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PAUL ADAM DEUXIEME LETTRE DE MALAISIE 1896 LETTRES DE MALAISIE

MALAISIE – MALAYSIA
LETTRES DE MALAISIE


D’après une photo de Nadar et du portrait de Félix Valloton




PAUL ADAM
1862 – 1920

LETTRES DE MALAISIE
1896
DEUXIEME LETTRE

Texte paru dans La Revue Blanche
Paris
1898 

*****

Portrait de Paul Adam
Félix Vallotton paru
Le Livre des masques de Remy de Gourmont
1896

***

Deuxième Lettre de Malaisie

Minerve. Septembre 1896.
Palais des Voyageurs
Mon cher ami,

Je comptais que des nouvelles sur mon incursion dans ce pays vous parviendraient par la voie des gazettes. De Manille une correspondance officielle m’arrive qui indique les desseins de mon gouvernement. Ils s’opposent à la révélation de la découverte. Or, vous le savez : les intérêts d’État primant tout, il pourrait advenir qu’un malheur privât nos contemporains de ma présence, lors du retour en pays ami. Au prestige des Pouvoirs d’Europe, l’exemple serait funeste d’une communauté ayant prospéré grâce à l’entière abolition de la famille, du capital, de la concurrence, de l’amour… et de la liberté.

Rappelez-vous ce soir de Biarritz où nous imaginâmes la future tyrannie du marxisme imposant à des millions d’agriculteurs, de savants, d’artistes, les lois utiles à la seule aise de la minorité ouvrière. Les plus rigoureuses de nos prédictions se trouvent ici dépassées. Or, comme le leurre de la liberté sanctifie tout le système européen, je gage que les monarques et les démagogues s’allieront pour mettre une dalle de silence sur mon récit avant même, peut-être, que j’aie réussi à le publier. Donc, je vous sacre dépositaire de mon secret, afin que son immédiate divulgation puisse, bien que partielle, rendre inutiles les mesures de force.

Cela vous expose à l’envoi de plusieurs manuscrits. Je vous prie de me pardonner.

J’aurais bien voulu user, pour cela, du moyen de correspondance qui satisfait la gent de cette nation-ci, mais je pense à toute la peine que vous auriez pour découvrir à Paris un phonographe, aux sommes qu’il faudrait débourser pour l’acquérir, et aux défectuosités probables de l’appareil. Je préfère me servir d’encre.

Au Palais des Voyageurs, dans cette ville de Minerve, chaque chambre possède son phonographe, ses lampes électriques, ses robinets d’eau chaude et de froide. Plusieurs plaques de fer encastrées dans le mur rougissent si l’on tourne un bouton qui dispense de forts courants électriques. La chaleur se répand selon le nombre de tours imprimés au bouton, et un thermomètre indique la somme de degrés obtenus par cette manœuvre. La pièce où je vous écris a des murs de faïence orangée, un parquet de verre opaque, une coupole de stuc, une fenêtre cintrée ouverte sur les perspectives à grandes courbes des rues. J’aperçois la ville, et ses maisons bleues, cramoisies, jaunes, dorées, argentées couleur de fer. Il pleut. L’eau du ciel fait reluire l’émail des façades. Les tramways glissent vertigineusement sous les passerelles légères que franchissent les piétons encapuchonnés de caoutchouc gris. Aucun bruit de marteau, aucune chanson, aucun pas de cheval ne troublent le murmure uniforme des passants chaussés de semelles sourdes et qui se suivent sous les arcades jaillies de tous les rez-de-chaussée. Entre les colonnes qui se succèdent à la place où se montreraient chez nous les devantures des magasins, des tables soutiennent des boissons dans la composition desquelles n’entre aucun alcool. Cafés, bières, thés, crèmes, sorbets, glaces, chocolats régalent le repos du promeneur momentanément étendu dans son rocking, et qui prête une oreille distraite aux chroniques que lui récite le phonographe où un acteur souffla les intonations. Ce peuple-ci n’a plus à prendre la peine de lire. On enferme dans une sorte de piano mécanique, des albums échancrés de trous divers qui s’emboîtent sur les pointes d’engrenage de grosseur correspondant à la capacité et au dessin du trou. Plus forte que la voix normale, une voix avertit des accidents, de la température, déclame une chronique ou un conte. Rien de plus bizarre que d’entendre ces mille phonographes sous les arcades. Chacune des « stations » porte une enseigne indiquant la nature du récit. Les amateurs de nouvelles s’arrêtent sous la « Voix des Evénements ». Les gens épris de littérature sirotent du thé sous la « Voix des Poètes ». Ceux qui aiment revivre selon les temps anciens boivent à portée de la « Voix de l’Inde », de la « Voix de Rome », de la « Voix de la Grèce ». Le murmure marin de ces voix confondues donne une sorte d’angoisse.

Depuis les inscriptions chaldéennes, celles des stèles égyptiaques jusqu’aux imaginations modernes, le témoignage de la vieille humanité pleure dans la ville. On écoute l’Idée, l’Idée Une, l’Idée Mère, bruire en ses transformations merveilleuses. Cela plane sur les innombrables coupoles de faïences multicolores, sur le bruit des hautes gerbes d’eau qui jaillissent décorativement aux coins des avenues, dépassent le faîte des maisons et couronnent la cité de splendides panaches liquides.

Voilà ce que j’entends de cette chambre, ce que je vois de cette fenêtre.

Songez au total de travaux, d’efforts, d’activités qu’il fallut pour ce résultat !

Dès le crépuscule, ce sont des musiques. Les sons s’engouffrent dans la ville, s’élèvent, planent. Des orgues crient. Des orchestres invisibles s’évertuent. Tantôt c’est une messe de Palestrina, tantôt une œuvre de César Franck, tantôt du Wagner, du Beethoven, du Gluck, du Chopin. La seule mécanique remplace les virtuoses. On perçoit bien une roideur d’exécution quelque peu fâcheuse ; mais seulement à certains passages. La sensation est brève. Un essor d’harmonies parfaites noie la note pénible.

J’ai obtenu de pouvoir connaître ces choses en donnant au sénéchal d’Amphitrite ma parole d’honneur d’observer certaines conventions. Ainsi je ne dois, durant mon voyage, ni acheter ni vendre. On m’a fait remettre aux bureaux d’Amphitrite toutes mes valeurs. On m’a prévenu qu’accueilli comme hôte de la Dictature, je n’aurais nulle dépense à compter. Il m’est interdit de faire des cadeaux ou d’en recevoir. Toute circulation de monnaie, tout échange commercial est proscrit sur le territoire de la Dictature ; et pour me prémunir contre la faiblesse humaine, on m’a conduit dans un magasin, on m’a revêtu d’un habit pareil à celui du sénéchal, en sorte de soie sombre, d’une culotte semblable à celles de nos cyclistes, de bottines et de molletières en cuir crû. Sur ma tête on adapta un chapeau de feutre. Dans une valise on plia tout un trousseau ; et je fus confié aux soins de deux personnes que leurs intonations seules dénoncèrent pour des femmes, leur costume ne les différenciant pas des hommes, non plus que leurs cheveux coupés en rond jusqu’aux oreilles, et rabattus sur le front comme ceux des pages au quatorzième siècle.

En vain je demandai la permission d’emporter ma boîte à cigares. Mes gardiennes déclarèrent que l’alcool et le tabac n’avaient point droit de cité dans le pays. Je ressens avec malaise cette privation.

Le train qui nous conduisit d’Amphitrite à Minerve, en cinq heures, marche avec une rapidité vingt-cinq ou trente fois plus grande que celle de nos express. Les wagons sont des salles vastes, munies de larges baies de verre où défile toute la perspective du pays équatorial embu de vapeurs lourdes qui s’élèvent sur les régions marécageuses. Des divans profonds garnissent les parois. Le système d’éclairage et de chauffage par les plaques rougies à l’électricité rend confortables les heures. Aux gares, les gens montent sans contrôle. Ils sont vêtus de façon pareille. Ils parlent très peu ; s’entendent par signes. Ils semblent recueillis, graves. Les femmes sont virilisées presque entièrement. Les mains dans les poches de l’habit, les jambes croisées elles rêvent. De temps à autre la voix du phonographe annonce une nouvelle ; le conducteur du train prenant à chaque gare une série de plaques qu’il glisse dans l’appareil. Comme à Londres, les femmes et les hommes ne semblent pas se désirer. Ils ne se déshabillent point du regard. Leurs yeux ne marquent pas de connivences. Les femmes mettent plus de sucre dans leur tasse à thé ; les hommes crachent dans leurs mouchoirs avec plus de bruit. Ni distinction de gestes, ni grossièreté de manières ne placent en évidence l’une ou l’autre. Égaux par l’éducation, aussi bien que par l’habit, on ne peut dire s’il est parmi eux des inférieurs. Le fort s’efface devant le faible, le grand devant le petit, l’homme mûr devant la femme, l’enfant, le vieillard. C’est tout.

Au conducteur du train, aux employées, personne ne parle avec impatience, mais au contraire avec des formules de politesse très humbles. Mes compagnes, au dîner, aidèrent la fille de service par une complaisance toute fraternelle ; et celle-ci les traita familièrement, leur dit des choses drôles. Mes manières différentes parurent choquer autour de moi surtout lorsque je priai la fille de ramasser la serviette. Elle rougit extrêmement, m’obéit et se détourna non sans évidence de son mépris, de son indignation. Mes compagnes m’excusèrent sur ma qualité d’étranger.

