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LE PRINTEMPS DE L’AUTOMNE – Poème de Erik-Axel KARLFELDT – Höstens vår

Diktsamlingen Fridolins visor och andra dikter
karlfeldt dikter
Dikter av Erik Axel Karlfeldt

Traduction – Texte Bilingue
Erik Axel Karlfeldts dikter
Karlfeldt poet
Poesi
Poésie


LITTERATURE SUEDOISE
POESIE SUEDOISE

Svensk litteratur
svensk poesi –

Traduction Jacky Lavauzelle

Erik Axel Karlfeldt 1864 – 1931

översättning – Traduction

 

 

Höstens vår
LE PRINTEMPS DE L’AUTOMNE

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 Fridolins Lustgård och Dalmålningar på rim
Le Jardin de Fridolin
&
Peintures Dalécarliennes en vers
1901

 

 

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Nu är den stolta vår utsprungen,
Maintenant éclate notre fier printemps,
den vår de svaga kalla höst.
celui que les faibles nomment automne.
Nu blommar heden röd av ljungen
Maintenant, la lande se vêt en rouge par l’ardente bruyère,
och vitt av liljor älvens bröst.
Maintenant, une blancheur de lis revêt la rive de la rivière.
Nu är den sista visan sjungen
Maintenant, la dernière chanson est chantée
av sommarns kvinnligt veka röst;
par la voix féminine de l’été ;
nu stiger uppför bergens trappa
maintenant voici que montent sur les escaliers des monts
trumpetarn storm i dunkel kappa.
les trompettes de la tempête en manteau sombre.

*

Nu äro alla drömbarn döda
Maintenant, tous les enfants des rêves sont morts
som fötts ur vårens sköra lek –
nés des jeux fragiles du printemps –
likt buskens rosentyll, den röda,
comme le tulle rose de l’arbuste, cette tulle rouge,
som första skumma natt gör blek.
quand la première nuit noire pâlit.
Men alla starka känslor glöda
Mais tous les sentiments forts brillent
som snårens nypon, kullens ek
comme de l’églantier le fruit, comme des coteaux le chêne,
och viska varmt i frost och nordan
au cœur des murmures chauds du gel qui descendent du nord
om gyllne mognad och fullbordan.
murmurant sur la maturité dorée, murmurant sur l’achèvement.

*

Min sång flög drucken kring det bästa
Ma chanson s’est envolée autour des plus éclatantes
av färg och doft i ängars ljus,
couleurs et des plus subtils parfums dans la lumière des prés,
och det var ljuvligt nog att gästa
et comme il est agréable charmant d’être invité
de många hjärtans honungshus;
dans les tournoiements des milliers de nids d’abeilles ;
nu vill jag, mätt på sötman, fästa
maintenant, gonflé de tant de douceur, je veux attacher
min boning långt från lust och rus
ma demeure loin de la luxure et de l’ivresse
och vila under fasta bjälkar,
et je veux reposer sous des poutres fixes,
ej under lösa blomsterstjälkar.
et je veux quitter les tiges des fleurs.

*

Väl mig, då lekens minnen tvina,
Quand les souvenirs légers s’envolent,
att du var allvar och står kvar,
quand, sérieuse, tu es là, debout, à mes côtés,
att ingen sol behövs att skina
qu’aucun soleil n’est nécessaire pour illuminer
vår kärlek varm i svala dar!
notre amour au chaud par ce temps frais !
Hör, himlens hårda väder vina
Écoute, le mauvais temps qui vient du ciel et qui chante
sin högtidshymn för trogna par.
son hymne solennel pour les couples fidèles.
Vi le, när jorden räds och darrar;
Nous sourions lorsque la terre a peur et qu’elle tremble ;
vår lyckas hus har goda sparrar.
sur un rocher est construit notre maison.


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LE TARN-ET-GARONNE par EMILE POUVILLON

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LITTÉRATURE FRANÇAISE

ÉMILE POUVILLON

né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette

LE TARN-ET-GARONNE
dans la correspondance
d’EMILE POUVILLON 

Correspondances avec N.D. parues dans
La Revue des Deux Mondes 
Tome 58
1910

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LE PRINTEMPS
Nos plaines habitées par la brume

Le saule est mon ami

CORRESPONDANCE
DE 1891 à N.D.

Et moi je n’ose plus vous parler de nos ciels brouillés, de nos plaines vides habitées par la brume. Et cependant ces choses grises me parlent ; elles sont pleines de l’attente de ce qui va être, de la promesse sacrée du printemps. Et même c’est déjà bien tel quel, ce que je vois tous les jours. Il y a des aubes d’une tendresse exquise et des crépuscules fleuris de verts et de roses plus délicats que les plus belles fleurs du printemps. Et du bord de la prairie que je visite tous les matins, le long de la Garonne, il y a un saule pleureur qui frissonne déjà, prêt à sortir ses feuilles, ses longs chapelets de verdure tendre. Ce saule est mon ami ; il est mon inquiétude quand il gèle et ma joie quand la douceur de l’autan passe sur le visage des choses…
C’est peut-être un peu enfantin, tout cela ; tant pis ! Je serai toujours dans la vie celui qui s’intéresse à un saule.

