Archives par mot-clé : oscar wilde

CHANSON – OSCAR WILDE

Tædium Vitæ

*



Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

 

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde


Poems


CHANSON

*

Photo Jacky Lavauzelle

*********


A ring of gold and a milk-white dove
Une bague en or et une blanche et laiteuse colombe
Are goodly gifts for thee,
Sont de beaux cadeaux pour toi,
And a hempen rope for your own love
Et une corde de chanvre pour ton propre amour
To hang upon a tree.
Accrochée à un arbre.

*


For you a House of Ivory
Pour toi une Maison d’Ivoire
(Roses are white in the rose-bower)!
(Les roses sont blanches dans la rosier) !
A narrow bed for me to lie,
Un lit étroit pour moi pour mentir,
(White, oh white, is the hemlock flower)!
(Blanche, ô blanche est la fleur de ciguë) !

*


Myrtle and jessamine for you,
Myrte et jasmin pour toi,
(O the red rose is fair to see)!
(La rose rouge est juste-là pour les yeux) !
For me the cypress and the rue
Pour moi le cyprès et la rue
(Fairest of all is rosemary)!
(Le plus beau de tous est le romarin) !

*


For you three lovers of your hand,
Pour toi trois amoureux à ta main,
(Green grass where a man lies dead)!
(Herbe verte où un homme est mort) !
For me three paces on the sand,
Pour moi, trois pas sous le sable,
(Plant lilies at my head)!
(Plante des lis sur ma tête) !


**********

Tædium Vitæ

CAMMA – Oscar WILDE

*

Camma
Camma Oscar Wilde



Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde


Poems

Poème d’Oscar Wilde
 CAMMA

**

 

As one who poring on a Grecian urn
Comme celui qui, penché sur une urne grecque,
 Scans the fair shapes some Attic hand hath made,
Contemple les formes parfaites que la main Attique a réalisées,
God with slim goddess, goodly man with maid,
Dieu avec une élégante déesse, un homme fort avec une jeune fille,
And for their beauty’s sake is loth to turn
Et leur beauté qui annihile toute désir de se retourner
And face the obvious day, must I not yearn
Et d’observer la clarté du jour, ainsi ne dois-je donc pas aspirer
For many a secret moon of indolent bliss,
A plus d’une secrète lune d’indolente félicité,
  When in the midmost shrine of Artemis
Quand, dans le cœur du sanctuaire d’Artémis,
  I see thee standing, antique-limbed, and stern?
Je te vois, debout, aux formes antiques et sévère ?

*

 And yet—methinks I’d rather see thee play
Et pourtant … il me semble que je préférerais te voir jouer
That serpent of old Nile, whose witchery
Ce serpent du vieux Nil, dont la sorcellerie
Made Emperors drunken,—come, great Egypt, shake
Enivrait des Empereurs,… Viens, grande Egypte, secoue
Our stage with all thy mimic pageants! Nay,
Notre scène avec toutes tes parades ! Non,
  I am grown sick of unreal passions, make
Je suis malade de passions irréelles, fais
The world thine Actium, me thine Antony!
Du monde ton Actium, fais de moi ton Antoine !

Oscar Wilde 

****

CAMMA OSCAR WILDE

Tædium Vitæ d’OSCAR WILDE

*

Tædium Vitæ
Tædium Vitæ Oscar Wilde



Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

 

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde


Poems

Poème d’Oscar Wilde
 Tædium Vitæ

**

 

