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Puerta del Perdón – La Porte du Pardon – Fachada principal de la Catedral de Burgos Façade Principale CATHEDRALE DE BURGOS – fachada occidental

Puerta del Perdón
Porte du Pardon
Façe Principale
Fachada principal de la Catedral de Burgos
CATHEDRALE DE BURGOS

BURGOS
布尔戈斯
ブルゴス
Бургос
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Photos Jacky Lavauzelle
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Puerta del Perdón
LA CATHEDRALE  de BURGOS
Cathédrale Sainte-Marie de Burgos
Catedral de Santa María de Burgos
布尔戈斯圣玛丽大教堂
ブルゴス大聖堂の聖マリア
Собор Святой Марии Бургос



Puerta del Perdón
LA FACE PRINCIPALE DE LA CATHEDRALE  de BURGOS
fachada occidental
Porte occidentale
La Porte du Pardon
Fachada principal de la Catedral de Burgos

 

« Burgos a sa cathédrale, qui est une des plus belles du monde »
Théophile Gautier

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« Le principal portail donne sur une place au milieu de laquelle s’élève une jolie fontaine surmontée d’un délicieux christ en marbre blanc, point de mire de tous les polissons de la ville, qui n’ont pas de plus doux passe-temps que de jeter des pierres contre les sculptures. »
Théophile Gautier

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« Deux flèches aiguës tailladées en scie, découpées à jour comme à l’emporte-pièce, festonnées et brodées, ciselées jusque dans les moindres détails, comme un chaton de bague, s’élancent vers Dieu avec toute l’ardeur de la foi et tout l’emportement d’une conviction inébranlable. Ce ne sont pas nos campaniles incrédules qui oseraient se risquer dans le ciel, n’ayant pour se soutenir que des dentelles de pierre et des nervures minces comme des fils d’araignée. « 
Théophile Gautier

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LA CATHEDRALE DE BURGOS
VUE PAR THEOPHILE GAUTIER
EN 1859

Mais Burgos a sa cathédrale, qui est une des plus belles du monde ; malheureusement, comme toutes les cathédrales gothiques, elle est enchâssée dans une foule de constructions ignobles, qui ne permettent pas d’en apprécier l’ensemble et d’en saisir la masse. Le principal portail donne sur une place au milieu de laquelle s’élève une jolie fontaine surmontée d’un délicieux christ en marbre blanc, point de mire de tous les polissons de la ville, qui n’ont pas de plus doux passe-temps que de jeter des pierres contre les sculptures. Ce portail qui est magnifique, brodé, fouillé et fleuri comme une dentelle, a été malheureusement gratté et raboté jusqu’à la première frise par je ne sais quels prélats italiens, grands amateurs d’architecture simple, de murailles sobres et d’ornements de bon goût, qui voulaient arranger la cathédrale à la romaine, ayant grand-pitié de ces pauvres architectes barbares qui pratiquaient peu l’ordre corinthien, et n’avaient pas l’air de se douter des agréments de l’attique et du fronton triangulaire. Beaucoup de gens sont encore de cet avis en Espagne, où le goût messidor fleurit dans toute sa pureté, et préfèrent aux églises gothiques les plus épanouies et les plus richement ciselées toutes sortes d’abominables édifices percés de beaucoup de fenêtres, et ornés de colonnes pestumniennes, absolument comme en France, avant que l’école romantique eût remis le Moyen Age en honneur, et fait comprendre le sens et la beauté des cathédrales. Deux flèches aiguës tailladées en scie, découpées à jour comme à l’emporte-pièce, festonnées et brodées, ciselées jusque dans les moindres détails, comme un chaton de bague, s’élancent vers Dieu avec toute l’ardeur de la foi et tout l’emportement d’une conviction inébranlable. Ce ne sont pas nos campaniles incrédules qui oseraient se risquer dans le ciel, n’ayant pour se soutenir que des dentelles de pierre et des nervures minces comme des fils d’araignée. Une autre tour, sculptée aussi avec une richesse inouïe, mais moins haute, marque la place où se joignent les bras de la croix, et complète la magnificence de la silhouette. Une foule innombrable de statues de saints, d’archanges, de rois, de moines, animent toute cette architecture, et cette population de pierres est si nombreuse, si pressée, si fourmillante, qu’elle dépasse à coup sûr le chiffre de la population en chair et en os qui occupe la ville.

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
Chapitre IV – Burgos
charpentier, 1859
pp. 25-42

 

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Lettre de voyage
Honoré Beaugrand

La Cathédrale de Burgos
le 12 février 1889

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La cathédrale de Burgos, fondée en 1221, par le roi Ferdinand-III-le-Saint, est un chef d’œuvre de l’art gothique merveilleusement sculpté. On admire surtout sa façade, véritable dentelle de pierre ; ses clochers hauts de 84 mètres et dominant majestueusement la ville de ses flèches et clochetons d’une légèreté extrême ; sa rose ; les richesses artistiques de l’intérieur ; de magnifiques vitraux, statues, mausolées, bas reliefs, tableaux de maître, etc. Parmi les autres monuments de Burgos, on doit citer : l’hôtel de ville, qui renferme les restes du Cid ; les églises San-Gil, San-Esteban, San-Nicolas, Santa-Agenda ; un arc de triomphe ; la porte Santa-Maria, etc.

Honoré Beaugrand
Lettres de voyages
TRENTE-ET-UNIÈME LETTRE
Presses de La Patrie, 1889
pp. 302-311

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Puerta del Perdón

VISITE DE BURGOS – 布尔戈斯 – ブルゴス- Бургос – visitar Burgos

BURGOS
布尔戈斯
ブルゴス
Бургос
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Photos Jacky Lavauzelle
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Visite de BURGOS

Visita a Burgos
Тур Бургос

  布尔戈斯之旅   
ブルゴスのツアー  

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Arco de Santa María 
Porte de Sainte Marie

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LA CATHEDRALE DE BURGOS
Cathédrale Sainte-Marie de Burgos
Catedral de Santa María de Burgos
布尔戈斯圣玛丽大教堂
ブルゴスの聖マリア大聖堂
Собор Святой Марии Бургос
1221

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« Nous sortîmes de la cathédrale éblouis, écrasés, soûls de chefs-d’œuvre et n’en pouvant plus d’admiration, et nous eûmes tout au plus la force de jeter un coup d’œil distrait sur l’arc de Fernand Gonzalès, essai d’architecture classique tenté, au commencement de la Renaissance, par Philippe de Bourgogne. « 
(Théophile Gautier – Voyage en Espagne-Chapitre V – Burgos
charpentier, 1859 – pp. 25-42)

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San Nicolás de Bari BURGOS
Saint Nicolas de Bari
Nicolas de Myre

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PLAZA MAYOR

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PUENTE DE SAN PABLO
PONT DE SAINT PAUL
L’EPOPEE DU CID
la Epopeya del Cid Campeador

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Paseo del Espolón

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Lettre de voyage
Honoré Beaugrand

Burgos
le 12 février 1889

J’écris ma dernière lettre d’Espagne, et sans vouloir entrer dans de longues considérations sur ce qui m’a le plus frappé, durant mon court voyage, je désire cependant dire un mot de deux ou trois traits bien saillants de la civilisation espagnole.

