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CET ENFER D’AIMER – POEME DE ALMEIDA GARRETT – Este Inferno de Amar

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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CET ENFER D’AIMER
Este Inferno de Amar
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

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Ramon Casas, Madeleine au moulin de la galette, 1892, musée de Montserrat


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Este inferno de amar – como eu amo! –
Cet enfer d’aimer – comme je l’aime ! –
  Quem mo pôs aqui n’alma… quem foi?
Qui m’a mis ça dans l’âme … qui ?
Esta chama que alenta e consome,
  Cette flamme qui encourage et consume,
  Que é a vida – e que a vida destrói –
Qui est la vie – et que cette vie détruit –
 Como é que se veio a atear,
Comment tout cela a commencé,
 Quando – ai quando se há-de ela apagar?
Et quand, quand cela finira-t-il ?

*


Eu não sei, não me lembra: o passado,
Je ne sais ! je ne m’en souviens pas ! le passé,
A outra vida que dantes vivi
  L’autre vie que j’ai vécue avant,
  Era um sonho talvez… – foi um sonho –
Tout cela n’était peut-être qu’un rêve ? … – c’était un rêve !-
Em que paz tão serena a dormi!
  Dans quelle sereine paix j’ai dormi !
Oh! que doce era aquele sonhar…
  Oh ! comme ce rêve était doux…
  Quem me veio, ai de mim! despertar?
Qui est venu, hélas ! me réveiller ?

*


Só me lembra que um dia formoso
Ça me rappelle juste une belle journée…
Eu passei… dava o sol tanta luz!
 Je passais … le soleil intensément brillait !
E os meus olhos, que vagos giravam,
  Et mes yeux nonchalants,
Em seus olhos ardentes os pus.
Sont venus se poser sur ses yeux ardents.
Que fez ela? eu que fiz? – Não no sei;
  Qu’a-t-elle fait ? qu’ai-je fait ? – Je ne sais…
Mas nessa hora a viver comecei…
Mais à cette heure, j’ai commencé à vivre …


********************

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.
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LE RÊVE – POEME DE ALMEIDA GARRETT – Quando Eu Sonhava

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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LE RÊVE
Quando Eu Sonhava
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

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Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve,1883, Paris, musée d’Orsay

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Quando eu sonhava, era assim
Quand je rêvais, c’était ainsi
  Que nos meus sonhos a via;
Que dans mes rêves je la vis ;
  E era assim que me fugia,
Et c’est ainsi que je m’enfuyais,
Apenas eu despertava,
  Seulement, en m’éveillant,
Essa imagem fugidia
  Cette image insaisissable
Que nunca pude alcançar.
  Je ne pouvais plus la saisir.
 Agora, que estou desperto,
Maintenant que je suis réveillé,
 Agora a vejo fixar…
Maintenant je la vois se fixer…
  Para quê? – Quando era vaga,
Pourquoi ? – Quand c’était vague,
Uma ideia, um pensamento,
  Une idée, une pensée,
Um raio de estrela incerto
  Un rayon d’étoile incertain
  No imenso firmamento,
Dans l’immense firmament,
Uma quimera, um vão sonho,
  Une chimère, un vain rêve,
Eu sonhava – mas vivia:
  Je rêvais – mais je vivais :
 Prazer não sabia o que era,
Le plaisir ne savait pas ce que c’était,
  Mas dor, não na conhecia …
Mais la douleur, je ne la connaissais pas…



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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.
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JE NE T’AIME PAS – Poème de ALMEIDA GARRETT – Não te amo

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traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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 Não te amo
JE NE T’AIME PAS
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

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Valentin Serov, La princesse Zénaïde Youssoupoff

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Não te amo, quero-te: o amar vem d’alma.
Je ne t’aime pas, je te veux ! l’amour vient de l’âme.
E eu n’alma – tenho a calma,
Et moi dans l’âme – quel calme,
A calma – do jazigo.
Le calme – du caveau.
Ai!, não te amo, não.
Ah, non ! je ne t’aime pas !

*


Não te amo, quero-te: o amor é vida.
Je ne t’aime pas, je te veux ! l’amour, c’est la vie.
E a vida – nem sentida
Et la vie – je ne la sens pas,
A trago eu já comigo.
Je l’ai déjà en moi.
Ai!, não te amo, não.
Ah, non ! je ne t’aime pas !