To stab my youth with desparate knives, to wear
Poignarder ma jeunesse avec de désespérants couteaux, porter
This paltrey age’s gaudy livery,
La livrée criarde de cette époque dérisoire,
To let each base hand filch my treasury,
Laisser de sordides mains  dérober mon trésor,
   To mesh my soul within a woman’s hair,
Enfermer mon âme dans les tresses d’une femme,
And be mere Fortune’s lackeyed groom,—I swear
Et n’être que le palefrenier de la Fortune, je le jure :
 I love it not! These things are less to me
Je n’aime pas ça ! Toutes ces choses sont moins pour moi
Than the thin foam that frets upon the sea,
Que la fine écume fouettée par la mer,
Less than the thistle-down of summer air
Moins que les ombelles du chardon portées dans un air d’été
 Which hath no seed: better to stand aloof
Qui viennent de perdre leur graine : mieux vaut me tenir à l’écart,
Far from these slanderous fools who mock my life
Loin de ces imbéciles calomnieux qui se moquent de ma vie
Knowing me not, better the lowliest roof
Qui ne me connaissent pas ; mieux vaut le toit le plus humble
   Fit for the meanest hind to sojourn in,
Qui convient au séjour du plus humble d’entre nous,
Than to go back to that hoarse cave of strife
Que de retourner dans cette grotte où la guerre fait rage
  Where my white soul first kissed the mouth of sin.
Où mon âme blanche a embrassé la bouche du péché, la toute première fois.

 

Oscar Wilde 

****

Tædium Vitæ OSCAR WILDE

 

Tædium Vitæ

YEATS – LA TRAVERSEE VERS BYZANCE IV SAILING TO BYZANTIUM – Once out of nature I shall never take

*

YEATS
**************

William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
***********
IV
*************

Once out of nature I shall never take
********

Hors de la nature

 

*********



Once out of nature I shall never take
Une fois hors de la nature, je ne prendrai jamais
My bodily form from any natural thing,
Ma forme corporelle d’une chose naturelle,
But such a form as Grecian goldsmiths make
Mais d’une forme comme celles que les orfèvres grecs
Of hammered gold and gold enamelling
Emaillent et martèlent d’or
To keep a drowsy Emperor awake;
Pour garder un empereur alangui éveillé ;
Or set upon a golden bough to sing
Ou qu’ils incrustent sur un rameau doré pour chanter
To lords and ladies of Byzantium
Aux seigneurs et aux dames de Byzance
Of what is past, or passing, or to come.
Ce qui fut, ou ce qui est, ou ce qui adviendra.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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YEATS SAILING TO BYZANTIUM
LA TRAVERSEE VERS BYZANCE

YEATS : LA TRAVERSEE VERS BYZANCE – SAILING TO BYZANTIUM – I – CE N’EST PAS UN PAYS POUR LES VIEILLARDS

*

YEATS
**************

William Butler Yeats
Irish poet – Poète Irlandais
English literature English poetry


SAILING TO BYZANTIUM

 

WILLIAM BUTTLER YEATS
1865-1939


LA TRAVERSEE DE BYZANCE
SAILING TO BYZANTIUM
***********
I
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That is no country for old man

Ce n’est pas un pays pour les vieillards



That is no country for old men. The young
Ce n’est pas un pays pour les vieillards. Les jeunes,
In one another’s arms, birds in the trees,
Dans les bras les uns les autres, les oiseaux dans les arbres,
 —Those dying generations—at their song,
-Ces générations qui meurent – sont à leur chant,
The salmon-falls, the mackerel-crowded seas,
Les frétillants saumons, les bancs de maquereaux,
Fish, flesh, or fowl, commend all summer long
Poisson, carnassier ou volatile, ils honorent tous l’été,
Whatever is begotten, born, and dies.
Tout ce qui est engendré, naît et meurt.
Caught in that sensual music all neglect
Pris dans cette musique sensuelle, tous négligent
Monuments of unageing intellect.
Les monuments de l’intelligence sans âge.



