Wenn ich ein Bettelmann wär Si j’étais un mendiant Käm ich zu Dir, Qui venait vers toi Säh Dich gar bittend an Te regardant d’un air suppliant, Was gäbst Du mir? – Que lui donnerais-tu ?
*
Der Pfennig hilft mir nicht L’argent, je n’en veux Nimm ihn zurück, Reprends-le, Goldner als golden Plus brillant que l’or Glänzt allen Dein Blick; Brille ton regard !
*
Und was Du allen gibst Ce qu’à tous tu donnerais, Gebe nicht mir Jamais ne me donnerait Nur was mein Aug begehrt Ce que mon œil seulement Will ich von Dir. Veut de toi.
*
Bettler wie helf ich Dir? – Mendiant, comment puis-je t’aider ? Sprächst Du nur so, Si ainsi tu me parlais, Dann wär im Herzen ich Alors nagerait mon cœur Glücklich und froh. Dans la joie et le bonheur.
*
Laufst auf Dein Kämmerlein Regarde dans ton armoire Holst ein Paar Schuh Attrape une paire de chaussures Die sind mir viel zu klein, Elles sont trop petites pour moi, Sieh einmal zu. – Tu vois.
*
Sieh nur wie klein sie sind Vois comme elles sont petites Drücken mich sehr, Et comme elles me serrent ainsi, Jungfrau süß lächelst Du Fillette tu me souris O gib mir mehr. Mais donne-moi plus !
************
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
Singet leise, leise, leise, Chante doucement, doucement, doucement, Singt ein flüsternd Wiegenlied Chante cette berceuse murmurée Von dem Monde lernt die Weise, Le sage apprend de la lune, Der so still am Himmel zieht. Qui va si doucement dans le ciel.
*
Singt ein Lied so süsz gelinde, Chante une chanson si douce, Wie die Quellen auf den Kieseln, Comme la source sur les galets Wie die Bienen um die Linde Comme les abeilles autour du tilleul Summen, murmeln, flüstern, rieseln. Bourdonnement, murmure, chuchotement, ruissellement.
**********
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
LE ROSSIGNOL & LA FILEUSE Es sang vor langen Jahren
_____________________
***************************
Es sang vor langen Jahren Il a chanté il y a longtemps Wohl auch die Nachtigall. Aussi le rossignol. Das war wohl süßer Schall, Quel doux son doux assurément, Da wir zusammen waren. Quand nous étions ensemble.
*
Ich sing und kann nicht weinen Je chante et je ne peux pas pleurer Und spinne so allein. Et seule je tourne mon rouet. Den Faden klar und rein, Comme son fil est clair et pur, Solang der Mond wird scheinen. Tant que la lune brillera.
*
Da wir zusammen waren, Quand nous étions ensemble Da sang die Nachtigall. Le rossignol chantait. Nun mahnet mich ihr Schall, Maintenant sans son chant je sais, Dass du von mir gefahren. Je sais que tu m’as chassé.
*
So oft der Mond mag scheinen, Aussi souvent que la lune brille, So denk ich dein allein. Je pense à toi seul. Mein Herz ist klar und rein, Mon cœur est clair et pur, Gott wolle uns vereinen. Que Dieu nous réunisse.
*
Seit du von mir gefahren, Quand tu m’accompagnais, Singt stets die Nachtigall. Chantait toujours le rossignol. Ich denk bei ihrem Schall, Je pense à son chant, Wie wir zusammen waren. Comme quand nous étions ensemble.
*
Gott wolle uns vereinen. Que Dieu nous réunisse. Hier spinn ich so allein. Ici, je file seule. Der Mond scheint klar und rein. La lune brille claire et pure. Ich sing und möchte weinen. Je chante et je veux pleurer.
********************
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
Was ich tue, was ich denke, Pour tout ce que je fais, ce que je pense Alles, was mit mir geschieht, Ce qui m’arrive, Herr! nach deinem Auge lenke, Seigneur ! dirige Ton regard Das auf meine Wege sieht. Sur mon chemin.
