Archives par mot-clé : jacky lavauzelle

Jean-Luc Bambara La Protection der schutz – Ladenburg

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

LADENBURG
Altstadt

Jean-Luc Bambara

—-
Sculptures Jean-Luc Bambara

 

né en 1963 in Garango – Burkina Faso

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


La Protection
der Schutz
Jean-Luc Bambara

 

Symbol der Partnershaft Garango-Ladenburg
Symbole du jumelage Garango-Ledenburg
2005

Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (1) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (2) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (3) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (4) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (5) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (6) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (7) Jean-Luc Bambara La Protection der schutz - Ladenburg -artgitato (8)

 

Der Neckar Hölderlin – Le Neckar de Friedrich Hölderlin


LITTERATURE ALLEMANDE
Deutsch Literatur

Friedrich Hölderlin
der neckar hölderlin

1770-1843

 

Traduction Jacky Lavauzelle

——–

die Gedichte
Les Poèmes
Стихи Фридриха Гельдерлина
荷尔德林诗
Friedrich_hoelderlin


Friedrich Hölderlin
Der Neckar
Le Neckar

 

 Der Neckar Hölderlin

In deinen Tälern wachte mein Herz mir auf
Dans tes vallées, mon cœur se réveilla
Zum Leben, deine Wellen umspielten mich,
A la vie, tes vagues jouaient tout autour de moi,
Und all der holden Hügel, die dich
Et toutes ces belles collines, qui,
Wanderer! kennen, ist keiner fremd mir.
Voyageur ! te connaissent, ne m’étaient pas étrangères.

Auf ihren Gipfeln löste des Himmels Luft
Sur les cimes, l’air du ciel
Mir oft der Knechtschaft Schmerzen; und aus dem Tal,
M’a souvent allégé la douleur de la servitude ; et dans la vallée,
Wie Leben aus dem Freudebecher,
Comme la vie dans la coupe de joie,
Glänzte die bläuliche Silberwelle.
Brillait l’onde argentée bleutée.

Der Berge Quellen eilten hinab zu dir,
Les sources des montagnes se précipitèrent vers toi,
Mit ihnen auch mein Herz und du nahmst uns mit,
Avec elles mon cœur et tu nous guidas,
Zum stillerhabnen Rhein, zu seinen
Vers le paisible Rhin , vers ses
Städten hinunter und lustgen Inseln.
Villes en-deçà et ses îles bienheureuses.

Noch dünkt die Welt mir schön, und das Aug entflieht
Pourtant, le monde me semble beau, et mon regard fuit
Verlangend nach den Reizen der Erde mir,
Avec délectation vers les charmes de la terre,
Zum goldenen Paktol, zu Smyrnas
Vers le pactole d’or, à Smyrne
Ufer, zu Ilions Wald. Auch möcht ich
Sur sa côte, vers la forêt d’Ilion. Aussi je voudrais

Bei Sunium oft landen, den stummen Pfad
Débarquer au Cap Sounion souvent, au chemin silencieux
Nach deinen Säulen fragen, Olympion!
Prendre des nouvelles de tes colonnades, Olympiéion !
Noch eh der Sturmwind und das Alter
Avant la tempêtes et avant l’âge
Hin in den Schutt der Athenertempel
Dans les décombres des temples athéniens

Und ihrer Gottesbilder auch dich begräbt,
Et leurs images de Dieu ne t’enterrent, aussi,
Denn lang schon einsam stehst du, o Stolz der Welt,
Toi dressé-là depuis longtemps déjà, ô orgueil du monde,
Die nicht mehr ist. Und o ihr schönen
Qui n’est plus. Et ô vous, belles
Inseln Ioniens! wo die Meerluft
Îles Ioniennes ! où l’air de la mer

Die heißen Ufer kühlt und den Lorbeerwald
Refroidit les chauds rivages et dans la forêt de lauriers
Durchsäuselt, wenn die Sonne den Weinstock wärmt,
Susurre quand le soleil réchauffe la vigne,
Ach! wo ein goldner Herbst dem armen
Ah ! où un automne doré pour les pauvres
Volk in Gesänge die Seufzer wandelt,
Gens convertit en chant le soupir,

Wenn sein Granatbaum reift, wenn aus grüner Nacht
Quand son grenadier arrive à maturité, quand dans la nuit verte
Die Pomeranze blinkt, und der Mastixbaum
L’orange illumine et le lentisque
Von Harze träuft und Pauk und Cymbel
Pleure sa sève et que tambour et cymbale
Zum labyrinthischen Tanze klingen.
Résonnent pour des danses labyrinthiques.

