excellens et Tres-puissans Princes, Louis 14e par la grace de Dieu Roy Tres-Chrestien, de France et de Navarre ; et Philippe 4e par la même grace de Dieu Roy Catholique des Espagnes : En laquelle guerre s’étant aussy mesléz d’autres Princes et Republiques, leurs Voisins et Alliez ; beaucoup de Villes, places et pays de chacun des deux partis auroient esté exposez à de grands maux, miseres, ruines et désolations. « 

Traité des Pyrénées
Traité fixant la frontière franco-espagnole
Signé le 7 novembre 1659 sur l’Île des Faisans
Signataires : Le cardinal Mazarin pour Louis XIV (France)
Don Luis Mendez de Haro pour Philippe IV (Espagne)

EL GRECO Retrato de caballero joven – Portrait d’un jeune chevalier – 1605 – RETRATOS PRADO ESPAÑOL en el Musee Ingres

Portraits Espagnols du Prado
RETRATOS PRADO ESPAÑOL en el Musee Ingres
à Montauban
Монтобан
蒙托邦
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Photos Jacky Lavauzelle
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MUSEE INGRES DE MONTAUBAN Ingres музей в Монтобане
安格尔博物馆蒙托邦

LE PRADO AU MUSEE INGRES

Portraits Espagnols du Prado
RETRATOS PRADO ESPAÑOL en el Musee Ingres

Испанский Портреты Prado
西班牙普拉多肖像

du 4 décembre 2015 au 3 avril 2016

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Peintures à l’huile
油画

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Domínikos Theotokópoulos, dit El Greco
格列柯 – Эль греко
1541-1614
El Greco Portrait d'un Homme dit L'autoportrait du Greco
Portrait d’un Jeune Chevalier
Retrato de caballero joven
Портрет молодого рыцаря
肖像,年轻的骑士
Vers 1600-1605

El Greco Prado Montauban Portrait d'un Jeune Chevalier Retrato de un caballero joven artgitato 3 El Greco Prado Montauban Portrait d'un Jeune Chevalier Retrato de un caballero joven artgitato 2 El Greco Prado Montauban Portrait d'un Jeune Chevalier Retrato de un caballero joven artgitato

Luis de Góngora
Vingt-quatre sonnets

Inscripción para el sepulcro de Dominico Greco
Inscription pour le sépulcre du Gréco

 

Esta en forma elegante, oh peregrino,
C’est dans cette forme élégante, Ô pèlerin,
de pórfido luciente dura llave,
brille la clef du dur porphyre,
el pincel niega al mundo más süave, 
que se niche le pinceau au monde le plus doux
que dio espíritu a leño, vida a lino.
qui au bois donna de l’esprit et de la vie à la toile.

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Su nombre, aún de mayor aliento dino
Son nom, d’un souffle encore plus digne
que en los clarines de la Fama cabe, 
que celles que joueraient les trompettes de la renommée,
el campo ilustra de ese mármol grave:
illustre le champ de cette tombe de marbre :
venéralo y prosigue tu camino.
vénérez-la et passez votre chemin.

**

Yace el Griego. Heredó Naturaleza 
Ici gît le Greco. Il a hérité de la nature
Arte; y el Arte, estudio; Iris, colores; 
Son Art, et de l’Art, sa connaissance, de l’Iris, ses couleurs;
Febo, luces -si no sombras, Morfeo-.
de Phébus, la lumière, de Morphée, les ombres.

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Tanta urna, a pesar de su dureza, 
Que cette urne, malgré sa dureté,
 lágrimas beba, y cuantos suda olores
boive les larmes, et les fragrances qui exhalent
corteza funeral de árbol sabeo.
des écorces de l’arbre funéraire.

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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François Bernouard, 1921 (pp. 42-43).

 

Son nom, digne d’un souffle plus puissant que celui qui remplit le clairon de la Renommée, s’étend et brille sur ce champ de marbre lourd. Révère-le, et passe.

Ici gît le Greco. Si l’étude lui livra les secrets de l’art, l’art lui révéla ceux de la nature. Iris lui légua ses couleurs, Phébus sa lumière, sinon Morphée ses ombres.

Que cette urne, écorce funèbre de l’arbre sabéen, boive nos larmes et que, malgré sa dureté, elle en exsude autant d’aromates.

