Archives par mot-clé : jacky lavauzelle

Kurt Gebauer – Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

—-
Sculptures Tchèques
Kurt Gebauer
Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

 

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Zelný trh
Marché aux Légumes
Vegetable Market
kapucínské náměstí

Mozart
Mozart au piano
Mozart on a piano
2006-2007
Kurt Gebauer

Divadlo Reduta
Theâtre de Brno

Kurt Gebauer
18. srpna 1941 Hradec nad Moravicí
Né le 18 août 1941 à Hradec nad Moravicí

 

Kurt Gebauer - Mozart - Zelný trh v Brne- Brno Artgitato 2 Kurt Gebauer - Mozart - Zelný trh v Brne- Brno Artgitato

********

MOZART & SALIERI
PAR POUCHKINE

 Par une persévérance obstinée, pleine d’efforts, j’atteignis enfin un haut degré dans l’art infini. La gloire vint me sourire. Je trouvai dans le cœur des hommes un écho à mes créations. J’étais heureux ; je jouissais paisiblement de mes travaux, de mes succès, de ma gloire, ainsi que des travaux et des succès de mes amis, de mes compagnons dans l’art éternel. Non, jamais je n’avais connu l’envie, jamais ; ni lorsque Piccini sut enchanter l’oreille des sauvages Parisiens, ni même quand j’entendis les premiers accents de l’Iphigénie. Qui aurait pu dire que le fier Salieri deviendrait un misérable envieux, un serpent foulé aux pieds, qui, dans son abaissement, n’a plus de force que pour mordre la poussière et le sable ? Personne… Et maintenant, c’est moi-même qui le dis, je suis un envieux ; oui, j’envie profondément, cruellement. O ciel ! où donc est ta justice, quand le don sacré, le génie immortel, n’est pas envoyé en récompense de l’amour brûlant, de l’abnégation, du travail, de la patience, des supplications enfin, mais quand il illumine le front d’un viveur insouciant ! O Mozart ! Mozart !… (Entre Mozart.)

je suis choisi pour l’arrêter. Sans cela nous sommes tous perdus, nous les prêtres de la musique, non pas moi seulement avec ma sourde renommée. À quoi peut-il servir que Mozart vive encore, et atteigne des hauteurs nouvelles ? Élèvera-t-il par là notre art ? Non, l’art tombera dès que Mozart aura disparu sans laisser d’héritier. Comme un chérubin, il nous aura apporté quelques chants du paradis, pour, après avoir ému en nous, fils de la poussière, le désir sans ailes, s’envoler de nouveau. Envole-toi donc… plus tôt ce sera, et mieux ce sera…
Voici ce poison, dernier présent de mon Isaure. Il y a dix-huit ans que je le porte constamment sur moi. Et bien souvent, depuis cette époque, la vie m’a paru comme une plaie insupportable ; et bien souvent je me suis assis à la même table avec un ennemi sans défiance. Mais jamais je ne me suis laissé aller aux murmures de la tentation, quoique je ne sois pas un lâche, quoique je ressente profondément toute offense, quoique j’estime peu la vie. J’hésitais toujours. Quand la soif de la mort venait me prendre : mourir, me disais-je ! mais peut-être la vie m’apportera des dons inattendus ; peut-être l’enthousiasme viendra me visiter ; une nuit créatrice et l’inspiration… peut-être un nouveau Haydn fera-t-il quelque chose de grand, et j’en jouirai. Ou bien, quand j’étais assis dans un repas avec un convive détesté : peut-être, me disais-je, trouverai-je un ennemi encore plus mortel ; peut-être une offense viendra fondre sur moi d’une hauteur plus orgueilleuse… En ce cas, tu ne te perdras pas en vain, présent de mon Isaure. Et j’avais raison, j’ai trouvé enfin l’ennemi auquel je ne puis pardonner. Un bien autre que Haydn m’a abreuvé de jouissances ineffables. Il est temps. Dernier legs de l’amour, passe aujourd’hui dans la coupe de l’amitié !

Alexandre Pouchkine
Poèmes dramatiques
Traduction par Ivan Tourgueniev et Louis Viardot.
 Hachette, 1862
1, pp. 180-195
Mozart et Salieri

*****

Kurt Gebauer – Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

BRNO – Брно – 布尔诺 – ブルノ

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO – Брно – 布尔诺 -ブルノ

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


BRNO – Брно – 布尔诺 -ブルノ
[Brin – Brinn]

 

Kurt Gebauer 
Mozart 
Mozart au piano
Zelný trh v Brně
Kurt Gebauer - Mozart - Zelný trh v Brne- Brno Artgitato 2
***
Marius Kotrba
Socha Spravedlnosti
La Statue de la Justice
Moravské náměstí
Socha Spravedlnosti statue de la Justice Marius Kotrba culpteur - sochař Brno Artgitato (1)
***
Jiří Marek
Sochu Lišky Bystroušky 
Statue de la Petite Renarde Rusée
Příhody lišky Bystroušky
Janáčkovo náměstí
Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (5)

***
Tomáš Medek
Malinovského náměstí
Pocta Edisonovi
Hommage à Edison
Théâtre Mahen
 Mahenovo divadlo
Tomáš Medek Pocta Edisonovi Hommage à Edison Artgitato Brno Théâtre Mahen (3)
***
Jaroslav Róna
Odvaha – Courage
Moravské náměstí
Jaroslav Róna Odvaha Courage Brno Moravské náměstí artgitato (3)
***
Jan Štursa 
EVE – EVA
1909
Galerie Morave de Brno
Moravská galerie v Brně
Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (3)
*
Svratka
斯夫拉特卡
Svratka Brno Artgitato 2

********

LA DEFINITION DE LA MORAVIE
DANS LA PREMIERE EDITION DE L’ENCYCLOPEDIE

BRINN, (Géog.) ville forte d’Allemagne, en Moravie, au confluent des rivieres de Schwart & de Schwitt. Long. 24. 43. lat. 49. 8.

L’Encyclopédie
 1re éd.
Texte établi par D’Alembert
Diderot, 1751
Tome 2, p. 421

MORAVIE, la (Géog.) province annexée au royaume de Boheme, avec titre de Marggraviat. Les Allemands l’appellent Mahren ; elle est bornée au nord par la Boheme & la Silésie ; à l’orient partie par la Silésie, partie par le mont Krapack ; au midi par la Hongrie & par l’Autriche ; au couchant par la Bohème. Son nom vient de la riviere de Morava, qui la traverse. C’est un pays hérissé de montagnes, & coupé par un grand nombre de rivieres & de ruisseaux. Il est fertile & très-peuplé. Olmutz en étoit autrefois la capitale, & elle le mérite en effet, cependant Brinn l’est actuellement de nom. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie, 1re éd
1751
Tome 10, p. 707

OLMUTZ, (Géogr.) forte ville de Bohème dans la Moravie, avec un évêché suffragant de Prague. Brinn lui dispute le titre de capitale. Elle est commerçante, peuplée, & située sur la Morave, à 7 milles de Brinn, à 20 lieues de Vienne, à 30 de Cracovie, & dans un pays plat. Les interpretes de Ptolomée croient que c’est l’Eburum de ce géographe ; l’évêque est seigneur spirituel & temporel de la ville ; son siége fut fondé par saint Cyrille, qui vivoit en 889, selon Dubravius. Long. 35. 10. lat. 49. 30. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie, 1re éd
1765
Tome 11, p. 454

Tomáš Medek -Hommage à Edison – Pocta Edisonovi- Malinovského náměstí – BRNO Брно 布尔诺

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

—-
Sculptures Tchèques
Tomáš Medek
Sochař T. Medek
Tomas MedekThomas Edison Artgitato Théâtre Mahen Brno

 