Zu euch, ihr Inseln! bringt mich vielleicht, zu euch
Vers vous, les îles ! m’amènera peut-être à vous
Mein Schutzgott einst; doch weicht mir aus treuem Sinn
Mon dieu tutélaire ; mais fidèle toujours
Auch da mein Neckar nicht mit seinen
Mon Neckar m’accompagnera avec ses
Lieblichen Wiesen und Uferweiden.
Prairies, pâturages et saules riverains.

*************
der neckar hölderlin

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (3)

Le Neckar sous le Pont-Vieux d’Heildeberg

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Der Neckar Hölderlin

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La Poésie païenne en Allemagne au XIXe siècle – Frédéric Hœlderlin
P-A Challemel-Lacour
Revue des Deux Mondes T.69
15 juin 1867

Frédéric Hœlderlin était né dans le Wurtemberg, en 1770, à Lauffen, sur les bords du Neckar. Son père, simple pasteur de campagne, était mort deux ans après sa naissance, laissant une femme et deux enfans sans fortune. Celle-ci s’était remariée, et bientôt après, devenue veuve une seconde fois, elle s’était retirée avec sa mère dans la petite ville champêtre de Nurtingen, où elle dut pourvoir, à force de privations, à l’éducation de quatre enfans mineurs. Cette éducation rustique sous la conduits de deux femmes distinguées par l’élévation des sentimens et par un tour poétique dans l’imagination, exerça sur Hoelderlin une influence décisive ; il y prit quelque chose de la délicatesse féminine…

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der neckar Hölderlin

HEIDELBERG – 海德堡 – ハイデルベルク

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

Bade-Wurtemberg
Baden-Württemberg

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


HEIDELBERG
海德堡
ハイデルベルク

Alte Brücke Heidelberg
Le Pont-Vieux de Heidelberg
旧桥海德堡 
Старый мост Гейдельберг
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (1)

*
Gernot Rumpf 
Heidelberger Brückenaffe
Affe Skulptur – Affe an der alten Brücke
Le Singe du Vieux-Pont 1979
Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (11)

*
Brunnen Adenauerplatz
Rainer Scheithauer
1988 
La Fontaine de la Place Adenauer
Rainer Scheithauer 1988 Brunnen Adenauerplatz Heidelberg La Fontaine de la Place Adenauer Artgitato (6)

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1346
FONDATION DE L’UNIVERSITE DE HEIDELBERG

En Allemagne comme en France, ce sont les facultés qui répandent l’enseignement supérieur et qui confèrent les grades académiques. L’analogie entre les institutions des deux pays s’arrête là. Le fait de la réunion des quatre facultés fondamentales de théologie, de droit, de médecine et de philosophie dans une seule ville constitue une université. On en compte vingt-six dans tout le pays germanique, y compris les cantons suisses allemands et les états slaves qui dépendent de la couronne d’Autriche. Plusieurs des villes d’université sont de simples bourgades qui ont su se faire un nom dans l’histoire de l’esprit humain. Halle, Gœttingue, Tubingue, ont été le centre d’un mouvement scientifique considérable. Beaucoup de ces universités sont très vieilles, et ce n’est pas un des moindres sujets d’étonnement, quand on les étudie, que de voir des institutions sorties du moyen âge jouer encore à notre époque un si grand rôle. Le XIVe siècle a vu fonder les deux universités toujours fréquentées de Heidelberg (1346) et de Prague (1347). Celle de Leipzig date des premières années du XVe siècle (1409). L’organisation, copiée alors sur celle de la Sorbonne, n’a pas beaucoup changé depuis cinq siècles, et c’est encore le même plan qui a servi pour les universités toutes récentes de Berlin (1809) et de Bonn (1818).

George Pouchet
L’Enseignement supérieur des sciences en Allemagne
Revue des Deux Mondes
2e période, tome 83, 1869
pp. 430-449

*
DEFINITION DE HEIDELBERG
DANS LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

HEIDELBERG, (Géog.) ville d’Allemagne, capitale du Bas Palatinat, avec une université fondée au quatorzieme siecle ; on ne sait ni quand, ni par qui cette ville a été bâtie : on sait seulement que ce n’était qu’un bourg en 1225. Le comte palatin Robert l’aggrandit en 1392. L’électeur Robert Maximilien de Bavière la prit, & en enleva la riche bibliotheque qu’il s’avisa de donner au pape. Le château des électeurs est auprès de la ville. Les François la saccagèrent en 1688, malgré sa vaste tonne qui contient deux cents quatre foudres, & toutes les espérances qu’on avoit fondées sur sa prospérité. Il semble que cette ville ait été bâtie sous une malheureuse constellation, car elle fut ruinée dans un même siècle pour avoir été fidèle à l’empereur, & pour lui avoir été contraire, toujours à plaindre de quelque manière que les affaires aient tourné.

