Archives par mot-clé : 2006

OTAR CHKHARTISHVILI – ოთარ ჩხარტიშვილი – LE PARCOURS DU COMBATTANT

 

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PEINTURES
ნავთობის ფერწერა
OTAR CHKHARTISHVILI – ოთარ ჩხარტიშვილი

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OTAR CHKHARTISHVILI - ოთარ ჩხარტიშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა - GEORGIE TBILISSI - ნარიყალა

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ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი





OTAR CHKHARTISHVILI
ოთარ ჩხარტიშვილი
5 juillet 1938 Kobuleti – 2006
PEINTRE GEORGIEN
TBILISSI – ნარიყალა


LE PARCOURS DU COMBATTANT

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Otar Chkhartishvili est une figure influente de l’underground géorgien. Ses perceptions artistiques, ses techniques picturales et son utilisation expérimentale de matériaux en font un représentant exceptionnel de l’avant-garde. Il a travaillé dans une variété de formes d’art visuel incroyable : peinture, graphisme, collage, sculpture et peintures de genres : portrait, paysage, nature morte, peinture abstraite.
En 1951, Otar déménage à Makharadze (aujourd’hui Ozurgeti – ville dans l’ouest de la Géorgie)
En 1960, il entre à l’Académie des arts de l’État de Tbilissi
Le 12 avril 1961, avec des camarades étudiants, il organise pour la première fois une exposition et une vente non autorisées dédiées à la Journée des peintres, devant l’opéra de Tbilissi. Les autorités les menacent d’arrestation. Ils sont protégés et soutenus par les artistes géorgiens Lado Gudiashvili et Elene Akhvlediani. Ils sont tous interrogés et avertis de ne pas répéter des actions similaires…
Le réalisme socialiste règne en maître. Toute tendance artistique, à l’exception du réalisme social, était impitoyablement condamnée.
Après avoir obtenu son diplôme de l’Académie des arts de Tbilissi en 1966, il part à Makharadze pour travailler (sans salaire) en tant que décorateur de théâtre au théâtre d’art dramatique local. À partir de 1968, son activité créatrice se trouvait en pleine confrontation avec l’art et la politique officiels, car il ne voulait pas se conformer à la philosophie socialiste concoctée par les communistes. Ainsi, à partir de cette époque jusqu’en 1990, il a été qualifié de personnage antisoviétique.

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LE DERNIER SOUPER
THE LAST SUPPER
1983

Otar Chkhartishvili – Le dernier souper – 1983
Otar Chkhartishvili – Le dernier souper – 1983
Otar Chkhartishvili – Le dernier souper – 1983

  ასამბლაჟი
Assemblage
154×218

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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მუსიკოსები
Musikosebi
LES MUSICIENS
MUSICIANS
1971

ასამბლაჟი
Assemblage
106×82

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

ობიექტი
Obiekti
OBJET
OBJECT
1991

Otar Chkhartishvili – Objet – 1991
Otar Chkhartishvili – Objet – 1991

Bois, plastique et métaux
Wood, plastic and metal details
47x30x28

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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 ციაფერი კომპოზიცია
Tsiaperi Kompozitsia
COMPOSITION BLEUE
LIGHT BLUE COMPOSITION
1975

Otar Chkhartishvili – Composition Bleue – 1975

 

კოლაჟი
Collage
80×60

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

 

***

 

რეპრესირებული ხელოვნება
rep’resirebuli khelovneba
ART REFOULE
REPRESSED ART
1977

Otar Chkhartishvili – Art Refoulé – 1977
Otar Chkhartishvili – Art Refoulé – 1977 – Détail

 ასამბლაჟი
Assemblage
90×53

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

მზე
Mze
LE SOLEIL
THE SUN
2005

Otar Chkhartishvili – Le soleil

 

 ასამბლაჟი
Assemblage
57,5×53

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

სკამი
Skami
CHAISE
CHAIR
2006

Otar Chkhartishvili – La Chaise – 2006

 

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
91×60

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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საქართველო
Sakartvelo
GEORGIE
GEORGIA
1980

Otar Chkhartishvili – Géorgie – Détail
Otar Chkhartishvili – Géorgie

 

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
154×168

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

FEMME SUR FOND DE VILLE
WOMAN AGAINST CITY BACKDROP
1972

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
91×60

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

***

ნუნუკა
NUNUKA
1973

ტილო ზეთი
Tilo, Zeti
Huile sur toile
Oil on canvas
50×41

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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მეუღლია პორტრეტი
PORTRAIT DE FEMME
PORTRAIT OF WIFE
1975

ასამბლაჟი
Assemblage
135×64

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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ველოსიპედი
Velosipedi
BICYCLETTE
BICYCLE
1976

Otar Chkhartishvili – bicyclette
Otar Chkhartishvili – bicyclette

 ასამბლაჟი
Assemblage
84×94

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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კომპოზიცია
Kompozitsia
COMPOSITION
1977

Otar Chkhartishvili – Composition – 1977

კოლაჟი
Collage
100×75

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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ჯვარცმის
Jvartsmis
CRUCIFIXION
1986

Huile sur planche
Oil on Plank
43×37

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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მზე და მთვარე
Mze da Mtvare
LE SOLEIL ET LA LUNE
THE SUN AND THE MOON

კოლაჟი
Collage
60,5×57

ქართული სახვითი ხელოვნების მუზეუმი
Au Musée géorgien des Beaux-arts
Georgian Museum of Fine Arts

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ჩემი ეზო
Chemi Ezo
MA COUR
DIFFERENTES SAISONS
MY YARD
DIFFERENT SEASONS

 

Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour – Vision générale de l’Œuvre
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour
Otar Chkhartishvili – Ma Cour

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სოხუმი
SOKHUMI

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VIDEO

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PEINTURES
ნავთობის ფერწერა
OTAR CHKHARTISHVILI – ოთარ ჩხარტიშვილი

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OTAR CHKHARTISHVILI - ოთარ ჩხარტიშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

Natela IANKOSHVILI - ნათელა იანქოშვილი PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა - GEORGIE TBILISSI - ნარიყალა

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EDOUARD SHANARO – ედუარდ შანარო Eduard Shakhnazarov – L’érotisme en tension

 

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PEINTURES ET SCULPTURES
Eduard Shakhnazarov
EDOUARD SHANARO
ედუარდ შანარო
ედუარდ შახნაზაროვი

EDOUARD SHANARO - Eduard Shakhnazarov - L'érotisme en tension

*

EDOUARD SHANARO - Eduard Shakhnazarov - L'érotisme en tension SCULPTEUR GEORGIEN - PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

 

 

 

 

 

EDOUARD SHANARO - Eduard Shakhnazarov - L'érotisme en tension GEORGIEN - GEORGIE TBILISSI - ნარიყალა

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ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი

SCULPTURE
Скульптура





EDOUARD SHANARO
EDUARD SHAKHNAZAROV
ედუარდ შახნაზაროვი
Eduard Shanaro

Né le 25 janvier 1959


L’EROTISME EN TENSION

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1976
Académie nationale des arts de Tbilissi, département de sculpture
Tbilisi State Art Academy, Sculpture Department
1982
Académie d’Etat des Arts, faculté de sculpture
State Academy of Arts, faculty of sculpture
1986
Membre de l’Union des artistes de l’URSS
Member of the USSR Union of Artists

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Exhibitions

1983
Galerie centrale géorgienne, « Attente », Bronze
Georgian Central Gallery, « Waiting », Bronze
1984
Georgian Central Gallery, Tbilisi, sculpture « A.Rublov », bronze.
1985
Les Enfants
Georgian Central Gallery, Tbilisi, sculpture « Children », bronze, purchased by the Gallery.
1985
La Jeune Famille
La Galerie Centrale de Moscou
USSR Central Gallery, Moscow, sculpture « Young Family », bronze
1985
La Jeune Famille
Georgian Central Gallery, Tbilisi, sculpture « Young Family », bronze.
1986
La Vieille Photo
Georgian Central Gallery, Tbilisi, sculpture « Old Photo », bronze. Purchased by Gallery.
1986
La Vieille Photo
USSR Central Gallery, « Manege » Moscow, sculpture « Old Photo », bronze. Purchased by the Manege.
1986
Portrait de Wrestler
USSR Central Gallery, « Manege », Moscow, sculpture « Portrait of Wrestler », bronze.
1987
MATERNITE
Georgian Central Gallery, Tbilisi, sculpture « Motherhood », bronze.
1997-Geogian Central Gallery « Eroticism ».
1998
La Descente du Christ de la croix
Georgian Central Gallery, Tbilisi, « delivery of Christ from the Cross », bronze
2001
La Fille au violoncelle
Georgian Central Gallery, « Girl with Cello », bronze, granite.
2005-gallery « University » ,Tbilisi,works « Mary »
2006
Exhibition in Greece,Saloniki.
2006
« M » gallery,Georgia – Tbilisi.

