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MONUMENT A AMPERE de Charles Textor – PLACE AMPERE LYON & 2 Sphinges de Charles-Eugène Breton

MONUMENT A AMPERE
PLACE AMPERE
FRANCE – LYON

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Photo Jacky Lavauzelle Monument à Ampère

 


 PHOTOS JACKY LAVAUZELLE

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 Ampère Monument à Ampère

LYON

MONUMENT A AMPERE
de Charles Textor

DEUX SPHINGES
par
Charles-Eugène Breton
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8 OCTOBRE 1888
PLACE AMPERE

Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle
Place Ampère de Lyon


Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle

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Charles TEXTOR
Sculpteur d’Ampère
Né à Lyon 1835-Mort à Lyon 1905
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Charles-Eugène BRETON
Sculpteur des deux Sphinges
( – 1968)

Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle
Sphinge de Charles-Eugène BRETON
Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle
Sphinge de Charles-Eugène BRETON

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André-Marie AMPERE
Scientifique et philosophe
Né à Lyon le – Mort à Marseille le

Monument à Ampère
Ampère par Ambroise Tardieu – 1825 – Gravure

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Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle

Le Monument à Ampère
LYON

Sphinge Monument à Ampère Photo Jacky Lavauzelle

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UNE MEMOIRE PRECOCE  EXTRAORDINAIRE

André-Marie Ampère naquit à Lyon, sur la paroisse de Saint-Nizier, le 22 janvier 1775, de Jean-Jacques Ampère, négociant, et de Jeanne-Antoinette Sarcey de Sutières.

Jean-Jacques Ampère était instruit et fort estimé. Sa femme avait, elle aussi, conquis l’affection générale par une inaltérable douceur de caractère, par une bienfaisance qui cherchait avec avidité les occasions de s’exercer. Peu de temps après la naissance de leur fils, M. et Mme Ampère quittèrent le commerce et se retirèrent dans une petite propriété située à Poleymieux-lez-Mont-d’Or, près de Lyon. Ainsi, c’est à Poleymieux, dans un obscur village, sans les excitations d’aucun maître, que commencèrent à poindre, je me trompe, que surgirent les hautes facultés intellectuelles dont j’ai à dérouler devant vous les brillantes phases.
La faculté qui, chez Ampère, se développa la première, fut celle du calcul arithmétique. Avant même de connaître les chiffres et de savoir les tracer, il faisait de longues opérations, à l’aide d’un nombre très-borné de petits cailloux ou de haricots.

La nature avait doué Ampère, à un degré éminent, de la faculté dont Platon n’a rien dit de trop en l’appelant une grande et puissante déesse. Aussi, l’ouvrage colossal se grava-t-il tout entier et profondément dans l’esprit de notre ami ; aussi, chacun de nous a-t-il pu voir le membre de l’Académie des sciences, déjà parvenu à un âge assez avancé, citer, avec une parfaite exactitude, jusqu’à de longs passages de l’Encyclopédie, relatifs au blason, à la fauconnerie, etc., qui, un demi-siècle auparavant, avaient passé sous ses yeux au milieu des rochers de Poleymieux. Ces mystères d’une prodigieuse mémoire m’étonnent mille fois moins cependant que la force, unie à la flexibilité, que suppose une intelligence capable de s’assimiler, sans confusion et d’après une lecture par ordre alphabétique, les matières si étonnamment variées qui figurent dans le grand Dictionnaire de d’Alembert et de Diderot. Que l’on consente à parcourir avec moi les premières pages de l’Encyclopédie : je dis les premières pages, car je veux bien ne pas choisir, et mon admiration n’aura plus rien alors que de très-naturel.

François Arago
Ampère
Œuvres complètes de François Arago
secrétaire perpétuel de l’académie des sciences

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LA MYOPIE D’AMPERE

Ampère était très-myope. Les objets, même peu éloignés, ne s’offraient à ses yeux que par masses à moitié confondues et sans contours définis. Il ne se faisait aucune idée du plaisir qu’à diverses époques des centaines de personnes avaient manifesté devant lui, en descendant la Saône, entre Laneuville et Lyon. Un jour, il se trouva, par hasard, sur le coche, un voyageur d’un myopisme pareil à celui d’Ampère. Ses lunettes étaient du numéro que notre ami eût choisi chez un opticien. Il en essaya, et, tout à coup, la nature s’offrit à lui sous un aspect inattendu, et les mots : campagnes riantes, pittoresques ; collines gracieuses, doucement ondulées ; tons riches, chauds, harmonieusement nuancés, parlèrent pour la première fois à son imagination, et un torrent de larmes témoigna de l’émotion qu’il éprouvait. Notre confrère avait alors dix-huit ans. Depuis cette époque, Ampère se montra toujours très-sensible aux beautés de la nature. J’ai même appris qu’en 1812, dans un voyage sur les frontières méditerranéennes de l’Italie, la vue d’un site qu’on aperçoit de certains points de la célèbre Corniche de la rivière de Gênes, jeta notre ami dans une telle admiration, dans une telle extase, qu’il se sentit saisi du désir le plus violent de mourir à l’instant même, en présence de ce tableau sublime. S’il fallait montrer combien de telles impressions étaient profondes, à quel point Ampère savait les jeter au milieu des scènes vulgaires qu’il voulait embellir, j’en trouverais la plus singulière preuve dans une lettre du 24 janvier 1819.

François Arago
Ampère
Œuvres complètes de François Arago
secrétaire perpétuel de l’académie des sciences

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COMPOSITIONS POÉTIQUES D’AMPÈRE

Ampère avait composé, pendant sa première jeunesse, une tragédie sur la mort d’Annibal, dans laquelle on remarquait de très-bons vers et les plus nobles sentiments. J’ajouterai que, pendant son séjour dans le chef-lieu du département de l’Ain, les sciences n’absorbaient pas tellement toutes les pensées d’Ampère, qu’il ne trouvât le temps de cultiver les lettres et même la poésie légère. Témoin une épître que notre savant confrère, M. Isidore Geoffroy, m’a tout récemment apportée de Bourg, dont il fut donné lecture, le 26 germinal an XI, à la Société d’Émulation de l’Ain, et qui commence ainsi :
Vous voulez donc, belle Émilie,
Que de Gresset ou d’Hamilton
Dérobant le léger crayon,
J’aille chercher dans ma folie,
Sur les rosiers de l’Hélicon,
S’il reste encor quelque bouton
De tant de fleurs qu’ils ont cueillies :
Souvent mes tendres rêveries, etc.

Je ne sais si la belle Émilie n’était pas un de ces êtres imaginaires sur lesquels les poètes jettent à pleines mains toutes les perfections qu’ils ont rêvées ; mais aucun des amis d’Ampère n’ignore que la femme éminemment belle, bonne et distinguée qui unit sa destinée à la sienne, avait, elle aussi, excité sa muse ; plusieurs se rappelleront une pièce dont le début surtout a été remarqué :

Que j’aime à m’égarer dans ces routes fleuries,
Où je t’ai vue errer sous un dais de lilas ;
Que j’aime à répéter aux nymphes attendries,
Sur l’herbe où tu t’assis, les vers que tu chantas…

François Arago
Ampère
Œuvres complètes de François Arago
secrétaire perpétuel de l’académie des sciences

Timbre commémorant le centenaire d’André-Marie Ampère en 1936

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Photo Jacky Lavauzelle Le Monument à Ampère

SECURITE ROUTIERE 2018 : la fin des clignotants ?

 

SECURITE ROUTIERE




2018 : la fin des clignotants ?

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A LA VITESSE D’UNE PANDEMIE
A quoi peut donc servir ces clignotants que de plus en plus d’automobilistes n’utilisent plus, y compris nos policiers. Le phénomène s’accélère si vite qu’il y a urgence en matière de sécurité. A la vitesse d’une pandémie. Dans ce sens, les habitudes s’acquièrent plus vite.
Si rien n’est fait, cette obligation légale deviendra une option pour le conducteur.

LE CAÏMAN AVANT L’ATTAQUE
Il s’agit plus qu’un détail. Mais d’un profond trait d’égoïsme et un coup de canif dans notre vivre ensemble. Il ne s’agit pas que d’une obligation centenaire, anachronique dans notre monde de vitesse. Notre système capitaliste valorise l’individu, le résultat rapide, l’égoïsme. A quoi bon perdre une seconde pour prévenir les autres véhicules de nos intentions. Il faut s’avoir se camoufler comme le caïman avant son attaque.

LE DETAIL & LA DISCIPLINE
Le diable se cache dans les détails. Mais si détail il s’agit, je préfère reprendre le vieux sens militaire de ce mot, aujourd’hui oublié : « se dit dans l’Art militaire, de tout ce qui concerne l’ordre & la police des tems. Ainsi le détail d’une armée ou d’un corps de troupe comprend tout ce qui appartient aux régimens & à la discipline qu’on doit y observer. » (Diderot, Le Blond, Mallet – L’Encyclopédie, 1re éd. – 1751 -Tome 4, p. 900). Nous sommes bien dans la discipline, nous dirions plutôt les règles aujourd’hui, à suivre. Les petits détails participent à notre fluidité. Mieux à notre survie.

VOS PAPIERS !
La vie et le respect de l’autre ne sont sûrement pas un détail. Si le citoyen est de moins en moins capable d’en comprendre la nécessité, que l’Etat, et les moyens de contrôles qui vont avec, s’en charge. Sinon, le clignotant sera un vieux souvenir et comme pour beaucoup d’éléments le nombre de morts et d’accidentés continuera à croître.
« Pour bien juger, il faut conclure,  Même sur les thèses du ciel, Il faut discerner, puis exclure, Le détail de l’essentiel. » (Hippolyte Rodrigues – Midraschim et fabliaux -Imprimerie Vve P. Larousse et Cie, 1880 -pp. 67-69)




DES LIMITES DE L’ESPRIT
Depuis les années 50, les flèches de direction sont rendues obligatoires sur tous les véhicules et, depuis, bien des progrès techniques ont été réalisés. Cependant…

Le progrès technologique a trouvé sa limite dans l’esprit humain.

