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LE DIEU VAGABOND – O DEUS ERRANTE – JACKY LAVAUZELLE

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 LE DIEU VAGABOND
Death doesn't exist Poem of Jacky Lavauzelle




Jacky Lavauzelle Poetry
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LE DIEU VAGABOND

 


POEMES
стихи
POEMAS
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DEATH DOESN’T EXIST

Death doesn’t exist ! There is life, a great incomprehensible fluid that passes through forests, deer, and sometimes men…

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WORTHY

The tree is dead = our mouths are dead

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LE DIEU DE DIEU

Le Dieu de Dieu Jacky Lavauzelle
Francisco de Zurbarán, Christ en croix, 1627, Art Institute, Chicago
Louise Labé se demandait « Quelle grandeur rend l’homme vénérable ? Quelle grosseur ? Quel poil ? Quelle couleur ? » Nous ne voyons sans doute que la paume de la main de Dieu. Dieu lui-même ne nous voit pas, nous, qui sommes cachés par sa propre main.
La main qui se pose nous protège de la lumière céleste ou divine. Sans la main de Dieu nous brûlerions !
Ou alors, peut-être verrions-nous vraiment, enfin ! Qui sait ?
Et le Dieu de Dieu, qui est-il ? A-t-il aussi une main posée sur sa tête. Et le Dieu de Dieu de Dieu, qui est-il ? Quelle grandeur rend Dieu vénérable ? Quelle grosseur ? Quel poil ? Quelle couleur ?

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LA MORT DES COULEURS

Les couleurs, les couleurs coulaient. Les couleurs s’écoulaient sans cesse.
Les couleurs des légendes. Et autour des légendes les peintres s’étaient réunis. Le monde perdait ses couleurs. Le noir progressait et enveloppait l’univers.
Tous les sages étaient partis. Ils n’avaient trouvé aucune solution.
Tous les philosophes étaient partis. Les philosophes ne comprenaient pas la cause première.
Les politiciens étaient attendus. Ils ne sont jamais venus. Il paraît qu’ils s’amassent près de la frontière du monde.
Les peintres étaient là. Dernier rempart contre le noir total et la nuit éternel. Ils sortirent des pinceaux et des pinceaux encore. Ils sortirent des tubes de couleurs. De tous les tubes, ne sortaient que du noir.
Arriva le Peintre de la Nuit ! Personne ne l’avait invité. Il ne peignait que du noir ! Personne avait besoin de lui. Lui seul voyait des lumières dans son noir et dans la nuit qui dévorait tout. Les autres rirent et se moquèrent de lui.
Le Peintre de la Nuit prit alors son pinceau le plus fin. Et traça une fine ligne dans la nuit, sans se préoccuper des quelques couleurs qui restaient.
Derrière le noir, une lumière de la plus belle intensité, magique, ne demandait qu’à sortir et à rejoindre les cimes.
C’était une nouvelle lumière qui ne recouvrait plus les objets. Elle partait de la sève et de l’essence des choses…
Le Peintre de la Nuit finit son ouvrage devant des humains médusés.

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LES FAUSSES CARESSES

Tableau de Céline MARCOZ
Six visages fardés attendaient fiévreux et passionnés
Pendant que je vagabondais avec la légèreté d’un rempart brisé
C’est dans un pré lointain que mon espoir s’en est allé
Avec un refrain profane, j’ai chanté
Ce qu’encore je pouvais chanter
En bondissant, clopinant, dans ce grand désordre au putride goût de flamme
Mes lourdes peines qui gambadaient sous ces rameaux sacrés
Dans la prairie ombrée, ,mes peines s’en sont allées
Six visages d’une unique femme ont surgi dans mon aventure banale
Six blanches colombes éveillées dans ma triste nuit sous les arbres
Qui n’avaient que la beauté de cette évidence qui rend fou
Un épervier aveuglé s’est perdu sous le soleil
*

Carícias falsas

Seis rostos pintados esperavam febris e apaixonados
Enquanto eu vaguei com a leveza de uma muralha quebrada
É em um campo distante que minha esperança se foi
Com um refrão profano, eu cantei
O que eu ainda conseguia cantar
Saltando, mancando, nesta grande confusão com o sabor pútrido da chama
Minhas tristezas pesadas brincam sob esses ramos sagrados
No prado sombrio, minhas sentenças foram embora
Seis caras de uma mulher solteira surgiram na minha aventura banal
Seis pombas brancas acordam na minha triste noite sob as árvores
Quem só tinha a beleza dessa evidência que te deixa louco
Um falcão cego é perdido sob o sol
*

MEU PENSAMENTO

Meu pensamento era apenas uma pedrinha mergulhando em um poço sem fundo
Abri uma sessão para ternura tardia
Desde que eu tive tempo para me perder, preso entre dois gladioli
Eu arrumei meus sentimentos enquanto os outros arrumavam suas camisas
Em uma bolsa, antes de sair, dobrando-os
E dobrando-os
Eu deixei cair meu pensamento e embarquei em espaços paralelos
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там

Увы, несчастный, жизнь передо мной
Hélas, malheureux, la vie s’offrait devant moi
там
Là-bas
Я больше не верил в провидение
Je ne croyais plus à la providence
У меня не было цели
Je n’avais pas de but
Я добрался туда, удивленный странной смелостью
J’étais arrivé là, surpris par une audace étrange
там
Là-bas
Это где
C’est là
Перед этим страшным испугом
Devant cet effroyable effroi
Я увидел что-то сияющее
J’ai vu quelque chose briller
там
Là bas
И я почувствовал, как крылья толкали меня в спину
Et j’ai senti des ailes me pousser dans le dos