*


Ai!, não te amo, não; e só te quero
Ah, non ! je ne t’aime pas ! je te veux seulement
De um querer bruto e fero
D’un désir brutal et féroce
Que o sangue me devora,
Qui me dévore le sang,
Não chega ao coração.
Sans atteindre le cœur.

*


Não te amo. És bela, e eu não te amo, ó bela.
Je ne t’aime pas ! Tu es belle, et je ne t’aime pas, ô belle !
Quem ama a aziaga estrela
Qui aime l’étoile de mauvaise augure
Que lhe luz na má hora
Qui éclaire la mauvaise heure
Da sua perdição?
De son destin ?

*


E quero-te, e não te amo, que é forçado,
Et je te veux, et je ne t’aime pas ! comme elle est scellée,
De mau feitiço azado
D’un âpre sort
Este indigno furor.
Cette fureur indigne.
Mas oh!, não te amo, não.
Mais non ! non, je ne t’aime pas !

*


E infame sou, porque te quero; e tanto
Et je suis infâme, car je te veux ! et tant
Que de mim tenho espanto,
Que je m’effraie moi-même,
De ti medo e terror …
Que de toi, j’ai peur et suis terrifié …
Mas amar… não te amo, não.
Mais aimer ?… non ! non, je ne t’aime pas !

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

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LA BELLE BARQUE – Poème de ALMEIDA GARRETT – BARCA BELA

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traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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LA BELLE BARQUE
BARCA BELA
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro segundo
Recueil publié à Lisbonne en 1853

*****

Le pêcheur, Charles Napier Hemy, 1888

************

Pescador da barca bela,
Pêcheur de la belle barque,
Onde vás pescar com ela,

Où pars-tu pêcher avec elle,
Que é tão bela,

Qui est si belle,
Ó pescador?

Ô pêcheur ?

*

Não vês que a última estrela
Ne vois-tu pas que la dernière étoile
No céu nublado se vela?

Dans le ciel nuage disparaît ?
Colhe a vela,

Replie donc ta voile,
Ó pescador!

Ô pêcheur !

*

Deita o lanço com cautela,
Lance ta ligne avec soin,
Que a sereia canta bela …

Comme la sirène chante divinement.
Mas cautela,

Mais attention !
Ó pescador!

Ô pêcheur !

*

Não se enrede a rede nela,
Ne perd pas ton filet avec elle,
Que perdido é remo e vela

Tu y perdrais et tes rames et ta voile
Só de vê-la,

Rien qu’à la voir,
Ó pescador.

Ô pêcheur !

*

Pescador da barca bela,
Pêcheur à la belle barque,
Inda é tempo, foge dela,

Il est encore temps ! Fuis-là !
Foge dela,

Fuis-là !
Ó pescador!

Ô pêcheur !

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

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POÉSIE DE ALMEIDA GARRETT

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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LA POÉSIE DE ALMEIDA GARRETT
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853

LES CINQ SENS
Os Cinco Sentidos

São belas – bem o sei, essas estrelas,
Qu’elles sont belles ! je sais bien, ces étoiles,
Mil cores – divinais têm essas flores;
Aux mille couleurs et les divines couleurs de ces fleurs ;

Hans Makart, 1872-1879, collection Österreichische Galerie Belvedere,
Palais du Belvédère, Vienne

**

 Não te amo
JE NE T’AIME PAS

Não te amo, quero-te: o amar vem d’alma.
Je ne t’aime pas, je te veux ! l’amour vient de l’âme.
E eu n’alma – tenho a calma,
Et moi dans l’âme – quel calme,

Valentin Serov, La princesse Zénaïde Youssoupoff

Quando Eu Sonhava
LE RÊVE

Quando eu sonhava, era assim
Quand je rêvais, c’était ainsi
Que nos meus sonhos a via;
Que dans mes rêves je la vis ;

Pierre Puvis de Chavannes, Le Rêve,1883, Paris, musée d’Orsay

CET ENFER D’AIMER
Este Inferno de Amar

 Este inferno de amar – como eu amo! –
Cet enfer d’aimer – comme je l’aime ! –
  Quem mo pôs aqui n’alma… quem foi?
Qui m’a mis ça dans l’âme … qui  ?