ET LA LOI ? QU’EST-CE QU’ELLE DIT LA LOI ? M’ENFIN !
« Tout conducteur qui s’apprête à apporter un changement dans la direction de son véhicule ou à en ralentir l’allure doit avertir de son intention les autres usagers, notamment lorsqu’il va se porter à gauche, traverser la chaussée, ou lorsque, après un arrêt ou stationnement, il veut reprendre sa place dans le courant de la circulation.» (art. R412-10 Code de la Route- Actualisation du 2 avril 2003) – Mais aucun contrôle sur aucune route ne vient verbaliser les infractions. A l’image des téléphones portables, des STOP non respectés, etc.
Moins il y a de contrôles policiers ou de gendarmerie, moins les conducteurs appliquent les règles. Les règles ne s’appliquent que s’il y a de grandes probabilités d’avoir une amende : radar de feux ou radar de vitesse. Et encore, avec ce dernier, il s’agit plutôt de savoir comment arriver à la bonne vitesse au bon moment et à ré-accélérer juste après.

SURFING THE DEATH
Sans la peur du gendarme, bien sûr, le conducteur ne respecte plus les règles, mais au-delà des codes, il ne respecte plus les autres. A quoi bon signaler mon changement de direction, je sais où je vais ; peu importe ceux qui sont derrières, peu importe les risques, je surfe sur la mort, celles des autres, la mienne.

MAIS QUE FAIT L’ETAT ? ou Y A-T-IL ENCORE UN ETAT ?
Dans le cas des clignotants, il faudrait créer un radar dans les lieux où les changements de direction sont incontournables, du genre rond point, sortie de rocade ou embranchements. Mais que fait l’Etat ?

Il ne s’agit pas de respecter une obligation par la peur du gendarme, ni de respecter une tradition ou un usage. Comme le soulignait Guy de Maupassant dans ses Chroniques de 1881 : « Les traditions, – C’est-à-dire ce que nous ont laissé l’ignorance la plus grande, l’étroitesse d’esprit, les préjugés et la sottise de nos ancêtres. » (Le Respect – Les Chroniques – Le Gaulois – 22 avril 1881)



DE LA FRAGILITE DE L’EXISTENCE
Il s’agit de respect l’autre et la vie. Rien que ça. Et ça passe par cette petite lumière qui se coupe et s’allume alternativement, comme pour signaler la fragilité de l’existence.

CHACUN MEPRISE L’AUTRE
Car comme le dit encore Guy de Maupassant dans le même article que celui cité plus haut : « Chacun respecte sa propre opinion, et méprise infiniment celle des autres. » Et si rien n’est fait pour qu’enfin les règles simples de la sécurité routière soient une réalité, on pourra paraphraser Maupassant et dire : « Chacun maintenant respecte sa propre direction et méprise infiniment celle des autres. »

GOUJAT ! CUISTRE ! GREDIN !
Il ne s’agit pas seulement « d’être considéré comme un goujat, ou comme un gredin, ou simplement comme un cuistre. » mais plutôt un inconscient/conscient criminel en puissance.

Maupassant dit en préambule sur le respect : « Le respect est l’hommage dont nous devrions être le plus avares ; c’est au contraire celui que nous prodiguons le plus. Nous respectons à tort et à travers, sans mesure, sans raison, confondant le respect avec la platitude. »

Et là où il est question de vie, il ne peut y avoir de platitude.



LE GROS VS LE PETIT
Sinon, le respect des autres deviendra la loi de la jungle et du plus fort. Nous nous arrêterons devant le véhicule le plus gros, le plus lourd, le plus puissant. Le petit s’inclinera devant le gros. Nous reviendrons à l’usage qu’avait le mot respect pour nos premiers encyclopédistes :  » le respect est l’aveu de la supériorité de quelqu’un : si la supériorité du rang suivoit toujours celle du mérite, ou qu’on n’eût pas prescrit des marques extérieures de respect, son objet seroit personnel, comme celui de l’estime, & il a dû l’être originairement de quelque nature qu’ait été le mérite de mode. » (Jaucourt – L’Encyclopédie, 1re édition – 1751 -Tome 14, p. 181).

 

 

LA COROGNE – A CORUÑA – 科伦纳 – コラナ – Corunna

Galice – GaliciaGaliza
a-coruna-la-corogne-artgitato-espagne-espana

LA COROGNE
A Coruña
科伦纳
コラナ
Corunna
——

Photos Jacky Lavauzelle
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  LA COROGNE
A Coruña
コラナ
Corunna
科伦纳

LA COROGNE – A CORUÑA

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Ánimas
Monumento dedicado a la Virgen del Carmen

Monument dédié à la Vierge du Carmen

la-virgen-del-carmen-a-coruna-la-vierge-du-carmen-la-corogne-artgitato-3para consuelo del pueblo sufrido
pour consoler ceux qui souffrent

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Acisclo Manzano
Homenaje a Balmis
Hommage à Balmis
2003
acisclo-manzano-homenaje-a-balmis-hommage-a-balmis-a-coruna-2003-artgitato

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Puerto de La Coruña
Le Port de La Corogne

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paseo-maritimo-alcalde-francisco-vazquez-a-coruna-la-corogne-artgitato
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Praza do Humor

LA COROGNE – A CORUÑA

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DEFINITION DE LA COROGNE
DANS
LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE
DE 1751

COROGNE (la), Géogr. mod. ville maritime d’Espagne, en Galice, avec un port très-commode. Long. 9. 20. lat. 43. 20.

L’Encyclopédie, 1re éd.
1751
Tome 4
p. 259

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ARBRE
de Guillaume Apollinaire
(extrait)

Elle pousse entre les bouleaux de la Finlande

Ce beau nègre en acier

La plus grande tristesse
C’est quand tu reçus une carte postale de La Corogne

Le vent vient du couchant
Le métal des caroubiers
Tout est plus triste qu’autrefois
Tous les dieux terrestres vieillissent
L’univers se plaint par ta voix
Et des êtres nouveaux surgissent
Trois par trois

Guillaume Apollinaire
Arbre
Calligrammes
Poèmes de la paix et de la guerre
1913-1916
NRF, 1918
pp. 32-34

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LES MOUSQUETAIRES
&
LA COROGNE

Tout l’équipage faisait silence.

Cinq minutes après, le commandant appela le lieutenant en second, qui remonta aussitôt, en ordonnant de mettre le cap sur la Corogne.

Pendant qu’on exécutait l’ordre donné, Aramis reparut sur le pont et vint s’asseoir contre le bastingage.

La nuit était arrivée, la lune n’était point encore venue, et cependant Aramis regardait opiniâtrement du côté de Belle-Isle. Yves s’approcha alors du commandant, qui était revenu prendre son poste à l’arrière, et, bien bas, bien humblement :

— Quelle route suivons-nous donc, capitaine ? demanda-t-il.

— Nous suivons la route qu’il plaît à Monseigneur, répondit l’officier.

Aramis passa la nuit accoudé sur le bastingage.

Yves, en s’approchant de lui, remarqua, le lendemain, que cette nuit avait dû être bien humide, car le bois sur lequel s’était appuyée la tête de l’évêque était trempé comme d’une rosée.

Qui sait ! cette rosée, c’était peut-être les premières larmes qui fussent tombées des yeux d’Aramis !

Quelle épitaphe eût valu celle-là, bon Porthos ?

Alexandre Dumas
Le Vicomte de Bragelonne
Michel Lévy frères
1876
pp. 782-784

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 LA COROGNE
dans
Les Fragments des mémoires
du colonel Vigo-Roussillon

La Guerre d’Espagne
1891

Le 21 décembre, la division partit de nuit, et fut bivouaquer, avec la garde impériale, près du village de Las-Rosas. On disait que l’empereur avait appris que les Anglais, qui, depuis la convention de Cintra, occupaient Lisbonne, avaient reçu des renforts importans ; que d’autres débarquemens avaient eu lieu à l’embouchure du Mondégo et à la Corogne ; que ces détachemens réunis avaient formé une armée anglaise de plus de 30,000 hommes, servant de réserve aux insurrections portugaise et espagnole ; qu’elle avait rallié les troupes battues et s’avançait avec elles en Espagne.

Le 27, marchant sur Benavente, nous passâmes le Duero à Tordesillas. Le 31 décembre, à Castrogonzalès, notre avant-garde atteignit l’arriôre-garde des Anglais, que nous suivions depuis plusieurs jours et qui se dirigeaient vers la Corogne, dans l’espoir de s’y rembarquer. Cinq cents chasseurs à cheval de la garde impériale, qui avaient passé l’Elza à la nage, furent surpris par 3,000 hommes de cavalerie anglaise. Ils durent revenir par le même chemin après avoir été assez maltraités. Leur colonel, M. Lefebvre-Desnouettes, fut fait prisonnier, par les Anglais, dans cette échauffourée.

Les Anglais avaient espéré surprendre, à Burgos, le 24 décembre, le corps du maréchal Soult, qu’ils savaient isolé. C’était un appât que leur avait tendu l’empereur et auquel ils avaient mordu. Mais ils avaient appris, vingt-quatre heures trop tôt, l’approche de l’empereur avec les corps du maréchal Ney et la garde. Les Anglais s’étaient arrêtés tout court, le 24, à Carrion, et ils avaient commencé le lendemain, vers la Corogne, une retraite que leurs habitudes et la nature du pays ne leur permettaient que d’effectuer très lentement.

On sait que le maréchal Soult laissa échapper les Anglais. Cependant l’empereur avait augmenté son corps de celui de Junot et avait mis à sa disposition le corps du maréchal Ney. Soult poursuivait ainsi 20,000 Anglais, déjà dans le plus grand désordre, avec 30,000 Français excellens. L’armée de sir John Moore courait les plus grands dangers, puisqu’elle arriva à la Corogne plusieurs jours avant la flotte qui devait la recueillir. Le maréchal Soult avait perdu trois jours à Lugo, quatre jours devant la Corogne, sans oser attaquer les Anglais. Ils s’échappèrent.

….

Le maréchal Soult marchait de Vigo sur Oporto. Le général Moore, tué à la Corogne, avait été remplacé dans le commandement des troupes anglaises, en Portugal, par sir Arthur Wellesley (depuis lord Wellington). Ce nouveau général avait organisé une armée anglo-portugaise, rallié les armées espagnoles, et remontait la vallée du Tage.

