Archives par mot-clé : heinrich heine

INTERVIEW de Mariam KANDIASHVILI – LES GRANDES PORTES NOIRES DU MONDE – მარიამ ყანდიაშვილი – THE GREAT BLACK DOORS OF THE WORLD – მსოფლიოს დიდი შავი კარები

   *****LES SUBLIMES COULEURS DE DALI PODIASHVILI - დალი ფოდიაშვილი- PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO 
https://www.facebook.com/mariamkandiashviliart/

____________________________________________________________

ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი
[kartveli mkhat’vari]

Mariam KANDIASHVILI 
მარიამ ყანდიაშვილი

****

LES GRANDES PORTES NOIRES DU MONDE
მსოფლიოს დიდი შავი კარები
THE GREAT BLACK DOORS OF THE WORLD

********************************


Je tiens tout d’abord à remercier Mariam pour sa gentillesse et le temps apporté pour la réalisation de cet interview sur de nombreux aspects de son art qui fait d’elle une des artistes majeures de notre époque.
First of all, I would like to thank Mariam for her kindness and the time given for the realization of this interview on many aspects of her art which makes her one of the major artists of our time.

Jacky Lavauzelle
**



****************************

LA FORMATION ARTISTIQUE
მხატვრული სწავლება
Artistic training

Question JL
როგრია თქვენი მხატვრული სწავლება?
Marina, quel est ton parcours artistique ?
Marina, what is your artistic background?

MARIAM :
ჩემი მხატვრული სწავლება შედგება სამი კომპონენტისგან.
1. ყოველდღიური მუშაობა
2. მუდმივი ექსპერიმენტები თემებთან, მასალასთან ხელოვნების სხვადასხვა მედიუმებთან.
3. ახალი შთაგონების ძიება ყველგან და ყოველთის რაც შეიძლება მეტი ინფორმაციის მიღება და შემდეგ მისი რეკერეაცია სხვადასხვა ფორმაში
.
Ma formation artistique comprend trois composantes.
1. Travail quotidien
2. Expérimentation constante avec des sujets, des matériaux et divers supports.
3. Chercher partout de nouvelles sources d’inspiration et obtenir le plus d’informations possible, puis recréez-les sous diverses formes.

My artistic training consists of three components.
1. Everyday work
2. Constant experimentation with topics, materials, and various media.
3. Search for new inspiration everywhere and get as much information as possible and then recreate it in a variety of forms

LES SOURCES D’INSPIRATION
შთაგონების წყაროები
Sources of inspiration

QUESTION JL
რა არის თქვენი შთაგონების წყარო?
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
What is your source of inspiration?

MARIAM :
შთაგონება არის ხშირად არაკონტროლირებადი, საჩუქარი მატერიალური ან ფიზიკური სამყაროდან რომელიც უეცრად მოდის. მაგრამ გამოცდილებასთან ერთად ხელოვანი სწავლობს თუ როგორ გამოიწვიოს ან სად მოძებნოს შთაგონება ჩემთვის ეს არის პირველ რიგში პოეზია და მითოლოგია ასევე სიზმრები და მედიტაციის დროს დანახული ხილვები.
L’inspiration est un cadeau souvent incontrôlable du monde matériel ou physique. Mais avec l’expérience, l’artiste apprend à la diriger ou à trouver l’inspiration ; pour moi, il s’agit principalement de poésie et de mythologie, ainsi que de rêves et de visions de mes méditations.

Inspiration is an often uncontrollable gift from the sudden material or physical world. But with experience, the artist learns to lead or find inspiration ; for me: it is mainly poetry and mythology, as well as dreams and visions of meditation.

LA PLACE DE L’HOMME
ადამიანის ადგილი
The place oh the human

QUESTION JL
როგორ ხედავთ ადამიანის ადგილს ამ სამყაროში?
Comment voyez-vous la place et le rôle de l’homme dans le monde ?
How do you see the place and role of man in the world?

MARIAM
მე მგონია რომ ყველაფერი ერთია და ერთი ყველაფერი აქედან გამომდინარე ადამიანი არის ერთი და ყველაფერიც. მე მჯერა განსხივოსნების და მჯერა ძახილის რომელსაც ქმედებით ანუ შრომით ვპასუხობთ – ადამიანი არის მუშა. ყველა მოვდივართ რაღაცის გასაკეთებლად ვინ აკეთებს კარგს და ვინ ცუდს ეს სხვა საკითხია.
Je pense que tout est une seule et même chose, donc l’homme est un et tout. Je crois en l’excitation et en l’exclamation avec laquelle nous répondons par l’action ou le travail – l’homme est un travailleur.
I think that everything is one and all one thing, so man is one and all. I believe in excitement and I believe in the exclamation we respond to by action or labor – man is a worker.

L’URGENCE
მოქმედების აუცილებლობა
The urgency

LA LIGNE GENETIQUE ET LA LIGNE SPIRITUELLE
THE GENETIC LINE AND THE SPIRITUAL LINE

QUESTION JL
d’où vient cette urgence perceptible dans chacune de tes toiles ? Comment vois-tu l’évolution de ce monde ?
where does this perceptible urgency come from in each of your canvases? How do you see the evolution of this world?