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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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LA POESIE DE YEATS
VUE
PAR OSCAR WILDE

Les livres de poésie des jeunes écrivains sont d’ordinaire des billets qui ne sont jamais payés.
Néanmoins, on rencontre de temps en temps un volume si supérieur à la moyenne, qu’on résiste à grand’peine à la tentation attrayante de prophétiser étourdîment un bel avenir pour son auteur.
Le livre de M. Yeats : Les Voyages d’Oisin est certainement un de ceux-là.
Ici nous trouvons un noble sujet noblement traité, la délicatesse de l’instinct poétique, et la richesse d’imagination.
Une bonne partie de l’œuvre est inégale, peu soutenue, il faut le reconnaître.
M. Yeats n’essaie pas de dépasser Wordworth en enfance, nous sommes heureux de le dire, mais de temps à autre il réussit à « surpasser Keats en brillant » et il y a, çà et là, dans son livre des choses d’une étrange crudité, des endroits d’une recherche irritante. Mais dans les meilleurs passages, il est excellent.
S’il n’a pas la grandiose simplicité de la facture épique, il a au moins quelque chose de la largeur de vision qui appartient au caractère épique.
Il ne diminue point la stature des grands héros de la mythologie celtique.
Il est très naïf, très primitif et parle de ses géants de l’air d’un enfant.
Voici un passage caractéristique du récit où Oisin revient de l’Île de l’oubli.
  Et je suivis les bords de la mer, où tout est nu et gris,
    sable gris sur le vert des gazons, et sur les arbres imprégnés d’eau,
    qui suintent et penchent du côté de la terre, comme s’ils avaient hâte de partir,
    comme une armée de vieillards soupirant après le repos loin de la
      plainte des mers.
    Les flocons d’écume fuirent longtemps autour de moi ; les vents fuirent loin de l’étendue
    emportant l’oiseau dans leurs plis, et je ne sus point, plongé dans mes
      pensées à l’écart,
    quand ils gelèrent l’étoffe sur mon corps comme une cuirasse fortement rivée,
    Car la Souvenance, dressant sa maigreur, gémit dans les portes de mon cœur,
    jusqu’à ce que chargeant les vents du matin, une odeur de foin fraîchement coupé,
    arriva, mon front s’inclina très bas, et mes larmes tombèrent comme des baies.
    Plus tard ce fut un son, à demi perdu dans le son d’un rivage lointain.
    C’était la grande barnacle qui appelait, et plus tard les bruns vents de la côte.
    Si j’étais comme je fus jadis, les fers d’or écrasant le sable et les coquillages,
venant de la mer, comme le matin avec des lèvres rouges murmurant un chant,
    ne toussant pas, ma tête sur les genoux, et priant, et irrité contre les cloches,
    je ne laisserais à aucun saint sa tête sur son corps, lors même que ses terres seraient grandes et fortes.
     M’éloignant des houles qui s’allumaient, je suivis un sentier de cheval,
    m’étonnant beaucoup de voir de tous côtés, faites de roseaux et de charpentes
    des églises surmontées d’une cloche, et le cairn sacré et la terre sans gardiens,
    et une petite et faible populace courbée, le pic et la bêche à la main.

Dans un ou deux endroits, la mélodie est fautive, la construction est parfois trop embrouillée, et le mot de populace du dernier vers est mal choisi, mais quand tout cela est dit, il est impossible de ne pas sentir dans ces stances la présence du véritable esprit poétique.

Oscar Wilde
Derniers essais de littérature et d’esthétique
Trois Nouveaux Poètes
1913

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SAILING TO BYZANTIUM

FERNANDO PESSOA : LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA (1922) Carta dirigida à revista Contemporânea

 O Carta dirigida à revista Contemporânea
Lettre à la Revue Contemporânea
Octobre 1922
17 Outubro 1922

Poème de Fernando Pessoa





Traduction – Texte Bilingue
tradução – texto bilíngüe

Traduction Jacky Lavauzelle


LITTERATURE PORTUGAISE
POESIE PORTUGAISE

Literatura Português

FERNANDO PESSOA
1888-1935
Fernando Pesso Literatura Português Poesia e Prosa Poésie et Prose Artgitato

 





Prosa de Fernando Pessoa




Carta dirigida à revista Contemporânea
LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
17 Outubro 1922
17 octobre 1922