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Tomáš Medek

Malinovského náměstí
BRNO – Брно – 布尔诺
Théâtre Mahen
Mahenovo divadlo

Pocta Edisonovi
Hommage à Edison

Hommage à Thomas Edison qui installa l’électricité au Théâtre Mahen en 1882, année de sa construction
Malinovského náměstí

Tomáš Medek Pocta Edisonovi Hommage à Edison Artgitato Brno Théâtre Mahen (1) Tomáš Medek Pocta Edisonovi Hommage à Edison Artgitato Brno Théâtre Mahen (3) Tomáš Medek Pocta Edisonovi Hommage à Edison Artgitato Brno Théâtre Mahen (4) Tomáš Medek Pocta Edisonovi Hommage à Edison Artgitato Brno Théâtre Mahen (5)

******************

THOMAS EDISON
Vu par Louis Figuier en 1891

Ces essais avaient tous mal réussi, lorsqu’on annonça, en 1879, que le physicien américain, Edison, avait résolu le problème de l’éclairage électrique, par incandescence.
Cette annonce était prématurée, car M. Edison n’en était encore, en 1879, qu’à la période des essais, et le procédé qu’il employait alors était assez imparfait. Aussi des doutes bien légitimes accueillirent-ils, en Europe, l’annonce de cette découverte.
Cependant, M. Edison continua ses recherches, et à force de patience et de sagacité, il finit par réaliser sa lampe à incandescence, dont les visiteurs admirèrent les effets à l’Exposition d’électricité de Paris, en 1881.
La lampe à incandescence de M. Edison consiste en une petite cloche, de forme ovoïde, dans laquelle on a fait le vide, pour empêcher la combustion du charbon.
Le charbon est, en effet, le corps conducteur de l’électricité qui, porté à une très haute température par le passage du courant électrique, produit l’effet lumineux.
La manière de préparer ce charbon est ce qui présenta le plus de difficultés à M. Edison, comme aux autres inventeurs, ses rivaux. De la manière dont il est obtenu dépendent, en effet, l’éclat, la couleur et les qualités de la lumière.
M. Edison prépare aujourd’hui son charbon, non comme il le faisait d’abord, avec des feuilles de carton Bristol carbonisé en vase clos, mais avec des filaments de bambou carbonisé. Les filaments de bambou, après leur calcination, se réduisent à l’épaisseur d’un crin de cheval. On en fait une sorte d’arc, et on fixe les deux extrémités de cet arc charbonneux dans un petit fil de platine, en rapport avec le courant électrique. On fait ensuite le vide dans cette petite cloche ; enfin on la scelle, pendant qu’elle est parfaitement privée d’air, au moyen d’un ciment particulier.
Chaque petit luminaire a environ la puissance de deux becs Carcel.

T6- d402 - Fig. 314. — Bec de la lampe Edison.png
Fig. 314. — Bec de la lampe Edison.

La figure 314 représente le bec Edison, qui, placé à volonté sur différents supports, forme une lampe électrique (fig. 315).

T6- d402 - Fig. 315. — Lampe Edison.png
Fig. 315. — Lampe Edison.

En réunissant un certain nombre de ces lampes, on compose un lustre, tel que ceux qui figuraient à l’Exposition d’électricité. On voit dans la figure 316 l’un de ces lustres formé de la réunion d’un certain nombre de lampes.

T6- d403 - Fig. 316. — Lustre électrique Edison.png
Fig. 316. — Lustre électrique Edison.

On pourrait craindre que ces petits ustensiles soient de peu de durée. Ils peuvent cependant servir, pendant mille heures. D’ailleurs, vu leur prix minime (1 fr. 25), on peut les remplacer sans grande conséquence, quand ils sont usés, de même que nous remplaçons les verres cassés de nos lampes à l’huile.

T6- d404 - Fig. 317. — M. Edison.png
Fig. 317. — M. Edison.

Nous n’avons pas besoin de dire que chaque lampe doit être mise en communication avec un courant électrique continu, fourni par une machine dynamo-électrique.
Pendant que M. Edison construisait, à New-York, sa lampe à incandescence, en perfectionnant la lampe russe, d’autres physiciens ou constructeurs, s’appliquant aux mêmes recherches, arrivaient à des résultats à peu près semblables.

Louis Figuier
Les Merveilles de la science ou description populaire des inventions modernes
Furne, Jouvet et Cie, 1891
Tome 2 des Suppléments, pp. 385-520
Supplément à l’art de l’éclairage

 

Jan Vítězslav Dušek – Výstava v Táboře – Exposition 2016 à Tabor – Выставка в Таборе – 展览泰伯

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
Sculptures Tchèques
Jan Vítězslav Dušek
Sochař J.V.Dušek
Jan Vítezslav Dušek Tabor

 

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Jan Vítězslav Dušek
1891-1966
Exposition de Tábor
Výstava v Táboře
2016
Exhibition in Tábor
Выставка в Таборе
展览泰伯

ženský akt bez paži
Nue sans bras
Jan Vítězslav Dušek

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ženský akt bez paži

ženský akt – Polopostava
Nue – Buste
Jan Vítězslav Dušek

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ženský akt Polopostava

Zármutek
Douleur
1917
Jan Vítězslav Dušek
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Zármutek Douleur 1917

Poslední brázda
Le dernier sillon

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Poslední brázda Le dernier sillon 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Poslední brázda Le dernier sillon

T.G. Masaryk s dětetem
Mazaryk avec un enfant
(1)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato T.G. Masaryk s detetem Masaryk avec enfant

Lakomství
L’Avarice

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Lakomství L'avarice

Torzo ženy
Torse de femme

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Torzo ženy Torse de femme

Jihočeská stráž – Návrh na Pomník pádlým v Jistebnici
Bronz 1926
Garde Bohème du Sud
Proposition Monument aux Morts de Jistebnice


Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Jihoceská stráž 1926

Obránce lidu
Le défenseur du peuple
diorit – diorite – 1956
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956 3 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Obránce lidu Défenseur du peuple 1956český Betlém
Bethléem tchèque
Jan Vítězslav Dušek
patínovaná sádra
plâtre patiné

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 3 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 2 Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato ceský Betlém Béthléem tchèque 1

Jan Amos Komensky
Comenius
1927
patínovaná sádra
plâtre patiné
(2)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Jan Amos Komensky Comenius 1927
Madona s ditětem
Vierge à l’enfant
Jan Vítezslav Dušek Madona s ditetem vierge à l'enfantMistr Jan Hus
(vers 1373 –
sádra – plâtre
1922-1923
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Mistr Jan HusHus a Žižka
Jan Hus et Jan Žižka
bronz, nedatováno
bronze non daté
Jan Žižka
(1370-1424)
Chef de guerre des hussites
(3)

Jan Vítezslav Dušek Tabor Jan Hus et Jan Zizka

Cepník
sádra – plâtre
nedatováno- non daté
Jan Vítezslav Dušek Tabor Artgitato Cepnik

Jan Žižka
sádra – plâtre
nedatováno- non daté
(3)
Jan Vítezslav Dušek Tabor Jan Zizka

Tábor 1420 – 1920
Jan Vítezslav Dušek Tabor 1420 1920 Artgitato

*******

(1)
MASARYK
DANS LA REVUE DES DEUX MONDES
EN 1918

« A Prague, naît et s’organise l’État tchéco-slovaque, qui, lui, s’oriente vers la république, avec le docteur Masaryk pour président et le docteur Kramarcz pour premier ministre; sa juridiction s’étend sur les populations tchèques et slovaques de la Bohême, de la Moravie, de la Silésie (couronne d’Autriche) et du Tatra (couronne de Hongrie). Celui-là a déjà l’aspect d’un État régulier : il a ou va avoir un gouvernement; il a l’embryon d’une armée; il a une politique extérieure, il est belligérant. »