Ramon Casas, Madeleine au moulin de la galette, 1892, musée de Montserrat

Recueil
« Les Feuilles mortes »
‘Folhas Caídas’
Livro segundo
Recueil publié à Lisbonne en 1853

ALLÉGEANCE
PREITO

É lei do tempo, Senhora,
C’est la loi du moment, Madame,
Que ninguém domine agora
Que personne ne domine maintenant

Ramon Casas, Jeune Décadente,1899, musée de Montserrat

BARCA BELA
LA BELLE BARQUE

Pescador da barca bela,
Pêcheur de la belle barque,
Onde vás pescar com ela,

Où pars-tu pêcher avec elle,

Le pêcheur, Charles Napier Hemy, 1888

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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano, José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

LES CINQ SENS -Poème de ALMEIDA GARRETT – Os Cinco Sentidos

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traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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Os Cinco Sentidos
LES CINQ SENS
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Recueil
« Les Feuilles mortes »
 ‘Folhas Caídas’
Livro primeiro
Recueil publié à Lisbonne en 1853
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Hans Makart, 1872-1879, collection Österreichische Galerie Belvedere, Palais du Belvédère, Vienne



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São belas – bem o sei, essas estrelas,
Qu’elles sont belles ! je sais bien, ces étoiles,
Mil cores – divinais têm essas flores;
Aux mille couleurs et les divines couleurs de ces fleurs ;
Mas eu não tenho, amor, olhos para elas:
Mais je n’ai pas d’amour pour elles :
Em toda a natureza
    Dans toute cette nature
  Não vejo outra beleza
     Je ne vois pas d’autre beauté
  Senão a ti – a ti!
Que la tienne – la tienne !

*
Divina – ai! sim, será a voz que afina
Divine – Oh, oui ! sera la voix tendrement
Saudosa – na ramagem densa, umbrosa.
Nostalgique- dans les branchages denses et ombragés.
será; mas eu do rouxinol que trina
Oui, elle sera ; mais moi du chant du rossignol
   Não oiço a melodia,
    Je n’entends pas la mélodie,
      Nem sinto outra harmonia
 Je ne ressens même pas d’autre harmonie
Senão a ti – a ti!
  Que la tienne – la tienne !

*

Respira – n’aura que entre as flores gira,
Respire – dans cet air qui flotte parmi les fleurs,
Celeste – incenso de perfume agreste,
  Céleste – encens d’un sauvage parfum,
  Sei… não sinto: minha alma não aspira,
Je sais … je ne le sens pas : mon âme n’aspire,
        Não percebe, não toma
Ne perçoit, ne saisit
   Senão o doce aroma
    Que le doux arôme
     Que vem de ti – de ti!
  Qui vient de toi – de toi !

*


Formosos – são os pomos saborosos,
  Magnifiques – sont les pommes savoureuses,
É um mimo – de néctar o racimo:
  Véritable régal ! du divin nectar :
E eu tenho fome e sede… sequiosos,
  Et j’ai faim et soif … avides,
   Famintos meus desejos
      Affamés, mes désirs
        Estão… mas é de beijos,
Le sont … mais n’attendent des baisers,
        É só de ti – de ti!
Que de toi – de toi !

*

Macia – deve a relva luzidia
Que douce soit l’herbe étincelante
  Do leito – ser por certo em que me deito.
Du lit – pour être sûr que je m’allonge.
Mas quem, ao pé de ti, quem poderia
  Mais qui, à côté de toi, qui pourrait
     Sentir outras carícias,
    Recevoir d’autres caresses,
       Tocar noutras delícias
Eprouver d’autres délices
       Senão em ti! – em ti!
Sinon toi! – toi !

*


A ti! ai, a ti só os meus sentidos
A toi ! là, à toi seulement mes sens
 Todos num confundidos,
Tous réunis en un seul,
     Sentem, ouvem, respiram;
   Le toucher, l’ouïe, l’odorat ;
        Em ti, por ti deliram.
En toi, pour toi délirant.
     Em ti a minha sorte,
En toi ma chance,
  A minha vida em ti;
      Ma vie en toi ;
   E quando venha a morte,
      Et quand viendra la mort,
      Será morrer por ti.
Que je meurs pour toi.


