Mirra Lokhvitskaïa Мирра Лохвицкая Maria Alexandrovna Lokhvitskaïa Мария Александровна Лохвицкая 19 novembre 1869 Saint-Pétersbourg – 27 août 1905 Saint-Pétersbourg
____________________________________________
ROUGE 1902 Мне ненавистен красный цвет ____________________________________________
GIA GUGUSHVILI გია გუგუშვილი
PEINTRE GEORGIEN
TBILISSI – ნარიყალა
Né le 16 août 1952
L’INIMAGINABLE TENDRESSE THE INIMAGINABLE TENDERNESS
________________________
Henry Bataille disait de la tendresse, dans sa comédie (La Tendresse,Théâtre complet, Ernest Flammarion, 1922, Tome XI), les mots suivants : « Tendresse ! Elle existe chez les criminels, comme elle existe chez les êtres supérieurs. Non, elle n’est pas une sœur pauvre de l’amour ; elle se tient aussi éloignée de l’amour passion que de l’amitié amoureuse… Elle a un royaume bien à elle dans le pays des âmes. Cela explique bien des anomalies ! Et, malgré des apparences souvent défavorables, elle constitue, au contraire, la plus sûre émanation de cette lumière merveilleuse qui semble la jonction entre l’homme et la divinité. Comme elle apparaît touchante, même au fond de la bête, dans le couple animal ! «
La peinture de Gia fait se toucher l’homme et la divinité, comme dans le Vieux Pont de 2003, ou en prenant le rivage N60 dans l’immensité bleue de l’infini ciel ou de l’infinie mer.
Ce sont des couples qui s’associent et se fécondent entre l’animal et l’homme, l’infini et le proche, les temps d’avant et d’aujourd’hui.
[citations suivantes (entre guillemets) du poème de Guillaume Apollinaire, Nos Etoiles, poèmes tirés des Poèmes à Lou.]
« Et c’est l’heure, tout s’endort », et c’est à cette heure que Gia prend ses pinceaux pour rendre visible l’inimaginable tendresse. » La nuit s’écoule, lente, lente, Les heures sonnent lentement » et le pinceau trace d’infinis mouvements où se rencontrent les heures rouges du soir et les heures bleues du petit matin. « L’inimaginable tendresse De ton regard parait aux cieux Mon lit ressemble à ta caresse Par la chaleur puisque tes yeux Au nom de Nice m’apparaissent ». L’inimaginable tendresse des revers et des lignes, au-dessus des couleurs dans un temps incertain. La tendresse est soutenue par des milliers de plis et des infinis rayures et contours. Qu’ils sont longs les contours du monde dans la lenteur saccagée des mouvements des bras et de la frénésie des mains.
Gia nous livre ce dont nous manquons le plus, la tendresse. La tendresse; que de la tendresse, mais quelle tendresse !!
Rien n’est plus difficile que de nous la donner ainsi. Jason a pu récupérer avec l’aide de Médée la fameuse Toison d’Or, Ulysse revenir d’un périple harassant, Christophe Colomb traverser les mers démontées et hostiles, mais qu’est-ce que tout ça ? Qu’est-ce que tout ça face à ses étranges tendresses qui nous attendons tous ?
« La nuit s’écoule doucement Je vais enfin dormir tranquille »
***
Henry Bataille said of tenderness, in his comedy (La Tendresse, Complete Theater, Ernest Flammarion, 1922, Volume XI), the following words: « Tenderness! » She exists in criminals, as it exists in higher beings. She is not a poor sister of love, she is as far away from passionate love as from amorous friendship … She has a kingdom of her own in the land of souls, which explains many anomalies! in spite of appearances which are often unfavorable, she constitutes, on the contrary, the surest emanation of that marvelous light which seems the junction between man and divinity, as she appears touching, even at the bottom of the beast, in the animal pair! «
The painting of Gia makes touch the man and the divinity, as in Old Bridge of 2003, or taking the Bank N60 in the blue immensity of the infinite sky or the infinite sea.
They are couples who associate and fertilize between the animal and the man, the infinite and the near, the times of before and today.
[following quotes (in quotation marks) from Guillaume Apollinaire’s poem, Nos Etoiles, Poems from Poems to Lou.]
« And it’s time, everything falls asleep », and it is at this time that Gia takes her brushes to make visible the unimaginable tenderness. « The night goes by, slow, slow, the hours slowly sound » and the brush traces infinite movements where meet the red hours of the evening and the blue hours of the early morning. « The unimaginable tenderness Of your look appears in the sky My bed looks like your caress By heat since your eyes « . The unimaginable tenderness of reverses and lines, above colors in an uncertain time. Tenderness is supported by thousands of folds and infinite stripes and outlines. That they are long the contours of the world in the slowness of the movements of the arms and the frenzy of the hands.
Gia gives us what we miss the most, the tenderness. Tenderness; that tenderness, but what tenderness !!
Nothing is more difficult than giving it to us as well. Jason was able to recover with the help of Medea the famous Golden Fleece, Ulysses return from an exhausting journey, Christopher Columbus cross the seas disassembled and hostile, but what is all this? What is all this in the face of his strange tenderness that we all expect?