Anonyme
La Guerre d’Espagne
Fragments des mémoires du colonel Vigo-Roussillon
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 106
1891
pp. 127-157

Luis de Camões : Vie & Œuvre – Poèmes – Les Lusiades – Os Lusiadas – Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE PORTUGAISE

literatura português

Luis de Camões
[1525-1580]
Tradução – Traduction Jacky Lavauzelle
texto bilingue

Luis de Camoes Les Lusiades

Œuvre de

Luis de Camões
Obras de Luis de Camões

 Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato
Photo
Jacky Lavauzelle
Tableau de Luis de Camoes par François Gérard

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Poèmes

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Amor é fogo que arde sem se ver
LAmour, ce feu qui ardemment nous brûle sans aucune flamme

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LES SONNETS DE LUIS DE CAMÕES
os sonetos de Luís de Camões

sonnet-ix-luis-de-camoes-soneto-ix-artgitato

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OS LUSIADAS
1556

A Epopeia Portuguesa


LES LUSIADES

CHANT I
Canto Primeiro
106 Versets

*

CHANT II
Canto Segundo

113 Versets

*

CHANT III
Canto Terceiro

VERSET 1 à VERSET 94

*

CHANT III
Canto Terceiro

VERSET 95 à VERSET 143

Traduction Jacky Lavauzelle

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CHANT IV
CANTO IV

VERSET 1 A VERSET 104

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CHANT V
CANTO V

VERSET 1 A VERSET 100

**

CHANT VI
Canto Sexto

VERSET 1 à VERSET 99

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Sur Luis de Camões

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LA VIE DE LUIS DE CAMÕES
par CHARLES MAGNIN
en 1832

La REVUE DES DEUX MONDES

La Vie de Luis de Camoes par CHARLES MAGNIN Artgitato1832

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À Camoëns
Poème d’Achille Millien

Tout peuple a ses grands jours que burine l’Histoire,
Soit qu’après la bataille il fête la victoire,

Achille Millien par Paul Adolphe Rajon Artgitato Oeuvres et Poèmes

***********

Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS

Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.

Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.

On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573

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SONNET de Sainte-Beuve

IMITÉ DE WORDSWORTH

Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;

Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;

Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :

Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.

Charles Augustin Sainte-Beuve
Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme
Poésies de Sainte-Beuve
 Michel Lévy frères, 1863
p. 136

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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne


Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
—Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.

Jules Verne
LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
Chapitre XV
Hetzel, 1868
pp. 106-114

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Vie & Œuvre
de
Luis de Camões

 

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Sur Luis de Camões

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LA VIE DE LUIS DE CAMÕES
par CHARLES MAGNIN
en 1832

La REVUE DES DEUX MONDES

La Vie de Luis de Camoes par CHARLES MAGNIN Artgitato1832

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À Camoëns
Poème d’Achille Millien

Tout peuple a ses grands jours que burine l’Histoire,
Soit qu’après la bataille il fête la victoire,

Achille Millien par Paul Adolphe Rajon Artgitato Oeuvres et Poèmes

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Luis de Camões
dans la Première Encyclopédie
LE VIRGILE DES PORTUGAIS

Terminons cet article intéressant de Lisbonne par dire un mot d’Abarbanel, de Govea, de Lobo, & sur-tout du Camoens, dont cette ville est la patrie.

Mais le célebre Camoens a fait un honneur immortel à sa patrie, par son poëme épique de la Luziade. On connoît sa vie & ses malheurs. Né à Lisbonne en 1524 ou environ, il prit le parti des armes, & perdit un œil dans un combat contre les Maures. Il passa aux Indes en 1553, déplut au viceroi par ses discours, & fut exilé. Il partit de Goa, & se réfugia dans un coin de terre déserte, sur les frontieres de la Chine. C’est là qu’il composa son poëme ; le sujet est la découverte d’un nouveau pays, dont il avoit été témoin lui-même. Si l’on n’approuve pas l’érudition déplacée qu’il prodigue dans ce poëme vis-à-vis des Sauvages ; si l’on condamne le mélange qu’il y fait des fables du paganisme, avec les vérités du Christianisme, du-moins ne peut-on s’empêcher d’admirer la fécondité de son imagination, la richesse de ses descriptions, la variété & le coloris de ses images.

On dit qu’il pensa perdre ce fruit de son génie en allant à Macao ; son vaisseau fit naufrage pendant le cours de la navigation ; alors le Camoens, à l’imitation de César, eut la présence d’esprit de conserver son manuscrit, en le tenant d’une main au-dessus de l’eau, tandis qu’il nageoit de l’autre. De retour à Lisbonne en 1569, il y passa dix ans malheureux, & finit sa vie dans un hôpital en 1579. Tel a été le sort du Virgile des Portugais. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie
Première Edition de 1751
Tome 9, pp. 572-573

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SONNET de Sainte-Beuve

IMITÉ DE WORDSWORTH

Ne ris point des sonnets, ô Critique moqueur !
Par amour autrefois en fit le grand Shakespeare ;
C’est sur ce luth heureux que Pétrarque soupire,
Et que le Tasse aux fers soulage un peu son cœur ;

Camoens de son exil abrège la longueur,
Car il chante en sonnets l’amour et son empire ;
Dante aime cette fleur de myrte, et la respire,
Et la mêle au cyprès qui ceint son front vainqueur ;

Spenser, s’en revenant de l’île des féeries,
Exhale en longs sonnets ses tristesses chéries ;
Milton, chantant les siens, ranimait son regard :

Moi, je veux rajeunir le doux sonnet en France ;
Du Bellay, le premier, l’apporta de Florence,
Et l’on en sait plus d’un de notre vieux Ronsard.

Charles Augustin Sainte-Beuve
Vie, Poésies et Pensées de Joseph Delorme
Poésies de Sainte-Beuve
 Michel Lévy frères, 1863
p. 136

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LES LUSIADES
dans les
ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
de Jules Verne


Ceci dit, Paganel fouilla dans ses nombreuses poches ; après quelques minutes de recherches, il en tira un volume en fort mauvais état, et le présenta d’un air assuré. Le major prit le livre et le regarda :
« Eh bien, quel est cet ouvrage ? demanda-t-il.
Ce sont les Lusiades, répondit Paganel, une admirable épopée, qui…
— Les Lusiades ! s’écria Glenarvan.
— Oui, mon ami, les Lusiades du grand Camoëns, ni plus ni moins !
— Camoëns, répéta Glenarvan, mais, malheureux ami, Camoëns est un Portugais ! C’est le portugais que vous apprenez depuis six semaines !
— Camoëns ! Lusiades ! portugais !… »
Paganel ne put pas en dire davantage. Ses yeux se troublèrent sous ses lunettes, tandis qu’un éclat de rire homérique éclatait à ses oreilles, car tous ses compagnons étaient là qui l’entouraient.
Le Patagon ne sourcillait pas ; il attendait patiemment l’explication d’un incident absolument incompréhensible pour lui.

Jules Verne
LES ENFANTS DU CAPITAINE GRANT
Chapitre XV
Hetzel, 1868
pp. 106-114

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Vie & Œuvre de Luis de Camões

 

Alte Brücke Heidelberg – Le Pont-Vieux de Heidelberg – 旧桥海德堡 – Старый мост Гейдельберг

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

Bade-Wurtemberg
Baden-Württemberg


Alte Brücke HEIDELBERG
海德堡
Старый мост Гейдельберг

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Photo Jacky Lavauzelle

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Alte Brücke Heidelberg
Le Pont-Vieux
Le Vieux Pont de Heidelberg
Старый мост Гейдельберг
旧桥海德堡

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (1) Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (2)

Pont en maçonnerie de neuf travées
de 200 m de longueur  Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (3)

Le Neckar – Das Neckar
内卡河
Неккар
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (4)
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (5)

Das Brückentor
Le Pont

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (6) Le blason et les armoiries de Pfalz-Bayern
das Wappen von Pfalz-Bayern

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (7)

4 figures des dieux de la rivière
vier Hauptströme Pfalz-Bayerns
Rhin, le Danube, la Moselle et Neckar
Rhein, Donau, Neckar und Mosel

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (8)

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Karl-Theodor-Denkmal
Mémorial Karl Theodor
10 Dezember 1724 – 16 Februar 1799
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (9)

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Karl TheodorKarl Theodor
Anna Dorothea Therbusch
1763
Reiss-Engelhorn Musées
Mannheim

Friedrich Rottmann Heidelberg vom Neuenheimer Ufer, um 1800Friedrich Rottmann
Heidelberg vom Neuenheimer Ufer
um 1800

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DEFINITION DU NECKAR
PAR LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

NECKER ou NECKAR, (Géog.) les François disent Nècre ; grande riviere d’Allemagne qui en reçoit plusieurs autres dans son cours : elle a sa source dans la Forêt-noire, & se jette dans le Rhin au-dessous de Manheim.

L’Encyclopédie, 1re éd.
1765
Tome 11, p. 69

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Der Neckar
Le Neckar

In deinen Tälern wachte mein Herz mir auf
Dans tes vallées, mon cœur se réveilla
Zum Leben, deine Wellen umspielten mich,
A la vie, tes vagues jouaient tout autour de moi,
Und all der holden Hügel, die dich
Et toutes ces belles collines, qui,
Wanderer! kennen, ist keiner fremd mir.
Voyageur ! te connaissent, ne m’étaient pas étrangères.

Auf ihren Gipfeln löste des Himmels Luft
Sur les cimes, l’air du ciel
Mir oft der Knechtschaft Schmerzen; und aus dem Tal,
M’a souvent allégé la douleur de la servitude ; et dans la vallée,
Wie Leben aus dem Freudebecher,
Comme la vie dans la coupe de joie,
Glänzte die bläuliche Silberwelle.
Brillait l’onde argentée bleuâtre.

Der Berge Quellen eilten hinab zu dir,
Les sources des montagnes se précipitèrent vers toi,
Mit ihnen auch mein Herz und du nahmst uns mit,
Avec elles mon cœur et tu nous guidas,
Zum stillerhabnen Rhein, zu seinen
Vers le paisible Rhin , vers ses
Städten hinunter und lustgen Inseln.
Villes en-deçà et ses îles bienheureuses.