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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano e José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

ALLÉGEANCE – POÈME DE ALMEIDA GARRETT – PREITO

 

*

traduction Jacky Lavauzelle
LITTERATURE PORTUGAISE
literatura português

Os Lusiadas Traduction Jacky Lavauzelle Les Lusiades de Luis de Camoes

João Baptista da Silva Leitão
vicomte de Almeida Garrett 

Porto, 4 février 1799 – Lisbonne, 9 décembre 1854
Porto, 4 de fevereiro de 1799 – Lisboa, 9 de dezembro de 1854

Almeida Garrett par Pedro Augusto Guglielmi 

Portrait de Garrett, daté de 1843, avec les insignes de Commandeur de l’Ordre de Notre-Dame de la Conception de Vila Viçosa

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Traduction Jacky Lavauzelle

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ALLÉGEANCE
PREITO
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Recueil
« Les Feuilles mortes »

 ‘Folhas Caídas’
Livro segundo

Recueil publié à Lisbonne en 1853
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Ramon Casas, Jeune Décadente,1899, musée de Montserrat


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É lei do tempo, Senhora,
C’est la loi du moment, Madame,
Que ninguém domine agora
Que personne ne domine maintenant
E todos queiram reinar.
Mais tout le monde veut régner.
Quanto vale nesta hora
Combien à cette heure
Um vassalo bem sujeito,
Un vassal bien assujetti,
Leal de homenage e preito
Loyal en hommage et en honneur
E fácil de governar
Est-il aisé à gouverner ?

*

Pois o tal sou eu, Senhora:
C’est mon cas, Madame :
E aqui juro e firmo agora
Et ici je le jure et signe maintenant
Que a um despótico reinar
Qu’à un règne despotique
Me rendo todo nesta hora,
J’abandonne tout à cette heure,
Que a liberdade sujeito…
Et que je soumets ma liberté …
Não a reis! – outro é meu preito:
Pas à des rois ! – un autre a mon respect :
Anjos me hão-de governar.
Les anges me dirigeront.


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‘Folhas Caídas’
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Passos Manuel, Almeida Garrett, Alexandre Herculano e José Estêvão de Magalhães nos Passos Perdidos, Assembleia da República Portuguesa.

AIMER ! Poème de Florbela ESPANCA – AMAR ! – 1931

Traduction Jacky Lavauzelle João da Cruz e Sousa
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

LITTÉRATURE PORTUGAISE
POÉSIE PORTUGAISE
LITERATURA PORTUGUESA
POESIA PORTUGUESA

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TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE
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L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Espanca_Florbela.jpg.
Florbela Espanca
Flor Bela de Alma da Conceição
Poétesse portugaise
8 décembre 1894 – 8 décembre 1930
Vila Viçosa, 8 de dezembro de 1894 — Matosinhos, 8 de dezembro de 1930

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AIMER !
AMAR!
Poème paru dans

« Charneca em Flor » 
1931

_________________________

Henrique Pousão, Senhora Vestida de Negro, 1882, Museu Nacional de Soares dos Reis, Porto

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Eu quero amar, amar perdidamente!
Je veux aimer, aimer sauvagement !
Amar só por amar: Aqui… além…
Aimer juste pour aimer : Ici … au-delà …

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LA POÉSIE DE FLORBELA ESPANCA – POESIA DE FLORBELLA ESPANCA
*******************

L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Picture_of_Florbela_Espanca.jpg.
João da Cruz e Sousa Traduction Jacky Lavauzelle

Palácio do Raio BRAGA LE PALAIS DU RAYON ou MAISON DU MEXICAIN

PORTUGAL
BRAGA
布拉加
ブラガ
Брага

 palacio-do-raio-braga-artgitato-2

  

 Photos Jacky Lavauzelle

Palácio do Raio





Palácio do Raio BRAGA
PALAIS DU RAYON




Casa do Mexicano
Maison du Mexicain

palacio-do-raio-braga-artgitato-3O Palácio do Raio ou Casa do Mexicano foi construido am 1754-55 sob desenho de André Soares, destinando-se a servir de habitação à familia de João Duarte Faria. A porta e o varandim principal são citados como o melhor exemplar da arquitectura civil bracarense. Sofreu algumas alteraçãoes no decorrer do século XIX. Está classificada como Imóvel de Interesse Publico.
Le Palais du Rayon ou la Maison du Mexicain fut construit de 1754 à 1755 d’après André Soares ; il est conçu pour servir de logement à la famille de João Duarte Faria. La porte et le balcon principal sont cités comme le plus bel exemple de l’architecture Bracarense.
Il a souffert quelques altérations au cours du XIXe siècle.
Il est classé comme Immeuble d’Intérêt Public.

palacio-do-raio-braga-artgitato-4 palacio-do-raio-braga-artgitato-5 palacio-do-raio-braga-artgitato-6