L’AUTOMNE A CAPDEVILLE
Les mélancolies attendrissantes de l’automne
Son dépouillement et son silence
Faire une toilette à son âme

CORRESPONDANCE
DE 1894 à N.D.
A CAPDEVILLE

Chère amie,
Voici les M… installés depuis hier. Ils seront sans doute partis le 4 octobre. Et vous viendrez ! Quelle joie de vous avoir, de vous garder un peu, d’entendre trotter dans la maison et dans le jardin les pas menus des Tototes. Comme on va causer, comme on va se promener à travers les mélancolies attendrissantes de l’automne. Elles m’attendrissent cette année un peu plus que d’habitude et j’ai bien joui autrefois de cette concordance momentanée ; mais elle me pénètre davantage à mesure que je la sens presque définitive. Car c’est bien l’automne pour moi et son dépouillement et son silence où des plaintes vibrent. Et tantôt j’y cède, et tantôt je résiste. Vous me verrez en ce tourment que je vous raconterai peut-être plus en détail, si vous avez assez d’amitié pour moi pour l’écouter. La gravité de cet état, c’est qu’il m’empêche tout à fait de travailler et quand je ne travaille pas, je ne vaux pas grand’chose. Enfin je tâcherai de faire une toilette à mon âme avant que vous veniez, afin qu’elle ne vous désagrée pas trop. J’attends vos œillets. J’ai gardé d’Argelès une poignée de gentianes qui ne veulent pas mourir. Leur bleu un peu dur serait curieux à marier avec le rose pâle des œillets d’Hendaye.

« NOS PROMENADES A CAPDEVILLE »

CORRESPONDANCE
Paris 1895 à N.D.

Hélas ! ceci décolore cela, c’est-à-dire la vie, après, qui vous paraît inutile et plate et ne vous laisse que la ressource languissante un peu du souvenir et du rêve.
Encore si nous pouvions reprendre nos promenades à Capdeville, inaugurer ensemble de nouveaux paysages. Je ne peux pas renoncer à l’espérer.

CAPDEVILLE
« Une grisaille irrémédiable et définitive »
« La ronde des saisons tourne devant moi, mais je n’entre plus dans la danse« 

CORRESPONDANCE
Capdeville
30 juillet 1896
à N.D.

Que nos existences sont différentes ! Pendant que vous cueillez au fil de l’heure les images rares et les sensations exquises, je m’enlise ici dans une grisaille irrémédiable et définitive. Sauf de très brèves minutes où je revois les heures anciennes, la vie ne me dit plus rien. Mon pouvoir d’évoquer s’anémie, s’abolit de jour en jour ; il me semble que ce n’est plus pour moi, les spectacles si passionnants jadis de la nature. La ronde des saisons tourne devant moi, mais je n’entre plus dans la danse. C’est fort triste à éprouver, tout cela, et un peu ridicule à exprimer aussi. Le monsieur qui baisse, le vieux monsieur plaintif est une chose connue et qui prête moins à la sympathie qu’à la caricature. Commenter Salomon est de l’inutile rhétorique. Et voilà qu’après m’être décidé à vous écrire, je commence à regretter mon silence.

CAPDEVILLE
« Des journées obscures »
« Une seule bonne journée en trois mois »>
«  le Pays merveilleux, la Patrie du rêve« 

CORRESPONDANCE
Capdeville
9 octobre 1896
à N.D.

Votre lettre m’a trouvé, comme vous le supposez, à Capdeville où nous avons passé nos vacances, je ne dis pas l’été, parce qu’il n’y a vraiment pas eu d’été ; pas de chaleur du tout et à peine de soleil, hélas ! des journées obscures, des veilles ou des lendemains d’orage, des chansons de gouttières dans la maison, et dehors, des coulées de rivière jaune entre des verdures acides. Une seule bonne journée en trois mois ; une journée de chasse dans le causse avec la belle lumière fine sur la fierté des rochers. Vous rappelez-vous ces branches d’érable, ces bouquets de pierreries automnales que nous rapportions, et notre fuite dans la vallée crépusculaire, dans ce sentier de pierres au long de la rivière pleine d’étoiles ? C’est toujours pour moi le Pays merveilleux, la Patrie du rêve, encore plus depuis que votre image toute neuve s’y est mêlée aux images anciennes. Mais ce ne sera plus le souvenir l’an prochain, ce sera la présence réelle. Quelle fête de revoir avec vous ces pays adorés ! Ce me serait, à défaut d’autres, une raison suffisante de vivre jusque-là où ce sera la vraie vie…

CAPDEVILLE
« un Capdeville défleuri, dépouillé, vendangé, maussade de m’y avoir trop attendu.« 
« Trop tard…C’est l’hiver ! »
«  les apprêts de l’automne français »

CORRESPONDANCE
Capdeville
7 octobre 1898
à N.D.

Capdeville, 7 octobre 1898. Chère amie,
Me voici enfin à Capdeville, mais un Capdeville défleuri, dépouillé, vendangé, maussade de m’y avoir trop attendu. J’y suis d’ailleurs un hôte sans joie. Ces vacances manquées m’ont désorienté tout à fait. J’espérais ramasser encore en cherchant bien au bord de l’eau, dans les bois, quelques miettes des félicités estivales. Trop tard. Une pincée de froid, une matinée de gel blanc a tout emporté. C’est l’hiver ! Dans le ciel d’un bleu méchant s’affolent les hirondelles affamées. J’en ai ramassé une tout à l’heure sur le rebord de ma croisée ; elle s’était cognée à la vitre en poursuivant quelque insecte. Je l’ai ressuscitée, je l’ai relancée vers une mort plus cruelle.
Que n’êtes-vous avec moi, chère amie ? Le costume de vos servantes annamites nous donnerait une illusion de chaleur, ou bien votre horreur de l’Annam m’aiderait à goûter les apprêts de l’automne français. Et, puisque vous seriez là et qu’on causerait ensemble, ce serait toujours la saison la meilleure.

