LA SIRÈNE – POÈME HEINRICH HEINE – LE LIVRE DES CHANTS XII – DIE HEIMKEHR

HEIRICH HEINE POÈMES
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE






Christian Johann Heinrich Heine


*

Der Abend kommt gezogen,
La soirée commence à se dessiner,
 Der Nebel bedeckt die See;
Le brouillard couvre la mer ;
Geheimnisvoll rauschen die Wogen,
Bruit mystérieux des vagues.
  Da steigt es weiß in die Höh’.
Une blancheur émerge au milieu des ondes.

*

Die Meerfrau steigt aus den Wellen,
La sirène sort des flots,
Und setzt sich zu mir an den Strand;
Et s’assied avec moi sur la plage ;
Die weißen Brüste quellen
Les seins d’albâtre gonflent
Hervor aus dem Schleiergewand.
Le tissu de son voile.

*

Sie drückt mich, und sie preßt mich,
Elle me pousse et me presse,
 Und tut mir fast ein Weh; –
Presque à m’étouffer ; –
« Du drückst ja viel zu fest mich,
« Tu m’étreins si fort,
Du schöne Wasserfee! »
Toi, belle fée des eaux ! « 

*
« Ich preß dich, in meinen Armen,
« Je te presse dans mes bras,
 Und drücke dich mit Gewalt;
Et je t’étreins de toute ma force ;
Ich will bei dir erwarmen,
Je veux me réchauffer à toi,
Der Abend ist gar zu kalt. »
Le soir est si glacial« .

*

Der Mond schaue immer blasser
La lune apparaît toujours plus pâle
Aus dämmriger Wolkenhöh’;
Entre de noirs nuages ;
 « Dein Auge wird trüber und nasser,
« Tes yeux sont humides et ternes,
Du schöne Wasserfee! »
Toi, belle fée des eaux ! « 


*
« Es wird nicht trüber und nasser,
« Ils ne sont ni humides ni ternes,
 Mein Aug’ ist naß und trüb,
Mes yeux ne sont ainsi,
Weil, als ich stieg aus dem Wasser,
Que lorsque je sors de l’eau,
Ein Tropfen im Auge blieb. »
Car une goutte y est restée « . 

*

Die Möwen schrillen kläglich,
Les mouettes ricanent lamentablement
 Es grollt und brandet die See; –
Dans le grondement de la mer ; –
 « Dein Herz pocht wild beweglich,
« Ton cœur bat sauvagement,
 Du schöne Wasserfee! »
Toi, belle fée des eaux ! « 

*
« Mein Herz pocht wild beweglich,
« Mon cœur bat sauvagement,
Es pocht beweglich wild,
Et s’il palpite violemment,
Weil ich dich liebe unsäglich,
C’est parce que je t’aime divinement,
Du liebes Menschenbild! »
Toi, fils aimé des hommes ! « 

 


 

*

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HEINRICH HEINE POEMES
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UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

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POÈME HEINRICH HEINE
DIE HEIMKEHR HEINE

À UNE TAVERNE PAILLARDE – CATULLE POEME XXXVII CATULLUS – AD CONTUBERNALES

*

CATULLE CATULLUS XXXVII

litterarumLittérature Latine
Catulle

Poeticam Latinam

Traduction Jacky Lavauzelle

IMG_4840

CATULLE – CATULLUS
84 av J.-C. – 54 av J.-C.