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 LE DIEU VAGABOND
Death doesn't exist Poem of Jacky Lavauzelle



Death doesn’t exist – Poem Jacky Lavauzelle

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 DEATH DOESN’T EXIST
Death doesn't exist Poem of Jacky Lavauzelle




Jacky Lavauzelle Poetry
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DEATH DOESN’T EXIST

 POETRY
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Death doesn’t exist ! There is life, a great incomprehensible fluid that passes through forests, deer, and sometimes men. This fluid exists only morning. It exists only in the palm of the morning dew. On the tongue of the doe and deer in the distance. How can this life oppose what some dead men have called death? Death is an invention of the dead. The undead or dead-dead! The walking dead !
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 DEATH DOESN’T EXIST
Death doesn't exist Poem of Jacky Lavauzelle



 

LA VALLEE DES TROUBLES – Poème d’EDGAR ALLAN POE -The Valley of Unrest

The Valley of Unrest
POEME D’EDGAR POE
LITTERATURE AMERICAINE

Edgar Allan Poe Traduction Jacky Lavauzelle*******

Edgar Poe Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Montage

EDGAR ALLAN POE
1809-1849




Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais


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The Valley of Unrest
LA VALLEE DES TROUBLES

Published in American Review in April 1845
Publié en avril 1845

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Edgar Allan Poe The Valley of Unrest Trad Jacky Lavauzelle************

Once it smiled a silent dell
Jadis un val silencieux souriait
Where the people did not dwell;
Que les gens avaient déserté ;
They had gone unto the wars,
Ils étaient partis à la guerre,
 Trusting to the mild-eyed stars,
Confiant aux doux yeux des étoiles,
Nightly, from their azure towers,
La nuit tombée, de leurs tours d’azur,
 To keep watch above the flowers,
De surveiller les fleurs,
In the midst of which all day
Au milieu desquelles toute la journée
The red sun-light lazily lay.
Le soleil rouge s’allongeait paresseusement.
Now each visitor shall confess
Maintenant, chaque visiteur avouera
The sad valley’s restlessness.
L’agitation de la triste vallée.
Nothing there is motionless —
Rien n’y est immobile –
Nothing save the airs that brood
Rien ! Rien excepté les airs qui nichent
Over the magic solitude.
Dans la solitude magique.
Ah, by no wind are stirred those trees
Ah ! par aucun vent ces arbres ne sont agités
That palpitate like the chill seas
Qui palpitent comme les mers froides
Around the misty Hebrides!
Autour des Hébrides brumeuses !
Ah, by no wind those clouds are driven
Ah ! par aucun vent ces nuages ne sont conduits
That rustle through the unquiet Heaven
Qui bruissent à travers le paradis inquiet
Uneasily, from morn till even,
Mal à l’aise, du matin jusqu’au soir,
Over the violets there that lie
Sur les violettes là-bas, qui reposent
In myriad types of the human eye —
Dans une myriade de types de l’œil humain
Over three lilies there that wave
Au-dessus de trois lis là-bas qui ondulent
And weep above a nameless grave!
Et pleurent au-dessus d’une tombe sans nom !
They wave: — from out their fragrant tops
Ils ondulent : – de leurs sommets parfumés
Eternal dews come down in drops.
Les rosées éternelles tombent en gouttes.
They weep: — from off their delicate stems
Ils pleurent : – de leurs tiges délicates
Perennial tears descend in gems.
Les larmes éternelles descendent en pierres.

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LES PERSONNAGES DE POE
PAR
CHARLES BAUDELAIRE

Les personnages de Poe, ou plutôt le personnage de Poe, l’homme aux facultés suraiguës, l’homme aux nerfs relâchés, l’homme dont la volonté ardente et patiente jette un défi aux difficultés, celui dont le regard est tendu avec la roideur d’une épée sur des objets qui grandissent à mesure qu’il les regarde, — c’est Poe lui-même. — Et ses femmes, toutes lumineuses et malades, mourant de maux bizarres et parlant avec une voix qui ressemble à une musique, c’est encore lui ; ou du moins, par leurs aspirations étranges, par leur savoir, par leur mélancolie inguérissable, elles participent fortement de la nature de leur créateur. Quant à sa femme idéale, à sa Titanide, elle se révèle sous différents portraits éparpillés dans ses poésies trop peu nombreuses, portraits, ou plutôt manières de sentir la beauté, que le tempérament de l’auteur rapproche et confond dans une unité vague mais sensible, et où vit plus délicatement peut-être qu’ailleurs cet amour insatiable du Beau, qui est son grand titre, c’est-à-dire le résumé de ses titres à l’affection et au respect des poëtes.