On fume toujours et partout, en Espagne ! On fume en chemin de fer, dans tous les wagons, sans exception ; au théâtre dans tous les entr’actes ; à table, entre chaque mets, qu’il y ait des femmes à la même table, ou qu’il n’y en ait pas, cela ne fait rien à la chose ; et un caballero perdrait son appétit s’il n’allumait pas une cigarette après sa soupe, après le poisson, après le rôti, après le gibier et après la salade. Au dessert, pour accentuer la chose il embouche un long cigare qu’il termine en prenant son café. Et la coutume est universelle. Je dois avouer que cela est bien un peu gênant, dans les hôtels, pour les dames du nord ; mais l’Espagnol avec son flegme imperturbable, que l’on pourrait assez facilement qualifier plus sévèrement, se dit probablement que les étrangers n’ont qu’à le laisser tranquille chez lui, en restant, de leur côté, tranquillement chez eux. D’ailleurs il faut dire que les hôtels sont généralement très mal tenus en Espagne, et que si, comme l’affirme avec soin le proverbe anglais, la propreté est une vertu divine, l’Espagnol n’a absolument rien de divin dans sa manière de tenir un hôtel pour la réception du public voyageur.

Les chemins de fer espagnols sont organisés comme les chemins de fer français, avec cette différence qu’ils circulent généralement avec une lenteur désespérante. Je ne désire pas, d’ailleurs, traiter cette question maintenant, car j’ai l’intention, à la fin de mon voyage, d’établir une comparaison entre les systèmes européen et américain, au triple point de vue des facilités, de la commodité et du coût relatif des voyages en Europe et en Amérique.

Je reprends la relation de mon voyage :

Quatre heures de chemin de fer nous conduisent à Burgos, qui est notre dernière étape en Espagne, et j’ai excédé de quatre jours la limite qu’avait fixée mon médecin, à Alger pour mon séjour dans la patrie du Cid. Heureusement que je ne m’en porte pas plus mal et que les traces de ma maladie disparaissent tous les jours.

Burgos, ville de 32,000 habitants, est au point de vue historique, une des cités les plus célèbres de l’Espagne. Elle a vu naître le Cid et fut la capitale de la monarchie castillane avant Tolède et Madrid. Déchue de son ancienne splendeur, cette ville est toujours remarquable par ses monuments.

La cathédrale de Burgos, fondée en 1221, par le roi Ferdinand-III-le-Saint, est un chef d’œuvre de l’art gothique merveilleusement sculpté. On admire surtout sa façade, véritable dentelle de pierre ; ses clochers hauts de 84 mètres et dominant majestueusement la ville de ses flèches et clochetons d’une légèreté extrême ; sa rose ; les richesses artistiques de l’intérieur ; de magnifiques vitraux, statues, mausolées, bas reliefs, tableaux de maître, etc. Parmi les autres monuments de Burgos, on doit citer : l’hôtel de ville, qui renferme les restes du Cid ; les églises San-Gil, San-Esteban, San-Nicolas, Santa-Agenda ; un arc de triomphe ; la porte Santa-Maria, etc.

Burgos, bâtie sur une colline et baignée par l’Arlanzon, ne jouit pas d’un climat fort agréable ; elle a néanmoins de jolies promenades, dont les plus fréquentées sont celles de l’Espolon et de l’Isla. On y voit aussi de fort beaux établissements charitables, quelques hôpitaux et un hospice d’enfants trouvés.

On peut faire d’intéressantes promenades à la Chartreuse de Miraflorès, au monastère de Santa-Maria-de-las-Huelgas, au couvent de San-Pedro-de-Cardena. Ce sont là, à peu de distance de la ville, des monuments remarquables au double point de vue artistique et historique.

Honoré Beaugrand
Lettres de voyages
TRENTE-ET-UNIÈME LETTRE
Presses de La Patrie, 1889
pp. 302-311

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SAINTE CASILDA

Théophile Gautier

À Burgos, dans un coin de l’église déserte,
Un tableau me surprit par son effet puissant :
Un ange, pâle et fier, d’un ciel fauve descend,
À sainte Casilda portant la palme verte.

Pour l’œuvre des bourreaux la vierge découverte
Montre sur sa poitrine, albâtre éblouissant,
À la place des seins, deux ronds couleur de sang,
Distillant un rubis par chaque veine ouverte.

Et les seins déjà morts, beaux lis coupés en fleurs,
Blancs comme les morceaux d’une Vénus de marbre,
Dans un bassin d’argent gisent au pied d’un arbre.

Mais la sainte en extase, oubliant sa douleur,
Comme aux bras d’un amant de volupté se pâme,
Car aux lèvres du Christ elle suspend son âme !

Théophile Gautier
España
Œuvres de Théophile Gautier
Poésies, Lemerre, 1890
Volume 2
p. 98

LE MINARET TURC LEDNICE – Eisgrub

TCHEQUIE – Česká republika
LEDNICE – Eisgrub
okres Břeclav
Morava-Moravie du Sud
Minaret Lednice
Znak Moravy Blason de la Moravie

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Photo Jacky Lavauzelle

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LE MINARET TURC
MINARET LEDNICE

 

Minaret (Lednicko-valtický areál)
Lednice – Valtice
62 metrů  – 62 mètres
1797–1802
conçu par Josef Hardtmuth
1758-1816
Josef Hardtmuth 1758-1816

Rakouský architekt a průmyslník
Architecte Autrichien et Industriel

Lednice Minaret Moravie Artgitato (1) Lednice Minaret Moravie Artgitato (2) Lednice Minaret Moravie Artgitato (4) Lednice Minaret Moravie Artgitato (5) Lednice Minaret Moravie Artgitato (6)

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SOLEIL COUCHANT

Les tours au front orné de dentelles de pierre,
Le drapeau que le vent fouette, les minarets
Qui s’élèvent pareils aux sapins des forêts,
Les pignons tailladés que surmontent des anges
Aux corps raides et longs, aux figures étranges

Théophile Gautier
Premières Poésies
Œuvres de Théophile Gautier
Poésies, Lemerre, 1890, Volume 1 p. 94

KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture 1991

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

LADENBURG
Altstadt

Karl Ulrich Nuss Ladenburg

—-
Sculptures Allemandes
Deutsch Bildhauer
Karl Ulrich Nuss

né en 1943

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Photo Jacky Lavauzelle

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LESENDE
La Lecture
Karl Ulrich Nuss Ladenburg
Bronze 1991

KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (2)

Karl Ulrich Nuss LadenburgKARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (3) KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (4)

Karl Ulrich Nuss Ladenburg

KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (5)

Karl Ulrich Nuss LadenburgKARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (6) KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (7) KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture Artgitato (8)

Karl Ulrich Nuss Ladenburg

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LE POÈME DE LA FEMME

MARBRE DE PAROS
Un jour, au doux rêveur qui l’aime,
En train de montrer ses trésors,
Elle voulut lire un poème,
Le poème de son beau corps.
D’abord, superbe et triomphante,
Elle vint en grand apparat,
Traînant avec des airs d’infante
Un flot de velours nacarat :
Telle qu’au rebord de sa loge
Elle brille aux Italiens,
Écoutant passer son éloge
Dans les chants des musiciens….