*****

Contemporânea -nº1 – Maio de 1922 – Sumário
Le sommaire du premier n° de Contemporânea de mai 1922
Capa do nº1 da Revista Orpheu, 1915
Couverture du premier n° de la Revue Orpheu de 1915




Álvaro de Campos***

Meu querido José Pacheco:
Mon cher José Pacheko*,

Venho escrever-lhe para o felicitar pela sua «Contemporânea» para lhe dizer que não tenho escrito nada e para por alguns embargos ao artigo do Fernando Pessoa.
Je vous écris ici pour vous féliciter de votre « Contemporânea », pour vous dire que je ne l’ai pas écrit et pour revenir sur l’article de Fernando Pessoa.

Quereria mandar-lhe também colaboração.
Je voulais aussi vous envoyer une collaboration.
Mas, como lhe disse, não escrevo.
Mais, comme je vous l’ai dit, je n’écris pas…

 

ÁLVARO DE CAMPOS

Newcastle-on-Tyne, 17 Outubro 1922.
Le 17 octobre 1922 – Newcaste-on-Tyne

********

LETTRE A LA REVUE CONTEMPORÂNEA
(1922)
Carta dirigida à revista Contemporânea 

NOTES
* José Pacheko ou José Pacheco, directeur de publication, architecte, graphiste, peintre (1885 — 1934)

** Contemporânea est une revue portugaise publiée entre 1922 et 1926 (Lisbonne – Lisboa). Directeur : José Pacheko.

*** Álvaro de Campos, (heteronímia)  hétéronyme de Fernando Pessoa, né à Tavira ou à Lisbonne, né le 13 ou le 15 de octobre 1890  et mort en 1935

****António Thomaz Botto (António Botto)  poète moderniste. Il est né à Concavada au Portugal le 17 août 1897 et mort le 16 mars 1959 à Rio de Janeiro au Brésil. Canções sont des poèmes composés par Botto et parus en 1920.

 

********

HÉLAS ! OSCAR WILDE Poème – Poem 1881

LA Hélas !
Hélas OSCAR WILDE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde


Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 Hélas !

Poème en Prose

 1881

Hélas Oscar Wilde 

Bouffon au luth
Luitspelende nar
1624-1626
Frans Hals
Musée du Louvre Paris

**

To drift with every passion till my soul
Dériver avec chaque passion jusqu’à ce que mon âme
 Is a stringed lute on which all winds can play,
Soit un luth sur lequel tous les vents pourraient jouer sur chacune de mes cordes,
Is it for this that I have given away
Est-ce pour ça que j’ai donné
Mine ancient wisdom, and austere control?
Mon antique sagesse et mon austère réserve ?
Methinks my life is a twice-written scroll
Je pense que ma vie est un palimpseste
Scrawled over on some boyish holiday
Gribouillé par une main enfantine désinvolte,
With idle songs for pipe and virelay,
Plein de chansons oisives pour pipe et virelai,
Which do but mar the secret of the whole.
Transformant ainsi le mystère de l’ensemble.

*

Surely there was a time I might have trod
Sûrement, il fut un temps où j’aurais foulé
The sunlit heights, and from life’s dissonance
Les hauteurs ensoleillées, et de la dissonance de la vie
Struck one clear chord to reach the ears of God:
J’aurais frappé un accord clair pour atteindre les oreilles de Dieu :
Is that time dead? lo! with a little rod
Ce temps est-il mort ? Hélas ! A l’aide d’une petite tige
I did but touch the honey of romance—
Je n’aurais pas dû toucher le miel de la romance –
And must I lose a soul’s inheritance?
Mais dois-je perdre pour cela l’héritage d’une âme ?