Charles Baudelaire
Edgar Poe, sa vie et ses œuvres
1856
Histoires extraordinaires
Michel Lévy fr.
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The Valley of Unrest
POEME D’EDGAR POE

Poésie Traduction Jacky Lavauzelle Edgar Allan Poe

POÈMES DE WILLIAM WORDSWORTH – WILLIAM WORDWORTH’S POEMS

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Poésie anglaise
William Wordsworth
7 April 1770 – 23 April 1850
7 avril 1770 – 22 avril 1850
*

traduction Jacky Lavauzelle William Wordsworth

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 

 traduction Jacky Lavauzelle William Wordsworth


LES POÈMES
DE WILLIAM WORDSWORTH

traduction Jacky Lavauzelle William Wordsworth

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William Wordsworth’s poems
POEMS
POÈMES

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Scorn not the Sonnet
Ne méprise pas le Sonnet

Scorn not the Sonnet; Critic, you have frowned,
Ne méprise pas le Sonnet ; Critique, tu t’es détourné
Mindless of its just honours; with this key
A tort de ses justes honneurs ; avec cette clé…

william Wordsworth Traduction Jacky Lavauzelle

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 RESOLUTION AND INDEPENDENCE
RÉSOLUTION & INDÉPENDANCE

I

There was a roaring in the wind all night;
Le vent incessamment a rugi  toute la nuit ;
The rain came heavily and fell in floods;
Incessamment la pluie lourdement s’est abattue ;

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II

All things that love the sun are out of doors;
Tout qui aime le soleil est là ;
The sky rejoices in the morning’s birth;
Le ciel se réjouit de la naissance du matin ;

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III

I was a Traveller then upon the moor;
J’étais un Voyageur sur la lande ;
I saw the hare that raced about with joy;
J’ai vu le lièvre bondir de joie ;

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IV

 But, as it sometimes chanceth, from the might
Mais, comme il arrive parfois, la puissance
Of joys in minds that can no further go,
Des joies permettant à l’esprit de repousser ses limites,

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V

I heard the sky-lark warbling in the sky;
J’entendis l’alouette flotter dans le ciel,
And I bethought me of the playful hare:
Et je pensai au plaisant lièvre ludique :

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VI

My whole life I have lived in pleasant thought,
Toute ma vie j’ai vécu dans d’agréables pensées,
As if life’s business were a summer mood;
Comme si les affaires de la vie avaient un goût d’été ;

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VII

I thought of Chatterton, the marvellous Boy,
Je pensais à Chatterton, ce garçon merveilleux,
The sleepless Soul that perished in his pride;
 Cette âme sans sommeil qui périt dans son orgueil ;

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VIII

Now, whether it were by peculiar grace,
Maintenant, que ce soit par une grâce particulière,
A leading from above, a something given,
Un présage d’en haut, une chose donnée,

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IX

As a huge stone is sometimes seen to lie
Comme une pierre énorme parfois s’observe
Couched on the bald top of an eminence;
Jonchée à la pointe d’une éminence,

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X

Such seemed this Man, not all alive nor dead,
Ainsi semblait cet homme, ni tout à fait vivant ni tout à fait mort,
Nor all asleep—in his extreme old age:
Ni tout à fait endormi dans son extrême vieillesse :

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XI

Himself he propped, limbs, body, and pale face,
Lui-même se tenait, tant les membres, le corps que son pâle visage,
Upon a long grey staff of shaven wood:
 A une un longue canne grise de bois nu :

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XII

At length, himself unsettling, he the pond
Enfin, lui-même inquiétant, devant la mare
Stirred with his staff, and fixedly did look
Notre homme agite son bâton, et fixe son regard

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XIII

A gentle answer did the old Man make,
Une réponse douce m’arriva du vieil homme
  In courteous speech which forth he slowly drew:
Dans un discours courtois qu’il exprimait lentement:

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XIV

 His words came feebly, from a feeble chest,
Ses paroles sortaient faiblement, d’une faible poitrine,
But each in solemn order followed each,
Mais chacun des mots se suivait dans un ordre solennel,

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XV

He told, that to these waters he had come
Il dit que, au bord de ces eaux, il était venu
To gather leeches, being old and poor :
Lui, pauvre vieil homme, à la recherche de sangsues  :

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XVI

The old Man still stood talking by my side;
Le vieil homme continuait à parler à mes côtés ;
But now his voice to me was like a stream
Mais, désormais, sa voix tel un flux était

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XVII

My former thoughts returned: the fear that kills;
Mes anciennes pensées revinrent : la peur mortelle,
And hope that is unwilling to be fed;
L’espoir vain et malheureux,

**

XVIII

 He with a smile did then his words repeat;
Il esquissa un sourire, puis répéta ces mots :
And said that, gathering leeches, far and wide
Et me dit qu’il capturait des sangsues, dans tous les lieux

**

XIX

While he was talking thus, the lonely place,
Pendant qu’il parlait ainsi, le solitaire lieu,
The old Man’s shape, and speech—all troubled me:
L’aspect du vieil homme, sa parole – tout me troublait :

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XX

 And soon with this he other matter blended,
Et bientôt il parla d’autres choses,
Cheerfully uttered, with demeanour kind,
Avec un enthousiasme prononcé,

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POÉSIE DE WILLIAM WORDSWORTH

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L’humilité,
l’échelle de l’ambition