MARIAM
Je crois en deux lignées- une génétique et une spirituelle.
I believe in two bloodlines – one genetic and one spiritual.
Tous les êtres humains sont le produit de la lignée génétique, de la représentation de leurs ancêtres et de l’histoire de la famille, de la tribu, du pays, du continent et du monde. La lignée spirituelle est autre chose car elle n’a ni frontières ni limites ; elle unit les gens à travers le temps et l’espace en utilisant des œuvres d’art, des idées, des vues philosophiques, un artiste donne la vie à un autre à travers son art et c’est ainsi que nous obtenons notre lignée spirituelle. Nous établissons des liens avec des personnes qui vivent il y a des siècles. Elles nous aident dans notre travail aujourd’hui et nous espérons aider les futurs artistes de demain.
All human beings are product of genetic bloodline, representation of their ancestors and history of family, tribe, country, continent, world.
spiritual bloodline is something else it has no borders or limits, it unites people through time and space with use of artworks, ideas, philosophical views one artist gives life to another through his art and that’s how we get our spiritual bloodline. We find connections with people who lives centuries ago and they help us in our work today and we will hopefully help future artists.

L’EXPRESSION PURE 
სუფთა გამოხატულება
Expression pure

QUESTION JL
Comment contrôles-tu ton pinceau qui semble parfois rentrer en dissidence ?
how do you manage to control your brush which sometimes seems to be in dissidence?

MARIAM
le pinceau n’est pas mon instrument principal, je travaille principalement avec un couteau à palette, mais je pense que le travail s’avère être meilleur lorsque nous perdons le contrôle, lorsque nous entrons dans l’espace au-delà de la conscience et que notre esprit ne dirige ni corps ni cerveau, nous mettons de l’âme et tout le reste obéit, c’est un état trans, dans lequel la propreté et la stratégie sont à la traîne et l’expression pure fait un pas en avant.
brush is not my main instrument, I mostly works with pallet knife, but I think that work turns out to be best when we lose control, when we enter the space beyond consciousness and let our spirit lead not body or brain, we put soul in charge and everything else obeys it, it’s a trans like state in which cleanness and strategy falls behind and pure expression steps forward.

LES COULEURS DOMINANTES
დომინანტური ფერები
The dominant colors

QUESTION JL
ბევრ ფერწერაში ჩანს, რომ ლურჯი და შავი დომინირებს?
Le bleu et le noir semblent dominer dans de nombreuses toiles ?
Blue and black seem to dominate in many paintings?

MARIAM
ეს ფერები ნამდვილად დომინირებენ ამ ეტაპზე, ჩემი ფერი არ მაქვს ფერმწერი ვარ და ყვეა ფერი ჩემია გააჩნია პერიოდს და თემას.
Ces couleurs sont vraiment dominantes à ce stade, mais je n’utilise pas que ces couleurs. Chaque période et chaque thème a une couleur particulière.
These colors are really dominant at this point, but I do not just use these colors. Each period and each theme has a particular color.

QUESTION JL
კაცი ჩაძირული ჩანს კოშმარულ სამყაროში?
L’homme a-t-il sombré dans un monde cauchemardesque ?
Has the human sunk into a nightmarish world?

LES OISEAUX
LES ARTISTES MAUDITS

ჩიტები
შეურაცხყოფილი მხატვრები

THE BIRDS
The accursed artists

Les Oiseaux d’Aristophane
« J’entrevois un grand dessein pour la race des oiseaux : elle deviendrait puissante, si vous m’obéissiez…. « Quel est cet oiseau ? » Et Téléas répond : « C’est un homme sans équilibre, un oiseau qui vole, un être inconsidéré, qui ne saurait jamais rester en place. »
Les Oiseaux – Aristophane
Traduction française par Eugène Talbot.
Théâtre complet d’Aristophane, Alphonse Lemerre, 1897

The Birds of Aristophanes
« I see a great design for the race of birds: it would become powerful, if you obey me …. » What is this bird? « And Téléas answers: « He is a man without equilibrium, a bird that flies, an inconsiderate being, who can never remain in place. »

QUESTION JL
Je voulais aborder avec toi cette large part de ton œuvre sur les oiseaux. Représentent-ils tes aspirations les plus élevées, ton désir de liberté, ta part spirituelle ? Tes oiseaux ressemblent plus à des corbeaux, non ? Il représente je pense plus votre personnalité profonde. Es-tu d’accord avec ça ? Les oiseaux noirs sont souvent liés à l’obscurité et font souvent référence à des crises internes. Cette période correspond-elle à une crise interne chez toi ?
I wanted to come on Birds. Do they represent your highest aspirations, your desire for freedom, your spiritual part? But your birds are more like crows, right? He represents I think more your personality deep. Do you agree with that? But black birds are linked to darkness and often refer to internal crises. Does this period correspond to an internal crisis?
Pour la série Birds, as-tu lu Les oiseaux d’Aristophane : « Je vois un grand dessin pour la race des oiseaux: il deviendrait puissant si vous m’obéissez … » Qu’est-ce que cet oiseau? « Et Téléas répond: » C’est un homme sans équilibre, un oiseau qui vole, un être inconsidéré, qui ne peut jamais rester en place. « For the series of Birds, have you read The Birds of Aristophanes: « I see a great design for the race of birds: it would become powerful, if you obey me …. » What is this bird? « And Téléas answers: « He is a man without equilibrium, a bird that flies, an inconsiderate being, who can never remain in place. »

MARIAM
Birds – une série d’oiseaux appelés Birdland.
Birdland est le projet le plus important sur lequel j’ai travaillé jusqu’à présent. Birdland est une métaphore des artistes de la planète. ARTISTE MAUDIT, artiste maudit, outsider mi-oiseau mi-homme. oiseaux qui symbolisent la divinité. Birdland est le type d’humanoïdes à la moitié de l’oiseau qui sont prêts à voler mais ne peuvent le faire.
Birds – series depicting birds is called Birdland. Birdland is the most important project I have worked on so far. Birdland is a metaphor of artists life on earth, ARTIST MAUDIT a damned artist, outsider half-bird half-man this figure represents artist as half divine creatures that can’t be with humans which in birdland symbolize carnal nature and can’t be with birds which symbolize divinity. Birdland is the lad of half bird humanoids who are desperate to fly but can’t do it.