Brasão de João Duarte de Faria de Silva
Blason de Joan Duarte de Faria de Silva
Século XVIII




XVIIIe siècle
Fragmento de teto que integrava a construção inicial do Palácio do Raio
Fragment du plafond qui intégrait la construction initiale du Palais du Rayon

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style rocaille
azulejos bleus
L’encadrement des fenêtres en granit

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palacio-do-raio-braga-artgitato-3

CARLOS AMARANTE
Carlos Luís Ferreira da Cruz Amarante
Braga 29 de outubro de 1748 – Porto 22 de janeiro de 1815
Braga 29 octobre 1748 – Porto 22 janvier 1815
Ingénieur et architecte
Engenheiro e arquitecto português

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Scènes de Chasse
 Cena da caça




 Cenas de caça ao javali
La Chasse au Sanglier

palacio-do-raio-braga-artgitato-7 palacio-do-raio-braga-artgitato-6

caca-ao-javali-palacio-do-raio-braga-artgitato-maison-du-rayon-3

« Le quadrige, au galop de ses étalons blancs,
Monte au faîte du ciel, et les chaudes haleines
Ont fait onduler l’or bariolé des plaines.
La Terre sent la flamme immense ardre ses flancs. »

José-Maria de Heredia
Les Trophées
Alphonse Lemerre
1893 -p. 20

palacio-do-raio-braga-artgitato-17

« C’est l’heure flamboyante où, par la ronce et l’herbe,
Bondissant au milieu des molosses, superbe,
Dans les clameurs de mort, le sang et les abois, »
José-Maria de Heredia
Les Trophées




palacio-do-raio-braga-artgitato-18 caca-ao-javali-palacio-do-raio-braga-artgitato-maison-du-rayon

« Faisant voler les traits de la corde tendue,
Les cheveux dénoués, haletante, éperdue,
Invincible, Artémis épouvante les bois. »
José-Maria de Heredia
Les Trophées

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 Cena da caça
Scènes de Chasse

Um grande Caça Veados
La Chasse au Cerf

palacio-do-raio-braga-artgitato-8 palacio-do-raio-braga-artgitato-9

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A escadaria central
o guarda
L’escalier Central
« Le Gardien »




palacio-do-raio-braga-artgitato-10

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Cenas da vida burguesa
Scènes de vie

palacio-do-raio-braga-artgitato-11

palacio-do-raio-braga-artgitato-15

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Cena musical
Scène musicale

palacio-do-raio-braga-artgitato-21

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 Cena da caça
Scènes de Chasse

A Caça ao Leopardo
La chasse au léopard

palacio-do-raio-braga-artgitato-12palacio-do-raio-braga-artgitato-14

« Alors vint un léopard qui saisit une partie de la chair d’une antilope de roseaux qu’ils avaient avec eux.
Là-dessus, quelques hommes s’élancèrent pour donner la chasse au léopard. Pendant ce temps, arriva un élan qui mangea tout le gibier. Lorsque les hommes eurent poursuivi le léopard sans succès, ils se décidèrent à revenir. En arrivant à leur lieu de halte, ils trouvèrent que tout le gibier avait disparu… »
René Basset
Contes populaires d’Afrique
E. Guilmoto, Éditeur, 1903
Les Littératures populaires, tome XLVII, pp. 289-292

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Pinturas religiosas
Peintures religieuses

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Saint Pierre de Vérone
São Pedro de Verona

Un sabre, instrument de son martyre dans la tête


Pietro Rosini

Pietro Martire
Pietro da Verona
Pierre martyr
Pierre de Vérone
Vérone, env. 1205 – Seveso, 6 avril 1252
ordre des Dominicains

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« Ao passo que, depois de queimarem muitos dissidentes ou suppostos taes, eram assassinados em Aragão e em diversos logares os inquisidores Planedis, Travesseres e Cadireta, Pedro de Verona morria apedrejado em Milão, e outros por diversas partes. Aos inquisidores, que assim pereciam victimas do seu e do alheio fanatismo consideravam-nos como martyres, e os dominicanos ganhavam de dia para dia uma consideração e influencia illimitadas, que os franciscanos, seus emulos, procuravam combater, nascendo d’ahi disputas vergonhosas entre as duas ordens. O repugnante ajunctava-se ao horrivel, e diante de taes scenas a religião velava a face.  »
História da Origem e Estabelecimento da Inquisição em Portugal por Alexandre Herculano
Tomo I