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მოდელი
Modeli
MODELE
MODEL
2013

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Edouard Shanaro – Modèle – 2013
Edouard Shanaro – Modèle – 2013
Edouard Shanaro – Modèle – 2013

Laiton argenté et cuivré – marbre
Tarnished silver-plated and copper plated brass – marble
76x38x33

***

გოგონა ქოლგით
Gogona kolgit
LA FILLE AU PARAPLUIE
GIRL WITH AN UMBRELLA
2012

Edouard Shanaro – La Fille au parapluie

Elle avait une beauté spéciale. Ses cheveux semblaient deux masses d’or, mais ils étaient trop abondants et bourrelaient son front bas de deux profondes vagues chargées d’ombre, qui engloutissaient les oreilles et se tordaient en sept tours sur la nuque. Le nez était délicat, avec des narines expressives qui palpitaient quelquefois, au-dessus d’une bouche épaisse et peinte, aux coins arrondis et mouvants. La ligne souple du corps ondulait à chaque pas, et s’animait du balancement des seins libres, ou du roulis des belles hanches, sur qui la taille pliait.
Pierre Louÿs
LE MIROIR, LE PEIGNE ET LE COLLIER
1896

Edouard Shanaro – La Fille au parapluie – Détail

 

Laiton argenté et cuivré – marbre
Tarnished silver-plated and copper plated brass – marble
106x39x43

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L’érotisme, c’est de donner au corps les prestiges de l’esprit.”
« Eroticism is giving the body the prestige of the mind »

Georges Perros – Papiers Collés

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ეროტკომპოზიცია
Erotcompozitsis
COMPOSITION EROTIQUE
EROTIC COMPOSITION
1997

Edouard Shanaro Composition Erotique

ედუარდ შახნააროვი

L’érotisme des esprits superficiels obéit aux conventions de la beauté et de l’esprit.”
« The eroticism of superficial minds obeys the conventions of beauty and spirit »
Robert Desnos

Laiton terni – marbre
Tarnished brass – marble
29x18x35

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ამორძალი
Amordzali
UNE AMAZONE
AN AMAZON
2006

Edouard Shanaro – Une Amazone

  Laiton terni – marbre
Tarnished brass – marble

99x29x67

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LA FILLE A LA CANNE
GIRL WITH A WALKING STICK
2008

Edouard Shanaro – La Fille à la canne
Edouard Shanaro – La Fille à la canne

 Laiton terni, plaqué argent et cuivre – Marbre
Tarnished, silver plated and copper plated brass
Marble
83x30x43

Edouard Shanaro – La Fille à la canne
Edouard Shanaro – La Fille à la canne

L’être qui est, pour la plupart des hommes, la source des plus vives, et même, disons-le à la honte des voluptés philosophiques, des plus durables jouissances ; l’être vers qui ou au profit de qui tendent tous leurs efforts ; cet être terrible et incommunicable comme Dieu (avec cette différence que l’infini ne se communique pas parce qu’il aveuglerait et écraserait le fini, tandis que l’être dont nous parlons n’est peut-être incompréhensible que parce qu’il n’a rien à communiquer) ; cet être en qui Joseph de Maistre voyait un bel animal dont les grâces égayaient et rendaient plus facile le jeu sérieux de la politique ; pour qui et par qui se font et défont les fortunes ; pour qui, mais surtout par qui les artistes et les poëtes composent leurs plus délicats bijoux ; de qui dérivent les plaisirs les plus énervants et les douleurs les plus fécondantes, la femme, en un mot, n’est pas seulement pour l’artiste en général, et pour M. G. en particulier, la femelle de l’homme. C’est plutôt une divinité, un astre, qui préside à toutes les conceptions du cerveau mâle ; c’est un miroitement de toutes les grâces de la nature condensées dans un seul être ; c’est l’objet de l’admiration et de la curiosité la plus vive que le tableau de la vie puisse offrir au contemplateur.
Charles Baudelaire
La femme
Le Peintre de la vie moderne
Editions Calmann Lévy, 1885

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ბრძოლა
Brdzola
BATAILLE
BATTLE
2014

Edouard Shanaro – Bataille

Laiton terni, marbre
Tarnished brass, marble
82x29x53

“L’érotisme, c’est quand l’imagination fait l’amour avec le corps.”
Boundzéki Dongala

Edouard Shanaro – Bataille
Edouard Shanaro – Bataille

 

***

Je t’ai porté cette nouvelle !
Je t’ai tout dit ! je m’y résigne ;
Et tout de même, comme un cygne,
Je mets ma tête sous mon aile…
Anna de Noailles
Poème de l’amour – I

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გედი
Gedi
LE CYGNE
SWAN
1998

Edouard Shanaro – Le cygne

Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le cygne chasse l’onde avec ses larges palmes,
Et glisse. Le duvet de ses flancs est pareil
À des neiges d’avril qui croulent au soleil ;
Mais, ferme et d’un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l’entraîne ainsi qu’un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d’acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Sully Prudhomme
Le Cygne
Poésies, 1866-1872
Editions Alphonse Lemerre
1872

Edouard Shanaro – Le cygne

 

Laiton terni, marbre
Tarnished brass, marble
79x24x22

***

ლოტუსი
Lotusi
LOTUS
лотос
2006

Edouard Shanaro – Lotus

Bronze teinté
тонированная бронза
Brass
35x32x33,5

Sous des voiles chargés d’influx passionnel
Et pareils à la brume où l’aurore va naître,
Flotte un contour étrange et vaguement charnel.
Catulle Mendès
Le Mystère du lotus
1866

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კანკანი
Kankani
CANCAN
CAN-CAN
2014

Edouard Shanaro – Cancan
Edouard Shanaro – Cancan

Deux vieilles disaient tout bas :
Belzébuth prend ses ébats.
Voyez en robe, en manteau,
Gotton servante au château.

C’est par-ci, c’est par-là,
Trala, trala, tralala ;
C’est par-ci, c’est par-là,
C’est le diable en falbala.

Pierre-Jean de Béranger
Air des cancans
Gotton
Œuvres complètes de Béranger, H. Fournier
1839

 

Laiton terni, marbre argenté
Tarnished brass, silver-plated marble
73,5x37x45

***

 “L’érotisme est un pouvoir sexuel sans bornes, illimité, démesuré. Il faut le craindre.”
Marquis de Sade

***

ვნება
Vneba
PASSION
2006

Edouard Shanaro – Passion
Edouard Shanaro – Passion

Laiton terni, marbre
Tarnished brass, marble
78×15,5×15,5

Comprends que je déraisonne,
Que mon cœur, avec effroi,
Dans tout l’espace tâtonne
Sans se plaire en nul endroit…
Je n’ai besoin que de toi
Qui n’as besoin de personne !
Anna de Noailles
Poème de l’amour – II

***

რომანი
Romani
ROMANCE
2009

Edouard Shanaro Romance
Edouard Shanaro Romance

 

Laiton argenté, verre, marbre
Silver plated brass, glass, marbre
84x23x40

— Je perds mon appui et mon aide,
Tant tu me hantes et m’obsèdes
Et me deviens essentiel !
Je ne vois la vie et le ciel
Qu’à travers le vitrail léger
Qu’est ton nuage passager.
— Je souffre, et mon esprit me blâme,
Je hais ce harassant désir !
Car il est naturel à l’âme
De vivre seule et d’en jouir…

Anna de Noailles
Poème de l’amour -V

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დილა
Dila
MATIN
MORNING
2004

 

Edouard Shanaro – Matin
Edouard Shanaro – Matin

Laiton argenté, verre, marbre
Silver plated brass, glass, marbre
83x25x36

*

Edouard Shanaro – Matin – Détail

La robe, nid de soie, à terre est affaissée.
Hier, sous des blancheurs de batiste froissée
La forme en a jailli libre, papillon blanc,
Qui sort de son cocon, l’aile collée au flanc.

À côté, sur leurs hauts talons, sont les bottines
Qui font aux petits pieds ces allures mutines,
Et les bas, faits de fils de la vierge croisés,
Qui prennent sur la peau des chatoiements rosés.

Charles Cros
Matin
Le Coffret de santal

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Voici qu’un peu plus haut le divin gonflement
De la chair semble un marbre où la fève est enclose.
Le genou souple règle à son gré chaque pose
Et conduit l’action du pas ferme & charmant.
C’est la vigueur & c’est l’élan des chasseresses ;
Ou, dans le geste propre aux plastiques paresses,
La détente du grand repos oriental.
Et l’on songe à Diane, au front ceint de lumière,
Parmi ſes nymphes, près des sources de cristal,
La plus svelte, la plus superbe et la première.

Albert Mérat
Le Sonnet de la jambe
L’Idole
Editions Alphonse Lemerre
1869

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L’érotisme est l’une des bases de la connaissance de soi, aussi indispensable que la poésie.” (Anaïs Nin –  Etre une femme et autres essais)

***

შემოდგომა
Shemodgoma
AUTOMNE
AUTUMN
2004

Edouard Shanaro – Automne
Edouard Shanaro – Automne

Laiton argenté, marbre
Silver plated brass, marbre
80x30x20

***

Edouard Shanaro – Automne

L’automne qui descend les collines voilées
Fait, sous ses pas profonds, tressaillir notre cœur ;
Et voici que s’afflige avec plus de ferveur
Le tendre désespoir des roses envolées.

C’est la bonne saison, entre toutes féconde,
D’adorer tes vrais dieux, sans honte, à ta façon,
Et de descendre en toi jusqu’au divin frisson
De te découvrir jeune et vierge comme un monde !

Tout est calme ; le vent pleure au fond du couloir ;
Ton esprit a rompu ses chaînes imbéciles,
Et, nu, penché sur l’eau des heures immobiles,
Se mire au pur cristal de son propre miroir :
Et, près du feu qui meurt, ce sont des Grâces nues,
Des départs de vaisseaux haut voilés dans l’air vif,
L’âpre suc d’un baiser sensuel et pensif,
Et des soleils couchants sur des eaux inconnues…

 Albert Samain
Automne
Le Chariot d’or

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თამაში
Tamashi
UN JEU
A GAME
2004

 

Edouard Shanaro – Le jeu

laiton plaqué argent, marbre, verre
silver-plated brass, marble, glass
78x30x35

***

მასეირნება
LA PROMENADE
WALK
2004

Edouard Shanaro – La Promenade – 2004
Edouard Shanaro – La Promenade – 2004

laiton plaqué argent, marbre
silver-plated brass, marble
78x30x35

***

Mais quand nous rentrions en ville, aux soirs tombants,
Si nous croisions le long des murs percés de grilles
Un long pensionnat de pâles jeunes filles
Portant des chapeaux ronds sans fleurs et sans rubans,

Et si l’une aux yeux clairs avec un fin corsage
Où des seins nouveau-nés suspendaient leurs fardeaux,
Avec des cheveux blonds long-tressés sur le dos,
Si l’une avait souri doucement au passage,

Le rêve était exquis ! et, rentrés au dortoir,
— La mémoire des yeux nous aidant la pensée
C’était quelque lointaine et vague fiancée,
Et nous nous endormions, l’ayant aimée un soir !