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Il y a eu, il est vrai, des exagérations. On a dit à tort que certains peintres avaient tiré avantage de certaines infirmités de leur vision, telles que l’astigmatisme ou le daltonisme. El Greco a été taxé d’astigmate, parce qu’il peignait des figures démesurément longues. Mais, s’il avait été tel, il n’aurait point pour cela allongé son modèle, il l’aurait reproduit avec ses proportions réelles. En réalité, il exprimait ainsi le mysticisme de ses personnages et, ayant du succès, il exagéra sa manière.
Bulletins et Mémoires de la Société d’Anthropologie de Paris, Année 1928, Volume 9, Numéro 1
Félix Regnault
CONFÉRENCE LAMARCK
(Séance du 3 mai 1928).
Des infirmités des organes des sens dans la production des œuvres de génie

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LE CARAVAGE SAINT JERÔME – GALERIE BORGHESE – CARAVAGGIO San Gerolamo 1606 – 卡拉瓦乔

ROME – ROMA – 罗马
Caravaggio San Gerolamo
卡拉瓦乔
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome

 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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GALLERIA BORGHESE
博吉斯画廊
La Galerie Borghèse

LE CARAVAGE
Michelangelo Merisi da Caravaggio
米开朗基罗·梅里西·达·卡拉瓦乔
CARAVAGGIO
卡拉瓦乔
1571-1610

Le Caravage Caravaggio 1571 1610

SAN GEROLAMO
San Geronimo – San Girolamo
saint Jérôme
Jérôme de Stridon
(347-420)
圣杰罗拉莫
1605-1606
moine, traducteur de la Bible, docteur de l’Église et l’un des quatre pères de l’Église latine

Saint Jérôme Caravaggio san Gerolamo Galleria Borghese Galerie Borghèse artgitato

MICHEL-ANGE DE CARAVAGE

Michel-Ange Mérigi, connu sous le nom de Michel-Ange de Caravage, un des peintres les plus originaux de l’Italie, eut pendant longtemps une vogue prodigieuse : on peut le regarder comme l’inventeur d’une manière qui trouva de nombreux imitateurs. Ceux qui l’ont exactement suivie, et ceux qui, en l’imitant, ont conservé leur caractère propre, auront toujours moins de célébrité que lui. Très-fort dans quelques parties de la peinture, très-foible dans d’autres, il fut admiré de beaucoup de gens, et peu senti et déchiré par beaucoup d’autres.
Sur une surface plate donner aux objets la rondeur et la saillie qu’ils ont dans la nature, et offrir cette saillie de la manière la plus piquante que la nature puisse la présenter elle-même …
Jean-Joseph Taillasson
Observations sur quelques grands peintres
Teniers – Le Caravage

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Le Caravage
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Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337

Michel Ange de Caravage, (appellé communément Michel Ange Amérigi) naquit en 1569 au château de Caravage, situé dans le Milanes, & mourut en 1609. Ce peintre s’est rendu très-illustre par une maniere extrèmement forte, vraie, & d’un grand effet, de laquelle il est auteur. Il peignoit tout d’après nature, dans une chambre où la lumiere venoit de fort haut. Comme il a exactement suivi ses modeles, il en a imité les défauts & les beautés : car il n’avoit point d’autre idée que l’effet du naturel présent.

Son dessein étoit de mauvais goût ; il n’observoit ni perspective, ni dégradation ; ses attitudes sont sans choix, ses draperies mal jettées ; il n’a connu ni les graces, ni la noblesse ; il peignoit ses figures avec un teint livide, des yeux farouches, & des cheveux noirs. Cependant tout étoit ressenti ; il détachoit ses figures, & leur donnoit du relief par un savant artifice du clair-obscur, par un excellent goût de couleurs, par une grande vérité, par une force terrible, & par un pinceau moëlleux, qui ont rendu son nom extrèmement célebre.

Le caractere de ce peintre, semblable à ses ouvrages, s’est toûjours opposé à son bonheur. Il eut une affaire fâcheuse à Milan ; il en eut une autre à Rome avec le Josépin ; il insulta à Malte un chevalier de l’ordre ; en un mot il se fit des affaires avec tout le monde, fut misérable toute sa vie, & mourut sans secours sur un grand chemin. Il mangeoit seul à la taverne, où n’ayant pas un jour de quoi payer, il peignit l’enseigne du cabaret, qui fut vendue une somme considérable.

Ses desseins sont heurtés d’une grande maniere, la couleur y est rendue ; un goût bisarre, la nature imitée avec ses défauts, des contours irréguliers, & des draperies mal jettées, peuvent les caractériser.