« LA DOUCEUR DE MA VIE MONTALBANAISE »

CORRESPONDANCE
Paris, 3 janvier 1899.
à N.D.

Oh ! ces après-midi, cinq, six heures d’affilée dans la pénombre de théâtre à respirer la poussière et les courans d’air. J’en meurs, j’en suis malade tout au moins, et si malade que je renonce à lutter. Ce soir, demain matin, au plus tard, je rentre à Montauban. Voilà toute une semaine passée derrière mes carreaux, en tête à tête avec la grippe. Je renonce à lutter, et veux retourner vers la douceur de ma vie montalbanaise.

« MA MERE, SEULE A CAPDEVILLE »
CORRESPONDANCE
Capdeville, 14 septembre 1900.
à N.D.

Très beau, trop beau, l’éventail, ma chère amie. J’espère que vous assisterez à son début dans le monde, le soir ou la veille de la noce ; le cérémonial n’est pas encore réglé, ni la date, mais ce sera dans la première dizaine de novembre. Il manquerait quelque chose et même beaucoup à mon bonheur si vous n’étiez pas là, vous et G… Nous n’aurons pas cette fois l’intimité patriarcale de Saintrailles ni l’ampleur des horizons pyrénéens. Mais Sainte-Cécile d’Albi n’est pas un décor médiocre et vos toilettes seront belles à voir sous la splendeur des voûtes polychromées. Hélas ! il y aura bien de la tristesse mêlée pour moi à cette belle journée. Je penserai à ma mère, seule à Capdeville, errant comme une ombre dans la maison, tâtonnant des mains aux murailles, ou appuyée sur son bâton, car elle en est là, la pauvre mère. L’autre dimanche, j’ai eu une terrible alerte ; sa parole était embarrassée, elle n’y voyait plus ; j’ai cru à une attaque. Les médecins m’ont rassuré ; nous l’avons tirée de là, encore plus faible, il est vrai, plus chancelante. La crise est passée, mais demain. J’en ai toujours peur de ce demain. La nuit, au moindre bruit, je sursaute, je crois qu’on vient me chercher, que c’est la fin. Ah ! quelles vacances ! Je ne suis pas sorti de Capdeville depuis deux mois, pas même pour une journée à Montauban. Je m’extermine de travail pour oublier un peu. J’ai entrepris et achevé tout un drame rustique en quatre actes qui a chance d’être joué l’hiver prochain au Gymnase. Je vais me remettre à mon roman roussillonnais. Mais je me demande, non sans inquiétude, ce que peut valoir un travail fait dans de pareilles conditions. Je n’ose pas vous promettre d’aller vous voir à Périgueux. J’aurais pourtant besoin de quelques heures de distraction et de bonne amitié. Si je sors, ce sera pour aller chez vous. Pourrai-je sortir ? Je dépends de la maladie et des médecins. S’il y a un arrêt dans l’état de ma mère, si les médecins me garantissent un peu de sécurité pour quelques jours, je partirai. Pour le moment, je ne peux rien décider, ni rien prévoir. Vous me plaignez, n’est-ce pas ? en attendant de me plaindre davantage. Rien que des mois, peut-être des semaines me séparent d’une heure terrible à laquelle je ne peux pas penser sans frémir. Quand je pense à l’ébranlement nerveux que j’ai eu après la mort de mon père ! Et cette fois ce sera pire ! Où prendrai-je la force et la résignation nécessaires ? Pardonnez-moi cet accès d’égoïsme et croyez-moi votre toujours dévoué.

« RENTRER DE PARIS DIRECTEMENT A MONTAUBAN »
CORRESPONDANCE
Montauban, 1902.
à N.D.

Ma chère amie,
Savez-vous ce que c’est que des troubles de la circulation ? Je l’ignorais, moi qui vous parle, il y a encore une dizaine de jours. Maintenant me voilà instruit. Des troubles de la circulation, c’est une maladie qui vous oblige à rentrer directement de Paris à Montauban sans s’arrêter à Périgueux. J’ai beaucoup souffert de ce malaise — sans rire. J’ai déjeuné du reste chez L… quatre jours après ma première alerte et la veille de la seconde, c’est-à-dire en pleine horreur de moi-même, en pleine angoisse.

« DES IMAGES AUSSI PLAISANTES »

CORRESPONDANCE
Jacob-Bellecombette.
Dimanche
(automne 1903).
à N.D.

Mais la nature est belle partout et elle pourra nous offrir en Périgord ou en Quercy des images aussi plaisantes.

« A MONTAUBAN OU J’AI PRIS MES QUARTIERS D’HIVER. »

CORRESPONDANCE
Montauban, 1905
à N.D.

Au revoir, ma bien chère amie, je vous écris à Montauban où j’ai pris mes quartiers d’hiver. Il fait triste en moi ou autour de moi. Des rayons jaunes effleurent les gazons humides ; un rouge-gorge chante ; chanson brisée à travers les feuillages meurtris. Et je pense au jardin de Marennes aux traits automnals, aux rainettes que nous regardions palpiter sur les feuilles. Je vous serre les mains affectueusement.

« JE N’AI PAS VU ENCORE UN AMANDIER EN FLEURS. LE 10 MARS ! C’EST DESOLANT ! »

CORRESPONDANCE
Montauban, 10 mars 1905
à N.D.

L’hiver finit mal décidément, et il a tant de mal à finir. Hier je le croyais défunt et il a ressuscité ce matin, plus traître et plus grognon que jamais. Croiriez-vous que je n’ai pas encore vu un amandier en fleurs. Le 10 mars ! C’est désolant ! Et s’il n’y avait que les amandiers à souffrir de ce froid persistant ! Mais il y a les bronches de ma femme et les miennes qui en pâtissent. J’ai été tout ce mois dernier et encore au commencement de celui-ci malade ou garde-malade, et quelquefois les deux ensemble, et ce n’est pas drôle ! J’espère ressusciter avec les violettes. Mais elles ne se pressent guère.