Georges Rodenbach
Promenade
La Jeunesse blanche
Eugène Fasquelle – Bibliothèque Charpentier
1913

***

 

 

***

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NIGHT BLUES
2005

Edouard Shanaro – Night Blues

Argent platiné, verre, marbre
Silver plated brass, glass, marble
98x35x33

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PEINTURES ET SCULPTURES
Eduard Shakhnazarov
EDOUARD SHANARO

EDOUARD SHANARO - Eduard Shakhnazarov - L'érotisme en tension

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EDOUARD SHANARO - Eduard Shakhnazarov - L'érotisme en tension SCULPTEUR GEORGIEN - PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა

 

SHALVA MUTUASHVILI – LE VENITIEN DE LA GEORGIE – შალვა მატუაშვილი

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SHALVA MUTUASHVILI
შალვა მატუაშვილი

SHALVA MUTUASHVILI PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

PHOTO JACKY LAVAUZELLE

SHALVA MUTUASHVILI PEINTRE GEORGIEN -TBILISSI - ნარიყალა

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ARTISTE GEORGIEN
ქართველი მხატვარი


SHALVA MATUASHVILI
შალვა მატუაშვილი
Née en 1958

UN VENITIEN EN GEORGIE

SHALVA MATUASHVILI Vénitien de la Géorgie Photo Jacky Lavauzelle


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Etude au lycée de Tsinandali  წინანდალი, à côté de Telavi თელავის, en Kakheti კახეთი à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Tbilissi თბილისი

Quatre ans d’étude à l’école d’art de Telavi

Etudes au Iakob Nikoladze Art College de Tbilissi
იაკობ ნიკოლაძის სახელობის სამხატვრო სასწავლებელი

Académie des arts de Tbilissi
თბილისის სამხატვრო აკადემია




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Nous sommes saisis à la vision des œuvres de Shalva Mutuashvili par sa musicalité. Mais au-delà de la musique, d’une musique impressionniste, d’une musique proche de Debussy, nous pensons à son Prélude à l’après-midi d’un faune, son affinité évidente vient de sa proximité avec la grande peinture vénitienne. Mais Shalva ne copie pas la peinture vénitienne, il la fait sienne. Elle développe un charme évanescent qui nous conduit loin, dans l’espace et dans le temps. Mais regardons le temps vénitien. Comme disait Alfred Capus : « Venise est une ville de passion, c’est une ville pour les lunes de miel ou pour les ruptures ». La peinture de Shalva est vénitienne aussi à ce titre, c’est une peinture des passions les plus ardentes. En fait, à l’origine de la peinture Géorgienne nous retrouvons, peut-être plus qu’ailleurs une synthèse d’éléments disparates venues de régions aux traditions puissamment encrées, mais de régions parcourues, traversées, labourées d’autres traditions turques, arméniennes et russes. Chez Shalva Mutuashvili nous réorientons notre regard sur l’Italie et plus précisément sur Venise. Le point de départ l’évolution de l’Ecole vénitienne, au dernier tiers du XVe siècle, est une époque où se mêlent aussi très fortement des mélanges d’éléments disparates, qu’ils soient byzantins, arabes, gothiques ou classiques. Les formes de Shalva sont fondues dans un décor toujours luxuriant et coloré. Mais toujours dans un fondu. Les formes sont parfois presqu’effacées dans le décor. Taine disait de Venise, les mots suivants : « Au lieu des teintes fortes, nettes, sèches, des terrains solides, c’est un miroitement, un amollissement, un éclat incessant de teintes fondues qui font un second ciel aussi lumineux, mais plus divers, plus changeant, plus riche et plus intense que l’autre, formé de tons superposés dont l’alliance estime harmonie. » La présence des masques comme dans Le Masque de Lait, რძის ნიღაბი, vient renforcer cette impression de nous retrouver dans des scènes d’une masure bourgeoise de la Cité des Loges. Et même si les personnages de Shalva n’ont pas de masques, leurs regards sont tels des sculptures, avec cette couleur dormante des gravures vénitiennes : « Venise a la couleur dormante des gravures. Sous le masque des nuits et sa noire guipure, Deux mains, dans un jardin, ouvrent une clôture. » (Comtesse de Noailles – Nuit Vénitienne – Les Vivants et les Morts, Arthème Fayard et Cie, 1913) Comme dans la grande école vénitienne, il n’y a jamais de vulgarité mais de la distinction et de l’ampleur. Une grande musique sort de chaque peinture et affole la peinture d’à côté par la souplesse des contours des portraits jeunes, imberbes et lisses, la grâce, le triomphe, la joie, les corps dénudés et alanguis.
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We are seized with the vision of the works of Shalva Mutuashvili by its musicality. But beyond the music, an impressionist music, a music like Debussy, we think of his Prelude à l’après-midi d’un Faune, his obvious affinity comes from his proximity to the great Venetian painting .
But Shalva does not copy the Venetian painting, he makes it his own. It develops an evanescent charm that leads us far, in space and time. But let’s look at the Venetian time.
As Alfred Capus said: « Venice is a city of passion, it is a city for honeymoons or breaks. »
The painting of Shalva is also Venetian as such, it is a painting of the most ardent passions.
In fact, at the origin of Georgian painting we find, perhaps more than elsewhere, a synthesis of disparate elements from regions with strong inked traditions, but from regions traversed, plowed by other Turkish traditions, Armenian and Russian. At Shalva Mutuashvili we reorient on Italy and more specifically on Venice. The starting point of the evolution of the Venetian School, in the last third of the fifteenth century, is a time where there is also a strong mixing of disparate elements, whether Byzantine, Arab, Gothic or classical. The shalva shapes are melted in a still lush and colorful decor. But still in a fade. The shapes are sometimes almost erased in the decor. Taine said of Venice, the following words: « Instead of strong shades, sharp, dry, solid grounds, it is a shimmer, a softening, an incessant shine of melted hues that make a second sky as bright, but more diverse more changeable, richer and more intense than the other, formed of superimposed tones whose alliance esteems harmony. »
The presence of the masks as in The Mask of Milk, რძის ნიღაბი, reinforces this impression to find us in scenes of a bourgeois hovel of the City of the Lodges. And even if Shalva’s characters do not have masks, their looks are like sculptures, with this dormant color of Venetian engravings: « Venice has the dormant color of engravings. Under the mask of the nights and its black guipure, Two hands, in a garden, open a fence. (Countess of Noailles – Venetian Night – The Living and the Dead, Arthème Fayard et Cie, 1913) As in the great Venetian school, there is never any vulgarity but distinction and scope. A great music emerges from each painting and makes the next painting different by the suppleness of the contours of the young, beardless and smooth portraits, grace, triumph, joy, the naked and languid bodies.

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ეგვიპტური წითელი
Egvipturi tsiteli
EGYPTIEN ROUGE
EGYPTIAN RED
2017

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
128×107

Shalva Mutuashvili – EGYPTIEN ROUGE
Shalva Mutuashvili – EGYPTIEN ROUGE – Détail

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ტანგო
TANGO
2010

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
99×99

Shalva Matuashvili TANGO
Shalva Matuashvili TANGO Détail

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ჰარემი
Haremi
HAREM
2015-2016

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
158×148




SHALVA MUTUASHVILI – Harem
SHALVA MUTUASHVILI – HAREM – Détail
SHALVA MUTUASHVILI – HAREM – Détail
SHALVA MUTUASHVILI – HAREM – Détail

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რატომღაც
Ratomghats
EN QUELQUE SORTE
SOMEHOW
2008

მუყაო, გუაში
Gouache sur carton
Gouache on cardboard
60×50

SHALVA MUTUASHVILI – EN QUELQUE SORTE

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ხუთი იასპი
Khuti Iaspi

CINQ JASPER
FIVE JASPERS
1999

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
90×70

SHALVA MUTUASHVILI – CINQ JASPER
SHALVA MUTUASHVILI – CINQ JASPER – Détail

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ტრიუმფატირი
Triumpatiri
LE TRIOMPHANT
THE TRIUMPHANT
2017

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
158×188

SHALVA MUTUASHVILI – LE TRIOMPHANT
SHALVA MUTUASHVILI – LE TRIOMPHANT – Détail

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     შიშველი სხეული
Shishveli Skheuli
CORPS NU
NAKED BODY
2016

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
89×125

SHALVA MUTUASHVILI – CORPS NU

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აღტანებული არიადნე
ARIANE
DELIGHTED ARIADNE
2017

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
81×89

SHALVA MUTUASHVILI – ARIANE
SHALVA MUTUASHVILI – ARIANE – Détail

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რძის ნიღაბი
Rdzis Nighabi
MASQUE DE LAIT
MILK MASK
2004

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
65×75

SHALVA MUTUASHVILI – LE MASQUE DE LAIT
SHALVA MUTUASHVILI -LE MASQUE DE LAIT – Détail

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იკებანა
IKEBANA
2006

ტილო, ზეთი
Huile sur toile
Oil on convas
99×99

SHALVA MUTUASHVILI – IKEBANA

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SHALVA MUTUASHVILI
შალვა მატუაშვილი

SHALVA MUTUASHVILI PEINTRE GEORGIEN TBILISSI - ნარიყალა
Géorgie
საქართველო

GEORGIE – DECOUVERTE DE LA GEORGIE – საქართველოს აღმოჩენა

BATU CAVES 黑风洞 பத்துமலை – MALAISIE – MALAYSIA

Pelancongan di Malaysia

Voyage en Malaisie
PHOTOS JACKY LAVAUZELLE
Texte sur la légende de Krishna par Édouard Schuré (1888)
Texte sur la légende de Murugan dans le Mahâbharata par L. Ballin (1899)
Texte sur les singes et Hanuman par Jules Bois (1903)




Kuala Lumpur – 吉隆坡
ETAT : SELANGOR

  BATU CAVES
黑风洞 
பத்துமலை

Escalier de 272 marches
Fête de Thaipusam – Thaippoosam
தைப்பூசம்
Pendant cette fête, Murugan est porté par des fidèles. Murugan est entouré de plume de paon.
La fête se déroule au dixième mois du calendrier hindou (entre la mi-janvier et le début du mois de février)
En 2017 : le 9 février
En 2018 : le 31 janvier
En 2019 : 21 janvier
Des fidèles portent à cette occasion des gros pots de lait et des cadres ornés, les kavadi.
Date de construction du temple
கட்டப்பட்ட நாள்
1891
Murugan
முருகன்
La plus grande statue de Murugan au monde
World’s tallest Murugan statue
Kârttikeya, Kumara ou Skanda
உலகிலேயே உயரமான 140 அடி முருகன் சிலை. Statue dorée de plus de 42 mètres – 140 pieds (=42,672m)
fils de Shiva சிவன்
Coût de construction : 25 millions de ringgit malaisien.
Durée 3 ans

Janvier 2006
Symboles de Murugan : la lance et la plume de paon (மயில்)
La paon – Paranî – lui sert de monture









Le char de Krishna
பத்துமலை கிருஷ்ணா சிலை








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Le Sri Anjaneyar temple
ஸ்ரீ ஆஞ்சநேயர் கோவில்

Le premier temple de l’ensemble sur la gauche dès la sortie du métro

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HANUMAN
அனுமன்

La sortie de métro à gauche et à droite la monumentale statue de Hanuman et Sri Anjenayar Temple au fond.