QUESTION JL
Dans « Le Nid » tu sembles trouver la paix et la sérénité. Tu te positionnes au centre du nid. quel est le protecteur qui te couvre de son aile noire ?
In « nest » you seem to find peace and serenity. you put yourseld in the center of the nest. what is the protector that covers you with his black wing?

MARIAM
Le nid symbolise un abri dans le monde maudit, le seul endroit où les oiseaux peuvent se reposer des terreurs du monde dans lequel ils vivent. C’est un autoportrait avec ma partenaire actuelle, Iva Martashvili, qui est aussi une artiste. Ce tableau est un hymne à l’amour et à la confiance artistique, deux artistes s’entraidant pour grandir et vivre pleinement.
Nest symbolizes a shelter in the damned world, the only place where birdmen can rest from the terrors of the world they live in. It’s a self portrait with my current partner Iva Martashvili who is also an artist, this painting is an ode to love and artistic trust, two artists who help one another to grow and get through life.

L’arbre aux oiseaux – Bird Tree
Huile sur toile – oil on canvas
60x50cm
2018
Dans les rues du Pays des Oiseaux – Huile sur toile
“In the streets of Birdland” – oil on canvas
40×50, 2018
Naissance – Birth
Huile sur toile – Oil on Canvas
100x80cm
2018
Signe de l’oiseau – Sign of the bird
Huile sur toile – oil on canvas
70×50
2019
Le Catcheur d’œuf – The Egg Catcher
Technique mixte sur papier – Mixed media on paper
50×52 – 2018
Danse des oiseaux- ჩიტების ცეკვა Bird Dance
-60×40
Huile sur toile – ტილო ზეთი Oil on canvas
Mère Oiseau – ჩიტი დედები – Bird mothers
60×40
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
Mères Oiseau – ჩიტი დედები – Bird mothers
60×40
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
Le Nid – ბუდე – Nest
60×50
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
Vue du rivage – ხილვა ნაპირზე – Vision on the shore
80×60
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
Oiseau fou du pays des oiseaux – Mad King of Birdland
Technique mixte sur papier – mixed media on paper
2018
Oiseau Générateur – Generator Bird
Technique mixte sur papier – Mixed media on paper
65×57 – 2018
Ciel Ouvert – Open sky
oil on canvas 80×60, 2018
La maison en feu – სახლის დაწვა – Burning down the house
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
30×40
L’Appel – პასუხი ძახილზე – They answered the call
80×100
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas

LA FORÊT
ტყე
THE FOREST

Les Esprits de la Terre – Inspiré de l’esprit des Eléments » de Heinrich Heine
Spirits of the earth – inspired by « Elemental spirits » Henrich Heine
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Dans la forêt – ტყეში – In the forest
Huile sur toile – ტილო ზეთი – Oil on canvas
30×40

LA VILLE 
ქალაქი
THE TOWN

Detroit
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Rue – Street
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
La neige – Snow
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Blues de 2001 – Blues of 2001
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Le feu et son ombre – Fire and it’s shadow
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი

POEMES – ROMANS – FILMS
ლექსები – რომანები – ფილმები
Poems – Novels – Movies

Yukio Mishima
LA RECHERCHE D’ABSOLU

Question JL
Tu fais référence dans plusieurs tableaux à Yukio Mishima. Qu’est-ce qui t’intéresse dans cet auteur ?
You refer to Mishima in several paintings what attracts you first in this author?
MARIAM :
Yukio Mishima est un écrivain très important pour moi. On m’a présenté son travail à 15 ans et ma première peinture à grande échelle a été inspirée par son roman « Patriotisme« . Ce qui me fascine chez cet auteur, c’est sa foi. Je l’admire pour devenir ce qu’il est. Il a vécu la vie artistique absolue d’être un artiste dans tout ce qu’il a fait même quand sa mort a été une œuvre d’art. Cette dévotion, ce pouvoir et cette foi me fascinent.
Yukio Mishima is a very important writer to me, I was introduced to his works at the age 15 and my first big scale painting was inspired by his novel « Patriotism » what fascinates me about this author is his faith. I admire him for becoming what he is. He lived the life artistic absolute being artist in everything he did even his death was an artwork, This devotion, power and faith fascinates me.

Le prêtre du temple de Shiga et son amante – Histoire de Yukio Mishima
The Priest of Shiga Temple and his love – story by Yukio Mishima
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Le Buffet – Inspiré du poème d’Arthur Rimbaud
Cupboard – inspired by a poem « The Cupboard » by Arthur Rimbaud
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი

LE BUFFET
Arthur Rimbaud

C’est un large buffet sculpté ; le chêne sombre,
Très vieux, a pris cet air si bon des vieilles gens ;
Le buffet est ouvert, et verse dans son ombre
Comme un flot de vin vieux, des parfums engageants ;

Tout plein, c’est un fouillis de vieilles vieilleries,
De linges odorants et jaunes, de chiffons
De femmes ou d’enfants, de dentelles flétries,
De fichus de grand’mère où sont peints des griffons ;

– C’est là qu’on trouverait les médaillons, les mèches
De cheveux blancs ou blonds, les portraits, les fleurs sèches
Dont le parfum se mêle à des parfums de fruits.