On ne voit ni gros, ni maigres, ni infirmes, ni vieillards trop âgés, ni enfants trop jeunes, ni mères accompagnées de progéniture remuante, ni malades toussoteux et hâves. Comme je m’en étonnai, les viriles compagnes me renseignèrent. Elles dirent que les premiers efforts de Jérôme le Fondateur, visèrent l’installation des gymnases. À peine eût-il refoulé les tribus malaises et découvert sur le Haut-Plateau les espaces fertiles, sains, à peine les eut-il protégés d’un circuit de forts, qu’il fit construire sur les bords de la rivière Coti, neuf grands édifices de bois : la Maternité, la Nursery, l’École, le Collège, le Lycée, l’Université, le Presbytère, l’Hôpital.

Séparés par des distances de trente kilomètres environ, ces bâtiments reçurent aussitôt leurs pensionnaires.

Chaque femme reconnue enceinte fut conduite à la Maternité. Des soins de toutes sortes la comblèrent. On lui réserva les meilleurs gibiers des chasses, les plus belles étoffes, les sièges les plus commodes, tous les honneurs. Rien de cela n’a disparu des mœurs depuis cinquante ans. La mère reste par dessus tous, le personnage sacré. À la place des primitives bâtisses en bois, d’admirables palais s’élèvent, remplis de statues, de tableaux. Elle y vit, dispensée de travail pendant la période entière de la grossesse, celle de l’allaitement, et de la première éducation du bébé. Pour elle des cuisiniers chinois d’une science considérable préparent les festins exquis ; des chœurs de jeunes filles chantent, et font de la musique ; les meilleures troupes d’acteurs représentent les chefs-d’œuvre des littératures connues ; des jardiniers complètent de merveilleux parterres, les allées de parcs munis.

— C’est me dit, la compagne, une année de triomphe royal. On n’accorde rien de pareil à nos inventeurs ni à nos médecins, qui sont cependant honorés à l’instar des empereurs historiques. Jérôme le Fondateur a jugé que rien n’est plus beau que produire un être pensant. Vous verrez sans doute défiler les cortèges de matrones dans leurs litières faites d’ivoire et d’argent. La loi oblige à se prosterner devant elles. Nos héros, nos inventeurs, nos docteurs, se vautrent dans la boue à leur passage, tandis qu’un sénéchal ou le dictateur lui-même ne sont pas salués de la foule qui s’affirme leur égale.

— Avez-vous déjà joui de ces honneurs, demandai-je.

— Deux fois, répondit-elle ; à quatorze ans et demi et à vingt ans. Voyez, pour cela, je porte a la boutonnière deux plaques d’or.

— Et vos enfants ?

— J’eus de leurs nouvelles il y a dix jours. L’aînée qui compte aujourd’hui treize ans finit ses études chorégraphiques. On m’a montré de sa peinture. Elle collabore au grand tableau qui ornera le Temple du Fer. Ce tableau représente le triomphe de nos nefs aériennes, le jour où elles purent enfin prendre essor, après quinze années de tentatives infructueuses. En ce moment ma fille doit être dans la campagne pour les semailles d’automne. Le labeur physique lui fait grand bien. L’an dernier, après le sarclage des betteraves, elle s’est vue définitivement débarrassée de ses migraines… Je compte bien que les docteurs la jugeront assez forte pour être transférée dans la ville de Diane, l’an prochain. Car il vaut mieux approcher le mâle de bonne heure. On évite ainsi l’épuisement des imaginations inassouvies.

Je savais que la famille et le mariage n’existaient plus parmi cette nation ; cependant j’eus beaucoup de peine à entendre discourir ainsi cette jeune mère, qui, les jambes croisées, et les mains frêles, choisissait des pastilles pour sa bouche. Elle reprit.

— Mon second, un fils, a huit ans. Il est un peu en retard, pour son âge. Je crois bien que c’est ma faute. Son père, autant que je le puis établir, était un pauvre vieillard venu jeune, de France, avec l’exode de Jérôme le Fondateur. Encore victime de vos illusions sur le sentiment, il m’aima, comme vous dites. J’étais alors une gaillarde de vingt années. Il parut si malheureux, que je ne lui refusai pas mon corps. Il faut compatir n’est-ce pas, à toutes les faiblesses. J’imaginais que sa semence serait infertile. Le contraire arriva. L’enfant parait chétif, un peu imbécile. On a dû l’inscrire dans la section des instituteurs. On le gavera, par des procédés mnémotechniques, de grammaire, d’histoire, de géographie ; et il passera sans doute sa vie à réciter cela dans les phonographes scolaires.

— Et maintenant, dis-je, n’espérez-vous pas une autre maternité ?

— Vous pensez qu’en ce pays, l’espoir de bien des femmes est la grossesse. Il y en a d’heureuses qui ne passent pas dix mois hors du Palais des Mères. Tout baiser les féconde. Mais pour le plus grand nombre, la facilité de l’amour les rend bréhaignes. Ainsi, moi, je fus prise à quatorze ans, après la deuxième embrassade. Il en arrive de même à la plupart. Les conditions de ces premières rencontres sont si spéciales ! À la sortie de l’Université, quand nous sommes vraiment femmes, on nous transfère dans la ville de Diane. Là nous habitons les palais des Vierges. Tout le jour nous répétons des danses ; nous essayons de somptueux costumes propres à faire saillir notre beauté ; nous écoutons les phonographes réciter des poèmes et des contes érotiques. Au bout de quelques semaines on donne une grande fête à laquelle sont conviés des mâles de trente ans, élus comme les beaux et les robustes. Ils viennent là en maillots de soie. Le matin il y a un service dans la Basilique. Les archevêques défilent à la tête des processions. On s’enivre d’encens et au son des orgues. Ensuite c’est le cortège admirable des Mères qui passent en litières à grands pans d’étoffes précieuses. Un festin réunit les sexes. Ils s’assortissent. Après cela, revêtues de costumes de ballet, les vierges dansent devant l’assemblée des hommes certaines danses très belles, longues, pour lesquelles on nous éduque dès l’âge de six ans au collège, pour lesquelles on nous perfectionne au lycée et au gymnase. Les danses finies, chacune accepte un breuvage qui enivre, et va s’étendre dans sa loge parmi les fleurs, sur des coussins. L’homme entre. Deux semaines on se livre à la reproduction, soit avec le même mâle, soit avec un autre, plusieurs. Les fêtes se prolongent. Presque toutes, le mois suivant, se trouvent mères, et quittent la ville de Diane.

— Elles n’y retournent jamais.

— Jamais. Il y a une autre ville : Vénus. Il s’y passe des cérémonies semblables, pour celles qui sortent du Palais des Mères, après le sevrage de leur petit. Sans doute vous assisterez à l’une de ces Fêtes de la Reproduction… Auparavant, nous aurons la grande fête de la Locomotion, au Temple du Fer, dans la ville qu’on nomme Vulcain. Elle marque tous les printemps, à l’anniversaire du jour où, pour la première fois, les nefs aériennes purent se soutenir dans la transparence de l’espace. Une semaine après, c’est la fête de la Nutrition, la fête de la Terre, un peu avant la saison des pluies. Ces trois grandes fêtes marquent, pour notre calendrier, la fin du travail annuel ; à l’époque de votre solstice d’Hiver.

— Mais, repris-je, excité par la description des fêtes de Diane, en dehors des cérémonies amoureuses dont vous me parlez le goût des choses passionnelles ne séduit-il pas les âmes ?

— Le goût de ce passe-temps a perdu bien de son prestige si vous le considérez avec vos illusions d’Europe. Ici une femme ne refuse pas plus à un homme sa chair, que chez vous elle ne refuse de rendre un salut. C’est une politesse que nous octroyons bien gracieusement, et sans y attacher d’autre importance.

— Mais si un vieillard, vous sollicite, ou un homme déplaisant ?

— D’abord les vieillards vivent dans les Presbytères, pour la plupart. On y entre dès l’âge de cinquante-cinq ans. Les difformes ne fréquentent pas au milieu des beaux ni des sains. Ils habitent certains lieux voués à leur détresse. Donc nous ne rencontrons que des personnages de figure et de taille admissibles. Et puis, pour accomplir cette fonction toute simple, nous n’avons pas besoin de tant de choix ou d’ambages. Rien dans les lois ni dans les habitudes ne contrarie l’exercice d’un instinct utile à l’expansion de la race. On se reproduit quand on a l’envie, et avec qui vous le propose, comme on mange en face du passant, au réfectoire du train, ou l’on se promène dans la voiture d’un mécanicien quelconque.

— Et l’idéal ! fis-je.

Mes deux compagnes sourirent.

Je les considérai. Brunes, évidemment empreintes du sang de Malaisie, elles avaient des yeux languides, sous de grands cils, et des paupières mates, des attaches fines. Leur nez légèrement aplati ne déparait point le sens triste du visage barré de bouches soigneuses. Aux plis des vestes de soie, leurs gorges libres ne disparaissaient pas tant qu’on ne les devinât solides et pleines. Elles avaient aussi des hanches larges sous les vastes basques de l’habit, et, dans les guêtres, de sveltes mollets, des pieds pointus. La plus loquace des deux se nommait Théa, et l’autre, qui jusqu’alors n’avait rien dit que par sourires, s’appelait Pythie. Bien qu’elle fût plus jeune, trois médailles indiquaient le nombre de ses enfants. Je la complimentai sur la grâce de sa taille, après plusieurs couches.

— C’est aux doctoresses, répondit-elle, de recevoir ces flatteries. L’art de l’obstétrique est parvenu a une haute perfection ; car les plus grandes récompenses sont réservées à ceux et à celles qui découvrent les moyens d’embellir et d’ennoblir la maternité.

— Quelles récompenses ?

— L’exemption de travail, pour un, deux, trois ans, pour la vie. Ainsi, trois fois mère je suis dispensée de travail pour neuf années. Je ne vous accompagne point par fonction, mais par amitié envers Théa, afin d’aider sa tâche. Au reste, je me déclare doublement heureuse de cette amitié qui m’offre la joie de vous connaître, Monsieur.