Oh ! quelles ravissantes choses,
Dans sa divine nudité,
Avec les strophes de ses poses,
Chantait cet hymne de beauté !

Comme les flots baisant le sable
Sous la lune aux tremblants rayons,
Sa grâce était intarissable
En molles ondulations.

Mais bientôt, lasse d’art antique,
De Phidias et de Vénus,
Dans une autre stance plastique
Elle groupe ses charmes nus :

Sur un tapis de Cachemire,
C’est la sultane du sérail,
Riant au miroir qui l’admire
Avec un rire de corail ;

 La Géorgienne indolente,
Avec son souple narghilé,
Étalant sa hanche opulente,
Un pied sous l’autre replié,

Et, comme l’odalisque d’Ingres,
De ses reins cambrant les rondeurs,
En dépit des vertus malingres,
En dépit des maigres pudeurs !

Paresseuse odalisque, arrière !
Voici le tableau dans son jour,
Le diamant dans sa lumière ;
Voici la beauté dans l’amour !

Sa tête penche et se renverse
Haletante, dressant les seins,
Aux bras du rêve qui la berce,
Elle tombe sur ses coussins ;

Ses paupières battent des ailes
Sur leurs globes d’argent bruni,
Et l’on voit monter ses prunelles
Dans la nacre de l’infini.

D’un linceul de point d’Angleterre
Que l’on recouvre sa beauté :
L’extase l’a prise à la terre ;
Elle est morte de volupté !

Que les violettes de Parme,
Au lieu des tristes fleurs des morts
Où chaque perle est une larme,
Pleurent en bouquets sur son corps !

 Et que mollement on la pose
Sur son lit, tombeau blanc et doux,
Où le poète, à la nuit close,
Ira prier à deux genoux !

Théophile Gautier
Émaux et Camées
Lemerre, 1890
Œuvres de Théophile Gautier
Poésies, volume III, pp. 7-10

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Karl Ulrich Nuss Ladenburg

Francisco Goya Madrid Museo del Prado Estatua Statue 戈雅普拉多博物馆雕像 Статуя Франсиско Гойи Музей Прадо

Madrid – Мадрид – 马德里
戈雅普拉多博物馆雕像
Francisco Goya Museo del Prado

Francisco Goya Madrid

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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


FRANCISCO GOYA MADRID
Statue de Francisco Goya devant le Musée du Prado
Estatua de Francisco Goya Museo del Prado
Statue of painter Francisco Goya, Museo del Prado
Статуя Франсиско Гойи Музей Прадо
戈雅普拉多博物馆雕像

Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (1)

FRANCISCO GOYA MADRID   Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (3) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (4)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (5)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (6) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (7) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (8)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (9) Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (10)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (11)

FRANCISCO GOYA MADRID Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (12)

FRANCISCO GOYA MADRID  Francisco Goya Artgitato Madrid Le Prado Museo del Prado (13)