POESIE XXXVII

 AD CONTUBERNALES
*****

À UNE TAVERNE PAILLARDE
****

***

 

Salax taberna vosque contubernales,
Vous les gaillards habitués de la paillarde taverne,
A pilleatis nona fratribus pila,
Du neuvième pilier après le temple de Castor et Pollux,
 Solis putatis esse mentulas vobis,
Pensez-vous être les seuls attribués de membres virils,
Solis licere, quidquid est puellarum,
Pensez-vous être les seuls licencieux avec toutes les filles,
Confutuere et putare ceteros hircos?
Et penser que les autres ne sont que des chèvres ?
An, continenter quod sedetis insulsi
Ou, êtes-vous assez bêtes pour croire,
 Centum an ducenti, non putatis ausurum
Parce que vous êtes cent ou deux cents, que je n’irai
Me una ducentos irrumare sessores?
Pas sodomiser vos deux cent derrières ?
   Atqui putate: namque totius vobis
Et pourtant, considérez ceci : pour vous,
Frontem tabernae sopionibus scribam.
J’inscrirai votre forfaiture sur vos murs.



Puella nam mi, quae meo sinu fugit,
La jeune fille qui depuis me fuit,
Amata tantum quantum amabitur nulla,
Que j’aimais comme jamais je n’ai aimé d’autres filles,
Pro qua mihi sunt magna bella pugnata,
et pour laquelle j’ai combattu les jalousies avec pugnacité,
Consedit istic. Hanc boni beatique
S’est installée chez vous. La voici partagée
Omnes amatis, et quidem, quod indignumst
Avec tous vos hommes, et, en effet, quelle indignité,
omnes pusilli et semitarii moechi;
Par tous les pervers et les maniaques sexuels ;
tu praeter omnes une de capillatis,
Toi notamment, fils chevelu,
cuniculosae Celtiberae fili,
De Celtibérie, pays où copulent librement les lapins ;
Egnati, opaca quem bonum facit barba
Egnatius, dont tes seuls mérites sont dans ta barbe
 et dens Hibera defricatus urina.
et tes dents décapés à l’urine Hibérienne.

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À UNE TAVERNE PAILLARDE
AD CONTUBERNALES

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO




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Catulle – Catullus
POESIE XXXVII

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LA CANAILLE & LES DELICATS
par Ferdinand Brunetière
1882

On a voulu faire de Catulle, sans arguments bien solides, un poète aristocratique, un poète du grand monde, comme de sa Lesbie, sur des inductions plutôt que sur des preuves, ce que Brantôme appelait « une grande et honnête dame. » Je persiste à ne pas croire, pour ma part, que Lesbie fût la célèbre Clodia, mais je crois que bon nombre des fréquentations de Catulle furent parmi la bohème littéraire de Rome. Au surplus, la conciliation n’est pas si difficile. Ce que nous savons, en effet, c’est que, lorsque l’adolescent de Vérone arriva de sa province dans la capitale, il y subsistait, sous le raffinement de quelques habitudes, sous l’étalage du luxe et sous l’apparence de la civilisation, un grand fonds d’antique brutalité romaine. Si nous en pouvions douter, nous rapprendrions au moins de certaines épigrammes de Catulle lui-même, plus grossières que mordantes, et dont l’outrageuse crudité passe tout. C’est bien fait à M. Rostand de nous les avoir traduites. On ne peut pas juger d’un poète en commençant par faire exception de toute une partie de son œuvre, qui peut-être est celle que les contemporains en ont presque le plus goûtée. Là où Catulle est bon, il va jusqu’à l’exquis, et c’est bien de lui que l’on peut dire aussi justement que de personne qu’il est alors le mets des délicats ; mais là où il est grossier, il l’est sans mesure, et c’est bien encore de lui que l’on peut dire qu’il est le charme de la canaille. Or, à Rome, en ce temps-là, dans le sens littéraire de l’un et l’autre mot, la canaille et les délicats, c’était presque tout un. On ne distinguait pas encore, selon le mot d’Horace, la plaisanterie spirituelle de l’insolente rusticité. La curiosité de l’intelligence, vivement éveillée, capable de goûter les finesses de l’alexandrinisme, était en avance, pour ainsi dire, sur la rudesse des mœurs et la vulgarité des habitudes mondaines.