Noch dünkt die Welt mir schön, und das Aug entflieht
Pourtant, le monde me semble beau, et mon regard fuit
Verlangend nach den Reizen der Erde mir,
Avec délectation vers les charmes de la terre,
Zum goldenen Paktol, zu Smyrnas
Vers le pactole d’or, à Smyrne
Ufer, zu Ilions Wald. Auch möcht ich
Sur sa côte, vers la forêt d’Ilion. Aussi je voudrais

Bei Sunium oft landen, den stummen Pfad
Débarquer au Cap Sounion souvent, au chemin silencieux
Nach deinen Säulen fragen, Olympion!
Prendre des nouvelles de tes colonnades, Olympiéion !
Noch eh der Sturmwind und das Alter
Avant la tempêtes et avant l’âge
Hin in den Schutt der Athenertempel
Dans les décombres des temples athéniens

Und ihrer Gottesbilder auch dich begräbt,
Et leurs images de Dieu ne t’enterrent, aussi,
Denn lang schon einsam stehst du, o Stolz der Welt,
Toi dressé-là depuis longtemps déjà, ô orgueil du monde,
Die nicht mehr ist. Und o ihr schönen
Qui n’est plus. Et ô vous, belles
Inseln Ioniens! wo die Meerluft
Îles Ioniennes ! où l’air de la mer

Die heißen Ufer kühlt und den Lorbeerwald
Refroidit les chauds rivages et dans la forêt de lauriers
Durchsäuselt, wenn die Sonne den Weinstock wärmt,
Susurre quand le soleil réchauffe la vigne,
Ach! wo ein goldner Herbst dem armen
Ah ! où un automne doré pour les pauvres
Volk in Gesänge die Seufzer wandelt,
Gens convertit en chant le soupir,

Wenn sein Granatbaum reift, wenn aus grüner Nacht
Quand son grenadier arrive à maturité, quand dans la nuit verte
Die Pomeranze blinkt, und der Mastixbaum
L’orange illumine et le lentisque
Von Harze träuft und Pauk und Cymbel
Pleure sa sève et que tambour et cymbale
Zum labyrinthischen Tanze klingen.
Résonnent pour des danses labyrinthiques.

Zu euch, ihr Inseln! bringt mich vielleicht, zu euch
Vers vous, les îles ! m’amènera peut-être à vous
Mein Schutzgott einst; doch weicht mir aus treuem Sinn
Mon dieu tutélaire ; mais fidèle toujours
Auch da mein Neckar nicht mit seinen
Mon Neckar m’accompagnera avec ses
Lieblichen Wiesen und Uferweiden.
Prairies, pâturages et saules riverains.

Friedrich Hölderlin
Sämtliche Gedichte
1784-1843

Jan Vítězslav Dušek – Výstava v Táboře – Exposition 2016 à Tabor – Выставка в Таборе – 展览泰伯

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
Sculptures Tchèques
Jan Vítězslav Dušek
Sochař J.V.Dušek
Jan Vítezslav Dušek Tabor

 

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Photo Jacky Lavauzelle

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Jan Vítězslav Dušek
1891-1966
Exposition de Tábor
Výstava v Táboře
2016
Exhibition in Tábor
Выставка в Таборе
展览泰伯

ženský akt bez paži
Nue sans bras
Jan Vítězslav Dušek

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ženský akt bez paži

ženský akt – Polopostava
Nue – Buste
Jan Vítězslav Dušek

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ženský akt Polopostava

Zármutek
Douleur
1917
Jan Vítězslav Dušek
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Zármutek Douleur 1917

Poslední brázda
Le dernier sillon

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Poslední brázda Le dernier sillon 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Poslední brázda Le dernier sillon

T.G. Masaryk s dětetem
Mazaryk avec un enfant
(1)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato T.G. Masaryk s detetem Masaryk avec enfant

Lakomství
L’Avarice

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Lakomství L'avarice

Torzo ženy
Torse de femme

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Torzo ženy Torse de femme

Jihočeská stráž – Návrh na Pomník pádlým v Jistebnici
Bronz 1926
Garde Bohème du Sud
Proposition Monument aux Morts de Jistebnice


Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Jihoceská stráž 1926

Obránce lidu
Le défenseur du peuple
diorit – diorite – 1956
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956 3 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956český Betlém
Bethléem tchèque
Jan Vítězslav Dušek
patínovaná sádra
plâtre patiné

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 3 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 1

Jan Amos Komensky
Comenius
1927
patínovaná sádra
plâtre patiné
(2)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Jan Amos Komensky Comenius 1927
Madona s ditětem
Vierge à l’enfant
Jan Vítezslav Dušek Madona s ditetem vierge à l'enfantMistr Jan Hus
(vers 1373 –
sádra – plâtre
1922-1923
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Mistr Jan HusHus a Žižka
Jan Hus et Jan Žižka
bronz, nedatováno
bronze non daté
Jan Žižka
(1370-1424)
Chef de guerre des hussites
(3)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Jan Hus et Jan Zizka

Cepník
sádra – plâtre
nedatováno- non daté
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Cepnik

Jan Žižka
sádra – plâtre
nedatováno- non daté
(3)
Jan Vítezslav Dušek Tabor Jan Zizka

Tábor 1420 – 1920
Jan Vítezslav Dušek Tabor 1420 1920 Artgitato

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(1)
MASARYK
DANS LA REVUE DES DEUX MONDES
EN 1918

« A Prague, naît et s’organise l’État tchéco-slovaque, qui, lui, s’oriente vers la république, avec le docteur Masaryk pour président et le docteur Kramarcz pour premier ministre; sa juridiction s’étend sur les populations tchèques et slovaques de la Bohême, de la Moravie, de la Silésie (couronne d’Autriche) et du Tatra (couronne de Hongrie). Celui-là a déjà l’aspect d’un État régulier : il a ou va avoir un gouvernement; il a l’embryon d’une armée; il a une politique extérieure, il est belligérant. »

Charles BENOIST
Chronique de la quinzaine, histoire politique – 14 novembre 1918
Revue des Deux Mondes, 6e période, tome 48, 1918
pp. 469-480

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(2)
COMENIUS PAR DIDEROT

Voici un homme qui s’est fait un nom au tems où les esprits voulaient ramener tout à la révélation. C’est Jean Amos Comenius. Il naquit en Moravie l’an 1592. Il étudia à Herborn. Sa patrie était alors le théâtre de la guerre. Il perdit ses biens, ses ouvrages & presque sa liberté. Il alla chercher un asile en Pologne. Ce fut-là qu’il publia son Janua linguarum referata, qui fut traduit dans toutes les langues. Cette premiere production fut suivie du Synopsis physicæ ad lumen divinum reformatæ. On l’appela en Suisse & en Angleterre. Il fit ces deux voyages. Le comte d’Oxenstiern le protégea, ce qui ne l’empêcha pas de mener une vie errante & malheureuse. Allant de province en province & de ville en ville, & rencontrant la peine partout, il arriva à Amsterdam. Il aurait pu y demeurer tranquille ; mais il se mit à faire le prophète, & l’on sait bien que ce métier ne s’accorde guère avec le repos. Il annonçait des pertes, des guerres, des malheurs de toute espèce, la fin du monde, qui durait encore, à son grand étonnement, lorsqu’il mourut en 1671. Ce fut un des plus ardents défenseurs de la physique de Moïse. Il ne pouvait souffrir qu’on la décriât, surtout en public & dans les écoles. Cependant il n’était pas ennemi de la liberté de penser. Il disait du chancelier Bacon, qu’il avait trouvé la clef du sanctuaire de la nature ; mais qu’il avait laissé à d’autres le soin d’ouvrir. Il regardait la doctrine d’Aristote comme pernicieuse ; & il n’aurait pas tenu à lui qu’on ne brûlât tous les livres de ce philosophe, parce qu’il n’avait été ni circoncis ni baptisé.

Diderot
L’Encyclopédie, 1re éd.
1751 – Tome 10, pp. 741-745

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(3)
JAN ZIZKA

VI.