*********
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
MADEMOISELLE DIENCHEN Kennt ihr das Fräulein Dienchen nicht
Entstanden um 1797 Ecrit vers 1797
_____________________
**************
Kennt ihr das Fräulein Dienchen nicht. Vous ne connaissez pas Mademoiselle Dienchen. Sie hat ein Tabaksdosengesicht Elle a un visage en forme de tabatière So etwas wie ’ne Nase drinne Comme si elle avait un nez à l’intérieur Und den Charakter einer Spinne. Et le caractère d’une araignée. Hat man mit dem Vergrößrungsglase Vous aurez besoin d’une loupe Endlich gefunden ihre Nase Si vous voulez trouver son nez So mußt du Mikroskope brauchen Vous aurez besoin d’un microscope So findst du nie die Katzenaugen. Car vous ne trouverez jamais ses yeux de chat comme ça. Ihr dickes Haar ist tölpisch aufgebaut Ses cheveux épais sont fragiles Doch niemand schimpfe ihre Haut Mais personne ne songe à critiquer sa peau Sie ist so fein so zart so weiß Si fine, si délicate et si blanche Als wie ein alter Hühnersteiß. Comme une vieille croupe de poulet. … Schad’ daß ein Hügelchen den schönen Wuchs befleckt C’est dommage qu’une colline tache la belle croissance Das erst vor kurzer Zeit ein Kenneraug’ entdeckt. Qu’a récemment découvert l’œil d’un connaisseur. In ihrem magern Unterleib Dans son ventre amaigri Brummt oft ein Wind zum Zeitvertreib. Un vent bourdonne souvent pour passer le temps.
***********
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
Die Liebe lehrt L’amour m’enseigne Mich lieblich reden, à parler aimablement, Da Lieblichkeit Car la douceur Mich lieben lehrte. M’a appris à aimer.
*
Arm bin ich nicht Je ne suis jamais pauvre In Deinen Armen, Dans tes bras, Umarmst du mich Tu m’embrasses Du süße Armut. Toi douce pauvreté.
*
Wie reich bin ich Comme je suis riche In Deinem Reiche, Dans ton royaume Der Liebe Reichtum Par les richesses de l’amour Reichst du mir. Que tu me donnes.
*
O Lieblichkeit! Ô beauté ! O reiche Armut! Ô riche pauvreté ! Umarme mich Embrasse moi In Liebesarmen. Dans tes bras amoureux.
***********
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
CUEILLIR DES ETOILES DANS LE CIEL Hörst du wie die Brunnen rauschen
_____________________
**************
Hörst du wie die Brunnen rauschen, Entends-tu le gémissement des fontaines, Hörst du wie die Grille zirpt? Entends-tu le chant des grillons ? Stille, stille, laß uns lauschen, Silence, silence, ensemble écoutons, Selig, wer in Träumen stirbt. Bienheureux celui qui meurt en rêve. Selig, wen die Wolken wiegen, Bienheureux celui que les nuages emportent, Wem der Mond ein Schlaflied singt, Celui pour qui la lune chante une berceuse, O wie selig kann der fliegen, Ô comme il est heureux de pouvoir voler, Dem der Traum den Flügel schwingt, Quand le rêve des ailes dessine, Daß an blauer Himmelsdecke Et qui sur un ciel tout bleu Sterne er wie Blumen pflückt: Cueille des étoiles comme des fleurs : Schlafe, träume, flieg’, ich wecke Dors, rêve, vole, je te réveillerai Bald Dich auf und bin beglückt. Bientôt et je serai heureux.