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GIBOULÉES – ÉMILE POUVILLON

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LITTÉRATURE FRANÇAISE

ÉMILE POUVILLON

né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette

GIBOULÉES 

Paru dans le magazine
LISEZ-MOI
N°15- 10 avril 1906

 

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Isaac Levitan , Исаак Ильич Левитан , Nénuphars, 1895

Pluie et soleil. Des nuages courent, légers, d’une blancheur de ouate ; ils s’épaississent peu à peu, se gonflent, alentis, lourds de chaleur. Puis, ils crèvent.

Une averse pour rire, un coup d’arrosoir à fines gouttelettes sur les feuilles, sur les fleurs nouvellement nées. Trois gouttes, et c’est fini ; aussi prompte que l’éclaboussure de l’hirondelle ricochant de l’aile au fil de l’eau, l’averse a disparu.

La pluie s’en est allée, les diamants restent.

Dans l’allée de la vigne, sous les voûtes des pêchers et des pruniers en fleurs, c’est, semé en l’air, jeté au fin bout des branches, tout le joli scintillement des rivières adamantines, la flambée des grenats et des rubis tressés en guirlandes sur la robe blanche du printemps.

Les joailleries s’éteignent brusquement. Sur le rire étincelant du soleil, c’est, de nouveau, le rideau tiré d’un nuage. L’air franchit, le vent souffle. Autre giboulée. De la neige, cette fois. Oh ! pas bien méchante ! des flocons espacés qui, dans la bouffée de la bise, se mêlent aux pétales tombés des amandiers en fleurs.

Et, déjà, la neige ne coule plus. C’est, maintenant, une pincée de grésil, une averse blanche qui tambourine à roulements légers ; telle une musique pour un ballet de fées.

Tout est blanc une minute. Comme une jonchée de perles dans le jardin des légendes, le givre se tasse aux plis de l’herbe, aux creux des sillons.

Une minute. Et le décor a changé. C’est le soleil, c’est la chaleur, un bien-être où les plantes se dilatent, où les papillons éclosent. Neigeux comme la fleur des pruniers, soufrés comme la fleur du saule, les papillons festonnent, hésitent en l’air, naïfs et frileux, étonnés de vivre…

Les papillons festonnent ; les lézards, en des fuites brusques ; une couleuvre glisse dans l’herbe sèche, le long d’un talus ; des ébats de grenouilles troublent l’eau épaisse, irisée qui tiédit au bord de la source.

La chaleur monte.

Une odeur fade de pourriture végétale se lève des fossés vaseux, des ruisseaux obstrués de feuilles et de branches.

La chaleur monte ; l’orage menace ; le ciel encore une fois s’obscurcit. C’est, d’abord, une buée grise, laiteuse, comme de la sève en suspension ; puis, la tache s’épaissit, tourne au noir bleuté, livide, les fleurs paraissent encore plus blanches.

Près de moi, à l’entrée d’un champ de blé, un prunier s’étale, vêtu de blanc jusqu’au bout des branches. Fragile et paisible en ses habits de triomphe, il sourit sous la menace.

Le vent se lève. Brutal, il couche devant lui les jeunes blés, balance l’éventail fleuri des ormeaux. Il approche, et, tout à coup, arrachées ensemble, les fleurs trop mûres du prunier s’envolent, effrayées, s’éparpillent à terre.

L’arbre est tout noir, maintenant.

Et une tristesse me vient à penser que c’est fini, que la plus jeune saison de l’année, la plus charmante, est déjà close.

Oh ! cette mort du printemps blanc !

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L’ŒUVRE DE ÉMILE POUVILLON

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LITTÉRATURE FRANÇAISE

EMILE POUVILLON

né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette

L’ŒUVRE DE ÉMILE POUVILLON

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LES ANÉMONES SONT MORTES

Paru dans 
LISEZ-MOI
N°89- 10 mai 1909

Oh ! le premier frisson du jour ! le sourire étonné, lointain, de l’aube qui va naître ! Oh ! le regard mince, à demi engrainé, de la vie qui s’éveille !

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Anémones-1024x515.jpg.
John William Waterhouse, Le Réveil d’Adonis, The Awakening of Adonis, 1900

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FRAGILITÉ

Paru dans
LISEZ-MOI

N°67
10 JUIN 1908

C’est à Cauterets, pendant la saison, la saison parfumée, la saison brève, quand les amoureux se hâtent d’aimer, quand les fleurs se hâtent de fleurir.

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DÉSIR DE SOLEIL

Paru dans 
LISEZ-MOI
N°39- 10 avril 1907

Frileuse, à l’orée du bois, sous la cépée mouillée de brume, la violette s’éveille au premier souffle du matin, frileuse, frissonnante.

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Désir-de-Soleil.jpg.

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TOMBÉE DE NUIT

Paru dans 
LISEZ-MOI
N°46 – 25 juillet 1907

La nuit tombe. L’autan, qui souffle depuis le matin, a charrié des nuages ; ils couvrent, maintenant, tout le ciel. Le vent s’est calmé. La soirée se fait lourde avec des odeurs errantes, des odeurs chaudes d’herbe mûre et de chèvre-feuille en fleurs…

La Faneuse de Julien Dupré, vers 1880
&
Buste de Pouvillon par Bourdelle
Musée Ingres-Bourdelle de Montauban

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GIBOULÉES

Paru dans 
LISEZ-MOI
N°15- 10 avril 1906

Pluie et soleil. Des nuages courent, légers, d’une blancheur de ouate ; ils s’épaississent peu à peu, se gonflent, alentis, lourds de chaleur. Puis, ils crèvent.