Heidelberg est au pied d’une montagne, sur le Necker, à 5 lieues N. E. de Spire, 7 S. E. de Worms, 6 N. E. de Philisbourg, 16 S. de Francfort, 15 S. E. de Mayence, 140 N. O. de Vienne. Long. selon Harris, 27. 36. 15. lat. 49. 36.

Je connais trois savants natifs de Heidelberg, dont les noms sont illustres dans la république des Lettres, Alting, Béger & Junius.

Alting (Jacques) dont vous trouverez l’article dans Bayle, naquit en 1618, & devint professeur en Théologie à Groningue. Il mourut en 1679. Toutes ses œuvres ont été imprimées à Amsterdam en 1687, en 5 volumes in-fol. On y voit un théologien plein d’érudition rabbinique, & toujours attaché dans ses commentaires & dans ses sentiments, au simple texte de l’Ecriture. Il eut un ennemi fort dangereux & fort injuste dans Samuel Desmarets son collegue.

Béger (Laurent) naquit en 1653. Il était fils d’un tanneur ; mais il devint un des plus savants hommes du dix-septieme siecle dans la connaissance des médailles & des antiquités. Ses ouvrages en ce genre, tous curieux, forment 15 ou 16 volumes, soit in-fol. soit in-4°. Le P. Nicéron vous en donnera la liste ; le plus considérable est sa description du cabinet de l’électeur de Brandebourg, intitulée Thes. reg. elect. Brandeburgicus selectus, Colon. March. 1696. 3 vol. in-fol. Il avait publié dans sa jeunesse une apologie de la polygamie, pour plaire à l’électeur palatin (Charles-Louis) dont il étoit bibliothécaire.

Junius (François) s’est fait un nom très-célèbre par ses ouvrages pleins d’érudition. Il passa sa vie en Angleterre, étudiant douze heures par jour, & demeura pendant trente ans avec le comte d’Arondel. Il mourut à Windsord, chez Isaac Vossius son neveu, en 1678, à 89 ans. Il avait une telle passion pour les objets de son goût, qu’ayant appris qu’il y avait en Frise quelques villages où l’ancienne langue des Saxons s’était conservée, il s’y rendit, & y resta deux ans. Il travaillait alors à un grand glossaire en cinq langues, pour découvrir l’origine des langues septentrionales dont il étoit amoureux : cet ouvrage unique en son genre, a été finalement publié à Oxford en 1745, par les soins du savant Anglois Edouard Lyc. On doit encore à Junius la paraphrase gothique des quatre évangélistes, corrigée sur les manuscrits, & enrichie des notes de Thomas Marshall. Son traité de pictura veterum, n’a pas besoin de mes éloges ; je dirai seulement que la bonne édition est de Roterdam, 1694, in-fol. Il a légué beaucoup de manuscrits à l’université d’Oxford. Grævius n’a point dédaigné d’être son biographe. (D. J.)

Jaucourt
L’Encyclopédie Première Edition
Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand
 1766 – Tome 8, p. 97

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Au grand tonneau d’Heidelberg

Monstre des temps homériques,
Dans les nôtres déclassé ;
Polyphème des barriques,
Dont l’œil au ventre placé

Provoque avec assurance
— Avortons d’un siècle obtus ―
Nos tonneaux qui sont en France,
Étroits comme nos vertus !

Foudre géant, qu’à ta forme
On prendrait pour un vaisseau,
Du bon vin cercueil énorme
Dont je possède un morceau.

Je veux, plein d’un effroi vague,
Et m’agenouillant trois fois
— Comme un dévot dans sa bague
Met un fragment de la croix ―

Sur un reposoir gothique,
Dans un coffret de satin,
Enchâsser ton bois mystique,
Tiède aussi d’un sang divin !

Heidelberg !… par tes féeries,
Par tes gnomes familiers,
Par tes noires brasseries
Où chantent tes écoliers,

Par ton château, sous les nues
Debout comme un souvenir,
Au nom des splendeurs connues
Et des gloires à venir,

Puisse au loin, joyeux cratère,
Ton fût, sur tes monts planté,
Envahir toute la terre
Sous un flot de volupté !