Je saluai. Cette Pythie sembla très charmante. Elle feignit même de me lancer une œillade. Quelque chose comme un rai d’or fauve borda sa prunelle, illumina ses cils épais. Je regardai les globes de sa poitrine assez fixement. Elle s’en aperçut, sourit, et se tournant vers moi, elle déboutonna sa veste, de telle sorte que j’aperçus une peau brune que la respiration gonflait.

— Merci, murmurai-je.

— Cette gratitude est sincère, dit Théa dont la main s’insinuait pour une constatation naturelle vers l’endroit le plus ému de ma chair.

Je ressentis quelque honte, à ce geste non dissimulé. Mais les trois autres voyageurs du salon, ne semblèrent pas y prendre garde.

« À Lucine, deux enfants mâles viennent de naître. Bien constitués », cria en ce moment la voix aigre du phonographe ; elle continua : « Quatre nefs sont parties pour la province de Cavite. Les troupes espagnoles ont été battues à Luçao. Nos alliés incendient les plantations d’Altavila, de Notre-Dame del Pilar… Le compte de la récolte est clos. Les réserves paraissent assez fournies pour qu’on puisse espérer une diminution de travail agraire de cinq heures à la semaine, pendant les travaux de l’an prochain… L’ingénieur Marius a terminé les expériences de la machine à souffler le verre. On pense que la fabrication des bouteilles cessera de nécessiter le souffle humain, dans six semaines… » Un coup de sifflet marqua la fin de la communication phonographique.

— Voilà une conquête heureuse sur la matière, dit à sa voisine, le voyageur assis en face de nous. Je m’en réjouis, car je souffle le verre depuis quatre ans ; et cela m’épuise un peu.

— Vous avez, répondit-elle, des épaules larges qui dénotent des poumons capables de supporter cette fatigue.

— Certes, mais je m’accommoderai fort bien d’une autre besogne ; et je vous avoue que je profite avec joie de mon congé trimestriel.

— Vous allez à Minerve ?

— Oui, j’ai entrepris un travail fort attachant sur les variations des idiomes aryens. À Minerve seulement, les bibliothèques sont assez fournies pour me permettre de mener à bien cette curiosité.

— Comment pouvez-vous, Monsieur, demandai-je réussir à vous intéresser à la philologie, tout en soufflant le verre.

— Mon Dieu, c’est facile. Ma section travaille de six heures du matin à midi. À quatre heures du soir je me suis promené suffisamment. Il faut bien tuer les heures jusqu’au coucher. Par chance, mes camarades ont des goûts à peu près pareils. L’un opère sur les langues chaldéennes, l’autre sur les égyptiennes, deux autres sur les celtiques. Nous avons ainsi un sujet commun pour grouper nos esprits et nos conversations.

— Monsieur est Européen, et visite la Dictature, comme hôte du Conseil, dit Théa.

— Eh bien, Monsieur, je suis aise de vous souhaiter la bienvenue, reprit le souffleur de bouteilles. Le phonographe nous avait appris votre voyage. Je comprends qu’il vous étonne d’entendre de tels propos. Mais quoi ? N’avez-vous pas le service militaire obligatoire, en Europe ? Ne vous faut-il pas, à certains moments, faire le cavalier de 2e classe dans une caserne ? Garde d’écurie, vous nettoyez les crottins, vous astiquez les selles et les brides, vous décrassez le cheval. Cela ne vous empêche point, le soir, de lire une revue littéraire. Nous faisons du service social pendant vingt années, comme vous faites du service militaire pendant trois années. Voilà tout. Ce n’est pas plus abrutissant, et l’art de Produire élève l’esprit tandis que l’art de Détruire l’abaisse. Tous les trimestres nous jouissons d’un congé de quinze jours. Je vais utiliser ce loisir à Minerve.

— Je vous admire, dis-je, un peu stupéfait.

— Ne m’admirez pas. Je suis un parmi quinze millions d’humains. Pensez que dès l’âge de sept ans, au collège, j’ai appris, en même temps que mes déclinaisons latines, les mystères de la verrerie ; que j’ai su, le même mois, traduire Sophocle à livre ouvert, et souffler une bouteille de deux tiers de litre ; qu’au lycée j’ai appris la transformation calorique du sable en verre, les raisons chimiques et physiques de cette transformation, à l’époque même où l’on m’initiait au sanscrit, à la trigonométrie, et aux règles du canotage sur fleuve ; qu’au gymnase je connus l’histoire de l’industrie verrière concurremment à celle des philosophies, et à l’équitation ; qu’à l’Université les adaptations sociales du verre aux serres de culture ; au pavage des intérieurs, à la construction des lentilles télescopiques me furent enseignées par les mêmes professeurs me prêchant les principes de l’astronomie, les théorèmes de l’économie générale, et la psychologie des foules, sans que, pour cela, il me fût permis de délaisser les écoles de tir, ni la manœuvre de la voile sur les fleuves, ni les initiations amoureuses que les jeunes mères rétablies dispensent aux adolescents, dans notre ville de Vénus.

— Voilà une éducation complète !

— Heu, heu ! Ce n’est pas encore divin, mais, en cinquante ans, le pays est parvenu à installer dans les mœurs cette vérité, que le plaisir c’est Savoir, que l’honneur c’est Produire, que la honte c’est Détruire. Nous avons fait quelques pas.

— Ces dames reçurent-elles la même instruction ?

— Pas absolument, répondit Théa. Nos connaissances littéraires et esthétiques sont développées surtout au détriment des sciences pures. Nous savons peindre, sculpter, construire le plan d’un édifice, écrire une symphonie sans faute, jouer la comédie, la tragédie, danser selon les traditions, antiques, et l’art du ballet moderne. Nous possédons mieux que les hommes les langues mortes. Les beaux arts nous sont dévolus.

— Apprenez-vous des métiers ?

— Oh oui. Notre service social comprend la bureaucratie. Il n’y a pas d’homme bureaucrate. Nous avons encore la direction de l’esthétique nationale. Les femmes composent le décor des villes, s’occupent aussi d’agriculture, de jardinage, selon leurs aptitudes.

— Mais, déclara Pythie, il y a beaucoup de fonctions mixtes où les hommes et les femmes rivalisent : la médecine, par exemple ; l’agriculture aussi, et le jardinage. L’un et l’autre se confondent. Nous sommes tisseuses, téléphonistes et télégraphistes. Il y a des hommes tisseurs, téléphonistes et télégraphistes. En étudiant la philologie, monsieur empiète sur notre domaine ; et il ne serait interdit à aucune d’entre nous de se préoccuper de mécanique ou d’artillerie, encore que ces champs d’investigations soient plutôt réservés aux hommes.

— Et la justice ? demandai-je.

— Chaque groupe de travail, répondit Théa, juge la faute d’un de ses membres. Le condamné peut en appeler au verdict d’autres groupes. S’il est convaincu de crime, on le punit.

— Quels sont les châtiments ?

— Il n’y en a qu’un. Il n’est qu’un crime : contrevenir à la loi de Travail. Que l’homme tue ou qu’il refuse de travailler consciencieusement, le crime est le même, le châtiment pareil. On enrôle le condamné dans un régiment, pour la vie. Ayant voulu détruire l’Harmonie sociale, il est voué à la destruction et au meurtre perpétuellement. Si les mères qui produisent la vie, sont comblées d’honneur, les soldats sont comblés d’opprobre. On se détourne lorsqu’ils passent.

— Ainsi vous punissez de même le vol d’un pain et le meurtre de dix personnes ?

— Nul ne vole de pain. Celui qui a faim entre dans un réfectoire et mange à son appétit, boit à sa soif, autant qu’il le veut, quarante fois par jour s’il lui plaît. Avec les moyens de la culture intensive, nous faisons rendre au territoire quatre fois et demie ce qu’il conviendrait pour étouffer de nourriture tout le peuple.

— En Europe, dit le souffleur de bouteilles, vous pourriez nourrir cinq fois votre population, si, au lieu de laisser vos rustres écorcher leurs champs misérables avec des instruments de sauvages, vous usiez de la culture commune, et des moyens scientifiques d’amender le sol, de labourer, d’ensemencer. Votre but n’est pas de nourrir, mais de posséder, de surproduire et, de vendre. Ici, nous ne vendons rien ; nous consommons tout. Il n’y a pas de pauvre, ni de voleur de pain.

— Ni de voleur d’or, puisqu’il ne pourrait rien faire de l’or, nul ne pouvant acheter.

— Et s’il voulait en faire cadeau ?

— Personne ne peut rien posséder. Quand nos habits se salissent on nous les change. Notre linge même ne demeure pas entre nos mains ; et nous ne savons jamais si nous coucherons le soir dans la même chambre que la veille.

— Je soupçonne qu’un espionnage perpétuel vous guette.

— Oui, mais il ne nous incommode pas. Personne n’a rien à dissimuler. On porte, comme Bias, toute sa fortune sur son dos. Voudrait-on voler, qu’il n’y a rien à voler, tout appartenant à tous.

— Quels sont donc les criminels ?

— Les colériques qui tuent on tentent de tuer dans une querelle, ou injurient gravement le contradicteur. Les paresseux qui refusent le travail. Les contrebandiers qui essaient d’introduire de l’alcool ou du tabac. Voilà les criminels principaux. La masse de l’armée se compose de gens qui calomnièrent, injurièrent, ou firent violence à une femme.

— Et ces hommes armés, vous ne craignez pas leur révolte ?

— Non. Parce que sur leurs camps, sur leurs colonnes en marche plane toujours la nef aérienne et ses torpilles.

— Ce ne sont pas des soldats qui forment les équipages d’aéronautes ?

— Non ; mais des savants.

