Мой друг, забыты мной следы минувших лет Mon amie, j’ai oublié les traces des années passées И младости моей мятежное теченье. Et le parcours rebelle de ma jeunesse. Не спрашивай меня о том, чего уж нет, Ne me demande rien sur ce qui est déjà parti, Что было мне дано в печаль и в наслажденье, Sur ce qui m’a été donné dans la douleur et le plaisir,…
Соловей мой, соловейко, Mon rossignol, mon petit rossignol Птица малая лесная! Petit oiseau forestier ! У тебя ль, у малой птицы, Tu as, ô petit oiseau, Незаменные три песни, Trois chants immuables, У меня ли, у молодца, Constamment, moi aussi, me préoccupent…
Pierre Mignard, La Rencontre d’Alexandre avec la reine des Amazones (vers 1660), Avignon, musée Calvet.
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Тебя ль я видел, милый друг? Est-ce toi que j’ai vue, tendre amie ? Или неверное то было сновиденье, Ou n’était-ce qu’un faux rêve, Мечтанье смутное, и пламенный недуг Un rêve, une maladie vague et ardente Обманом волновал мое воображенье? Excitée par mon imagination ? В минуты мрачные болезни роковой En quelques minutes, dans cette sombre maladie mortelle, Ты ль, дева нежная, стояла надо мной Toi, douce jeune fille, était-ce toi au-dessus de moi В одежде воина с неловкостью приятной? Portant des vêtements de guerrier avec une charmante maladresse ? Так, видел я тебя; мой тусклый взор узнал Alors, je t’ai vue ; mon regard terne a reconnu Знакомые красы под сей одеждой ратной: Ta beauté familière sous ces vêtements militaires : И слабым шопотом подругу я назвал… Et je t’ai appelée, toi ma tendre amie, dans un faible murmure… Но вновь в уме моем стеснились мрачны грезы, Mais encore une fois dans mon esprit rempli de sombres pensées, Я слабою рукой искал тебя во мгле… D’une main fébrile, je te cherchais dans l’obscurité… И вдруг я чувствую твое дыханье, слезы Et soudain je sens ton souffle, tes larmes И влажный поцелуй на пламенном челе… Et un baiser mouillé sur mon front ardent… Бессмертные! с каким волненьем Immortels ! avec quelle excitation Желанья, жизни огнь по сердцу пробежал! Le désir, la vie, le feu traversaient mon cœur ! Я закипел, затрепетал… J’ai frissonné, j’ai tremblé… И скрылась ты прелестным привиденьем! Et ce beau fantôme s’est évanoui ! Жестокой друг! меня томишь ты упоеньем: Amie cruelle ! tu me tourmentes de ravissement : Приди, меня мертвит любовь! Viens, l’amour me tuera ! В молчаньи благосклонной ночи Dans le silence d’une bonne nuit, Явись, волшебница! пускай увижу вновь Viens, sorcière ! laisse-moi revoir Под грозным кивером твои небесны очи, Sous le formidable shako tes yeux célestes, И плащ, и пояс боевой, Ton manteau et ta ceinture de combat, И бранной обувью украшенные ноги. Et tes pieds que ces bottes réhaussent. Не медли, поспешай, прелестный воин мой, N’hésite pas, dépêche-toi, ma belle guerrière, Приди, я жду тебя. Здоровья дар благой Viens, je t’attends. Le présent de la santé, Мне снова ниспослали боги, Les dieux m’ont renvoyé А с ним и сладкие тревоги Et avec lui les douces alarmes Любви таинственной и шалости младой. De l’amour mystérieux et des jeunes idylles.
Стою печален на кладбище. Debout, je suis triste, là dans le cimetière. Гляжу кругом — обнажено Je regarde tout autour de moi – nue Святое смерти пепелище La cendre de la sainte mort И степью лишь окружено. Seulement cernée par la steppe…
… И деревянные кресты. D’où trônent des mornes croix de bois.