GOYA VU PAR THEOPHILE GAUTIER

« Francisco Goya y Lucientes est le petit-fils encore reconnaissable de Vélasquez, Après lui viennent les Aparico, les Lopez ; la décadence est complète, le cycle de l’art est fermé. Qui le rouvrira ?C’est un étrange peintre, un singulier génie que Goya ! Jamais originalité ne fut plus tranchée, jamais artiste espagnol ne fut plus local. ― Un croquis de Goya, quatre coups de pointe dans un nuage d’aqua-tinta en disent plus sur les mœurs du pays que les plus longues descriptions. Par son existence aventureuse, par sa fougue, par ses talents multiples, Goya semble appartenir aux belles époques de l’art, et cependant, c’est en quelque sorte un contemporain : il est mort à Bordeaux en 1828.
Avant d’arriver à l’appréciation de son œuvre, esquissons sommairement sa biographie. Don Francisco Goya y Lucientes naquit en Aragon de parents dans une position de fortune médiocre, mais cependant suffisante pour ne pas entraver ses dispositions naturelles. Son goût pour le dessin et la peinture se développa de bonne heure. Il voyagea, étudia à Rome quelque temps, et revint en Espagne, où il fit une fortune rapide à la cour de Charles IV, qui lui accorda le titre de peintre du roi. Il était reçu chez la reine, chez le prince de Benavente et la duchesse d’Albe, et menait cette existence de grand seigneur des Rubens, des Van Dick et des Vélasquez, si favorable à l’épanouissement du génie pittoresque. Il avait, près de Madrid, une casa de campo délicieuse, où il donnait des fêtes et où il avait son atelier.
Goya a beaucoup produit ; il a fait des sujets de sainteté, des fresques, des portraits, des scènes de mœurs, des eaux-fortes, des aqua-tinta, des lithographies, et partout, même dans les plus vagues ébauches, il a laissé l’empreinte d’un talent vigoureux ; la griffe du lion raie toujours ses dessins les plus abandonnés. Son talent, quoique parfaitement original, est un singulier mélange de Vélasquez, de Rembrandt et de Reynolds ; il rappelle tour à tour ou en même temps ces trois maîtres, mais comme le fils rappelle ses aïeux, sans imitation servile, ou plutôt par une disposition congéniale que par une volonté formelle.
On voit de lui, au musée de Madrid, le portrait de Charles IV et de la reine à cheval : les têtes sont merveilleusement peintes, pleines de vie, de finesse et d’esprit ; un Picador et le Massacre du 2 mai, scène d’invasion. Le duc d’Ossuna possède plusieurs tableaux de Goya, et il n’est guère de grande maison qui n’ait de lui quelque portrait ou quelque esquisse. L’intérieur de l’église de San-Antonio de la Florida, où se tient une fête assez fréquentée, à une demi-lieue de Madrid, est peint à fresque par Goya avec cette liberté, cette audace et cet effet qui le caractérisent. À Tolède, dans une des salles capitulaires, nous avons vu de lui un tableau représentant Jésus livré par Judas, effet de nuit que n’eût pas désavoué Rembrandt, à qui je l’eusse attribué d’abord, si un chanoine ne m’eût fait voir la signature du peintre émérite de Charles IV. Dans la sacristie de la cathédrale de Séville, il existe aussi un tableau de Goya, d’un grand mérite, sainte Justine et sainte Ruffine, vierges et martyres, toutes deux filles d’un potier de terre, comme l’indiquent les alcarazas et les cantaros groupés à leurs pieds.
La manière de peindre de Goya était aussi excentrique que son talent : il puisait la couleur dans des baquets, l’appliquait avec des éponges, des balais, des torchons, et tout ce qui lui tombait sous la main, il truellait et maçonnait ses tons comme du mortier, et donnait les touches de sentiment à grands coups de pouce. À l’aide de ces procédés expéditifs et péremptoires, il couvrait en un ou deux jours une trentaine de pieds de muraille. Tout ceci nous paraît dépasser un peu les bornes de la fougue et de l’entrain ; les artistes les plus emportés sont des lécheurs en comparaison. Il exécuta, avec une cuiller en guise de brosse, une scène du Dos de Mayo, où l’on voit des Français qui fusillent des Espagnols. C’est une œuvre d’une verve et d’une furie incroyables. Cette curieuse peinture est reléguée sans honneur dans l’antichambre du musée de Madrid.
L’individualité de cet artiste est si forte et si tranchée, qu’il nous est difficile d’en donner une idée même approximative. Ce n’est pas un caricaturiste comme Hogarth, Bamburry ou Cruishanck : Hogarth, sérieux, flegmatique, exact et minutieux comme un roman de Richardson, laissant toujours voir l’intention morale ; Bamburry et Cruishank si remarquables pour leur verve maligne, leur exagération bouffonne, n’ont rien de commun avec l’auteur des Caprichos. Callot s’en rapprocherait plus, Callot, moitié Espagnol, moitié Bohémien ; mais Callot est net, clair, fin, précis, fidèle au vrai, malgré le maniéré de ses tournures et l’extravagance fanfaronne de ses ajustements ; ses diableries les plus singulières sont rigoureusement possibles ; il fait grand jour dans ses eaux-fortes, où la recherche des détails empêche l’effet et le clair-obscur, qui ne s’obtiennent que par des sacrifices. Les compositions de Goya sont des nuits profondes où quelque brusque rayon de lumière ébauche de pâles silhouettes et d’étranges fantômes.
C’est un composé de Rembrandt, de Watteau et des songes drolatiques de Rabelais ; singulier mélange ! Ajoutez à cela une haute saveur espagnole, une forte dose de l’esprit picaresque de Cervantès, quand il fait le portrait de la Escalanta et de la Gananciosa, dans Rinconete et Cortadillo, et vous n’aurez encore qu’une très imparfaite idée du talent de Goya. Nous allons tâcher de le faire comprendre, si toutefois cela est possible, avec des mots.
Les dessins de Goya sont exécutés à l’aqua-tinta, repiqués et ravivés d’eau-forte ; rien n’est plus franc, plus libre et plus facile, un trait indique toute une physionomie, une traînée d’ombre tient lieu de fond, ou laisse deviner de sombres paysages à demi-ébauchés ; des gorges de sierra, théâtres tout préparés pour un meurtre, pour un sabbat ou une tertulia de Bohémiens ; mais cela est rare, car le fond n’existe pas chez Goya. Comme Michel-Ange, il dédaigne complètement la nature extérieure, et n’en prend tout juste que ce qu’il faut pour poser des figures, et encore en met-il beaucoup dans les nuages. De temps en temps, un pan de mur coupé par un grand angle d’ombre, une noire arcade de prison, une charmille à peine indiquée ; voilà tout. Nous avons dit que Goya était un caricaturiste, faute d’un mot plus juste. C’est de la caricature dans le genre d’Hoffmann, où la fantaisie se mêle toujours à la critique, et qui va souvent jusqu’au lugubre et au terrible ; on dirait que toutes ces têtes grimaçantes ont été dessinées par la griffe de Smarra sur le mur d’une alcôve suspecte, aux lueurs intermittentes d’une veilleuse à l’agonie. On se sent transporté dans un monde inouï, impossible et cependant réel. ― Les troncs d’arbre ont l’air de fantômes, les hommes d’hyènes, de hiboux, de chats, d’ânes ou d’hippopotames ; les ongles sont peut-être des serres, les souliers à bouffettes chaussent des pieds de bouc ; ce jeune cavalier est un vieux mort, et ses chausses enrubannées enveloppent un fémur décharné et deux maigres tibias ; ― jamais il ne sortit de derrière le poêle du docteur Faust des apparitions plus mystérieusement sinistres.
Les caricatures de Goya renferment, dit-on, quelques allusions politiques, mais en petit nombre ; elles ont rapport à Godoï, à la vieille duchesse de Benavente, aux favoris de la reine, et à quelques seigneurs de la cour, dont elles stigmatisent l’ignorance ou les vices. Mais il faut bien les chercher à travers le voile épais qui les obombre. ― Goya a encore fait d’autres dessins pour la duchesse d’Albe, son amie, qui n’ont point paru, sans doute à cause de la facilité de l’application. ― Quelques-uns ont trait au fanatisme, à la gourmandise et à la stupidité des moines, les autres représentent des sujets de mœurs ou de sorcellerie.
Le portrait de Goya sert de frontispice au recueil de son œuvre. C’est un homme de cinquante ans environ, l’œil oblique et fin, recouvert d’une large paupière avec une patte-d’oie maligne et moqueuse, le menton recourbé en sabot, la lèvre supérieure mince, l’inférieure proéminente et sensuelle ; le tout encadré dans des favoris méridionaux et surmonté d’un chapeau à la Bolivar ; une physionomie caractérisée et puissante.