La conversation tomba. Le train filait dans l’ombre humide de forêts infinies, avec cette vitesse folle obtenue, non par la vapeur ou l’électricité, mais par l’explosion continue d’un gaz détonant. Nous roulions sur un tonnerre assourdi.

Théa s’endormait. La nuit allait venir. Le souffleur de bouteilles tourna le piton des lumières qui s’obscurcirent ; et il s’arrangea pour le sommeil. Déjà des voisines soufflaient. Pythie se rapprocha de ma fièvre, elle saisit ma main, et m’entraîna par le couloir à soufflets dans un autre compartiment du train. C’était une petite loge capitonnée de soie ponceau. Le tapis parut une chose moelleuse comme un édredon ; et il n’y avait pas d’autre siège.

— Vous devez, me dit-on, avoir des trésors de fougue amoureuse, et non pas être blasé comme les hommes d’ici dont nos corps ne séduisent plus la satiété.

Sans autres précautions oratoires elle éleva ses lèvres vers mes lèvres ; la vipère de sa langue glissa entre mes dents. Ses mains habiles et pleines d’intentions me dévêtirent à demi. L’effet de sa caresse se manifestant, elle frémit de toute l’échine à s’en apercevoir. Jetant, son habit, dépouillant sa veste, élargissant la fente de sa chemise, elle me remplit les mains de sa gorge, puis me força, silencieuse, à m’agenouiller, à m’étendre ; bientôt nos deux nudités s’enlacèrent ardemment.

Ainsi je gagnai la ville de Minerve, en quelques heures voluptueuses.

Paul Adam
LETTRES DE MALAISIE

VILLA BORGHESE – LA FONTAINE DE VENUS – LA FONTANA DELLA VENERE

ROME – ROMA
LA VILLA BORGHESE

Armoirie de Rome

Traductions & Photos  Jacky Lavauzelle

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FONTANA DELLA VENERE
La Fontaine de Vénus

« cuius effigiem habitu Cupidinis in aede Capitolinae Veneris Liuia dedicauit »
Livia mit son effigie sous la protection de Cupidon, et la consacra dans le temple de
Vénus au Capitole
Caligula – Suétone (Chapitre VII)

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 1

 Venere Callipige in una oscena
Venus Callipyge dans une obscène

posa. Scolpiti nel tondeggiamento
pose. Sculptées dans les courbes
de’ lombi stan due solchi; ampia la schiena
de ses reins deux rainures son échine ample
piegasi ad un profondo incavamento.
qu’elle plie, profondément se creuse.
Argentea -Argentée- Sonnet de Gabriele d’Annunzio

 

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 2

Sustentava contra ele Vénus bela,
Se tenait contre lui la belle Vénus,
Afeiçoada à gente Lusitana,
Affectueuse avec  le peuple Lusitanien,
Por quantas qualidades via nela
Pour les nombreuses qualités qu’elle voyait en lui
Da antiga tão amada sua Romana
De l’antique et tant aimée Rome 

Os Lusiadas – Les Lusiades
Luis de Camões – Canto Primeiro – Verso 33

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 3

Lugete, O Veneres Cupidinesque,
Pleurez, O Amours

 et quantum est hominum venustiorum:
et vous aussi hommes vénérables :
passer mortuus est meae puellae,
le passereau de mon amie est mort,
passer, deliciae meae puellae,
Le passereau, que la délicieuse enfant
quem plus illa oculis suis amabat.
aimait plus que ses propres yeux.

La Mort du Passereau – Luctus in morte passeris
Catulle – Catullus
Poésie III

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 4 fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 5

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 6

PHILOLACHES
(Elle voit Philématie – à part)
O Venus venusta !
Ô belle Vénus,

Haec illa est tempestas mea, mihi quae modestiam omnem
 Voici ma tempête, qui a modestement mis à nu

 Detexit, tectus qua fui, quam Amor et Cupido
 Ma couverture ; que l’Amour et Cupidon

In pectus perpluit meum, neque jam umquam optegere possum.
En mon sein, ruissellent, que déjà maintenant je ne puis plus me protéger.

PLAUTE
Mostellaria – Le Revenant
Acte I -Scène 3

fontana della venere Fontaine de Venus Villa Borghese Roma Rome Artgitato 7

TANNHÄUSER ACTE 3 SCENE 2 Texte et Traduction DRITTER AUFZUG Zweite Szene

Traduction Jacky Lavauzelle

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

Tannhäuser Acte 3 Scène 2 Opera Richard Wagner Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

TANNHÄUSER ACTE 3 SCENE 2
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

Dritter Aufzug
ACTE III

ZWEITE SZENE
Scène 2

WOLFRAM

Wie Todesahnung Dämmrung deckt die Lande,
Comme prémonition de la mort, le crépuscule couvre la terre,
umhüllt das Tal mit schwärzlichem Gewande;
enveloppe la vallée d’un manteau noir et dense;
der Seele, die nach jenen Höh’n verlangt,
l’âme, qui chercherait à rejoindre ces collines,
vor ihrem Flug durch Nacht und Grausen bangt.
craint avant son envol de traverser cette nuit et cette horreur.
Da scheinest du, o lieblichster der Sterne, –
Là tu te présentes, Ô la plus belle des étoiles,
dein sanftes Licht entsendest du der Ferne,
ta douce lumière se voit de loin,
die nächt’ge Dämmrung teilt dein lieber Strahl,
le crépuscule est transpercé par ton cher faisceau de lumière,
und freundlich zeigst du den Weg aus dem Tal.
et amicalement tu montres le chemin de la vallée.
O du mein holder Abendstern,
Ô ma fidèle étoile du berger,
wohl grüßt ich immer dich so gern;
toujours je t’accueille avec autant de plaisir ;
vom Herzen, das sie nie verriet,
du cœur, qu’elle n’a jamais trahi,
grüße sie, wenn sie vorbei dir zieht, –
salue quand elle passe près de toi
wenn sie entschwebt dem Tal der Erden,
si elle monte de la vallée de la terre,
ein sel’ger Engel dort zu werden.
pour devenir là-bas un ange radieux.

Er verbleibt mit gen Himmel gerichtetem Auge, auf der Harfe fortspielend
Il reste les yeux au ciel en continuant à jouer de sa harpe

 

*********************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
********************

Tannhäuser Acte 3 Scene 2

 

TANNHÄUSER ACTE 2 SCENE 2 Texte et Traduction Zweiter Aufzug Zweite Szene

Traduction Jacky Lavauzelle

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

Tannhäuser Acte 2 Scène 2 Opera Richard Wagner Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

TANNHÄUSER ACTE 2 SCENE 1
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

Zweiter Aufzug
ACTE II

Zweite Szene
Scène 2

 WOLFRAM
Zu Tannhäuser –
à Tannhäuser

Dort ist sie; nahe dich ihr ungestört!
Elle est là ; tu peux t’approcher !

 Er bleibt an die Mauerbrüstung gelehnt im Hintergrunde. – Tannhäuser stürzt ungestüm zu Elisabeths Füßen
Wolfram reste appuyé contre le parapet en arrière-plan. Tannhäuser se précipite fébrilement aux pieds de Elizabeth

 

TANNHÄUSER

O, Fürstin!
Ô, Princesse !

ELISABETH
in schüchterner Verwirrung
intimidée et confuse

Gott! Stehet auf! Laßt mich!
Dieu ! Levez-vous ! Laissez-moi!
Nicht darf ich Euch hier sehn!
Je ne peux vous voir ici!

Sie macht eine Bewegung sich zu entfernen
Elle cherche une occasion de s’éloigner

 TANNHÄUSER

Du darfst! O bleib, und laß zu deinen Füßen mich!
Tu peux ! Ô reste, et laisse-moi à tes  pieds !

 Elisabeth wendet sich ihm freundlich zu
Elisabeth se tourne amicalement vers lui

ELISABETH

So stehet auf!
Alors, redressez-vous !
Nicht sollet hier Ihr knien, denn diese Halle
Ne vous agenouillez pas ici, parce que cette salle
ist Euer Königreich. O, stehet auf!
est votre royaume. Ô, Levez-vous !
Nehmt meinen Dank, daß Ihr zurückgekehrt!
Acceptez mes remerciements, d’être ici de retour !
Wo weiltet Ihr so lange?
Où êtes-vous resté si longtemps ?

TANNHÄUSER
sich langsam erhebend
se redresse lentement

Fern von hier,
Loin d’ici,
in weiten, weiten Landen; – dichtes Vergessen
dans un lointainlointain pays ;  Un épais oubli
hat zwischen heut und gestern sich gesenkt.
a réduit cet espace entre hier et aujourd’hui.
All mein Erinnern ist mir schnell geschwunden,
Toute ma mémoire a disparu rapidement,
und nur des Einen muß ich mich entsinnen,
et seulement je ne devais me souvenir que d’une chose,
daß ich nie mehr gehofft, Euch zu begrüßen,
je n‘espérais plus vous saluer,
noch je zu Euch mein Auge zu erheben.
ni jamais lever les yeux sur vous.

ELISABETH

Was war es dann, das Euch zurückgeführt?
Qu’est-ce qui a fait que vous êtes revenu ?

TANNHÄUSER

Ein Wunder war’s,
C’était un miracle,
ein unbegreiflich hohes Wunder!
un miracle incompréhensible !

ELISABETH
freudig aufwallend
marchant, heureuse

Ich preise dieses Wunder aus meines Herzens Tiefe!
Je loue ce miracle du plus profond de mon cœur !