Nihil humani à me alienum puto

Wordsworth est aujourd’hui en pleine possession du trône poétique de l’Angleterre. Ce n’est pas encore un roi populaire chez tout son peuple, mais c’est un roi solidement établi et qui n’a pas même contre lui de prétendant. Qui est-ce qui lui disputerait maintenant le sceptre ? Byron et Walter Scott sont morts, qui d’ailleurs n’ont jamais été plus que lui souverains légitimes. Crabbe et Shelley, deux autres très puissants seigneurs littéraires, — non pas de la famille royale pourtant, — s’en sont allés aussi. Pour ce qui est des poètes contemporains célèbres encore vivants, aucun d’eux ne s’inscrit, j’imagine, comme compétiteur sérieux du monarque actuel. Thomas Moore et Southey n’y songent nullement. Ce sont toujours de laborieux écrivains ; mais ce n’est ni d’ambition, ni de renommée qu’ils s’occupent, c’est de profit. Ils font de l’histoire, je crois, à l’heure qu’il est. Samuel Rogers et Thomas Campbell sommeillent fort paisiblement sur l’oreiller de leur réputation didactique. Et puis, ils ont vieilli les ans et les autres. Les uns et les autres, ris sont au bout de leur poésie. Oh ! oui, Wordsworth est bien le maître et le prince unique. Il règne à un double titre, et par l’originalité du génie et par la fécondité puissante. L’âge en lui n’a pas même refroidi la verve. Ses cheveux ont blanchi sans qu’une seule des feuilles de sa couronne ait été flétrie ou emportée. La source nouvelle qu’il a découverte et où il puise est intarissable. On dirait que la nature qu’il adore, et au sein de laquelle il a passé sa vie, a communiqué à son âme l’éternelle jeunesse. Après plusieurs années de silence, lorsqu’on croyait partout sa voix éteinte, voici qu’elle vient de faire entendre un chant aussi ferme et aussi plein qu’aucun de ses chants d’autrefois. Voici que, du fond de sa retraite, il vient de jeter au milieu du monde un livre de poèmes où se retrouvent toute la verdeur et toute la vitalité de ses premières productions.

— Le génie de Wordsworth est une pure émanation de l’esprit du siècle. Eût-il vécu à une autre époque du monde, jamais on n’eût ouï parler de lui. Maintenant même, sa valeur n’est pas incontestée ; les ténèbres dont sa pensée s’enveloppe souvent, et la vulgarité des sujets qu’il traite, ne sont pas les moindres obstacles qui aient retardé son succès. Mais chez lui c’est l’humilité qui est l’échelle de l’ambition. Qu’il ne s’en prenne donc qu’à lui, si ces degrés qu’il a choisis pour monter le mènent lentement et malaisément à la renommée. Sa muse domestique semble avoir peur de quitter la terre ; on dirait qu’elle n’ose pas déployer au soleil la splendeur de ses ailes. Il dédaigne les images et les fantaisies que la passion engendre ; il n’a voulu employer ni le somptueux appareil du savoir mythologique, ni les couleurs éclatantes d’une diction recherchée. Son style est simple et familier. Ce sont les choses et les vérités du ménage qu’il nous dit ; il ne voit rien de plus puissant que les espérances humaines, rien de plus profond que le cœur humain. Voilà ce qu’il pèse, ce qu’il montre, ce qu’il prouve avec toute son incalculable force de sentiment et de pensée ; et en même temps il apaise les battements de son propre cœur à contempler incessamment l’aspect serein de la nature. S’il peut faire couler le sang de son sein blessé, ce sera cette pourpre vivante qui colorera son vers ; puis, s’il calme sa souffrance et ferme sa plaie avec le baume de la rêverie solitaire, et le pouvoir bienfaisant des arbres, des herbes et des influences célestes, c’est tout le triomphe que poursuit son art. Il prend les plus simples aliments de la nature et de l’âme humaine, les conditions purement abstraites et inséparables de notre être, et il essaie d’en former un nouveau système de poésie ; il a réussi dans cette entreprise autant qu’il était donné à homme d’y réussir. — Nihil humani à me alienum puto est la devise de ses ouvrages. Nulle chose n’est, selon lui, indifférente ou secondaire. Tout ce qui n’est pas l’essence absolue du sentiment et de la vérité est, selon lui, factice, vieux et illégitime. En un mot, sa poésie est fondée sur une opposition extrême et perpétuelle entre le naturel et l’artificiel, entre l’esprit de l’humanité et l’esprit de la mode et du monde.

Antoine Fontaney
(poète romantique français ())
Cinquième Partie
WILLIAM WORDSWORTH
Poètes et Romanciers de la Grande-Bretagne
Revue des Deux Mondes
Tome 3 – 1835

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traduction Jacky Lavauzelle William Wordsworth

THOMAS MOORE Poème de 1808 MEETING OF THE WATER – Cumar an dá Uisce

*THOMAS MOORE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle








Thomas Moore
1779-1852

 





Poem by Thomas Moore


Poème de Thomas Moore

The Meeting of the water

Cumar an dá Uisce

1808

L’Union des Eaux

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Note
Dans la vallée d’Avoca, aux confluents , l’Avonmore et l’Avonbeg se rencontrent. Ils donnent naissance à l’Avoca, Abhainn Abhóca, qui, coulant dans le Comté de Wicklow, se jette dans la Mer d’Irlande.
Le point de rencontre l’Avonmore et l’Avonberg se nomme Meeting of the Waters, Cumar an dá Uisce, l’Union des Eaux.

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There is not in the wide world a valley so sweet
Il n’y a pas dans le vaste monde plus douce vallée
As that vale in whose bosom the bright waters meet;
Que cette vallée où s’unissent toutes ces eaux étincelantes ;
Oh! the last rays of feeling and life must depart,
Oh ! Les derniers rayons de sentiment et de vie doivent partir,
Ere the bloom of that valley shall fade from my heart.
Avant que la fleur de cette vallée ne disparaisse de mon cœur.

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*

Yet it was not that nature had shed o’er the scene
Pourtant, la nature ne dévoilait pas sur cette scène
Her purest of crystal and brightest of green;
Son plus pur cristal ni son vert le plus chatoyant ;
‘Twas not her soft magic of streamlet or hill,
Ni cette si douce magie des ruisseaux et des collines,
Oh! no, — it was something more exquisite still.
Oh ! Non – c’était bien plus exquis encore.