« The night goes slowly I’ll finally sleep quiet »
***
ნაპირი N60
Napiri N60
RIVAGE N60
THE BANK N60
2012
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
90×122.5
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
ლურჯი დილით
Lurji Dilit
LE MATIN BLEU
BLUE MORNING
2013
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
110×152
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
თამაში ქვებით
Tamashi Kvebit
JEU DE PIERRES
GAME OF STONES
2014
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
147×180
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
მაძიებელი
Madziebeli
CHERCHEUR
SEEKER
2004
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
85×105
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
TEMPS-3
TIME-3
2013
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
162×230
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
ძველი ხიდი
Dzeli Khidi
LE VIEUX PONT
OLD BRIDGE
2003
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
90×120
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
წითელი საღამო
Tsiteli Saghamo
L’HEURE ROUGE
RED EVENING
2014
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
85×110
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
წითელი
Tsiveli ROUGE
RED
2012
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
90×123
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
***
ანარეკლი N2
REFLECTION N2
2016
ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on canvas
140×190
ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts
*****
PEINTURES ნავთობის ფერწერა
Gia Gugushvili გია გუგუშვილი
PHILIPPE MALIAVINE
Филипп Андреевич Малявин 1869—1940
L’Ivresse du Rouge
L’Ivresse du ROUGE
Un moment avec Philippe Maliavine, c’est un instant dans l’âme russe, dans le rouge de l’âme, dans la passion qui explose au milieu des fêtes enfiévrées, sublimant le grenat de sentiments exacerbés.
LA CHASSE A L’HOMME
Des cris dans les vapeurs d’excès, les pleurs aussi qui illuminent les lumières de la nuit. Les femmes sont là, entre elles. Elles rient déjà de la bêtise des hommes qui sont là à attendre.
“Elles connaissent le manière d’attirer les hommes pour elles, de même que pour leurs filles. Car
nous, les hommes, ne savons pas et cela parce que nous ne voulons pas savoir. Le sentiment le plus désintéressé, le plus poétique, que nous nommons l’amour, dépend, non point des qualités morales, mais d’une intimité physique, d’une coiffure, d’une couleur ou de la coupe d’une robe. Elles ne pensent qu’à cela, c’est leur seule occupation. Le plus horrible, c’est de voir toutes les jeunes filles s’occuper de cette chasse à l’homme.” (Léon Tolstoï, La Sonate à Kreutzer, VI & VIII, trad. Ivan Slobodskoy)
UN ETALAGE DE PRODUITS GASTRONOMIQUES
Oublions les gris, les rouges timides et les tons pâles des Kuindzhi, Terk, Harlamoff, Bilibine, Musatov, Repine. Seuls Andréi Lanskoy ou Abraham Arkhipov, soutiennent la ferveur des couleurs et des tons larges, somptueux et généreux. Mais retournons à la fête. Tout dépend donc d’une couleur. Il s’agit de ne pas se tromper. Prenons donc celle de la passion, de la vie, du désir. Evidemment, nous prendrons le rouge…
“Les hommes font naître en moi une curiosité malsaine…et très vive. Je suis jolie, voilà mon malheur ! Au lycée, en seconde, les professeurs me gratifiaient déjà de tels regards que j’en avais honte et que je rougissais, ce qui semblait leur faire grand plaisir : ils souriaient comme des gourmets devant un étalage de produits gastronomiques. » (Maxime Gorki, Les Estivants, Acte III, trad. Genia Cannac)
A S’EN PEINTURLURER L’ÂME
Mettons du rouge, sur les lèvres et sur la table, sur nos joues et sur nos robes. « Elle a l’habitude de se mettre du rouge sur la gueule…et elle veut s’en peinturlurer aussi l’âme…y mettre un peu de fard. » (Maxime Gorki, Les Bas Fonds, Acte III, trad. Genia Cannac)
Les filles sont là, toutes là, devant nous, franches. Elles ne détournent pas la tête, ni ne baissent le regard. Pas de temps à perdre ! Elles ont mis le rouge, du rouge avant tout. Tout ce soir captera la lumière et les yeux. Il n’y en aura que pour elles. Loin le travail du jour et des champs. Loin le froid de cet hiver qui jamais ne finit. Ce soir, elles le savent, ce sera le bon soir.
“Le malheureux ne savait où donner de la tête pour dénicher les camélias en vue du bal d’Anfissa Alexéïevna… Pour faire son effet, Anfissa Alexéïevna désirait des camélias rouges.” (Dostoïevski, L’Idiot, I, XIV, trad. A. Mousset)
VERS LE DOULOUREUX TREPAS
Peu importe, si la luxure est un vice, Dante ne la décrit-il pas qu’au début de l’Enfer, qu’au deuxième cercle seulement. Satan est bien loin, au fond de ce cône. Il peut attendre, nous ne risquons pas grand chose. Peut-être, seulement sentir quelques relents de son haleine fétide. Rions et profitons. Oublions, tant qu’à l’heure, belles encore nous sommes. “Poète, volontiers je parlerais à ces deux-ci qui vont ensemble, et qui semblent si légers dans le vent…Si fort fut mon cri affectueux. O créature gracieuse et bienveillante…Hélas, que de douces pensées, et quel désir les ont menés au douloureux trépas !” (Dante, L’Enfer, Chant V, trad. J. Risset)
Mais au diable les tourments et que nous importe demain. La fête bat son plein. Les serveurs et les danseurs nous attendent. Pensons à cet instant suave et joyeux. Les copines attendent. La fête ne fait que commencer. La nuit sera longue. N’entendez-vous pas la musique ? Laissez-vous emporter, prenez le ruban rouge et laissez-vous guider !