Подруга дней моих суровых, Compagne de mes heures implacables Голубка дряхлая моя! Ma colombe vénérable ! Одна в глуши лесов сосновых Au cœur d’une forêt de pins sylvestres…
… То чудится тебе … Il te semble …
1826
Gabriel Metsu, Vieille Femme méditant, v.1660-1662, Rijksmuseum, Amsterdam
Прощай, письмо любви! прощай: она велела.
Adieu, lettre d’amour ! adieu : elle le veut ainsi. Как долго медлил я! как долго не хотела
J’ai tant attendu ! tout ce temps, ma main Рука предать огню все радости мои!..
Refusait de mettre au feu toute ma joie !…
LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE
Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.
Léon Tolstoï Qu’est-ce que l’art ? Traduction par T. de Wyzewa. Perrin, 1918 pp. i-XII
Le Cavalier de bronze
Vassily Ivanovitch Sourikov Василий Иванович Суриков
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ПРЕДИСЛОВИЕ
AVANT-PROPOS
Происшествие, описанное в сей повести, основано на истине.
L’incident décrit dans cette histoire est basé sur des faits réels. Подробности наводнения заимствованы из тогдашних журналов.
Les détails de l’inondation sont empruntés à des magazines contemporains. Любопытные могут справиться с известием, составленным В. Н. Берхом. Les curieux peuvent se référés aux nouvelles compilées par V.N. Berhe.
ВСТУПЛЕНИЕ
PROLOGUE
На берегу пустынных волн Sur la rive des vagues désolées, Стоял он, дум великих полн, Il était là, dans de si grandes pensées,…
Дени́с Васи́льевич Давы́дов Denis Davydov 1784 Москва Moscou— 1839 русский поэт
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Тебе, певцу, тебе, герою! Toi, le chanteur, toi, le héros! Не удалось мне за тобою
Je n’aurais pas pu te suivre При громе пушечном, в огне
Lorsque au milieu du tonnerre des canons…
LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE
Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.
Léon Tolstoï Qu’est-ce que l’art ? Traduction par T. de Wyzewa. Perrin, 1918 pp. i-XII
Всё в ней гармония, всё диво,
Tout en elle est harmonie, tout est miracle, Всё выше мира и страстей;
Au-dessus de toutes les passions, elle trône ; Она покоится стыдливо
Elle repose timidement… DISPONIBLE SUR AMAZON
…
Перед святыней красоты.
Devant ce sanctuaire de la beauté.
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Портрет гр. Елены Михайловны Завадовской
Portrait de Elena Mikhailovna Zavadovskaya
1807—1874
LES JUGEMENTS DE Tolstoï
SUR LES POEMES DE POUCHKINE
Ayons donc pleine confiance dans le jugement du comte Tolstoï sur les poèmes de Pouchkine, son compatriote ! Croyons-le, encore, quand il nous parle d’écrivains allemands, anglais, et scandinaves : il a les mêmes droits que nous à se tromper sur eux. Mais ne nous trompons pas avec lui sur des œuvres françaises dont le vrai sens, forcément, lui échappe, comme il échappera toujours à quiconque n’a pas, dès l’enfance, l’habitude de penser et de sentir en français ! Je ne connais rien de plus ridicule que l’admiration des jeunes esthètes anglais ou allemands pour tel poète français. Verlaine, par exemple, ou Villiers de l’Isle-Adam. Ces poètes ne peuvent être compris qu’en France, et ceux qui les admirent à l’étranger les admirent sans pouvoir les comprendre. Mais il ne résulte pas de là, comme le croit le comte Tolstoï, qu’ils soient absolument incompréhensibles. Ils ne le sont que pour lui, comme pour nous Lermontof et Pouchkine. Ce sont des artistes : la valeur artistique de leurs œuvres résulte de l’harmonie de la forme et du fond : et si lettré que soit un lecteur russe, si parfaite que soit sa connaissance de la langue française, la forme de cette langue lui échappe toujours.
Léon Tolstoï Qu’est-ce que l’art ? Traduction par T. de Wyzewa. Perrin, 1918 pp. i-XII