Lord Hanuman trône devant le Sri Anjaneyar Temple
Le dieu-singe, fils de Pavana, dieu du vent, et de la déesse Anjanâ

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Sri Venkatachalapathi Swami Sannadhi Temple
பத்துமலை நுழைவாயிலில் அமைந்துள்ள தலைக் கோபுரம்

c’est le second temple sur la gauche après celui de Sri Anjaneyar Temple

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Le Temple au sommet de Batu Caves
பத்துமலையின் ஆக உச்சியில் இருக்கும் ஆலயம்
La grotte

Et les 272 marches
272 பேரணிகள் டி பத்துமலை

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Les macaques de Batu Caves
குட்டைவால் குரங்குகளுக்கு

LES SINGES ET HANUMAN LE PREMIER ALLIE DE RAMA
par Jules Bois en 1903

« Les singes sont ici innombrables, et ces souples individus, pareils comme taille à de petits hommes, forment une population originale aux cuisses peintes. Ils marchent dans les rues, affairés comme des marchands, et, quand ils sont malades, la main tendue, le regard implorateur comme des mendiants. Il jouent avec les enfants qui sont plus singes queux ; et que de disputes fraternelles pour un gâteau ou un fruit qu’on se vole ! Généralement c’est la bête qui l’emporte. L’anthropomorphe, avec un cri de triomphe, s’enfuit vers quelque balcon ou se réfugie au sommet d’un arbre voisin. Il y a des singes partout où il y a des hommes, mais il n’y a pas des hommes partout où il y a des singes… Dans les maisons, ils sont encore chez eux, on ne les trouble pas, ce serait un péché de les frapper. Ils sont les incarnations du dieu Hanuman, le premier allié de Rama, qui fut le premier Hindou ; ils sont Hanuman lui-même !« 

Jules Bois
Visions de l’Inde
CHAPITRE VIII
La cité des singes et des tortues
III  Les singes-citoyens.
Société d’Editions Littéraires et Artistiques
1903

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  BATU CAVES
黑风洞
பத்துமலை

L’INITIATION de KRISNA

Les guerriers, les gardes, les serviteurs s’étaient prosternés devant le saint centenaire, qui ressortit, conduit par sa gazelle, sans que personne eût osé le toucher. Mais, à partir de ce jour, Kansa et Nysoumba songèrent aux moyens de faire périr secrètement le roi des anachorètes. Dévaki était morte, et nul, hormis Vasichta, ne savait que Krishna était son fils. Cependant, le bruit de ses exploits avait retenti aux oreilles du roi. Kansa pensa : « J’ai besoin d’un homme fort pour me défendre. Celui qui a tué le grand serpent de Kalayéni n’aura pas peur de l’anachorète. » Ayant pensé cela, Kansa fit dire au patriarche Nanda : « Envoie-moi le jeune héros Krishna pour que j’en fasse le conducteur de mon char et mon premier conseiller. » Nanda fit part à Krishna de l’ordre du roi, et Krishna répondit : « J’irai. » À part lui il pensait : « Le roi de Madoura serait-il celui qui ne change jamais ? Par lui je saurai où est ma mère. »

Kansa, voyant la force, l’adresse et l’intelligence de Krishna, prit plaisir à lui et lui confia la garde de son royaume. Cependant, Nysoumba, en voyant le héros du mont Mérou, tressaillit dans sa chair d’un désir impur, et son esprit subtil trama un projet ténébreux à la lueur d’une pensée criminelle. À l’insu du roi, elle fit appeler le conducteur du char dans son gynécée. Magicienne, elle possédait l’art de se rajeunir momentanément par des philtres puissants. Le fils de Dévaki trouva Nysoumba aux seins d’ébène presque nue sur un lit de pourpre ; des anneaux d’or serraient ses chevilles et ses bras ; un diadème de pierres précieuses étincelait sur sa tête. À ses pieds, une cassolette de cuivre d’où s’échappait un nuage de parfums.

Krishna, dit la fille du roi des serpents, ton front est plus calme que la neige de l’Himavat et ton cœur est comme la pointe de la foudre. Dans ton innocence, tu resplendis au-dessus des rois de la terre. Ici, personne ne t’a reconnu ; tu t’ignores toi-même. Moi seule je sais qui tu es ; les Dévas ont fait de toi le maître des hommes ; moi seule je puis faire de toi le maître du monde. Veux-tu ?

Si c’est Mahadéva qui parle par ta bouche, dit Krishna d’un air grave, tu me diras où est ma mère et où je trouverai le grand vieillard qui m’a parlé sous les cèdres du mont Mérou.

Ta mère ? dit Nysoumba avec un sourire dédaigneux, ce n’est certes pas moi qui te l’apprendrai ; quant à ton vieillard, je ne le connais pas. Insensé ! tu poursuis des songes et tu ne vois pas les trésors de la terre que je t’offre. Il y a des rois qui portent la couronne et qui ne sont pas des rois. Il y a des fils de pâtres qui portent la royauté sur leur front et qui ne connaissent pas leur force. Tu es fort, tu es jeune, tu es beau ; les cœurs sont à toi. Tue le roi dans son sommeil et je mettrai la couronne sur ta tête, et tu seras le maître du monde. Car je t’aime et tu m’es prédestiné. Je le veux, je l’ordonne !

En parlant ainsi, la reine s’était soulevée impérieuse, fascinante, terrible comme un beau serpent. Dressée sur sa couche, elle lança de ses yeux noirs un jet de flamme si sombre dans les yeux limpides de Krishna, qu’il frémit épouvanté. Dans ce regard, l’enfer lui apparut. Il vit le gouffre du temple de Kali, déesse du Désir et de la Mort, et des serpents qui s’y tordaient comme dans une agonie éternelle. Alors, soudainement, les yeux de Krishna parurent comme deux glaives. Ils transpercèrent la reine de part en part, et le héros du mont Mérou s’écria :

Je suis fidèle au roi qui m’a pris pour défenseur ; mais toi, sache que tu mourras !

Nysoumba poussa un cri perçant et roula sur sa couche en mordant la pourpre. Toute sa jeunesse factice s’était évanouie ; elle était redevenue vieille et ridée. Krishna, la laissant à sa colère, sortit.

Persécuté nuit et jour par les paroles de l’anachorète, le roi de Madoura dit à son conducteur de char :

Depuis que l’ennemi a mis le pied dans mon palais, je ne dors plus en paix sur mon trône. Un magicien infernal du nom de Vasichta, qui vit dans une forêt profonde, est venu me jeter sa malédiction. Depuis, je ne respire plus ; le vieillard a empoisonné mes jours. Mais avec toi qui ne crains rien, je ne le crains pas. Viens avec moi dans la forêt maudite. Un espion qui connaît tous les sentiers nous conduira jusqu’à lui. Dès que tu le verras, cours à lui et frappe-le sans qu’il ait pu dire une parole ou te lancer un regard. Quand il sera blessé mortellement, demande-lui où est le fils de ma sœur, Dévaki, et quel est son nom. La paix de mon royaume dépend de ce mystère.

Sois tranquille, répondit Krishna, je n’ai pas eu peur de Kalayéni ni du serpent de Kali. Qui pourrait me faire trembler maintenant ? Si puissant que soit cet homme, je saurai ce qu’il te cache.

Déguisés en chasseurs, le roi et son guide roulaient sur un char aux chevaux fougueux, aux roues rapides. L’espion, qui avait exploré la forêt, se tenait derrière eux. On était au début de la saison des pluies. Les rivières s’enflaient, une végétation de plantes recouvrait les chemins, et la ligne blanche des cigognes se montrait sur le dos des nuées. Lorsqu’ils approchèrent de la forêt sacrée, l’horizon s’assombrit, le soleil se voila, l’atmosphère se remplit d’une brume cuivrée. Du ciel orageux, des nuages pendaient comme des trompes sur la chevelure effarée des bois.

Pourquoi, dit Krishna au roi, le ciel s’est-il obscurci tout à coup et pourquoi la forêt devient-elle si noire ?

Je le vois bien, dit le roi de Madoura, c’est Vasichta le méchant solitaire qui assombrit le ciel et hérisse contre moi la forêt maudite. Mais toi, Krishna, as-tu peur ?

Que le ciel change de visage et la terre de couleur, je n’ai pas peur !

Alors, avance !

Krishna fouetta les chevaux, et le char entra sous l’ombre épaisse des baobabs. Il roula quelque temps d’une vitesse merveilleuse. Mais toujours plus sauvage et plus terrible devenait la forêt. Des éclairs jaillirent ; le tonnerre gronda.

Jamais, dit Krishna, je n’ai vu le ciel si noir, ni les arbres se tordre ainsi. Il est puissant, ton magicien !

Krishna, tueur de serpents, héros du mont Mérou, as-tu peur ?

Que la terre tremble et que le ciel s’effondre, je n’ai pas peur !

Alors, poursuis !

De nouveau, le hardi conducteur fouetta les chevaux et le char reprit sa course. Alors la tempête devint si effroyable que les arbres géants ployèrent. La forêt secouée mugit comme du hurlement de mille démons. La foudre tomba à côté des voyageurs ; un baobab fracassé barra la route ; les chevaux s’arrêtèrent et la terre trembla.

C’est donc un dieu que ton ennemi, dit Krishna, puisque Indra lui-même le protège ?








Nous touchons au but, dit l’espion du roi. Regarde cette allée de verdure. Au bout se trouve une cabane misérable. C’est là qu’habite Vasichta, le grand mouni, nourrissant les oiseaux, redouté des fauves et défendu par une gazelle. Mais pas pour une couronne, je ne ferai un pas de plus.

À ces mots, le roi de Madoura était devenu livide : « Il est là ? Vraiment ? derrière ces arbres ? » Et, se cramponnant à Krishna, il chuchota à voix basse, en tremblant de tous ses membres :

Vasichta ! Vasichta, qui médite ma mort, est là. Il me voit du fond de sa retraite… son œil me poursuit… Délivre-moi de lui !