Sich mäßigend, in Verwirrung
Elle se modèreconfuse

 Verzeiht, wenn ich nicht weiß, was ich beginne!
Pardonnez-moi si je ne sais par quoi commencer !
Im Traum bin ich und tör’ger als ein Kind,
Dans ce rêve, je suis plus bête  qu’un enfant,
  machtlos der Macht der Wunder preisgegeben.
impuissante devant la puissance du miracle.
Fast kenn ich mich nicht mehr … O helfet mir,
Je ne me reconnais plus moi-même Ô aidez-moi,
 daß ich das Rätsel meines Herzens löse!
à résoudre le mystère de mon cœur !
Der Sänger klugen Weisen
Les sons envoûtants des chanteurs
 lauscht ich sonst wohl gern und viel;
j’aimais les écouter volontiers et longuement ;
 ihr Singen und ihr Preisen
leurs chansons et leurs prières
schien mir ein holdes Spiel.
me semblaient un jeu subtil.
Doch welch ein seltsam neues Leben
Mais quelle nouvelle vie étrange
 rief Euer Lied mir in die Brust!
votre chanson a fait résonner dans la poitrine !
Bald wollt es mich wie Schmerz durchbeben,
Parfois ce fut un séisme douloureux,
 bald drang’s in mich wie jähe Lust;
parfois en moi je me sentais pénétrée de plaisir ;
 Gefühle, die ich nie empfunden,
Sentiments que jamais avant je n’avais ressenti,
Verlangen, das ich nie gekannt!
Désir que je ne connaissais pas encore !
Was sonst mir lieblich, war verschwunden
Tout autre chose avait disparu sauf
 vor Wonnen, die noch nie genannt! –
ces joies que jamais je n’avais nommées !
Und als Ihr nun von uns gegangen,
Et dès que vous disparûtes,
war Frieden mir und Lust dahin;
La paix et le désir s’en sont allés ;
 die Weisen, die die Sänger sangen,
les sages, qui ont chanté les chanteurs,
 erschienen matt mir, trüb ihr Sinn;
me semblaient ternes, leurs sens abscons ;
 im Traume fühlt ich dumpfe Schmerzen,
dans mes rêves je ressentais une douleur sourde,
mein Wachen ward trübsel’ger Wahn:
mes soirées se remplirent d’illusions et de troubles :
die Freude zog aus meinem Herzen –
la joie déserta mon cœur
Heinrich! Heinrich! Was tatet Ihr mir an?
Heinrich! Heinrich! Que m’avez-vous fait ?

TANNHÄUSER
begeistert
ravi

Den Gott der Liebe sollst du preisen!
Le Dieu d’amour tu dois glorifier!
Er hat die Saiten mir berührt,
Il a touché mes cordes
er sprach zu dir aus meinen Weisen,
Il t’a parlé par mes chants,
zu dir hat er mich hergeführt.
lui qui vers toi m’a transporté.

ELISABETH

Gepriesen sei die Stunde,
Béni soit ce moment,
gepriesen sei die Macht,
bénie soit la puissance,
die mir so holde Kunde
qui à moi un si doux secret
von Eurer Näh gebracht!
est apporté par ta présence !
Von Wonneglanz umgeben
Entouré par une joyeuse auréole
lacht mir der Sonne Schein;
éclatant au soleil ;
erwacht zu neuem Leben,
revenant à la vie,
nenn ich die Freude mein!
je l’appelle ma joie !

TANNHÄUSER

Gepriesen sei die Stunde,
Béni soit ce moment,
gepriesen sei die Macht,
bénie soit la puissance,
die mir so holde Kunde
qui à moi un si doux secret
aus deinem Mund gebracht!
est sorti par ta bouche !
Dem neu erkannten Leben
La vie nouvellement redécouverte
darf ich mich mutig weihn;
Permets-moi de lui dédier mon courage ;
ich nenn in freud’gem Beben
Je reconnais en une joie éclatante
sein schönstes Wunder mein!
son plus beau miracle  !

WOLFRAM
im Hintergrunde
En arrière plan

 

So flieht für dieses Leben
Ainsi en cette vie
 mir jeder Hoffnung Schein!
pour moi plus aucun espoir ne brillera !

 

Tannhäuser trennt sich von Elisabeth; er geht auf Wolfram zu, umarmt ihn heftig und entfernt sich mit ihm durch die Treppe. –
Tannhäuser se sépare d’Elisabeth; Il va vers Wolfram, le serrant dans ses bras et part avec lui. par les escaliers
Elisabeth blickt Tannhäuser vom Balkon aus nach.
 Elisabeth regarde Tannhäuser depuis le balcon.

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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TANNHÄUSER ACTE 2 SCENE 1 INTRODUCTION Traduction ZWEITER AUFZUG ERSTE SZENE

Traduction Jacky Lavauzelle

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

Tannhäuser Acte 2 Scène 1 Introduction Opera Richard Wagner Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

TANNHÄUSER ACTE 2 SCENE 1
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

Zweiter Aufzug
ACTE II

EINLEITUNG
INTRODUCTION

Erste Szene
Scène 1

 

Die Sängerhalle auf der Wartburg; im Hintergrunde freie Aussicht auf den Hof und das Tal
La salle des chanteurs à la Wartburg ; en arrière-plan, vue dégagée sur la cour et la vallée

 

 

ELISABETH
tritt freudig bewegt ein
Entre, joyeuse

Dich, teure Halle, grüß ich wieder,
Toi, chère salle, je te salue à nouveau,
froh grüß ich dich, geliebter Raum!
je suis si heureux de te saluer, espace bien-aimé !
In dir erwachen seine Lieder
En toi vont se réveiller ses chansons
und wecken mich aus düstrem Traum.
et me faire oublier ses cauchemars.
Da Er aus dir geschieden,
Quand il partit de chez toi,
 wie öd erschienst du mir!
comme tu paraissais désolée  !
Aus mir entfloh der Frieden,
Pour moi, la paix s’en était allée,
 die Freude zog aus dir!
la joie, elle, t’avait abandonnée !
Wie jetzt mein Busen hoch sich hebet,
Comme maintenant ma poitrine se soulève,
so scheinst du jetzt mir stolz und hehr;
 maintenant, tout me semble droit et majestueux ;
der mich und dich so neu belebet,
celui qui me fait et qui te fait revivre,
 nicht länger weilt er ferne mehr!
dans peu de temps apparaîtra !
Sei mir gegrüßt! Sei mir gegrüßt!
Je te salue ! Je te salue !
Du teure Halle, sei mir gegrüßt!
Toi salle chérie, je te salue !

Tannhäuser, von Wolfram geleitet, tritt mit diesem aus der Treppe im Hintergrunde auf
Tannhäuser, arrivant avec Wolfram, pénètre sur la scène à partir de l’escalier à l’arrière-plan

*******************
Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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TANNHAUSER OPERA VOLLER TEXT Texte Intégral Sommaire Zusammenfassung

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

TANNHÄUSER
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

ERSTER AUFZUG
ACTE 1

Tannhäuser Opera Richard Wagner Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

SCENE 1
Erste Szene

Joseph Tichatschek als Tannhäuser und Wilhelmine Schröder-Devrient als Venus in der Uraufführung 1845

SCENE 2
Zweite Szene

Szenenfoto der Eisenacher Inszenierung (1951 1952) mit Tannhäuser und Elisabeth

SCENE 3
Dritte Szene

SCENE 4
Vierte Szene

**************************

ZWEITER AUFZUG
ACTE 2

EINLEITUNG und Erste Szene
INTRODUCTION & SCENE 1

ZWEITE SZENE
Scène 2

DRITTE SZENE
Scène 3

VIERTE SZENE
Scène 4

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DRITTER AUFZUG
ACTE 3

EINLEITUNG
Introduction

ERSTE SZENE
Scène 1

ZWEITE SZENE
Scène 2

DRITTE SZENE
Scène 3

VIERTE SZENE
Scène 4

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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TANNHÄUSER ACTE 1 SCENE 4 Texte Video Traduction AKT 1 Vierte Szene

Traduction Jacky Lavauzelle

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

TANNHÄUSER
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

ACTE 1
AKT 1
ERSTER AUFZUG

VIERTE Szene
Scène 4

Tannhäuser Opera Richard Wagner Acte 1 Scène 4 Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

Vierte Szene

Von der Anhöhe links herab aus einem Waldwege treten der Landgraf und die Sänger in Jägertracht einzeln auf. Im Verlaufe der Szene findet sich der ganze Jagdtroß des Landgrafen nach und nach auf der Bühne ein.
De la colline de gauche, dans une forêt,  par un sentier descendent le Landgrave et les chanteurs en habit de chasse, les uns après les autres. Pendant la scène, tous se positionnent progressivement sur  le devant de la scène.

 DER LANDGRAF

auf halber Höhe, Tannhäuser erblickend.
à mi-hauteur, Tannhäuser apparaît.

Wer ist dort in brünstigem Gebete?
Qui est là dans de si ferventes prières ?

WALTHER

Ein Büßer wohl.
Probablement un pénitent.

BITEROLF

Nach seiner Tracht ein Ritter.
D’après son costume, il doit s’agir d’un chevalier.

 Wolfram eilt zunächst auf Tannhäuser zu und erkennt ihn
Wolfram se précipité sur Tannhäuser et le reconnaît

 

 WOLFRAM

Er ist es!
Il est là !

DIE SÄNGER außer WOLFRAM
Les Chanteurs sans Wolfram

Heinrich! Heinrich! Seh ich recht?
Heinrich! Heinrich! Est-ce possible ?

 Tannhäuser, der überrascht schnell aufgefahren ist, faßt sich und verneigt sich stumm gegen den Landgrafen, nachdem er einen flüchtigen Blick auf ihn und die Sänger geworfen
 Tannhäuser, surpris, se redresse et salue silencieusement le Landgrave, après avoir jeté un coup d’œil sur tous les gens autour de lui

Der LANDGRAF
Le Landgrave

Du bist es wirklich? Kehrest in den Kreis zurück,
Est-ce toi, vraiment ? Te détournes-tu à nouveau de notre cercle,
den du in Hochmut stolz verließest?
que tu abandonnas avec une fière arrogance ?