Et puisse la paix féconde,
Comme dans un saint anneau,
Un jour enfermer le monde
Au cercle de ton tonneau !…

Louis Bouilhet
Dernières chansons
Michel Lévy Frères
1872 pp. 241-243

Alte Brücke Heidelberg – Le Pont-Vieux de Heidelberg – 旧桥海德堡 – Старый мост Гейдельберг

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

Bade-Wurtemberg
Baden-Württemberg


Alte Brücke HEIDELBERG
海德堡
Старый мост Гейдельберг

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Alte Brücke Heidelberg
Le Pont-Vieux
Le Vieux Pont de Heidelberg
Старый мост Гейдельберг
旧桥海德堡

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (1) Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (2)

Pont en maçonnerie de neuf travées
de 200 m de longueur  Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (3)

Le Neckar – Das Neckar
内卡河
Неккар
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (4)
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (5)

Das Brückentor
Le Pont

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (6) Le blason et les armoiries de Pfalz-Bayern
das Wappen von Pfalz-Bayern

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (7)

4 figures des dieux de la rivière
vier Hauptströme Pfalz-Bayerns
Rhin, le Danube, la Moselle et Neckar
Rhein, Donau, Neckar und Mosel

Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (8)

*****
Karl-Theodor-Denkmal
Mémorial Karl Theodor
10 Dezember 1724 – 16 Februar 1799
Alte Brücke Heidelberg - Le Vieux Pont de Heidelberg Artgitato (9)

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Karl TheodorKarl Theodor
Anna Dorothea Therbusch
1763
Reiss-Engelhorn Musées
Mannheim

Friedrich Rottmann Heidelberg vom Neuenheimer Ufer, um 1800Friedrich Rottmann
Heidelberg vom Neuenheimer Ufer
um 1800

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DEFINITION DU NECKAR
PAR LA PREMIERE ENCYCLOPEDIE

NECKER ou NECKAR, (Géog.) les François disent Nècre ; grande riviere d’Allemagne qui en reçoit plusieurs autres dans son cours : elle a sa source dans la Forêt-noire, & se jette dans le Rhin au-dessous de Manheim.

L’Encyclopédie, 1re éd.
1765
Tome 11, p. 69

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Der Neckar
Le Neckar

In deinen Tälern wachte mein Herz mir auf
Dans tes vallées, mon cœur se réveilla
Zum Leben, deine Wellen umspielten mich,
A la vie, tes vagues jouaient tout autour de moi,
Und all der holden Hügel, die dich
Et toutes ces belles collines, qui,
Wanderer! kennen, ist keiner fremd mir.
Voyageur ! te connaissent, ne m’étaient pas étrangères.

Auf ihren Gipfeln löste des Himmels Luft
Sur les cimes, l’air du ciel
Mir oft der Knechtschaft Schmerzen; und aus dem Tal,
M’a souvent allégé la douleur de la servitude ; et dans la vallée,
Wie Leben aus dem Freudebecher,
Comme la vie dans la coupe de joie,
Glänzte die bläuliche Silberwelle.
Brillait l’onde argentée bleuâtre.

Der Berge Quellen eilten hinab zu dir,
Les sources des montagnes se précipitèrent vers toi,
Mit ihnen auch mein Herz und du nahmst uns mit,
Avec elles mon cœur et tu nous guidas,
Zum stillerhabnen Rhein, zu seinen
Vers le paisible Rhin , vers ses
Städten hinunter und lustgen Inseln.
Villes en-deçà et ses îles bienheureuses.

Noch dünkt die Welt mir schön, und das Aug entflieht
Pourtant, le monde me semble beau, et mon regard fuit
Verlangend nach den Reizen der Erde mir,
Avec délectation vers les charmes de la terre,
Zum goldenen Paktol, zu Smyrnas
Vers le pactole d’or, à Smyrne
Ufer, zu Ilions Wald. Auch möcht ich
Sur sa côte, vers la forêt d’Ilion. Aussi je voudrais

Bei Sunium oft landen, den stummen Pfad
Débarquer au Cap Sounion souvent, au chemin silencieux
Nach deinen Säulen fragen, Olympion!
Prendre des nouvelles de tes colonnades, Olympiéion !
Noch eh der Sturmwind und das Alter
Avant la tempêtes et avant l’âge
Hin in den Schutt der Athenertempel
Dans les décombres des temples athéniens