Isaac Levitan , Исаак Ильич Левитан , Nénuphars, 1895

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HANNETON, VOLE…

Paru dans 
LISEZ-MOI
N°90 – 25 Mai 1909

Aimables, comme tous les étourdis, prompts à s’instruire, faciles à dissimuler dans les pupitres, les hannetons, jadis, m’ont donné bien des joies. Deux d’abord, que j’attelais ensemble à une voiture en papier ; un autre après, mort trop jeune, qui exécutait de magnifiques dessins à l’encre, du bout de la patte, mais très bien !

Edmund Reitter, Cycle de vie d’un hanneton, Melolonthinae, table75, 1908

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LES CORRESPONDANCES D’ÉMILE POUVILLON

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L’AMITIÉ SACRÉE D’ÉMILE POUVILLON

Par N. D.
Revue des Deux Mondes
Tome 58
1910

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Autrefois Loti avait l’aimable habitude de nous amener tous ses amis et c’est ainsi que nous avons connu Emile Pouvillon. Il vint pour la première fois chez mes parents à Marennes en juin 18….

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L’ECRITURE et LA CREATION
dans la correspondance
d’EMILE POUVILLON 

Correspondances avec N.D. parues dans
La Revue des Deux Mondes 
Tome 58
1910

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LE TARN-ET-GARONNE
dans la correspondance
d’EMILE POUVILLON 

Correspondances avec N.D. parues dans
La Revue des Deux Mondes 
Tome 58
1910

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LA CHARENTE-MARITIME
dans la correspondance
d’EMILE POUVILLON 

Correspondances avec N.D. parues dans
La Revue des Deux Mondes 
Tome 58
1910

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PIERRE LOTI 
dans la correspondance
d’EMILE POUVILLON

Correspondances avec N.D. parues dans
La Revue des Deux Mondes 
Tome 58
1910

 

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LES ANÉMONES SONT MORTES – ÉMILE POUVILLON

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LITTÉRATURE FRANÇAISE

EMILE POUVILLON

né le 10 octobre 1840 à Montauban et mort le 7 octobre 1906 à Jacob-Bellecombette

LES ANÉMONES SONT MORTES

Paru dans le le magazine
LISEZ-MOI
N°89- 10 mai 1909

 

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John William Waterhouse, Le Réveil d’Adonis, The Awakening of Adonis, 1900

Oh ! le premier frisson du jour ! le sourire étonné, lointain, de l’aube qui va naître ! Oh ! le regard mince, à demi engrainé, de la vie qui s’éveille !

La terre dort ; engourdi dans la froide jonchée des feuilles mortes, le bois se tient là, tout raide avec ses cépées nues, comme ensorcelé par l’hiver. Arbres sans feuilles, rossignols sans voix ; la terre dort.

Pas d’autre commencement de vie d’une traînée de blanches anémones écloses d’hier au bord du bois et quelques touffes de verdure tendre, çà et là, dans le pré, comme si le jeune printemps – si jeune ! – avait, en jouant, posé, çà et là son pied sur l’herbe engourdie…

Ce n’est pas le jeune printemps, c’est une pastoure, un bouvier, qui viennent de folâtrer çà et là sur l’herbe.

Très calme, un peu lasse, elle s’appuie d’une épaule au fût mince d’un peuplier blanc, et, ainsi inclinée, la joue fraîche appliquée à la froideur de l’écorce, elle est comme un jeune arbre en croissance, avec sa joue duveteuse pareille au chaton blanc qui débourre, avec la grâce un peu raide de son corps allongé…

Si calme, si pure ! Ce qui lui monte de tendresse au cœur est aussi lent à venir, aussi frais, aussi inconscient que la sève en travail qui glisse sous l’écorce.

Lui, le bouvier, est debout devant elle, et, en manière d’offrande, il lui envoie au visage une poignée d’anémones cueillies au bord du bois. Oh ! le regard limpide qui rit à travers la retombée des fleurs blanches !

Pourquoi si vite en allée, hélas ! l’heure ingénue du premier printemps ? pourquoi si tôt passée, la blancheur des anémones ?

La pastoure et le bouvier sont maintenant au profond du bois, sous les feuilles. Elle est là dans l’ombre, la pastoure, languide et meurtrie comme une herbe trop mûre ; lui debout, le front levé, le regard luisant.

A brassées, dans le bois, il a cueilli pour la fleurir les genêts et chèvrefeuilles, et lentement, amoureusement, il les effeuille sur la robe, sur les épaules, sur le visage de son amie. Et la robe étincelle, toute rose et tout or, et la bouche sourit ; oh ! le sourire meurtri, oh ! le regard languide à travers la pluie dorée des genêts, la pluie rose des chèvrefeuilles !

Et, pendant qu’elle sourit, toute peinte et embaumée de fleurs, la pastoure, un regret lui vient, hélas ! un regret tardif ; elle pense aux anémones qui fleurissaient au bord des bois, aux blanches, aux virginales anémones.

Elle se penche, elle cherche autour d’elle, dans l’herbe ; et, pendant que ses mains cueillent, pour les laisser retomber aussitôt, les tiges mourantes, les pétales du fond du ravin, de l’ombre fraîche irrespirée, qui rempli les cépées humides, voici venir comme des soupirs modulés, des soupirs si frêles, si tendres !