****

Hélas OSCAR WILDE

The House of Judgement OSCAR WILDE LA MAISON DU JUGEMENT

 

LA MAISON DU JUGEMENT
The House of Judgement OSCAR WILDE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde
The House of Judgement

Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 LA MAISON DU JUGEMENT

Poème en Prose

The House of Judgment Oscar Wilde 

 

 Le Jugement dernier
Il Giudizio universale
Michel Ange
La Chapelle Sixtine
Vatican
1541

****
The House of Judgement OSCAR WILDE LA MAISON DU JUGEMENT

 

And there was silence in the House of Judgment, and the Man came naked before God.
Et il y eut un silence dans la Maison du Jugement, et l’Homme vint nu devant Dieu.

And God opened the Book of the Life of the Man.
Et Dieu ouvrit le Livre de la Vie de l’Homme.

And God said to the Man,
Et Dieu dit à l’homme :
`Thy life hath been evil, and thou hast shown cruelty to those who were in need of succour, and to those who lacked help thou hast been bitter and hard of heart.
 » Ta vie a été mauvaise, et tu as fait preuve de cruauté envers ceux qui ont eu besoin de secours, et à ceux qui manquaient d’aide, tu as été sévère avec un cœur de pierre.
The poor called to thee and thou didst not hearken, and thine ears were closed to the cry of My afflicted.
 Le pauvre t’a appelé et tu ne l’as pas écouté, et tes oreilles se sont fermées au cri de Mon affligé.
The inheritance of the fatherless thou didst take unto thyself and thou didst send the foxes into the vineyard of thy neighbour’s field.
Tu as pris l’héritage de l’orphelin, et tu as envoyé les renards dans la vigne du champ de ton prochain.
Thou didst take the bread of the children and give it to the dogs to eat, and My lepers who lived in the marshes, and were at peace and praised Me, thou didst drive forth on to the highways, and on Mine earth out of which I made thee thou didst spill innocent blood.’
Tu as pris le pain des enfants, et tu l’as donné aux chiens, et à Mes lépreux qui vivaient dans les marais, et qui étaient en paix et qui M’ont loué, tu les as chassés sur les routes et sur Ma terre, tu as déversé du sang innocent. »

And the Man made answer and said,
Et l’Homme répondit:
`Even so did I.’
 « Cela, je l’ai fait. »

And again God opened the Book of the Life of the Man.
Et Dieu ouvrit à nouveau le Livre de la Vie de l’Homme.

And God said to the Man,
Et Dieu dit à l’Homme :
`Thy life hath been evil, and the Beauty I have shown thou hast sought for, and the Good I have hidden thou didst pass by.
« Ta vie a été mauvaise, et la Beauté que J’ai montrée tu l’as enfouie, et le Bien que J’ai caché, tu l’as oublié.
The walls of thy chamber were painted with images, and from the bed of thine abominations thou didst rise up to the sound of flutes.
Les murs de ta chambre étaient remplis d’images peintes, et du lit de tes abominations, tu t’es levé au son des flûtes.
Thou didst build seven altars to the sins I have suffered, and didst eat of the thing that may not be eaten, and the purple of thy raiment was broidered with the three signs of shame.
Tu as bâti sept autels pour les péchés que J’ai endurés, tu as mangé de ce qui ne se mange pas, et la pourpre de tes vêtements est brodée de trois signes de honte.
Thine idols were neither of gold nor of silver that endure, but of flesh that dieth.
 Tes idoles n’étaient ni d’or ni d’argent qui subsiste, mais de chair périssable.
Thou didst stain their hair with perfumes and put pomegranates in their hands.
Tu as teint les cheveux avec des parfums et tu as mis des grenades dans leurs mains.
Thou didst stain their feet with saffron and spread carpets before them.
Tu as teint les pieds de safran et tu as étendu des tapis devant eux.
With antimony thou didst stain their eyelids and their bodies thou didst smear with myrrh.
Avec l’antimoine, tu as teint leurs paupières et leurs corps, tu les as frottés de myrrhe.
Thou didst bow thyself to the ground before them, and the thrones of thine idols were set in the sun.
Tu t’inclinais à terre devant eux, et les trônes de tes idoles se dressaient au soleil.
Thou didst show to the sun thy shame and to the moon thy madness.’
Tu as montré au soleil ta honte et à la lune ta folie.