BITEROLF

Sag, was uns deine Wiederkehr bedeutet?
Dis-nous ce que signifie ton retour?
Versöhnung? Oder gilt’s erneutem Kampf?
Une réconciliation? Ou un nouveau combat ?

WALTHER

Nahst du als Freund uns oder Feind?
T’approches-tu en ami ou en  ennemi ?

DIE SÄNGER AUßER WOLFRAM
Les Chanteurs sans Wolfram

Als Feind?
Comme un ennemi ?

WOLFRAM

Oh, fraget nicht! Ist dies des Hochmuts Miene?
Oh, plus de question ! Est-ce l’expression de l‘arrogance?

 Er geht freundlich auf Tannhäuser zu
Il se montre amical envers Tannhäuser

 Gegrüßt sei uns, du kühner Sänger,
Salut à toi, chanteur valeureux,
der, ach, so lang in unsrer Mitte fehlt!
Ah, qui pendant trop longtemps était absent de nos rangs !

WALTHER

Willkommen, wenn du friedlich nahst!
Bienvenue, si tu viens à nous pacifiquement !

BITEROLF

Gegrüßt, wenn du uns Freunde nennst!
Je te salue, si tu nous appelles tes amis!

DIE SÄNGER

Gegrüßt, gegrüßt, gegrüßt sei uns!
Salut, salut, salut à toi !

Joseph Tichatschek als Tannhäuser und Wilhelmine Schröder-Devrient als Venus in der Uraufführung 1845

Der LANDGRAF
Le Landgrave

So sei willkommen denn auch mir!
Alors, je te souhaite aussi la bienvenue !
 Sag an, wo weiltest du so lang?
Dis-moi, où étais-tu donc depuis si longtemps?

TANNHÄUSER

Ich wanderte in weiter, weiter Fern, –
J’ai marché sur des terres lointaines, si lointaines,
da, wo ich nimmer Rast noch Ruhe fand.
où je ne trouvais ni repos ni tranquillité.
Fragt nicht! Zum Kampf mit euch kam ich nicht her;
Ne m’en demandez pas plus! Je ne viens pas ici pour vous combattre ;
seid mir versöhnt – und laßt mich weiterziehn!
réconcilions-nous – et  laissez moi passer mon chemin!

LANDGRAF

Nicht doch! Der Unsre bist du neu geworden.
Oh non ! Le nôtre tu es redevenu.

WALTHER

Du darfst nicht ziehn!
Tu ne dois pas partir !

BITEROLF

Wir lassen dich nicht fort!
Nous ne te laisserons pas repartir !

TANNHÄUSER

Laßt mich! Mir frommet kein Verweilen,
Laissez-moi ! Rien ne doit me retarder,
und nimmer kann ich rastend stehn!
et je ne peux jamais me relâcher !
Mein Weg heißt mich nur vorwärts eilen,
Mon chemin est ma seule fuite en avant,
und nimmer darf ich rückwärts sehn.
et je ne peux jamais regarder en arrière.

DER LANDGRAF & DIE SÄNGER
Le Landgrave & les chanteurs

O bleib! Bei uns sollst du verweilen,
Ô Reste ! Avec nous, tu habiteras,
wir lassen dich nicht von uns gehn!
nous ne te laisserons pas partir de chez nous!
Du suchtest uns, warum enteilen
Toi qui nous as cherché pourquoi te hâter de nous quitter
nach solchem kurzen Wiedersehn?
après cette trop courte rencontre ?

TANNHÄUSER

Fort! Fort von hier! Laßt mich! Fort, fort!
Loin ! Loin d’ici ! Laissez-moi ! Loin, loin !

DIE SÄNGER
Les chanteurs

Bleib, bleib bei uns!
Reste, reste avec nous !

WOLFRAM
mit erhobener Stimme
d’une voix plus forte

Bleib bei Elisabeth!
Reste avec Elisabeth !

TANNHÄUSER
heftig und freudig erschüttert, bleibt wie festgebannt stehen
comme secoué vigoureusement et joyeusement, reste debout, comme s’il était envoûté

Elisabeth! O Macht des Himmels,
Elisabeth! Ô Puissance du ciel,
rufst du den süßen Namen mir?
Me rappelles-tu ce  nom si doux à mes oreilles ?

WOLFRAM

Nicht sollst du Feind mich schelten, daß ich ihn genannt. –
Tu ne me gronderas pas comme ennemi, quand j’ai nommé son nom.

Szenenfoto der Eisenacher Inszenierung (1951 1952) mit Tannhäuser und Elisabeth

 Zu dem Landgrafen
Au Landgrave

 Erlaubest du mir, Herr, daß ich
Me permets-tu, Seigneur, que je sois
Verkünder seines Glücks ihm sei?
le héraut de sa bonne fortune ?

Der LANDGRAF
Le Landgrave

Nenn ihm den Zauber, den er ausgeübt;
Dis-lui le charme qu’il exerce ;
und Gott verleih ihm Tugend,
et que Dieu lui confére la vertu,
daß würdig er ihn löse!
qu’il puisse le libérer dignement !

WOLFRAM

Als du in kühnem Sange uns bestrittest,
Lorsque en de puissants chants tu nous affrontais,
bald siegreich gegen unsre Lieder sangst,
parfois victorieux devant nos chansons,
durch unsre Kunst Besiegung bald erlittest,
à travers notre art parfois à ton tour défait,
ein Preis doch war’s, den du allein errangst.
un prix, encore que toi seul emporta.
War’s Zauber, war es reine Macht,
Était-ce de la magie, était-ce de la puissance pure,
durch die solch Wunder du vollbracht,
pour accomplir de si belles merveilles,
an deinen Sang voll Wonn und Leid
de ton chant plein de joies et de souffrance
gebannt die tugendreichste Maid?
en vertu la plus riche des demoiselles ?
Denn ach! als du uns stolz verlassen,
Car, hélas !,  comme tu nous laissas,  fier,
verschloß ihr Herz sich unsrem Lied;
verrouiller son cœur à nos chansons ;
wir sahen ihre Wang erblassen,
nous avons vu ses joues pâlir,
für immer unsren Kreis sie mied.
pour toujours elle évita nos hommes.
O kehr zurück, du kühner Sänger,
O fais demi-tour, vaillant chanteur,
dem unsren sei dein Lied nicht fern!
que les nôtres de ton chant ne soient plus aussi loin !
Den Festen fehle sie nicht länger,
Qu’à nos fêtes plus jamais elle ne manque,
auf’s Neue leuchte uns ihr Stern!
qu’à nouveau resplendisse son étoile !

DIE SÄNGER
Les Chanteurs

Sei unser, Heinrich! Kehr uns wieder!
Sois nôtre, Heinrich! Entraîne-nous à nouveau!
Zwietracht und Streit sei abgetan!
La discorde et les conflits n’existeront plus !
Vereint ertönen unsre Lieder,
Mélange ta voix à nos chansons,
und Brüder nenne uns fortan!
et les frères nous appellerons maintenant!

TANNHÄUSER
innig gerührt, umarmt Wolfram und die Sänger mit Heftigkeit
ému profondément, il étreint Wolfram et salue respectueusement  les chanteurs

Zu ihr! Zu ihr! O führet mich zu ihr!
A elle! A elle! Que l’on me mène à elle!
Ha, jetzt erkenne ich sie wieder,
Ha, maintenant je la vois encore,
die schöne Welt, der ich entrückt!
le beau monde, je t’ai retrouvé !
Der Himmel blickt auf mich hernieder,
Le ciel me regarde de sa hauteur,
die Fluren prangen reich geschmückt!
les champs sont richement décorés et resplendissent !
Der Lenz mit tausend holden Klängen
Le printemps de mille sons doux
zog jubelnd in die Seele mir!
jubile dans mon âme !
In süßem, ungestümem Drängen
doucement, une insistance impérieuse
ruft laut mein Herz: Zu ihr! Zu ihr!
crie dans mon cœur : à elle! Pour elle!

Der LANDGRAF & Die SÄNGER
Le Landgrave & les chanteurs

Er kehrt zurück, den wir verloren !
Il est de retour, celui qui était perdu !
Ein Wunder hat ihn hergebracht!
Un miracle l’a amené ici!
Die ihm den Übermut beschworen,
Qui a conjuré son arrogance,
gepriesen sei die holde Macht!
bénie soit cette douce puissance !
Nun lausche unsren Hochgesängen
Maintenant, écoutez nos chants élevés
von Neuem der Gepries’nen Ohr!
de nouveau à nos oreilles !
Es tön’ in frohbelebten Klängen
Qu’on entende ces sons animés et joyeux
das Lied aus jeder Brust hervor!
  du chant jaillir de chaque poitrine!

Während des Vorhergehenden hat sich nach und nach der ganze Jagdtraß des Landgrafen mit Falkenträgern usw. auf der Bühne versammelt.
Alors qu’avec ce qui précède a progressivement rassemblé toute
 la chasse du landgrave sur scène.
Die Jäger stoßen in die Hörner.
Les chasseurs soufflent dans leurs cors.
Das ganze Tal wimmelt jetzt vom immer noch stärker angewachsenen Jagdroß.
  L’ensemble de la vallée regorge maintenant de toujours plus de gens – Der Landgraf und die Sänger wenden sich dem Jagdtroß zu;
Le Landgrave et les chanteurs appellent les chanteurs ;
der Landgraf stößt in sein Horn:
Le Landgrave souffle dans son cor :
lautes Hornschmettern und Rüdengebell antwortet ihm.
De forts appels et les aboiements des chiens se répondent.
Während der Landgraf und die Sänger die Pferde, die ihnen von der Wartburg zugeführt worden sind, besteigen, fällt der Vorhang
 Pendant que le Landgrave et les chanteurs montent les chevaux qui viennent de la Wartburg, le rideau tombe.