Ses portraits sont très-bons. Le roi de France a celui du grand maître de Vignacourt que ce peintre fit à Malte. Il y a, je crois, un de ses tableaux aux Dominicains d’Anvers, que Rubens appelloit son maître. On vante singulierement un cupidon du Caravage, & son tableau de l’incrédulité de S. Thomas, qu’il a gravé lui-même. Mais que dirons-nous de son Prométhée attaché au rocher ? on ne peut regarder un moment cette peinture sans détourner la vûe, sans frissonner, sans ressentir une impression qui approche de celle que l’objet même auroit produite.

Le Caravage a fait pendant son séjour à Malte, pour l’église de ce lieu, la décollation de S. Jean. Le grand autel de l’église de S. Louis à Rome, est peint par le Caravage ; il a peint un Christ porté au sépulchre, dans l’église de sainte Marie in Vallicella. Tous ces morceaux ont un relief étonnant.

RUBENS Deposizione nel Sepolcro – Le Saint-Sépulcre – La Mise au Tombeau – Sepoltura Borghese – 沉积在圣墓 – GALLERIA BORGHESE – 博吉斯画廊

ROME – ROMA – 罗马
沉积在圣墓
Rubens Deposizione nel Sepolcro
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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GALLERIA BORGHESE
博吉斯画廊
La Galerie Borghèse

Pianto sul Cristo Morto Pier Peter Paul Rubens 1602 artgitato Galleria Borghese

PIERRE PAUL RUBENS
PETER PAUL RUBENS
彼得·保罗·鲁本斯
PIETER PAUL RUBENS
1577-1640

Sepoltura Borghese
Compianto sul corpo di Cristo deposto
Lamentation sur le corps du Christ
1605 – 1606
Deposizione nel sepolcro
Déposition dans le sépulcre

沉积在圣墓

Tableau probablement élargi à la fin du XVIIIe siècle
Ampliato presumibilmente alla fine del XVIII secolo

Peinture Huile sur Toile
dipinto a olio su tela
180×137

 » Raphaël, Rubens ne cherchaient pas les idées ; elles venaient à eux d’elles-mêmes, et même en trop grand nombre. Le travail ne s’applique guère à les faire naître, mais à les rendre le mieux possible par l’exécution. »
15 février 1852
Journal d’Eugène Delacroix
Texte établi par Paul Flat, René Piot
Plon, 1893
Tome 2 Pages 82-83

 

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TERTULLIEN
De la Chair de Jésus-Christ
Traduction par  Antoine-Eugène Genoud
Œuvres complètes de Tertullien
Louis Vivès, 1852, Tome 1  – pp. 389-433

I. Ceux qui, cherchant à ébranler la foi à la résurrection, que l’on avait crue fermement jusqu’à ces modernes Sadducéens, prétendent que cette espérance n’appartient point à la chair, ont raison de mettre en question la chair de Jésus-Christ, et de soutenir ou qu’elle n’existe pas, ou qu’elle est tout autre chose que la chair de l’homme. Ils craignent que s’il est prouvé une fois que cette chair est semblable à la nôtre, il n’en sorte contre eux la présomption que cette chair, ressuscitée en Jésus-Christ, ressuscitera infailliblement dans les hommes. Il faut donc soutenir la réalité de la chair avec les mêmes arguments qui servent à la renverser. Examinons quelle est la substance corporelle du Seigneur. Quant à sa substance spirituelle, tout le monde est d’accord. Il ne s’agit que de sa chair. On dispute de sa vérité, de sa nature, de son existence, de son principe, de ses qualités. Sa réalité deviendra le gage de notre résurrection. Marcion, voulant nier la chair du Christ, a nié aussi sa naissance : ou, voulant nier sa naissance, a nié également sa chair, sans doute de peur que la naissance et la chair ne se rendissent témoignage dans leur mutuelle correspondance, puisqu’il n’y a point de naissance sans la chair, ni de chair sans la naissance ! Comme si, en vertu des droits que s’arroge l’hérésie, il n’avait pas pu, ou nier la naissance en admettant la chair, ainsi que l’a fait Apelles, son disciple, et depuis son déserteur ; ou bien, tout en confessant la chair et la naissance, leur donner une autre interprétation, avec Valentin, autre disciple et déserteur de Marcion. Mais qui a pu soutenir le premier, que la chair de Jésus-Christ était imaginaire, a bien pu supposer aussi que sa naissance n’était qu’un fantôme ; de même que la conception, la grossesse, l’enfantement d’une vierge, et successivement toute la vie de cet enfant, une chimère. Toutes ces circonstances auraient trompé les mêmes yeux et les mêmes sens qu’avait déjà fermés l’illusion de la chair.