And the Man made answer and said,
Et l’Homme répondit :
`Even so did I.’
 « Cela, je l’ai fait. aussi »

And a third time God opened the Book of the Life of the Man.
Et pour la troisième fois, Dieu ouvrit le Livre de la Vie de l’Homme.

And God said to the Man,
Et Dieu dit à l’Homme :
 `Evil hath been thy life, and with evil didst thou requite good, and with wrongdoing kindness.
 «Le mal a été toute ta vie, et avec le mal tu as rendu le bien et l’injustice a été rendu envers la bonté.
The hands that fed thee thou didst wound, and the breasts that gave thee suck thou didst despise.
 Les mains qui t’ont nourri, tu les as blessées, et les seins qui t’ont allaité, tu les as méprisés.
He who came to thee with water went away thirsting, and the outlawed men who hid thee in their tents at night thou didst betray before dawn.
Celui qui est venu à toi avec de l’eau est reparti assoiffé, et les hommes hors la loi qui te cachèrent dans leurs tentes toute la nuit, tu les as trahis avant l’aube.
Thine enemy who spared thee thou didst snare in an ambush and the friend who walked with thee thou didst sell for a price, and to those who brought thee Love thou didst ever give Lust in thy turn.’
L’ennemi qui t’a épargné, tu l’as attaqué dans une embuscade, et l’ami qui marchait avec toi, tu l’as vendu, et à ceux qui t’ont apporté l’Amour, tu n’as jamais rendu que de la luxure.

And the Man made answer and said,
Et l’Homme répondit :
`Even so did I.’
 « Cela, je l’ai fait aussi. »

And God closed the Book of the Life of the Man, and said,
Et Dieu referma le Livre de la Vie de l’Homme, et dit :
`Surely I will send thee into Hell.
« Assurément, Je vous enverrai en Enfer.
Even into Hell will I send thee.’
Je t’enverrai même en Enfer. »

And the Man cried out,
Et l’Homme cria :
`Thou canst not.’
‘Tu ne peux pas ! »

And God said to the Man,
Et Dieu dit à l’Homme:
`Wherefore can I not send thee to Hell, and for what reason?’
« Pourquoi ne puis-Je pas t’envoyer en Enfer, pour quelle raison ? »

`Because in Hell have I always lived,’
« Parce que j’ai toujours vécu en Enfer. »
answered the Man.
répondit l’Homme.

And after a space God spake, and said to the Man,
Et après un moment, Dieu parla, et dit à l’homme :
`Seeing that I may not send thee into Hell, surely I will send thee unto Heaven.
« Vu que Je ne t’envoie pas en Enfer, Je t’enverrai au Ciel.
Even unto Heaven will I send thee.’
Je t’envoie vers le Ciel. »

And the Man cried out,
Et l’Homme cria :
`Thou canst not.’
« Tu ne peux pas ! »

And God said to the Man,
Et Dieu demanda à l’Homme :
 `Wherefore can I not send thee unto Heaven, and for what reason?’
« Pourquoi ne puis-Je pas t’envoyer au Ciel, et pour quelle raison? »

`Because never, and in no place, have I been able to imagine it,’
« Parce que jamais, et en aucun lieu, je n’ai pu l’imaginer. »
answered the Man.
répondit l’Homme.

And there was silence in the House of Judgment.
Et il y eut un silence dans la Chambre du jugement.

****

The House of Judgement OSCAR WILDE

The Doer of Good OSCAR WILDE LE FAISEUR DE BIEN

LE FAISEUR DE BIEN OSCAR WILDE
The Doer of Good




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde
The Doer of Good
Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 LE FAISEUR DE BIEN

Poème en Prose


 Christ Healing the Blind Man
Le christ guérissant l’aveugle
1640
Gioacchino Assereto

 

****
The Doer of Good OSCAR WILDE LE FAISEUR DE BIEN

It was night-time and He was alone.
Il faisait nuit et Il était seul.