Oui, par Mahadéva, dit Krishna en descendant du char et en sautant par-dessus le tronc du baobab, je veux voir celui qui te fait trembler ainsi.

Le mouni centenaire Vasichta vivait depuis un an dans cette cabane, cachée au plus profond de la forêt sainte, en attendant la mort. Avant la mort du corps, il était délivré de l’esclavage du corps. Ses yeux étaient éteints, mais il voyait par l’âme. Sa peau percevait à peine le chaud et le froid, mais son esprit vivait dans une unité parfaite avec l’esprit souverain. Il ne voyait plus les choses de ce monde qu’à travers la lumière de Brahma, priant, méditant sans cesse. Un disciple fidèle parti de l’ermitage lui apportait tous les jours les grains de riz dont il vivait. La gazelle qui broutait dans sa main l’avertissait en bramant de l’approche des fauves. Alors il les éloignait en murmurant un mantra et en étendant son bâton de bambou à sept nœuds. Quant aux hommes, quels qu’ils fussent, il les voyait venir par le regard intérieur, à plusieurs lieues de distance.

Krishna, marchant dans l’allée obscure, se trouva tout à coup en face de Vasichta. Le roi des anachorètes était assis, les jambes croisées sur une natte, appuyé contre le poteau de sa cabane, dans une paix profonde. De ses yeux d’aveugle sortait une scintillation intérieure de voyant. Dès que Krishna l’eût aperçu, il reconnut — « le vieillard sublime ! » — Il sentit une commotion de joie ; le respect courba son âme tout entière. Oubliant le roi, son char et son royaume, il plia un genou devant le saint, — et l’adora.

Vasichta semblait le voir. Car son corps appuyé à la cabane se dressa par une légère oscillation ; il étendit les deux bras pour bénir son hôte, et ses lèvres murmurèrent la syllabe sainte : AUM.

Cependant le roi Kansa, n’entendant pas un cri et ne voyant pas revenir son conducteur, se glissa d’un pas furtif dans l’allée et resta pétrifié d’étonnement en apercevant Krishna agenouillé devant le saint anachorète. Celui-ci dirigea sur Kansa ses yeux d’aveugle, et levant son bâton, il dit :

Ô roi de Madoura, tu viens pour me tuer ; salut ! Car tu vas me délivrer de la misère de ce corps. Tu veux savoir où est le fils de ta sœur Dévaki, qui doit te détrôner. Le voici courbé devant moi et devant Mahadéva, et c’est Krishna, ton propre conducteur ! Considère combien tu es insensé et maudit, puisque ton ennemi le plus redoutable est celui-là même que tu as envoyé contre moi pour me tuer. Toi-même tu me l’as amené pour que je lui dise qu’il est l’enfant prédestiné. Tremble ! Tu es perdu, car ton âme infernale va être la proie des démons !

Kansa stupéfié écoutait. Il n’osait regarder le vieillard en face ; blême de rage et voyant Krishna toujours à genoux, il prit son arc, et, le tendant de toute sa force, décocha une flèche contre le fils de Dévaki. Mais le bras avait tremblé, le trait dévia et la flèche alla s’enfoncer dans la poitrine de Vasichta, qui, les bras en croix, semblait l’attendre comme en extase.

Un cri partit, un cri terrible, — non pas de la poitrine du vieillard, mais de celle de Krishna. Il avait entendu la flèche vibrer à son oreille, il l’avait vue dans la chair du saint,.. et il lui semblait qu’elle s’était enfoncée dans son propre cœur, tellement son âme, à ce moment, s’était identifiée avec celle du rishi. Avec cette flèche aiguë, toute la douleur du monde transperça l’âme de Krishna, la déchira jusqu’en ses profondeurs.

Cependant, Vasichta, la flèche dans sa poitrine, sans changer de posture, agitait encore les lèvres. Il murmura :

Fils de Mahadéva, pourquoi pousser ce cri ? Tuer est vain. La flèche ne peut atteindre l’âme, et la victime est le vainqueur de l’assassin. Triomphe, Krishna ; le destin s’accomplit : je retourne à celui qui ne change jamais. Que Brahma reçoive mon âme. Mais toi, son élu, sauveur du monde, debout ! Krishna ! Krishna !

Et Krishna se dressa, la main à son épée ; il voulut se retourner contre le roi. Mais Kansa s’était enfui.

Alors une lueur fendit le ciel noir, et Krishna tomba à terre foudroyé sous une lumière éclatante. Tandis que son corps restait insensible, son âme, unie à celle du vieillard par la puissance de la sympathie, monta dans les espaces. La terre avec ses fleuves, ses mers, ses continents, disparut comme une boule noire, et tous deux s’élevèrent au septième ciel des Dévas, vers le Père des êtres, le soleil des soleils, Mahadéva, l’intelligence divine. Ils plongèrent dans un océan de lumière qui s’ouvrait devant eux. Au centre de la sphère, Krishna vit Dévaki, sa mère radieuse, sa mère glorifiée, qui d’un sourire ineffable lui tendait les bras, l’attirait sur son sein. Des milliers de Dévas venaient s’abreuver dans le rayonnement de la Vierge-Mère comme en un foyer incandescent. Et Krishna se sentit résorbé dans un regard d’amour de Dévaki. Alors, du cœur de la mère radieuse, son être rayonna à travers tous les cieux. Il sentit qu’il était le Fils, l’âme divine de tous les êtres, la Parole de vie, le Verbe créateur. Supérieur à la vie universelle, il la pénétrait cependant par l’essence de la douleur, par le feu de la prière et la félicité d’un divin sacrifice.

Quand Krishna revint à lui, le tonnerre roulait encore dans le ciel, la forêt était sombre et des torrents de pluie tombaient sur la cabane. Une gazelle léchait le sang sur le corps de l’ascète transpercé. « Le vieillard sublime » n’était plus qu’un cadavre. Mais Krishna se leva comme ressuscité. Un abîme le séparait du monde et de ses vaines apparences. Il avait vécu la grande vérité et compris sa mission.

Quant au roi Kansa, plein d’épouvante, il fuyait sur son char chassé par la tempête, et ses chevaux se cabraient comme fouettés par mille démons.








Édouard Schuré
La Légende de Krishna et les Origines du Brahmanisme
Chapitre IV INITIATION
Revue des Deux Mondes
Troisième période
Tome 87
1888

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BATU CAVES

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  BATU CAVES
黑风洞
பத்துமலை

LA VIE DE MURUGAN – KÂRTTTIKEYA
LÉGENDES SARASVATIENNES

Argument : Naissance de Kârtikeya. Il a les Pléiades pour nourrices. Sa puissance, son berceau. Les dieux l’entourent. Leur description. Il prend quatre formes, Brahma l’institue souverain de tous les êtres. Les dieux se disposent à le sacrer.

2450. Janamejaya dit : le plus grand des hommes à la double naissance, tu m’as expliqué le pouvoir de la Sarasvatî, mais il faut que tu me racontes le sacre de Koumâra, ô brahmane ;

2451. Dans quel lieu, dans quel temps et de quelle manière (il s’est fait), et par qui et d’après quelles règles l’adorable maître fut sacré ;

2452. Comment Skanda fit un grand massacre des Daityas. Apprends-moi donc toutes ces choses, car ma curiosité est extrême.

2453. Vaiçampâyana dit : La curiosité que tu éprouves sied à un descendant de Kourou. Mes paroles mêmes, ô Janamejaya, vont te satisfaire.

2454. maître suprême des hommes, je vais te raconter, à toi qui m’écoutes, l’inauguration du pouvoir du magnanime Koumâra.

2455. Le fluide séminal du grand maître (Çiva) tomba jadis dans le feu. L’adorable (Agni), qui dévore tout, ne put consumer ce (fluide) impérissable.

2456. Le brillant porteur des offrandes acquit alors un très grand éclat, mais ne conserva pas (ce) fœtus éclatant.

2457. Par l’ordre de Brahma, il s’unit jadis à la Gangâ, et déposa (en elle) un germe divin, d’un éclat comparable à celui du soleil.

2458. Mais la Gangâ n’ayant pas la patience de porter cet embryon (dans ses flancs), l’abandonna sur le charmant Himalaya, honoré des immortels.

2459. Ce fils du Feu y grandit, remplissant les mondes. Les (six) Krittikâs (Pléiades) virent ce fœtus (brillant) comme le feu,

2460. Magnanime, né du Feu, roi dans Çarastamba. Comme elles désireraient toutes un fils, (chacune d’elles) cria : « il est pour moi. »

2461. L’adorable maître, ayant vu cet amour de ces mères, (les tétant toutes à la fois), buvait par six bouches le lait qu’elles laissaient écouler (de leurs seins).

2462. À la vue du pouvoir de cet enfant, les Pléiades, déesses douées d’une beauté divine, furent extrêmement étonnées.

2463. Le sommet de la montagne où cet adorable (enfant) fut abandonné par la Gangâ, parut tout doré, ô le plus grand des Kourouides.

2464. La terre s’illumina au fur et à mesure que cet enfant grandissait, et toutes les montagnes en devinrent semblables à des mines d’or.

2465. Le très héroïque enfant fut nommé Kârtikeya (enfant des Krittikâs ou Pléiades) ; (il avait) d’abord (été appelé) Gângeya (fils de la Gangâ), et était doué d’une grande force et de grandes facultés,

2466. D’ascétisme, d’héroïsme et d’autorité sur ses sens ô Indra des rois. (Il était) beau à voir, comme la lune et il grandit excessivement.

2467. D’une beauté éclatante, il reposait sur ce doré et divin (sommet) de Çarastamba, loué par les mounis et les Gandharvas.

2468. Par milliers, de charmantes et divines jeunes filles, habiles dans la danse et dans l’art de jouer de divins instruments de musique, dansaient près de lui en le glorifiant.

2469. La rivière Gangâ, le meilleur des fleuves, se tient près du dieu, et la terre qui le supporte a une beauté suprême.

2470. Brihaspati fit en cette occasion les cérémonies, en commençant par celles relatives à la naissance d’un enfant, et le Véda, qui a quatre formes, ayant fait l’añjali, s’approcha de lui.

2471. Le Dhanourveda (la science de l’arc), qui a quatre divisions, le Çastragrâma (réunion des armes), avec le Sangraha (l’enseignement de la manière de ramener les flèches), et le roseau (des traits) seul, se tenaient près de lui .