On dirait des voix mystérieuses, des voix de cristal, qui, là-bas, dans l’ombre fraîche, irrespirée, conduisent un deuil, un deuil blanc…

Les voix disent :

« Les anémones sont mortes ! »

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LES VAGUES DU CŒUR – Poème de Rainer Maria Rilke – Einmal nahm ich zwischen meine Hände

Printemps, Victor Borissov-Moussatov

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Rainer Maria Rilke
Traduction Jacky Lavauzelle

signature 2


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Gedichte – Poèmes

 

RAINER MARIA RILKE
1875-1926

 Rainer Maria Rilke Portrait de Paula Modersohn-Becker 1906
Portrait de Rainer Maria Rilke
1906
Par Paula Modersohn-Becker

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LES VAGUES DU CŒUR 
Einmal nahm ich zwischen meine Hände

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Einmal nahm ich zwischen meine Hände
Une fois, je pris dans mes mains
dein Gesicht. Der Mond fiel darauf ein.
ton visage. La lune alors tomba sur lui.
Unbegreiflichster der Gegenstände
Le plus incompréhensible des objets
unter überfließendem Gewein.
sous ce flot de lumière.

*


Wie ein williges, das still besteht,
Comme un homme immobile,
beinah war es wie ein Ding zu halten.
qui se tenait là avec une simple chose.
Und doch war kein Wesen in der kalten
Et pourtant il n’existait pas d’être dans une si glaciale
Nacht, das mir unendlicher entgeht.
nuit qui m’échappât plus infiniment.

*


O da strömen wir zu diesen Stellen,
O, affluent vers ces lieux,
drängen in die kleine Oberfläche
pour se concentrer sur cette si petite surface
alle Wellen unsres Herzens,
toutes les vagues de nos cœurs,
Lust und Schwäche,
Désir et faiblesse,
und wem halten wir sie schließlich hin?
et au final, à qui les donnons-nous ?

*


Ach dem Fremden, der uns mißverstanden,
A cet étranger qui nous a mal compris,
ach dem andern, den wir niemals fanden,
à cet autre que nous n’avons jamais trouvé,
denen Knechten, die uns banden,
aux serviteurs qui nous ont liés,
Frülingswinden, die damit entschwanden,
aux vents de printemps qui ont tout emporté,
und der Stille, der Verliererin.
et au silence, par qui tout se perd.


****************

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-4.jpg.

LE PRINTEMPS – POEME DE FRIEDRICH HÖLDERLIN – DER FRÜHLING – Wie selig ists, zu sehn

******************

*LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Friedrich Hölderlin
1770-1843

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes

 

*

____________________________________________

LE PRINTEMPS
DER FRÜHLING
Wie selig ists, zu sehn…
__________________________________________

Paul Cézanne, Maison de Provence à L’Estaque.

******************

Wie selig ists, zu sehn, wenn Stunden wieder tagen,
Quelle joie de voir, quand les heures se réunissent à nouveau,
Wo sich vergnügt der Mensch umsieht in den Gefilden,
L’homme regardant joyeusement les contrées,
Wenn Menschen sich um das Befinden fragen,
Quand les hommes s’interrogent sur leur santé,
Wenn Menschen sich zum frohen Leben bilden.
Quand les hommes s’entraînent pour une vie heureuse.

*

Wie sich der Himmel wölbt, und auseinander dehnet,
Comme le ciel se gonfle et s’étire,
So ist die Freude dann an Ebnen und im Freien,
Le voilà dans la joie de s’ouvrir et de se libérer,
Wenn sich das Herz nach neuem Leben sehnet,
Quand le cœur désire une nouvelle vie,
Die Vögel singen, zum Gesange schreien.
Que les oiseaux chantent, chantant à tue-tête.

*

Der Mensch, der oft sein Inneres gefraget,
L’homme, qui souvent interroge son être intérieur,
Spricht von dem Leben dann, aus dem die Rede gehet,
Parle de la vie d’où vient la parole,
Wenn nicht der Gram an einer Seele naget,
Quand le chagrin ne ronge pas une âme,
Und froh der Mann vor seinen Gütern stehet.
Et que satisfait l’homme se tient devant ses biens.

*

Wenn eine Wohnung prangt, in hoher Luft gebauet,
Quand un logement flotte, construit dans la hauteur des airs,
So hat der Mensch das Feld geräumiger und Wege
Alors l’homme a le champ plus spacieux et les chemins
Sind weit hinaus, daß Einer um sich schauet,
Se dessinent au loin, que tout un chacun contemple autour de lui,
Und über einen Bach gehen wohlgebaute Stege.
Et sous des passerelles bien construites traversent un ruisseau.



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AIMER ! Poème de Florbela ESPANCA – AMAR ! – 1931

Traduction Jacky Lavauzelle João da Cruz e Sousa
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LITTÉRATURE PORTUGAISE
POÉSIE PORTUGAISE
LITERATURA PORTUGUESA
POESIA PORTUGUESA

******
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
******

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est La-poésie-de-Florbela-Espanca.jpg.
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Espanca_Florbela.jpg.
Florbela Espanca
Flor Bela de Alma da Conceição
Poétesse portugaise
8 décembre 1894 – 8 décembre 1930
Vila Viçosa, 8 de dezembro de 1894 — Matosinhos, 8 de dezembro de 1930

______________________

AIMER !
AMAR!
Poème paru dans

« Charneca em Flor » 
1931

_________________________

Henrique Pousão, Senhora Vestida de Negro, 1882, Museu Nacional de Soares dos Reis, Porto

****************

Eu quero amar, amar perdidamente!
Je veux aimer, aimer sauvagement !
Amar só por amar: Aqui… além…
Aimer juste pour aimer : Ici … au-delà …