Charles BENOIST
Chronique de la quinzaine, histoire politique – 14 novembre 1918
Revue des Deux Mondes, 6e période, tome 48, 1918
pp. 469-480

********

(2)
COMENIUS PAR DIDEROT

Voici un homme qui s’est fait un nom au tems où les esprits voulaient ramener tout à la révélation. C’est Jean Amos Comenius. Il naquit en Moravie l’an 1592. Il étudia à Herborn. Sa patrie était alors le théâtre de la guerre. Il perdit ses biens, ses ouvrages & presque sa liberté. Il alla chercher un asile en Pologne. Ce fut-là qu’il publia son Janua linguarum referata, qui fut traduit dans toutes les langues. Cette premiere production fut suivie du Synopsis physicæ ad lumen divinum reformatæ. On l’appela en Suisse & en Angleterre. Il fit ces deux voyages. Le comte d’Oxenstiern le protégea, ce qui ne l’empêcha pas de mener une vie errante & malheureuse. Allant de province en province & de ville en ville, & rencontrant la peine partout, il arriva à Amsterdam. Il aurait pu y demeurer tranquille ; mais il se mit à faire le prophète, & l’on sait bien que ce métier ne s’accorde guère avec le repos. Il annonçait des pertes, des guerres, des malheurs de toute espèce, la fin du monde, qui durait encore, à son grand étonnement, lorsqu’il mourut en 1671. Ce fut un des plus ardents défenseurs de la physique de Moïse. Il ne pouvait souffrir qu’on la décriât, surtout en public & dans les écoles. Cependant il n’était pas ennemi de la liberté de penser. Il disait du chancelier Bacon, qu’il avait trouvé la clef du sanctuaire de la nature ; mais qu’il avait laissé à d’autres le soin d’ouvrir. Il regardait la doctrine d’Aristote comme pernicieuse ; & il n’aurait pas tenu à lui qu’on ne brûlât tous les livres de ce philosophe, parce qu’il n’avait été ni circoncis ni baptisé.

Diderot
L’Encyclopédie, 1re éd.
1751 – Tome 10, pp. 741-745

***********

(3)
JAN ZIZKA

VI.

Les habitants des villes de Prague s’intitulaient, pour la plupart, Calixtins ; à Rome on les appelait par dérision Hussites clochants, parce qu’ils avaient abandonné Jean Huss en plusieurs choses ; à Tabor on les appelait faux Hussites, parce qu’ils se tenaient à la lettre de Jean Huss et de Wickleff plus qu’à l’esprit de leur prédication. Quant à eux, Calixtins, ils s’intitulaient Hussites purs. En 1420 ils avaient formulé leur doctrine en quatre articles : 1° la communion sous les deux espèces ; 2° la libre prédication de la parole de Dieu ; 3° la punition des péchés publics ; 4° la confiscation des biens du clergé, et l’abrogation de tous ses pouvoirs et privilèges.
Ils envoyèrent une députation à Tabor pour aviser aux moyens de se débarrasser de la reine qui, avec quelques troupes, tenait encore le Petit-Côté de Prague. On a conservé textuellement la réponse des Taborites à cette députation. « Nous vous plaignons de n’avoir pas la liberté de communier sous les deux espèces, parce que vous êtes commandés par deux forteresses. Si vous voulez sincèrement accepter notre secours, nous irons les démolir, nous abolirons le gouvernement monarchique, et nous ferons de la Bohême une république. » Il me semble qu’il ne faut pas commenter longuement cette réponse pour voir que le rétablissement de la coupe n’était pas une vaine subtilité, ni le stupide engouement d’un fanatisme barbare, comme on le croit communément, mais le signe et la formule d’une révolution fondamentale dans la société constituée.
La proposition fut acceptée. Le fort de Wishrad fut emporté d’assaut. De là, commandés par Ziska, les Praguois et les Taborites allèrent assiéger le Petit-Côté. Il y avait peu de temps qu’on faisait usage en Bohême des bombardes. Les assiégés portaient, à l’aide de ces machines de guerre, la terreur dans les rangs des Hussites. Mais les Taborites avaient appris à compter sur leurs bras et sur leur audace. Ils forcèrent le pont qui était défendu par un fort appelé la Maison de Saxe (Saxen Hausen) et posèrent le siège, au milieu de la nuit, devant le fort de Saint-Wenceslas. La reine prit la fuite. Un renfort d’Impériaux, qui était arrivé secrètement, défendit la forteresse. Le combat fut acharné. Les Hussites étaient maîtres de toute la ville ; encore un peu, et la dernière force de Sigismond dans Prague, le fort de Saint Wenceslas, allait lui échapper. Mais les grands du royaume intervinrent, et, usant de leur ascendant accoutumé sur les Hussites de Prague, les firent consentir à une trêve de quatre mois. Il fut convenu que pendant cet armistice les cultes seraient libres de part et d’autre, le clergé e les propriétés respectés, enfin que Ziska restituerai Pilsen et ses autres conquêtes.
Ziska quitta la ville avec ses Taborites, résolu à ne point observer ce traité insensé. Le sénat de Prague reprit ses fonctions ; mais les catholiques qui s’étaient enfuis durant le combat n’osèrent rentrer, craignant la haine du peuple. Sigismond écrivit des menaces ; Ziska reprit ses courses et ses ravages dans les provinces.
La reine ayant rejoint son beau-frère Sigismond à Brunn en Moravie, ils convoquèrent une diète des prélats et des seigneurs, et écrivirent aux Praguois de venir traiter. La noblesse morave avait reçu l’empereur avec acclamations. Les députés hussites arrivèrent et communiérent ostensiblement sous les deux espèces, dans la ville, qui fut mise en interdit, c’est-à-dire privée de sacrements tout le temps qu’ils y demeurèrent, étant considérée par le clergé papiste comme souillée et empestée. Puis ils présentèrent leur requête, c’est-à-dire leurs quatre articles, à Sigismond qui se moqua d’eux. Mes chers Bohémiens, leur dit-il, laissez cela à part, ce n’est point ici un concile. Puis il leur donna ses conditions par écrit : qu’ils eussent à ôter les chaînes et les barricades des rues de Prague, et à porter les barres et les colonnes dans la forteresse ; qu’ils abattissent tous les retranchements qu’ils avaient dressés devant Saint-Wenceslas ; qu’ils reçussent ses troupes et ses gouverneurs ; enfin qu’ils fissent une soumission complète, moyennant quoi il leur accorderait amnistie générale et les gouvernerait à la façon de l’empereur son père, et non autrement.
Les députés rentrèrent tristement à Prague et lurent cette sommation au sénat. Les esprits étaient abattus, Ziska n’était plus là. Les catholiques s’agitaient et menaçaient. On exécuta de point en point les ordres de Sigismond. Les chanoines, curés, moines et prêtres rentrèrent en triomphe, protégés par les soldats impériaux.
Ceux des Hussites qui n’avaient pas pris part à ces làchetés sortirent de Prague, et se rendirent tous à Tabor. Ils furent attaqués en chemin par quelques seigneurs royalistes, et sortirent vainqueurs de leurs mains après un rude combat. Une partie alla trouver Nicolas de Hussinetz à Sudomirtz, l’autre Ziska à Tabor. Ces chefs les conduisirent à la guerre, et leur firent détruire plusieurs places fortes, ravager quelques villes hostiles. Sigismond écrivit aux Praguois pour les remercier de leur soumission et pour intimer aux catholiques l’ordre d’exterminer absolument tous les Wicklefistes, Hussites et Taborites. Les papistes ne se firent pas prier, exercèrent d’abominables cruautés, et la Bohême fut un champ de carnage.
Cependant nul n’osa attaquer Ziska avant l’arrivée de l’empereur. Sigismond n’osait pas encore se montrer en Bohême. Il alla en Silésie punir une ancienne sédition, faire trancher la tête à douze des révoltés, et tirer à quatre chevaux dans les rues de Breslaw Jean de Crasa, prédicateur hussite, que l’on compte parmi les martyrs de Bohême ; car l’hérésie a ses listes de saints et de victimes comme l’Église primitive, et à d’aussi bons titres.
L’empereur fit afficher la Croisade de Martin V contre les Hussites. Ces folles rigueurs produisirent en Bohême l’effet qu’on devait en attendre. Le moine prémontré Jean, que nous avons déjà vu dans les premiers mouvements de Prague, revint, à la faveur du trouble, y prêcher le carême. Il déclama vigoureusement contre l’empereur et le baptisa d’un nom qui lui resta en Bohême, le cheval roux de l’Apocalypse. « Mes chers Praguois, disait-il, souvenez-vous de ceux de Breslaw et de Jean de Crasa. » Le peuple assembla la bourgeoisie et l’université, et jura entre leurs mains de ne jamais recevoir Sigismond, et de défendre la nouvelle communion jusqu’à la dernière goutte de son sang. Les hostilités recommencèrent à la ville et à la campagne. On écrivit des lettres circulaires dans tout le royaume. Partout le même serment fut proféré et monta vers le ciel.
Sigismond se décida enfin pour la guerre ouverte. Il leva des troupes en Hongrie, en Silésie, dans la Lusace, dans tout l’Empire.
Albert, archiduc d’Autriche, à la tête de quatre mille chevaux, renforcé par d’autres troupes considérables et par le capitaine de Moravie, fut le premier des Impériaux qui affronta le redoutable aveugle. Ziska les battit entre Prague et Tabor ; puis, sans s’attarder à leur poursuite, il alla détruire un riche monastère que nous mentionnons dans le nombre à cause d’un épisode. De l’armée de vassaux qui le défendaient il ne resta que six hommes, lesquels se battirent jusqu’à la fin comme des lions. Ziska, émerveillé de leur bravoure, promit la vie à celui des six qui tuerait les cinq autres. Aussitôt ils se jetèrent comme des dogues les uns sur les autres. Il n’en resta qu’un qui, s’étant déclaré Taborite, se retira à Tabor et y communia sous les deux espèces en témoignage de fidélité.