Quand on grattait ces soupeurs qui savaient apprécier les jolies bagatelles du poète, on retrouvait le paysan du Latium, qui s’égayait, au moment du vin, à faire le mouchoir. La raillerie, comme à la campagne, s’attaquait surtout aux défauts ou disgrâces physiques. Je sais bien que, jusque dans Horace, la grossièreté du vieux temps continuera de s’étaler, mais ce ne sera plus de la même manière naïvement impudente. Au temps de Catulle, la délicatesse n’avait pas encore passé de l’esprit dans les manières. Quand il s’élevait seulement un nuage sur les amours du poète et de sa Lesbie, le docte traducteur de Callimaque s’échappait en injures de corps de garde. Cette société très corrompue ne s’était pas encore assimilé la civilisation grecque. Elle s’essayait à la politesse, elle n’y touchait pas encore. Et sous son élégance toute superficielle, elle manquait étrangement de goût. — Il me paraît que, si l’on examinée quel moment de notre histoire la plupart de ces traits conviennent, on trouvera que c’est au XVIe siècle, dans le temps précis que le contact des mœurs italiennes opérait sur la cour des Valois le même effet qu’à Rome, sur les contemporains de César, le contact des mœurs de la Grèce.

Ferdinand Brunetière
Revue littéraire
À propos d’une traduction de Catulle
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 54 –  1882

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LE JOUR GLORIEUX WILLIAM WORDSWORTH POEMS RÉSOLUTION & INDÉPENDANCE XII

 ** 
Poésie anglaise
William Wordsworth
7 April 1770 – 23 April 1850
7 avril 1770 – 22 avril 1850
*

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English Text
texte bilingue français-anglais

 


LES POEMES
DE WILLIAM WORDSWORTH

*******

William Wordsworth’s poems
POEMS
POEMES

*******
*

 RESOLUTION AND INDEPENDENCE

*
RÉSOLUTION & INDÉPENDANCE

 

XII
LE JOUR GLORIEUX

 
At length, himself unsettling, he the pond
Enfin, lui-même inquiétant, devant la mare
Stirred with his staff, and fixedly did look
Notre homme agite son bâton, et fixe son regard
Upon the muddy water, which he conned,
Sur cette vase marécageuse, qu’il parcourt,
As if he had been reading in a book:
Comme s’il lisait dans un livre prodigieux :
And now a stranger’s privilege I took;
Et maintenant, privilège de l’étranger voici ce que je fis :
 And, drawing to his side, to him did say,
Je me mis à ses côtés et lui dis :
 « This morning gives us promise of a glorious day. »
« Ce matin nous promet un jour glorieux« .

 

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POESIE DE WILLIAM WORDSWORTH
WORDSWORTH POEMS

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UN STYLE SANS ARTIFICE

Une poésie sans cesse recommencée

Son style populaire et sans artifice s’est débarrassé d’une fois de toutes les friperies usées de la vieille versification. Les tours couronnées de nuages, les temples solennels, les palais majestueux, tout cela a été balayé du sol. C’a été comme l’édifice sans fondements d’une vision ; il n’est pas même resté un débris de ruines. Toutes les traditions du savoir, toutes les superstitions du passé, ont disparu sous un trait de plume. Nous avons fait table rase ; nous recommençons toute poésie. Le manteau de pourpre, le panache ondoyant de la tragédie, sont rejetés ainsi que de vains oripeaux de pantomime. Voici que nous en sommes revenus à la simple vérité de la nature. Rois, reines, nobles, prêtres, trône, autel, distinction des rangs, naissance, richesse, pouvoir, ne cherchez plus rien de tout cela, ni la robe du juge, ni le bâton du maréchal, ni le faste des grands. L’auteur foule aux pieds plus fièrement encore l’antique forme dont s’enorgueillissait l’art ; il se rit de l’ode, de l’épode, de la strophe et de l’antistrophe. Vous n’entendrez plus résonner la harpe d’Homère, ni retentir la trompette de Pindare et d’Alcée. Point de merci pour le costume éclatant, pour la décoration splendide. Tout cela n’est que spectacle vide, barbare, gothique. Les diamants parmi les cheveux tressés, le diadème sur le front brillant de la beauté, ne sont que parure vulgaire, joyaux de théâtre et de prostituée. Le poète dédaigneux ne peut plus des couronnes de fleurs ; il ne se prévaudra pas non plus des avantages que le hasard lui aura offerts ; il lui plait que son sujet soit tout entier de son invention, afin de ne devoir rien qu’à lui-même ; il recueille la manne dans le désert ; il frappe le rocher de sa baguette et en fait jaillir la source. A son souffle, le brin de paille qui gisait dans la poussière monte au soleil dans un rayon lumineux ; il puisera dans ses souvenirs assez de grandeur et de beauté pour en revêtir le tronc nu du vieux saule. Son vers ne s’embaume point du parfum des bosquets, mais son imagination prête une joie intime aux arbres dépouillés sur la montagne dépouillée, à l’herbe verte du pré vert :