 Pierre Peter Pieter Rubens_Deposition nel sepolcro - Déposition dans le sépulcre

Emile Verhaeren
Les Héros
Deman – 1808 Pages 67-73

Rubens

 

Ton art énorme est tel qu’un débordant jardin
— Feuillages d’or, buissons en sang, taillis de flamme —
D’où surgissent, d’entre les fleurs rouges, tes femmes
Tendant leur corps massif vers les désirs soudains

Et s’exaltant et se mêlant, larges et blondes,
Au cortège des Ægipans et des Sylvains
Et du compact Silène enflé d’ombre et de vin
Dont les pas inégaux battent le sol du monde.

Ô leurs bouquets de chair, leurs guirlandes de bras,
Leurs flancs fermes et clairs comme de grands fruits lisses
Et le pavois bombé des ventres et des cuisses
Et l’or torrentiel des crins sur leurs dos gras !

Que tu peignes les amazones des légendes
Ou les reines ou les saintes des paradis,
Toutes ont pris leur part de volupté, jadis,
Dans la balourde et formidable sarabande.

Le rut universel que la terre dardait
Du fond de ses forêts au vent du soir pâmées
À ses tisons rôdeurs les avait allumées
En ses taillis profonds ou ses antres secrets.

Et tes bourreaux et tes martyrs et ton Dieu même
Semblent fleuris de sang, et leurs muscles tordus
Sont des grappes de force à leurs gibets pendus
Sous un ouragan fou de pleurs et de blasphèmes.

Si bien que grossissant la vie, et l’ameutant
Du grand tumulte clair des couleurs et des lignes,
Tu fais ce que jamais tes émules insignes
N’avaient osé faire ou rêver, avant ton temps.

Oh ! le dompteur de joie épaisse, ardente et saine,
Oh ! l’ivrogne géant du colossal festin
Où circulaient les coupes d’or du vieux destin
Serrant en leurs parois toute l’ivresse humaine.

Ta bouche sensuelle et gourmande, d’un trait,
Avec un cri profond les a toutes vidées,
Et les œuvres naissaient du flux montant d’idées
Que ces vins éternels vers ton cerveau jetaient.

II

Tu es celui — le tard venu — parmi les maîtres
Qui d’une prompte main, mais d’un fervent regard,
D’abord demande à tous une fleur de leur art
Pour qu’en ton œuvre à toi tout l’art puisse apparaître.

Mais si tu prends, c’est pour donner plus largement :
Aux horizons pleins de roses que tu dévastes,
Lorsque tu t’es conquis enfin, ton geste vaste
Soudain, au lieu de fleurs, allume un firmament.

Les rois aiment ton goût de richesse ordonnée.
Tu l’imposes puissant, replet, fouillé, profond
Et Versailles le tord encor en ses plafonds
Où sont peintes, lauriers au front, les Destinées.

Il déborde, il perdure excessif et charmant ;
Il s’installe, parmi les bois et les terrasses,
Et les femmes de joie élégantes et grasses
En instruisent Watteau, au bras de leurs amants.

Et te voici parti vers les Londres funèbres.
En des palais obscurs dont a peur le soleil,
Pour y fixer cet art triomphal et vermeil
Comme une vigne d’or sur des murs de ténèbres.

Et quand tu t’en reviens vers ta vieille cité,
Le front déjà marqué par le destin suprême.
Nul ne peut plus douter que tu ne sois toi-même
L’infaillible ouvrier de ton éternité.

III

Alors la gloire entière est ton bien et ta proie,
Tu la domptes, tu la lèches et tu la mords ;
Jamais un tel amour n’a angoissé la mort
Ni tant de violence enfanté de la joie.

Tu rentres comme un roi en ta large maison,
Toute la Flandre est tienne, ainsi qu’est tien le monde ;
Tu lui prends pour l’aimer sa fille la plus blonde
Dont le nom est doré comme un flot de moisson.