« Pierre de Vérone est mort lapidé à Milan, … Les inquisiteurs, qui ainsi périrent victimes de leur fanatisme et d’autres les considèrent comme des martyrs, … »

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Palácio do Raio BRAGA

LUIS DE CAMOES EROTIQUE – Luís de Camões erótica

CAMOES EROTIQUE
LITTERATURE PORTUGAISE

Luis de Camoes Oeuvres obras Artgitato

literatura português




Luis de Camões
[1525-1580]

Luis de Camoes Les Lusiades

 

LUIS DE
CAMOES EROTIQUE




Luis de Camoes

Luís de Camões erótica

luis-de-camoes-erotique-luis-de-camoes-erotica-joao-marques-de-oliveira-cefalo-e-procris-cephale-et-procris-artgitato-porto-2João Marques de Oliveira
Céfalo e Prócris Céphale et Procris
Porto
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Les œuvres de Camoes ne figurent pas dans le Dictionnaire des Œuvres Erotiques. Les Lusiades (Os Lusiadas) ne semblent pas s’attendrir sur les charmes et les conquêtes  amoureuses. Et pourtant …

Et pourtant ses Sonnets sont remplis d’images passionnelles et chaudes. Si nous reprenons le « O fogo que na branda cera ardia »  (L’Amour, ce feu qui ardemment nous brûle) Luís Vaz de Camões dans une de ses poésies les plus célèbres utilise des images chastes, plus proches des sonnets de Pétrarque.

Amor é fogo que arde sem se ver,
L’Amour, ce feu qui ardemment nous brûle sans aucune flamme
é ferida que dói, e não se sente;
Et qui nous enflamme sans qu’on le sente

é um contentamento descontente,
Qui nous soulage dans des soupirs

é dor que desatina sem doer.
L’Amour, cette douleur sans ce mal qui fait souffrir

Et pourtant Camoes, un de nos plus grands écrivains, en côtoyant l’Epopée, est rentré dans l’âme humaine, dans les rapports intimes des humains, dans le cœur, non seulement des Lusitaniens, mais des humains. Il fait côtoyer les hommes et les dieux, les vaillants marins et les continent au travers de grands moments de solitude, de trahison et, nécessairement de passions. Et là, Camoes nous livre un érotisme torride et divin. Comme le souligne Georges Bataille dans sa Conclusion à l’Erotisme (Editions de Minuit) : « le moment érotique est aussi le plus intense. Ainsi est-il situé au sommet de l’esprit humain.« 

Et pourtant, dès l’ouverture des Lusiades, qu’entendons-nous à travers les exploits guerriers, à travers le bruit des cuirasses, des affrontements :



Des soldats dans des combats acharnés et féroces
As armas e os barões assinalados,
Des plages du Portugal d’où partirent nos frères
Que da ocidental praia Lusitana,
Par des mers avant nous vierges encore
Por mares nunca de antes navegados,
Au-delà de l’île de Ceylan, s’engouffrèrent
Passaram ainda além da Taprobana,
Par les périls et les guerres endurcis
Em perigos e guerras esforçados,
Plus que ne le permettait aucune force humaine d’ici
Mais do que prometia a força humana,
Et, parmi ces peuples lointains, ils édifièrent
E entre gente remota edificaram
Ce nouveau royaume qu’eux seuls sublimèrent ;
Novo Reino, que tanto sublimaram;
(Premier Chant – Canto I)

Nous voyons ces terres vierges prises d’assaut par des vagues de guerriers s’engouffrent et qui pénètrent. Georges Bataille le soulignait déjà dans l’Erotisme : » La cruauté et l’érotisme s’ordonnent dans l’esprit que possède la résolution d’aller au delà des limites de l’interdit…Il s’agit de domaines voisins fondés l’un et l’autre sur l’ivresse d’échapper résolument au pouvoir de l’interdit. » (Chapitre IV – Le meurtre, la chasse et la guerre – Les Editions de Minuit)

Camoes place ensuite nos guerriers Lusitaniens sous la protection des dieux, Apollon, Mercure, Jupiter, Mars, … qui n’ont pas eu qu’une vie de sérénité, de recueillements et de prière.