Und ihrer Gottesbilder auch dich begräbt,
Et leurs images de Dieu ne t’enterrent, aussi,
Denn lang schon einsam stehst du, o Stolz der Welt,
Toi dressé-là depuis longtemps déjà, ô orgueil du monde,
Die nicht mehr ist. Und o ihr schönen
Qui n’est plus. Et ô vous, belles
Inseln Ioniens! wo die Meerluft
Îles Ioniennes ! où l’air de la mer

Die heißen Ufer kühlt und den Lorbeerwald
Refroidit les chauds rivages et dans la forêt de lauriers
Durchsäuselt, wenn die Sonne den Weinstock wärmt,
Susurre quand le soleil réchauffe la vigne,
Ach! wo ein goldner Herbst dem armen
Ah ! où un automne doré pour les pauvres
Volk in Gesänge die Seufzer wandelt,
Gens convertit en chant le soupir,

Wenn sein Granatbaum reift, wenn aus grüner Nacht
Quand son grenadier arrive à maturité, quand dans la nuit verte
Die Pomeranze blinkt, und der Mastixbaum
L’orange illumine et le lentisque
Von Harze träuft und Pauk und Cymbel
Pleure sa sève et que tambour et cymbale
Zum labyrinthischen Tanze klingen.
Résonnent pour des danses labyrinthiques.

Zu euch, ihr Inseln! bringt mich vielleicht, zu euch
Vers vous, les îles ! m’amènera peut-être à vous
Mein Schutzgott einst; doch weicht mir aus treuem Sinn
Mon dieu tutélaire ; mais fidèle toujours
Auch da mein Neckar nicht mit seinen
Mon Neckar m’accompagnera avec ses
Lieblichen Wiesen und Uferweiden.
Prairies, pâturages et saules riverains.

Friedrich Hölderlin
Sämtliche Gedichte
1784-1843

Hans-Michael Kissel – Blätterphantasie – Ladenburg – Feuillage Fantaisie – 2002

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

LADENBURG
Blätterphantasie

—-
Sculptures Allemandes
Deutsch Bildhauer
Hans-Michael Kissel

né en 1942 à Worms
Er wohnt in Ladenburg
Habite à Ladenburg

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Blätterphantasie
Feuillage Fantaisie
Hans-Michael Kissel
2002

Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (1)

« Je n’attends pas de la Nature
Qu’elle ajoute à mon cœur fougueux
Par sa lumière et sa verdure,
Et pourtant le printemps m’émeut :

Ces mille petits paysages
Que forment les arbres légers
Gonflés d’un transparent feuillage
M’arrêtent et me font songer… »

Anna de Noailles
Poème de l’amour
XXIII

Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (2) Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (3)

« Je suis la riante couronne,
Le voile frais et parfumé
Dont le front des bois s’environne
Aux rayons du soleil de mai.

Je suis la verte chevelure
Qui, sur les branchages mouvants,
Se joue, ondoyante parure,
Aux caprices ailés des vents

Avec moins de charme et de grâce
Flottent, sur un cou virginal,
Les longues tresses où s’enlace
La fleur de l’hymen ou du bal

Dans mes roseaux, lyre sonore
Qui s’anime au souffle des airs
Les voix du soir et de l’aurore
S’exhalent en divins concerts

Qu’ils sont enchanteurs les murmures
Que je chuchote à petit bruit,
Alors qu’à travers les ramures
La brise voltige et s’enfuit !… »

Gabriel Monavon
La Muse des familles – 1857
La Chanson du feuillage

Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (4) Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (5) Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (6) Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (7) Hans-Michael Kissel - Blätterphantasie - Ladenburg - Feuillage Fantaisie Artgitato (8)

« La pluie est cette nuit d’été
 En marche à travers le feuillage ;
 On perçoit son léger tapage
 Pointu, dansant et velouté.

— Mon cœur rêve avec fixité,
 Et déborde de ton image !

 J’entends, sur mon balcon étroit,
 Tomber par groupe deux et trois
 De ces belles larmes timides.
— Ainsi rouleraient de mes yeux
 Des perles de cristal humide,
 Si soudain bon, silencieux,
 Dissipant la vive tristesse
 Que me causent l’âme et le corps,
 Tu me livrais avec paresse
 (Car j’accepte tes maladresses,
 Ô toi pour qui tout est effort !)
 Ce baiser par quoi je m’endors… »

Anna de Noailles
Poème de l’amour
XIX

******
Hans-Michael Kissel

Gernot Rumpf – Heidelberger Brückenaffe- Affe Skulptur – Affe an der alten Brücke – Le Singe du Vieux-Pont- Heidelberg – 海德堡 – 1979