Tu ressuscites tout : l’Empyrée et l’Abîme ;
Et les anges, pareils à des thyrses d’éclairs ;
Et les monstres aigus, rongeant des blocs de fer ;
Et tout au loin, là-bas, les Golgothas sublimes ;

Et l’Olympe et les Dieux, et la Vierge et les Saints ;
L’Idylle ou la bataille atroce et pantelante ;
Les eaux, le sol, les monts, les forêts violentes
Et la force tordue en chaque espoir humain.

Ton grand rêve exalté est comme un incendie
Où tes mains saisiraient des torches pour pinceaux
Et capteraient la vie immense en des réseaux
De feux enveloppants et de flammes brandies.

Que t’importe qu’aux horizons fous et hagards,
Tel autre nom, jadis fameux et clair, s’efface,
Pour toi, c’est à jamais que le temps et l’espace
Retentissent des bonds dont les troua ton art.

Conservateur fougueux de ta force première,
Rien ne te fut ruine, ou chute, ou désavœu ;
Toujours tu es resté trop sûrement un Dieu
Pour que la mort, un jour, éteigne ta lumière.

Et tu dors à Saint Jacque, au bruit des lourds bourdons ;
Et sur ta dalle unie ainsi qu’une palette,
Un vitrail criblé d’or et de soleil, projette
Encor des tons pareils à de rouges brandons.

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Rubens
*

Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337 

Rubens (Pierre-Paul) originaire d’Anvers, d’une très-bonne famille, naquit à Cologne en 1577, & mourut à Anvers en 1640. C’est le restaurateur de l’école flamande, le Titien & le Raphael des Pays-bas. On connoît sa vie privée ; elle est illustre, mais nous la laissons à part.

Un goût dominant ayant porté Rubens à la Peinture, il le perfectionna en Italie, & y prit une maniere qui lui fut propre. Son génie vaste le rendit capable d’exécuter tout ce qui peut entrer dans la riche composition d’un tableau, par la connoissance qu’il avoit des Belles Lettres, de l’Histoire & de la Fable. Il inventoit facilement, & son imagination lui fournissoit plusieurs ordonnances également belles. Ses attitudes sont variées, & ses airs de têtes sont d’une beauté singuliere. Il y a dans ses idées une abondance, & dans ses expressions une vivacité surprenante. Son pinceau est moëlleux, ses touches faciles & legeres ; ses carnations fraîches, & ses draperies jettées avec art.

Il a traité supérieurement l’Histoire ; il a ouvert le bon chemin du coloris, n’ayant point trop agité ses teintes en les mêlant, de peur que venant à se corrompre par la grande fonte de couleurs, elles ne perdissent trop leur éclat. D’ailleurs la plûpart de ses ouvrages étant grands, & devant par conséquent être vus de loin, il a voulu y conserver le caractere des objets & la fraîcheur des carnations. Enfin on ne peut trop admirer son intelligence du clair-obscur, l’éclat, la force, l’harmonie & la vérité qui regnent dans ses compositions.

Si l’on considere la quantité étonnante de celles que cet homme célebre a exécutées, & dont on a divers catalogues, on ne sera pas surpris de trouver souvent des incorrections dans ses figures ; mais quoique la nature entraînât plus Rubens que l’antique, il ne faut pas croire qu’il ait été peu savant dans la partie du Dessein ; il a prouvé le contraire par divers morceaux dessinés d’un goût & d’une correction que les bons peintres de l’école romaine ne desavoueroient pas.

Ses ouvrages sont répandus par-tout, & la ville d’Anvers a mérité la curiosité des étrangers par les seuls tableaux de ce rare génie. On vante en particulier singulierement celui qu’elle possede du crucifiement de Notre Seigneur entre les deux larrons.

Dans ce chef-d’œuvre de l’art, le mauvais larron qui a eu sa jambe meurtrie par un coup de barre de fer dont le bourreau l’a frappé, se soûleve sur son gibet ; & par cet effort qu’a produit la douleur, il a forcé la tête du clou qui tenoit le pié attaché au poteau funeste : la tête du clou est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pié à-travers lequel elle a passé. Rubens qui savoit si-bien en imposer à l’œil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, & ce corps est encore la chair la plus vraie qu’ait peint ce grand coloriste. On voit de profil la tête du supplicié, & sa bouche, dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme ; ses yeux dont la prunelle est renversée, & dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres & tendues ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presque oüir les cris horribles qu’il jette. Reflex. sur la Peint. tome I.