To the bare trees and mountains bare.
And grass in the green field.

Plus de tempête, ni de naufrage, dont l’horreur nous épouvante. C’est l’arc-en-ciel qui attache aux nuages son ruban diapré. C’est la brise qui soupire dans la fougère fanée. Point de triste vicissitude du sort, point de menaçante catastrophe de la nature qui assombrisse ses pages. C’est la goutte de rosée qui se suspend aux cils de la fleur penchée ; ce sont les pleurs qui s’amassent dans l’œil brillant.

Antoine Fontaney
(poète romantique français ())
Cinquième Partie
WILLIAM WORDSWORTH
Poètes et Romanciers de la Grande-Bretagne
Revue des Deux Mondes
Tome 3 – 1835

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WORDSWORTH POEMS RESOLUTION AND INDEPENDENCE

LE TORÉADOR ANDALOU (1603) SONNET DE GONGORA Hermosas damas, si la pasión ciega

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LITTÉRATURE ESPAGNOLE
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Luis de Góngora Sonnet
Góngora Poemas
***

Siècle d’or espagnol -Siglo de Oro 


 

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Luis de Góngora y Argote
1561-1627

Sonetos – Sonnets


Poésie de Luis de Góngora
*****

La poesía de Luis de Góngora

Hermosas damas, si la pasión ciega
*****

LE TORÉADOR ANDALOU
1603
****

SONNET – SONETO

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El Gallo (Rafael Gómez Ortega)

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Hermosas damas, si la pasión ciega
Belles dames, si l’aveugle passion
     
no os arma de desdén, no os arma de ira,
Ne vous arme ni de dédain ni de colère,
  
¿quién con piedad al andaluz no mira,
       Ne regardez-vous pas avec joie l’Andalou,
        
y quién al andaluz su favor niega?
    Et osez-vous lui refuser sa faveur ?…



 

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LE PLUS BEAU GÉNIE
QUE L’ESPAGNE AIT PRODUIT

De manière qu’avec cela et ce que je pouvais avoir grappillé dans les petites commissions dont on avait chargé mon intégrité, je fus en état, en arrivant à Madrid, de me mettre proprement. Ce que je ne manquai pas de faire, quoique les écrivains de notre nation ne se piquent guère de propreté. Je connus bientôt Lope de Vega Carpio, Miguel Cervantès de Saavedra et les autres fameux auteurs ; mais, préférablement à ces grands hommes, je choisis pour mon précepteur un jeune bachelier cordouan, l’incomparable don Luis de Gongora, le plus beau génie que l’Espagne ait jamais produit. Il ne veut pas que ses ouvrages soient imprimés de son vivant ; il se contente de les lire à ses amis. Ce qu’il a de particulier, c’est que la nature l’a doué du rare talent de réussir dans toutes sortes de poésies. Il excelle principalement dans les pièces satiriques. Voilà son fort. Ce n’est pas, comme Lucilius, un fleuve bourbeux qui entraîne avec lui beaucoup de limon ; c’est le Tage qui roule des eaux pures sur un sable d’or.