And He saw afar-off the walls of a round city and went towards the city.
Et Il vit au loin les murailles d’une ville ronde et Il se dirigea vers la ville.

*

And when He came near He heard within the city the tread of the feet of joy, and the laughter of the mouth of gladness and the loud noise of many lutes.
Et quand Il s’approcha, Il entendit dans la ville des pas joyeux de pieds, le rire gai et le bruit de nombreux luths.
And He knocked at the gate and certain of the gatekeepers opened to Him.
Et Il frappa à la porte et un portier Lui ouvrit.

*

And He beheld a house that was of marble and had fair pillars of marble before it.
Et Il vit une maison qui était en marbre et qui avait des piliers de marbre.
The pillars were hung with garlands, and within and without there were torches of cedar.
Les piliers étaient garnis de guirlandes, et à l’intérieur comme à l’extérieur se trouvaient des torches de cèdre.
 And He entered the house.
Et Il entra dans la maison.

*

And when He had passed through the hall of chalcedony and the hall of jasper, and reached the long hall of feasting, He saw lying on a couch of sea-purple one whose hair was crowned with red roses and whose lips were red with wine.
Et quand Il eut traversé la salle la calcédoine et la salle du jaspe, Il arriva au long hall du festin et vit couché sur un canapé de pourpre marine quelqu’un dont les cheveux étaient couronnés de roses rouges et dont les lèvres étaient rouges de vin.

*

And He went behind him and touched him on the shoulder and said to him, `Why do you live like this?’
Et Il alla derrière lui, le toucha sur l’épaule, et lui demanda : « Pourquoi vis-tu ainsi ? »

*

And the young man turned round and recognised Him, and made answer and said,
Et le jeune homme se retourna, Le reconnut, et répondit :
`But I was a leper once, and you healed me. How else should I live?’
« J’ai été lépreux une fois, et tu m’as guéri. Comment pourrais-je vivre autrement ?  « 

*

And He passed out of the house and went again into the street.
Et Il sortit de la maison et retourna dans la rue.

*

And after a little while He saw one whose face and raiment were painted and whose feet were shod with pearls.
Et peu de temps après, Il vit une femme dont le visage était maquillé, les vêtements étaient peints et dont les pieds étaient garnis de perles.
And behind her came, slowly as a hunter, a young man who wore a cloak of two colours.
Et derrière elle, arrivait lentement, tel un chasseur, un jeune homme qui portait un manteau de deux couleurs.
Now the face of the woman was as the fair face of an idol, and the eyes of the young man were bright with lust.
Or, le visage de la femme était comme le visage d’une idole, et les yeux du jeune homme étaient brillants de luxure.

*

And He followed swiftly and touched the hand of the young man and said to him,
Et Il le suivit promptement, toucha la main du jeune homme, et lui dit :
`Why do you look at this woman and in such wise?’
« Pourquoi regardes-tu cette femme et de cette manière ? »

*

And the young man turned round and recognised Him and said,
Et le jeune homme se retourna et Le reconnut, et dit :
`But I was blind once, and you gave me sight.
« J’ai été aveugle une fois, et tu m’as donné la vue. 
  At what else should I look?’
Quoi d’autre devrais-je regarder ? »

*

And He ran forward and touched the painted raiment of the woman and said to her,
Et Il courut en avant, et toucha les vêtements peints de la femme, et lui dit :
`Is there no other way in which to walk save the way of sin?’
« N’y a-t-il d’autres moyens que de choisir le chemin du péché ? »

*

And the woman turned round and recognised Him, and laughed and said,
Et la femme se retourna, Le reconnut, se mit à rire et dit :
`But you forgave me my sins, and the way is a pleasant way.’
« Tu m’as pardonné mes péchés, et le chemin est agréable. »

*

And He passed out of the city.
Et Il sortit de la ville.