*************
*******
L’ASCÈTE et LE RELIGIEUX EXTATIQUE
On a dit de Brentano qu’il n’avait qu’à ouvrir ses poches pour que des légions d’anges et de gnomes s’en échappassent ; le mot est vrai. En revanche, les pures préoccupations d’artiste n’occupèrent jamais qu’une place bien mince dans son cerveau. Tout entier aux caprices du moment, à ses boutades, il ne se doute point de ces sollicitudes curieuses dont certains lettrés entourent la chère œuvre, de ces soins paternels qu’on apporte si volontiers à la protéger aux débuts. Ce n’est pas lui dont le cœur eût bondi de joie à l’aspect du précieux volume. Au contraire, il avait horreur de se voir imprimé. « C’est pour moi une douleur insupportable, répétait-il souvent ; figurez-vous une jeune fille forcée d’exécuter pour divertir les gens une danse qu’elle aurait apprise aux dépens de son innocence et de son repos. J’ai écrit au moins autant de livres que ma sœur, mais je garde sur elle l’avantage de les avoir tous jetés au feu. » Parfois il lui arrivait de s’enfermer chez lui, d’allumer des cierges, et de se mettre ensuite à prier des nuits entières pour ceux qui souffrent. Singulière chose que cette fusion de l’esprit méridional et du génie du nord, dont cet homme offre le phénomène. J’ai dit qu’il y avait de l’ascète chez Brentano, du religieux extatique des bords du Nil, du thaumaturge ; il y avait aussi du don Quichotte.
par Henri Blaze Clément brentano Lettres de jeunesse de Clément à Bettina Revue des Deux Mondes période initiale, tome 9, 1845
« Wir satteln nur um Mitternacht.
–« Nous n’avons sellé qu’à minuit. Weit rit ich her von Böhmen. Je viens du fin fond de la Bohême. Ich habe spat mich aufgemacht,
Il est tard, Und wil dich mit mir nemen. » –
Et je te veux avec moi. « – « Ach, Wilhelm, erst herein geschwind!
-« Ah, Wilhelm, viens d’abord ! Den Hagedorn durchsaust der Wind,
Le vent siffle à travers l’aubépine , Herein, in meinen Armen.
Viens dans mes bras. Herzliebster, zu erwarmen! » –
Chérie, viens te réchauffer ! »-
*
« Las sausen durch den Hagedorn, « Laisse-le siffler à travers l’aubépine, -Las sausen, Kind, las sausen! – Laisse-le siffler, mon enfant, laisse-le siffler ! Der Rappe schart; es klirt der Sporn. Le cheval piaffe ; tintent les éperons. Ich darf alhier nicht hausen. Je ne peux pas vivre ici. Kom, schürze spring’ und schwinge dich Viens, saute sur la selle et monte Auf meinen Rappen hinter mich! Derrière moi, sur mon destrier ! Mus heut noch hundert Meilen Nous avons une centaine de miles à faire aujourd’hui Mit dir ins Brautbett’ eilen. » – Pour rejoindre la demeure nuptiale. »
*
« Ach! woltest hundert Meilen noch « Ah, encore à une centaine de miles Mich heut ins Brautbett’ tragen? Pour rejoindre la demeure nuptiale ? Und horch! es brumt die Glocke noch, Ecoute ! la cloche sonne toujours, Die elf schon angeschlagen. » – Les Onze heures sont déjà passées ! « – « Sieh hin, sieh her! der Mond scheint hell.
« Regarde, regarde comme la lune brille ! Wir und die Todten reiten schnell. Nous et les morts comme nous allons vite. Ich bringe dich, zur Wette, Je te jure, je te jure Noch heut ins Hochzeitbette. » – Que nous y serons aujourd’hui même ! « –
*
« Sag an, wo ist dein Kämmerlein? « Dis-moi, où est donc ta chambre ? Wo? Wie dein Hochzeitbetchen?“ – Où est-elle ? Comment est ton lit nuptial ? « – « Weit, weit von hier! – – Stil, kühl und klein! – – « Loin, loin d’ici ! – – Silencieux, étroit et petit ! – – Sechs Bretter und zwei Bretchen!“ – Six planches et deux planchettes ! « – « Hat’s Raum für mich?“ – « Für dich und mich! « Y a-t-il de la place pour moi ? » – « Pour toi et pour moi ! Kom, schürze, spring und schwinge dich! Viens ! Que la fête commence ! Die Hochzeitgäste hoffen; Les invités de la noce attendent ; Die Kammer steht uns offen. »– La chambre nuptiale est prête. « –
*
Schön Liebchen schürzte, sprang und schwang
La belle s’accoutre, saute Sich auf das Ros behende;
Sur son fier destrier; Wol um den trauten Reiter schlang
Elle enroule autour du cavalier audacieux Sie ihre Lilienhände;
Ses belles mains de lis ; Und hurre hurre, hop hop hop!