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

Heidelberg
海德堡 – ハイデルベルク

Affe Skulptur
Heidelberger Brückenaffe
Alte Brücke – Le Vieux Pont

—-
Sculptures Allemandes
Deutsch Skulpturen
Gernot Rumpf

né le 17 avril 1941 à Kaiserslautern
17 April 1941

 

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Heidelberger Brückenaffe
Affe
Skulptur
Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux Pont
Affe mit Spiegel, Gedicht und zwei Mäusen
Le Singe au miroir, la Poésie et les deux Souris
1979

Gernot Rumpf

Heidelberger Brückenaffe

Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (1) Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (2)

Texte de
Martin Zeiller
Martin Zeiller17 Avril 1589-6 Octobre, 1661
17 avril 1589-6 octobre 1661

Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (4)

« Was thustu
Mich hie angaffen?
 Hastu nicht gesehen
Den alten Affen
 Zu Heydelberg
Sich dich hin unnd her 
 Da findestu wol
Meines gleichen mehr »

Martin Zeiller
Werk Itinerarium Germaniae
1632

Que faites-vous
Ebahis ainsi devant moi ?
N’avez-vous pas vu
Le vieux singe
de Heidelberg
Regardez ici et là
Vous trouverez bien
de fortes ressemblances

Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (5)

La main droite forme avec ses doigts le symbole qui doit combattre le mauvais œil
L’index et l’auriculaire sont tendus
Position appelée le Signe des Cornes ou les Cornes du Diable 

Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (7) Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (8) Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (9)

Zwei kleine Mausfiguren erinnern an das kurfürstliche Kornhaus
Deux petites souris se trouvent à la gauche du chat à l’endroit où se trouvait l’ancienne halle aux grains

Gernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (10)

La tête du singe est creuse
Elle permet a chacun de l’utiliser comme un masque grecque à la LeonidasGernot Rumpf Heidelberger Brückenaffe Affe Skulptur Affe an der alten Brücke Le Singe du Vieux-Pont Heidelberg Artgitato (11)

Heidelberger Brückenaffe

Stefan Milkov – Faunův odpočinek – Le Repos du Faune – 2005 – zámek Mikulov – Château de Mikulov

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
Mikulov

—-
Sculptures Tchèques
Stefan Milkov

né en 1955
narozený v 1955

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

*

 


Faunův odpočinek
Le Repos du Faune
2005

Stefan Milkov
Sculpteur – sochař

zámek Mikulov – 2005
MORAVIE

Stefan Milkov Mikulov Artgitato Mikulov Faunuv odpocinek (1) Stefan Milkov Mikulov Artgitato Mikulov Faunuv odpocinek (2) Stefan Milkov Mikulov Artgitato Mikulov Faunuv odpocinek (4) Stefan Milkov Mikulov Artgitato Mikulov Faunuv odpocinek (5) Stefan Milkov Mikulov Artgitato Mikulov Faunuv odpocinek (6)

******************

L’Après-midi d’un Faune

« De paroles vacante et ce corps alourdi
Tard succombent au fier silence de midi :
Sans plus il faut dormir en l’oubli du blasphème,

Sur le sable altéré gisant et comme j’aime
Ouvrir ma bouche à l’astre efficace des vins ! »

Stéphane Mallarmé
Poésies
Nouvelle Revue française, 1914
8e éd – pp. 71-80
L’Après-midi d’un Faune
Églogue

************

Le satyre

Un satyre habitait l’Olympe, retiré
Dans le grand bois sauvage au pied du mont sacré ;
Il vivait là, chassant, rêvant, parmi les branches ;
Nuit et jour, poursuivant les vagues formes blanches.

Il tenait à l’affût les douze ou quinze sens
Qu’un faune peut braquer sur les plaisirs passants.
Qu’était-ce que ce faune ? On l’ignorait ; et Flore
Ne le connaissait point, ni Vesper, ni l’Aurore
Qui sait tout, surprenant le regard du réveil ;
On avait beau parler à l’églantier vermeil,
Interroger le nid, questionner le souffle,
Personne ne savait le nom de ce maroufle.
Les sorciers dénombraient presque tous les sylvains ;
Les aegipans étant fameux comme les vins,
En voyant la colline on nommait le satyre ;
On connaissait Stulcas, faune de Pallantyre,
Gès, qui, le soir, riait sur le Ménale assis,
Bos, l’aegipan de Crète ; on entendait Chrysis,
Sylvain du Ptyx que l’homme appelle Janicule,
Qui jouait de la flûte au fond du crépuscule ;
Anthrops, faune du Pinde, était cité partout ;
Celui-ci, nulle part ; les uns le disaient loup ;
D’autres le disaient dieu, prétendant s’y connaître ;
Mais, en tout cas, qu’il fût tout ce qu’il pouvait être,
C’était un garnement de dieu fort mal famé.