La première planche représente un mariage d’argent, une pauvre fille sacrifiée à un vieillard cacochyme et monstrueux par des parents avides. La mariée est charmante avec son petit loup de velours noir et sa basquine à grandes franges, car Goya rend à merveille la grâce andalouse et castillane ; les parents sont hideux de rapacité et de misère envieuse. Ils ont des airs de requin et de crocodile inimaginables ; l’enfant sourit dans des larmes, comme une pluie du mois d’avril, ce ne sont que des yeux, des griffes et des dents ; l’enivrement de la parure empêche la jeune fille de sentir encore toute l’étendue de son malheur. ― Ce thème revient souvent au bout du crayon de Goya, et il sait toujours en tirer des effets piquants. Plus loin, c’est el coco, croque-mitaine, qui vient effrayer les petits enfants et qui en effraierait bien d’autres, car, après l’ombre de Samuel dans le tableau de la Pythonisse d’Endor, par Salvator Rosa, nous ne connaissons rien de plus terrible que cet épouvantail. Ensuite ce sont des majos qui courtisent des fringantes sur le Prado ; ― de belles filles au bas de soie bien tiré, avec de petites mules à talon pointu qui ne tiennent au pied que par l’ongle de l’orteil, avec des peignes d’écaille à galerie, découpés à jour et plus hauts que la couronne murale de Cybèle ; des mantilles de dentelles noires disposées en capuchon et jetant leur ombre veloutée sur les plus beaux yeux noirs du monde, des basquines plombées pour mieux faire ressortir l’opulence des hanches, des mouches posées en assassines au coin de la bouche et près de la tempe ; des accroche-cœurs à suspendre les amours de toutes les Espagnes, et de larges éventails épanouis en queue de paon ; ce sont des hidalgos en escarpins, en frac prodigieux, avec le chapeau demi-lune sous le bras et des grappes de breloques sur le ventre, faisant des révérences à trois temps, se penchant au dos des chaises pour souffler, comme une fumée de cigare, quelque folle bouffée de madrigaux dans une belle touffe de cheveux noirs, ou promenant par le bout de son gant blanc quelque divinité plus ou moins suspecte ; ― puis des mères utiles, donnant à leurs filles trop obéissantes les conseils de la Macette de Régnier, les lavant et les graissant pour aller au sabbat. ― Le type de la mère utile est merveilleusement bien rendu par Goya, qui a, comme tous les peintres espagnols, un vif et profond sentiment de l’ignoble ; on ne saurait imaginer rien de plus grotesquement horrible, de plus vicieusement difforme ; chacune de ces mégères réunit à elle seule la laideur des sept péchés capitaux ; le diable est joli à côté de cela. Imaginez des fossés et des contrescarpes de rides ; des yeux comme des charbons éteints dans du sang ; des nez en flûte d’alambic, tout bubelés de verrues et de fleurettes ; des mufles d’hippopotame hérissés de crins roides, des moustaches de tigre, des bouches en tirelire contractées par d’affreux ricanements, quelque chose qui tient de l’araignée et du cloporte, et qui vous fait éprouver le même dégoût que lorsqu’on met le pied sur le ventre mou d’un crapaud. ― Voilà pour le côté réel ; mais c’est lorsqu’il s’abandonne à sa verve démonographique que Goya est surtout admirable ; personne ne sait aussi bien que lui faire rouler dans la chaude atmosphère d’une nuit d’orage de gros nuages noirs chargés de vampires, de stryges, de démons, et découper une cavalcade de sorcières sur une bande d’horizons sinistres.
Il y a surtout une planche tout à fait fantastique qui est bien le plus épouvantable cauchemar que nous ayons jamais rêvé ; ― elle est intitulée : Y aun no se van. C’est effroyable, et Dante lui-même n’arrive pas à cet effet de terreur suffocante ; représentez-vous une plaine nue et morne au-dessus de laquelle se traîne péniblement un nuage difforme comme un crocodile éventré ; puis une grande pierre, une dalle de tombeau qu’une figure souffreteuse et maigre s’efforce de soulever. ― La pierre, trop lourde pour les bras décharnés qui la soutiennent et qu’on sent près de craquer, retombe malgré les efforts du spectre et d’autres petits fantômes qui roidissent simultanément leurs bras d’ombre ; plusieurs sont déjà pris sous la pierre un instant déplacée. L’expression de désespoir qui se peint sur toutes ces physionomies cadavéreuses, dans ces orbites sans yeux, qui voient que leur labeur a été inutile, est vraiment tragique ; c’est le plus triste symbole de l’impuissance laborieuse, la plus sombre poésie et la plus amère dérision que l’on ait jamais faites à propos des morts. La planche Buen viage, où l’on voit un vol de démons, d’élèves du séminaire de Barahona qui fuient à tire-d’aile, et se hâtent vers quelque œuvre sans nom, se fait remarquer par la vivacité et l’énergie du mouvement. Il semble que l’on entende palpiter dans l’air épais de la nuit toutes ces membranes velues et onglées comme les ailes des chauves-souris. Le recueil se termine par ces mots : Y es ora. ― C’est l’heure, le coq chante, les fantômes s’éclipsent, car la lumière paraît,
― Quant à la portée esthétique et morale de cette œuvre, quelle est-elle ? Nous l’ignorons. Goya semble avoir donné son avis là-dessus dans un de ses dessins où est représenté un homme, la tête appuyée sur ses bras et autour duquel voltigent des hiboux, des chouettes, des coquecigrues. ― La légende de cette image est : El suenho de la razon produce monstruos. C’est vrai, mais c’est bien sévère.
Ces caprices sont tout ce que la Bibliothèque royale de Paris possède de Goya. Il a cependant produit d’autres œuvres : la Tauromaquia, suite de 33 planches, les Scènes d’invasion qui forment 20 dessins, et devaient en avoir plus de 40 ; les eaux-fortes d’après Vélasquez, etc., etc.
La Tauromaquia est une collection de scènes représentant divers épisodes du combat de taureaux, à partir des Mores jusqu’à nos jours. ― Goya était un aficionado consommé, et il passait une grande partie de son temps avec les toreros. Aussi était-il l’homme le plus compétent du monde pour traiter à fond la matière. Quoique les attitudes, les poses, les défenses et les attaques, ou, pour parler le langage technique, les différentes suertes et cogidas soient d’une exactitude irréprochable, Goya a répandu sur ces scènes ses ombres mystérieuses et ses couleurs fantastiques. ― Quelles têtes bizarrement féroces ! quels ajustements sauvagement étranges ! quelle fureur de mouvement ! Ses Mores, compris un peu à la manière des Turcs de l’empire sous le rapport du costume, ont les physionomies les plus caractéristiques. ― Un trait égratigné, une tache noire, une raie blanche, voilà un personnage qui vit, qui se meut, et dont la physionomie se grave pour toujours dans la mémoire. Les taureaux et les chevaux, bien que parfois d’une forme un peu fabuleuse, ont une vie et un jet qui manquent bien souvent aux bêtes des animaliers de profession : les exploits de Gazul, du Cid, de Charles Quint, de Romero, de l’étudiant de Falces, de Pepe Illo, qui périt misérablement dans l’arène, sont retracés avec une fidélité tout espagnole. ― Comme celles des Caprichos, les planches de la Tauromaquia sont exécutées à l’aqua-tinta et relevées d’eau-forte.
Les Scènes d’invasion offriraient un curieux rapprochement avec les Malheurs de la guerre, de Callot. ― Ce ne sont que pendus, tas de morts qu’on dépouille, femmes qu’on viole, blessés qu’on emporte, prisonniers qu’on fusille, couvents qu’on dévalise, populations qui s’enfuient, familles réduites à la mendicité, patriotes qu’on étrangle, tout cela est traité avec ces ajustements fantastiques et ces tournures exorbitantes qui feraient croire à une invasion de Tartares au XIVème siècle. Mais quelle finesse, quelle science profonde de l’anatomie dans tous ces groupes qui semblent nés du hasard et du caprice de la pointe ! Dites-moi si la Niobé antique surpasse en désolation et en noblesse cette mère agenouillée au milieu de sa famille devant les baïonnettes françaises ! ― Parmi ces dessins qui s’expliquent aisément, il y en a un tout à fait terrible et mystérieux, et dont le sens, vaguement entrevu, est plein de frissons et d’épouvantements. C’est un mort à moitié enfoui dans la terre, qui se soulève sur le coude, et, de sa main osseuse, écrit sans regarder, sur un papier posé à côté de lui, un mot qui vaut bien les plus noirs du Dante : Nada (néant). Autour de sa tête, qui a gardé juste assez de chair pour être plus horrible qu’un crâne dépouillé, tourbillonnent, à peine visibles dans l’épaisseur de la nuit, de monstrueux cauchemars illuminés çà et là de livides éclairs. Une main fatidique soutient une balance dont les plateaux se renversent. Connaissez-vous quelque chose de plus sinistre et de plus désolant ?
Tout à fait sur la fin de sa vie, qui fut longue, car il est mort à Bordeaux à plus de quatre-vingts ans, Goya a fait quelques croquis lithographiques improvisés sur la pierre, et qui portent le titre de Dibersion de Espanha ; ― ce sont des combats de taureaux. On reconnaît encore, dans ces feuilles charbonnées par la main d’un vieillard sourd depuis longtemps et presque aveugle, la vigueur et le mouvement des Caprichos et de la Tauromaquia. L’aspect de ces lithographies rappelle beaucoup, chose curieuse ! la manière d’Eugène Delacroix dans les illustrations de Faust.
Dans la tombe de Goya est enterré l’ancien art espagnol, le monde à jamais disparu des toreros, des majos, des manolas, des moines, des contrebandiers, des voleurs, des alguazils et des sorcières, toute la couleur locale de la Péninsule. ― Il est venu juste à temps pour recueillir et fixer tout cela. Il a cru ne faire que des caprices, il a fait le portrait et l’histoire de la vieille Espagne, tout en croyant servir les idées et les croyances nouvelles. Ses caricatures seront bientôt des monuments historiques. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859
pp. 89-124
Chapitre VIII