Cependant les Hussites de Prague assiégeaient la forteresse de Saint-Wenceslas. Le gouverneur feignit de la leur rendre, pilla et emporta tout ce qu’il put dans le château, et se retira en laissant la place à son collègue Plawen ; de sorte qu’au moment où les assiégeants s’y jetaient avec confiance, ils furent battus et repoussés. Cependant Ziska arrivait. Il s’arrêta le lendemain non loin de Prague pour regarder quelques Hussites qui détruisaient un couvent et insultaient les moines. « Frère Jean, lui dirent-ils, comment te plaît le régal que nous faisons à ces comédiens sacrés ? » Mais Ziska, qui ne se plaisait à rien d’inutile, leur répondit en leur montrant la forteresse de Saint-Wenceslas : « Pourquoi avez-vous épargné cette boutique de chauve (calvitia officina) ? — Hélas ! dirent-ils, nous en fûmes honteusement chassés hier. — Venez donc, » reprit Ziska.
Ziska n’avait avec lui que trente chevaux. Il entre ; et à peine a-t-on aperçu sa grosse tête rasée, sa longue moustache polonaise et ses yeux à jamais éteints, qui, dit-on, le rendaient plus terrible que la mort en personne, que les Praguois se raniment et se sentent exaltés d’une rage et d’une force nouvelles. Saint-Wenceslas est emporté, et Ziska s’en retourne à Tabor en leur recommandant de l’appeler toujours dans le danger.
A peine a-t-il disparu, qu’un renfort d’Impériaux arrive et reprend la forteresse. Ziska avait réellement une puissance surhumaine. Là où il était avec une poignée de Taborites, là était la victoire, et quand il partait il semblait qu’elle le suivît en croupe. C’est que l’âme et le nerf de cette révolution étaient en lui, ou plutôt à Tabor ; car il semblait qu’il eût toujours besoin, après chaque action, d’aller s’y retremper ; c’est que chez les Calixtins il n’y avait qu’une foi chancelante, des intentions vagues, un sentiment d’intérêt personnel toujours prêt à céder à la peur ou à la séduction, une politique de juste-milieu.
Un chef taborite, convoqué à la guerre sans quartier par les circulaires de Ziska, vint attaquer Wisrhad que les Impériaux, avaient repris. Il fut repoussé et aurait péri avec tous les siens si Ziska ne se fût montré. Les Impériaux, qui avaient fait une vigoureuse sortie, rentrèrent aussitôt. Ziska fut reçu cette fois à bras ouverts dans la ville. Le clergé, le sénat et la bourgeoisie accouraient au-devant de lui, et emmenaient les femmes et les enfants taborites dans leurs maisons pour les héberger et les régaler. Ses soldats couraient les rues, décoiffant les dames catholiques et coupant les moustaches à leurs maris. Plusieurs villes se déclarèrent taborites, et envoyèrent leurs hommes à Prague pour offrir leurs services à l’aveugle. Un nouveau renfort était arrivé à Wisrhad, et l’empereur s’avançait à grandes journées.

 George Sand
Jean Ziska
Jean Ziska, Michel Lévy frères, 1867
pp. 72-77

Le Château d’eau de Jan Kotěra – Vodárenská věž Jana Kotěry – Třeboň – Wittingau – Тржебонь – 特热邦 – トレボン

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
Чехия
Třeboň
Wittingau – Тржебонь
特热邦 -トレボン
République tchèque
Jan Kotěra

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Třeboň – Jan Kotěra

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
Чехия
Třeboň
Wittingau – Тржебонь
特热邦 -トレボン
République tchèque

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Třeboň
Wittingau – Тржебонь
特热邦 – トレボン

Jan Kotěra
Le Château d’eau de Jan Kotěra

Vodárenská věž Jana Kotěry

Le Chateau d'eau de Jan Kotera Voderanska vez Jana Kotery Trebon Artgitato (1)

Jan Kotěra Le Chateau d'eau de Jan Kotera Voderanska vez Jana Kotery Trebon Artgitato (2)

Jan Kotěra

Le Chateau d'eau de Jan Kotera Voderanska vez Jana Kotery Trebon Artgitato (3) Jan Kotěra

Le Chateau d'eau de Jan Kotera Voderanska vez Jana Kotery Trebon Artgitato (4)

 Jan Kotěra
18/12/1871 – 17/04/1923
architecte austro-hongrois
Czech architect
professeur d’architecture moderne tchèque
české moderní architektury profesora Jana Kotěry
Jan_Kotera_1914_Bufka

Ivan « dědek » Šmíd – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem

TCHEQUIE – Česká republika
Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (24)
Jílovice

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (25)

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (20)

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Ivan « dědek » Šmíd
Ivan Šmíd
Jílovice
Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (23)

Betlémy
Bethléem

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (1) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (2) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (3) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (4) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (5) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (6) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (7)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (8) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (9) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (10)

 

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – BethléemIvan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (12) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (13) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (14)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (15) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (16) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (18) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (19)Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem  Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (22)     Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (29) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (30)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (31) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (32) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (33)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – BethléemIvan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (34) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (35) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (36)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (37) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (38) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (40) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (41) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (42) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (44) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (45) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (46) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (47) Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (48)

Ivan « dědek » Šmíd  – Ivan Šmíd – Jílovice – Betlémy – Bethléem


NAISSANCE DE JÉSUS.
ADORATION DES BERGERS

Par la Comtesse de Ségur

 