Alain-René Lesage
Histoire de Gil Blas de Santillane
Chapitre XIII
Éditions Garnier
1920
Tome 2

 

BELLE IDOLE – Góngora Poemas DE PURA HONESTIDAD TEMPLO SAGRADO

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LITTERATURE ESPAGNOLE
***********************

 

Luis de Góngora Sonnet
Góngora Poemas
***

Siècle d’or espagnol -Siglo de Oro 


 

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

Luis de Góngora y Argote
1561-1627

Sonetos – Sonnets


Poésie de Luis de Góngora
*****

La poesía de Luis de Góngora

De pura honestidad templo sagrado
*****

La poesía de Luis de Góngora

**

De pura honestidad templo sagrado,
De pure honnêteté temple sacré,
Cuyo bello cimiento y gentil muro
Avec doux ciment et agréable mur
De blanco nácar y alabastro duro
De nacre blanc et d’albâtre dur
 Fue por divina mano fabricado;
Par une divine main fabriqué ;

*

Pequeña puerta de coral preciado,
Petite porte de corail précieux,
Claras lumbreras de mirar seguro,
Luminaires clairs pour la sécurité des yeux,
Que a la esmeralda fina el verde puro
Qui à la fine émeraude le pur vert
Habéis para viriles usurpado;
Avez virilement usurpé ;

*

Soberbio techo, cuyas cimbrias de oro
Superbe toit, dont les cintres d’or
Al claro Sol, en cuanto en torno gira,
Au clair Soleil, sur chaque coin
Ornan de luz, coronan de belleza;
S’orne de lumière, couronne de beauté ;

*

Ídolo bello, a quien humilde adoro,
Belle idole, qu’humble j’adore,
Oye piadoso al que por ti suspira,
Entends qui pieusement soupire après toi,
Tus himnos canta, y tus virtudes reza.
Qui chante tes hymnes et qui loue tes vertus.



 

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LE PLUS BEAU GÉNIE
QUE L’ESPAGNE AIT PRODUIT

De manière qu’avec cela et ce que je pouvais avoir grappillé dans les petites commissions dont on avait chargé mon intégrité, je fus en état, en arrivant à Madrid, de me mettre proprement. Ce que je ne manquai pas de faire, quoique les écrivains de notre nation ne se piquent guère de propreté. Je connus bientôt Lope de Vega Carpio, Miguel Cervantès de Saavedra et les autres fameux auteurs ; mais, préférablement à ces grands hommes, je choisis pour mon précepteur un jeune bachelier cordouan, l’incomparable don Luis de Gongora, le plus beau génie que l’Espagne ait jamais produit. Il ne veut pas que ses ouvrages soient imprimés de son vivant ; il se contente de les lire à ses amis. Ce qu’il a de particulier, c’est que la nature l’a doué du rare talent de réussir dans toutes sortes de poésies. Il excelle principalement dans les pièces satiriques. Voilà son fort. Ce n’est pas, comme Lucilius, un fleuve bourbeux qui entraîne avec lui beaucoup de limon ; c’est le Tage qui roule des eaux pures sur un sable d’or.

Alain-René Lesage
Histoire de Gil Blas de Santillane
Chapitre XIII
Éditions Garnier
1920
Tome 2

 

 

LES PSAUMES DES ÉTOILES FILANTES – SERGUEÏ ESSÉNINE 1914 – Не ветры осыпают пущи

Littérature Russe
SERGUEÏ ESSÉNINE 1914

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русский поэт- Poète Russe
русская литература

***
стихотворение  – Poésie

***

 

 

Sergueï Essénine
Сергей Александрович Есенин

3 octobre 1895 Konstantinovo (Rybnov) – 28 décembre 1925 à Leningrad
3 октября 1895, Константиново – 28 декабря 1925, Ленинград
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE


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Не ветры осыпают пущи 
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LES PSAUMES DES ÉTOILES FILANTES
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1914
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Не ветры осыпают пущи,
Ce ne sont pas les vents qui fouettent les forêts,
Не листопад златит холмы.
Ce ne sont pas les feuilles qui dorent les vallées…
 
 
 
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1914
 

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Бабушкины сказки
C. А. Есенин

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LES POEMES DE SERGUEÏ ESSÉNINE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE
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JE SUIS UN PAUVRE PELERIN – ESSENINE SERGUEÏ – 1915 – Я странник убогий

Littérature Russe
SERGUEÏ ESSÉNINE POEME 1915

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русский поэт- Poète Russe
русская литература

***
стихотворение  – Poésie

***

 

 

Sergueï Essénine
Сергей Александрович Есенин

3 octobre 1895 Konstantinovo (Rybnov) – 28 décembre 1925 à Leningrad
3 октября 1895, Константиново – 28 декабря 1925, Ленинград
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE


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Я странник убогий 
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JE SUIS UN PAUVRE PELERIN

1915


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Я странник убогий.
Je suis un pauvre pèlerin.
С вечерней звездой
Suivant l’étoile du soir…

 
 
1915
 

 

 
 
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LES PELERINS RUSSES
Par
DOSTOÏEVSKI

Dès que le peuple russe fut baptisé, des pèlerins russes commencèrent à visiter les Lieux saints, le sépulcre de N.-S. Jésus-Christ, le Mont-Athos, etc. Déjà, pendant les croisades, les supérieur d’un couvent russe visita Jérusalem et fut bien reçu par le roi Beaudoin. Les pèlerinages en Orient n’ont jamais cessé jusqu’à nos jours. Beaucoup de moines russes aussi ont habité le Mont-Athos. Si bien que le peuple russe, illettré et ignorant de toute géographie, sait parfaitement que les Lieux saints sont depuis longtemps aux mains des Turcs mahométans, et qu’un Chrétien a une vie pénible en Orient, Aussi le peuple russe est-il toujours plein d’admiration pour les hauts faits des pèlerins, dans cette région, et sent-il son cœur attiré vers Jérusalem. C’est un trait historique connu. De pauvre vieillards, d’anciens soldats, de vieilles femmes qui ne savent pas un mot de géographie ont été de village en village, le sac au dos, mendiants, vers les Lieux saints, qu’ils n’atteignaient parfois qu’après des calamités sans nombre. Quand ils rentraient au pays natal, leur récits étaient écoutés pieusement. En général, le peuple aime extrêmement ce qui a trait «  au divin  ». Qui a lu La Vie des Saints ? Si le peuple ne l’a pas lu, et pour cause, il le connaît, il est imprégné de son esprit. Et comment cela ? Parce que de nombreux pèlerins récitent, souvent d’une façon superbe, des passages entiers de ce livre, sans changer un mot du texte, et qu’on les écoute avidement. Moi-même, tout enfant, avant d’avoir appris à lire, j’ai assisté à ces récitations. Plus tard, au bagne, en Sibérie, j’ai entendu des bandits qui, eux aussi, récitaient ce livre, et vu d’autres bandits qui les écoutaient avec recueillement. Tout cela avait été appris, non dans un volume, mais oralement. Le peuple y trouve comme quelque chose qui se fait repentir. Il est arrivé que des êtres affreusement corrompus, des exploiteurs, des oppresseurs aient été pris, en entendant ces récits, du désir de partie pour un pèlerinage, et de rechercher par le travail et la peine vaillamment supportée ; parfois, ils se rappelaient un vœux, — oublié depuis longtemps — de s’en aller vers les Lieux saints, sinon jusqu’à Jérusalem, du moins jusqu’aux Lieux saints Russe, à Kiev, au couvent Solovetzsky. Nekrassov, en créant son type de Vlass, n’a pu se l’imaginer autrement que portant des chaines dans un pèlerinage expiatoire. Ce trait n’existe chez aucun autre peuple européen. Tout cela durera-t-il ? L’instruction semble changer beaucoup notre moujik, mais en attendant, c’est ce trait seul qui peut expliquer cette énigme du caractère conscient, du mouvement populaire de l’année dernière. Un, sur mille de nos moujiks, comme dit Lévine, savait peut-être qu’il existait des Serbes, des Bulgares, des Monténégrins, qui étaient nos coreligionnaires ; mais tout notre peuple avait entendu dire qu’il y avait des chrétiens orthodoxes sous le joug mahométan. Lors de la guerre avec la Turquie, guerre vieille de vingt ans, qui se termina par Sébastopol, on lui avait parlé des chrétiens martyrisés en Orient et, avant que notre peuple ne prit feu pour la cause des Slaves orientaux, il n’ignorait pas que ces Slaves avaient été torturés par les Turcs. J’ai entendu, moi-même, des gens du peuple se demander : « Est-il vrai que le Turc se lève de nouveau contre les chrétiens ? »