*








*

‘Twas that friends, the beloved of my bosom, were near,
C’étaient mes amis, si tendres, si proches,
Who made every dear scene of enchantment more dear,
Qui rendaient cette scène enchanteresse plus divine encore,
And who felt how the best charms of nature improve,
Comme les plus beaux charmes de la nature se bonifient,
When we see them reflected from looks that we love.
Quand nous les voyons réfléchis par des regards que nous aimons.

*

Sweet vale of Avoca! how calm could I rest
Douce vallée d’Avoca ! Comment me reposer
In thy bosom of shade, with the friends I love best,
Au cœur des ombres, avec mes si chers amis,
Where the storms that we feel in this cold world should cease,
Où les tempêtes de ce glacial monde devraient s’échouer,
And our hearts, like thy waters, be mingled in peace.
Et nos cœurs, comme tes eaux, reposer en paix. 

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Thomas Moore

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Thomas Moore
La Revue des Deux Mondes
1843

Si la force ou la grâce prédomine chez Moore, c’est là une question que l’on n’a guère pris la peine d’examiner, ébloui qu’on était par l’éclat d’un autre génie dont l’énergie formait le caractère distinctif. Byron a exercé une action sociale trop vaste et trop féconde pour que de son temps on ait pu le juger sainement comme artiste ou comme penseur ; maintenant que cette première effervescence s’est calmée, il serait peut-être possible de démontrer que d’autres poètes, ses contemporains, privés d’une popularité aussi exagérée par le but moins sympathique aux passions humaines qu’ils avaient poursuivi savaient déployer, pour atteindre à ce but, des moyens aussi vrais et aussi grands que le poète qui dans sa gloire a pu se croire sans rival.

On découvre chez Moore deux individus, deux talents différents, d’où naissent deux réputations également distinctes, et dont l’une absorbe l’autre. Il est arrivé à Moore ce qui arrive à bon nombre des écrivains qui obtiennent un grand succès de vogue ; il est devenu principalement célèbre par ses qualités secondaires. Né à Dublin, en 1780, il fit paraître sa traduction d’Anacréon en 1800, avant d’avoir atteint l’âge de vingt ans, et publia l’année suivante les Poèmes de Little. Dès ce moment, le siècle assigna une place définitive au poète ; il devint tout de suite le lion à la mode ; on chanta ses chansons et on les lui fit chanter ; on le fêta, on le choya, on le combla d’attentions, mais le comprit-on bien ? Tout en appréciant ce que renfermait de charmant, de gracieux, de raffiné, ce remarquable talent, on ne reconnut pas assez ce qu’il contenait de fort et de viril ; dans ses productions, qui se distinguent avant tout par leur énergie, on se plaisait à admirer le sujet, le story, comme disent les Anglais, les brillantes images, la perfection du vers, et Anacréon Moore fut le nom dont ses contemporains persistèrent à décorer l’auteur de Lalla Rookh.

Pour bien apprécier le talent de Moore, il est nécessaire de diviser ses ouvrages en deux classes, de placer d’un côté les œuvres sérieuses, les chants inspirés qui lui assurent une célébrité durable, de l’autre les mille petites créations élégantes et spirituelles qui lui valurent les applaudissements et les caresses de son temps Parmi les premières, il faut nommer Lalla Rookh, les Mélodies irlandaises, certaines odes et épîtres, et les Rimes sur la route. Aux secondes appartiennent les Poèmes de Little, les innombrables épigrammes et ballades, les chansons érotiques, les chansons de table, les Fables de la Sainte-Alliance, et les autres satires, tableaux parfaits de mœurs contemporaines. Comme les odes d’Anacréon, à titre de traductions, n’entrent point dans les inspirations originales de Moore, elles ne doivent être considérées que du point de vue de l’exécution pure, et, quant au poème célèbre des Amours des Anges, on éprouve un très grand embarras à lui trouver une place. Trop frivole pour être classé parmi les œuvres sérieuses, et trop sérieux pour se ranger parmi les poésies légères, ce poème est d’une nature aussi intermédiaire que son sujet, et, comme les anges, semble destiné flotter incessamment entre les deux sphères.




