KARL ULRICH NUSS LADENBURG LESENDE La Lecture 1991

Allemagne
Deutschland
Германия – 德国 – ドイツ

LADENBURG
Altstadt

Karl Ulrich Nuss Ladenburg

—-
Sculptures Allemandes
Deutsch Bildhauer
Karl Ulrich Nuss

né en 1943

——

 

 

Photo Jacky Lavauzelle

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LESENDE
La Lecture
Karl Ulrich Nuss Ladenburg
Bronze 1991

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Karl Ulrich Nuss Ladenburg

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LE POÈME DE LA FEMME

MARBRE DE PAROS
Un jour, au doux rêveur qui l’aime,
En train de montrer ses trésors,
Elle voulut lire un poème,
Le poème de son beau corps.
D’abord, superbe et triomphante,
Elle vint en grand apparat,
Traînant avec des airs d’infante
Un flot de velours nacarat :
Telle qu’au rebord de sa loge
Elle brille aux Italiens,
Écoutant passer son éloge
Dans les chants des musiciens….

Oh ! quelles ravissantes choses,
Dans sa divine nudité,
Avec les strophes de ses poses,
Chantait cet hymne de beauté !

Comme les flots baisant le sable
Sous la lune aux tremblants rayons,
Sa grâce était intarissable
En molles ondulations.

Mais bientôt, lasse d’art antique,
De Phidias et de Vénus,
Dans une autre stance plastique
Elle groupe ses charmes nus :

Sur un tapis de Cachemire,
C’est la sultane du sérail,
Riant au miroir qui l’admire
Avec un rire de corail ;

 La Géorgienne indolente,
Avec son souple narghilé,
Étalant sa hanche opulente,
Un pied sous l’autre replié,

Et, comme l’odalisque d’Ingres,
De ses reins cambrant les rondeurs,
En dépit des vertus malingres,
En dépit des maigres pudeurs !

Paresseuse odalisque, arrière !
Voici le tableau dans son jour,
Le diamant dans sa lumière ;
Voici la beauté dans l’amour !

Sa tête penche et se renverse
Haletante, dressant les seins,
Aux bras du rêve qui la berce,
Elle tombe sur ses coussins ;

Ses paupières battent des ailes
Sur leurs globes d’argent bruni,
Et l’on voit monter ses prunelles
Dans la nacre de l’infini.

D’un linceul de point d’Angleterre
Que l’on recouvre sa beauté :
L’extase l’a prise à la terre ;
Elle est morte de volupté !

Que les violettes de Parme,
Au lieu des tristes fleurs des morts
Où chaque perle est une larme,
Pleurent en bouquets sur son corps !

 Et que mollement on la pose
Sur son lit, tombeau blanc et doux,
Où le poète, à la nuit close,
Ira prier à deux genoux !

Théophile Gautier
Émaux et Camées
Lemerre, 1890
Œuvres de Théophile Gautier
Poésies, volume III, pp. 7-10

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Karl Ulrich Nuss Ladenburg