Et hurle « Allez ! hop ! hop ! hop ! » Ging’s fort in sausendem Galop,
Elle est partie au grand galop, Daß Ros und Reiter schnoben,
Avec le cheval et le cavalier en un éclair, Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier a volé en éclat.
*
Zur rechten und zur linken Hand,
A droite comme à gauche, Vorbei vor ihren Blicken,
Devant leurs yeux, Wie flogen Anger, Haid’ und Land!
S’envolaient les paysages ! Wie donnerten die Brücken! –
Frémissaient les ponts ! – « Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell! « As-tu peur, aussi ? – Vois comme la lune brille ! Hurrah! die Todten reiten schnell! Vois ! Comme les morts vont vite ! Graut Liebchen auch vor Todten? » – Es-tu effrayée par les morts ? « – « Ach nein! – doch las die Todten!“ – « Oh non ! – mais laisse les morts ! « –
*
Was klang dort für Gesang und Klang?
Que sont ces chanson et ces sons ? Was flatterten die Raben? –
Que sont ces corbeaux qui volent ? – Horch Glockenklang! horch Todtensang!
Ecoute la cloche ! Ecoute les chants mortuaires ! « Last uns den Leib begraben! » « Nous devons enterrer le corps ! » Und näher zog ein Leichenzug,
Et le cortège funèbre s’est rapproché, Der Sarg und Todtenbaare trug.
Avec le cercueil et les porteurs. Das Lied war zu vergleichen
La chanson était envoûtante Dem Unkenruf in Teichen.
Comme la malheureuse prophétie des étangs.
*
« Nach Mitternacht begrabt den Leib, « Après minuit, enterrez le corps, Mit Klang und Sang und Klage! Avec des complaintes et des chansons ! Jezt führ’ ich heim mein junges Weib. Maintenant, je ramène chez moi ma jeune femme. Mit, mit zum Brautgelage! Venez au banquet du mariage ! Kom, Küster, hier! Kom mit dem Chor, Allez ! sacristain, viens ici ! Viens avec le chœur, Und gurgle mir das Brautlied vor! Et que résonne la chanson nuptiale ! Kom, Pfaff’, und sprich den Segen, Viens Prêtre ! donne la bénédiction ! Eh wir zu Bett’ uns legen! » – Avant que nous nous allongions dans notre lit ! « –
*
Stil Klang und Sang. – – Die Baare schwand. – –
Se sont tus les gémissements et les chants. La bière s’est tarie – Gehorsam seinem Rufen,
Obéissant à son appel, Kam’s, hurre hurre! nachgerant,
Viennent les hourrah ! hourra ! Hart hinter’s Rappen Hufen;
Frappent les sabots ; Und immer weiter, hop hop hop!
Et puis, hop ! hop ! hop ! Ging’s fort in sausendem Galop,
Ils sont partis au grand galop, Daß Ros und Reiter schnoben,
On entendait les respirations des chevaux et des cavaliers, Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier volait en éclat.
*
Wie flogen rechts, wie flogen links, Comme de tous côtés s’envolaient Gebirge, Bäum’ und Hecken!
Les montagnes, les arbres et les haies ! Wie flogen links, und rechts, und links
Comme à gauche et à droite s’envolaient Die Dörfer, Städt’ und Flecken! –
Les villages, les villes et les bourgs ! – « Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell!