Les habitants des villes de Prague s’intitulaient, pour la plupart, Calixtins ; à Rome on les appelait par dérision Hussites clochants, parce qu’ils avaient abandonné Jean Huss en plusieurs choses ; à Tabor on les appelait faux Hussites, parce qu’ils se tenaient à la lettre de Jean Huss et de Wickleff plus qu’à l’esprit de leur prédication. Quant à eux, Calixtins, ils s’intitulaient Hussites purs. En 1420 ils avaient formulé leur doctrine en quatre articles : 1° la communion sous les deux espèces ; 2° la libre prédication de la parole de Dieu ; 3° la punition des péchés publics ; 4° la confiscation des biens du clergé, et l’abrogation de tous ses pouvoirs et privilèges.
Ils envoyèrent une députation à Tabor pour aviser aux moyens de se débarrasser de la reine qui, avec quelques troupes, tenait encore le Petit-Côté de Prague. On a conservé textuellement la réponse des Taborites à cette députation. « Nous vous plaignons de n’avoir pas la liberté de communier sous les deux espèces, parce que vous êtes commandés par deux forteresses. Si vous voulez sincèrement accepter notre secours, nous irons les démolir, nous abolirons le gouvernement monarchique, et nous ferons de la Bohême une république. » Il me semble qu’il ne faut pas commenter longuement cette réponse pour voir que le rétablissement de la coupe n’était pas une vaine subtilité, ni le stupide engouement d’un fanatisme barbare, comme on le croit communément, mais le signe et la formule d’une révolution fondamentale dans la société constituée.
La proposition fut acceptée. Le fort de Wishrad fut emporté d’assaut. De là, commandés par Ziska, les Praguois et les Taborites allèrent assiéger le Petit-Côté. Il y avait peu de temps qu’on faisait usage en Bohême des bombardes. Les assiégés portaient, à l’aide de ces machines de guerre, la terreur dans les rangs des Hussites. Mais les Taborites avaient appris à compter sur leurs bras et sur leur audace. Ils forcèrent le pont qui était défendu par un fort appelé la Maison de Saxe (Saxen Hausen) et posèrent le siège, au milieu de la nuit, devant le fort de Saint-Wenceslas. La reine prit la fuite. Un renfort d’Impériaux, qui était arrivé secrètement, défendit la forteresse. Le combat fut acharné. Les Hussites étaient maîtres de toute la ville ; encore un peu, et la dernière force de Sigismond dans Prague, le fort de Saint Wenceslas, allait lui échapper. Mais les grands du royaume intervinrent, et, usant de leur ascendant accoutumé sur les Hussites de Prague, les firent consentir à une trêve de quatre mois. Il fut convenu que pendant cet armistice les cultes seraient libres de part et d’autre, le clergé e les propriétés respectés, enfin que Ziska restituerai Pilsen et ses autres conquêtes.
Ziska quitta la ville avec ses Taborites, résolu à ne point observer ce traité insensé. Le sénat de Prague reprit ses fonctions ; mais les catholiques qui s’étaient enfuis durant le combat n’osèrent rentrer, craignant la haine du peuple. Sigismond écrivit des menaces ; Ziska reprit ses courses et ses ravages dans les provinces.
La reine ayant rejoint son beau-frère Sigismond à Brunn en Moravie, ils convoquèrent une diète des prélats et des seigneurs, et écrivirent aux Praguois de venir traiter. La noblesse morave avait reçu l’empereur avec acclamations. Les députés hussites arrivèrent et communiérent ostensiblement sous les deux espèces, dans la ville, qui fut mise en interdit, c’est-à-dire privée de sacrements tout le temps qu’ils y demeurèrent, étant considérée par le clergé papiste comme souillée et empestée. Puis ils présentèrent leur requête, c’est-à-dire leurs quatre articles, à Sigismond qui se moqua d’eux. Mes chers Bohémiens, leur dit-il, laissez cela à part, ce n’est point ici un concile. Puis il leur donna ses conditions par écrit : qu’ils eussent à ôter les chaînes et les barricades des rues de Prague, et à porter les barres et les colonnes dans la forteresse ; qu’ils abattissent tous les retranchements qu’ils avaient dressés devant Saint-Wenceslas ; qu’ils reçussent ses troupes et ses gouverneurs ; enfin qu’ils fissent une soumission complète, moyennant quoi il leur accorderait amnistie générale et les gouvernerait à la façon de l’empereur son père, et non autrement.
Les députés rentrèrent tristement à Prague et lurent cette sommation au sénat. Les esprits étaient abattus, Ziska n’était plus là. Les catholiques s’agitaient et menaçaient. On exécuta de point en point les ordres de Sigismond. Les chanoines, curés, moines et prêtres rentrèrent en triomphe, protégés par les soldats impériaux.
Ceux des Hussites qui n’avaient pas pris part à ces làchetés sortirent de Prague, et se rendirent tous à Tabor. Ils furent attaqués en chemin par quelques seigneurs royalistes, et sortirent vainqueurs de leurs mains après un rude combat. Une partie alla trouver Nicolas de Hussinetz à Sudomirtz, l’autre Ziska à Tabor. Ces chefs les conduisirent à la guerre, et leur firent détruire plusieurs places fortes, ravager quelques villes hostiles. Sigismond écrivit aux Praguois pour les remercier de leur soumission et pour intimer aux catholiques l’ordre d’exterminer absolument tous les Wicklefistes, Hussites et Taborites. Les papistes ne se firent pas prier, exercèrent d’abominables cruautés, et la Bohême fut un champ de carnage.
Cependant nul n’osa attaquer Ziska avant l’arrivée de l’empereur. Sigismond n’osait pas encore se montrer en Bohême. Il alla en Silésie punir une ancienne sédition, faire trancher la tête à douze des révoltés, et tirer à quatre chevaux dans les rues de Breslaw Jean de Crasa, prédicateur hussite, que l’on compte parmi les martyrs de Bohême ; car l’hérésie a ses listes de saints et de victimes comme l’Église primitive, et à d’aussi bons titres.
L’empereur fit afficher la Croisade de Martin V contre les Hussites. Ces folles rigueurs produisirent en Bohême l’effet qu’on devait en attendre. Le moine prémontré Jean, que nous avons déjà vu dans les premiers mouvements de Prague, revint, à la faveur du trouble, y prêcher le carême. Il déclama vigoureusement contre l’empereur et le baptisa d’un nom qui lui resta en Bohême, le cheval roux de l’Apocalypse. « Mes chers Praguois, disait-il, souvenez-vous de ceux de Breslaw et de Jean de Crasa. » Le peuple assembla la bourgeoisie et l’université, et jura entre leurs mains de ne jamais recevoir Sigismond, et de défendre la nouvelle communion jusqu’à la dernière goutte de son sang. Les hostilités recommencèrent à la ville et à la campagne. On écrivit des lettres circulaires dans tout le royaume. Partout le même serment fut proféré et monta vers le ciel.
Sigismond se décida enfin pour la guerre ouverte. Il leva des troupes en Hongrie, en Silésie, dans la Lusace, dans tout l’Empire.
Albert, archiduc d’Autriche, à la tête de quatre mille chevaux, renforcé par d’autres troupes considérables et par le capitaine de Moravie, fut le premier des Impériaux qui affronta le redoutable aveugle. Ziska les battit entre Prague et Tabor ; puis, sans s’attarder à leur poursuite, il alla détruire un riche monastère que nous mentionnons dans le nombre à cause d’un épisode. De l’armée de vassaux qui le défendaient il ne resta que six hommes, lesquels se battirent jusqu’à la fin comme des lions. Ziska, émerveillé de leur bravoure, promit la vie à celui des six qui tuerait les cinq autres. Aussitôt ils se jetèrent comme des dogues les uns sur les autres. Il n’en resta qu’un qui, s’étant déclaré Taborite, se retira à Tabor et y communia sous les deux espèces en témoignage de fidélité.

Cependant les Hussites de Prague assiégeaient la forteresse de Saint-Wenceslas. Le gouverneur feignit de la leur rendre, pilla et emporta tout ce qu’il put dans le château, et se retira en laissant la place à son collègue Plawen ; de sorte qu’au moment où les assiégeants s’y jetaient avec confiance, ils furent battus et repoussés. Cependant Ziska arrivait. Il s’arrêta le lendemain non loin de Prague pour regarder quelques Hussites qui détruisaient un couvent et insultaient les moines. « Frère Jean, lui dirent-ils, comment te plaît le régal que nous faisons à ces comédiens sacrés ? » Mais Ziska, qui ne se plaisait à rien d’inutile, leur répondit en leur montrant la forteresse de Saint-Wenceslas : « Pourquoi avez-vous épargné cette boutique de chauve (calvitia officina) ? — Hélas ! dirent-ils, nous en fûmes honteusement chassés hier. — Venez donc, » reprit Ziska.
Ziska n’avait avec lui que trente chevaux. Il entre ; et à peine a-t-on aperçu sa grosse tête rasée, sa longue moustache polonaise et ses yeux à jamais éteints, qui, dit-on, le rendaient plus terrible que la mort en personne, que les Praguois se raniment et se sentent exaltés d’une rage et d’une force nouvelles. Saint-Wenceslas est emporté, et Ziska s’en retourne à Tabor en leur recommandant de l’appeler toujours dans le danger.
A peine a-t-il disparu, qu’un renfort d’Impériaux arrive et reprend la forteresse. Ziska avait réellement une puissance surhumaine. Là où il était avec une poignée de Taborites, là était la victoire, et quand il partait il semblait qu’elle le suivît en croupe. C’est que l’âme et le nerf de cette révolution étaient en lui, ou plutôt à Tabor ; car il semblait qu’il eût toujours besoin, après chaque action, d’aller s’y retremper ; c’est que chez les Calixtins il n’y avait qu’une foi chancelante, des intentions vagues, un sentiment d’intérêt personnel toujours prêt à céder à la peur ou à la séduction, une politique de juste-milieu.
Un chef taborite, convoqué à la guerre sans quartier par les circulaires de Ziska, vint attaquer Wisrhad que les Impériaux, avaient repris. Il fut repoussé et aurait péri avec tous les siens si Ziska ne se fût montré. Les Impériaux, qui avaient fait une vigoureuse sortie, rentrèrent aussitôt. Ziska fut reçu cette fois à bras ouverts dans la ville. Le clergé, le sénat et la bourgeoisie accouraient au-devant de lui, et emmenaient les femmes et les enfants taborites dans leurs maisons pour les héberger et les régaler. Ses soldats couraient les rues, décoiffant les dames catholiques et coupant les moustaches à leurs maris. Plusieurs villes se déclarèrent taborites, et envoyèrent leurs hommes à Prague pour offrir leurs services à l’aveugle. Un nouveau renfort était arrivé à Wisrhad, et l’empereur s’avançait à grandes journées.

 George Sand
Jean Ziska
Jean Ziska, Michel Lévy frères, 1867
pp. 72-77

Pilsen – Plzeň – Tchéquie – Плзень – 比尔森

TCHEQUIE – Česká republika
Pilsen  –  Plzeň – Плзень – 比尔森
——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

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– PILSEN –
Plzeň
Плзень
比尔森

 

Josef Kajetán Tyl à Pilsen
Josef Каетан Тылов
Josef Kajetán Tyl v Plzni

Josef Kajetán Tyl Plzen Pilsen Artgitato 3

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LA DEFINITION DE PILSEN
PAR L’ENCYCLOPEDIE

PILSEN, (Géog. mod.) ville de Bohème, capitale du cercle de même nom, sur les frontieres du Haut Palatinat de Baviere, entre les rivieres de Misa & de Watta, à 20 lieues d’Egra, & à 19 de Prague. Elle est défendue par des tours & de bons bastions ; aussi a-t-elle été souvent prise & reprise dans les guerres de Bohème. Long. 31. 18. lat. 49. 45.
Dubraw, en latin Dubravius (Jean) nâquit à Pilsen, & se fit estimer dans le seizième siècle par une histoire de Bohème en XXXIII livres qu’il publia en 1551, & dont la meilleure édition est de Francfort en 1688. Dubraw mourut évêque d’Olmutz en 1553. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie, 1re éd.
1751 Tome 12, p. 625

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L’HERITAGE DE KELLER A PILSEN
PRIS EN MAIN PAR GEORGE SAND

— Par le plus grand hasard du monde. Il faut vous dire que, le mois dernier, mon ami Keller apprit qu’un parent qu’il avait à Pilsen venait de mourir, lui laissant un peu de bien. Keller n’avait ni le temps ni le moyen de faire le voyage, et n’osait s’y déterminer, dans la crainte que la succession ne valût pas les frais de son déplacement et la perte de son temps. Je venais de recevoir quelque argent de mon travail. Je lui ai offert de faire le voyage, et de prendre en main ses intérêts. J’ai donc été à Pilsen ; et, dans une semaine que j’y ai passée, j’ai eu la satisfaction de voir réaliser l’héritage de Keller. C’est peu de chose sans doute, mais ce peu n’est pas à dédaigner pour lui ; et je lui rapporte les titres d’une petite propriété qu’il pourra faire vendre ou exploiter selon qu’il le jugera à propos. En revenant de Pilsen, je me suis trouvé hier soir dans un endroit qu’on appelle Klatau, et où j’ai passé la nuit.