C’est dans le second livre (Canto II) que Camoes révèle un érotisme torride, avec l’apparition de Dioné au milieu des Nymphes. Elle est prise de véritables convulsions, traversent les cieux en nage et se retrouve devant Jupiter. Nous basculons entre faiblesses et forces, entre défaillances et assurances. Encore la pénétration, ici des Etoiles lumineuses « Já penetra as Estrelas luminosas », sans préliminaires et sans monter au septième ciel, nous arrêtons au sixième :

Ouviu-lhe essas palavras piedosas
Elle entendit ces paroles pieuses





A formosa Dione*, e comovida,
La juste Dioné, et en fut émue,
 Dentre as Ninfas se vai, que saudosas
Elle quitte alors les Nymphes, mélancoliques
Ficaram desta súbita partida.
Par ce départ soudain.
Já penetra as Estrelas luminosas,
Déjà elle pénètre les Etoiles lumineuses,
Já na terceira Esfera recebida
Déjà la voici dans la troisième Sphère
 Avante passa, e lá no sexto Céu,
Elle continue, et là dans le sixième Ciel,
Para onde estava o Padre, se moveu. 
Où était le Père, elle se retrouve.

Dans les strophes suivantes, où Dioné continue sa route, nous passons de la chaleur, de suintements, de feu dans des Pôles glacés, (II-34) au registre animal dans le II-35 :

E por mais namorar o soberano
Et afin de plaire au souverain

 Padre, de quem foi sempre amada e eriça,
Père, qui l’a toujours aimée et hérissée,
Se lhe apresenta assim como ao Troiano,
Elle se présente comme à Troie,
Na selva Idea*, já se apresentara.
Dans la forêt de l’Ida*, elle était apparue.
 Se a vira o caçador, que o vulto humano
Si le chasseur Actéon** l’avait vue, à la figure humaine
Perdeu, vendo Diana na água clara,
Perdue, en voyant Diana dans l’eau claire,
 Nunca os famintos galgos o mataram,
Jamais les lévriers affamés ne l’auraient tuée,
Que primeiro desejos o acabaram.
Car la force du désir aurait été plus fort.




Or nous savons bien qu’animalité et sexualité sont intimement liées. La violence du désir du chasseur Actéon contre la violence des lévriers affamés. « Le mouvement charnel est singulièrement étranger à la vie humaine : il se déchaîne en dehors d’elle, à la condition qu’elle s’absente. Celui qui s’abandonne à ce mouvement n’est plus humain, c’est à la manière des bêtes, une aveugle violence qui se réduit au déchaînement, qui jouit d’être aveugle et d’avoir oublié… Une rage, brusquement s’empare d’un être. Cette rage nous est familière, mais nous imaginons facilement la surprise de celui qui n’en aurait pas connaissance et qui, par une machination, découvrirait sans être vu les transports amoureux d’une femme dont la distinction l’aurait frappé. Il y verrait une maladie, l’analogue de la rage des chiens. Comme si quelque chienne enragée s’était substituée à la personnalité de celle qui recevait si dignement. » (L’Erotisme – Georges Bataille – Chapitre IX La pléthore sexuelle et la mort – Les Editions de Minuit)

Camoes fait monter le désir dans le II-36 avec une force de détails sur les cheveux, le cou, les seins, les flancs, les colonnes lisses. Et ce désir qui continue de monter encore et encore (trepavam desejos) avec la dernière image du lierre qui grimpe :

Os crespos fios d’ouro se esparziam
Tant ses cheveux d’or se répandaient

Pelo colo, que a neve escurecia;
Sur son cou que la neige en semblait obscurcie ;
  Andando, as lácteas tetas lhe tremiam,
En marchant, ses seins de lait frissonnaient,
Com quem Amor brincava, e não se via;
Comme si Amour s’en amusait, sans être vu ;
Da alva petrina flamas lhe saíam,
Des flammes explosaient de ses flancs,
  Onde o Menino as almas acendia;
Lorsque Cupidon allumait les âmes ;
Pelas lisas colunas lhe trepavam
Par ses colonnes lisses montaient
Desejos, que como hera se enrolavam. 
Les désirs, qui, comme du lierre, s’y enroulaient.