TE CEINDRE DE MON RUBAN ROUGE
“Oustienka était une jolie fillette, petite, grassouillette,
vermeille avec de petits yeux bleus, joyeux, un perpétuel sourire sur ses lèvres rouges, perpétuellement en train de rire et de bavarder.” (Léon Tolstoï, Les Cosaques, XXV, trad. Pierre Pascal)…” Puis, clignant des yeux, haussant les épaules et esquissant un pas de danse, il chanta : je t’embrasserai, t’enlacerai, je te ceindrai d’un ruban rouge. Je t’appellerai : cher espoir !” (XXVIII)
ทรงฤทธิ์ เหมือยพรม Exposition Bangkok Novembre 2014 BACC : Bangkok Art and Culture Centre หอศิลปวัฒนธรรมแห่งกรุงเทพมหานคร ถนน พระราม 1 แขวง วังใหม่ เขต ปทุมวัน
Bangkok 10500, Thaïlande
L’ETERNITE DE
LA LUMIERE
DE L’ISAN
Des couleurs et de l’éclat, de la joie et de la fête. Et du sacré.
Des couleurs pures et éveillées, sans errances ni vicissitudes. Les peintures sont faites « à la manière de » et garde une signature personnelle d’une évidence naturelle. L’ensemble se compose sur des thèmes joyeux et festifs de chants et de danses qui illuminent les soirées des fêtes en Isan (อีสาน) comme au Laos
Songrit Muaiprom peint le mouvement dans l’acte de foi. Il transcende ainsi le cours ordinaire de la vie et sublime ainsi la représentation. Dans sa palette pointe toujours une modernité retenue dans le contexte traditionnel de l’imagerie bouddhiste au travers d’un animal ou d’un trait parcourant l’espace de l’œuvre. Nous vagabondons entre les personnages imaginaires de Joan Miró, les couleurs de Klein ou de Malevitch.
Songrit Muaiprom garde l’étincelle des couleurs qui couvrent les temples en les marquant un peu plus du sceau du religieux : le bleu méditatif, la pensée juste du jaune, l’énergie spirituelle du rouge, et la sérénité de la foi dans le blanc. Mais aussi le vert pour la force, l’énergie de vie, le dépassement de l’envie.
Nous retrouvons quatre des cinq couleurs qui émanent de l’Eveil du Bouddha. Ce sont les couleurs des rayons, de la Budu Res, qui se forment autour de sa tête. Il ne manque que le vert, que Songrit Maiprom garde souvent pour ses représentations de Garuda et de Naga. Ce sont les couleurs que l’on retrouvera sur le drapeau du bouddhisme.
Songrit joue particulièrement avec le bleu et le rouge. Deux couleurs que l’on retrouve sur le drapeau de la Thaïlande. Le rouge de la Nation et le bleu de la Royauté. Mais aussi le bleu que l’on retrouve sur de nombreuses toitures de bâtiments de l’Isan et du Laos. Et le rouge, la couleur de la profondeur, de la vie, la couleur de la terre d’Isan.
Le côté décoratif reste aussi ancré dans la culture Thaïlandaise. L’œuvre se doit d’être agréable et de ne pas heurter l’œil. Mais plus encore, elle devient porteuse d’une proposition inventrice. La fougue des corps et le balancement des êtres renouvellent alors la lecture classique des œuvres traditionnelles. Songrit relie le spirituel de l’œuvre à la réalité du monde en marquant les thèmes populaires de la rencontre et de la fête sans pour autant heurter le sacré.
Songrit montre des empreintes de vie dans cette nécessaire esthétisation du sacré. Il y place la lumière et alors les humains et les animaux sacrés échangent et communient.
Il y a aussi cette opposition entre la matière épaisse et plâtrée de l’œuvre et la transparence des formes. La première favorisant l’envol et la légèreté de la seconde. Comme cette matière blanche nous semble lourde et sculpturale quand les couleurs viennent soulever l’ensemble. Comme un arbre épais avec la légèreté de son feuillage. L’épaisseur disparaît pour ne laisser que la lumière.
C’est le corps qui est en fête dans une vision commune entre passé et futur, entre tradition et modernité. Dans sa force du trait et des monochromes, Songrit se place en garant et en défenseur de l’identité d’Isan, bien loin des visions globalisantes et mondialistes. Il ancre la mémoire en libérant les formes dans une danse éternellement lumineuse.