Le lendemain, la grand’mère trouva tous les enfants rassemblés quelque temps avant l’heure, tant ils étaient impatients de savoir ce qui allait arriver. Ils se placèrent devant elle comme la veille ; elle commença :
Peu de temps avant la naissance de Jésus, César-Auguste, Empereur de Rome et maître de la Judée, ordonna qu’on fit le compte de tous les habitants des terres qui lui étaient soumises. Cyrinus, gouverneur de la Syrie, fit pour la Judée ce compte qu’on appelle dénombrement. Joseph vivait à Nazareth, ville de la Galilée ; quand il apprit l’ordre donné par César, il fut obligé d’aller se faire inscrire à Bethléem, petite ville de la Judée, près de Jérusalem, éloignée de vingt-cinq lieues de Nazareth ; c’était la patrie du Roi David et de sa famille. Il partit donc avec Marie son épouse ; le voyage fut long. Marie était fatiguée, et quand ils arrivèrent à Bethléem, ils ne trouvèrent pas de logement, parce que ce dénombrement avait fait venir beaucoup de monde dans la ville.
Ne sachant où il pourrait loger Marie, Joseph sortit de la ville, et il trouva près des portes une grotte profonde qui servait d’étable à des vaches et à des ânes. Le Roi David s’y était reposé souvent quand il était berger, car c’était là qu’il gardait ses troupeaux. Joseph arrangea dans cette étable une couche de paille pour Marie, et c’est là, dans cette étable, que Jésus vint au monde.
Il y avait dans les environs, des bergers qui gardaient les troupeaux dans la campagne de Bethléem comme au temps du Roi David, et qui veillaient chacun à leur tour, pour qu’on ne volât pas leurs troupeaux.
Tout à coup, au milieu de la nuit, vers minuit, un Ange du Seigneur leur apparut ; et ils furent enveloppés d’une lumière éblouissante, ce qui leur causa une grande frayeur. Mais l’Ange leur dit :
« Ne craignez point, car je viens vous annoncer une nouvelle qui sera pour tous une grande joie. Dans Bethléem, la ville de David, il vous est né un Sauveur, qui est le Christ, le Seigneur. Voici à quoi vous le reconnaîtrez. Vous trouverez dans une étable un enfant enveloppé de langes et couché dans une Crèche. »
Valentine. Qu’est-ce que c’est, une crèche ?
Grand’mère. Une crèche est l’espèce de mangeoire dans laquelle on donne à manger aux bêtes de l’étable.
Jeanne. Mais le pauvre petit enfant devait être très-mal là dedans ?
Grand’mère. Oui, il était très-durement et très-mal, mais il a voulu que ce fût ainsi.
Jacques. Comment le bon Dieu, qui était son Père, qui a tout ce qu’il veut, ne lui a-t-il pas donné un beau petit lit bien chaud, dans une chambre bien jolie, au lieu de le laisser dans une vilaine crèche et dans une sale étable ?
Grand’mère. Parce que l’enfant Jésus a voulu nous faire voir par son exemple qu’il ne faut pas aimer et désirer les richesses de ce monde, et qu’on doit aimer les privations et les humiliations.
Petit-Louis. Je ne veux pas coucher dans une crèche, moi, ni dans une étable.
Grand’mère. On n’est pas obligé de coucher dans une crèche ni dans une étable, mais tout le monde est obligé de ne pas être douillet ni délicat et de ne pas trop aimer ses aises.
Henriette. Écoute, Loulou, va dans une crèche puisque le petit Jésus y a été ; tu sais bien qu’il faut l’imiter.
Petit-Louis. Et toi ?
Henriette. Non, moi pas ; je resterai avec papa et maman.
Petit-Louis. Tiens ! pourquoi cela ?
Henriette. Pour qu’ils ne soient pas seuls.
Grand’mère. Ce n’est pas gentil cela ! tu veux envoyer le pauvre Louis dans une étable, et toi tu ne veux pas y aller ; pas du tout pour que ta maman et ton papa ne soient pas seuls, mais parce que tu crains d’être mal dans l’étable.
Henriette rougit, ne répond pas et embrasse Louis, qui lui donne un petit coup de poing.
Grand’mère. Voyons, mes enfants, ne vous disputez pas et laissez-moi continuer.
L’Ange dit aux bergers comment ils reconnaîtraient le Sauveur, le Christ, le Seigneur. Au même moment, une troupe nombreuse d’Anges se joignit à celui qui parlait aux bergers ; et ils chantaient tous admirablement : « Gloire à Dieu au plus haut des Cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté. »
Au bout de quelque temps, les Anges quittèrent les bergers, et les bergers se dirent les uns aux autres : « Allons à Bethléem ; allons voir ce qui est arrivé, et ce que le Seigneur vient de nous faire annoncer par ses anges. »
Ils se dépêchèrent donc d’y aller et ils trouvèrent dans l’étable Joseph et Marie, avec l’enfant Jésus enveloppé dans des langes et couché dans une crèche. En le voyant, ils l’adorèrent, et ils reconnurent la vérité de ce que leur avait dit l’Ange. Et tous ceux auxquels ils le racontèrent, admiraient ce que leur disaient les bergers.
Et Marie conservait le souvenir de ces choses et adorait Jésus dans son cœur.
Au bout de huit jours, il fallut que Joseph fît circoncire l’enfant, auquel il donna le nom de Jésus, comme l’avait commandé l’Ange Gabriel à Marie.

Comtesse de Ségur
Évangile d’une grand’mère
1865
Librairie de L. Hachette et Cie, 1867
pp. 17-20
Chapitre V

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (26)

Adresa Ivan « dědek » Šmíd
Libošovice – Nepřívěc č.p. 9
507 45  Mladějov v Čechách
http://www.smidivan.cz/

Ivan Smíd Jílovice Betlémy Bethléem Artgitato (49)

 

Czech Marionettes Museum – Musée des Marionnettes de Český Krumlov -Pohádkový Dům Muzeum Loutek Český Krumlov – Krumau – Чески-Крумлов Музей кукол – 克鲁姆洛夫木偶博物馆 – チェスキー・クルムロフ人形博物館

TCHEQUIE – Česká republika
République Tchèque
Musée des Marionnettes

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Český Krumlov
Krumau
Чешский Крумлов
捷克洛夫
チェコチェスキークルムロフ

Pohádkový Dům Muzeum Loutek Český Krumlov
Marionette Museum
Czech Marionettes Museum

Musée des Marionnettes
克鲁姆洛夫木偶博物馆
Чески-Крумлов Музей кукол
チェスキー・クルムロフ人形博物館

 

Marionnettes
Marionette
マリオネット
марионеткаMarionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (1) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (2) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (3) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (4) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (5) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (6) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (7) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (8) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (9) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (10) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (11) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (12) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (13) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (14) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (15) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (16) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (17) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (18) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (19) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (20) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (21) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (22) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (23) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (24) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (25) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (26) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (27) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (28) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (29) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (30) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (31) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (32) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (33) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (34) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (35) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (36) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (37) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (38) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (39) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (40) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (41) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (42) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (43) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (44) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (45) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (46) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (47) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (48) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (49) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (50) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (51) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (52) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (53) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (54) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (55) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (56) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (57) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (58) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (59) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (60) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (61) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (62) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (63) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (64) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (65) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (66) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (67) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (68) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (69) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (70) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (71) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (72) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (73) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (74) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (75) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (76) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (77) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (78) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (79) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (80) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (81) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (82) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (83) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (84) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (85) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (86) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (87) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (88) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (89) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (90) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (91) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (92) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (93) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (94) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (95) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (96) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (97) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (98) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (99) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (100) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (101) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (102) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (103) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (104) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (105) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (106) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (107) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (108) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (109) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (110) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (111) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (112) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (113) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (114) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (115) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (116) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (118) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (119) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (120) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (125) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (126) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (127) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (128) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (130) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (131) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (132) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (133) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (134) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (135) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (136) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (137) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (138) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (139) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (140) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (141) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (142) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (144) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (146)  Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (148) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (150) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (151) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (152) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (153) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (154) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (155) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (156) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (158) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (159) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (160) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (161) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (162) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (163) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (164) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (165) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (166) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (167) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (168) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (170) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (171) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (172) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (173) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (175) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (176) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (178) Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes Cesky Krumlov artgitato (180)
木偶