George Sand
Consuelo
Michel Lévy, 1856 -2, pp. 257-265

Le palais de Cybèle -Palacio de Cibeles -Паласио-де-Сибелес – 帕拉西奥一同庆祝

Madrid – Мадрид – 马德里
PLAZA DE CIBELES –  Place de Cybèle
帕拉西奥一同庆祝 –  Паласио-де-Сибелес
LE PALAIS DE CYBELE
PALACIO DE CIBELES

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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


Le palais de Cybèle
Palacio de Cibeles
Паласио-де-Сибелес
帕拉西奥一同庆祝

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Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (1) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (2) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (3) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (4) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (5) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (6) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (7) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (8) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (9) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (10) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (11) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (12) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (13) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (14) Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles  (15)

 

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CYBELE
Par L’Encyclopédie

CYBELE, s. f. (Myth.) divinité du Paganisme. On l’adora sous les noms d’Ops, Rhée, Vesta, la Bonne-déesse, la mere des Dieux, Dyndimene, la mere Idée, Bérécinthe, &c. Elle étoit fille du ciel & de la terre, & femme de Saturne. Elle fut appellée Cybele du mont Cybelus en Phrigie, où l’on racontoit qu’elle avoit été exposée après sa naissance, nourrie par des bêtes sauvages, & épousée par un patre, & où elle avoit un culte particulier. On la représentoit sur un char traîné par des lions, avec une tour sur la tête, une clé à la main, & un habit parsemé de fleurs. Elle aima Atys, qui eut tant de mépris pour cette bonne fortune, qu’il aima mieux se priver de ce dont il auroit eu besoin pour en bien profiter, que de céder à la poursuite de la bonne déesse. Il se fit cette belle opération sous un pin où il mourut, & qui lui fut consacré. La mere Idée fut envoyée de Pessinunte à Rome sous la forme d’une pierre brute, où elle fut introduite par Scipion Nasica, pour satisfaire aux livres sibyllins où les Romains avoient lû que l’expulsion des Carthaginois dépendoit de l’établissement de son culte en Italie ; ils ordonnoient encore que Cybele fût reçue à son arrivée par le plus honnête homme ; ce qui fixa le choix sur Nasica. Ses prêtres s’appellerent galli, dactyles, curetes, corybantes ; ils promenoient sa statue dans les rues, chantant, dansant, faisant des contorsions, se déchiquetant le corps & escamotant des aumônes. C’étoit à son honneur qu’on célébroit la taurobolie. Voyez Taurobolie ; voyez aussi Corybantes, Dactyles, Curetes, &c. On lui sacrifioit tous les ans à Rome une truie, au nom des préteurs, par la main d’un de ses prêtres & d’une prêtresse de Vénus. On a prétendu que ses lions désignoient son empire sur les animaux qu’elle produit & nourrit ; sa couronne, les lieux habités dont la terre est couverte ; sa clé, les greniers où l’on renferme les semences après la récolte ; sa robe, les fleurs dont la terre s’émaille ; son mariage avec Saturne, la nécessité du tems pour la génération de toute chose. A la bonne heure. »

Diderot
L’Encyclopédie, 1re éd.
1751 – Tome 4, p. 585

EURIC – EURICO – Эйрих- PLAZA DE ORIENTE Madrid PLACE DE L’ORIENT -东方广场 – Плаза-де-Ориенте –

Madrid – Мадрид – 马德里
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photos Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


PLAZA DE ORIENTE
La place de l’Orient
Плаза-де-Ориенте
东方广场

EURIC
EURICO
Эйрих

420-484
Roi des Wisigoths 466-484

 

Plaza de Oriente Place de l'orient Madrid Athaulf eURICO

Euric EURICO Roi des Wisigoths

« Gregoire De Tours dit positivement qu’Euric avoit fait mourir quelques-uns de ces prélats ; a-t’il seulement éclairci le texte obscur de Sidonius par ce qu’il en sçavoit d’ailleurs ; ou ce qui me paroît plus vraisemblable, n’a-t’il point mal entendu le texte de l’évêque de Clermont qui n’auroit jamais donné à Euric les loüanges qu’il lui donne dans des lettres dont nous avons rapporté le contenu, et qui sont posterieures à celles dont nous discutons le sens, s’il eût été notoire que ce roi des visigots avoit fait martiriser plusieurs évêques… Nous verrons dans la suite combien cette persécution d’Euric fut favorable aux progrès de Clovis, parce qu’elle fit craindre aux romains des Gaules qui presque tous étoient catholiques, qu’ils n’eussent souvent à essuyer de pareilles tempêtes, tant qu’ils seroient sous la domination des visigots et des bourguignons. Les uns et les autres étoient également ariens. Enfin Euric après un regne d’environ dix-sept ans, mourut vers la fin de l’année quatre cens quatre-vingt-trois de l’ère chrétienne. Voici ce que dit à ce sujet Isidore De Seville.  » Euric mourut dans Arles de mort naturelle… etc.  » tout le monde sçait que l’ère d’Auguste, qui a été en usage en Espagne jusques dans le quatorziéme siecle, précede de trente-huit ans l’ère chrétienne. Ainsi Euric sera mort, comme nous venons de le dire, à la fin de l’année de Jesus-Christ quatre cens quatre-vingt-trois ou bien au commencement de l’année suivante, et par consequent la dixiéme année, soit courante, soit révoluë, du regne de Zenon parvenu à l’empire en quatre cens soixante et quatorze. Nous ferons observer comme une nouvelle preuve de ce que nous avons dit concernant les prérogatives du thrône d’orient, qu’Isidore qui écrivoit en occident date la mort d’Euric par les années de l’empereur d’orient, parce qu’il n’y avoit plus d’empereur en occident, lorsqu’elle arriva. Nous avons remarqué ci-dessus en parlant de la durée de l’exil de Childéric, qu’il étoit impossible que, comme le dit aujourd’hui le texte de Gregoire De Tours, Euric eût regné vingt-sept ans ; les copistes auront corrompu peu à peu ce texte, et comme l’abbréviateur a écrit qu’Euric n’avoit regné que vingt ans, on peut croire que du tems de l’abbréviateur le texte de Gregoire De Tours n’étoit point encore entierement dépravé et qu’il portoit, qu’Euric n’avoit point regné davantage. Si cette faute est la cause, ou bien si elle est l’effet de celles qui sont dans la date de la durée de l’administration de la premiere Aquitaine et qui fut conferée à Victorius par Euric, je n’en sçais rien. Il est seulement certain que les dates en sont aussi fausses que l’est celle de la durée de la disgrace de Childéric. Gregoire De Tours ayant dit que Victorius n’avoit eu cet emploi que la quatorziéme année du regne d’Euric, et que cet officier l’avoit gardé neuf ans ; il ajoute qu’Euric avoit encore regné quatre ans après la retraite de Victorius. Ces trois nombres d’années font ensemble le nombre de vingt-sept ans, et par conséquent Euric, suivant ce calcul, devroit avoir regné en tout vingt-sept ans. Mais ce prince comme on l’a déja dit, ne sçauroit avoir regné ce tems-là. Nous avons vû qu’il ne monta sur le thrône qu’en l’année quatre cens soixante et sept, et nous voyons qu’il mourut au plus tard dès l’année quatre cens quatre-vingt-cinq, puisque Alaric Second son fils et son successeur, mort en cinq cens sept, ne mourut cependant qu’après avoir commencé la vingt-troisiéme année de son regne. »

Histoire critique de l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules
LIVRE 3 CHAPITRE 17

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EURIC & la Septimanie

« SEPTIMANIE, (Géog. mod.) Sidoine donne le nom de Septimanie à sept cités, dont Euric roi des Visigoths s’empara. Ce prince aussi célebre par les cruautés qu’il exerça contre les Catholiques, que par ses intrigues & par ses conquêtes, soumit d’abord, sans coup férir, une partie de l’Aquitaine, & forma un gouvernement particulier de sept cités, qu’il occupa dans cette province. »

Jaucourt
L’Encyclopédie – Première édition
1751 – Tome 15, pp. 72-73

******

 466. Euric s’empare de Pampelune. demar se partagent ses États.
472 Euric, roi des Visigoths, soumet les peuples de la l re Aquitaine et plusieurs autres provinces environnantes.
473.Euric pousse ses conquêtes jusqu’au Rhône et jusqu’à la Loire. 474. Euric attaque l’Auvergne. Belle défense de Clermont par Ecdicius, fils de l’empereur Avi tus, que soutenaient les Bourguignons.
477. Basiliscus dispute l’empire d’Orient à Zenon, qui se retire en Isaurie. Julius Népos, par l’entremise de S. Épiphane de Pavie, fait la paix avec Euric, auquel il abandonne l’Auvergne.
477. Mort de Genséric. — Son fils Hunériç lui succède. — Il persécute les catholiques. Euric, roi des Visigoths, s’empare de toute l’Espagne, à l’exception de la Galice, où les Suèves se maintiennent encore pendant un siècle.
480. Euric s’empare d’Arles, de Marseille et de toute la Provence, qui lui est cédée par Odoacre. Naissance de saint Benoît, à Nursia, dans la Sabine, près de Spolète.
484. Alaric II succède à Euric roi des Visigoths.

RUBENS SUZANNE ET LES VIEILLARDS SUSANNA E I Vecchioni 彼得·保罗·鲁本斯 1607 苏珊娜和长者

ROME – ROMA – 罗马
Rubens Suzanne et les vieillards
苏珊娜和长者
LA VILLA BORGHESE
博吉斯画廊

Armoirie de Rome

 Photo Galerie Borghèse Jacky Lavauzelle

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Flag_of_Lazio





GALLERIA BORGHESE
博吉斯画廊
La Galerie Borghèse

 

PIERRE PAUL RUBENS
PETER PAUL RUBENS
彼得·保罗·鲁本斯
PIETER PAUL RUBENS
1577-1640

SUZANNE ET LES VIEILLARDS
SUSANNE ET LES VIEILLARDS
苏珊娜和长者
SUSANNA E I VECCHIONI

olio su tela
huile sur toile
1607

Rubens Suzanne et les vieillards Suzanna e i vecchioni Galleria Borghese roma Galerie Borghese Rome artgitato 2

Vulgate
Biblia Sacra Vulgata (Stuttgartensia)
Vetus Testamentum
Livre de Daniel
13ème chapitre
De liberatione castae Susannae
De la libération de la chaste Suzanne
Histoire de Susanne
Passage deutérocanonique