2472. Le très héroïque (dieu) vit le dieu des dieux, époux d’Ouraâ, avec (cette) fille des montagnes, entouré de plusieurs centaines d’êtres.

2473. Des groupes, très merveilleux à voir, d’êtres déformés, avec des corps déformés, ayant des ornements et des étendards déformés,

2474. Les uns avec des faces de tigre, de lions et d’ours, (les autres) des bouches de monstres marins et de vidâlas (chats), (d’autres) des faces de chats (vrishadamsa), d’éléphants et de chameaux.

2475. Quelques-uns avec des visages de hibou, (ou bien étaient) semblables à des vautours, ou à des chacals. Quelques-uns ressemblaient aux courlis, à l’antilope rankou.

2476. D’autres avaient le corps pareil à celui du çvâvidh, du çalyaka (deux sortes de porc-épic), et du lézard godha, du bélier, de la chèvre, du bœuf.

2477. Quelques-uns ressemblaient à des montagnes et à des nuages, (ou avaient) pour armes des disques et des massues levées. Quelques-uns avaient l’éclat d’épais collyres ; quelques-uns avaient la splendeur de montagnes blanches.

2478. Ô maître des hommes, sept troupes de Mères s’assemblèrent aussi, puis les Viçvedevas, les Sâdhyas, tous les Marouts, les Vasous et les Pères (Pitris).

2479. Les Roudras et les Adityas, les Siddhas, les Serpents, les Dânavas, les Oiseaux, l’adorable Brahma Svayambhou (qui existe par lui-même), avec ses fils et avec Vishnou,

2480. Çakra aussi, s’approchèrent pour voir Acyouta, le meilleur des enfants. Et les plus grands des dieux et des Gandharvas, ayant Nârada à leur tête,

2481. Les Devarshis, les Siddhas (saints) ayant Brihaspati pour conducteur, les Pères du monde, les brahmanes, les dieux des dieux,

2482. Les Yamas et les Dhâmas aussi, (tous) ceux-là se réunirent de toutes parts . Mais le fort enfant, doué d’un grand pouvoir et d’une grande force,

2483, 2484. S’approcha du maître des dieux, qui avait la pique à la main, et portait (l’arc) Pinâka. En le voyant s’approcher, Çiva, Çailapoutrî, la Gangâ, et Pâvaka (le feu), eurent simultanément cette pensée : « Duquel (d’entre nous), cet enfant s’approchera-t-il d’abord, en tenant compte de la dignité (hiérarchique). »

2485. Tous pensaient : « ce sera vers moi. » (Mais) lui, ayant connu cette pensée, (qu’ils avaient tous) quatre,

2486. Recourut à son pouvoir magique, et prit en même temps des corps divers, de sorte qu’en un instant, l’adorable maître offrit quatre formes :

2487. La sienne, et par derrière Çâkha, Viçâkha et Naigameya. L’adorable maître s’étant donc fait quadruple,

2488. Skanda, merveilleux à voir, alla où était Roudra ; puis Viçâkha alla là où était la fille de la meilleure des montagnes,

2489. Et l’adorable Çâkha, qui avait la forme du dieu du vent, alla vers le feu. L’enfant ayant l’éclat du feu (devenu) Naigameya, alla vers la Gangâ.

2490. Ces quatre (personnifications), ayant des corps brillants et des formes semblables, s’approchèrent de ces divinités. C’était comme un prodige.

2491. À la vue de ce grand miracle qui faisait hérisser le poil de (stupeur), les dieux, les Dânavas et les Rakshasas poussèrent un grand cri de : Ah ! Ah !

2492. Alors Roudra, la déesse (Çailapoutrî) et le Feu, avec la Gangâ, s’inclinèrent tous devant Pîtâmaha, maître du monde,

2493. Puis, ô taureau des rois, après s’être inclinés suivant la règle, ils prononcèrent ces paroles, dans le but d’être agréables à Kârtikeya, ô roi :

2494. « Ô adorable maître du monde, tu dois, pour nous être agréable, donner à cet enfant, une souveraineté telle qu’il la désire. »

2495. Alors, cet adorable et sage maître du monde entier, examina dans son esprit ce qu’on lui demandait et dit : « Que (peut-il) obtenir ? »

2496, 2497. Jadis, il avait donné aux diverses classes des magnanimes, toutes les souverainetés des dieux, des Gandharvas, des Rakshasas, des Esprits, des Yakshas, des Oiseaux et des Serpents. Dans sa sagesse, il le jugea digne de la souveraineté (sur eux tous).

2498. Alors, celui qui fait le bonheur de (tous les) dieux, ayant réfléchi un instant, lui confia le poste de généralissime de tous les Êtres, ô Bharatide.

2499. L’ancêtre de tous les êtres lui soumit tous ceux qui sont connus (pour être les) rois de toutes les troupes des dieux.

2500. Puis les dieux, Brahma en tête, réunis dans ce but, ayant pris (avec eux) Koumâra, allèrent, pour le sacrer, vers (l’Himalaya), l’Indra des montagnes,

2501. À Samantapaficaka, vers la salutaire et divine Sarasvatî, la meilleure des rivières, qui descend de l’Himalaya et qui est célébrée dans les trois mondes.

2502. Tous les dieux et les Gandharvas, l’esprit satisfait, s’assirent là sur la rive, salutaire et douée de toutes les qualités, de la Sarasvatî.

Le Mahâbharata
CHAPITRE XLV
LÉGENDES SARASVATIENNES
Traduction par Ballin, L..
Paris E. Leroux, 1899

  BATU CAVES
黑风洞
பத்துமலை

Martín Chirino – el árbol de la Cruz – l’arbre de la Croix – 2006 – CATEDRAL CATHEDRALE DE BURGOS

Martín Chirino
CATEDRAL DE BURGOS

martin-chirino-martin-chirino-el-arbol-de-la-cruz-larbre-de-la-croix-2006-artgitato-1

CATHEDRALE DE BURGOS

BURGOS
布尔戈斯
ブルゴス
Бургос
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Photos Jacky Lavauzelle
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 LA CATHEDRALE  de BURGOS
Cathédrale Sainte-Marie de Burgos
Catedral de Santa María de Burgos
布尔戈斯圣玛丽大教堂
ブルゴス大聖堂の聖マリア
Собор Святой Марии Бургос


 Martín Chirino
El árbol de la Cruz
L’arbre de la Croix
2006

Martín Chirino
Las Palmas de Gran Canaria, 1 de marzo de 1925
Las Palmas (Canaries) 1er mars 1925

Escultor Español
Sculpteur Espagnol

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 el árbol de la Cruz
l’arbre de la Croix
Hierro ferjado
Fer forgé
253 x 248 x 244 cm

Claustro de la Catedral de Burgos
Cloître de la Cathédrale de Burgos

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martin-chirino-martin-chirino-el-arbol-de-la-cruz-larbre-de-la-croix-2006-artgitato-1

« Je n’ai pas tenu sous mes doigts
Une lyre orgueilleuse et rare,
Mais un pauvre instrument barbare
Taillé dans l’arbre de la croix. »

Germain Nouveau
Aphorismes
Poésies d’Humilis et vers inédits
Texte établi par Ernest Delahaye
Albert Messein, 1924
pp. 110-112

martin-chirino-martin-chirino-el-arbol-de-la-cruz-larbre-de-la-croix-2006-artgitato-3

« Vous aussi, campagnards, venez ! avec chaque branche,
Faites des pieux et des fléaux, avec la souche une charrue !
Pourtant élevons d’abord à l’angle des chemins
L’arbre de la croix sur lequel fut attaché Notre-Seigneur. »

Auguste Brizeux
La Harpe d’Armorique
Le Chêne, VII
Œuvres de Auguste Brizeux
Alphonse Lemerre, éditeur, Marie
La Harpe d’Armorique, Sagesse de Bretagne
pp. 211-213

martin-chirino-martin-chirino-el-arbol-de-la-cruz-larbre-de-la-croix-2006-artgitato-4

« Celle-ci resta quelque temps encore debout sur la plate-forme du rocher, le dos appuyé à l’arbre de la croix. Mais ce n’était plus la mer qu’elle regardait. Ses yeux limpides, d’où les larmes coulaient doucement comme une averse printanière, ses yeux couleur de ciel d’avril suivaient à l’horizon la ligne onduleuse des bois. Le soleil venait d’apparaître. Une pluie d’or s’égouttait au loin, ruisselait en lumineuses cascades sur tout le versant, des cimes les plus éloignées aux frondaisons les plus proches. C’était un spectacle magique. »

Anatole Le Braz
Vieilles histoires du pays breton
1893

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Martín Chirino

Kurt Gebauer – Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

TCHEQUIE
Česká republika
捷克共和国
République tchèque
BRNO

—-
Sculptures Tchèques
Kurt Gebauer
Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

 

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Photo Jacky Lavauzelle

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Zelný trh
Marché aux Légumes
Vegetable Market
kapucínské náměstí

Mozart
Mozart au piano
Mozart on a piano
2006-2007
Kurt Gebauer

Divadlo Reduta
Theâtre de Brno

Kurt Gebauer
18. srpna 1941 Hradec nad Moravicí
Né le 18 août 1941 à Hradec nad Moravicí

 

Kurt Gebauer - Mozart - Zelný trh v Brne- Brno Artgitato 2 Kurt Gebauer - Mozart - Zelný trh v Brne- Brno Artgitato

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MOZART & SALIERI
PAR POUCHKINE

 Par une persévérance obstinée, pleine d’efforts, j’atteignis enfin un haut degré dans l’art infini. La gloire vint me sourire. Je trouvai dans le cœur des hommes un écho à mes créations. J’étais heureux ; je jouissais paisiblement de mes travaux, de mes succès, de ma gloire, ainsi que des travaux et des succès de mes amis, de mes compagnons dans l’art éternel. Non, jamais je n’avais connu l’envie, jamais ; ni lorsque Piccini sut enchanter l’oreille des sauvages Parisiens, ni même quand j’entendis les premiers accents de l’Iphigénie. Qui aurait pu dire que le fier Salieri deviendrait un misérable envieux, un serpent foulé aux pieds, qui, dans son abaissement, n’a plus de force que pour mordre la poussière et le sable ? Personne… Et maintenant, c’est moi-même qui le dis, je suis un envieux ; oui, j’envie profondément, cruellement. O ciel ! où donc est ta justice, quand le don sacré, le génie immortel, n’est pas envoyé en récompense de l’amour brûlant, de l’abnégation, du travail, de la patience, des supplications enfin, mais quand il illumine le front d’un viveur insouciant ! O Mozart ! Mozart !… (Entre Mozart.)