*********

Les Marionnettes en Allemagne
et dans les pays du Nord

 Il ne nous reste plus qu’une dernière traite à parcourir. Nous allons, sans désemparer, traverser l’Allemagne et le Nord, et achever ainsi le tour d’Europe que nous avons entrepris, non pas, on le sait, pour constater, comme ont fait de plus habiles, quelque grande loi cosmogonique, mais seulement pour éclaircir une simple question d’esthétique, et étudier, sous diverses latitudes, un penchant bizarre et frivole, digne pourtant d’être observé, parce qu’il est universel et qu’il tient sa place parmi les instincts profonds de l’humanité. Le champ de cette dernière exploration est bien vaste ; l’Allemagne et les états du Nord renferment, outre deux races distinctes, un grand nombre de centres intellectuels, dont chacun mériterait, à bon droit, une visite à part. Cela est vrai ; mais nous tâcherons de résister aux séductions de la route. Nous ferons comme le voyageur qui aperçoit à l’horizon le terme de sa course : nous presserons un peu la marche, et ne grossirons pas imprudemment notre bagage. Vous avez vu quelquefois, sans doute, se répandre au printemps, à travers les bois et les prairies, des essaims de jeunes botanistes. Quand l’herborisation commence, la troupe alerte et curieuse fait main basse sur les moindres plantes ; elle butine, elle recueille tout ce qui s’offre à elle. Pas un buisson, pas un arbuste, pas un brin d’herbe qui ne l’attire ; mais, quand la journée s’avance, quand la boîte de fer-blanc portée en sautoir est presque remplie, on devient plus difficile ; on choisit, on rejette ; on ne conserve de tant de brillantes dépouilles que des échantillons nouveaux ou des variétés indispensables. Ainsi allons-nous faire : nous n’admettrons dans notre corbeille, déjà suffisamment garnie, que ceux des produits de la flore boréale dont l’absence ferait un vide regrettable dans notre herbier.
… En Pologne, la Szopka, dont nous venons de parler, a été jouée dans les églises jusqu’au milieu du XVIIIe siècle. Une lettre pastorale du prince Czartorisky, évêque de Posen, ordonna seulement, en 1739, aux bernardins, aux capucins et aux franciscains de cette ville de cesser ces représentations dans lesquelles s’étaient introduites des scènes tout-à-fait déplacées dans le lieu saint [31]. C’étaient des danses très vives entre des soldats et des paysannes, des quolibets et des chansons mis dans la bouche d’un charlatan hongrois, des cabrioles exécutées par un hardi cosaque de l’Ukraine polonaise, plus le babil et le joli costume d’un Drociarz, c’est-à-dire d’un de ces jeunes habitans des monts Karpathes qui viennent dans la plaine vendre des chaînes et de petits ouvrages de fils, de laiton ; enfin les fourberies d’un Juif, joaillier, antiquaire, cabaretier ou maquignon, qu’en dépit de ses ruses le diable, qui ne perd jamais pour attendre, finit par emporter en enfer. Le tout se terminait par une quête que faisait une marionnette à barbe blanche, en agitant une sonnette suspendue à une bourse. Expulsée des églises, la Szopka se répandit dans toutes les provinces de l’ancien royaume de Pologne, où elle s’est conservée sans altération. On lui donne dans l’Ukraine le nom de wertep, en Lithuanie celui de jaselka, c’est-à-dire jeu de la crèche. Partout elle est la même, sauf quelques variétés de costumes, qui naturellement diffèrent de province à province. Depuis Noël jusqu’au mardi gras, des joueurs ambulans promènent la Szopka dans les villes et dans les hameaux, désirée par le peuple, fêtée par les enfans, bien accueillie chez les bourgeois et même dans les demeures de la noblesse. Sous le règne d’Auguste III, quelques entrepreneurs fondèrent dans les grandes villes de la Pologne des établissemens fixes où des comédiens de bois représentaient, outre la Sropka et ses accessoires, des pièces empruntées aux grands théâtres. On cite, entre autres, un nommé Zamojsky, propriétaire d’une grande maison dans le faubourg de Praga à Varsovie, dans laquelle il établit un spectacle de ce genre, qui ne comptait pas moins de mille figures. Revenons au XVIe siècle.
Charles Magnin
Histoire générale des marionnettes
Revue des Deux Mondes, Nouvelle période
tome 13, 1852 pp. 993-1035