Victor Hugo
 La Légende des siècles
Première série – VIII
Seizième siècle – Renaissance – Paganisme
Le Satyre – Prologue

Jiří Marek – Sochu Lišky Bystroušky – Statue de la Petite Renarde Rusée – Příhody lišky Bystroušky

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

—-
Sculptures Tchèques
Jiří Marek

16.1.1914 Velké Meziříčí – 16.2.1993 Brno

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Photo Jacky Lavauzelle

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Sochu Lišky Bystroušky
Statue de la Petite Renarde Rusée
1993

Jiří Marek
Sculpteur – sochař



Janáčkovo náměstí

Příhody lišky Bystroušky
La Petite Renarde Rusée
Opéra de Leoš Janáček
1921 et 1923
Création le 6 novembre 1924 à Brno

Leoš Janáček
3 juillet 1854 à Hukvaldy – 12 août 1928 Ostrava
3. července 1854 – 12. srpna 1928
Leoš_Janáček

Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (1) Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (2) Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (3) Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (4) Jiří Marek Sochu Lišky BystrouškyStatue de la Petite Renarde Rusée 1993 Brno Artgitato (5)

 

Marius Kotrba Socha Spravedlnosti La Statue de la Justice – Brno – Moravské náměstí

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

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Sculptures Tchèques
Marius Kotrba

Datum narození: 30.9.1959- Datum úmrtí: 17.5.2011
1959-2011

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Photo Jacky Lavauzelle

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Socha Spravedlnosti
Statue de la Justice

Marius Kotrba
Sculpteur – sochař


27. dubna 1957, Praha
Né le 27 janvier 1957 à Prague

Moravské náměstí

Socha Spravedlnosti statue de la Justice Marius Kotrba culpteur - sochař Brno Artgitato (1) Socha Spravedlnosti statue de la Justice Marius Kotrba culpteur - sochař Brno Artgitato (2) Socha Spravedlnosti statue de la Justice Marius Kotrba culpteur - sochař Brno Artgitato (3)

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LA JUSTICE par VOLTAIRE

JUSTICE

Ce n’est pas d’aujourd’hui que l’on dit que la justice est bien souvent très-injuste : Summum jus, summa injuria, est un des plus anciens proverbes. Il y a plusieurs manières affreuses d’être injuste : par exemple, celle de rouer l’innocent Calas sur des indices équivoques, et de se rendre coupable du sang innocent pour avoir trop cru de vaines présomptions.
Une autre manière d’être injuste est de condamner au dernier supplice un homme qui mériterait tout au plus trois mois de prison : cette espèce d’injustice est celle des tyrans, et surtout des fanatiques, qui deviennent toujours des tyrans dès qu’ils ont la puissance de malfaire.
Nous ne pouvons mieux démontrer cette vérité que par la lettre qu’un célèbre avocat au conseil écrivit, en 1766, à M. le marquis de Beccaria, l’un des plus célèbres professeurs de jurisprudence qui soient en Europe.

Voltaire
Dictionnaire philosophique
1764

Jan Štursa EVE – EVA – 1909 – BRNO – Moravská galerie v Brně

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

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Sculptures Tchèques
Jan Štursa

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Photo Jacky Lavauzelle

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Moravská galerie v Brně
Galerie Morave de Brno

EVE – EVA
Jan Štursa
1880-1925

Jan_Stursa_1915 Jan Štursa 1880-1925 Jihlava 1915

Moravská galerie v Brně

Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (1) Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (2) Jan Stursa Eva Eve Brno 1909 Artgitato (3)

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FIDELI FIDELIS

ÈVE

Jésus parle.

 Ômère ensevelie hors du premier jardin,
Vous n’avez plus connu ce climat de la grâce,
Et la vasque et la source et la haute terrasse,
Et le premier soleil sur le premier matin.

Et les bondissements de la biche et du daim
Nouant et dénouant leur course fraternelle
Et courant et sautant et s’arrêtant soudain
Pour mieux commémorer leur vigueur éternelle,

Et pour bien mesurer leur force originelle
Et pour poser leurs pas sur ces moelleux tapis,
Et ces deux beaux coureurs sur soi-même tapis
Afin de saluer leur lenteur solennelle.Et les ravissements de la jeune gazelle
Laçant et délaçant sa course vagabonde,
Galopant et trottant et suspendant sa ronde
Afin de saluer sa race intemporelle.