Fédor Mikhaïlovitch Dostoïevski
Journal d’un écrivain
Chapitre X
COMME QUOI LE PEUPLE SANS INSTRUCTION NE SE TROMPE PAS SUR LE FOND DE LA QUESTION D’ORIENT
Traduction par J.-Wladimir Bienstock et John-Antoine Nau
Editions Charpentier
1904
 
 

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Бабушкины сказки
C. А. Есенин

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LES POEMES DE SERGUEÏ ESSÉNINE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE
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POUR QUI VEUT CHASSER – SIR THOMAS WYATT POEMES (Sonnet) Whoso list to hunt

LITTERATURE ANGLAISE

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SIR THOMAS WYATT
1503 – 11 octobre 1542
1503 – 11 October 1542

 

Traduction – Translation

TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

French and English text
texte bilingue français-anglais

 


LES POEMES
DE THOMAS WYATT

Thomas Wyatt’s poems

Whoso list to hunt, I know where is an hind 

 POUR QUI VEUT CHASSER

 

****************

Whoso list to hunt, I know where is an hind,
Pour qui veut chasser, je sais où se trouve la biche,
But as for me, hélas, I may no more.
Mais moi, hélas, je ne peux en faire plus.
The vain travail hath wearied me so sore,
Ce vain labeur m’a fatigué et diminué,
I am of them that farthest cometh behind.
Je suis de ceux qui sont les plus éloignés d’elle.

*

*

Yet may I by no means my wearied mind
Pourtant, je ne puis détacher mon esprit las
Draw from the deer, but as she fleeth afore
De cette biche, mais comme elle se sauve,
Fainting I follow. I leave off therefore,
Amoindri, pourtant je la suis. Mais j’y renonce,
Sithens in a net I seek to hold the wind.
Car autant retenir du vent dans un filet.

*

Who list her hunt, I put him out of doubt,
Qui à sa chasse partira, je tiens à l’informer,
As well as I may spend his time in vain.
Autant que moi passera son temps en vain.
And graven with diamonds in letters plain
Et, gravé avec des diamants ces lettres

*

There is written, her fair neck round about:
Il est écrit autour de son charmant cou :
Noli me tangere, for Caesar’s I am,
Noli moi tangere, pour César je suis,
And wild for to hold, though I seem tame.
Mais sauvage pour tout autre, bien que semblant apprivoisée.