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LA POÉSIE DE FLORBELA ESPANCA – POESIA DE FLORBELLA ESPANCA
*******************

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Picture_of_Florbela_Espanca.jpg.
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

UNE NUIT DE LUMIERE Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – ნათელი ღამე -UMA NOITE DE LUZ – A NIGHT OF LIGHT

*****

PEINTURES
ნავთობის ფერწერა
ნათელა იანქოშვილი
Natela Iankoshvili

natela iankoshvili

*

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა - GEORGIE TBILISSI - ნარიყალა

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ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი





ნათელა იანქოშვილი
Natela IANKOSHVILI
1918 – 2008
PEINTRE GEORGIEN
TBILISSI – ნარიყალა

XX


UNE NUIT DE LUMIERE
A NIGHT OF LIGHT
UMA NOITE DE LUZ
ნათელი ღამე

 

________________________

ნათელა იანქოშვილი  Natela Iankoshvili  28 août 1918 à Gurdschaani, mort en  2008
Elle a étudié de 1937 à 1943 à l’Académie des Beaux-Arts de Tbilissi
En 2000, le musée de la maison Natela Iankoshvili a été fondé à Tbilissi. Le musée de l’artiste abrite des peintures, des graphiques et des objets de leur vie.
*

ნათელა იანქოშვილი Natela Iankoshvili August 28, 1918 in Gurdschaani, died in 2008
Natela Iankoshvili studied from 1937 to 1943 at the Academy of Fine Arts in Tbilisi
In 2000, the Natela Iankoshvili House Museum was founded in Tbilisi. The artist’s museum houses paintings, graphics and objects from their lives.

*

იანქოშვილი იანქოშვილი Natela Iankoshvili 28 de agosto de 1918 em Gurdschaani, morreu em 2008
Natela Iankoshvili estudou de 1937 a 1943 na Academia de Belas Artes de Tbilisi
Em 2000, o Museu Casa Natela Iankoshvili foi fundado em Tbilisi. O museu do artista abriga pinturas, gráficos e objetos de suas vidas.

*

ნათელა იანქოშვილი ნათელა იანკოშვილი დაიბადა 1918 წლის 28 აგვისტოს გურძსანში, და გარდაიცვალა 2008 წელს
ნათელა 1937-1943 წლებში სწავლობდა თბილისის ხელოვნების აკადემიაში
2000 წელს თბილისში ჩამოყალიბდა ნათელა იანკოშვილის სახლ-მუზეუმი. მხატვრის მუზეუმში დაცულია  გრაფიკები და ობიექტები.

****

UNE NUIT DE LUMIERE
UNE NUIT DE LUMIERE Ecoutez ! Ecoutez ! Les mots viennent de passer près de vous, tout près de vous. N’entendez-vous pas la chaude voix de Victor Hugo qui nous parle tout bas avec des mots cinglants : « Au nom de la lumière encourager la nuit ! » (Le Message de Grant) Simplement. Pour plus de clarté, il suffit d’éteindre les lumières. Il suffit de fermer les volets et de tirer les rideaux et ensuite de bien ouvrir les yeux. La main de Natela trace des larges traits au-dessus de nos têtes dans un vrombissement de sens. Tout se voit. Les corbeilles de couleurs ont parsemé des brindilles dans toute la longue étendue de noir qui est tombée sur la vie. Les lambeaux de couleurs ne veulent pas mourir. Ils vivent dans la nuit ; ils renaissent même dans la nuit la plus profonde. Des paysages de nuit et des paysages de fatigues, la moindre touche de rouge, de vert ou de jaune en retire plus de puissance encore. Elles sont nos torches dans un monde obscur et sombre. Elles éclairent le monde et le fait scintiller. Dans la voûte des ombres, nous avançons. Le cœur de Natela guide nos pas et peu importe les tumultes et la gravité. Rien n’est plus immobile et tout s’engage dans de grandes vibrations au rythme des pinceaux.

A NIGHT OF LIGHT
Listen! Listen! The words just passed near to you, close to you. Don’t you hear the warm voice of Victor Hugo who speaks to us in a low voice with scathing words: « In the name of the light, encourage the night! (Grant’s Message)
Simply. For clarity, turn off the lights. Just close the shutters and draw the curtains and then open your eyes. Natela’s hand draws broad strokes over our heads in a roar of meaning. Everything is visible. Colored baskets sprinkled twigs throughout the long stretch of black that fell on life. The shreds of color do not want to die. They live in the night; they are reborn even in the deepest night. Night landscapes and landscapes tired, the slightest touch of red, green or yellow draws more power. They are our torches in a dark and dark world. They illuminate the world and make it shine. In the vault of shadows, we move forward. The heart of Natela guides our steps and no matter the tumult and gravity. Nothing is more immobile and everything engages in great vibrations to the rhythm of the paints.

Uma noite de luz
Ouço! Ouço! As palavras acabaram de passar perto de você, perto de você. Você não ouve a voz calorosa de Victor Hugo que nos fala em voz baixa com palavras contundentes: « Em nome da luz, encoraje a noite! (Mensagem de Grant)
Simplesmente. Para maior clareza, apague as luzes. Basta fechar as persianas e desenhar as cortinas e depois abrir os olhos. A mão de Natela puxa largas pinceladas sobre nossas cabeças em um rugido de significado. Tudo é visível. Cestas coloridas salpicavam galhos ao longo do longo trecho de preto que caía sobre a vida. Os pedaços de cor não querem morrer. Eles vivem na noite; eles renascem mesmo na noite mais profunda. Paisagens noturnas e paisagens cansadas, o menor toque de vermelho, verde ou amarelo atrai mais energia. Eles são nossas tochas em um mundo escuro e sombrio. Eles iluminam o mundo e fazem brilhar. No cofre das sombras, avançamos. O coração de Natela guia nossos passos e não importa o tumulto e a gravidade. Nada é mais imóvel e tudo se envolve em grandes vibrações ao ritmo das tintas.