Camoes qui la couvre dans le II-37 d’un voile léger, ne fait que renforcer les désirs et les passions. Et les désirs grandissent et grandissent encore, jusqu’au feu d’artifice. Camoes par le voile ajoute un semblant d’interdit qui dévoile en même temps qu’il voile. C’est un non qui veut dire oui. Un mystère à découvrir. « Nous sommes admis à la connaissance d’un plaisir dans lequel la notion de plaisir se mêle au mystère, expressif de l’interdit qui détermine le plaisir en même temps qu’il le condamne. » (L’Erotisme, Georges Bataille, Chapitre IX, Editions de Minuit)

C’um delgado sendal as partes cobre,
D’un voile léger, elle couvre ses parties

 De quem vergonha é natural reparo,
Dont la pudeur est un rempart naturel,
Porém nem tudo esconde, nem descobre,
Mais tout ne se cache ni ne se découvre,
O véu, dos roxos lírios pouco avaro;
Le voile de lys pourpre reste peu avare ;
 Mas, para que o desejo acenda o dobre,
Mais pour que le désir grandisse plus encore,
Lhe põe diante aquele objeto raro.
S’enflamme cet objet si léger.
Já se sentem no Céu, por toda a parte,
Déjà l’on ressent dans le ciel, de toutes parts,
  Ciúmes em Vulcano, amor em Marte.
La jalousie de Vulcain et l’amour de Mars.

Dans le II-38, Camoes passe au faux registre angélique (angélico semblante) avec en association la maltraitance par les assauts amoureux avec le refus et l’acceptation concomitante de celle qui dit oui et qui dit non :

E mostrando no angélico semblante
Elle montre sur son visage angélique





Co’o riso uma tristeza misturada,
Un sourire triste,
Como dama que foi do incauto amante
Comme chez une dame que l’amant entreprenant
Em brincos amorosos mal tratada,
Maltraite par des assauts amoureux,
Que se aqueixa e se ri num mesmo instante,
Qu’elle reproche et accepte dans le même instant,
E se torna entre alegre magoada,
Hésitant entre joie et peine,
 Desta arte a Deusa, a quem nenhuma iguala,
Dans cet art la Déesse, que personne n’égale,
  Mais mimosa que triste ao Padre fala:
Plus douce que triste parle à Jupiter, le Père :

Camoes arrive au paroxysme de la relation. Il parle d’un acte évité qui ressemble à si méprendre à un acte consommé. Il aurait juste fallu que notre dieu se retrouve seul…

E destas brandas mostras comovido,
Et à ces douces démonstrations,

  Que moveram de um tigre o peito duro,
Qui auraient agité la dure poitrine d’un tigre,
Co’o vulto alegre, qual do Céu subido,
La face joyeuse, qui du haut de ce ciel,
Torna sereno e claro o ar escuro,
Rendait cet univers sombre serein et clair,
 As lágrimas lhe alimpa, e acendido
Ses larmes ruissellent et il éclaire
Na face a beija, e abraça o colo puro;
Son visage de baisers et embrasse son cou parfait ;
De modo que dali, se só se achara,
Alors, à ce moment, si seuls ils s’étaient retrouvés,
Outro novo Cupido se gerara.
Un autre nouveau Cupidon aurait été engendré.

Bien entendu, l’érotisme ne se découvre pas que dans les Lusiades. Les Sonnets de Camoes regorgent d’images et de situations amoureuses. Déjà Charles Magnin en 1832 le notait dans la Revue des Deux Mondes :

« Les poésies de Camoens qui se rapportent à ces premiers temps d’amour, sont pleines de passion et de délire. En voici un échantillon:




SONNET IX.
«Je suis en proie à un état indéfinissable ; je frissonne et je brûle à-la-fois ; je pleure et ris au même instant, sans en savoir la cause. J’embrasse le monde entier et je ne puis rien étreindre. Toutes mes facultés sont bouleversées : mon âme exhale un feu terrible ; des ruisseaux de larmes coulent de mes yeux. Tantôt j’espère, tantôt je me décourage ; quelquefois je dé« lire, d’autres fois ma raison revient. Je suis sur la terre et ma pensée traverse l’espace. En une heure je vis une année ; en mille années je n’en puis trouver une qui me satisfasse. Si quelqu’un me demande pourquoi je suis ainsi, je répondrai que je l’ignore. Je soupçonne cependant, madame, que c’est pour vous avoir vue. »

Une passion si violente et si ingénieuse à-la-fois dut être payée de retour ; mais le rang et la fortune élevaient entre les deux amans une barrière infranchissable. Les parens de sa maîtresse, puissans à la cour, intervinrent, et un ordre d’exil éloigna Camoens de Lisbonne. »
[Revue des Deux Mondes – 1832 – tome 6 –  Charles Magnin –  Littérature étrangère – Luiz de Camoëns]

 

 

 

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Camoes érotique