« As-tu peur, aussi ? – Vois comme la lune brille ! Hurrah! die Todten reiten schnell! Hourra ! Comme les morts vont vite ! Graut Liebchen auch vor Todten? » – Es-tu effrayée par les morts ? « – « Ach! Las sie ruhn, die Todten!“ – « Ah ! Laisse-les reposer les morts en paix ! « –
*
Sieh da! sieh da! Am Hochgericht
Là ! regarde ! Sur la haute cour, Tanzt, um des Rades Spindel,
Dansent autour de la roue, Halb sichtbarlich, bei Mondenlicht,
A moitié visible, à la lumière de la lune, Ein luftiges Gesindel. –
Des fantômes aériens. – « Sasa! Gesindel, hier! Kom hier! « Ici ! Fantômes, ici ! Venez ici ! Gesindel, kom und folge mir! Fantômes, venez et suivez-moi ! Tanz’ uns den Hochzeitreigen,
Dansons au mariage, Wann wir zu Bette steigen!“ – Partons vers le banquet ! « –
*
Und das Gesindel husch husch husch!
Et le fantôme criait : « husch ! » Kam hinten nachgeprasselt,
Avec le vent dans le dos, Wie Wirbelwind am Haselbusch
Comme un tourbillon dans un buisson de noisetier Durch dürre Blätter rasselt.
A travers les feuilles mortes. Und weiter, weiter, hop hop hop!
Et qui s’élève, hop ! hop ! hop ! Ging’s fort in sausendem Galop,
Sont partis au grand galop, Daß Ros und Reiter schnoben,
Cavalier et Cheval en un souffle, Und Kies und Funken stoben.
Et le gravier a volé en éclat.
*
Wie flog, was rund der Mond beschien,
Comment a volé ce que la lune faisait briller, Wie flog es in die Ferne!
Comment tout ça a volé de tous côtés ? Wie flogen oben über hin
Ils survolent le sommet Der Himmel und die Sterne! –
Du ciel et des étoiles! – « Graut Liebchen auch? – – Der Mond scheint hell! « As-tu peur, aussi ? – Vois comme la lune brille ! Hurrah! die Todten reiten schnell! Hourra ! Comme les morts vont vite ! Graut Liebchen auch vor Todten? » – Es-tu effrayée par les morts ? « – « O weh! Las ruhn die Todten! » –
« O malheur ! que les morts reposent en paix ! »
*
« Rapp’! Rapp’! Mich dünkt der Hahn schon ruft. –
« Rapp ! Rapp ! Je pense que le coq chante déjà. – Bald wird der Sand verrinnen – Bientôt le sablier ne s’écoulera plus – Rapp’! Rapp’! Ich wittre Morgenluft – Rapp ! Rapp ! Je sens déjà l’air du petit matin – Rapp’! Tumle dich von hinnen! – Rapp ! Sois alerte, mon destrier ! – Volbracht, volbracht ist unser Lauf! Voici qu’elle s’achève ! Elle s’achève notre course ! Das Hochzeitbette thut sich auf! Le lit nuptial s’ouvre ! Die Todten reiten schnelle! Comme les morts marchent vite ! Wir sind, wir sind zur Stelle.“ – Nous sommes ! nous sommes là ! »-
*
Rasch auf ein eisern Gitterthor
Rapide, ils se retrouvent devant une porte de fer Ging’s mit verhängtem Zügel.
Le cavalier donne un coup de rênes. Mit schwanker Gert’ ein Schlag davor
Frappant d’un léger coup, Zersprengte Schlos und Riegel.
Les serrures et les battants se cassent aussitôt. Die Flügel flogen klirrend auf, Ils repartent en un coup d’ailes, Und über Gräber ging der Lauf. Et au-dessus des tombes se porte la course. Es blinkten Leichensteine Ils se trouvent là des pierres tombales qu’illuminent Rund um im Mondenscheine. Les rayons lumineux de la lune.
*
Ha sieh! Ha sieh! im Augenblik,
Ah ! Regardez ! Regardez ! en une fraction de seconde, Huhu! ein gräslich Wunder!