****

გაზაფხული
Gazapkhuli
PRINTEMPS
SPRING
1976

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Printemps -1976

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
100×85

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

გაზაფხული
Gazapkhuli
PRINTEMPS
SPRING
1984

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Printemps – 1984

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
80×80

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

პაემანი
Paemani
RENDEZ-VOUS
DATE
1983

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Rendez-vous – 1983

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
100×100

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

მარია ბაუერი
MARIA BAUER
1956

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Maria Bauer – 1956

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
175×111

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

პეიზაჟი
Peizazhi
PAYSAGE
LANDSCAPE
1984

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Paysage – 1984

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Paysage – 1984 – Détail

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Paysage – 1984 – Détail

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
171×121

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

ზინა ქვერენჩხილაძე
ZINA KVERENCHKHILADZE
1965

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – ZINA KVERENCHKHILADZE – 1965


ტილო ზეთი

Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
121×84

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

პეიზაჟი
Peizazhi
PAYSAGE
LANDSCAPE
1987

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – Paysage – 1987

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
110×76

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

ჩალის ქუდიანი ქალი
FEMME AU CHAPEAU DE PAILLE
WOMAN IN A STRAW HAT
1984

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – La Femme au chapeau de paille – 1984

Natela IANKOSHVILI – ნათელა იანქოშვილი – La Femme au chapeau de paille – 1984 – Détail

 ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
100×85

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

*****

PEINTURES
ნავთობის ფერწერა
ნათელა იანქოშვილი
Natela Iankoshvili

*

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა - GEORGIE TBILISSI - ნარიყალა

____________________________________________________________

KHUTA IREMADZE – ხუტა ირემაძე – LES COULEURS DE LA VOLUPTE

      *****
ხუტა ირემაძე
KHUTA IREMADZE
TBILISSI –  ნარიყალა

*

KHUTA IREMADZE - ხუტა ირემაძე - PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

KHUTA IREMADZE - ხუტა ირემაძე -- PEINTRE GEORGIEN -TBILISSI - ნარიყალა

____________________________________________________________


ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი
[kartveli mkhat’vari]

ხუტა ირემაძე
KHUTA IREMADZE
1952-2003

LES COULEURS DE LA VOLUPTE


____________________________________________________________

****

En regardant les toiles de Khuta nous pensons à ce poème de Lacaussade paru dans Les Salaziennes : Le Papillon. Et si nous ne ressentons pas les parfums de la volupté, nous voyons les couleurs de cette volupté.

Jeune et beau papillon, dont les ailes dorées
Réfléchissent du ciel les couleurs azurées,
Qui passes dans les airs comme un souffle animé,
Qui disputes les fleurs aux baisers du zéphyre
Et quand du jour mourant le crépuscule expire,
Dors sur leur calice embaumé ;

Si tu vois mes amours, comme à la fleur éclose,
N’offre pas ton hommage à ses lèvres de rose ;
Cette erreur est permise à ton œil enchanté ;
Mais je serais jaloux de ton bonheur suprême :
Je veux seul respirer sur la bouche que j’aime
Les parfums de la volupté.

Auguste Lacaussade
Les Salaziennes
Le Papillon

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Femme Orientale – 2000 – Khuta Iremadze

აღმოსავლეთია ქალი
Aghmosavletia Kali
FEMME ORIENTALE
ORIENTAL WOMEN
2000

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Femme Orientale – 2000 – Khuta Iremadze – détail

   ***

Nature morte – Khuta Iremadze – 1995

ნატურმორტი
Naturmorti
NATURE MORTE
Still life
1995

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Nature morte – Khuta Iremadze – 1995 – Détail

 ****

Nature Morte – Khuta Iremadze – 1984

ნატურმორტი
Naturmorti
NATURE MORTE
Still life
1984

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Nature Morte – 1984 – Khuta Iremadze – Détail

****

Printemps – Khuta Iremadze – 2000

გაზაფხულზე
Gazapkhulze
PRINTEMPS
Spring
2000

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Printemps – Khuta Iremadze – 2000 – Détail

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მსახიობი ქალი
Msathiodi Kali
ACTRICE
ACTRESS
1996

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

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Papillon -1996 Khuta Iremadze

 პეპელა
Pepela
PAPILLON
BUTTERFLY
1996

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

 

Papillon -1996 –  Khuta Iremadze – Détail

****

Repos – 1996 -Khuta Iremadze

დასვენება
Dasveneba
REPOS
REST
1996

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Repos – Khuta Iremadze – 1995 – Détail

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Leila – Khuta Iremadze – 2000

 ლეილა
LEILA
2000

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Leila – 2000 – Khuta Iremadze – Détail

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Modèle – Khuta Iremadze – 2001

 მოდელი
Modeli
MODELE
MODEL
2001

 ტილო ზეთი
T’ilo zeti
Huile sur toile
Oil on Canvas
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
7 Shota Rustaveli Ave, Tbilissi
7 შოთა რუსთაველის გამზირი, თბილისი

Modèle – Khuta Iremadze – Détail

*****
ხუტა ირემაძე
KHUTA IREMADZE
TBILISSI –  ნარიყალა*

KHUTA IREMADZE - ხუტა ირემაძე - PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

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