  1. Il y avait un homme qui demeurait à Babylone, et son nom était Joakim.
  2. Il prit une femme nommée Susanne, fille d’Helcias, d’une grande beauté et craignant Dieu ;
  3. car ses parents, qui étaient justes, avaient instruit leur fille selon la loi de Moïse.
  4. Or Joakim était fort riche, et il avait un jardin près de sa maison, et les Juifs affluaient chez lui, parce qu’il était le plus honorable de tous.
  5. On avait établi juges cette année-là deux anciens d’entre le peuple, dont le Maître a dit : « L’iniquité est sortie de Babylone par des vieillards qui étaient juges, qui paraissaient régir le peuple. »
  6. Ils fréquentaient la maison de Joakim, et tous ceux qui avaient des différends se rendaient auprès d’eux.
  7. Vers le milieu du jour, lorsque le peuple s’était retiré, Susanne entrait dans le jardin de son mari et s’y promenait.
  8. Les deux vieillards la voyaient chaque jour y entrer et s’y promener, et ils conçurent pour elle une ardente passion.
  9. Ils pervertirent leur sens et détournèrent leurs yeux pour ne pas voir le ciel et ne pas se souvenir des justes jugements de Dieu.
  10. Ils étaient donc blessés d’amour pour elle, mais ils ne se communiquaient pas mutuellement leur souffrance,
  11. car ils avaient honte de révéler l’un à l’autre la passion qui leur faisait désirer d’être avec elle.
  12. Ils l’observaient chaque jour avec soin pour la voir, et ils se dirent l’un à l’autre :
  13. « Allons chez nous, c’est l’heure du dîner. » Et ils sortirent et se séparèrent.
  14. Mais étant revenus sur leurs pas, ils se rencontrèrent, et s’étant demandé le motif de leur retour, ils s’avouèrent leur passion ; puis ils convinrent entre eux du moment où ils pourraient la trouver seule.
  15. Comme ils épiaient un jour convenable, il arriva que Suzanne entra dans le jardin, comme elle l’avait fait la veille et l’avant-veille, sans autre compagnie que deux jeunes filles ; elle voulut se baigner dans le jardin, car il faisait chaud.
  16. Il n’y avait là personne, sinon les deux vieillards, qui s’étaient cachés et qui l’épiaient.
  17. Elle dit aux jeunes filles : « Apportez-moi de l’huile parfumée et des onguents, et fermez les portes du jardin, afin que je me baigne. »
  18. Elles firent ce que Suzanne avait commandé et, ayant fermé la porte du jardin, elles sortirent par une porte de derrière, pour apporter ce qui leur avait été demandé ; elles ne savaient pas que les vieillards étaient cachés dans le jardin.
  19. Dès que les jeunes filles furent sorties, les deux vieillards se levèrent, coururent à Susanne et lui dirent :
  20. « Vois, les portes du jardin sont fermées, personne ne nous aperçoit, et nous brûlons d’amour pour toi ; consens donc à notre désir et sois à nous.
  21. Si non, nous nous porterons témoins contre toi, et nous dirons qu’un jeune homme était avec toi, et que c’est pour cela que tu as renvoyé les jeunes filles. »
  22. Susanne soupira et dit : « Du tous côtés l’angoisse m’environne. Si je fais cela, c’est la mort pour moi, et si je ne le fais pas, je n’échapperai pas de vos mains.
  23. Mais il vaut mieux pour moi tomber entre vos mains sans avoir fait le mal que de pécher en présence du Seigneur. »
  24. Alors Susanne jeta un grand cri, et les deux vieillards crièrent aussi contre elle.
  25. Et l’on d’eux courut ouvrir les portes du jardin.
  26. Quand les serviteurs de la maison entendirent les cris poussés dans le jardin, ils se précipitèrent par la porte de derrière pour voir ce qu’il y avait.
  27. Lorsque les vieillards se furent expliqués, les serviteurs eurent grande honte, parce qu’on n’avait jamais dit chose semblable de Susanne.
  28. Le lendemain, le peuple s’étant rassemblé chez Joakim, mari de Susanne, les deux vieillards y vinrent aussi, tout remplis de pensées méchantes contre elle, afin de la faire périr.
  29. Ils dirent devant le peuple : « Envoyez chercher brillante, fille d’Helcias, femme de Joakim. » Et on envoya aussitôt.
  30. Elle vint avec ses parents, ses fils et tous ses proches.
  31. Or Suzanne, avait les traits délicats et une grande beauté.
  32. Comme elle était voilée, les juges méchants commandèrent qu’on lui ôtât son voile, pour se rassasier de sa beauté.
  33. Mais tous les siens et tous ceux qui la connaissaient versaient des larmes.
  34. Les deux vieillards, se levant au milieu du peuple, mirent leurs mains sur sa tête.
  35. Elle, en pleurant, regarda vers le ciel, car son cœur avait confiance dans le Seigneur.
  36. Les vieillards dirent : « Comme nous nous promenions seuls dans le jardin, elle est entrée avec deux jeunes filles et, après avoir fait fermer les portes du jardin, elle a renvoyé les jeunes filles.
  37. Et un jeune homme qui était caché est venu à elle et a fait le mal avec elle.
  38. Nous étions dans un coin du jardin ; en voyant le crime, nous avons couru à eux, et nous les avons vus dans cette infamie.
  39. Nous n’avons pu prendre le jeune homme, parce qu’il était plus fort que nous, et qu’ayant ouvert la porte, il s’est échappé.
  40. Mais elle, après l’avoir prise, nous lui avons demandé quel était ce jeune homme, et elle n’a pas voulu nous le dire. Voilà ce que nous attestons. »
  41. La foule les crut, parce que c’étaient des vieillards et des juges du peuple, et ils la condamnèrent à mort.
  42. Alors Susanne s’écria à haute voix et dit : « Dieu éternel, qui connaissez ce qui est caché et qui savez toutes choses avant qu’elles n’arrivent,
  43. vous savez qu’ils ont rendu un faux témoignage contre moi ; et voici que je meurs, sans avoir rien fait de ce qu’ils ont méchamment inventé contre moi. »
  44. Le Seigneur entendit sa voix.
  45. Comme on la conduisait à la mort, Dieu éveilla l’esprit saint d’un jeune enfant nommé Daniel.
  46. Il cria à haute voix : « Pour moi, je suis pur du sang de cette femme ! »
  47. Tout le peuple se tourna vers lui et lui dit : « Que signifie cette parole que tu dis-là ? »
  48. Daniel, se tenant au milieu d’eux, dit : Etes-vous donc insensés à ce point, enfants d’Israël, de faire mourir une fille d’Israël sans examen, sans chercher à connaître la vérité ?
  49. Retournez au tribunal, car ils ont rendu un faux témoignage contre elle. »
  50. Alors le peuple retourna en hâte, et les anciens dirent à Daniel :
  51. « Viens, prends place au milieu de nous, et expose-nous ton avis, car Dieu t’a donné l’honneur de la vieillesse. » Daniel dit au peuple : « Séparez-les loin l’un de l’autre, et je les jugerai. »
  52. Quand ils furent séparés l’un de l’autre, Daniel en appela un et lui dit : « Homme vieilli dans le crime, les péchés que tu as commis autrefois sont maintenant venus sur toi,
  53. toi qui rendais des jugements injustes, qui condamnais les innocents et relâchais les coupables, quand le Seigneur a dit : Tu ne feras pas mourir l’innocent et le juste.
  54. Eh bien, si tu l’as vue, dis sous quel arbre tu les as vus s’entretenant ensemble. » Il répondit : « Sous un lentisque. »
  55. Daniel dit « Justement tu dis un mensonge pour ta perte ; car l’ange de Dieu qui a déjà reçu l’arrêt divin va te fendre par le milieu. »
  56. Après l’avoir renvoyé, il ordonna d’amener l’autre, et il lui dit « Race de Chanaan, et non de Juda, la beauté d’une femme t’a séduit et la passion a perverti ton cœur.
  57. C’est ainsi que vous en agissiez avec les filles d’Israël, et elles, ayant peur de vous, vous parlaient ; mais une fille de Juda n’a pu souffrir votre iniquité.
  58. Dis-moi donc maintenant sous quel arbre tu les as surpris s’entretenant ensemble. »
  59. Il dit : « Sous un chêne. » Daniel lui dit : « Justement tu as dit, toi aussi, un mensonge pour ta perte ; car l’ange du Seigneur attend, le glaive en main, le moment de te couper par le milieu, afin de vous faire mourir. »
  60. Alors toute l’assemblée jeta un grand cri, et ils bénirent Dieu qui sauve ceux qui espèrent en lui.
  61. Puis ils s’élevèrent contre les deux vieillards, que Daniel avait convaincus par leur propre bouche d’avoir rendu un faux témoignage, et ils leur firent le mal qu’eux-mêmes avaient voulu faire à leur prochain ;
  62. afin d’accomplir la loi de Moïse, et ils les firent donc mourir, et le sang innocent fut sauvé en ce jour-là.
  63. Helcias et sa femme louèrent Dieu au sujet de leur fille Susanne, avec Joakim, son mari, et tous ses parents, parce qu’il ne s’était trouvé en elle rien de déshonnête.
  64. Et Daniel devint grand devant le peuple, à partir de ce jour et dans la suite des temps.
  65. Le roi Astyage ayant été réuni à ses pères, Cyrus le Perse reçut le royaume.