– buffet du vieux temps, tu sais bien des histoires,
Et tu voudrais conter tes contes, et tu bruis
Quand s’ouvrent lentement tes grandes portes noires.

********

GHOST DOG
ou

LA PHILOSOPHIE DU SAMOURAÏ

Question JL
Dans Ghost Dog ou dans Mishima, il y a cette recherche de perfection et d’engagement. La plupart des samouraïs ont consacré leur vie au bushido, un code strict qui exigeait loyauté et honneur jusqu’à la mort. Est-ce que c’est cet engagement qui t’attire? Est-ce le besoin de contrôler le corps ?
In Ghost Dog or in Mishima, there is this search for perfection and commitment. Most samurai devoted their lives to bushido, a strict code that required loyalty and honor until death. Is this commitment that attracts you? Is this body control?

MARIAM
En ce qui concerne la philosophie du chien fantôme et des samouraïs en général, j’ai une profonde admiration pour cette philosophie et ce style de vie et c’est mon meilleur ami, le réalisateur David Gurgulia, qui m’y a présenté. Je ne pourrais jamais m’identifier ni mon mode de vie à cette « manière de samouraï » parce que je pense qu’il faut être extrêmement fort pour suivre cette voie et aussi pour être une personne très consciente et rationnelle que je ne suis pas. Mais comme ils disent, nous sommes attirés par des choses qui nous ressemblent beaucoup ou qui sont complètement différentes de nous. Dans ce cas, je suis intéressé par la philosophie des samouraïs et par l’idée même de la façon dont on vit par soi-même parce que c’est tellement différent de ce que je suis ou de ce que je fais.
What concerns Ghost dog and samurai philosophy in general I have a pure admiration for this philosophy and lifestyle and my best friend film director David Gurgulia was one who introduced it to me to it. I could never identify myself or my lifestyle to this « way of samurai » because I think that one has to be extremely strong to follow this way and one also has to be very conscious and rational person which i’m not. But as they say we are attracted to stuff that is very much alike us or something that is completely different from us. In this case I am interested in samurai philosophy and the whole idea of self controlled way of living because if it so different from who I am or what I do

Ghost Dog – Inspiré par le film de Jim Jarmusch
Ghost Dog – inspired by Jim Jarmusch
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Après-midi de Mishima – Inspiré de la nouvelle de Yukio Mishima « Patriotisme »
Mishima’s afternoon – inspired by « Patriotism » – novel by Yukio Mishima
Oil on Canvas – ტილო ზეთი

LA MORT
& L’INFINI DE L’ÂME

სიკვდილი
THE DEATH

Question JL
სიკვდილი ყოვლისშემძლეა შენს საქმეში. რას ფიქრობ სიკვდილზე?
La mort est omnipotente dans ton travail. Que penses-tu de la mort ?
Death is omnipotent in your work. What do you think about death?

MARIAM
სიკვდილი ისეთივე ყოვლისშემძლეა როგორც სიცოცხლე, როცა ვიბადებით გვგონია რომ ვკდებით და ტერორში ვევლინებით ამ სამყაროს რომელშიც ვიცით რომ მოვკვდებით, სიკვდილი ჩვენი ნაწილია ჩვენ ის თან დაგვაქ ყველგან მაგრამ ეს მხოლოდ გარდაქმნის ნაწილია, ჩემი აზრით სიკვდილი არის მატერიალური სხეულისგან და მისი ლიმიტაციებისგან განთავისუფლება. მჯერა სულის და მისი მუდმივი ცვლილების უსასრულობაში.

La mort est aussi omnipotente que la vie, quand nous naissons pour penser que nous mourons et dans la terreur de ce monde dans lequel nous savons que nous mourons, la mort fait partie de nous, nous sommes partout, mais ce n’est qu’une partie de la transformation, à mon avis, la libération est la libération du corps matériel et de ses limites. Je crois en l’infini de l’âme et son changement constant.
Death is as omnipotent as life, when we are born to think that we are dying and in the terror of this world in which we know we are dying, death is a part of us, we are everywhere, but it is only part of the transformation, in my opinion, death is liberation from the material body and its limits. I believe in the infinity of the soul and its constant change

Prémonition de la guerre – Premonition of war
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი

QUESTION JL
Dans « Premonition of war », parles-tu de la guerre avec la Russie ou s’agit-il de l’état du monde en général ?
In « premonition of war » do you mention war with Russia or is it about world in general?

MARIAM
Cette peinture ne concerne pas vraiment la Russie.
Elle a été peinte accidentellement.
La peinture était donc la première et le nom est venu après. Je ne suis pas sûr de ce dont il s’agit, mais le monde a mal tourné depuis très longtemps et il y a toujours des guerres sous différentes formes.
This painting is not about Russia for sure, It was painted accidentally so painting was first and name came afterwards so I am not sure what it is about but world has gone wrong for a very long time and there is always war around just in different forms
.

Thanatos
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Homme émeraude – Emerald man
Technique mixte sur du bois – Mixed media on Wood – შერეული მასალა ხეზე ტილო ზეთი

AUTRES THEMATIQUES
სხვა თემები
other themes

Etrangers – Strangers
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი

L’ENIGME DU HUSSARD 

QUESTION JL
le « Hussard » semble différent des autres peintures. Comment as-tu eu l’idée de peindre ce tableau ?
The « Hussard »seems different from other paintings. where did you get the idea of painting this painting?