Hou ! hou! un grand miracle ! Des Reiters Koller, Stük für Stük,
La cape du cavalier, pièce après pièce, Fiel ab, wie mürber Zunder.
Se détache comme de l’amadou brûlé. Zum Schädel, ohne Zopf und Schopf,
Son crâne, sans tresse et sans cheveux, Zum nakten Schädel ward sein Kopf;
Sa tête n’était plus qu’un crâne nu ; Sein Körper zum Gerippe,
Son corps, un squelette, Mit Stundenglas und Hippe.
Avec sablier et faux.
*
Hoch bäumte sich, wild schnob der Rapp’,
Se cabrant fortement , la monture souffla sauvagement, Und sprühte Feuerfunken;
Et des étincelles sortent de ses naseaux ; Und hui! war’s unter ihr hinab
Et huiiii ! En un clin d’œil Verschwunden und versunken.
Disparu et se perdit au loin. Geheul! Geheul aus hoher Luft,
Houuuuu ! Des hurlement fendaient les airs, Gewinsel kam aus tiefer Gruft.
Des pleurs venaient d’une profonde crypte. Lenorens Herz, mit Beben,
Le cœur de Lénore, tremblant, Rang zwischen Tod und Leben.
Chavirait entre la vie et la mort.
*
Nun tanzten wol bei Mondenglanz,
Dansant au clair de lune, Rund um herum im Kreise,
En cercle tout autour d’elle, Die Geister einen Kettentanz,
Les esprits se mirent à chanter, Und heulten diese Weise:
Et crièrent ainsi : « Gedult! Gedult! Wenn’s Herz auch bricht! « Patience ! Patience ! Même si tu as le cœur brisé ! Mit Gott im Himmel hadre nicht! Avec Dieu dans le Ciel, il ne faut pas perdre patience ! « Des Leibes bist du ledig; Tu es délivrée de ton corps ; Gott sey der Seele gnädig! » Que Dieu aie pitié de ton âme !
Entstehungsdatum – 1773 Ecrit en 1773
Erscheinungsdatum – 1778 Publié en 1778
***********************
Les 112 premiers vers
*************
Lenore fuhr um’s Morgenrot Lénore échappe, avec la venue de l’aube, Empor aus schweren Träumen:
Au convoi de ces pesants rêves : „Bist untreu, Wilhelm, oder todt?
« Es-tu infidèle, Wilhelm, ou mort ? Wie lange wilst du säumen?“ – T’absenteras-tu longtemps ? « – Er war mit König Friedrichs Macht
Il est parti, avec les troupes du roi Frédéric, Gezogen in die Prager Schlacht,
Combattre à la bataille de Prague, Und hatte nicht geschrieben:
Et n’a rien écrit depuis ce temps : Ob er gesund geblieben.
Est-il encore vivant ?
*
Der König und die Kaiserin,
Le Roi et l’Impératrice, Des langen Haders müde,
Fatigués par ces interminables combats, Erweichten ihren harten Sin,
Souhaitant adoucir leur lourd péché, Und machten endlich Friede;
Finalement acceptèrent la paix ; Und jedes Heer, mit Sing und Sang,
Et toutes les armées, en grandes fanfares, Mit Paukenschlag und Kling und Klang,
Et puissantes musiques, Geschmükt mit grünen Reisern,
Épicées et fleuries, Zog heim zu seinen Häusern.
Retournèrent dans leurs pénates.
*
Und überal al überal,
Et tout le long, continuellement, Auf Wegen und auf Stegen,
Sur les chemins et sur les passerelles, Zog Alt und Jung dem Jubelschall
Les vieux comme les jeunes les acclamaient Der Kommenden entgegen.
Et venaient à leur rencontre. Gottlob! rief Kind und Gattin laut,
« Dieu merci ! » disait l’enfant et priait la femme, Wilkommen! manche frohe Braut.