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FRANCISCO GOYA MADRID

La porte d’Alcalá – Puerta de Alcalá Madrid – 阿尔卡拉门 – Пуэрта-де-Алькала

Madrid – Мадрид – 马德里
Puerta de Alcala
Пуэрта-де-Алькала – 阿尔卡拉门
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photos Jacky Lavauzelle
*

Madrid Drapeau Artgitato



Porte d’Alcalá
Puerta de Alcalá
阿尔卡拉门
Пуэрта-де-Алькала

Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (2) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (3) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (4) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (5) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (6) Porte d'Alcalá Puerta de Alcalá Madrid Artgitato (7)

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LA PORTE D’ALCALA
DANS MILITONA DE THEOPHILE GAUTIER

« — Le lundi, c’est le jour des taureaux, et, mon cher don Andrès ! n’essayez pas de le nier, il vous serait plus agréable d’être en ce moment-ci à la porte d’Alcala qu’assis devant mon piano. Votre passion pour cet affreux plaisir est donc incorrigible ? Oh ! quand nous serons mariés, je saurai bien vous ramener à des sentiments plus civilisés et plus humains. »

Théophile Gautier
Militona (1847)
Hachette, 1860 pp. 1-20
Premier Chapitre

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LA PORTE D’ALCALA
DANS LE VOYAGE EN ESPAGNE
DE THEOPHILE GAUTIER

« L’on a dit et répété de toutes parts que le goût des courses de taureaux se perdait en Espagne, et que la civilisation les ferait bientôt disparaître ; si la civilisation fait cela, ce sera tant pis pour elle, car une course de taureaux est un des plus beaux spectacles que l’homme puisse imaginer ; mais ce jour-là n’est pas encore arrivé, et les écrivains sensibles qui disent le contraire n’ont qu’à se transporter un lundi, entre quatre et cinq heures, à la porte d’Alcala, pour se convaincre que le goût de ce féroce divertissement n’est pas encore près de se perdre. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859 – pp. 71-88
Chapitre VII

PLAZA DE CIBELES – Place de Cybèle – Площадь Пласа-де-Сибелес -西贝莱斯广场

Madrid – Мадрид – 马德里
PLAZA DE CIBELES

Place de Cybèle
西贝莱斯广场
Площадь Пласа-де-Сибелес
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
*

Madrid Drapeau Artgitato


Place de Cybèle
PLAZA DE CIBELES
Площадь Пласа-де-Сибелес
西贝莱斯广场
 

 

Le palais de Cybèle
Паласио-де-Сибелес
帕拉西奥一同庆祝
Palacio de Cibeles
Place de Cybèle plaza de cibeles artgitato palais de Cybèle Palacio de Cibeles (11)http://artgitato.com/palais-de-cybele-palacio-de-cibeles/

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PLAZA DE CIBELES
Place de Cybèle
西贝莱斯广场
Площадь Пласа-де-Сибелес

Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato (2) Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato (3) Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato (4) Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato (5) Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato (6) Place de Cybèle PLAZA DE CIBELES artgitato 6

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LA FONTAINE DE CYBELE
PAR THEOPHILE GAUTIER

« En revanche, comme pour représenter l’époque moderne, des omnibus, attelés de six à huit mules maintenues au triple galop par une mousqueterie de coups de fouet, fendaient la foule, qui se rejetait, effarée, sous les arbres écimés et trapus dont est bordée la rue d’Alcala, à partir de la fontaine de Cybèle jusqu’à la porte triomphale élevée en l’honneur de Charles III. »

Théophile Gautier
Militona (1847)
Hachette, 1860 pp. 1-20
Premier Chapitre

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LES FONTAINES DE CYBELE ET DE NEPTUNE
EN 1858

« Le Prado est un boulevard planté d’arbres, orné de plusieurs rangées de chaises, et où la population de Madrid vient tous les jours se promener. L’espace choisi pour la promenade est compris entre la fontaine de Cybèle et la fontaine de Neptune, et s’appelle le salon du Prado. On donne aussi le nom de Paris à l’allée de chaises qui longe la route des voitures. Au printemps, on se promène avant dîner, vers six ou sept heures ; l’été, on dîne à six heures pour aller ensuite au Prado jusqu’à dix ou onze heures. De l’autre côté du Prado sont les jardins du Buen-Retiro ; pour y aller, on passe auprès d’un obélisque appelé le monument du 2 mai, élevé à la mémoire des hommes qui, le 2 mai 1808, donnèrent le premier signal de la guerre de l’indépendance. « 

John Lemoinne
Quelques Jours en Espagne
Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858
pp. 423-445

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LE QUARTIER DU PRADO en 1847

« Il est un lieu à Madrid où, mieux qu’en aucune soirée, on peut voir vivre et se confondre la société espagnole : c’est le Prado, qui, lui seul, ferait la renommée d’une ville. Le Prado, par sa situation même, est une des plus belles promenades qu’on puisse imaginer ; il s’étend à l’est de Madrid, de la porte des Récollets à la porte d’Atocha, et est placé entre deux collines, comme pour ne perdre aucun rayon de soleil au printemps. D’un côté sont de superbes palais, tels que le Buen-Retiro, le Musée et le magnifique jardin botanique ; une partie de la ville se répand sur le flanc opposé et vient déboucher par les rues d’Alcala, San-Geronimo et Atocha, qui vont en s’élargissant et forment des issues grandioses. Tout le Prado est sillonné d’allées d’arbres au bout desquelles s’élèvent les gracieuses fontaines d’Apollon, de Cybèle et de Neptune. Le Prado est à Madrid ce que sont les Champs-Élysées à Paris. S’il y a moins de grandeur, il y a plus de grace peut-être. La mode, on le sait, est capricieuse et folle ; ce qui la dirige dans son choix, on ne le sait guère ; elle se plaît surtout, de nos jours, aux disparates. Eh bien ! la mode, depuis quelque temps à Madrid, veut qu’on se porte sur un des points du Prado les plus disgracieux, les plus dépourvus d’agrément, dans une allée qui conduit de la porte à l’église d’Atocha, et qui est enserrée entre un mur et un tertre qui s’effondre. « 

Charles de Mazade
Madrid et la société espagnole en 1847
Revue des Deux Mondes, Période Initiale
 tome 18, 1847 pp. 317-353