 

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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TANNHÄUSER ACTE I SCENE 1 Erster Aufzug Ouvertüre & Erste Szene Texte Allemand et Traduction

 OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883

TANNHÄUSER
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

ERSTER AUFZUG
ACTE 1
OUVERTURE & SCENE 1

Tannhäuser Opera Richard Wagner ACTE 1 scène 1 Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

OUVERTÜRE
OUVERTURE

 

 

1-SZENE
SCENE 1

Die Bühne stellt das Innere des Venusberges [Hörselberges bei Eisenach] dar.
La scène représente l’intérieur du Venusberg [Hörselberg à côté d’Eisenach].
Weite Grotte, welche sich im Hintergrunde durch eine Biegung nach rechts wie unabsehbar dahin zieht.
Une large grotte s’inclinant sur la droite en arrière-plan.
Aus einer zerklüfteten Öffnung, durch welche mattes Tageslicht hereinscheint, stürzt sich die Höhe der Grotte entlang ein grünlicher Wasserfall herab, wild über Gestein schäumend;
D’un trou à travers la roche déchiquetée filtre une lumière terne, une chute d’eau, de la hauteur de la grotte, jaillit, se fracassant sauvagement sur les rochers ;
aus dem Becken, welches das Wasser auffängt, fließt nach dem ferneren Hintergrunde der Bach hin, welcher dort sich zu einem See sammelt, in welchem man die Gestalten badender Najaden, und an dessen Ufern gelagerte Sirenen gewahrt. 
Du bassin, qui recueille l’eau, coule en arrière-plan vers lointain un ruisseau, qui rassemble là-bas à un lac, où l’on aperçoit les Naïades se baignant, et où se reposent les sirènes.

Joseph Tichatschek als Tannhäuser und Wilhelmine Schröder-Devrient als Venus in der Uraufführung 1845

Zu beiden Seiten der Grotte Felsenvorsprünge von unregelmäßiger Form, mit wunderbaren, korallenartigen tropischen Gewächsen bewachsen.
Sur les deux côtés des parois de la grotte avec des roches de formes irrégulières, se dressent de magnifiques plantes tropicales, tels des coraux.
Vor einer nach links aufwärts sich dehnenden Grottenöffnung, aus welcher ein zarter, rosiger Dämmer herausscheint, liegt im Vordergrunde Venus auf einem reichen Lager, vor ihr das Haupt in ihrem Schoße, die Harfe zur Seite, Tannhäuser halb kniend. 
Une ouverture de la grotte à gauche vers le haut, brouillard vaporeux et rose, le principal dans son ventre, au premier plan Vénus est étendue sur une couche majestueuse, une harpe à ses côtés Tannhäuser est à moitié agenouillé.
Das Lager umgeben, in reizender Verschlingung gelagert, die drei Grazien.
Autour du camp, dans un bel enchevêtrement de corps, les trois Grâces.
Zur Seite und hinter dem Lager zahlreiche schlafende Amoretten, wild über und neben einander gelagert, einen verworrenen Knäuel bildend, wie Kinder, die, von einer Balgerei ermattet, eingeschlafen sind.
De côté et derrière le lit, de nombreux Cupidons couchés, disposés sauvagement, sans ordre précis et côte à côte, formant un écheveau, comme des enfants endormis fatigués après une bagarre.
Der ganze Vordergrund ist von einem zauberhaften, von unten her dringenden, rötlichen Lichte beleuchtet, durch welches das Smaragdgrün des Wasserfalles, mit dem Weiß seiner schäumenden Wellen, stark durchbricht;
L’ensemble du premier plan est illuminé par une magnifique lumière rouge qui vient du bas, à travers lequel le vert émeraude de la cascade et le blanc des vagues écumantes font contrastes ;
der ferne Hintergrund mit den Seeufern ist von einem verklärt baluen Dufte mondscheinartig erhellt.
l’arrière-plan lointain des rives est éclairé comme par un clair de lune.

Beim Aufzuge des Vorhanges sind, auf den erhöhten Vorsprüngen, bei Bechern noch die Jünglinge gelagert, welche jetzt sofort den verlockenden Winken der Nymphen folgen, und zu diesen hinabeilen;
Quand le rideau se lève, les jeunes hommes étendus avec leurs coupes se lèvent maintenant en suivant immédiatement le chant envoûtant des Nymphes, et se ruent vers le bas de la scène ;
die Nymphen hatten um das schäumende Bekken des Wasserfalles den auffordernden Reigen begonnen, welcher die Jünglinge zu ihnen führen sollte;
les nymphes avaient commencé autour de la cascade une chorégraphie afin d’émoustiller les jeunes gens et les conduire jusqu’à elles ;
die Paare finden und mischen sich; 
les couples se forment et se refont ;
Suchen, Fliehen und reizendes Nekken beleben den Tanz.
Les attirances et les répulsions animent la danse.
Aus dem ferneren Hintergrunde naht ein Zug von Bacchantinnen, welcher durch die Reihen der liebenden Paare, zu wilder Lust auffordernd, daherbraust. 
A l’arrière-plan s’approche un groupe de de Bacchantes, qui s’engagent dans les rangs des couples d’amoureux, avec un sauvage désir.
Durch Gebärden begeisterter Trunkenheit reißen die Bacchantinnen die Liebenden zu wachsender Ausgelassenheit hin.
À travers des gestes d’ivresse enthousiaste les Bacchantes font monter le désir par une exubérance croissante.
Satyre und Faune sind aus den Klüften erschienen, und drängen sich zur höchsten Wut.
Satyres et faunes à travers les fissures, s’élancent avec colère.
Hier, beim Ausbruche der höchsten Raserei, erheben sich entsetzt die drei Grazien.
Ici, lorsque l’orgie est à son summum, les Trois Grâces apparaissent terrorisées.
Sie suchen den Wütenden Einhalt zu tun und sie zu entfernen.
Elles essaient toutefois de contenir la colère et de les éloigner.
Machtlos fürchten sie selbst mit fortgerissen zu werden:
Impuissantes, elles craignent alors d’être emportées:
sie wenden sich zu den schlafenden Amoretten, rütteln sie auf, und jagen sie in die Höhe. 
elles se tournent vers les cupidons endormis, les secouent et les chassent dans l’air.
Diese flattern wie eine Schar Vögel aufwärts auseinander, nehmen in der Höhe, wie in Schlachtordnung, den ganzen Raum der Höhle ein, und schießen von da herab einen unaufhörlichen Hagel von Pfeilen auf das Getümmel in der Tiefe. 
Ils se répandent comme flotterait une nuée d’oiseaux, prennent de la hauteur, et occupent, comme en ordre de bataille, tout l’espace de la grotte, et tirer ,vers le bas, une grêle incessante de flèches sur les proies restées dans les profondeurs.
Die Verwundeten, von mächtigem Liebessehnen ergriffen, lassen vom rasenden Tanze ab und sinken in Ermattung.
Les blessés, pris d’un désir puissant d’amour, partent au large de la danse frénétique et se laisse tomber d’épuisement.
Die Grazien bemächtigen sich der Verwundeten und suchen, indem sie die Trunkenen zu Paaren fügen, sie mit sanfter Gewalt nach dem Hintergrund zu zu zerstreuen.
Les Grâces saisissent les blessés et tente de regrouper par deux les couples enivrés pour les disperser, par la force douce, par le fond de la scène.
Dort nach den verschiedensten Richtungen hin entfernen sich [zum Teil auch von der Höhe herab durch die Amoretten verfolgt] die Bacchanten, Faunen, Satyren, Nymphen und Jünglinge. 
Dans toutes les directions, partent [en partie, descendant des hauteurs, poursuivis par les amours] les Bacchantes, les faunes, les satyres, les nymphes et les jeunes gens.
Ein immer dichterer rosiger Duft senkt sich herab;
Un brouillard rose, de plus en plus dense, descend ;
in ihm verschwinden zunächst die Amoretten;
où disparaît dans un premier temps les amours ;
dann bedeckt er den ganzen Hintergrund, so daß endlich, außer Venus und Tannhäuser, nur noch die drei Grazien sichtbar zurückbleiben.
Puis recouvre l’ensemble du fond, de sorte que finalement restent visibles, avec Vénus et Tannhäuser, les trois Grâces seulement.
Diese wenden sich jetzt nach dem Vordergrunde zurück;
Celles-ci reviennent maintenant au premier plan;
in anmutigen Verschlingungen nahen sie sich Venus, ihr gleichsam von dem Siege berichtend, den sie über die wilden Leidenschaften der Untertanen ihres Reiches gewonnen.
entrelacées gracieusement elles arrivent près de Vénus, comme pour lui parler de  la victoire, celle gagnée sur les passions sauvages des sujets de leur empire.

 

Szenenfoto der Eisenacher Inszenierung (1951 1952) mit Tannhäuser und Elisabeth

Der dichte Duft im Hintergrunde zerteilt sich;
L’épaisse brume dans l’arrière-plan se dissipe ;
ein Nebelbild zeigt die Entführung der Europa, welche auf dem Rücken des mit Blumen geschmückten weißen Stieres, von Tritonen und Nereiden geleitet, durch das blaue Meer dahinfährt.
une vision dans le brouillard montre l’enlèvement d’Europe, qui, conduite sur un taureau blanc, accompagnée des Tritons et des Néréides, part sur la mer bleue.

Tannhauser Bild zur Oper von John Collier

Chor der Sirenen
Chœur des Sirènes
Im Hintergrunde, unsichtbar
Dans le fond, mais invisible

Naht euch dem Strande,
Venez près de la rive,
naht euch dem Lande,
Venez près de la berge,
wo in den Armen
dans les bras
glühender Liebe
d’un amour ardent
selig Erbarmen
miséricorde bénie
still’ eure Triebe!
calmera vos ardeurs !