************

LES MARIONNETTES
DE M. SIGNORET

Les marionnettes de M. Signoret jouent Cervantes et Aristophane, et je compte bien qu’elles joueront aussi Shakespeare, Calderon, Plaute et Molière, les marionnettes anglaises ne jouaient-elles pas la tragédie de Jules César, au temps de la reine Elisabeth ? Et n’est-ce pas en voyant l’histoire véritable du docteur Faust, représentée par des poupées articulées, que Gœthe conçut le grand poème auquel il travailla jusqu’à son dernier jour ? Pensiez-vous donc qu’il fût impossible aux marionnettes d’être éloquentes ou poétiques ?
Si celles de la galerie Vivienne voulaient m’en croire, elles joueraient encore la Tentation de saint Antoine, de Gustave Flaubert, et un abrégé du Mystère d’Orléans que M. Joseph Fabre ne manquerait pas de leur accommoder avec amour. La petite marionnette qui représenterait la Pucelle serait taillée naïvement, comme par un bon imagier du XVe siècle, et de la sorte nos yeux verraient Jeanne d’Arc à peu près comme nos cœurs la voient, quand ils sont pieux. Enfin, puisqu’il est dans la nature de l’homme de désirer sans mesure, je forme un dernier souhait. Je dirai donc que j’ai bien envie que les marionnettes nous représentent un de ces drames de Hroswita dans lesquels les vierges du Seigneur parlent avec tant de simplicité. Hroswita était religieuse en Saxe, au temps d’Othon le Grand. C’était une personne fort savante, d’un esprit à la fois subtil et barbare. Elle s’avisa d’écrire dans son couvent des comédies à l’imitation de Térence, et il se trouva que ces comédies ne ressemblent ni à celles de Térence, ni à aucune comédie. Notre abbesse avait la tête pleine de légendes fleuries.
Elle savait par le menu la conversion de Théophile et la pénitence de Marie, nièce d’Abraham, et elle mettait ces jolies choses en vers latins, avec la candeur d’un petit enfant. C’est là le théâtre qu’il me faut. Celui d’aujourd’hui est trop compliqué pour moi. Si vous voulez me faire plaisir, montrez-moi quelque pièce de Hroswita, celle-là, par exemple, où l’on voit un vénérable ermite qui, déguisé en cavalier élégant, entre dans un mauvais lieu pour en tirer une pécheresse prédestinée au salut éternel. L’esprit souffle où il veut. Pour accomplir son dessein, l’ermite feint d’abord d’éprouver des désirs charnels. Mais, — ô candeur immarcescible de la bonne Hroswita ! — cette scène est d’une chasteté exemplaire. « Femme, dit l’ermite, je voudrais jouir de ton corps.— Ô étranger, il sera, fait selon ton désir et je vais me livrer à toi. » Alors l’ermite la repousse et s’écrie : « Quoi, tu n’as pas honte… » etc.
Voilà comment l’abbesse de Gandersheim s’entendait à conduire une scène. Elle n’avait pas d’esprit. Elle jetait innocente comme un poète, c’est pourquoi je l’aime. Si j’obtiens jamais l’honneur d’être présenté à l’actrice qui tient les grands premiers rôles dans le théâtre des Marionnettes, je me mettrai à ses pieds, je lui baiserai les mains, je toucherai ses genoux et je la supplierai de jouer le rôle de Marie dans la comédie de mon abbesse.— Je dirai : Marie, nièce de saint Abraham, fut ermite et courtisane. Ce sont là de grandes situations qui s’expriment par un petit nombre de gestes. Une belle marionnette comme vous y surpassera les actrices de chair. Vous êtes toute petite, mais vous paraîtrez grande parce que vous êtes simple. Tandis qu’à votre place une actrice vivante semblerait petite. D’ailleurs il n’y a plus que vous aujourd’hui pour exprimer le sentiment religieux. »
Voilà ce que je, lui dirai, et elle sera peut-être persuadée. Une idée véritablement artiste, une pensée élégante et noble, cela doit entrer dans la tête de bois d’une marionnette plus facilement que dans le cerveau d’une actrice à la mode.
En attendant, j’ai vu deux fois les marionnettes de la rue Vivienne et j’y ai pris un grand plaisir. Je leur sais un gré infini de remplacer les acteurs vivants. S’il faut dire toute ma pensée, les acteurs, me gâtent la comédie. J’entends les bons acteurs. Je m’accommoderais encore des autres ! mais ce sont les artistes excellents, comme il s’en trouve à la Comédie-Française, que décidément je ne puis souffrir. Leur talent est trop grand : il couvre tout. Il n’y a qu’eux. Leur personne efface l’œuvre qu’ils représentent. Ils sont considérables. Je voudrais qu’un acteur ne fût considérable que quand il a du génie. Je rêve de chefs-d’œuvre joués à la diable dans des granges par des comédiens nomades. Mais peut-être n’ai-je aucune idée de ce que c’est que le théâtre. Il vaut bien mieux que je laisse à M. Sarcey le soin d’en parler. Je ne veux discourir que de marionnettes. C’est un sujet qui me convient et dans lequel M. Sarcey ne vaudrait rien. Il y mettrait de la raison.
Il y faut un goût vif et même un peu de vénération. La marionnette est auguste : elle sort du sanctuaire. La marionnette ou mariole fut originairement une petite vierge Marie, une pieuse image. Et la rue de Paris, où l’on vendait autrefois ces figurines, s’appelait rue des Mariettes et des Marionnettes : C’est Magnin qui le dit, Magnin le savant historien des marionnettes, et il n’est pas tout à fait impossible qu’il dise vrai, bien que ce ne soit pas la coutume des historiens.
Oui, les marionnettes sont sorties du sanctuaire. Dans la vieille Espagne, dans l’ardente patrie des Madones habillées de belles robes semblables à des abat-jour d’or et de perles, les marionnettes jouaient des mystères et représentaient le drame de la Passion. Elles sont clairement désignées par un article du synode d’Orihuela, qui défend d’user, pour les représentations sacrées, de ces petites figures mobiles : Imajunculis fictilibus, mobili quadam agitatione compositis, quos titeres vulgari sermone appellamus.
Autrefois, à Jérusalem, dans les grandes féeries religieuses, on faisait, danser pieusement des pantins sur le Saint-Sépulcre.
De même, en Grèce et à Rome, les poupées articulées eurent d’abord un rôle dans les cérémonies du culte ; puis elles perdirent leur caractère religieux. Au déclin du théâtre, les Athéniens s’éprirent d’un tel goût pour elles, que les archontes autorisèrent de petits acteurs de bois à paraître sur ce théâtre de Bacchus qui avait retenti des lamentations d’Atossa et des fureurs d’Oreste. Le nom de Pothinos, qui installa ses tréteaux sur l’autel de Dionysos, est venu jusqu’à nous. Dans la Gaule chrétienne, Brioché, Nicolet et Fagotin sont restés fameux comme montreurs de marionnettes.
Mais je ne doute pas que les poupées de M. Signoret ne l’emportent, pour le style et la grâce, sur toutes celles de Nicolet, de Fagotin et de Brioché. Elles sont divines, les poupées de M. Signoret, et dignes de donner une forme aux rêves du poète dont l’âme était, dit Platon, « le sanctuaire des Charites » .
Grâce à elles, nous avons un Aristophane en miniature. Lorsque la toile s’est levée sur un paysage aérien et que nous avons vu les deux demi-cœurs des oiseaux prendre place des deux côtés du tymélé, nous nous sommes fait quelque idée du théâtre de Bacchus. La belle représentation ! Un des deux coryphées des oiseaux, se tournant vers les spectateurs, prononce ces paroles :
« Faibles hommes, semblables à la feuille, vaines créatures pétries de limon et privées d’ailes, malheureux mortels condamnés à une vie éphémère et fugitive, ombres, songes légers… »
C’est la première fois, je pense, que des marionnettes parlent avec cette gravité mélancolique.
Anatole France
La Vie littéraire
Calmann-Lévy, 1921 2e série, pp. 145-150