Et les dépassements du bouc et du chevreuil
Mêlant et démêlant leur course audacieuse
Et dressés tout à coup sur quelque immense seuil
Afin de saluer la terre spacieuse.

Et tous ces filateurs et toutes ces fileuses
Mêlant et démêlant l’écheveau de leur course,
Et dans le sable d’or des vagues nébuleuses
Sept clous articulés découpaient la Grande Ourse.

Et tous ces inventeurs et toutes ces brodeuses
Du lacis de leurs pas découpaient des dentelles.
Et ces beaux arpenteurs parmi ces ravaudeuses
Dessinaient des glacis devant des citadelles.

Une création naissante et sans mémoire
Tournante et retournante aux courbes d’un même orbe.
Et la faîne et le gland et le coing et la sorbe
Plus juteux sous les dents que la prune et la poire.Vous n’avez plus connu la terre maternelle
Fomentant sur son sein les faciles épis,
Et la race pendue aux innombrables pis
D’une nature chaste ensemble que charnelle.

Vous n’avez plus connu ni la glèbe facile,
Ni le silence et l’ombre et cette lourde grappe,
Ni l’océan des blés et cette lourde nappe,
Et les jours de bonheur se suivant à la file.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine grasse,
Ni l’avoine et le seigle et leurs débordements,
Ni la vigne et la treille et leurs festonnements,
Et les jours de bonheur se suivant à la trace.

Vous n’avez plus connu ce limon qui s’encrasse
À force d’être épais et d’être nourrissant ;
Vous n’avez plus connu le pampre florissant,
Et la race des blés jaillis pour votre race.

Vous n’avez plus connu l’arbre chargé de pommes
Et pliant sous le faix dans la mûre saison ;
Vous n’avez plus connu devant votre maison
Les blés enfants jaillis pour les enfants des hommes.Ce qui depuis ce jour est devenu la fange
N’était encor qu’un lourd et plastique limon ;
Et la Sagesse même et le roi Salomon
N’eût point départagé l’homme d’avecque l’ange.

Ce qui depuis ce jour est devenu la somme
S’obtenait sans total et sans addition ;
Et la Sagesse assise au coteau de Sion
N’eût point dépareillé l’ange d’avecque l’homme.

Vous n’avez plus connu ni cette plaine rase,
Ni le secret ravin aux pentes inclinées,
Ni le mouvant tableau des ombres déclinées.
Ni ces vallons plus pleins que le flanc d’un beau vase.

Vous n’avez plus connu les saisons couronnées
Dansant le même pas devant le même temps ;
Vous n’avez plus connu vers le même printemps
Le long balancement des saisons prosternées.

Vous n’avez plus connu les fleurs nouvelles-nées
Jaillissant des sommets en énormes cascades ;
Vous n’avez plus connu les profondes arcades,
Et du haut des cyprès les ombres décernées.Vous n’avez plus connu les naissantes années
Jaillissant comme un chœur du haut du jeune temps ;
Vous n’avez plus connu vers un jeune printemps
Le chaste enlacement des saisons alternées.

Vous n’avez plus connu les saisons discernées
Par un égal bonheur au creux d’un même temps ;
Vous n’avez plus connu vers un égal printemps
L’égal déroulement des saisons gouvernées.

Vous n’avez plus connu les saisons retournées
Vers un égal bonheur et vers le même temps ;
Vous n’avez plus connu vers le même printemps
Le souple enroulement des saisons détournées.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’une nacelle ;
Et le désistement et le retrait d’épaule
D’une saison périe encor que jouvencelle.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’un beau trois-mâts ;
Et le renoncement, l’effacement d’épaule
De la saison qui meurt au retour des frimas.

Vous n’avez plus connu de l’un à l’autre pôle
La terre balancée ainsi qu’un bâtiment ;
Et le détournement et la blancheur d’épaule
D’une saison qui meurt pour éternellement.

Ce qui depuis ce jour est devenu la boue
Était alors le suc de la féconde terre.
Et nul ne connaissait la peine héréditaire.
Et nul ne connaissait la houlette et la houe.

Ce qui depuis ce jour est devenu la mort
N’était qu’un naturel et tranquille départ.
Le bonheur écrasait l’homme de toute part.
Le jour de s’en aller était comme un beau port.

Charles Péguy
Ève
Cahiers de la Quinzaine
 Quatrième cahier de la Quinzième série, 1914
pp. —-395