MARIAM
En fait, il s’agit d’un très vieux tableau. J’avais environ 16 ans quand je l’ai peint. J’expérimentais différents concepts. J’ai donc eu cette idée de créer une série de portraits représentant chacun un jour de la semaine. Hussard représentait le lundi .
Je ne l’aime pas du tout. Toute cette idée me semble assez banale maintenant.
It is a very old painting, I was about 16 years old when I created it back then I was trying to experiment more with different concepts so I had this idea to create series of portraits each would represent a certain day of the week Hussard was monday.
I don’t like it at all. This whole idea seem pretty banal to me now
.

Hussard – Hussar
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Perdus en Asie – Lost in Asia
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
La diseuse de bonne aventure – Fortuneteller
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Dans le futur – In future
Huile sur toile – Oil on Canvas – ტილო ზეთი
Eve et le serpent – ევა და გველი – Eve and snake
50×40
Technique mixte sur toile – შერეული ტექნიკა ტილოზე – Mixed media on canvas

LES PROJETS ARTISTIQUES

QUESTION JL
რა არის თქვენი მხატვრული პროექტები?
Quels sont tes projets artistiques ?
What are your artistic projects?

MARIAM:
ამ ეტაპზე 3 პროექტი მაქვს განხორციელებული.
1. წიგნი a place for us
2, მულტიმედიური სერია ფლორიოგრაფია

და 3. Birdland ასევე მულტიმედიური პროექტი რომელიც ჯერ არ არის დასრულებული
4 წელია მასზე ვმუშაობ და იმედია მალე დავასრულებ
.
À l’heure actuelle, j’ai mis en œuvre 3 projets.
1. réserver une place pour les USA
2, série multimédia floriographie
et 3. Birdland est également un projet multimédia qui n’est pas terminé depuis 4 ans et, qui, je l’espère, sera terminé bientôt.
At the moment I have implemented 3 projects.
1. book a place for us
2, multimedia series floriography
and 3. Birdland is also a multimedia project that has not been completed for 4 years and which, I hope, will be finished soon.

LES VIDEOS & LES RADIOS
Mariam KANDIASHVILI – მარიამ ყანდიაშვილი

Rencontre avec la jeune artiste Mariam Kandiashvili
გაიცანით ახალგაზრდა მხატვარი მარიამ ყანდიაშვილი
Matin GDS – Portrait de Mariam Kandiashvili
GDS დილა – მარიამ ყანდიაშვილის პორტრეტი, თიკო ფრანგიშვილის სიუჟეტი
Mariam Kandiashvili expose à Art Palace
ხელოვნების სასახლე მარიამ ყანდიაშვილის გამოფენას მასპინძლობს
Interprétation du monde de Mariam Kandiashvili
სამყაროს ინტერპრეტაცია მარიამ ყანდიაშვილის ნამუშევრებში/“დილის სამინისტრო“/რადიო იმედი, Radio Imedi
L’attribut alt de cette image est vide, son nom de fichier est Symbole-Artgitato-2-10.gif.

MON CŒUR – HEINE POÈME GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XLVI – Herz, mein Herz

HEINE POÈME
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Herz, mein Herz, sey nicht beklommen,
Cœur ! mon cœur, ne soit pas ainsi ému,
Und ertrage dein Geschick,
Et supporte ton destin,
Neuer Frühling giebt zurück,
Le nouveau printemps rapportera,
Was der Winter dir genommen.
Ce que l’hiver t’a dérobé!

*

Und wie viel ist dir geblieben!
Et vois tout ce qu’il te reste !
Und wie schön ist noch die Welt;
Et comme est beau le monde ;
Und, mein Herz, was dir gefällt,
Et, mon cœur, tout ce qui te plaît,
Alles, Alles darfst du lieben!
Tout ça, tu peux l’aimer!

**


 

****************************************

Heine Poème

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE POÈME

HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heine Poèmes Gedichte

LE ROI VISHVAMITRA – HEINE POÈME GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XLV – Den König Wiswamitra

LE ROI VISHVAMITRA
HEINE POÈME
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine Poèmes Heinrich HeineHeinrich Heine poèmesHeinrich HeineHeinrich Heine Poèmes GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine poèmes

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XLV
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Den König Wiswamitra
****

*****

LE ROI VISHVAMITRA
****

*****

*

Vishvamitra et Menaka
Peinture de Raja Ravi Varma.

**

Den König Wiswamitra,
Le roi Vishvamitra ,
Den treibt’s ohne Rast und Ruh’,
Jamais ne se repose de toute évidence :
Er will durch Kampf und Büßung
Il veut par la lutte et la pénitence
Erwerben Wasischtas Kuh.
Acheter la vache de Vashistha .

*

O, König Wiswamitra,
Ô roi Vishvamitra ,
O, welch ein Ochs bist du,
Ô quel bœuf fais-tu là,
Daß du so viel kämpfest und büßest,
Tant de pénitence, tant de combat,
Und Alles für eine Kuh!
Et c’est pour une vache, que tu fais tout ça !

**


 

****************************************

Heine Poème

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE POÈME

HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heine Poèmes Gedichte

LA MORT DANS L’ÂME – HEINE POÈME GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XLIV – Nun ist es Zeit, daß ich mit Verstand

HEINE POÈME
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Nun ist es Zeit, daß ich mit Verstand
Il est temps pour moi désormais de comprendre
Mich aller Thorheit entled’ge;
Et de mettre un terme à toutes ces folies ;
Ich hab’ so lang als ein Comödiant
Depuis trop longtemps, tel un acteur,
Mit dir gespielt die Comödie.
Avec toi, je joue la comédie.
*

Die prächt’gen Coulissen, sie waren bemalt
Les splendides coulisses étaient peintes
Im hochromantischen Style,
Dans le majestueux style romantique,
Mein Rittermantel hat goldig gestrahlt,
Mon manteau de chevalier d’or brillait,
Ich fühlte die feinsten Gefühle.
Je ressentais les plus délicats sentiments.