**************

Heinrich von Kleist
Sur le théâtre de marionnettes

Passant l’hiver de 1801 à M…, j’y rencontrai un soir, dans un jardin public, Monsieur C…, engagé depuis peu comme premier danseur à l’Opéra de la ville, où il connaissait un vif succès auprès du public.
Je lui dis mon étonnement de l’avoir remarqué plusieurs fois déjà au théâtre de marionnettes dressé sur le marché pour divertir la foule par de petits drames burlesques entrecoupés de chants et de danses.
Il m’assura que la pantomime de ces poupées lui donnait beaucoup de plaisir et déclara sans ambages qu’un danseur désireux de perfection pourrait apprendre d’elles toutes sortes de choses.
Comme le propos me semblait, dans le ton, plus qu’une simple boutade, je m’assis près de lui pour mieux connaître les raisons sur lesquelles il pouvait bien fonder une affirmation aussi étrange.
Il me demanda si je n’avais pas en effet trouvé certains
mouvements des poupées, surtout des plus petites, très gracieux dans la danse.
Je ne pus le nier. Téniers n’eût pas peint de façon plus
charmante un groupe de quatre paysans dansant la ronde en vive cadence.
Je m’informai du mécanisme de ces figures et demandai
comment il était possible de commander leurs membres en tous points, comme l’exigeait le rythme des mouvements ou de la danse, sans avoir aux doigts des myriades de fils.
Il répondit qu’il ne fallait pas m’imaginer que chaque membre était avancé et retiré par le machiniste, aux différents moments de la danse.
Chaque mouvement avait un centre de gravité ; il suffisait de commander celui-ci, à l’intérieur de la figure ; les membres, qui n’étaient que des pendules, obéissaient d’eux-mêmes de façon mécanique, sans qu’on y soit pour rien.
Il ajouta que ce mouvement était très simple : chaque fois que le centre de gravité était déplacé en ligne droite, les membres se mettaient à décrire des courbes ; souvent même, agité de manière purement fortuite, le tout adoptait une sorte de mouvement rythmique, qui ressemblait à la danse.
La remarque me parut jeter déjà quelque lumière sur le plaisir qu’il disait trouver au théâtre de marionnettes. Mais j’étais encore loin de soupçonner les conséquences qu’il en tirerait par la suite.
Je lui demandai s’il croyait que le machiniste qui commandait ces poupées devait lui-même être un danseur ou, pour le moins, avoir une idée du beau dans la danse ?
Il répliqua que le fait qu’un métier était aisé sur le plan mécanique n’entraînait pas de soi qu’il puisse être exercé sans la moindre sensibilité.
La ligne que le centre de gravité devait décrire était, à vrai dire, très simple et, croyait-il, dans la plupart des cas toute droite. Lorsqu’elle était courbe, la loi de sa courbure semblait être au moins du premier degré, du second tout au plus ; et, même dans ce dernier cas, seulement elliptique. Cette forme du mouvement, étant toute naturelle pour les extrémités du corps humain (à cause des articulations), n’exigeait donc pas, pour être atteinte, un grand art du machiniste.
D’un autre côté pourtant, cette ligne était profondément mystérieuse. Car elle n’était rien d’autre que le chemin de l’âme du danseur ; et il doutait que le machiniste puisse la découvrir autrement qu’en se plaçant au centre de gravité des marionnettes, c’est-à-dire en dansant.
Je répliquai qu’on m’avait dépeint ce métier comme assez dépourvu d’esprit : un peu comme de tourner la manivelle d’une vielle à roue. — Nullement, répondit-il. Les mouvements des doigts sont au contraire dans un rapport assez subtil à celui des poupées qui y sont attachées, à peu près comme des nombres à leurs logarithmes ou de l’asymptote à l’hyperbole.
Mais il croyait que même ce dernier reste d’esprit pourrait disparaître des marionnettes et que leur danse, passant entièrement au domaine des forces mécaniques, pourrait être obtenue au moyen d’une manivelle, comme je l’avais pensé.
J’exprimai ma surprise de le voir juger digne d’une telle attention cette forme d’art conçue pour le vulgaire. Et que non seulement il la tînt pour susceptible d’un plus haut développement, mais encore semblait s’intéresser lui-même à la chose.
II sourit et dit qu’il osait prétendre que si un mécanicien voulait lui monter une marionnette selon ses vues, il en tirerait une danse que ni lui, ni aucun autre excellent danseur de l’époque, sans exclure Vestris lui-même, ne serait en mesure d’égaler. Avez-vous entendu parler, demanda-t-il, comme je fixais le sol en silence, de ces jambes mécaniques que des artistes anglais fabriquent pour des malheureux qui ont perdu leurs membres ?
Je dis que non : je n’avais jamais rien vu de tel.
— C’est dommage, reprit-il, car si je vous dis que ces malheureux dansent avec, j’ai lieu de craindre que vous ne me croirez pas. — Que dis-je, danser ? Le cercle de leurs mouvements est sans doute limité ; mais ceux qui sont en leur pouvoir s’exécutent avec un calme, une légèreté, une souplesse qui frappent d’étonnement toute âme attentive. Je dis en plaisantant qu’il avait donc trouvé son homme. Car l’artiste en mesure de construire une jambe aussi extraordinaire pourrait sans nul doute lui assembler toute une marionnette selon ses vues.
— Et que comptez-vous donc, demandai-je, comme il fixait le sol à son tour d’un air pensif, exiger de son habileté ?
— Rien, répondit-il, qu’on ne trouve ici déjà : harmonie, mobilité, légèreté — mais tout cela à un plus haut degré ; et surtout une répartition des centres de gravité qui soit plus conforme à la nature.
— Et quel avantage aurait cette poupée sur les danseurs vivants ?
— Quel avantage ? Avant tout, mon cher ami, un avantage négatif : celui d’écarter toute affectation. Car l’affectation apparaît, comme vous savez, lorsque l’âme (vis motrix) se trouve en tout point autre que le centre de gravité du mouvement. Comme le machiniste ne dispose en fait d’aucun autre point que celui-ci sur lequel agir au moyen du fil de fer ou de la ficelle, tous les membres sont, comme ils doivent être, morts, de purs pendules, et obéissent à la seule loi de la pesanteur ; qualité exquise, qu’on chercherait en vain chez la plupart de nos danseurs.
— Voyez donc la P… poursuivit-il, quand elle joue le rôle de Daphné et que, poursuivie par Apollon, elle se retourne vers lui ; son âme se tient dans les vertèbres des reins. Elle fléchit comme si elle allait se briser, à la façon d’une naïade de l’école du Bernin. Voyez le jeune F…, lorsqu’il figure Paris debout entre les trois déesses et tend la pomme à Vénus : son âme se tient exactement (cela fait peur à voir) dans le coude.
— De telles méprises, ajouta-t-il, coupant court, sont inévitables depuis que nous avons mangé du fruit de l’arbre de la connaissance. Mais le Paradis est bien fermé et le Chérubin derrière nous ; il faudrait faire le tour du monde pour voir si, de quelque manière, il ne serait pas de nouveau ouvert par derrière.
Je ris. Évidemment, pensais-je, l’esprit ne saurait se tromper là où il n’en existe pas. Mais je sentais qu’il n’avait pas tout dit et le priai de poursuivre.
— Ces poupées, déclara-t-il, ont de plus l’avantage d’échapper à la pesanteur. Elles ne savent rien de l’inertie de la matière, propriété des plus contraires à la danse : car la force qui les soulève est plus grande que celle qui les retient à la terre. Que ne donnerait notre bonne G… pour peser soixante livres de moins ou pour qu’un contre-poids de cet ordre lui vienne en aide lorsqu’elle exécute ses entrechats et pirouettes ? Les poupées n’ont, comme les Elfes, besoin du sol que pour l’effleurer et ranimer l’élan de leurs membres par cet appui momentané ; nous-mêmes en avons besoin pour y reposer et nous remettre des efforts de la danse : moment qui, manifestement, n’est pas lui-même la danse et dont il n’y a rien d’autre à faire que de l’éliminer autant qu’on peut.
Je dis qu’aussi habilement qu’il conduise son paradoxe, il ne me ferait jamais croire qu’il puisse y avoir plus de souplesse dans un mannequin mécanique que dans la structure du corps humain.
Il reprit qu’il était parfaitement impossible à l’homme d’approcher même en cela le mannequin. Que, sur ce terrain, seul un dieu pourrait se mesurer avec la matière ; et que c’était là le point où les deux extrémités du monde circulaire se raccordaient.
Essai sur le théâtre des marionnettes
Uber das Marionettentheater
Heinrich von KLEIST décembre 1810

 

Český Krumlov – Чешский Крумлов – 捷克洛夫 – チェコチェスキークルムロフ – Krumau

 

 

TCHEQUIE – Česká republika
Český Krumlov
Krumau

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Český Krumlov
Krumau
Чешский Крумлов
捷克洛夫
チェコチェスキークルムロフ

Château
Du Hrad – замок
城 – 城堡
*
Náměstí Svornosti
Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 1

*

Basilique Saint-Guy
Kostel svatého Víta
Витус Базилика Св
聖ヴィトゥス教会
*
Centre Egon Schiele
Egon Schiele Art Centrum
エゴン・シーレ美術館

*

Czech Marionettes Museum
Musée des Marionnettes de Český Krumlov
Pohádkový Dům Muzeum Loutek Český Krumlov 
Krumau – Чески-Крумлов Музей кукол – 克鲁姆洛夫木偶博物馆 – チェスキー・クルムロフ人形博物館
Marionette Museum Czech Marionettes Museum Musée des Marionnettes  Cesky Krumlov artgitato (64)

***************

KRUMAU en 1878
Dans le Dictionnaire Bouillet

KRUMMAU, v. murée des États autrichiens (Bohême), à 20 kil. S. S. O. de Budweiss, sur la Moldau; 5570 hab. Beau château. Maison d’éducation pour les enfants de militaires.

Dictionnaire universel d’histoire et de géographie Bouillet Chassang
Lettre K

Náměstí Svornosti – Český Krumlov – Česká republika

TCHEQUIE – Česká republika

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Český Krumlov
Krumau
Чешский Крумлов
捷克洛夫
チェコチェスキークルムロフ

Náměstí Svornosti
Český Krumlov

Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 13 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 12 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 11 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 10 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 9 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 8 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 7 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 6 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 5 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 4 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 3 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 2 Námestí Svornosti Cesky Krumlov Artgitato 1