*

And when He had passed out of the city He saw seated by the roadside a young man who was weeping.
Et après être sorti de la ville, Il vit assis au bord de la route un jeune homme qui pleurait.

*

And He went towards him and touched the long locks of his hair and said to him,
Et Il s’approcha de lui, lui toucha les longues mèches de ses cheveux, et lui dit :
`Why are you weeping?’
« Pourquoi pleures-tu ? »

*

And the young man looked up and recognised Him and made answer,
Et le jeune homme leva les yeux, Le reconnut et répondit:
  `But I was dead once and you raised me from the dead. 
 « Mais je suis mort une fois et tu m’as ressuscité des morts.
What else should I do but weep?’
Que puis-je faire d’autre que pleurer ? »

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The Doer of Good OSCAR WILDE

LE MAÎTRE OSCAR WILDE THE MASTER Poème en prose

LE MAÎTRE OSCAR WILDE
THE DISCIPLE




Traduction – Texte Bilingue

Traduction Jacky Lavauzelle

OSCAR WILDE
1854-1900

Photos Napoléon Sarony

 





Poem by Oscar Wilde
The Master
Poems in Prose

Poème d’Oscar Wilde
 LE MAÎTRE

Poème en Prose


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LE MAÎTRE OSCAR WILDE THE MASTER

 

Portrait de Joseph d’Arimathie
Le Pérugin
il Perugino

Now when the darkness came over the earth Joseph of Arimathea, having lighted a torch of pinewood, passed down from the hill into the valley.
Or, quand les ténèbres arrivèrent sur la terre, Joseph d’Arimathie, ayant allumé une torche de bois de pin, descendit de la colline dans la vallée.
For he had business in his own home.
Car il avait des affaires à régler dans sa propre maison.

*

And kneeling on the flint stones of the Valley of Desolation he saw a young man who was naked and weeping.
Et, agenouillé sur les pierres de silex de la Vallée de Désolation, il vit un jeune homme nu pleurant.
His hair was the colour of honey, and his body was as a white flower, but he had wounded his body with thorns and on his hair had he set ashes as a crown.
Ses cheveux étaient couleur du miel, et son corps comme une fleur blanche, mais il avait blessé son corps avec des épines et sur ses cheveux avait mis les cendres comme une couronne.

*

And he who had great possessions said to the young man who was naked and weeping,
Et celui qui avait de grandes possessions dit au jeune homme qui était nu et qui pleurait :
  `I do not wonder that your sorrow is so great, for surely He was a just man.’
« Je ne suis pas surpris que votre chagrin soit si grand, car Il était certainement un homme juste. »

*

And the young man answered,
Et le jeune homme répondit :
`It is not for Him that I am weeping, but for myself.
« Ce n’est pas pour lui que je pleure, mais pour moi.
I too have changed water into wine, and I have healed the leper and given sight to the blind.
Moi aussi, j’ai changé l’eau en vin, et j’ai guéri le lépreux et donné la vue aux aveugles.
I have walked upon the waters, and from the dwellers in the tombs I have cast out devils.
J’ai marché sur les eaux, et des habitants des tombes, j’ai chassé les démons. 
have fed the hungry in the desert where there was no food, and I have raised the dead from their narrow houses, and at my bidding, and before a great multitude of people, a barren fig-tree withered away.
J’ai nourri les affamés dans le désert où il n’y avait pas de nourriture, et j’ai ressuscité les morts de leurs maisons étroites, et à ma demande, et devant une grande multitude de gens, un figuier stérile a refleuri. 
IAll things that this man has done I have done also.
Tout ce que cet homme a fait, je l’ai fait aussi.
And yet they have not crucified me.’
Et pourtant ils ne m’ont pas crucifié. »

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 LE MAÎTRE OSCAR WILDE