je suis choisi pour l’arrêter. Sans cela nous sommes tous perdus, nous les prêtres de la musique, non pas moi seulement avec ma sourde renommée. À quoi peut-il servir que Mozart vive encore, et atteigne des hauteurs nouvelles ? Élèvera-t-il par là notre art ? Non, l’art tombera dès que Mozart aura disparu sans laisser d’héritier. Comme un chérubin, il nous aura apporté quelques chants du paradis, pour, après avoir ému en nous, fils de la poussière, le désir sans ailes, s’envoler de nouveau. Envole-toi donc… plus tôt ce sera, et mieux ce sera…
Voici ce poison, dernier présent de mon Isaure. Il y a dix-huit ans que je le porte constamment sur moi. Et bien souvent, depuis cette époque, la vie m’a paru comme une plaie insupportable ; et bien souvent je me suis assis à la même table avec un ennemi sans défiance. Mais jamais je ne me suis laissé aller aux murmures de la tentation, quoique je ne sois pas un lâche, quoique je ressente profondément toute offense, quoique j’estime peu la vie. J’hésitais toujours. Quand la soif de la mort venait me prendre : mourir, me disais-je ! mais peut-être la vie m’apportera des dons inattendus ; peut-être l’enthousiasme viendra me visiter ; une nuit créatrice et l’inspiration… peut-être un nouveau Haydn fera-t-il quelque chose de grand, et j’en jouirai. Ou bien, quand j’étais assis dans un repas avec un convive détesté : peut-être, me disais-je, trouverai-je un ennemi encore plus mortel ; peut-être une offense viendra fondre sur moi d’une hauteur plus orgueilleuse… En ce cas, tu ne te perdras pas en vain, présent de mon Isaure. Et j’avais raison, j’ai trouvé enfin l’ennemi auquel je ne puis pardonner. Un bien autre que Haydn m’a abreuvé de jouissances ineffables. Il est temps. Dernier legs de l’amour, passe aujourd’hui dans la coupe de l’amitié !

Alexandre Pouchkine
Poèmes dramatiques
Traduction par Ivan Tourgueniev et Louis Viardot.
 Hachette, 1862
1, pp. 180-195
Mozart et Salieri

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Kurt Gebauer – Mozart – Zelný trh v Brně- Brno

BOLLYWOOD MOVIES & SONGS -EVOLUTION 2000-2009

 

 BOLLYWOOD Movies
बॉलीवुड
Songs & Movie
गाने  – फ़िल्म
Les années 2000 : 2000-2009 –

L’EVOLUTION DES CHANSONS INDIENNES DANS LE CINEMA DES ANNEES 2000

2000

Mohabbatein  मोहब्बतें  محبتیں de Aditya Chopra
Avec Amitabh Bachchan, Shahrukh Khan, Aishwarya Rai Bachchan, Uday Chopra, Shamita Shetty, Jugal Hansraj
« Humko Humise Chura Lo » chanté par Lata Mangeshkar et Udit Narayan Jha

Dhadkan धड़कन  دھڑکن de Dharmesh Darshan
Avec Akshay Kumar, Sunil Shetty, Shilpa Shetty, Mahima Chaudhry
« Tum Dil Ki Dhadkan Mein  » chanté par Abhijeet et Alka Yagnik

Badal بادل‎   de Raj Kanwar  राज कंवर (1961 – 2012)
Avec Bobby Deol, Rani Mukerji, Mayuri Kango, Ashutosh Rana, Amrish Puri, Johny Lever, Upasna Singh, Neena Kulkarni
« Na Milo Humse Jyada  » chanté par Sonu NIgam et Kavita Krishnamurthy

 Bichhoo de Guddu Dhanoa
Avec  Bobby Deol, Rani Mukerji, Ashish Vidyarthi, Malaika Arora
« Ekwari Tak Le » chanté par Sunidhi Chauhan et Harry Anand

2001

La Famille Indienne Kabhi Khushi Kabhie Gham कभी खुशी कभी ग़म
de  Karan Johar  करण जौहर
Amitabh Bachchan, Jaya Bachchan, Shahkrukh Khan, Kajol, Hrithik Roshan, Kareena Kapoor
« Bole Chudiyan » chanté par Kavita K. Subramaniam, Alka Yagnik, Amit Kumar, Udit Narayan, Sonu Nigam

Ek Rishtaa de Suneel Darshan
Avec Amitabh Bachchan, Rakhee, Akshay Kumar, Karisma Kapoor, Juhi Chawla, Sunil Shetty
« Dil Laagane Ki Sazaa » chanté par Kumar Sanu et Alka Yagnik

2002

Rishtey de Indra Kumar
Avec Anil Kapoor, Karishma Kapoor, Shilpa Shetty, Jibraan Khan, Amrish Puri, Sharat Saxena
« Apna Bana Na Hai » chanté par Anuradha Paudwal et Udit Narayan

 

2003

Tere Naam तेरे नाम  تیرے نام, de Satish Kaushik सतीश कौशिक
Avec Salman Khan, Bhumika Chawla, Sachin Khedekar, Savita Prabhune, Ravi Kishan, Sarfaraz Khan, Anang Desai
« Tere Naam » chanté par Udit Narayan, Alka Yagnik

 

2004

Mujhse Shaadi Karogi de David Dhawan
Avec Salman Khan, Akshay Kumar, Priyanka Chopra, Amrita Arora, Amrish Puri
« Lal Dupatta  » chanté par Alka Yagnik et Udit Narayan

2005

Chocolate de Vivek Agnihotri
Avec Anil Kapoor, Sunil Shetty, Irrfan Khan, Arshad Warsi, Emraan Hashmi, Sushma Reddy, Tanushree Dutta
« Halka Halka Sa Yeh Nasha  » chanté par Sonu Nigam

2006

The Killer de Hasnain Hyderabadwala et Raksha Mistry
Avec Irrfan Khan, Emraan Hashmi, Priyanka Kothari, Bharti Achrekar, Zakir Hussain, Avtar Gill, Sanjay Batra
« Yaar Piya  » chanté par Sunidhi Chauhan

 2007

Salaam-E-Ishq de Nikhil Advani   نکل آڏواڻي
Avec
Anil Kapoor, Salman Khan, Priyanka Chopra, Juhi Chawla, Anjana Sukhani, Akshaye Khanna
« Salaam-E-Ishq » chanté par Sonu Nigam, Shreya Ghoshal, Kunal Ganjawala

2008

Fanaa फ़ना  فناء  de Kunal Kohli
Avec Amir Khan, Kajol, Tabu, Shiney Ahuja, Lara Dutta, Sanaya Irani, Rishi Kapoor, Kiron Kher
« Mere Haath Mein »  chanté par Sonu Nigam, Sunidhi Chauhan, Kajol et Aamir Khan

 

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2009

Jack and Jill de Lorna Ventura
Avec Shreyas Talpade, Celina Jaitley, Ashish Chowdhury, Vatsal Seth

VOLVER (Almodovar) LA MORT ET SON OMBRE

Pedro ALMODOVAR
 VOLVER  2006
La Mort et son ombre Volver Artgitato
  •    LA MORT &
    SON OMBRE
    AU COMMENCEMENT ETAIT LA FIN 

  • La caméra part en mouvement inverse, de la droite vers la gauche. Elle montre le cimetière, la mort, et le générique se déroule dans l’autre sens. Au commencement était la fin. Au commencement était le désir, el Deseo. Almodovar …Un film de Almodovar…R…E…V…L…O…V. Nous sommes dans un film qu’on rembobine. Ce sont les enfants qui s’occupent des parents ; il est donc normal que la première scène soit celle du lieu de repos éternel. Mais un repos vivant et venteux. Les femmes s’activent sur chaque tombe, aucune n’est oubliée. Le vent s’amuse à remettre les feuilles et les femmes à astiquer le lopin de terre. Chacun son rôle, un jeu de chat et de souris.  «Je m’en occupe, ça me fait du bien », « on s’prend un petit bout de terrain et on l’entretient de son vivant comme une résidence secondaire ». A ce rythme-là, Augustina « ne voit pas passer les heures au cimetière ». C’est normal nous sommes hors du temps. Dehors, les enfants jouent, pas de pleurs ni de larmes. C’est la vie.  Tout peut maintenant commencer.
  • « C’ETAIT PLUS FACILE DE JOUER LEUR JEU QUE DE DIRE LA VERITE »

Il y a ce que l’on voit. Et il y a la vérité. Il faut parfois Revoir, volver, pour savoir que ce que l’on a vu n’était qu’une illusion. Ce que l’ont voit n’est qu’apparence ou jeu. « C’était plus facile de jouer leur jeu que de dire la vérité ». Pour que la vérité soit, il faut aussi du temps, il faut qu’il ait fait son travail, c’est le temps du retour.

C’est ce qu’on ne voit pas qui fait bouger les choses et les êtres. C’est ce qui se cache qui voit vraiment, sans être vu. Les pales des éoliennes tout au long du chemin, tournent avec la puissance de « ce vent d’est qui rend les gens fous ».  Nous ne voyons pas le vent et pourtant elles tournent. Carmen Maura voyant sa fille au restaurant. Voir l’absence et ne pas voir la présence.

Le meurtre du « père » que l’on voit par terre, ensanglanté, ne nous fait ni chaud ni froid. Il y a ce sang qu’il faut éponger, modeste signe de vie de cet homme. Ni sa femme, Raimunda, ni sa « fille », qui vient de le poignarder,  ne sont vraiment désolées. Mais la mort de Tante Paula, qu’elle apprend au téléphone, la touche, « ça sert à rien de pleurer. Elle avait pris ses dispositions. Elle avait choisi son cercueil et réglé les frais d’enterrement ». La mort de la vieille tante malade harponne beaucoup plus fortement que  l’assassinat du père. D’un côté, il y a l’histoire, une vie. De l’autre rien ou pas grand-chose, un poids.

BON SANG, QU’EST-CE QU’ELLE PETAIT !