*

Und nun ich mich gar säuberlich
Et maintenant, je suis définitivement sevré
Des tollen Tands entled’ge,
De ces grandes tribunes insensées,
Noch immer elend fühl’ ich mich,
Mais je me sens encore misérable,
Als spielt’ ich noch immer Comödie.
Comme jouant encore cette comédie.

*

Ach Gott! im Scherz und unbewußt
Ô Dieu ! En plaisantant et inconscient
Sprach ich was ich gefühlet;
Je parlais de mes ressentiments ;
Ich hab’ mit dem eignen Tod in der Brust
Et c’est la mort dans l’âme
Den sterbenden Fechter gespielet.
Que je jouais l’escrimeur mourant.

**


 

****************************************

Heine Poème

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE POÈME

HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heine Poèmes Gedichte

Buch der Lieder HEINE XLIII- LES DOULEURS ANCIENNES – Werdet nur nicht ungeduldig

Buch der Lieder
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineBUCH DER LIEDER HEINEHeinrich Heine Poèmes BUCH DER LIEDER HEINEBUCH DER LIEDER HEINEHeinrich HeineHeinrich Heine Poèmes GedichteBUCH DER LIEDER HEINEHeinrich Heine poèmes

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XLIII
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Werdet nur nicht ungeduldig
****

*****

LES DOULEURS ANCIENNES
***

*****

*

Werdet nur nicht ungeduldig,
Ne soyez pas impatient,
Wenn von alten Schmerzensklängen
Quand des douleurs anciennes
Manche noch vernehmlich klingen
S’entendent encore certaines peines
In den neuesten Gesängen.
Dans mes derniers poèmes.

*

Wartet nur, es wird verhallen
Patientez ! bientôt disparaîtront
Dieses Echo meiner Schmerzen,
Ces échos de mes calvaires,
Und ein neuer Liederfrühling
Et de nouvelles chansons printanières
Sprießt aus dem geheilten Herzen.
Dans un cœur guéri s’épanouiront.

**


 

****************************************

Heine Poèmes
Buch der Lieder
HEINRICH HEINE GEDICHTE

*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE Buch der Lieder
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heine Buch der Lieder

HEINE POÈMES – LES ŒUFS DE L’AMOUR – GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XLII – Theurer Freund! Was soll es nützen

HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine Poèmes Heinrich HeineHeinrich Heine poèmesHeinrich HeineHeinrich Heine Poèmes GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine poèmes

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heine Poèmes Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XLII
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Theurer Freund! Was soll es nützen
****

*****

LES ŒUFS DE L’AMOUR
***

*****

*

« Theurer Freund! Was soll es nützen,
« Mon cher ami, à quoi bon,
 Stets das alte Lied zu leiern?
Toujours ressasser cette vielle chanson ?
Willst du ewig brütend sitzen
Veux tu pour toujours
 
Auf den alten Liebes-Eiern!
Couver les vieux œufs de ton amour !

*

Ach! das ist ein ewig Gattern,
Hélas ! C’est une coutume éternelle,
Aus den Schaalen kriechen Küchlein,
Les poussins de la coquille sortent les ailes,
Und sie piepsen und sie flattern,
Ils s’ébattent et crient,
Und du sperrst sie in ein Büchlein! »
Et toi tu les enfermes dans ton manuscrit! « 

**


 

****************************************

Heine Poèmes

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE POÈMES

HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heine Poèmes Gedichte

J’IRAI PLEURER SUR TA TOMBE – HEINE POÉSIE GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XLI – Im Traum sah ich die Geliebte

HEINE POÉSIE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Poèmes Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Poèmes Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XLI
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Im Traum sah ich die Geliebte
****

*****

J’IRAI PLEURER SUR TA TOMBE
***

*****

*

Im Traum sah ich die Geliebte,
En rêve, j’ai vu la bien-aimée,
Ein banges, bekümmertes Weib,
Une femme agitée et troublée,
Verwelkt und abgefallen
Relâché et flétri
Der sonst so blühende Leib.
Ce corps autrefois épanoui.

*

Ein Kind trug sie auf dem Arme,
Un enfant dans son bras était porté,
Ein andres führt sie an der Hand,
Un autre par la main était agrippé,
Und sichtbar ist Armuth und Trübsal
Sa pauvreté et son affliction étaient révélées
Am Gang und Blick und Gewand.
Tant par regard que son aspect.

*

Sie schwankte über den Marktplatz,
Elle traversa vacillante la Place du Marché,
Und da begegnet sie mir,
Et c’est à ce moment que je la rencontrai,
Und sieht mich an, und ruhig
Et me regardant, calmement,
Und schmerzlich sag’ ich zu ihr:
Je lui dis tristement :

*


Komm mit nach meinem Hause,

« Viens chez moi,
Denn du bist blaß und krank;
Car tu es pâle et malade ;
Ich will durch Fleiß und Arbeit
Je veux par ma persévérance et mon travail
Dir schaffen Speis’ und Trank.
T’apporter des vivres et des boissons.

*

Ich will auch pflegen und warten
Je veux aussi nourrir et élever
Die Kinder, die bei dir sind,
Les enfants qui sont avec toi,
Vor Allem aber dich selber,
Mais surtout, c’est toi que j’aiderai,
Du armes, unglückliches Kind.
Toi pauvre et misérable enfant.