« Bienvenue ! » ajoutait l’heureuse mariée. Ach! aber für Lenoren
Hélas ! pour Lénore War Grus und Kus verloren.
Toujours dans attente de doux baisers.
*
Sie frug den Zug wol auf und ab,
Elle le réclame en remontant le flot des régiments, Und frug nach allen Namen;
Elle les interroge impatiemment ; Doch keiner war, der Kundschaft gab,
Mais personne n’a de nouvelles, Von allen, so da kamen.
Elle n’obtient rien de plus finalement. Als nun das Heer vorüber war,
Quand l’armée repart, Zerraufte sie ihr Rabenhaar,
Elle se tire les cheveux, Und warf sich hin zur Erde,
Et se jette à terre, Mit wütiger Geberde.
Avec une terrible colère.
*
Die Mutter lief wol hin zu ihr: –
Sa mère est venue la voir : « Ach, daß sich Gott erbarme!
« Ah, Dieu ! Aie pitié ! Du trautes Kind, was ist mit dir? » – Ma pauvre chérie, qu’as-tu donc ? « – Und schloß sie in die Arme. –
Et elle l’embrassa. –
« O Mutter, Mutter! hin ist hin!
« Oh mère, mère ! il n’y a plus d’espoir ! Nun fahre Welt und alles hin! Que le monde et tout le reste s’écroulent ! Bei Gott ist kein Erbarmen. Dieu n’a aucune pitié ! O weh, o weh mir Armen! »– Hélas, hélas, malheur à moi ! « –
*
« Hilf Gott, hilf! Sieh uns gnädig an!
« Dieu aide-nous ! Rends-nous grâce ! Kind, bet’ ein Vaterunser! Mon enfant, prie le Seigneur ! Was Gott thut, das ist wolgethan. Ce que Dieu fait est toujours bien fait. Gott, Gott erbarmt sich Unser! »- Dieu, Dieu ait pitié de nous ! « – « O Mutter, Mutter! Eitler Wahn! « Oh mère, mère ! Quelle vaine illusion ! Gott hat an mir nicht wolgethan! Dieu ne voulait pas de moi ! Was half, was half mein Beten? A quoi mes prières ont-elles aidé ? Nun ist’s nicht mehr vonnöten. » – Maintenant, elles ne sont plus nécessaires ! « –
*
« Hilf Gott, hilf! wer den Vater kent,
« Dieu aide-nous! qui connaît le Père, Der weis, er hilft den Kindern. Sait qu’il aide ses enfants. Das hochgelobte Sakrament Le saint Sacrement Wird deinen Jammer lindern.“ – Va soulager ton malheur. « – « O Mutter, Mutter! was mich brent, « Oh mère ! mère ! ce que je regrette Das lindert mir kein Sakrament! C’est que tout sacrement est impuissant ! Kein Sakrament mag Leben Aucun sacrement n’apporte la vie Den Todten wiedergeben.“ – A ceux qui sont morts ! « –
*
« Hör, Kind! wie, wenn der falsche Man,
« Écoute, mon enfant ! peut-être le mauvais homme, Im fernen Ungerlande, Dans une lointain contrée, Sich seines Glaubens abgethan, A abandonné sa foi, Zum neuen Ehebande? Pour un nouveau lien de mariage ? Las fahren, Kind, sein Herz dahin! Va, mon enfant, son coeur est ailleurs ! Er hat es nimmermehr Gewin! Il n’y gagnera rien ! Wann Seel’ und Leib sich trennen, Quand l’âme et le corps se sépareront, Wird ihn sein Meineid brennen.“ – Il brûlera alors ! « –
*
« O Mutter, Mutter! Hin ist hin!