13:1 et erat vir habitans in Babylone et nomen eius Ioachim
13:2 et accepit uxorem nomine Susannam filiam Chelciae pulchram nimis et timentem Dominum
13:3 parentes enim illius cum essent iusti erudierunt filiam suam secundum legem Mosi
13:4 erat autem Ioachim dives valde et erat ei pomerium vicinum domus suae et ad ipsum confluebant Iudaei eo quod esset honorabilior omnium
13:5 et constituti sunt duo senes iudices in anno illo de quibus locutus est Dominus quia egressa est iniquitas de Babylone a senibus iudicibus qui videbantur regere populum
13:6 isti frequentabant domum Ioachim et veniebant ad eos omnes qui habebant iudicia
13:7 cum autem populus revertisset per meridiem ingrediebatur Susanna et deambulabat in pomerio viri sui
13:8 et videbant eam senes cotidie ingredientem et deambulantem et exarserunt in concupiscentia eius
13:9 et everterunt sensum suum et declinaverunt oculos suos ut non viderent caelum neque recordarentur iudiciorum iustorum
13:10 erant ergo ambo vulnerati amore eius nec indicaverunt sibi vicissim dolorem suum
13:11 erubescebant enim indicare concupiscentiam suam volentes concumbere cum ea
13:12 et observabant cotidie sollicitius videre eam dixitque alter ad alterum
13:13 eamus domum quia prandii hora est et egressi recesserunt a se
13:14 cumque revertissent venerunt in unum et sciscitantes ab invicem causam confessi sunt concupiscentiam suam et tunc in commune statuerunt tempus quando eam possent invenire solam
13:15 factum est autem cum observarent diem aptum ingressa est aliquando sicut heri et nudius tertius cum duabus solis puellis voluitque lavari in pomerio aestus quippe erat
13:16 et non erat ibi quisquam praeter duos senes absconditos et contemplantes eam
13:17 dixit ergo puellis adferte mihi oleum et smegmata et ostia pomerii claudite ut lavem
13:18 et fecerunt sicut praeceperat clauseruntque ostia pomerii et egressae sunt per posticium ut adferrent quae iusserat nesciebantque senes intus esse absconditos
13:19 cum autem egressae essent puellae surrexerunt duo senes et adcurrerunt ad eam et dixerunt
13:20 ecce ostia pomerii clausa sunt et nemo nos videt et in concupiscentia tui sumus quam ob rem adsentire nobis et commiscere nobiscum
13:21 quod si nolueris dicemus testimonium contra te quod fuerit tecum iuvenis et ob hanc causam emiseris puellas a te
13:22 ingemuit Susanna et ait angustiae mihi undique si enim hoc egero mors mihi est si autem non egero non effugiam manus vestras
13:23 sed melius mihi est absque opere incidere in manus vestras quam peccare in conspectu Domini
13:24 et exclamavit voce magna Susanna exclamaverunt autem et senes adversus eam
13:25 et cucurrit unus et aperuit ostia pomerii
13:26 cum ergo audissent clamorem in pomerio famuli domus inruerunt per posticam ut viderent quidnam esset
13:27 postquam autem senes locuti sunt erubuerunt servi vehementer quia numquam dictus fuerat sermo huiuscemodi de Susanna et facta est dies crastina
13:28 cumque venisset populus ad virum eius Ioachim venerunt et duo presbyteri pleni iniqua cogitatione adversum Susannam ut interficerent eam
13:29 et dixerunt coram populo mittite ad Susannam filiam Chelciae uxorem Ioachim et statim miserunt
13:30 et venit cum parentibus et filiis et universis cognatis suis
13:31 porro Susanna erat delicata nimis et pulchra specie
13:32 at iniqui illi iusserunt ut discoperiretur erat enim cooperta ut vel sic satiarentur decore eius
13:33 flebant igitur sui et omnes qui noverant eam
13:34 consurgentes autem duo presbyteri in medio populi posuerunt manus super caput eius
13:35 quae flens suspexit ad caelum erat enim cor eius fiduciam habens in Domino
13:36 et dixerunt presbyteri cum deambularemus in pomerio soli ingressa est haec cum duabus puellis et clausit ostia pomerii et dimisit puellas
13:37 venitque ad eam adulescens qui erat absconditus et concubuit cum ea
13:38 porro nos cum essemus in angulo pomerii videntes iniquitatem cucurrimus ad eos et vidimus eos pariter commisceri
13:39 et illum quidem non quivimus conprehendere quia fortior nobis erat et apertis ostiis exilivit
13:40 hanc autem cum adprehendissemus interrogavimus quisnam esset adulescens et noluit indicare nobis huius rei testes sumus
13:41 credidit eis multitudo quasi senibus populi et iudicibus et condemnaverunt eam ad mortem
13:42 exclamavit autem voce magna Susanna et dixit Deus aeterne qui absconditorum es cognitor qui nosti omnia antequam fiant
13:43 tu scis quoniam falsum contra me tulerunt testimonium et ecce morior cum nihil horum fecerim quae isti malitiose conposuerunt adversum me
13:44 exaudivit autem Dominus vocem eius
13:45 cumque duceretur ad mortem suscitavit Deus spiritum sanctum pueri iunioris cuius nomen Danihel
13:46 et exclamavit voce magna mundus ego sum a sanguine huius
13:47 et conversus omnis populus ad eum dixit quis est sermo iste quem tu locutus es
13:48 qui cum staret in medio eorum ait sic fatui filii Israhel non iudicantes neque quod verum est cognoscentes condemnastis filiam Israhel
13:49 revertimini ad iudicium quia falsum testimonium locuti sunt adversum eam
13:50 reversus est ergo populus cum festinatione et dixerunt ei senes veni et sede in medio nostrum et indica nobis quia tibi dedit Deus honorem senectutis
13:51 et dixit ad eos Danihel separate illos ab invicem procul et diiudicabo eos
13:52 cum ergo divisi essent alter ab altero vocavit unum de eis et dixit ad eum inveterate dierum malorum nunc venerunt peccata tua quae operabaris prius
13:53 iudicans iudicia iniusta innocentes opprimens et dimittens noxios dicente Domino innocentem et iustum non interficies
13:54 nunc ergo si vidisti eam dic sub qua arbore videris eos loquentes sibi qui ait sub scino
13:55 dixit autem Danihel recte mentitus es in caput tuum ecce enim angelus Dei accepta sententia ab eo scindet te medium
13:56 et amoto eo iussit venire alium et dixit ei semen Chanaan et non Iuda species decepit te et concupiscentia subvertit cor tuum
13:57 sic faciebatis filiabus Israhel et illae timentes loquebantur vobis sed non filia Iuda sustinuit iniquitatem vestram
13:58 nunc ergo dic mihi sub qua arbore conprehenderis eos loquentes sibi qui ait sub prino
13:59 dixit autem ei Danihel recte mentitus es et tu in caput tuum manet enim angelus Dei gladium habens ut secet te medium et interficiat vos
13:60 exclamavit itaque omnis coetus voce magna et benedixerunt Deo qui salvat sperantes in se
13:61 et consurrexerunt adversum duos presbyteros convicerat enim eos Danihel ex ore suo falsum dixisse testimonium feceruntque eis sicuti male egerant adversum proximum
13:62 ut facerent secundum legem Mosi et interfecerunt eos et salvatus est sanguis innoxius in die illa
13:63 Chelcias autem et uxor eius laudaverunt Deum pro filia sua Susanna cum Ioachim marito eius et cognatis omnibus quia non esset inventa in ea res turpis
13:64 Danihel autem factus est magnus in conspectu populi a die illa et deinceps
13:65 et rex Astyages adpositus est ad patres suos et suscepit Cyrus Perses regnum eius

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L’article de la Première édition de l’Encyclopédie sur Rubens
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Le Blond, Jaucourt, d’Alembert, Mallet, Boucher d’Argis, Blondell, Bourgelat, Pâris de Meyzieu
L’Encyclopédie Première édition – 1751 – Tome 5 pp. 303-337 

Rubens (Pierre-Paul) originaire d’Anvers, d’une très-bonne famille, naquit à Cologne en 1577, & mourut à Anvers en 1640. C’est le restaurateur de l’école flamande, le Titien & le Raphael des Pays-bas. On connoît sa vie privée ; elle est illustre, mais nous la laissons à part.

Un goût dominant ayant porté Rubens à la Peinture, il le perfectionna en Italie, & y prit une maniere qui lui fut propre. Son génie vaste le rendit capable d’exécuter tout ce qui peut entrer dans la riche composition d’un tableau, par la connoissance qu’il avoit des Belles Lettres, de l’Histoire & de la Fable. Il inventoit facilement, & son imagination lui fournissoit plusieurs ordonnances également belles. Ses attitudes sont variées, & ses airs de têtes sont d’une beauté singuliere. Il y a dans ses idées une abondance, & dans ses expressions une vivacité surprenante. Son pinceau est moëlleux, ses touches faciles & legeres ; ses carnations fraîches, & ses draperies jettées avec art.

Il a traité supérieurement l’Histoire ; il a ouvert le bon chemin du coloris, n’ayant point trop agité ses teintes en les mêlant, de peur que venant à se corrompre par la grande fonte de couleurs, elles ne perdissent trop leur éclat. D’ailleurs la plûpart de ses ouvrages étant grands, & devant par conséquent être vus de loin, il a voulu y conserver le caractere des objets & la fraîcheur des carnations. Enfin on ne peut trop admirer son intelligence du clair-obscur, l’éclat, la force, l’harmonie & la vérité qui regnent dans ses compositions.

Si l’on considere la quantité étonnante de celles que cet homme célebre a exécutées, & dont on a divers catalogues, on ne sera pas surpris de trouver souvent des incorrections dans ses figures ; mais quoique la nature entraînât plus Rubens que l’antique, il ne faut pas croire qu’il ait été peu savant dans la partie du Dessein ; il a prouvé le contraire par divers morceaux dessinés d’un goût & d’une correction que les bons peintres de l’école romaine ne desavoueroient pas.

Ses ouvrages sont répandus par-tout, & la ville d’Anvers a mérité la curiosité des étrangers par les seuls tableaux de ce rare génie. On vante en particulier singulierement celui qu’elle possede du crucifiement de Notre Seigneur entre les deux larrons.

Dans ce chef-d’œuvre de l’art, le mauvais larron qui a eu sa jambe meurtrie par un coup de barre de fer dont le bourreau l’a frappé, se soûleve sur son gibet ; & par cet effort qu’a produit la douleur, il a forcé la tête du clou qui tenoit le pié attaché au poteau funeste : la tête du clou est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pié à-travers lequel elle a passé. Rubens qui savoit si-bien en imposer à l’œil par la magie de son clair-obscur, fait paroître le corps du larron sortant du coin du tableau dans cet effort, & ce corps est encore la chair la plus vraie qu’ait peint ce grand coloriste. On voit de profil la tête du supplicié, & sa bouche, dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme ; ses yeux dont la prunelle est renversée, & dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres & tendues ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presque oüir les cris horribles qu’il jette. Reflex. sur la Peint. tome I.

Mais les peintures de la galerie du Luxembourg, qui ont paru gravées au commencement de ce siecle, & qui contiennent vingt-un grands tableaux & trois portraits en pié, ont porté la gloire de Rubens par tout le monde ; c’est aussi dans cet ouvrage qu’il a le plus développé son caractere & son génie. Personne n’ignore que ce riche & superbe portique, semblable à celui de Versailles, est rempli de beautés de dessein, de coloris, & d’élégance dans la composition. On ne reproche à l’auteur trop ingénieux, que le grand nombre de ses figures allégoriques, qui ne peuvent nous parler & nous intéresser ; on ne les devine point sans avoir à la main leur explication donnée par Félibien & par M. Moreau de Mautour. Or il est certain que le but de la Peinture n’est pas d’exercer notre imagination par des énigmes ; son but est de nous toucher & de nous émouvoir. Mon sentiment là-dessus, conforme à celui de l’abbé du Bos, est si vrai, que ce que l’on goûte généralement dans les galeries du Luxembourg & de Versailles, est uniquement l’expression des passions. « Telle est l’expression qui arrête les yeux de tous les spectateurs sur le visage de Marie de Medicis qui vient d’accoucher ; on y apperçoit distinctement la joie d’avoir mis au monde un dauphin, à-travers les marques sensibles de la douleur à laquelle Eve fut condamnée ».

Au reste M. de Piles, admirateur de Rubens, a donné sa vie, consultez-la.