*

Ich will dir nie erzählen,
Je ne te dirai jamais,
Daß ich dich geliebet hab’,
Que je t’ai aimé,
 Und wenn du stirbst, so will ich
Et si tu meurs, j’irai
Weinen auf deinem Grab.
Sur ta tombe pleurer.

**


 

****************************************

POÈMES HEINE

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINE POÉSIE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Poèmes Heine Gedichte HEINE POÉSIE

DANS LES YEUX – POÈMES HEINE GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XL – Wie der Mond sich leuchtend dränget

POÈMES HEINE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Poèmes Heine Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Poèmes Heine Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XL
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Wie der Mond sich leuchtend dränget
****

*****

DANS LES YEUX
***

*****

*

Wie der Mond sich leuchtend dränget
Comme la lune qui brille vivement
Durch den dunkeln Wolkenflor,
À travers cet amas de noirs nuages,
Also taucht aus dunkeln Zeiten
Émerge des sombres temps
Mir ein lichtes Bild hervor.
En moi, une éclatante image.

*

Saßen all auf dem Verdecke,
Sur le pont, assis,
Fuhren stolz hinab den Rhein,
Fièrement sur le Rhin, descendions avec défi
Und die sommergrünen Ufer
Et les rives estivales
Glühn im Abendsonnenschein.
Brillaient dans le soleil vespéral.

*

Sinnend saß ich zu den Füßen
Je me suis assis songeur aux pieds
Einer Dame, schön und hold;
D’une dame belle et douce ;
In ihr liebes, bleiches Antlitz
Dans son visage pâle et aimé
Spielt’ das rothe Sonnengold.
Jouait le doré soleil rouge.

*

Lauten klangen, Buben sangen,
Des bruits forts, les garçons chantaient,
Wunderbare Fröhlichkeit!
Bonheur merveilleux !
Und der Himmel wurde blauer,
Et le ciel devint encore plus bleu,
Und die Seele wurde weit.
Et mon âme s’épanouissait.

*

Mährchenhaft vorüberzogen
Devant nous défilaient
Berg und Burgen, Wald und Au’;
Montagnes et châteaux, prairies et forêts ;
Und das Alles sah ich glänzen
Et tout ce que je voyais si ardent
In dem Aug’ der schönen Frau.
Je le voyais dans les yeux de cette charmante enfant.

**


 

****************************************

POÈMES HEINE

HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

POÈMES HEINE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Poèmes Heine Gedichte

JADIS – HEINRICH HEINE GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XXXIX – Das Herz ist mir bedrückt, und sehnlich

HEINRICH HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heinrich Heine Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XXXIX
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Das Herz ist mir bedrückt, und sehnlich
****

*****

JADIS
***

*****

*

Das Herz ist mir bedrückt, und sehnlich
Mon cœur est opprimé et pesant
Gedenke ich der alten Zeit;
Car je me souviens de l’ancien temps ;
Die Welt war damals noch so wöhnlich,
Le monde s’organisait paisiblement,
Und ruhig lebten hin die Leut’.
Et les gens vivaient tranquillement.

*

Doch jetzt ist alles wie verschoben,
Mais maintenant, tout est bouleversé,
Das ist ein Drängen! eine Noth!
Quelle misère ! quelle pitié !
Gestorben ist der Herrgott oben,
Le Seigneur est mort en haut,
Und unten ist der Teufel todt.
Et le Diable en bas aussi s’en est allé.

*

Und Alles schaut so grämlich trübe,
Et tout est si sombre partout,
So krausverwirrt und morsch und kalt,
Si confus, froid et pourri,
Und wäre nicht das bischen Liebe,
Et si ce n’était qu’il subsiste un peu d’amour,
So gäb’ es nirgends einen Halt.
Il n’y aurait aucun intérêt à rester ici.

**


 

****************************************

HEINRICH HEINE POEMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINRICH HEINE POÈMES
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heinrich Heine Gedichte

NOS JEUX D’ENFANTS – HEINRICH HEINE POÉSIE GEDICHTE -LE LIVRE DES CHANTS XXXVIII – Mein Kind, wir waren Kinder

HEINRICH HEINE POÉSIE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE
LE LIVRE DES CHANTS
LITTERATURE ALLEMANDE

Heinrich Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder




Christian Johann Heinrich Heine


Deutsch Poesie
 Deutsch Literatur

Heinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich HeineHeinrich Heine GedichteHeinrich HeineHeinrich Heine

HEINRICH HEINE
1797- 1856

German poet
Poète Allemand
Deutsch Dichter

Heinrich Heine Poésie Gedichte Buch der Lieder Oeuvre Poèmes Poésie Gedichte Artgitato

Übersetzung
Traduction Jacky Lavauzelle




Buch der Lieder
Die Heimkehr
XXXVIII
LE LIVRE DES CHANTS
LE RETOUR
 
1823-1824

****
HEINRICH HEINE GEDICHTE

Mein Kind, wir waren Kinder
****

*****

NOS JEUX D’ENFANTS
***

*****

*

Mein Kind, wir waren Kinder,
Mon enfant, nous étions
Zwei Kinder, klein und froh;
Deux enfants, petits et joyeux ;
Wir krochen in’s Hühnerhäuschen
Nous entrions dans le poulailler, radieux
Und steckten uns unter das Stroh.
Et sous la paille nous nous dissimulions.

*

Wir krähten wie die Hähne,
Nous imitions le coq,
Und kamen Leute vorbei –
Et quand les gens passaient :
Kikereküh! sie glaubten,
« Cocorico ! » et eux croyaient,
Es wäre Hahnengeschrei.
Que c’était le cri du coq.