Mais les peintures de la galerie du Luxembourg, qui ont paru gravées au commencement de ce siecle, & qui contiennent vingt-un grands tableaux & trois portraits en pié, ont porté la gloire de Rubens par tout le monde ; c’est aussi dans cet ouvrage qu’il a le plus développé son caractere & son génie. Personne n’ignore que ce riche & superbe portique, semblable à celui de Versailles, est rempli de beautés de dessein, de coloris, & d’élégance dans la composition. On ne reproche à l’auteur trop ingénieux, que le grand nombre de ses figures allégoriques, qui ne peuvent nous parler & nous intéresser ; on ne les devine point sans avoir à la main leur explication donnée par Félibien & par M. Moreau de Mautour. Or il est certain que le but de la Peinture n’est pas d’exercer notre imagination par des énigmes ; son but est de nous toucher & de nous émouvoir. Mon sentiment là-dessus, conforme à celui de l’abbé du Bos, est si vrai, que ce que l’on goûte généralement dans les galeries du Luxembourg & de Versailles, est uniquement l’expression des passions. « Telle est l’expression qui arrête les yeux de tous les spectateurs sur le visage de Marie de Medicis qui vient d’accoucher ; on y apperçoit distinctement la joie d’avoir mis au monde un dauphin, à-travers les marques sensibles de la douleur à laquelle Eve fut condamnée ».

Au reste M. de Piles, admirateur de Rubens, a donné sa vie, consultez-la.

 

Papa Paolo V BORGHESE – PAPE PAUL V BORGHESE – GALLERIA BORGHESE ROMA – GALERIE BORGHESE ROME

ROME – ROMA
PAUL V – PAOLO V
LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

 Photos  Jacky Lavauzelle

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LA GALERIE BORGHESE
GALLERIA BORGESE

BERNINI –  LE BERNIN
Gian Lorenzo Bernini
1598-1680

Busto di Papa Paolo V Borghese
Buste du Pape Paul V Borghese
Camille Borghèse
Camillo Borghese
1618

Marmo – Marbre – Marble

Camille Borghèse – Camillo Borghese
1550-1621
PAUL V BORGHESE
PAOLO V BORGHESE

Pape élu le 16 mai 1605
Busto di Papa Paolo V Borghese Pape Paul V Borghese Rome Roma Camillo Borghese

« Sous Borghèse, Paul V, renaquit l’ancienne querelle de la juridiction séculière et de l’ecclésiastique, qui avait fait verser autrefois tant de sang. (1605) Le sénat de Venise avait défendu les nouvelles donations faites aux églises sans son concours, et surtout l’aliénation des biens-fonds en faveur des moines. Il se crut aussi en droit de faire arrêter et de juger un chanoine de Vicence, et un abbé de Nervèse, convaincus de rapines et de meurtres. »
VOLTAIRE
Essai sur les mœurs et l’esprit des nations
Chapitre CLXXXV
Des successeurs de Sixte-Quint
Edition Garnier – Tome 13

Busto di Papa Paolo V Borghese Pape Paul V Borghese Rome Roma Artgitato

« On convient généralement que le Vatican doit une grande partie de sa belle bibliothèque à celle de l’électeur Palatin, que le comte de Tilly prit avec Heidelberg en 1622. D’autres cependant prétendent, & ce semble avec raison, que Paul V. qui était pour lors pape, n’eut qu’une très-petite & même la plus mauvaise partie de la bibliothèque Palatine ; tous les ouvrages les plus estimables ayant été emportés par d’autres, & principalement par le duc de Bavière. »
BIBLIOTHEQUE
L’ENCYCLOPEDIE
Texte établi par D’Alembert – Diderot, 1751
Tome 2 – pp. 228-240

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« La seconde catégorie est d’origine pontificale. Ses titres et ses revenus ont leur source dans le népotisme. Durant le cours du XVIIe siècle, Paul V, Urbain VIII, Innocent X, Alexandre VII, Clément IX, Innocent XI ont créé les Borghèse, les Barberini, les Pamphili, les Chigi, les Rospigliosi, les Odescalchi. C’était à qui placerait plus haut sa petite famille. Les domaines des Borghèse, qui font une assez jolie tache sur la carte d’Europe, nous prouvent que Paul V n’était pas un oncle dénaturé. Les papes ont conservé l’habitude d’anoblir leurs parents, mais le scandale de leurs libéralités s’arrête à Pie VI, auteur de la famille Braschi (1775-1800). »
Edmond About
La Question Romaine
Chapitre VII La Noblesse
Michel Lévy Frères (coll. Hetzel)
1861 – 2e éd. – pp. 61-74