Le patriotisme de Moore est un fait individuel, isolé ; loin de se présenter comme la conséquence nécessaire de ses idées philosophiques ou politiques, il s’en écarte et ressemble bien plutôt l’amour que ressentent certains hommes pour une seule femme, tandis que le sexe en général ne leur inspire que de l’aversion. Moore aime l’Irlande comme une maîtresse ; tout ce qu’elle demande et tout ce qu’elle veut, il le veut et le demande. Il ne voit qu’elle au monde, et ce n’est pas lui qu’on accuserait jamais de sacrifier au sentiment cosmopolite, ou de perdre un seul instant de vue les intérêts de son propre pays, pour se plonger dans des rêveries plus ou moins stériles sur les besoins et les destinées de l’humanité. Lui-même l’a dit, le seul reproche que pourront lui adresser les ennemis de l’Irlande sera d’avoir, comme Othello, — « aimé non point sagement, mais trop bien. On se persuade trop facilement, en lisant certaines poésies de Moore, que l’homme qui les a écrites appartient au parti ultra-radical, erreur qui a causé plus d’un mécompte parmi certains esprits exaltés. Il y a chez le barde d’Erin une élégance innée, a native elegance, comme disent nos voisins d’outre-Manche, qui s’oppose instinctivement aux mœurs républicaines, et c’est encore un trait distinctif du caractère irlandais, qui, au milieu des complots, des émeutes et de tous les plus funestes excès d’une guerre civile continuelle, trouve moyen de conserver toujours ses allures chevaleresques, cette insouciance de grand seigneur qui ont fait si souvent comparer l’Irlande et la France. Tant et si bien existent chez Moore ces goûts aristocratiques, cet éloignement pour les aspérités et les incorrections si je puis employer le mot, d’une société primitive, que lorsqu’en 1803 les whigs lui donnèrent la place de régistrateur de l’amirauté aux Bermudes, le séjour qu’il fit aux États-Unis, avant de se rendre à son poste, ne lui laissa que des souvenirs pleins d’amertume et de dégoût. L’aspect de ce peuple enfant, de cette nationalité ébauchée, ne le frappa par aucun de ses côtés vraiment grands ; il en saisit toutes les imperfections et les vices, comme plus tard mistriss Trollope en a saisi les incohérences et les ridicules : « J’allai en Amérique, dit Moore dans la préface des Odes et Epîtres, publiées en 1806, sans aucune prévention défavorable ; au contraire, je me livrais à certaines illusions touchant la pureté du gouvernement et le bonheur primitif du peuple… Mon attente fut entièrement trompée, et j’avais envie de dire à l’Amérique comme Horace à sa maîtresse : Intentata nites. » On devine à ce début le ton que prendra Moore plus tard vis-à-vis de cette race factieuse, pauvre d’esprit et prodigue de paroles, née pour être esclave et ambitieuse du pouvoir. » Oubliant sans doute que l’Amérique était la sœur légitime de l’Irlande, qu’elle s’était courbée sous le même joug et qu’elle l’avait secoué, qu’elle avait souffert les mêmes injustices et qu’elle venait de les venger ; oubliant enfin que, si le peuple irlandais avait su en profiter, la capitulation de York-Town ouvrait à la malheureuse Erin le chemin de la liberté, Moore, dans la VIIIe épître adressée à M. Spencer, s’exprime de la manière suivante sur la patrie de Washington : « Tout ce que la création éternellement variée contient de grand ou d’aimable fleurit et se développe ici ; les montagnes s’élèvent avec fierté, les jardins s’épanouissent dans leur éclatante richesse ; de beaux lacs s’étendent, de grands fleuves roulent leurs ondes victorieuses. L’âme (the mind), l’âme seule, sans laquelle le monde n’est qu’un désert, l’homme que de la boue ; l’âme, l’âme seule, enfouie dans un repos stérile, ne fleurit ni ne s’élève, ne s’épand ni ne brille ! Prenez-les tous, chrétiens, mohawks et démocrates, depuis le wigwam jusqu’à la chambre du congrès, depuis l’homme sauvage (esclave ou libre) jusqu’à l’homme civilisé, moins apprivoisé que lui, ce n’est partout que même chaos ténébreux, que même lutte inféconde entre la vie à moitié civilisée et moitié barbare, où tous les maux de l’ancien monde se mêlent à toutes les grossièretés du monde nouveau, tout pervertit, bien que peu de choses séduisent, et où du luxe rien n’est connu que le vice. »

POETES ET ROMANCIERS MODERNES
DE LA GRANDE-BRETAGNE
Signé R. S.
Revue des Deux Mondes
Tome 2
1843

HÉLAS ! OSCAR WILDE Poème – Poem 1881

LA Hélas !
Hélas OSCAR WILDE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde


Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 Hélas !

Poème en Prose

 1881

Hélas Oscar Wilde 

Bouffon au luth
Luitspelende nar
1624-1626
Frans Hals
Musée du Louvre Paris

**

To drift with every passion till my soul
Dériver avec chaque passion jusqu’à ce que mon âme
 Is a stringed lute on which all winds can play,
Soit un luth sur lequel tous les vents pourraient jouer sur chacune de mes cordes,
Is it for this that I have given away
Est-ce pour ça que j’ai donné
Mine ancient wisdom, and austere control?
Mon antique sagesse et mon austère réserve ?
Methinks my life is a twice-written scroll
Je pense que ma vie est un palimpseste
Scrawled over on some boyish holiday
Gribouillé par une main enfantine désinvolte,
With idle songs for pipe and virelay,
Plein de chansons oisives pour pipe et virelai,
Which do but mar the secret of the whole.
Transformant ainsi le mystère de l’ensemble.

*

Surely there was a time I might have trod
Sûrement, il fut un temps où j’aurais foulé
The sunlit heights, and from life’s dissonance
Les hauteurs ensoleillées, et de la dissonance de la vie
Struck one clear chord to reach the ears of God:
J’aurais frappé un accord clair pour atteindre les oreilles de Dieu :
Is that time dead? lo! with a little rod
Ce temps est-il mort ? Hélas ! A l’aide d’une petite tige
I did but touch the honey of romance—
Je n’aurais pas dû toucher le miel de la romance –
And must I lose a soul’s inheritance?
Mais dois-je perdre pour cela l’héritage d’une âme ?