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CYBELE
Par L’Encyclopédie

CYBELE, s. f. (Myth.) divinité du Paganisme. On l’adora sous les noms d’Ops, Rhée, Vesta, la Bonne-déesse, la mere des Dieux, Dyndimene, la mere Idée, Bérécinthe, &c. Elle étoit fille du ciel & de la terre, & femme de Saturne. Elle fut appellée Cybele du mont Cybelus en Phrigie, où l’on racontoit qu’elle avoit été exposée après sa naissance, nourrie par des bêtes sauvages, & épousée par un patre, & où elle avoit un culte particulier. On la représentoit sur un char traîné par des lions, avec une tour sur la tête, une clé à la main, & un habit parsemé de fleurs. Elle aima Atys, qui eut tant de mépris pour cette bonne fortune, qu’il aima mieux se priver de ce dont il auroit eu besoin pour en bien profiter, que de céder à la poursuite de la bonne déesse. Il se fit cette belle opération sous un pin où il mourut, & qui lui fut consacré. La mere Idée fut envoyée de Pessinunte à Rome sous la forme d’une pierre brute, où elle fut introduite par Scipion Nasica, pour satisfaire aux livres sibyllins où les Romains avoient lû que l’expulsion des Carthaginois dépendoit de l’établissement de son culte en Italie ; ils ordonnoient encore que Cybele fût reçue à son arrivée par le plus honnête homme ; ce qui fixa le choix sur Nasica. Ses prêtres s’appellerent galli, dactyles, curetes, corybantes ; ils promenoient sa statue dans les rues, chantant, dansant, faisant des contorsions, se déchiquetant le corps & escamotant des aumônes. C’étoit à son honneur qu’on célébroit la taurobolie. Voyez Taurobolie ; voyez aussi Corybantes, Dactyles, Curetes, &c. On lui sacrifioit tous les ans à Rome une truie, au nom des préteurs, par la main d’un de ses prêtres & d’une prêtresse de Vénus. On a prétendu que ses lions désignoient son empire sur les animaux qu’elle produit & nourrit ; sa couronne, les lieux habités dont la terre est couverte ; sa clé, les greniers où l’on renferme les semences après la récolte ; sa robe, les fleurs dont la terre s’émaille ; son mariage avec Saturne, la nécessité du tems pour la génération de toute chose. A la bonne heure. »

Diderot
L’Encyclopédie, 1re éd.
1751 – Tome 4, p. 585

 

 

Calle de Alcalá – Rue d’Alcala – 阿尔卡拉街 – Улица Алькала – MADRID

Madrid – Мадрид – 马德里
Calle de Alcalá – Улица Алькала
阿尔卡拉街

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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


Calle de Alcalá
La Rue d’Alcala
阿尔卡拉街
Улица Алькала

La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 1 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 2 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 3 La calle de Alcalá La Rue d'Alcala Madrid Artgitato 4

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LA RUE D’ALCALA EN 1858

« Ce n’est pas que l’ordre soit difficile à garder. Placez-vous, par exemple, à la Puerta del Sol : elle vous mène à tout, elle est le confluent des principales rues : d’un côté la calle Mayor, de l’autre la rue d’Alcala, la carrera San-Geronimo, la Montera et les Carrelas. C’est dans ces limites qu’est concentrée l’activité de Madrid et ce qui s’y fait de commerce…
Puisque nous sommes revenus à la Puerta del Sol, allons-nous-en du côté du Prado. Vous pouvez, si vous voulez, prendre une voiture. Les petits coupés sont assez bien tenus, ils coûtent un franc la course ; quand ils sont libres, ils arborent un petit carton sur lequel il y a écrit : se alquila, à louer ; mais naturellement on ne peut bien flâner qu’à pied. Vous pouvez prendre indifféremment la rue d’Alcala ou la carrera San-Geronimo ; toutes deux vous mènent au Prado. « 

John Lemoinne
Quelques Jours en Espagne
Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858
pp. 423-445

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LA RUE D’ALCALA EN 1847

« D’autres ont été simplement rasés ; on y a établi des marchés, on y a formé des places. Il en est enfin qui ont été livrés à l’industrie particulière et que l’industrie a utilisés à son profit. Ces changements ne donnent-ils pas un tout autre aspect à une ville ? Il est certain que Madrid possède en ce moment des quartiers qui s’embellissent chaque jour et qui peuvent rivaliser avec les quartiers les plus renommés des autres capitales : telle est la rue d’Alcala, qui s’étend du Prado à la porte du Soleil, et forme, avec la rue Mayor, qui lui succède, la principale artère de Madrid. Imaginez parallèlement à la rue d’Alcala la rue San-Geronimo, la belle et vaste rue d’Atocha, toutes deux conduisant au Prado, qui les couronne, et vous pourrez prendre une idée de la partie remarquable de la ville. Là est le mouvement, là est la vie ; c’est le beau côté de la médaille. Si vous voulez connaître le revers, vous n’avez qu’à aller fouiller un instant le quartier de Lavapiès, dont les pauvres maisons cachent des existences plus pauvres encore, et où la misère espagnole s’étale dans toute sa nudité. »

Charles de Mazade
Madrid et la société espagnole en 1847
Revue des Deux Mondes, Période Initiale, tome 18
1847-pp. 317-353

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LA RUE D’ALCALA PAR THEOPHILE GAUTIER

« La calle del Caballero de Gracia franchie, il déboucha dans cette magnifique rue d’Alcala, qui s’élargit en descendant vers la porte de la ville, ainsi qu’un fleuve approchant de la mer, comme si elle se grossissait des affluents qui s’y dégorgent. »

Théophile Gautier
Militona -1847
Hachette, 1860 -pp. 1-20
Premier Chapitre

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LA CALLE DE ALCALA
DANS LE VOYAGE EN ESPAGNE
DE THEOPHILE GAUTIER
1859

« Le lundi, jour de taureaux, dia de toros, est un jour férié ; personne ne travaille, toute la ville est en rumeur ; ceux qui n’ont pas encore pris leurs billets marchent à grands pas vers la calle de Carretas, où est situé le bureau de location, dans l’espoir de trouver quelque place vacante ; car, disposition qu’on ne saurait trop louer, cet énorme amphithéâtre est entièrement numéroté et divisé en stalles, usage que l’on devrait bien imiter dans les théâtres de France. La calle de Alcala, qui est l’artère où viennent se dégorger les rues populeuses de la ville, est pleine de piétons, de cavaliers et de voitures ; c’est pour cette solennité que sortent de leurs remises poudreuses les calesines et les carrioles les plus baroques et les plus extravagantes, et que se produisent au jour les attelages les plus fantastiques, les mules les plus phénoménales. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859 – pp. 71-88
Chapitre VII

PLAZA DE CANALEJAS – 广场卡纳莱哈斯 – plaza de las Cuatro Calles – Casa Allende

 

 

Madrid – Мадрид – 马德里
Plaza de Canalejas
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Madrid Blason Artgitato  Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Photo Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


Plaza de Canalejas
广场卡纳莱哈斯
plaza de las Cuatro Calles
(anteriormente)
Place des quatre rues

Plaza de Canalejas Madrid Artgitato (1)

Casa Allende ou Tomás Allende
Arquitecto Leonardo Rucabado
Architecte Leonard Rucabado (1875-1918)
Entre 1916 y 1920
propietario, Tomás de Allende
Propriétaire Thomas Allende

Plaza de Canalejas Madrid Artgitato (2)

Casa Allende ou Casa Tomás Allende

Plaza de Canalejas Madrid Artgitato (3) Plaza de Canalejas Madrid Artgitato (4)

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Poème de Théophile Gautier
À MADRID

Dans le boudoir ambré d’une jeune marquise,
Grande d’Espagne, belle, et d’une grâce exquise,
Au milieu de la table, à la place de fleurs,
Frais groupe mariant et parfums et couleurs,
Grimaçait sur un plat une tête coupée,
Sculptée en bois et peinte, et dans le sang trempée,
Le front humide encor des suprêmes sueurs,
L’œil vitreux et blanchi de ces pâles lueurs
Dont la lampe de l’âme en s’éteignant scintille ;
Chef-d’œuvre affreux, signé Montañès de Séville,
D’une vérité telle et d’un si fin travail,
Qu’un bourreau n’aurait su reprendre un seul détail.