Der rosige Duft schließt sich wieder, das Bild verschwindet, und die Grazien deuten nun durch einen anmutigen Tanz den geheimnisvollen Inhalt des Bildes, als ein Werk der Liebe, an.
Retombe la brouillard rose, la vision disparaît, et les Grâces interprètent maintenant, par une danse gracieuse, le sens mystérieux contenu dans la vision, c’est une œuvre de l’amour.
Von neuem teilt sich der Duft. Man erblickt in sanfter Mondesdämmerung Leda, am Waldteiche ausgestreckt;
Encore une fois les actions de parfum. On voit en douce Monde Crépuscule Leda, vautré sur les étangs de la forêt;
der Schwan schwimmt auf sie zu und birgt schmeichelnd seinen Hals an ihrem Busen.

Chor der Sirenen
Chœur des Sirènes
sehr entfernt
Dans le lointain

Naht euch dem Strande,
Venez près de la rive,
naht euch dem Lande,
Venez près de la berge,

 Der Duft verzieht sich endlich ganz, und zeigt die ganze Grotte einsam und still. 
Le brouillard part finalement entièrement, et toute la grotte apparaît solitaire et tranquille.
Die Grazien neigen sich lächelnd vor Venus, und entfernen sich langsam nach der Seiten-Grotte. 
Les Grâces s’inclinent en souriant à Venus, et se retirent lentement en se dirigeant du côté de la grotte.
Tiefste Ruhe. 
Calme profond.

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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TANNHÄUSER ACTE 1 SCENE 3 Textes Vidéo & Traduction AKT 1 Dritte szene

  OPERA  – OPER

RICHARD WAGNER
1813-1883
TANNHÄUSER ACTE 1

TANNHÄUSER
Tannhäuser und der Sängerkrieg auf Wartburg

1845

ACTE 1
AKT 1

Dritte Szene
Scène 3

 

Tannhäuser Opera Richard Wagner Acte 1 Scène 3 Texte et Traduction Artgitato The Mirror of Venus Edward Burne Jones

Tannhäuser, der seine Stellung nicht verlassen, befindet sich plötzlich, in ein schönes Tal versetzt.
Tannhäuser, toujours au même endroit, se retrouve soudainement dans une belle vallée.
Blauer Himmel, heitere Sonnenbeleuchtung.
Le ciel est bleu et la lumière du soleil sereine.
– Rechts im Hintergrunde die Wartburg; durch die Talöffnung nach links erblickt man den Hörselberg.
– à droite, au fond,  la Wartburg ; à gauche, par l’embouchure du vallon on voit le Hörselberg.
– Rechts führt auf der halben Höhe des Tales ein Bergweg von der Richtung der Wartburg her nach dem Vordergrunde zu, wo er dann seitwärts abbiegt;
Sur la droite, à mi-hauteur de la vallée, un chemin de montagne qui vient de la Wartburg descend vers le devant de la scène, où il dévie alors sur le côté des coulisses ;
in demselben Vordergrunde ist ein Muttergottesbild, zu welchem ein niedriger Bergvorsprung hinaufführt.
dans le même plan, une image de la Vierge Marie, où l’on accède à partir d’un promontoire.
– Von der Höhe links vernimmt man das Geläut von Herdeglocken; En haut à gauche, on entend les cloches d’un troupeau;
auf einem hohen Vorsprunge sitzt ein junger Hirt mit der Schalmei dem Tale zugekehrt und spielt.
en hauteur, nous trouvons un jeune berger avec un chalumeau assis en regardant la vallée ; il joue avec le chalumeau.

 

Joseph Tichatschek als Tannhäuser und Wilhelmine Schröder-Devrient als Venus in der Uraufführung 1845

Der Hirt
Le Berger

Frau Holda kam aus dem Berg hervor,
Dame Holda qui sortait de la montagne,
zu ziehen durch Flur und Auen;
marchant à travers les prairies et les plaines ;
gar süßen Klang vernahm da mein Ohr,
ce doux bruit arriva jusqu’à mon oreille,
mein Auge begehrte zu schauen: –
mon œil était dans l’attente de la voir :
da träumt’ ich manchen holden Traum,
je rêvais de beaux rêves,
und als mein Aug’ erschlossen kaum,
et quand mes yeux commencèrent à s’entrouvrir,
da strahlte warm die Sonnen,
brillait chaleureusement le soleil,
 der Mai, der Mai war kommen.
mai, le mois de mai était arrivé.
 Nun spiel’ ich lustig die Schalmei: –
Maintenant, je joue dans mon chalumeau :
der Mai ist da, der liebe Mai!
mai est là, le tendre mois de mai !

Er spielt auf der Schalmei. Man hört den Gesang der älteren Pilger, welche, von der Richtung der Wartburg her kommend, den Bergweg rechts entlang ziehen.
Il joue avec son chalumeau. On entend le chant des pèlerins plus âgés, qui venant de la direction de la Wartburg, qui arrivent par un sentier de montagne à droite.

DIE ÄLTEREN PILGER
Les Pèlerins plus âgés

Zu dir wall ich, mein Jesus Christ,
Vers Toi, je marche, mon JésusChrist,
der du des Pilgers Hoffnung bist!
Toi qui est l’espoir des pèlerins !
Gelobt sei, Jungfrau süß und rein!
Heureuse, Vierge douce et pure!
Der Wallfahrt wolle günstig sein!
Que notre pèlerinage soit favorable!

Der Hirt, den Gesang vernehmend, hält auf der Schalmei ein und hört andächtig zu
Le berger qui entend le chant, arrête de jouer avec le chalumeau et écoute attentivement

Ach, schwer drückt mich der Sünden Last,
Oh, que le poids de mes péchés me pèse,
kann länger sie nicht mehr ertragen;
je ne les supporte plus ;
drum will ich auch nicht Ruh noch Rast,
donc je suis sans paix ni repos,
und wähle gern mir Müh und Plagen,
et je ne désire que labeur et peines,
Am hohen Fest der Gnad und Huld
A la grande fête de la grâce et du pardon
in Demut büß ich meine Schuld,
Je bénis humblement ma faute,
gesegnet, wer im Glauben treu!
Béni soit le fidèle dans la foi!
Er wird erlöst durch Buß und Reu.
Il sera racheté par le repentir et la pénitence.

DER HIRT
Le Berger

als die Pilger auf der ihm gegenüberliegenden Höhe angelangt sind, ruft ihnen, die Mütze schwenkend, laut zu.
quand les pèlerins arrivent sur la hauteur en face de lui, il les appelle, agitant sa casquette, bruyamment.

Glück auf! Glück auf nach Rom!
Bonne chance ! Bonne chance à Rome !
Betet für meine arme Seele!
Priez pour ma pauvre âme!

 

Szenenfoto der Eisenacher Inszenierung (1951 1952) mit Tannhäuser und Elisabeth

Tannhäuser, der in der Mitte der Bühne wie festgewurzelt gestanden, sinkt heftig erschüttert auf die Knie
Tannhäuser, immobile au milieu de la scène, tombe violemment sur ses genoux

TANNHÄUSER

Allmächt’ger, dir sei Preis!
Par la puissance divine, louange à toi !
 Groß sind die Wunder deiner Gnade!
Grandes sont les merveilles de ta miséricorde !

Der Zug der Pilger biegt von hier an auf dem Bergwege bei dem Muttergottesbilde links ab und verläßt so die Bühne.
Le groupe des pèlerins tourne  à partir d’ici sur les chemins de montagne devant la statue de la Vierge à gauche et donc quitte la scène.
Der Hirt entfernt sich ebenfalls mit der Schalmei rechts von der Höhe;
Le berger sur la droite s’éloigne lui-aussi avec son chalumeau;
man hört die Herdeglocken immer entfernter
 on entend toujours au loin les cloches de troupeau

 

DIE PILGER
Les Pélerins

Zu dir wall ich, mein Jesus Christ,
Vers Toi, je marche, mon JésusChrist,
der du des Pilgers Hoffnung bist!
Toi qui est l’espoir des pèlerins !
Gelobt sei, Jungfrau süß und rein!
Heureuse, Vierge douce et pure!
Der Wallfahrt wolle günstig sein!
Que notre pèlerinage soit favorable!

Die Pilger haben hier bereits die Bühne verlassen
Les pèlerins ont ici déjà quitté la scène

TANNHÄUSER
auf den Knien, wie in brünstiges Gebet versunken
agenouillé, comme dans une prière fervente

Ach, schwer drückt mich der Sünden Last,
Oh, que le poids de mes péchés me pèse,
kann länger sie nicht mehr ertragen;
je ne les supporte plus ;
drum will ich auch nicht Ruh noch Rast,
donc je suis sans paix ni repos,
und wähle gern mir Müh und Plagen…
et je ne désire que labeur et peines…

Tränen ersticken seine Stimme;
Les larmes étouffent sa voix;
er neigt das Haupt tief zur Erde und scheint heftig zu weinen.
Il incline la tête jusqu’au sol et semble pleurer amèrement.
Aus dem Hintergrunde, sehr entfernt, wie von Eisenach her, hört man Glockengeläute
 En arrière-plan, de très loin, on entend les cloches

DIE PILGER
Les Pélerins
sehr entfernt
Très éloignés

Am hohen Fest der Gnad und Huld
A la grande fête de la grâce et du pardon
in Demut büß ich meine Schuld,
Je bénis humblement ma faute,
gesegnet, wer im Glauben treu!…
Béni soit le fidèle dans la foi!…

Während sich der Klang der Hörner allmählich nähert, schweigt das entfernte Geläute
Alors que le son des cors de chasse se rapprochent progressivement, le son du carillon au lointain s’amenuise

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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