****

Hélas OSCAR WILDE

LE DISCIPLE OSCAR WILDE THE DISCIPLE Poème en Prose

LE DISCIPLE OSCAR WILDE
THE DISCIPLE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde
The Disciple
Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 LE DISCIPLE

Poème en Prose


 

 Narcisse
Le Caravage
vers 1595

****
LE DISCIPLE OSCAR WILDE THE DISCIPLE

 

When Narcissus died the pool of his pleasure changed from a cup of sweet waters into a cup of salt tears, and the Oreads came weeping through the woodland that they might sing to the pool and give it comfort.
Quand Narcisse mourut, le bassin de son plaisir vira d’une coupe d’eau douce à une coupe de larmes salées, alors les Oréades vinrent pleurant dans la forêt chanter au bord du bassin afin de lui donner du réconfort.

*

And when they saw that the pool had changed from a cup of sweet waters into a cup of salt tears, they loosened the green tresses of their hair and cried to the pool and said : 
Et quand elles virent que le bassin s’était changé d’une coupe d’eau douce en une coupe de larmes salées, elles détachèrent les tresses vertes de leurs cheveux et pleurant près du bassin, dirent :
‘We do not wonder that you should mourn in this manner for Narcissus, so beautiful was he.’
« nous ne nous étonnons pas de pleurer de cette manière pour Narcisse, il était si beau. »

*

`But was Narcissus beautiful?’ said the pool.
– « Mais Narcisse était-il beau? » demanda le bassin.

*

‘Who should know that better than you?’ answered the Oreads.
« Qui le savait mieux que toi ? » répondirent les Oréades.
Us did he ever pass by, but you he sought for, and would lie on your banks and look down at you, and in the mirror of your waters he would mirror his own beauty.’
« Nous passâmes quelquefois, mais toi, il te cherchait, et se couchait sur tes bords, te regardait, et dans le miroir de tes eaux, se réfléchissait sa propre beauté. »

*

And the pool answered,
Et le bassin répondit :
But I loved Narcissus because, as he lay on my banks and looked down at me, in the mirror of his eyes I saw ever my own beauty mirrored.’
« Mais j’ai aimé Narcisse car, quand il était couché sur mes bords et qu’il regardait vers moi, dans le miroir de ses yeux, je voyais ma propre beauté se refléter.« 

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 LE DISCIPLE OSCAR WILDE

L’ARTISTE OSCAR WILDE THE ARTIST POEME EN PROSE

L’ARTISTE OSCAR WILDE
THE ARTIST




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde
The Artist
Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 L’ARTISTE

Poème en Prose


Auguste Rodin

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THE ARTIST OSCAR WILDE L’ARTISTE

One evening there came into his soul the desire to fashion an image of The Pleasure that Abideth for a Moment. 
Un soir, dans son âme, le désir de façonner une image du Plaisir d’un Instant, s’immisça.
And he went forth into the world to look for bronze. 
Et il partit alors dans le monde à la quête du bronze.
For he could think only in bronze.
Car il ne pouvait penser qu’en bronze.

*

But all the bronze of the whole world had disappeared, nor anywhere in the whole world was there any bronze to be found, save only the bronze of the image of The Sorrow that Endureth For Ever.
Mais tout le bronze du monde entier avait disparu, et nulle part dans le monde on ne pouvait en trouver, si ce n’est celui de la statue de l’Eternelle Douleur.

*

Now this image he had himself, and with his own hands, fashioned, and had set it on the tomb of the one thing he had loved in life.
Or, cette image, il l’avait lui-même, de ses propres mains, façonnée, et l’avait mise sur le tombeau de l’être qu’il avait aimé dans la vie.
On the tomb of the dead thing he had most loved had he set this image of his own fashioning, that it might serve as a sign of the love of man that dieth not, and a symbol of the sorrow of man that endureth for ever.
Sur le tombeau de l’être mort qu’il avait le plus aimé, il avait posé cette image façonnée par ses mains, afin qu’elle représente l’amour de l’homme qui ne meurt pas, et afin qu’elle soit un symbole de la douleur de l’homme qui demeure toujours.
And in the whole world there was no other bronze save the bronze of this image.
Et dans le monde entier, il n’y avait pas d’autre bronze que le bronze de cette image.

*

And he took the image he had fashioned, and set it in a great furnace, and gave it to the fire.
Et il prit l’image qu’il avait façonnée, et la posa dans une grande fournaise, et la donna au feu.

*

And out of the bronze of the image of The Sorrow that Endureth For Ever he fashioned an image of The Pleasure that Abideth for a Moment.
Et du bronze de l’Eternelle Douleur, il façonna la statue du Plaisir d’un Instant.

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L’ARTISTE OSCAR WILDE

Amor Intellectualis OSCAR WILDE

Amor Intellectualis




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde

Poème d’Oscar Wilde
Amor Intellectualis

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Oft have we trod the vales of Castaly
Souvent nous avons foulé les vallées de Castalie
  And heard sweet notes of sylvan music blown
Et entendu de douces notes de musique sylvestre soufflées
From antique reeds to common folk unknown:
Dans d’antiques anches au commun peuple inconnu :
And often launched our bark upon that sea
Et souvent nous avons lancé notre barque sur cette mer
Which the nine Muses hold in empery,
Où les neuf Muses tiennent leur empire,
 And ploughed free furrows through the wave and foam,
Et labourant de libres sillons à travers la vague et l’écume,
Nor spread reluctant sail for more safe home
Sans hisser la voile réticente vers une maison plus sûre
  Till we had freighted well our argosy.
Jusqu’à ce que nous ayons bien transporté nos marchandises.