[*  Dicit ei Jesus : Noli me tangere, nondum enim ascendi ad Patrem meum : vade autem ad fratres meos, et dic eis : Ascendo ad Patrem meum, et Patrem vestrum, Deum meum, et Deum vestrum. (Chapitre 20 Evangile selon Jean – Vulgate Clementina)]

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VOIR SONNET DE PETRARQUE ORIGINAL
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LE CHANSONNIER PETRARQUE SONNET 190 (Première Partie) CANZONIERE – CXC

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VIE DE THOMAS WYATT

Poète anglais, né en 1503 dans le comté de Kent, m. en 1541, fut très-aimé de Henri VIII, puis tomba dans la disgrâce et fut mis à la Tour de Londres ; il rentra enfin en faveur auprès du roi qui avait reconnu son innocence et fut nommé ambassadeur en Espagne, mais il mourut au moment de s’embarquer. Ses poésies consistent en odes, sonnets, ballades, satires, etc. Ce poëte a donné plus de souplesse et d’harmonie à la langue anglaise, mais ses poésies pèchent par affectation et obscurité. Elles ont été publiées avec celles de Surrey en 1557 et 1812, et à part en 1855, par R. Bell. – Son fils, nommé aussi Thomas Wyatt, zélé protestant, joua un des premiers rôles dans le complot de Suffolk contre la reine Marie, et se vit un instant à la tête de 15 000 hommes ; mais, abandonné des siens, il fut pris et périt de la main du bourreau (1554).

Dictionnaire universel d’histoire
et de géographie Bouillet Chassang
Lettre W
1878

 

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SIR THOMAS WYATT POEMES

LE CHANSONNIER PETRARQUE SONNET 190 (Première Partie) CANZONIERE – CXC

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FRANCESCO PETRARQUE SONNETS

Francesco PETRARCA
1304 – 1374

Traduction Jacky Lavauzelle

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Canzoniere Petrarca  Sonetto 190

LE CHANSONNIER PETRARQUE Sonnet 190
CXC

Rerum vulgarium fragmenta

Fragments composés en vulgaire

Rime In vita di Madonna Laura

PRIMA PARTE
Première Partie

190/263

Dante Boccace Petrarque Guido Cavalvanti Cino da Pistoia Guittone dArezzo Trecento Italien 1544 Giorgio Vasari

Una candida cerva sopra l’erba
Une biche blanche sur l’herbe
verde m’apparve, con duo corna d’oro,
Verte m’est apparue pourvue de deux cornes d’or,
fra due riviere, all’ombra d’un alloro,
Entre deux rivières [Sorgue & Durance], à l’ombre d’un laurier …

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VOIR ADAPTATION DE CE SONNET PAR SIR THOMAS WYATT
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POUR QUI VEUT CHASSER
SIR THOMAS WYATT POEMES
(Sonnet)
Whoso list to hunt
POUR QUI VEUT CHASSER

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Traduction Jacky Lavauzelle
ARTGITATO
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Ritratto_di_francesco_petrarca,_altichiero,_1376_circa,_padova

canzoniere Petrarca 190
le chansonnier Pétrarque Sonnet 190
canzoniere poet

FRANCESCO PETRARQUE SONNETS

LA MAISON DE MON PERE – Poème de SERGUEÏ ESSENINE (1917) – Где ты, где ты, отчий дом

Littérature Russe
SERGUEÏ ESSÉNINE POEME 1917

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русский поэт- Poète Russe
русская литература

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стихотворение  – Poésie

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Sergueï Essénine
Сергей Александрович Есенин

3 octobre 1895 Konstantinovo (Rybnov) – 28 décembre 1925 à Leningrad
3 октября 1895, Константиново – 28 декабря 1925, Ленинград
TRADUCTION JACKY LAVAUZELLE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE


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Где ты, где ты, отчий дом
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LA MAISON DE MON PERE
1917

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Где ты, где ты, отчий дом,
Où es-tu, où es-tu, maison de mon père,
Гревший спину под бугром?
Qui te réchauffait en retrait sous la colline ?

 

1917

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Бабушкины сказки
C. А. Есенин

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LES POEMES DE SERGUEÏ ESSÉNINE

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LA POESIE DE SERGUEÏ ESSÉNINE
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