*

Die Kisten auf unserem Hofe,
Dans des boîtes dans notre cour,
Die tapezirten wir aus,
Nous y posions des tapis partout,
Und wohnten drin beisammen,
Et nous y logions majestueux,
Und machten ein vornehmes Haus.
Comme s’il s’agissait d’un lieu prestigieux.

*

Des Nachbars alte Katze
Le vieux chat du voisin
Kam öfters zum Besuch;
Venait nous voir souvent ;
Wir machten ihr Bückling’ und Knixe
Nous lui faisions une grande réception
Und Complimente genug.
Et des compliments à profusion.

*

Wir haben nach ihrem Befinden
Nous portions sur son état
Besorglich und freundlich gefragt;
Attention et gentillesse ;
Wir haben seitdem dasselbe
Et nous avions les mêmes délicatesses
Mancher alten Katze gesagt.
Pour de nombreux autres chats.

*

Wir saßen auch oft und sprachen
Nous nous asseyions et parlions souvent
Vernünftig, wie alte Leut’,
Comme de vieilles personnes raisonnées,
Und klagten, wie Alles besser
Et nous regrettions les temps d’avant
Gewesen zu unserer Zeit;
Où tout était si parfait ;

*

Wie Lieb’ und Treu’ und Glauben
Comme l’amour, la foi et la foi avaient
Verschwunden aus der Welt,
Disparu de cette terre,
Und wie so theuer der Kaffee,
Et combien le café était cher,
Und wie so rar das Geld!
Et combien rare l’argent devenait !

*

Vorbei sind die Kinderspiele
Finis sont nos jeux d’enfants
Und Alles rollt vorbei, –
Et tout se dissipe, tout est oublié…
Das Geld und die Welt und die Zeiten,
L’argent et le monde et le temps,
Und Glauben und Lieb’ und Treu’.
La foi, l’amour et la fidélité.


 

****************************************

HEINRICH HEINE POÉSIE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
*************

UNE HISTOIRE DE SOUFFRANCE

Les Mains & La Beauté musicale de Heine

Mais ce qui m’intéressait plus encore que les discours de Heine, c’était sa personne, car ses pensées m’étaient connues depuis longtemps, tandis que je voyais sa personne pour la première fois et que j’étais à peu près sûr que cette fois serait l’unique. Aussi, tandis qu’il parlait, le regardai-je encore plus que je ne l’écoutai. Une phrase des Reisebilder me resta presque constamment en mémoire pendant cette visite : « Les hommes malades sont véritablement toujours plus distingués que ceux en bonne santé. Car il n’y a que le malade qui soit un homme ; ses membres racontent une histoire de souffrance, ils en sont spiritualisés. » C’est à propos de l’air maladif des Italiens qu’il a écrit cette phrase, et elle s’appliquait exactement au spectacle qu’il offrait lui-même. Je ne sais jusqu’à quel point Heine avait été l’Apollon que Gautier nous a dit qu’il fut alors qu’il se proclamait hellénisant et qu’il poursuivait de ses sarcasmes les pâles sectateurs du nazarénisme : ce qu’il y a de certain, c’est qu’il n’en restait plus rien alors. Cela ne veut pas dire que la maladie l’avait enlaidi, car le visage était encore d’une singulière beauté ; seulement cette beauté était exquise plutôt que souveraine, délicate plutôt que noble, musicale en quelque sorte plutôt que plastique. La terrible névrose avait vengé le nazarénisme outragé en effaçant toute trace de l’hellénisant et en faisant reparaître seuls les traits de la race à laquelle il appartenait et où domina toujours le spiritualisme exclusif contre lequel son éloquente impiété s’était si souvent élevée. Et cet aspect physique était en parfait rapport avec le retour au judaïsme, dont les Aveux d’un poète avaient récemment entretenu le public. D’âme comme de corps, Heine n’était plus qu’un Juif, et, étendu sur son lit de souffrance, il me parut véritablement comme un arrière-cousin de ce Jésus si blasphémé naguère, mais dont il ne songeait plus à renier la parenté. Ce qui était plus remarquable encore que les traits chez Heine, c’étaient les mains, des mains transparentes, lumineuses, d’une élégance ultra-féminine, des mains tout grâce et tout esprit, visiblement faites pour être l’instrument du tact le plus subtil et pour apprécier voluptueusement les sinuosités onduleuses des belles réalités terrestres ; aussi m’expliquèrent-elles la préférence qu’il a souvent avouée pour la sculpture sur la peinture. C’étaient des mains d’une rareté si exceptionnelle qu’il n’y a de merveilles comparables que dans les contes de fées et qu’elles auraient mérité d’être citées comme le pied de Cendrillon, ou l’oreille qu’on peut supposer à cette princesse, d’une ouïe si fine qu’elle entendait l’herbe pousser. Enfin, un dernier caractère plus extraordinaire encore s’il est possible, c’était l’air de jeunesse dont ce moribond était comme enveloppé, malgré ses cinquante-six ans et les ravages de huit années de la plus cruelle maladie. C’est la première fois que j’ai ressenti fortement l’impression qu’une jeunesse impérissable est le privilège des natures dont la poésie est exclusivement l’essence. Depuis, le cours de la vie nous a permis de la vérifier plusieurs fois et nous ne l’avons jamais trouvée menteuse.

Émile Montégut
Esquisses littéraires – Henri Heine
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 63
1884

****************************************

HEINRICH HEINE POÉSIE
HEINRICH HEINE GEDICHTE
DIE HEIMKEHR HEINE

Heinrich Heine Gedichte