*

Of which despoiled treasures these remain,
De tout ça, les trésors dépouillés restent,
 Sordello’s passion, and the honied line
La passion de Sordello* et les douces lignes
 Of young Endymion, lordly Tamburlaine
Du jeune **Endymion, l’imposant ***Tamburlaine
  Driving his pampered jades, and more than these,
Conduisant ses jades choyés, et plus que ceux-ci,
  The seven-fold vision of the Florentine,
La vision septuple de la ****Florentine,
And grave-browed Milton’s solemn harmonies.
Et les harmonies solennelles de Milton au front grave.

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  • * Sordello Poème de Robert Browning 1840
    ** Endymion poème de keats [A thing of beauty is a joy for ever:
    Its loveliness increases; it will never…]
    ***Tamburlaine the Great  de Christopher Marlowe 1590
    ****La Florentine : La Divine Comédie de Dante Alighieri

Amor Intellectualis
OSCAR WILDE

Poèmes de DH LAWRENCE – DH Lawrence poems

Traduction Jacky Lavauzelle LITTERATURE ANGLAISE -English Literature – English poetry

David Herbert Lawrence
1885-1930 

Traduction – Translation
French and English text
texte bilingue français-anglais

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

 

 Poemes de DH Lawrence DH Lawrence's peom Traduction Jacky Lavauzelle

Les Poèmes de DH Lawrence      (Sélection)

DH Lawrence’s poems

 

Bare almond-trees
Amandiers dépouillés

Wet almond-trees, in the rain,
Amandiers humides, sous la pluie,
Like iron sticking grimly out of earth ;
Comme le fer se colle sinistrement sur la terre;

*




Destiny
Destinée

O destiny, destiny,
Ô destinée, destinée,
do you exist, and can a man touch your hand ?
existez-vous et un homme peut-il toucher votre main ?

*Traduction Jacky Lavauzelle




*




First Morning
Premier Matin

The night was a failure
La nuit a été un échec
 but why not – ?
mais pourquoi pas-?
Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

*

Natural Complexion
Teint Naturel

But you see, said the handsome Young man with the chamois gloves to the woman rather older than himself,
Mais voyez-vous, dit le beau jeune homme avec les gants de chamois à la femme plutôt âgée que lui,

Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence




*

Old People
Les Vieilles Personnes

Nowadays everybody wants to be young
Aujourd’hui, tout le monde veut être jeune
so much so, that even the young are old with the efforts of being young.
tant et si bien, que même les jeunes sont vieux par les efforts qu’ils font pour être jeune.

*

Peach
Pêche

Would you like to throw a stone at me?
Aimeriez-vous  jeter une pierre sur ma personne ?
Here, take all that’s left of my peach.
Tenez, prenez tout ce qui reste de ma pêche.

Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

*

Piano

Softly, in the dusk, a woman is singing to me;
Doucement, au crépuscule, pour moi, une femme chante ;
Taking me back down the vista of years, till I see
Je revois alors mes années passées, jusqu’à ce que j’aperçoive

Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

*

Spiral Flame
Flamme en Spirale

There have been so many gods
Il y a eu tant de dieux
that now there are none.
que maintenant il n’y en a plus.

*




The Evening Land
Le Pays du soir

Oh, America,
 Ô Amérique,
The sun sets in you.
En toi se couche le soleil.

The evening land DH Lawrence Traduction Française Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

*

The Mess of Love 
Le Gâchis de l’Amour

We’ve made a great mess of love
Nous avons fait un grand gâchis de l’amour
Since we made an ideal of it.
Depuis que nous avons fait de lui un idéal.

*




The Oxford Voice
L’Accent d’Oxford

When you hear it languishing
Quand vous l’entendez languir
and hooing and cooing, and sidling through the front teeth,
et couiner et roucouler et se faufiler à travers les dents de devant,

*

The Worm either way 
Ver de toute façon

If you live along with all the other people
Si vous vivez avec toutes les autres personnes
and are just like them, and conform, and are nice
et êtes comme eux, et conforme, et agréable




Things made by Iron 
Les Choses faites de fer

Things made by iron and handled by steel
Les choses faites de fer et traitées par l’acier
are born dead, they are shrouds, they soak life out of us.
sont mort-nées, elles sont linceuls, elles nous vident en absorbent notre vie.

Things made by iron Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

*




Things Men Have Made 
Les Choses que les hommes ont faites

Things men have made with wakened hands, and put soft life into
are awake through years with transferred touch, and go on glowing for long years.

Les choses que les hommes ont faites avec leurs mains éveillées, où s’est immiscée la vie en douce, sont éveillées pour des années avec ce transfert du toucher, et rayonnent pendant de longues années.




*

To let go or to hold on – ?
Lâcher ou Tenir bon ?

Shall we let go,
Allons-nous laisser aller,
and allow the soul to find its level
et permettre à l’âme de retrouver son niveau




*

To Women, as far as I’m concerned
Aux Femmes, pour autant que je sois concerné

The feelings I don’t have I don’t have.
Les sentiments que je n’ai pas, je ne les ai pas.
The feeling I don’t have, I won’t say I have.
Le sentiment que je n’ai pas, je ne vais pas dire que je les possède.

*




When wilt thou teach the people…?
Quand vas-tu enseigner au peuple…?

When wilt thou teach the people,
Quand vas-tu enseigner au peuple,
  God of justice, to save themselves – ?
Dieu de justice, à se sauver lui-même…?

*




Work
Travail

There is no point in work
Il n’y a pas de sens dans le travail
unless it absorbs you
à moins qu’il ne vous absorbe

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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Poèmes de DH Lawrence
DH Lawence’s poems

Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

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Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence

 Traduction Jacky Lavauzelle D. H. Lawrence