La marquise disait : « Voyez donc quel artiste !
Nul sculpteur n’a jamais fait les Saint Jean-Baptiste
Et rendu les effets du damas sur un col
Comme ce Sévillan, Michel-Ange espagnol !
Quelle imitation dans ces veines tranchées,
Où le sang perle encore en gouttes mal séchées !
Et comme dans la bouche on sent le dernier cri
Sous le fer jaillissant de ce gosier tari ! »

En me disant cela d’une voix claire et douce,
Sur l’atroce sculpture elle passait son pouce,
Coquette, souriant d’un sourire charmant,
L’œil humide et lustré comme pour un amant.
Madrid, 1843

Théophile Gautier
España
Œuvres de Théophile Gautier — Poésies
Lemerre, 1890, Volume 2 -pp. 111-112

La PUERTA del SOL – Пуэрта-дель-Соль – 太阳门 – MADRID

Madrid – Мадрид – 马德里
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Madrid Blason Artgitato

Photos Jacky Lavauzelle
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Madrid Drapeau Artgitato


La Puerta del Sol
Пуэрта-дель-Соль
太阳门

La estatua del oso y del madroño
La statue de l’ours et de l’arbousier

Madrid L'Ours & L'arbousier Artgitato La estatua del oso y del madroño

Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 0 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 1 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 2 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 3 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 4 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 5 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 6 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 7 Puerta del Sol La Porte du Soleil Artgitato 8

MADRID et autour de la Puerta del Sol
en 1847

« Ces changements ne donnent-ils pas un tout autre aspect à une ville ? Il est certain que Madrid possède en ce moment des quartiers qui s’embellissent chaque jour et qui peuvent rivaliser avec les quartiers les plus renommés des autres capitales : telle est la rue d’Alcala, qui s’étend du Prado à la porte du Soleil, et forme, avec la rue Mayor, qui lui succède, la principale artère de Madrid. Imaginez parallèlement à la rue d’Alcala la rue San-Geronimo, la belle et vaste rue d’Atocha, toutes deux conduisant au Prado, qui les couronne, et vous pourrez prendre une idée de la partie remarquable de la ville. Là est le mouvement, là est la vie ; c’est le beau côté de la médaille. Si vous voulez connaître le revers, vous n’avez qu’à aller fouiller un instant le quartier de Lavapiès, dont les pauvres maisons cachent des existences plus pauvres encore, et où la misère espagnole s’étale dans toute sa nudité… »

Charles de Mazade
Madrid et la société espagnole en 1847
Revue des Deux Mondes, Période Initiale
Tome 18, 1847 pp. 317-353

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LA PUERTA DEL SOL
vue par Théophile Gautier

« Devant le portail de l’église del Buen-Suceso, qui forme un des pans de la place irrégulière qu’on nomme Puerta-del-Sol, s’élevait un édifice de charpente avec fronton, colonnes, escalier, une Madeleine de carton ; ce n’était assurément pas la peine de dépenser vingt mille duros pour cacher une jolie façade rococo par une vilaine colonnade gréco-romaine. Le Correo ou hôtel des Postes s’enveloppait également d’une armature destinée à porter des transparents et des verres de couleur. »

Théophile Gautier – Loin de Paris
Michel Lévy frères – 1865 -pp. 141-227
EN ESPAGNE  – LES COURSES ROYALES À MADRID

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LA PUERTA DEL SOL
Le rendez-vous des oisifs
Théophile Gautier

« La Puerta del Sol n’est pas une porte, comme on pourrait se l’imaginer, mais bien une façade d’église peinte en rose et enjolivée d’un cadran éclairé la nuit, et d’un grand soleil à rayons d’or, d’où lui vient le nom de Puerta del Sol. Devant cette église, il y a une espèce de place ou carrefour traversé par la rue d’Alcala dans sa longueur, et croisé par les rues de Carretas et de la Montera. La poste, grand bâtiment régulier, occupe l’angle de la rue de Carretas et a sa façade sur la place. La Puerta del Sol est le rendez-vous des oisifs de la ville, et il paraît qu’il y en a beaucoup, car dès huit heures du matin la foule est compacte. Tous ces graves personnages sont là, debout, enveloppés dans leurs manteaux, bien qu’ils fasse une chaleur atroce, sous le prétexte frivole que ce qui défend du froid défend aussi du chaud. »

Théophile Gautier
Voyage en Espagne
charpentier, 1859
pp. 89-124
Chapitre VIII

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LA PUERTA DEL SOL en 1889

Quoiqu’il en soit, Madrid n’en est pas moins devenue la première cité espagnole, se distinguant par l’importance de sa population, par ses admirables musées, ses écoles, ses établissements publics, ses manufactures, et par sa situation au point de croisement des grandes artères de la monarchie. Elle a en outre la renommée d’être l’une des plus belle villes de l’Europe. On remarque surtout les rues d’Alcala, d’Atocha, du Fuen Carral, de Toledo ; — la plaza mayor, décorée de la statue équestre de Philippe III ; — la célèbre Puerta del Sol, au centre de Madrid, l’une des merveilles de la capitale de l’Espagne, à laquelle viennent aboutir huit des plus belles rues de la ville ; — la place d’Orient, où s’élèvent le palais royal, le théâtre royal et la statue équestre de Philippe IV ; — la place du Congrès, ornée de la statue de Cervantès ; — la magnifique promenade du Prado, la plus fréquentée ; — d’autres charmantes promenades, telles que les Délices, prolongement du Prado. : la Florida, sur la rive droite du Manzanarès ; la Castellana, et surtout les délicieux jardins du Buen Retiro, le lieu le plus agréable de la ville.

Honoré Beaugrand – Lettres de voyages
Presses de La Patrie – 1889 – pp. 294-302
Trentième lettre : Madrid
Madrid, 10 février 1889

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LA PUERTA DEL SOL
CONFLUENT DES PRINCIPALES RUES

« Ce n’est pas que l’ordre soit difficile à garder. Placez-vous, par exemple, à la Puerta del Sol : elle vous mène à tout, elle est le confluent des principales rues : d’un côté la calle Mayor, de l’autre la rue d’Alcala, la carrera San-Geronimo, la Montera et les Carrelas. C’est dans ces limites qu’est concentrée l’activité de Madrid et ce qui s’y fait de commerce. »

John Lemoinne
Quelques Jours en Espagne
Revue des Deux Mondes, 2e période, tome 16, 1858 -pp. 423-445

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LA PUERTA DEL SOL
EN 1879
Rumeurs & Oisiveté

« Le lendemain, dès le lever du soleil, une rumeur étrange commença à circuler dans les nombreux groupes d’oisifs rassemblés à la Puerta del Sol ; cette rumeur, d’abord faible, hésitante, incertaine, grossit peu à peu, s’étendit de proche en proche ; en moins d’une heure, elle prit un essor effrayant, et se répandit dans tous les quartiers de Madrid avec la rapidité d’un courant électrique. »

Gustave Aimard
Par mer et par terre : le batard
1879 – pp. 338-360
CHAPITRE XVI
QUELLE FUT LA MORT DU DUC DE SALABERRY-PASTA

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MADRID