Et il y a ce que l’on sent et qui ne ment pas : le vélo d’appartement, les pets généreux de la mère, « Quelle odeur de bête!  C’est comme si maman venait de lâcher des caisses à tout va. Vous ne sentez pas. Bon sang, qu’est-ce qu’elle pétait! ».

Les mots ne servent à rien, surtout pas à comprendre. Ils sont faits pour être détournés. Le père n’est pas vraiment le père. Les amoureux morts ne sont pas ceux qu’on croit. La morte n’est pas morte. La fille n’est pas vraiment la fille, elle est aussi sa sœur. Et quand la mère se fait aide-coiffeuse d’origine russe, elle communique avec les mains, « par signes, elle comprend tout ».

Les couleurs en disent tout autant que certains mots. Elles disent les humeurs, les passions, la tristesse, le deuil. Augustina espère en ce dialogue avec l’au-delà. Son appartement est vert : les chaises, le canapé, le pull, les plantes. Il n’y a que l’herbe qu’elle fume qui n’est pas verte. Pénélope Cruz est sur des tons mauve-violet, elle est l’équilibre, la tempérance. Quand Carmen Maura revient du monde des « morts », elle se teint les cheveux blancs cadavériques. Là voilà de retour.

LES MORTS A L’AIDE DES VIVANTS

Les morts reviennent. Ils ne sont pas hostiles. Si la mère revient, c’est pour aider Tante Paula. Quand celle-ci meurt, « c’est quelqu’un ou quelque chose qui m’a prévenue. Elle serait revenue pour veiller sur sa Tante Paula. Quand mon grand-père, après son décès, est apparu à ma grand-mère, c’est qu’il avait une promesse à accomplir…et il a enfin pu retrouver sa paix éternelle et il ne s’est plus manifesté ».

  • LES FEMMES : DE LA VIE JUSQU’APRES LA MORT

Elles donnent la vie, accompagnent les mourants et s’occupent des morts. Elles veillent, « Après ce que j’ai fait à sa mère, c’est normal que je veille sur elle », « J’ai besoin de toi, maman, je me demande comment j’ai fait depuis ces années. » Elles s’engagent. Même au-delà de la mort qui n’arrête rien, surtout pas leur volonté, « même si j’étais morte, je te promets que je serais revenue ». Elles vivent entre avenir et passé. « Je venais du passé où elle-même vivait ». « Revenir, le front fané, les tempes argentées par les neiges du temps, sentir que la vie n’est qu’un souffle, que vingt ans ne sont rien».

Les exceptions : la présentatrice de télévision bien plus vulgaire que la prostituée du quartier. Mais c’est la télé. Elles sont solidaires. Elles s’entraident, habituées par l’absence des hommes. Un simple et timide espoir suffit pour relancer la machine : « et bien que l’oubli, qui tout détruit, ait tué mes vieilles illusions, je garde cachée une timide espérance qui est toute la fortune de mon cœur ». Des petits boulots, des démerdes, des échanges, des conseils. Elles creusent, déménagent entre elles, sans les hommes…

  • LES HOMMES, INCAPABLES D’ASSUMER L’AVENIR

Les hommes, eux vivent au présent. Ils n’existent presque pas. Que par légères touches, pas toujours si légères.  Le chômage n’est pas important quand le foot, le canapé et la bière sont là. Personne ne les regrette. « Il avait fait le malheur des femmes qui l’ont adoré », « Une telle monstruosité pareille sous mon toit. Incapable d’assumer ce qu’il avait fait et incapable d’assumer sa honte ». Incapable aussi de pardonner. Individualistes et égoïstes… Quand ils ne sont pas en train de violer ou de forniquer.

Bien sûr, ça doit rester entre nous, ces histoires.

Jacky Lavauzelle

ACTEURS
Pénélope Cruz : Raimunda
Carmen Maura : Irène, la mère de Raimunda et de SoleBlanca Portillo : Agustina
Lola Dueñas : Sole ou Soledad, la grande soeur de Raimunda
Yohana Cobo : Paula

 

 

SUN-KEN ROCK : LES GRAPHISMES DE L’ÂME

MANGA 漫画
Catégorie Seinen 青年漫画

SUN-KEN ROCK 1
サンケンロック  

(2006)

漫画 Manga

Scénario & Dessin : BOICHI
Traduction et adaptation Arnaud Delage
Bamboo Edition

   LES GRAPHISMES
D
E L’ÂME

Affiche Sun-Ken Rock 1 Boitchi Images BAMBOO Edition 2008 Quatrième Ed

Notre héros japonais, Ken, tombe amoureux de Yumin, une jeune coréenne. Yumin est décidée de retourner dans son pays pour devenir agent de police. Ken fait exactement le chemin inverse du créateur, scénariste et dessinateur, Boitchi, venu de Corée pour s’installer au Japon. Il catapulte immédiatement la narration dans les failles de notre époque. La perte d’une famille à 16 ans, « je n’avais plus rien ».  Les milieux interlopes de Séoul. Les petites frappes locales. La prostitution et les rackets.

SPEAR ! SPEAR !!
Les corps sont alors happés par le sol, souvent les épaules voutées et la tête baissée. Les corps se relèvent par le trait rageur qui tente de s’opposer aux lois de la gravité. Et dans les combats, les corps s’envolent, supranaturels. Après un Spear, « cri poussé par les catcheurs », dans le quartier de Suwon, dans le grand combat du livre I, Chang do-helin s’écrit : « C’est.. .C’est pas possible…personne ne peut sauter aussi haut !! »

ARMANI PLUTÔT QUE VALENTINO
Le premier mot qui permet le mieux de définir le dessin de Boitchi est la puissance, puissance graphique associée à l’énergie narrative. Le dessin déborde du pathos et s’hypertrophie en conséquence, jusqu’à anesthésier ce reste de sensibilité qui reste lové au cœur de Ken. Si bien que l’on pense parfois que le dessin réussit à aliéner le trait de Boitchi. Les cases se heurtent et poussent un autre style devenu en une case évanescent. Le trait est dans l’instantané. Une pensée, une émotion, un style, un dessin, une case. Il y a donc des centaines de Ken et, presque, jamais le même. Le costume, un Valentino, plutôt qu’un Armani, le « nec plus ultra pour le combat », parce que « extrêmement léger…ce qui convient parfaitement à mon style de combat. »

L’ÂME DOMINE LA LIGNE
Le code classique narratif vole en éclat. Les images ne sont pas liées aux personnages, mais à l’histoire, aux sentiments des personnages. Le manga devient donc une lecture de l’âme. Boitchi dispose d’une palette graphique à l’infini. Du dessin schématique enfantin au dessin au graphisme parfaitement photographique. Il nous propose une balade dans l’évolution des styles et des formes toujours en relation avec le ressenti des personnages.

Le manga prend une architecture qui se bâtit avec des formes multiples, n’ayant aucune réserve pour opposer deux dessins au graphisme diamétralement opposé. C’est le langage émotionnel qui parle et qui soumet le graphisme. C’est l’âme qui domine la ligne. La raison des personnages dépasse et submerge la raison esthétique. « La beauté d’un tableau réside, non dans la beauté visuelle, mais dans la beauté du raisonnement qu’il sollicite » (John Ruskin).

NE PAS SE BATTRE SANS RAISON VALABLE
NI DESSINER SANS RAISON VALABLE
Ainsi la ligne est élastique. Nous retrouvons des expressions des dessins animés de Tex Avery, avec des yeux qui sortent, totalement exorbités. Boitchi  s’éloigne aussi vite du réalisme qu’il s’en approche. Boitchi est un idéaliste dans son dessin comme Ken dans sa vie. « Plus question de se battre sans raison valable !…Je ne veux pas d’un type qui attaque ses adversaires en traître… »

Le dessin est donc transparent. Il n’existe que comme prolongation des états d’âme. L’énergie passe directement et facilite une lecture globalisante en évitant la surenchère d’explications. La place est à l’image d’abord, puisque dans l’image il y a tout, ou presque. L’image est comme en apesanteur, libérée de ses accroches que sont les explications inutiles.

PRÊT A TOUT POUR FAIRE UN BON MANGA
C’est l’efficacité et l’imagination qui priment. Comme pour les combats. Il faut faire sa place dans le monde impitoyable des mangas. L’important est de faire mouche. Il faut donc toucher et ne pas esquiver. Il y a de l’urgence dans le dessin de Boitchi, de la fulgurance. Les scènes de combat sont des explosions graphiques. Il faut aller au-devant, au-dedans. Rentrer dans la chair et dans les cranes. Boitchi plonge dans l’histoire avec cette immédiateté et cette proximité. Il semble nous dire comme Proudhon : «Je sais ce que c’est que la misère, j’y ai vécu. » il met ainsi le paquet dès le premier volet de la série. Comme Boitchi photographié à la fin prenant tous les risques au-dessus d’un immeuble appuyé à des tuyaux dans le vide : « Eh oui, je suis prêt à tout pour pouvoir faire un bon manga. » Il rejoint ainsi Lamennais, dans son Esquisse d’une philosophie : « Les artistes doivent descendre au fond des entrailles de la société, recueillir en eux-mêmes la vie qui y palpite…La religion de l’avenir projette ses premières lueurs sur le genre humain en attente et sur ses futures destinées : l’artiste doit en être le prophète. » Boitchi est un des prophètes apocalyptique de notre société.

ETAT = MAFIA
Ainsi sa vision de l’Etat comparée à une mafia. Juste un différentiel dans la taille. La finalité est la même. Le pouvoir et la coercition pour les réfractaires. Le chef mafieux des gundals coréens à Ken, qui souhaite rentrer dans le corps de police coréen : « Gang, Etat, entreprise monopolistique… tout ça, c’est du pareil au même, tu sais. Et la ressemblance est particulièrement frappante quand on compare le fonctionnement d’un gang et d’un Etat. Un Etat possède une sphère d’influence exclusive qui regroupe deux choses : un territoire et une population. Afin qu’aucun élément ne pénètre dans sa sphère, il est prêt à utiliser la force si besoin est. Recourir à la force pour défendre son territoire est la première caractéristique commune entre un gang et un Etat… pour moi, un Etat a tout du parfait gang à ses débuts… »

Comme la vie en complète mutation, le dessin se transforme et mène la barque. Les Ken sont embarqués dans la frénésie de la mafia coréenne. L’histoire va vite sans savoir du dessin ou de l’intrigue qui mène le bal entre subtilité et charge émotionnelle.

 Jacky Lavauzelle