« Oh mère ! mère ! Verloren ist verloren! Ce qui est perdu est perdu ! Der Tod, der Tod ist mein Gewin! La mort, la mort est mon seul gain ! O wär’ ich nie geboren! – Oh, si je n’étais pas né ! – Lisch aus, mein Licht, auf ewig aus! Eteins-toi, Ô ma lumière, pour toujours ! Stirb hin, stirb hin in Nacht und Graus! Meurs, meurs dans la nuit et dans l’horreur ! Bei Gott ist kein Erbarmen. Dieu n’a aucune pitié ! O weh, o weh mir Armen! »– Hélas, hélas, malheur à moi, pauvre de moi ! « –
*
« Hilf Gott, hilf! Geh nicht ins Gericht « Aidez-nous, Ô Dieu, aidez-nous ! Ne jugez pas Mit deinem armen Kinde! Ma pauvre enfant ! Sie weis nicht, was die Zunge spricht. Elle ne sait pas ce que dit sa langue ! Behalt ihr nicht die Sünde! Ne regardez pas ça comme un péché ! Ach, Kind, vergis dein irdisch Leid, Ah mon enfant, oublie ta souffrance terrestre, Und denk an Gott und Seligkeit! Et pense à Dieu et au salut ! So wird doch deiner Seelen Ton âme choisira Der Bräutigam nicht felen. » – Un époux dans l’au-delà ! « –
*
« O Mutter! Was ist Seligkeit?
« O mère, qu’est-ce que le bonheur ? O Mutter! Was ist Hölle? O mère ! Qu’est-ce que l’enfer ? Bei ihm, bei ihm ist Seligkeit, Avec lui, avec lui : voici la félicité, Und ohne Wilhelm Hölle! – Et l’enfer se trouve sans Wilhelm ! – Lisch aus, mein Licht, auf ewig aus! Éteins-toi, ma lumière, pour toujours ! Stirb hin, stirb hin in Nacht und Graus! Meurs, meurs dans la nuit et dans l’horreur ! Ohn’ ihn mag ich auf Erden, Sans lui, sur terre, Mag dort nicht selig werden. »– Rien ne peut être sauvé. « –
*
So wütete Verzweifelung
Alors le désespoir rageur Ihr in Gehirn und Adern.
Gonflait dans son cerveau et ses veines. Sie fuhr mit Gottes Fürsehung
Elle blâmait la providence de Dieu, Vermessen fort zu hadern;
Ne cherchant qu’à se quereller; Zerschlug den Busen, und zerrang
Elle se frappa le sein, jusqu’à se meurtrit Die Hand, bis Sonnenuntergang,
La main, jusqu’au coucher du soleil, Bis auf am Himmelsbogen
Jusqu’à ce que sur l’arche du ciel Die goldnen Sterne zogen.
Volent les étoiles dorées.
*
Und aussen, horch! ging’s trap trap trap,
Et dehors, écoute ! Qu’est ce « trap, trap, trap », Als wie von Rosseshufen;
On dirait des bruits de sabots de chevaux ; Und klirrend stieg ein Reiter ab,
Et ce tintement, n’est-ce pas un cavalier qui descend, An des Geländers Stufen;
Les marches de la balustrade ; Und horch! und horch! den Pfortenring
Et écoutez ! et écoutez ! l’anneau de porte Ganz lose, leise, klinglingling!
Doucement, calmement, « klinglingling » ! Dann kamen durch die Pforte
Puis sont arrivés à travers la porte Vernemlich diese Worte:
Les mots que voici :
*
« Holla, Holla! Thu auf, mein Kind! « Holà ! Holà ! ouvre, mon enfant ! Schläfst, Liebchen, oder wachst du? Dors-tu, ma chérie, ou es-tu éveillé ? Wie bist noch gegen mich gesint? Pour qui chantes-tu ? Und weinest oder lachst du? » – Pleures-tu ou ris-tu ? « – « Ach, Wilhelm, du? – – So spät bei Nacht? – – « Ah ! Wilhelm, c’est toi ? – – Si tard dans la nuit ? – Geweinet hab’ ich und gewacht; J’ai attendu si longtemps ; Ach, grosses Leid erlitten! Ah ! j’ai tant souffert ! J’ai tant de chagrin ! Wo komst du hergeritten? » – Mais d’où viens-tu ? « –